Ségolène Royal vient de déclancher une nouvelle polémique, mais cette fois-ci, très curieusement, ce n’est pas suite à une bourde, un dérapage verbal ou une invective, mais suite à une proposition pour répondre au chômage des jeunes. Le fait est suffisamment rare pour être souligné.
Très curieusement, les attaques viennent plutôt de sa gauche, et pas toujours d’ailleurs avec un grand discernement. Car, la proposition est dans son esprit plutôt intéressante, même si elle manifeste toujours le même amateurisme, dans sa formulation comme dans son contenu.
La candidate socialiste vient donc de proposer un Contrat Première Chance, destiné aux jeunes sans qualification et aux entreprises de moins de 10 salariés, dont l’Etat, par l’intermédiaire des régions, assurerait l’intégralité du financement pendant une durée d’un an.
Disons le tout net, les critiques provenant de l’extrême gauche, du MJS et des syndicats étudiants sont délirantes. La comparaison avec le CPE n’a absolument pas lieu d’être. Il s’agit d’un contrat aidé très ciblé, pas d’un contrat avec des droits au rabais pour les jeunes. L’idée est d’inciter à l’embauche, non pas en raison de la précarité du contrat mais de son coût nul (ou quasi nul) pour l’entreprise.
Seul son intitulé peut rappeler le Contrat Première Embauche. Il est vrai que ce n’était pas très malin d’appeler ce contrat aidé de « contrat première chance », mais, à la décharge de son auteur, les dispositifs de ce genre ont été tellement nombreux dans le passé qu’il est difficile de ne pas retomber dans quelque chose qui rappelle de mauvais souvenirs tel le « contrat d’insertion professionnelle » par exemple.
Là, où la critique devient réellement inquiétante pour la santé mentale de la gauche, c’est quand elle se place sur le terrain de l’égalité. Si l’on écoute certains, toute idée de contrat spécifique stigmatiserait la jeunesse. Ce serait le CDI, comme pour tout le monde, ou rien. On n’est plus sur le terrain de l’égalité mais de l’égalitarisme, qui est un dévoiement de l’idée d’égalité : appliquer le principe non plus au statut et aux droits, mais au moyens mis en œuvre par les politiques ou vouloir traiter de manière égalitaire des personnes dans des situations différentes.
Autre critique délirante. Ce serait un effet d’aubaine pour les patrons. Enfin …restons sérieux ! On ne parle pas des entreprises du CAC 40 mais de très petites entreprises, des commerçants, des artisans, des entreprises dont le patron ne peut même pas se servir le salaire d’un cadre d’une grande entreprise. Et surtout, il s’agit de jeunes sans qualification, qui ne seront pas forcément des cadeaux pour le chef d’entreprise. Il devra tout leur apprendre, être patient et pédagogue à l’égard du jeune, savoir garder son calme pour ne pas le renvoyer chez lui à la première connerie en le traitant de fainéant et d’incapable. Il ne faut pas rêver sur le management des petites entreprises. Les artisans ne sont pas tous des tendres. Ils ont généralement appris le métier à la dure et ils ont tendance à transmettre leur savoir de la même manière. J’ai même le souvenir d’une expérience de tutorat entre des artisans retraités et des jeunes créateurs, qui avait échoué tellement les anciens tyrannisaient leur poulain !
Avant que le jeune soit productif et que le patron en tire bénéfice, il faudra déjà qu’il se rembourse les heures qu’il aura passer à lui apprendre le métier et toutes les conneries que le jeune aura pu faire à ses débuts. Les jeunes à qui il s’agit d’offrir (c’est le mot) une première expérience professionnelle sont, pour certains, tellement éloignés de l’emploi, qu’il n’aurait pas été choquant qu’on aille même jusqu’à payer les artisans et les commerçants pour les accueillir ! Finalement, on ne fait que rétribuer le chef d’entreprise pour un service que le système éducatif aurait dû rendre bien avant.
