Le baril de brut de pétrole vient de franchir les 100 dollars, et ce n’est probablement qu’un début. Le monde est entré depuis 2003 dans une ère où l’énergie sera de plus en plus chère, ce qui alimente les craintes quant à un retour de l’inflation dans les pays développés ou à la vigueur de la croissance.
Il est évident que la hausse du prix de l’énergie aura des conséquences sur nos économies, en particulier pour le pouvoir d’achat des populations, qui verront fortement augmenter le prix de leurs dépenses de bases, le transport, l’alimentation et le chauffage. Il n’est pas sûr en revanche que cela soit une si mauvaise nouvelle que cela pour la santé de notre économie ou de l’économie mondiale.
La nouvelle donne énergétique comporte même plusieurs facteurs positifs. Elle lance cependant à l’humanité plusieurs défis auxquels il est urgent de se préparer et d'abord un défi technologique pour être en mesure de trouver rapidement des sources d’énergie alternatives et d'entrer dans l'âge de l’après-pétrole avant la pénurie nous y oblige. En attendant, l'explosion prévisible du prix des hydrocarbures va rebattre sérieusement les cartes au niveau mondial. Elle lancera donc un aussi défi géopolitique pour toute l'économie mondiale. La question principale est de savoir l’utilisation qui sera faite de la rente pétrolière pour ceux qui en bénéficieront, majors pétrolières et Etats producteurs.
L’ère de l’énergie chère peut tout aussi bien déboucher sur un monde conflictuels où les grandes puissances tenteront de s’accaparer ces ressources devenues rares par la force et la contrainte et conduire ainsi à de nouveaux impérialismes. Mais elle peut aussi déboucher sur une nouvelle organisation du monde, plus équilibrée, une « quatrième mondialisation » réellement multipolaire.
Est-ce si grave ?
La hausse du prix du pétrole, et du gaz qui lui est associé, est en premier lieu une bonne nouvelle sur le front de la lutte contre les changements climatiques. Elle incitera à un changement de comportement salutaire pour tous les acteurs économiques afin qu'ils réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre.
Elle va également pousser à une révolution technologique qui devrait, en toute logique, être un vecteur de croissance. Le renchérissement des énergies fossiles devrait stimuler l’industrie des énergies alternatives (nucléaires ou renouvelables) ainsi que celles qui propose des solutions plus économes en énergie. Elle devrait notamment profiter à l’industrie automobile et des transports en général, de même qu’au BTP pour l’installation de nouveaux dispositif de chauffage et d’isolation.
La hausse des prix du pétrole peut également constituer une opportunité pour la France, qui dispose d’une avance technologique sur l’industrie nucléaire. Nous pouvons l’exporter, comme Sarkozy s’acharne à le faire. Nous pouvons aussi, par une relance du programme électo-nucléaire, nous en servir pour relocaliser dans l’hexagone des industries fortement consommatrice d’énergie.
Vers une IVème mondialisation ?
Les dépenses supplémentaires que l’augmentation du prix de l’énergie entraîneront chez les uns, se transformeront en ressources supplémentaires pour les autres. L’énergie chère aboutira donc à une redistribution de la richesse au niveau mondial qui ne sera pas fondamentalement différente dans sa nature de la « nouvelle division internationale du travail » induite par la troisième mondialisation, celle dans laquelle on vit actuellement, liée à l’émergence des économies à bas coûts et dominée par la Chine.
Cette troisième mondialisation est caractérisée d’une part par un transfert du travail vers les économies émergentes – et donc un appauvrissement relatif des économies développées et d'autre part par des transferts massifs de capitaux vers les Etats-Unis pour soutenir leur consommation gloutonne, leur endettement et leur monnaie. C'est ainsi à cela que servent les excédents commerciaux des pays exportateurs de biens manufacturés.L’Europe en est le dindon de la farce. Sa base productive (son travail) s’envole vers la chine et ses capitaux s’enfuient, soit dans des investissements productifs en Asie, soit dans des investissements financiers aux Etats-Unis (bulle internet, bulle immobilière et crédits subprimes).
La quatrième mondialisation va bénéficier aux pays exportateurs de gaz et de pétrole. Que vont-il faire de leur rente ? On peut penser qu’ils feront comme la Chine et soutiendront les déficits américains ou investiront via leurs fonds souverains dans l’économie des pays développés. Ils n’auront cependant pas le même intérêt à le faire. La Chine soutient la consommation américaine parce qu’elle lui sert de débouché pour ses productions. La Russie, l’Arabie Saoudite, l’Iran ou le Vénézuela, n’auront aucun intérêt particulier à tenir à bout de bras l’économie US.
