A première vue, l’annonce de la future notation des ministres, qui s’est rapidement transformée en évaluation de l’action gouvernementale m’a semblé plutôt une idée digne d’intérêt. Tout ce qui va dans le sens de la rationalisation et de l’amélioration de l’efficacité de l’action publique doit être soutenu sans hésitations. Les exigence d’évaluabilité et d'évaluation effective des politiques publiques mériteraient même d’être érigés au rang de principe à valeur constitutionnel, pour le gouvernement comme pour les collectivités locales. On ne devrait pas pouvoir dépenser un euro d’argent public sans que la dépense réponde à un problème dûment identifié, qu’elle ne soit au service d’un objectif clairement formalisé et que son impact soit à terme évalué.
Pourtant à la réflexion, le foisonnement d’initiatives du nouveau gouvernement en la matière rend perplexe. Cette annonce s’ajoute en effet à la création du ministère de l’évaluation et de la prospective d’Eric besson et à la "Revue Générale des Politiques Publiques" pilotée par Bercy, mais aussi aux dispositifs mis en place antérieurement qu’il s’agisse de la vénérable cour des comptes ou des indicateurs de la LOLF.
A trop en faire dans une communication non maîtrisée, cette louable « culture du résultat » risque de s’avérer au final contre-productive et finalement de discréditer ces nécessaires démarches de rationalisation de l'action publique. Il est nécessaire de clarifier rapidement l’objet des évaluations, de déterminer pour le compte de qui elles sont faites, dans quel but et pour quels types de sanctions. La culture de l'évaluation et du résultat doit trouver sa place dans les processus de gouvernance et devenir aussi banale que l'assurance qualité dans les entreprises, car n'en déplaise à certains, le gouvernement d'un pays est bien une entreprise comme une autre.
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