Le CPP ne vise pas à traiter le chômage des jeunes dans sa globalité, comme le CPE entendait le faire. Il vise à répondre au problème extrêmement préoccupant des 200 000 jeunes qui sortent du système éducatif sans aucune formation pour pourvoir aux emplois vacants qui ne trouvent pas preneurs. La réalité et la gravité du problème obligent à un peu de modération dans les critiques. En la matière, il faut être pragmatique et se garder de toute réaction purement idéologique.
Dans son esprit et son intention le CPP semble donc plutôt intéressante et digne d’être soutenue. En revanche, Ségolène Royal nous confirme à cette occasion qu’elle conduit sa campagne avec un amateurisme hallucinant, qui n’augure absolument rien de bon si jamais elle accédait à la plus haute fonction. Même ses rares bonnes propositions finissent par se retourner contre elle. Une fois de plus, la mesure est sortie de son imagination, sans travail préalable, sans consultation d’experts, sans y associer quiconque si ce n’est quelques proches conseillers, et naturellement sans que son parti en soit même informé. A l’Elysée, il est donc à craindre qu’elle conserve son sale goût du pouvoir personnel, et qu’elle gouverne sur le mode du caprice(1) « L’Etat c’est moi » « Je décide, vous exécutez ! »
Face aux critiques, elle a fait une volte face radicale. Quelques jours après avoir sorti la proposition au cours d’un meeting, le CPP n’était plus un CDI dont une année était payée par l’Etat, mais un stage rémunéré de trois mois à l’issue duquel le jeune entrerait dans l’un des nombreux dispositifs de droit commun destiné à la formation en entreprises, contrat d’apprentissage ou de professionnalisation. La candidate a peut-être d’ailleurs découvert après coup que sa proposition n’arrivait pas en terrain vierge… Ce revirement est certainement une des conséquences de l’impréparation de la proposition, mais elle nous renseigne aussi sur la solidité de ses convictions et sa capacité de résistance aux critiques. Ségolène Royal est, en fait, pris en tenaille entre son dogme participatif et son inclination au pouvoir personnel, le conflit de ces deux principes ne pouvant se résoudre que dans l’inaction.
Enfin, cette proposition illustre une nouvelle fois un rapport très ambigu, pour ne pas dire malsain, avec la décentralisation. Elle n’a pas l’air de réaliser que les régions n’appartiennent pas au parti socialiste et qu’il n’en aura pas toujours le contrôle.
Soit l’Etat ouvre la possibilité aux régions d’accorder ce type d’aide, mais alors il ne peut promettre qu’elles les mettront en œuvre. C’est exactement ce qui s’est passé avec le RMI-RMA, qui a été un flop monumental, les départements ayant refusé de le développer.
Soit, elle confie aux régions une obligation de faire. Ce serait alors une drôle de conception de la décentralisation, qui en principe, repose sur le principe de libre administration. Et comment obliger les régions à accorder ces aides ? En accordant un droit opposable aux jeunes sans qualifications à avoir une première expérience en entreprise ? Quid alors de la liberté de recruter du chef d’entreprise ? En faisant de cette aide un droit pour l’entreprise, sans que la région ait un quelconque droit de regard sur le contenu de la formation, l’éligibilité du jeune ou le respect de son fameux « pacte de confiance » par lequel elle attend du chef d’entreprise des contreparties? En confiant la décision à l’Etat, les régions n’ayant alors qu’un rôle de financeur automatique ? Mais quel serait alors la valeur ajoutée des régions, d’autant que leur autonomie financière est extrêmement faible ?
L’idée plutôt intéressante à la base est finalement gâchée par des approximations si caractéristiques du style personnel de la candidate. Cette affaire résume tout le problème de Ségolène Royal. Elle ne sait pas situer le cadre de son pouvoir. Elle n’arrive jamais à percevoir les limites entre les responsabilités de l’Etat et les libertés locales, entre la chose publique et sphère privée, entre le pouvoir personnel et l’expression d’une parole collective, entre le droit et la morale, entre l’autoritarisme et l’incantation, entre la volonté et le voeu, entre la politique et la foi.