On peut donc penser plutôt que les nouveaux riches de la 4ème mondialisation seront plus incités à utiliser leurs excédents dans la consommation intérieure, notamment pour des produits étrangers. Autant il est difficile d’exporter vers la Chine qui est un géant productif et qui bénéficie en tout d’un avantage comparatif sur les prix. Autant comme il sera facile d’exporter des biens de consommation et d’équipement vers un pays rentiers, où l’industrie productive a toujours du mal à se développer. C’est déjà ce qu’on constate aujourd’hui. Les exportations de l’Union Européenne vers la Russie étaient supérieure à celle vers la Chine en 2006 (72 contre 63 Mds €) et étaient en bien plus forte augmentation (+27 contre +22%).
On peut en effet espérer récupérer la facture énergétique par l’exportation d’infrastructures et de biens équipements, alors qu’il est vain d’espérer équilibrer le commerce avec la Chine, voire suicidaire de commercer avec elle. La quatrième mondialisation devrait donc a priori mieux profiter à l’économie européenne si elle sait investir à temps les nouveaux marchés de sa périphérie de Russie, d’Asie centrale, du Maghreb et d’Afrique de l'ouest.
L’Europe et en particulier la France gagnerait donc à oublier un peu les Etats-Unis et la Chine pour s’intéresser vite aux futurs pays rentiers, principalement la Russie avec laquelle ses échanges sont encore très insuffisants (seulement 4,7 Mds d’exportations en 2006 contre 10 vers la chine et 26 vers les Etats-Unis)
Partager la rente pétrolière
Toute la question est de savoir ce que feront les Etats producteurs de gaz et de Pétrole de leur rente. Dans le meilleur des cas, ils la consommeront dans des dépenses d’équipement pour se développer. Dans le pire, elle sera captée par les élites de ses pays pour des dépenses somptuaires, voire pire encore, elle sera investies dans des dépenses militaires au service d’une politique conquérante à l’égard de leurs voisins.
Dans l’idéal, les pays rentiers partageront leur nouvelle ressource avec les pays voisins dans une logique de développement solidaire au niveau d’ensembles régionaux construit sur le modèle de l’Union européenne des origines. La communauté internationale pourrait ainsi conduire les Etats exportateurs à réutiliser une partie de leur rente dans des « fonds structurels » au service de l’équipement et du développement de la zone régionale à laquelle ils appartiennent. C'est ce que va probablement faire la Russie dans les années à venir, pour réintégrer ses voisins de l'ouest dépourvues de ressources pétrolières (Bélarus et Ukraine) et pour resateliser les Etats d'Asie centrale, qui eux en disposent mais ont besoin de la Russie pour en assurer le débouché vers l'Europe.
Dans la même logique, la communauté européenne pourrait réfléchir à une utilisation intelligente et utile des super-profits générés par les compagnies pétrolières qui échappent en grande partie à la taxation grâce à quelques habiletés comptables qui permettent de transférer les profits dans les Etats les moins taxés. Une solution raisonnable consisterait à instaurer une TIPP européenne sous forme de taxe sur les profits des distributeurs (au prorata de leur chiffre d’affaires réalisé sur le continent) pour financer le coût de la mutation technologique vers l’âge de l’après pétrole : recherche sur le nucléaire de 4ème génération, véhicules à hydrogène, transports collectifs, économie d’énergies …
Voilà un beau chantier à lancer au cours de la présidence française de l’union européenne !
Mon cher Malakine,
Bel article, bien développé. Tout ce que tu dis sur les opportunités s’offrant aux Européens a bien des chances de se réaliser pour quelques rares multinationales française et dans le cas de l’Allemagne et des pays qui s‘y sont préparé… Malheureusement nos PME étranglées par un fiscalité obsolète, ne me paraissent pas en mesure de pouvoir investir dans tous ces domaines d’avenir.
A court terme je suis assez d’accord avec la tendance générale de ce que tu envisages. A moyen terme il faut voir si les gouvernements à l’instar des déclarations d'intention d’Edwards et d’Huckabee vont enfin prendre des mesures contre le facho-capitalisme mondialisant ?
S’ils ne le font pas, je n’ose envisager sur quelle boite de pandore va déboucher, l’association (ou l’opposition) des trois fascismes en expansion: (islamiste, chinois, mondial-finance).
Depuis un siècle l’accélération exponentiel des changements, nous laisse présager d’intéressants moments à venir. Seront-ils à notre avantage ?
On peut toujours rêver !
