L’affaire des délits d’initiés à EADS et ses prolongements liés au rachat des actions Lagardère par la caisse des dépôts a donné l'occasion aux libéraux de rouvrir le procès de l’Etat actionnaire. Lorsque, l’Etat se mêle de gestion d’entreprises, cela conduirait toujours à des catastrophes industrielles ou à diverses formes de corruption.
Depuis 20 ans et les premières privatisations, le capitalisme d’Etat n’a plus les faveurs d’aucun parti politique. Même le parti communiste ne défend plus les nationalisations ou la présence de l’Etat dans le capital des grands groupes en dehors du champ du service public. L’idée que l’Etat doive se tenir à l’écart des entreprises est aujourd’hui une idée communément admise. Et même lorsqu’il en est actionnaire – comme dans le cas d’EADS – il est fait en sorte qu’il s’abstienne de siéger au conseil d’administration et soit représenté par un « vrai » industriel ! Sans que cela ne choque personne. La pensée unique considère aujourd'hui que la vocation de l'Etat n'est plus de participer à la gestion de l'industrie mais seulement à fixer quelques règles et à redistribuer les richesses.
L’origine de cette disgrâce de l’Etat actionnaire est pour moi un vrai sujet d’étonnement. A part quelques scandales comme celui du crédit lyonnais, on ne voit pas en effet quelle catastrophe a pu à ce point discréditer ce mode d’intervention de l’Etat dans l’économie. Si le modèle de l’économie planifiée est effectivement mort avec l’effondrement des régimes communistes et si l’économie administrée n’est plus de mise dans le contexte européen, le modèle de l’économie mixte apparaît toujours comme une option ouverte et une solution crédible. Plusieurs arguments plaident en effet en faveur d’un certain renouveau du capitalisme d’Etat.
Lire la suite "L'affaire EADS condamne t-elle définitivement le capitalisme d'Etat ?" »