Ségolène Royal, on aimerait y croire … mais on y arrive vraiment pas.
(1) Je concède bien volontiers le caractère éminemment machiste de cette remarque.
No comment ! J'avais vu dès l'annonce de cette proposition les réactions défavorables des étudiants.
C'est bien la peine de mettre en exergue un programme puis de sortir une idée par jour ou presque pour se faire valoir devant les media. Pathétique !
La proposition d'emplois net de charges dits emplois francs (de Bayrou) n'est pas discriminatoire. Elle engage l'entreprise.
Elle ne se limite pas à un public défavorisé. Le salaire devrait être plafonné (à 5000 €/mensuel pour éviter les abus). Ce plafond est largement suffisant pour recruter un jeune diplômé ou un cadre ou un commercial quadra ou quinqua expérimenté mais au chômage par exemple, tout autant qu'un jeune sans qualif qui le sera au SMIC.
Cette proposition va en outre plus loin sur la durée : deux ans au lieu d'un an pour le CPC dont on ne parlera probablement plus d'ici une ou deux semaines.
Rédigé par : Marcus | 07 avril 2007 à 00:59
Très bon article Malakine ! Mais de mon côté je persiste à penser que rien de concret ne pourrait sortir d'une telle mesure.
Les jeunes sans qualification (et même ceux qui en ont une) font déjà l'objet d'une véritable exploitation dans beaucoup de structures, y compris chez les artisans-commerçants. Pas besoin d'en rajouter une couche en permettant à des entrepreneurs souvent indélicats (car ceux qui veulent vraiment recruter y arrivent toujours, sans qu'il soit besoin de les y inciter) de profiter encore davantage du système sans obligation de créer un emploi à la clé, car sur la question du jeune "qui donne satisfaction ou pas" dans le projet de Ségo, on attend toujours des éclaircissements... Qui va contrôler tout ça ? Sur quels critères décidera-t-on de garder le jeune ou pas ? Qui financera d'éventuels contrôles ? Et surtout, a-t-on seulement les moyens de financer une véritable machine qui serait dédiée à ce gigantesque bordel au niveau national ? (Ségo ayant, comme tu le dis, volontiers tendance à confondre l'Etat et ce qu'elle pense être "ses" régions, régions qui d'ailleurs ne devraient pas être très motivées par la perspective d'investir dans une mesure dont le bénéfice en termes de possibles créations d'emplois est plus qu'incertain, voire absent diraient beaucoup)
Toutes ces questions ne représentent qu'une infime partie du problème. C'est un fait, les propositions de Ségo n'ont jamais de fin... Par exemple, personnellement je vois mal des commerçants et des artisans qui ont quand même autre chose à faire de leurs journées investir en temps dans la formation d'un jeune qui a priori se trouverait, dans le cas de figure standard, plus ou moins en situation de post-échec scolaire...
Ces mêmes jeunes ne devraient logiquement intéresser que ceux qui voudraient justement "profiter" de la mesure sur le plan financier !
En outre, comme tu le fais toi-même remarquer, ce n'est pas le rôle des entreprises que de tenter de "récupérer" des jeunes qui auraient du être pris en charge bien plus tôt par l'Education Nationale. En réalité, tous les ingrédients sont déjà réunis pour que l'on sache à l'avance que cette mesure, si elle était appliquée, ne concernerait probablement jamais les jeunes "lambda" qui ont à la fois des chances de trouver un emploi mais aussi quelques compétences à apporter (même si pour un jeune les compétences se résument parfois à sa seule personnalité) et qui, de plus, n'apprécieraient sans doute pas de travailler pour un employeur qui ne les paierait même pas !