Rédigé par : Ozenfant | 05 janvier 2008 à 16:40
Cher Malakine,
Bonne analyse, que je partage en partie. Je reste toutefois dubitatif à ce que nous nous entendions sur une TIPP européenne. Qu'en à la sagesse des rentiers de l'énergie, ...
Ok pour une relance politique énergétique à l'échelle européenne. Sauf que le nucléaire fait grandement débat dans des pays comme l'Autriche et l'Allemagne, même s'il est financé par une agence européenne Euratom. Tandis que le développement des énergies renouvelables fait l'objet d'une décision du conseil européen de mars dernier pour atteindre les 20 % d'EnR d'ici 2020.
Comme la France cultive une culture atom'cratie, elle a laissé passer presque tous les trains industriels des énegries renouvelables. Notre diplomatie combat la décision du conseil des 20% EnR 2020, alors que le projet de directive s'ébauche et que le Parlement Européen sera réélu en 2009. Autant dire que si la France s'entête à défendre urbi orbi l'énergie atomique, sans l'ambition qu'a eut Angela Merkel pour arriver au 20 % EnR 2020, la présidence française manquera la fenêtre d'opportunité, qui ne se rouvrira qu'en 2010 avec un nouveau PE, repoussant l'application de cette directive énergétique à 2012 ou plus.
A l'heure où les changements vont vites, où les cartes géopolitiques sont redistribuées au profit de la rente énergétique, l'Europe ne peut attendre 4 ou 5 ans pour développer massivement les énergies renouvelables et les économies d'énergie. Le choix atomique relève de décisions nationales. Ne trahissons pas le difficile concensus énergétique trouvé au Conseil européen de mars 2007, sous présidence allemande.
Amitiés,
Rédigé par : Héloïm Sinclair | 05 janvier 2008 à 18:17
@ Oz
ce débat PME / multinationale me laisse un peu perplexe. Une entreprise comme Alstom, dont le terrain d'action est mondial, fait travailler tout un réseau de sous traitants autour d'elle.
Comme je l'ai écrit sur ton blog, je ne crois absolument pas à un changement de la politique américaine après les élections. Pour moi, les Etats-Unis ne sont pas plus une démocratie que la France ou la Russie. Le peuple n'y a aucun posont tenus par les oligarchies financières et elles ne laisseront pas faire la moindre "révolution" qui irait à l'encontre de leurs intérêts.
@ Heloïm
On parle de quoi exactement quand on évoque les énergies renouvelables ? Le solaire, l'éolien ? Ce type d'énergie me semble condamné à rester marginal. En outre on aura toujours le problème du stockage. Pour son utilisation dans les transports, l'énergie aura besoin d'être "liquide". Pour cela, il n'y a qu'une solution à mon sens, c'est l'hydrogène. L'avenir c'est un couplage du nucléaire de xème génération (voir le site de Jean Pierre Petit) qui fabriquerait de l'hydrogène à partir de l'eau et qui serait ensuite utlisé dans les véhicule à pile à combustible. C'est quelque chose d'envisageable dans quelque dizaine d'années ... à condition de s'y mettre.
Rédigé par : Malakine | 05 janvier 2008 à 18:53
Juste une petite anecdote au sujet du pétrole cher : j'ai animé à Nancy un débat fin 2004 sur l'avenir du transport fluvial en Europe. Parmi les intervenants à une table ronde consacrée au développement durable, il y avait Maximilien Rouer, président d'un cabinet de conseil en stratégie qui s'appelle BeCitizen.
À l'époque, le prix du baril de pétrole venait de subir un coup de chaud et de franchir la barre symbolique des 50 dollars le baril. Malgré cette alerte, des spécialistes du pétrole avaient "envahi" les médias pour claironner que le fameux pic oil n'était pas pour demain, que les réserves de pétrole mondiale étaient largement sous-estimées, et que donc il ne fallait pas s'inquiéter car le prix du baril allait retomber aux alentours des 30 dollars (ce qui s'est d'ailleurs passé dans les semaines qui ont suivi…).
Je posais donc la question à Maximilien Rouer s'il fallait s'attendre à ce que le prix du baril continue sa progression.
À contre-courant des spécialistes, le jeune homme nous a expliqué que cette flambée (50 dollars) n'était rien par rapport à ce que nous allions connaître dans les années à venir.
Fallait-il alors envisager qu'un jour le pétrole atteigne 100 dollars le baril ? Maximilien Rouer a souri et nous a déclaré que 100 dollars ce n'était rien en comparaison de la vraie flambée que nous allions connaître dans les mois à venir…
Autant que je me souvienne, je ne crois pas qu'il y avait dans la salle beaucoup de gens pour croire à la prévision de ce jeune homme.