Un détail qui a une certaine importance, mais qui échappe complètement à Ségo lui aussi : une fois sur le terrain, comment un commerçant ou un artisan pourrait-il voir un jeune que, dans la majorité des cas, il aurait accepté de prendre chez lui "pour voir" ou "pour dépanner" ? Même la relation jeune-patron risque d'être plutôt ardue à gérer, d'un côté comme de l'autre !
Et je ne parle même pas du volume d'emplois créés, qui devrait logiquement frôler le zéro absolu : pour les artisans comme pour les commerçants, il existe déjà l'apprentissage qui est une solution appréciée par tous, et qui permet aux petits patrons de faire travailler des jeunes qui ont déjà des compétences et un savoir-faire que les jeunes bénéficiant du CPC ne pourront par définition pas apporter !
Donc pour moi, globalement, cette mesure est grotesque et s'inscrit dans une forêt déjà inextricable de formules qui permettent à beaucoup d'entreprises de "tourner" sans jamais recruter de jeunes, mais en ayant pourtant toujours des jeunes "neufs" à disposition pour une somme symbolique qui ici... serait ramenée à zéro !
Impensable.
Ségolène se fout de la gueule de qui ?
Est-ce vraiment tout ce qu'elle a à proposer dans un pays qui est miné par le chômage et qui, on s'en rend compte ici, voit sa situation encore aggravée quotidiennement par l'incapacité de l'école à "former" correctement tous les jeunes ?
Avant de proposer n'importe quoi, il n'est pas interdit de se renseigner sur ce qui se fait déjà (apprentissage, justement) et de réfléchir aux conséquences tangibles en termes de créations d'emplois. A cet égard, le "CPC" est une vaste plaisanterie... qui ne m'amuse pas du tout.
Il faut mettre un terme à la panoplie des aides à tout-va qui n'a jamais rien produit de concret en termes d'embauches et qui, et c'est sans doute sa conséquence la plus fâcheuse, a modifié les mentalités de beaucoup de petits patrons au point qu'ils n'embauchent plus jamais parce que le système leur permet de le faire, tout en ayant toujours de la main-d'oeuvre fraîche à très bon marché.
Avec la proposition de Ségo, on vat tous les records de stupidité : le jeune devient un esclave loué par l'Etat à des petits patrons qui, vraisemblablement, seront surtout ceux qui n'ont jamais levé le petit doigt pour recruter !!!
A elle seule, cette idée démontre le niveau d'amateurisme et de pronfonde bêtise que l'on retrouve dans l'ensemble du programme de Royal. C'est vraiment du foutage de gueule.
Rédigé par : Pascal L. | 07 avril 2007 à 02:49
@ Marcus
La proposition d'emplois francs de Bayrou me semble être au CNE, ce que le CPP est au CPE. Les emplois francs visent à développer l'emploi dans les petites boites, le CPP a favoriser l'embauche de jeunes.
Sur le fond, je ne sais pas trop quoi penser des emplois francs. Il y a effectivement des gisements d'emplois dans les petites boites, mais j'en ai marre de toutes ces exonérations. Je préfère que l'on transfère carrément les cotisations sociales sur d'autres assiettes (cf article précédent)
@ Pascal
Bien vu. Si le commerçant ou l'artisan ne paye pas un centime pour le jeune, il risque fort effectivement de lui faire faire des basses besognes et de le foutre à la porte à la moindre connerie. Investir financièrement dans une recrue, c'est un gage d'un investissement humain dans la formation.
Je ne dis pas que les artisans ne savent pas faire de la formation. Au contraire, il me semble que l'apprentissage fait partie de leur éthique professionnelle. Je disais juste qu'ils paliaient aux carences de l'Etat et qu'il était normal qu'on finance ce service d'une manière ou d'une autre.
Autre point qui m'amène à réfléchir. Est ce que ce dispositif est destiné à créer des emplois stables et pérennes ou simplement à donner une première expérience et apprendre un métier à des jeunes sans qualifications ?