Tout cela pour dire mon cher Malakine qu'il serait grand temps que l'État français consacre une part beaucoup plus importante de son budget à la recherche publique, d'une part pour trouver les énergies de remplacement au pétrole, mais aussi parce que l'innovation est source de profits et créatrice d'emplois.
Enfin, pour ma part, je ne serais pas aussi "négatif" que toi quant à l'avenir du solaire qui est une énergie quasi-inépuisable. Et si j'avais quelques euros à miser, c'est bien dans ce domaine que je les placerais !
Rédigé par : olivier | 06 janvier 2008 à 00:02
Ah, j'oubliais, j'aime bien ce terme de 4ème mondialisation. D'où vient-il ?
Et petite question subsidiaire : de nombreux experts prévoient que la Chine sera la 1ère puissance économique mondiale d'ici 10 ans. Ne pensez-vous pas que cela pourrait finalement intervenir dès 2008 ? Et si oui, faudrait-il s'en inquiéter ou s'en réjouir ?
C'était juste pour lancer le débat… mais peut-être l'aviez-vous déjà fait il y a quelques semaines !
Rédigé par : olivier | 06 janvier 2008 à 00:12
Je ne vois pas l’intérêt d’une TIPP européenne sous forme de taxe sur les profits des distributeurs pour les raisons suivantes :
La TIPP est payée par les consommateurs, voilà de quoi handicaper un peu plus les entreprises européennes face à des pays comme la Chine et les Etats Unis
Pourquoi au profit des distributeurs ?
L’industrie pétrolière s’articule de la manière suivante :
La recherche de gisement
L’exploitation
Le transport des produits
La transformation des produits
La distribution
La hausse des produits pétroliers provient de l’exploitation des gisements par la hausse de la demande face aux moyens d’extractions mis en œuvre.
Si on peut considérer que l’exploitation de certains gisements devient plus chère au fil du temps cela n’explique pas les hausses que nous venons de connaître.
A partir du moment où chaque maillon de la chaîne applique une marge en pourcentage du prix d’achat, on peut voir où vont aussi les profits. La distribution est le dernier maillon de cette chaîne.
35% des stations services sont dans des Grandes et Moyennes Surfaces
11% restent à des distributeurs indépendants
54% dépendent des groupes pétroliers tels Total pour 40%
Les marges sont très faibles par rapport au prix payé par le consommateur.. Calculée indépendamment du prix du baril, la marge est passée de 7 centimes pour l'essence et le gazole à respectivement 8.8 centimes et 9.5 centimes. fin octobre 2007
Si on admet de taxer les distributeurs quelle devrait être l’assiette de cette taxe ?
Rédigé par : Constantin ANGHELIDI | 06 janvier 2008 à 00:17
Waf tu pulses de ces temps ci.
Entre Sarko et toi, je t'avoue que j'ai du mal à suivre le rythme...
Euh la cinquieme mondialisation c'est quoi ?
(Le Grand Soir ? :-))
le Belge
Rédigé par : Belgo3.0 | 06 janvier 2008 à 03:52
@ Olivier
Le terme de IVème mondialisation est une création personnelle. On défini généralement la première mondialisation du XIXème, dominée par l'angleterre, le seconde de la fin du XXème dominée par les Etats-Unis, la troisième, celle qui est ou va être dominée par la Chine. La quatrième pour moi verra l'avènement des Etats Pétroliers, ce qui devrait bouleverser la donne.
Si le baril atteint des sommes folles dans les mois ou les années à venir, ce fric se retrouvera bien dans la poche de quelques uns. La puissance financière de certains pays et de certaines firmes va devenir colossale. Je pense en particulier à un grand retour de la Russie sur la scène internationale. Ce nouveau transfert de richesse devrait à mon sens empêcher la domination du système mondial par un seul et unique Pays. L'explosition du prix de l'énergie devrait précipiter la chute des Etats-Unis et largement freiner la croissance de la Chine surtout si son principal client entre en récession. A coté, nous verrons l'émergence de nouveaux pôles d'influences en amérique centrale, en Eurasie, au moyen orient ...
Fukuyama qui avait anonncé la fin de l'Histoire s'est bien planté. Elle est en pleine accélération.
Quant à la Chine, je crois qu'on peut d'ores et déjà dire qu'elle est la première puissance mondiale, ne serait-ce que parce qu'elle tient dans sa main l'avenir du dollars et de la santé de l'économie US. Aussi, parce qu'avec son fond souverain et ses réserves de change elle aura la capacité de faire ses courses et de sauver le système financier occidental lorsque les établissements devront payer la note des subprimes. 2008 risque fort d'être l'année de la chine, avec le solde de la crise des subprimes mais aussi, bien sûr, les JO de Pékin.
... mais comme je le disais plus haut, les choses bougent vite et la domination de la chine pourrait ne pas durer bien longtemps, s'il s'avère effectivement qu'on a franchi le Pick Oil.
@ Constantin
Ce que tu écris explique pourquoi les superprofits des compagnies pétrolières ne paient pas ce qu'elles devraient au fisc. Avec cette chaine de valeur mondialisée, il est très facile de faire en sorte que les marges les plus fortes s'appliquent des les Etats les moins taxés. Néanmoins, elle est toujours payée par le consommateur final. D'où l'idée de définir comme assiette forfaitaire la part de la distribution faite (directement ou via les grandes surfaces) sur le marché intérieur.
Ex Total fait 12 milliards de profits. Elle écoule 20 % de ses produits en France , l'assiette est donc de 2.5 Mds, quel que soit les bénéfices taxables en Fr qui ressortent des comptes de l'entreprise. Mais le mieux serait de faire ça au niveau de l'UE.
@ Le belge
C'est la "nouvelle formule" qui veut ça ... :-) Faudra s'y habituer !
Rédigé par : Malakine | 06 janvier 2008 à 09:14
@Malakine,
Parler de quatrième Mondialisation, pourquoi pas? Deux remarques cependant, très prosaïques et pour l'une , égoïste:
- Une de mes amies va régulièrement en Chine. Elle a la chance d'avoir un conjoint dont les revenus lui permettent de ne pas travailler. Elle se rend, par choix, dans des provinces éloignées de Changaï, ville qui se transforme de jour en jour, et de Pékin. Elle parle et écrit le chinois et revient d'un séjour de quelques semaines dans un village pauvre du pays. Ce qu'elle nous a narré est bien loin de l'image de la Chine, plus grande puissance du Monde dont les réserves en dollars sont bien plus élevées que celles des U.S.A.
Que penser d'une grande puissance qui laisse 90°/° de son territoire (elle ne parle pas du peuple mais du territoire) dans une telle misère. Y aura-t-il une explosion?
- Plus égoïste: la pénurie de pétrole et surtout son prix peuvent être l'occasion de vivre autrement disent certains.
Je ne crois pas plus que toi au développement important des énergies de substitution (malgré ce que l'on fait en Allemagne) mais que peuvent faire ceux qui habitent loin de leur lieu de travail, là où n'existe aucun transport en commun? déménager est pratiquement impossible pour la plupart et cette Quatrième mondialisation et ce qu'elle impliquerait les laisse dans l'expectative. Je suis dans ce cas mais (pour le moment) je peux assumer financièrement , jusqu'à quand?
Rédigé par : Philippe | 06 janvier 2008 à 10:29
@ Malakine
On parle d'énergie solaire (thermique, photovoltaïque, thermo-dynamique), d'éolien, de géothermie, de biomasse, de méthanisation, d'hydroélectricité, ... quand on parle d'énergies renouvelables. Et surout d'utilisation rationelle de l'énergie (économie de l'efficience) : bâtiment à énergie zéro ou positive, voiture efficace, rationalisation des process industriels et de distribution, ...
Les énergies renouvelables ne sont pas condamnées à rester marginales, alors que les européens ont annoncé 20 % de leur demande énergétique à partir d'EnR pour 2020, et les chinois 15 %. Les EnR ne sont pas destinnées à remplacer toute la demande énergétique, et pour le transport, l'hydrogène (vecteur énergétique) pourrait s'avérer une solution...
"L'avenir c'est un couplage du nucléaire de xème génération qui fabriquerait de l'hydrogène" ... très bien ce rêve nucléaire très franco/français. Sauf que même si nous avons "vendu" une centrale nucléaire au Libyen pour dessalaniser de l'eau de mer (et pourquoi pas fabriquer de l'hydrogène), les experts atomiques français s'accordent pour une mise en service vers 2020/25 (si Kadafi signait maintenant), le temps que le pays se dote d'une autorité nucléaire indépendante, et forme les ingénieurs et techniciens pour l'exploitation et la maintenance... Question de sécurité, légitime somme toute.
Alors que le solaire thermodynamique sera rentable en Libye pour fabriquer de l'électricité d'ici bien avant 2020. Comme le relevait le wall street journal du 02/01/08, une nouvelle filiale de Hamilton Sunstrand (société qui travaille entre autre dans l'aéronautique - 5 milliards US$ de CA annuel) vient de lancer une nouvelle branche nommée "SolarReserve", avec un objectif vendre pour 1 milliard de d'US$ de centrales solaires, d'ici 15 ans. Taille des centrales au catalogue : de 50 à 500 MW, avec stockage de l'énergie sous forme de sel vaporisé.