Il me semble qu'un grand flou entoure cette question. Dans le premier cas, il n'est pas évident que cette mesure en créé beaucoup. Dans ce second, la rotation n'est pas une dérive mais fait partie du système, et on peut effectivement dire que le CPP détruira des vrais emplois.
Pour finir, je suis d'accord, la question de l'emploi ne saurait se résumer à des dispositifs d'exonérations et d'allocations. Il faut aussi se pencher sur le contexte macroéconomique (protectionnisme), fiscal (TVA sociale) ou sur le système éducatif.
Ca, c'est le travers d'une présidente de région. En région, puisqu'on ne peut intervenir qu'avec des aides, on finit par penser que c'est le seul intrument de l'action publique. Vous avez remarqué comme la question des aides revient toujours dans les discours de SR. Elle veut même les utiliser pour lutter contre les délocalisations !
Rédigé par : malakine | 07 avril 2007 à 07:39
Rien à voir, mais nouveau look de blog où je rêve encore ? ;)
Bien à toi Malakine !
Rédigé par : Cath | 07 avril 2007 à 11:27
@ Malakine > précision : Les emplois francs s'adressent à toutes les entreprises sans limitation de taille, mais c'est évidemment les plus petites qui en ont le plus grand besoin.
J'ai personnellement interrogé des commerçants, notamment un ami qui est "coincé" dans sa boutique du matin au soir. Il tient une coutellerie et vend des articles de luxe dans une station balnéaire de l'île de Ré. Il souhaite développer son entreprise, participer à des salons, des expo, visiter des fournisseurs des lieux de production. Actuellement, il a les plus grande difficultés à le faire. Il m'a déclaré qu'il saisirait cette opportunité dès demain si elle lui était proposée.
Ce que j'apprécie dans cette proposition, c'est précisément qu'elle diverge des recettes habituelles du traitement social du chômage (public ciblés, salaires au smic ou en dessous payé par l'état. Emplois qui ne sont pas toujours à temps plein).
Exemple : une PME veut se payer un commercial mais elle hésite à cause du coût du travail. Elle pourra le faire. Une société hésite à embaucher un ingénieur, elle pourra aussi le faire. Il y a là de véritables opportunités, notamment pour les jeunes diplômés sans qu'ils en pâtissent sur leur feuille de paye.
Pendant deux ans, le salarié embauché participera activement au développement de son entreprise. Il y va de son propre intérêt car s'il donne satisfaction et remplit ses objectifs, il y a tout lieu de croire qu'il sera reconduit au terme des deux ans (terme de la franchise de charges sociales). D'autant que d'ici là la TVA sociale sera probablement rentrée en vigueur. :-)
Puisque j'évoquais le commerce et de l'artisanat, rappelons qu'il s'agit d'entreprises qui ne sont pas délocalisables.
A contrario, il me semble bien que tant l'État que les Régions - Régions faisant parfois du dumping entre elles - ont mis beaucoup d'argent public dans des grosses boîtes, et que "les chasseurs de primes" bénéficiaires des ces aides publiques n'ont pas toujours tenu leurs engagements.
Pour autant, il importe également d'avoir une politique industrielle dans ce pays adossée à une grande politique de recherche.
Rédigé par : Marcus | 07 avril 2007 à 17:03
Commentaire hors sujet : le second de ma part sur ce billet :)
Joyeuses Pâques !!!!
Rédigé par : Cath | 08 avril 2007 à 09:16
Marcus,
Bien sûr que les commerçants vont profiter d'un cadeau qui va les dispenser d'embaucher ! C'est une bonne façon de plus de faire diminuer artificiellement les chiffres du chômage.
Cette mesure concernant l'embauche gratuite avec salaires et charges entièrement à la charge de l'état de jeunes non qualifiés, me touche directement, .