Je ne voudrais pas ici, opposer nucléaire et énergie renouvable, il n'y a pas de solution monotechnique. Toutefois, je voudrais faire remarquer que la France finance déjà largement son grand rêve nucléaire (ITER, réacteur de 3ème et 4 génération), choix technologique qui a jusque là plus ou moins sacrifié les énergies renouvelables dans notre pays. Notre industrie EnR est moribonde, tandis que les allemands se taille la part du lion, dans le boom du marché mondial des énergies propres. Des sources d'énergie décentralisée, adaptée à la demande des pays émergeant en manque d'infrastructures énergétiques, comme au pays développés qui doivent réduire leur effet de serre. Même l'Espagne aura en quelques années, dépassée la France en matière d'industrie énergie renouvelable...
Dépassons les idées reçues de la place marginale qu'aurait les énergies renouvelables. Il n'y a pas que la solution atomique ... il faut savoir dépasser ses propres mythes. Si l'Europe arrive à 20 % d'EnR en 2020, ce sera plus que la part d'énergie nucléaire dans le bilan énergétique français de 2007.
Cordialement,
Rédigé par : Héloïm Sinclair | 06 janvier 2008 à 19:09
Suite au dernier commentaire je voudrais ajouter que je trouve étrange que le danger que constituerait la vulgarisation du nucléaire civil sans s'assurer au préalable de la nécessaire sureté dans l'exploitation de ces centrales : elles nécessitent une "culture" bien particulière et s'accomode mal des contraintes économiques.
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 06 janvier 2008 à 22:07
Malakine,
Ma période "recherche appliquée" s'est faite dans une PME ayant comme beaucoup de PME des clients de PME, TPME, PRIVés ET sous traitant de multinationale.
La connexion entre les unes et les autres est une évidence !
Cela n'empêche pas leurs différences fondamentales, notamment dans la gestion et la financiarisation.
Primordiale dans les PME où le patron est aussi l’actionnaire principal ou majoritaire, sont les frais de représentation et les bénéfices… tout à son avantage personnel avec notre extra-ordinaire fiscalité.
Pour les multinationales la notion de bénéfice est complètement différente, puisque ils n’existent pratiquement plus que pour attirer les investissements financiers.
Cela me rappelle un texte de toi, Malakine, ou tu faisais allusion à un impôt sur le chiffre d’affaire proposé par Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon.
Rédigé par : Ozenfant | 07 janvier 2008 à 12:06
@ Malakine
La taxation des producteurs de pétrole, dans le contexte actuel risque d'avoir des effets pervers.
A partir du momment où un producteur de pétrole n'exporte que 20% en France, il aura tout intérêt à augmenter ses exportations vers des pays qui ne vont pas le "surtaxer".
Je suis sur que la Chine, par exemple, trouverait cette idée de TIPP "chez les autres" très profitable pour ses propres intérêts".
Rédigé par : Constantin ANGHELIDI | 07 janvier 2008 à 14:34
Sur le propos que l'augmentation du prix du pétrole permettra une meilleure redistribution des richesses, il s'agit d'un voeu pieux.
Prenez 2 pays similaires à bien des égards : l'Algérie et le Maroc.
L'un a du pétrole, l'autre pas. Celui qui n'en a pas s'en sort infiniment mieux que celui qui en a (qui penserait à aller passer ses vacances en Algérie ?).
Le pétrole, c'est l'argent facile. Celui qui incite à la paresse, et qui suscite la convoitise chez le voisin. La plupart des états du sud qui ont du pétrole se comportent comme des gagnants du loto : ils arrêtent de travailler, et se rendant compte que tout le monde en veut à leur or (noir), ils deviennent paranos et aggressifs.
La seule façon de conserver son revenu (du capital naturel), c'est de contrôler la ressource. Le développement, l'éducation, peu importe, ce qu'il faut ce sont des armes pour défendre les puits des étrangers ou plus souvent de la concurrence locale (et pour les plus malins, l'aumône aux classes dangereuses sous forme de subventions des produits de base, toujours l'exemple de l'Algérie).
Le baril de pétrole à 100$ plutôt qu'à 50, c'est juste cette problématique multipliée par 2.
Les Marocains le disent : il y a sûrement du pétrole dans le Sahara, qu'on pourra exploiter quand le problème sera résolu. Heureusement qu'on n'a pas pu le faire avant ! Espérons qu'il n'y en ait pas trop !
Rédigé par : Fanch, Casa | 08 janvier 2008 à 18:39
La Chine, la Chine, la Chine...
Arrêtons 5 minutes avec le péril jaune. La Chine s'éveille, certes, mais c'est surtout l'Europe qui s'endort.
L'Europe a tous les atouts pour devenir la puissance de ce siècle, la volonté seule lui manque. Ce qui est bien dommage parce qu'elle aurait des choses très intéressantes à dire.
La Chine, même si ses progrès sont indéniables, ne sortira pas en 20 ans d'un millénaire de déclin*. Elle a beaucoup de problèmes structurels à résoudre, le premier d'entre eux risque d'être d'avoir à gérer l'effondrement de la consommation américaine qui dope sa croissance.
*sinophiles, pardonnez mon approximation, considérez la comme une figure de style
Rédigé par : Fanch | 08 janvier 2008 à 18:51
@Fanch
Sur le pétrole il y a le contre exemple de la Norvège qui gère fort bien sa rente pétrolière. Notons également que la norvège n'est pas membre de l'UE et de l'euro et qu'elle est en bien meilleur santé que ses voisins.
Quand a la Chine on ne peut pas parler d'un millénaire de déclin, 150 ans peut-être et encore, sachez que la Chine avez 36% de la population mondiale en 1840 et que le PIB chinois ne fut dépassé par les pays développé qu'a la fin du19ème siècle. Il y a beaucoup de fantasme sur l'avant révolution industriel. L'économiste Paul Bairoch à montré qu'en réalité la domination économique de l'occident n'a vrai été forte qu'avec la révolution industriel auparavant les niveaux de vie en Europe n'était guère plus élevé qu'en Asie. En claire l'Europe n'est devenue momentanément le centre du monde qu'au 19ème avec la révolution industriel. L'actuel déclin occidental est simplement un retour à la normale historique qui fut rompu par les gain de productivité engendrés par l'industrialisation.
La question que l'on doit se poser n'est donc pas comment éviter le déclin, car il est inéluctable eut égare à la démographie. Mais est-ce que nous allons vers un déclin relatif ou absolu? Le libre-échange et le libéralisme anglo-saxon nous conduit vers un déclin absolu avec baisse du niveau de vie et régression massive, désindustrialisation. Les politiques alternatives keynésiennes et protectionniste nous permettraient de maintenir notre industrie et notre niveau de vie mais ne pourraient en aucun cas empêcher un certain déclin proportionnel à notre déclin démographique. A terme on peut imaginer un monde ou le poids économique des pays serait proportionnel à leur démographie ce qui ferait de l'Europe et des USA des petites régions du monde. Pendant longtemps l'Europe c'était le trou du cul du monde jusqu'à la découverte de l'Amérique dira-t-on, c'est à mon avis ce que nous redeviendrons à la fin du XXIème siècle et l'UE n'a fait qu'accélérer le processus.
Rédigé par : yann | 08 janvier 2008 à 20:19
@ Fanch
Je n'aurais pas du parler de redistribution, mais de transfert. ce que vous expliquez ensuite, c'est la rente. En effet, les Etats pétroliers ne sont pas incités à travailler, mais il peuvent consommer. C'est pourquoi je dis qu'ils pourraient être debons clients pour l'export.
@ Fanch 2
Certes, mais en attendant elle est l'usine et le banquier du monde. Compte tenu de son échelle, sa croissance ne suffit encore peut-être pas à entrainer chez elle de la prospérité, mais son développement à un impact considérable sur la planète. Sa population représente tout de même 20 à 25 % de la population mondiale.
@ Yann
Ton propos me semble exclusivement porter sur les performances économiques, mais qu'en est-il sur le registre de la civilisation ? Mot à la mode ... Est ce que l'Europe ne reste pas, malgré son déclin économique relatif ou absolu, comme la région du monde qui présente la civilisation la plus avancée ?
Et qu'on ne parle pas des Etats-Unis qui voient l'intervention de Dieu dans les mécanismes du Marché, qui se croient la "Nation élue" et dont le modèle économique fondée sur la gloutonnerie et l'obésité risque de ne pas passer l'hiver, entraînant le reste des économies occidentales dans sa chute !
Rédigé par : Malakine | 08 janvier 2008 à 20:52
Heu "civilisation la plus avancé" dans quoi, sur quel critère?
J'essayerais de faire un texte un de ses jours sur le concept de développement est l'idée de sens de l'histoire qui sous-tend ton idée de plus avancé. Disons que pour résumer je pense qu'une société civilisé ou développé est une société apte à se reproduire dans tout les domaines. Reproduction au sens large démographique, scientifique, culturel, écologique etc... Je pense que ton concept opaque de civilisation sous-tend cela. Des lors on ne peut pas parler de société avancé ou attardé en réalité quand on parle de cela on parle d'avancé technique c'est l'esprit technique qui à empoisonné nos esprits.