Les 50% de patrons peu scrupuleux qui se sont toujours servis des apprentis comme de grouillots vont pouvoir se régaler puisque Ségolène vient officiellement d'autoriser cette forme moderne de mise à disposition !
Je suis particulièrement concerné par l'apprentissage puisque pendant plus de vingt années, j'ai formé des apprentis en cuisine et en salle dont plusieurs sont restés des amis.
Je suis persuadé que Ségolène a cru bien faire, mais que comme d'habitude cette idée lui est sortie de la bouche pendant un discours sans qu'elle ne mesure bien la portée de ce qu'elle disait.
Elle vient bien, sans le savoir, de signer l'arrêt de mort de l'apprentissage et des IFA/CFA (instituts de formation d'apprentis), enfin si elle était élue !
Jusqu'à avant-hier, je lui laissait encore une chance, quand à mon vote au premier tour, mais là, c'est la goutte qui fait déborder le vase !
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 08 avril 2007 à 11:27
D'abord un petit mot, moi aussi, pour sur la nouvelle présentation du blog : un GRAND coup chapeau pour le look, quant à l'ergonomie j'arrive à réduire la lecture sur 75% de la largeur de mon écran en occultant les "menus" à gauche, mais pas au delà.
Revenons au sujet : une nouvelle fois Ségolène lance une idée et, ensuite, elle-même ou ses porte-paroles rament pour expliquer ou donner de la cohérence aux propos de la candidate ! A terme ce comportement peut-il compromettre son succès ? On peut effectivement le craindre.
Mais, quand je vois comment les médias, mais les blogueurs aussi d’ailleurs, reviennent sur son terrain, ne commentent ses propositions que lorsqu’elles font polémique, j’en viens à envisager que c‘est désormais une stratégie de communication. Si ce n’est pas le cas alors les bourdes et les propositions mal ficelées sont désormais des atouts alors qu’un discours sans faille est appelé à ne pas être relayé !
Pour Malakine, ces « approximations » de la candidate du PS sont rédhibitoires. Peut-être. Remarquons par contre la faiblesse de la portée d’un discours expert tel celui de Michel Rocard, par exemple. Si ses discours avaient fait polémique, lui ou ses amis auraient eu l’occasion de les expliciter !
Sur le fond, il faut bien cerner que cette proposition a la louable intention de donner une première expérience à ce public « sans qualification ».
- Existe-t-il des artisans ou TPE qui ont besoin de main d’œuvre non qualifiée mais qui renoncent à l’embauche car celle-ci ne serait pas initialement rentable ? Je le crois.
- Transformeront-ils, en un an, le manœuvre (« le grouillot ») en un ouvrier soucieux d’apprendre et de bien faire ? Pas tous, il y aura certainement du déchet et un risque pour l’entrepreneur s'il doit rembourser toute l’aide ainsi obtenue.
En conclusion, il est bien difficile de proposer des solutions concrètes pour un public spécifique, dans un cadre administratif de contrat de travail que l’on veut identique pour tous (le CDI), en essayant de plus d’éviter les effets d’aubaine.
Il faut en plus affronter aujourd’hui l’idéologie des uns, le parti-pris naturellement partisan des autres, alors chapeau aussi à Ségolène ROYAL si elle y parvient, même après quelques révisions de sa proposition initiale.
Ceux qui entreprennent savent que les meilleures idées ne valent rien tant qu’elles n’ont pas été confrontées à la réalité du terrain.
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 10 avril 2007 à 10:10
J'ai eu envie de changer l'habillage du blog en postant des coms sur celui de cath (chez typepad comme moi). Je trouve ça plus agréable d'écrire dans des fenêtres larges.