Si tu vois ce que j'entends par société civilisé, c'est à dire apte à se reproduire dans toute ses dimensions existentielle sans lesquels la société n'est pas viable à long terme, alors j'ai le regret de te dire que l'Europe et les USA sont des barbares. Nous ne valons pas mieux que nos cousins d'outre atlantique, et d'ailleurs pour moi il n'y a pas une mais DES civilisation européenne. De plus le continent a une culture qui est morte pour l'essentiel, la culture française elle est dans les musée et les film en noir et blanc, ce que produit l'Europe aujourd'hui c'est des ersatz de sous produit culturel américain en encore moins bon.
Rédigé par : yann | 08 janvier 2008 à 23:00
@ yann
Je ne peux te contredire, même si je considère tout de même que les américains sont beaucoup plus avancés que nous sur le chemin de la barbarie. Il y a tout de même plus de soucis du futur, de l'homme et de la cohésion sociale en Europe qu'aux Etats-Unis.
Certainement que les cultures européennes sont fatiguées. Le traumatisme de la dernière guerre est passé par là. Je ne connais qu'une culture en Europe encore vivante, c'est la culture Russe. Ce n'est sûrement pas un hasard si c'est le seul pays qui peut s'estimer avoir gagner la guerre.
D'où l'intérêt du concept de civilisation : Ne plus s'abandonner au cours des choses, ne plus accepter le long chemin inexorable vers la barbarie, reprendre conscience de nous même, affirmer et défendre nos valeurs ...
Rédigé par : Malakine | 09 janvier 2008 à 00:34
Cher Malakine, j'ai peur de ne pas être aussi optimiste que toi quand à l'attitude des pays producteurs de pétrole. La plupart d'entre eux se comportent historiquement en rentiers (à l'exception notable des Emirats Arabes Unis et dans une moindre mesure de la Russie). Les richesses tirées de l'exploitation du pétrole étaient autrefois dédiées à des programmes sociaux improductifs car avant tout clientélistes(je n'ai pas dit que tous les programmes sociaux étaient improductifs ok?), et à renforcer l'apareil militaire d'autre part. Aujourd'hui les pays producteurs se lancent dans une course au rachat d'entreprises occidentales via les fonds souverains, il sagit là de l'attitude typique d'un rentier préférant investir sur les marchés actions plutôt que de se lancer dans un programme nécessairement long et risqué d'investissements productifs sur son sol...
la liste des courses récentes et incomplète des fonds souverains:
http://lemondequivient.typepad.fr/mon_weblog/2007/11/fonds-souverain.html
comment les SWF renversent l'ordre économique mondial:
http://lemondequivient.typepad.fr/mon_weblog/2007/11/etats-unis-vend.html
http://lemondequivient.typepad.fr/mon_weblog/2007/10/ces-anciens-sou.html
Rédigé par : rickyny | 12 janvier 2008 à 08:30
Un peu d'accord avec Yann, même si il est très pessimiste, car une tendance peut toujours se retourner.
L'Europe est en déclin, non pas à cause des 35h, mais à cause de ses élites, de ses cadres.
Il y a des talents, des possibilités, des énergies, mais les leviers sont complètement accaparés par une clique improductive qui agit à courte vue pour ses intérêts propres, ruinant la possibilité d'un réveil.
Prenons l'exemple culturel. Il suffit de se balader un peu dans l'underground culturel pour constater un bouillonnement permanent de nouveauté et de talents, qui pourraient créer des chefs d'oeuvre. Pourraient, car les grands moyens, medias, production et distribution, sont accaparés par un cercle qui est fermé depuis les années 70. Il n'y a qu'à voir les fils et filles de, pas tous très bons, en tête d'affiche, sans parler de la production de masse de starlettes artificielles diverses.
Dans les domaines économiques, scientifiques et politiques, la problématique est la même, les plus capables sont de plus en plus découragés par les récupérations et les vexations des pilleurs. Pour l'instant, l'individualisme ambiant aidant, chacun se réfugie dans sa petite sphère en regardant avec tristesse et découragement le monde sombrer. Mais rien ne dit que les choses ne pourraient pas changer : l'époque est aux bouleversements, les "tabous" ont été brisés par ceux-là même qui pourraient s'en mordre les doigts un jour.
Pour la Chine j'ai peut-être été un peu dur. Mais l'enthousiasme consensuel actuel m'énerve. Cà me fait l'effet d'une bulle.
Rédigé par : Fanch | 14 janvier 2008 à 11:42