Pour répondre à PMF, ce ne sont pas ces approximations qui sont rédhibitoires, mais son exercice solitaire de la campagne. La méthode qui consiste à lancer des idées pour susciter le débat et faire avancer quelques thèses, ne me choque pas. Ce que je ne supporte pas chez ségolène c'est qu'elle est à la source de tout, sa stratégie de compagne comme ses propositons. Elle a peut-être séduit certains en disant qu'elle avait recouvré sa liberté et qu'elle s'était autonomisé du PS. Moi ça me fait flipper. Qu'elle apprenne le sens du collectif, arrête de dire JE et qu'elle dise un peu plus nous, et sa candidature redeviendra pour moi crédible. En l'état, elle me paraît la plus dangereuse de toutes.
Les institutions de la Vème concentrent trop de pouvoir dans les mains du président pour laisser la fonction à quelqu'un qui voudrait les exercer seul comme s'il était l'incarnation définitive de la volonté populaire.
Rédigé par : Malakine | 10 avril 2007 à 10:45
Face aux baronnies du PS, inutile de citer des noms, peut-elle avoir une autre stratégie ?
Quand vous évoquez les institutions de la Vème, comment croyez-vous qu'elle puisse modifier cette constitution et notamment supprimer le cumul des mandats, renforcer le contrôle du parlement avec un large consensus "des" états-majors du PS.
Vous n'êtes pas sans avoir qu'elle s'appuie sur quelques élements en disgrace dans son parti ; je pense à Montebourg à l'intérieur et Chevénement ainsi que Taubira à l'extérieur.
Bien sûr, à un moment donné, dans ce système, il faut lui faire confiance et "la foi" cela ne se décrête pas.
Remarquez que c'est vrai aussi pour les autres candidats. Chirac nous a vacciné et les promesses ne suffisent pas.
Alors, certainement que l'on se détermine en définitive plus sur les personalités et, pour moi, leur parcours et les valeurs qui les ont animés au fil de leurs expériences plus ou moins récentes.
Mais vous avez raison, si quelques personnes peuvent craindre l'exercice plus ou moins solitaire que vous dénoncez, ce sont ses proches conseillers de demain. Probable qu'elle indiquera des caps, des objectifs, elle prouve dans la campagne qu'elle fourmille d'idées mais que le travail d'adaptation et de mise en oeuvre ne manquera pas ! Tant que vous n'en faites pas partie de ces travailleurs de l'ombre, vous pouvez respirer ! :)
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 10 avril 2007 à 16:25
PMF,
Mais moi, je l'aime bien Ségolène et je ne la trouve pas plus bête que Fabius, Aubry ou Hollande !
J'ai même milité pour elle pendant quelques mois !
Mais quand elle est "retombée" dans les vieilles lunes du PS, pro-assistanat, pro immigration et économiquement bloquées dans une stratégie datant des 30 glorieuses, j'ai bien été obligé de "casser le charme" !
Sa dernière mesure d'assistanat est un exemple type de "bonne idée" apparente qui ruinerait le très nécessaire apprentissage et ne serait qu‘un « emploi jeune» aux frais de l’état, de plus .
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 11 avril 2007 à 10:25
Je viens de lire ds Libération du 9 avril dernier un article de l'économiste Piketti qui je le pense vaut le détour.
Que tous celles et ceux qui incendient Royal devraient aller consulter.
Sans pour autant convaincre les perpétuels donneurs de leçons qui se sont peut être un peu trop installés sur le site (ils ont tous vu, ont des avis surtout, mais par dessus tout eux ne se trompent jamais...) cela pourrait peut être les amener à plus réfléchir avant de se déchainer sans vergogne sur leur proies perpétuelles, (à propos de vergogne l'intervention d'A Mouchkine ds Le Monde me semble aussi recommandable).
Rédigé par : chav | 11 avril 2007 à 21:02
@ chav
Envoi les liens, ou mieux, écris un article sur le sujet !
Rédigé par : Malakine | 12 avril 2007 à 09:10
Autant pour moi, voici donc les liens en relation avec mon dernier commentaire.
www.liberation.fr/rebonds/246300.FR.php
mnouchkine.blogs.liberation.fr/le_fil_da/
Rédigé par : chav | 12 avril 2007 à 14:02