La commission Attali sur la libération de la croissance est atypique à bien des égards. Elle l’est par sa composition pluridisciplinaire qui ne réserve que peu de place aux économistes, par sa méthode qui engage une curieuse démarche de démocratie participative dans un sujet que l’on penserait plutôt réservé aux experts. Elle l’est aussi par son thème, tant la croissance apparaît encore comme un phénomène mystérieux qui tient autant de la météorologie que de la politique économique.
Certains, comme Alexandre Delaigue d’éconoclaste, affirment ainsi « qu’il n'existe aucune action de politique économique dont on puisse démontrer honnêtement et de façon définitive qu'elle contribue à la croissance » D’autres, plus volontariste, tel notre président qui « veut aller la chercher » affichent un plus grand volontarisme. D’autres encore considèreront qu’elle ne dépend que de cycles économiques ou du progrès technique, et d’autres enfin, plus pessimistes encore, ironiseront sur la prétention d’un Etat à vouloir influer sur un phénomène sur lequel il n’a plus aucune prise depuis que l’économie est mondialisée.
Pourtant, que ce soit pour financer ses dépenses sociales, pour faire face aux défis du vieillissement ou des changements climatiques, ou simplement pour se réformer la France a besoin d’un point ou deux points de croissance supplémentaire. Sinon, ce sera la banqueroute, la grande purge ou la révolution !
Les angles d’attaque du sujet sont nombreux, de même que les leviers qu’il serait possible d’actionner. L’intitulé de la commission, chargée de « libérer » la croissance, laisse craindre le pire, des réformes par définition libérales, qui sous couvert de vouloir susciter la création de richesse, ne rechercheront en fait à laisser libre court aux forces du marché, supposé être le seul moteur possible du progrès.
La contribution que je vais tenter d’apporter à la réflexion orchestrée par la commission ne sera pas celle d’un apprenti économiste. Je voudrais plutôt profiter du caractère pluridisciplinaire de la démarche pour proposer le point de vue du géographe. L’économie c’est en effet des entreprises qui produisent et un marché qui consomme, mais c’est aussi des territoires où s’investissent les capitaux et où se développement les entreprises. Plutôt qu’à l’offre ou à la demande, je m’intéresserais donc plutôt à « l’écosystème » du système économique. Mon propos prendra d’ailleurs appui sur un rapport parlementaire intitulé « pour un écosystème de la croissance » pour rejoindre une vieille utopie personnelle : La construction ex-nihilo d’une ville nouvelle conçue pour répondre à tous les grands défis du siècle, qu’ils soient économiques, écologiques, sociaux ou civilisationels.
Compte tenu de l’ambition du sujet, je scinderais ce billet en deux. La première partie sera consacrée aux fondements théoriques de cette approche des questions économiques par la géographie, la deuxième sera plus précisément consacrée à mon utopie de construction d'une ville nouvelle.
L’hypothèse sur laquelle était construit le rapport de Christian Blanc de 2004 était que la croissance procède moins aujourd’hui de facteurs macroéconomiques, sur lesquelles les Etats n’ont plus vraiment prise, que de la capacité des territoires à créer de la croissance. Le propos du rapport était essentiellement d’évoquer les liens insuffisamment étroits entre l’appareil de formation, les centres de recherche et le tissu industriel, mais on peut tout à fait élargir le sujet avec l’idée « d’écosystème de croissance »
La croissance ne vient pas seulement en effet de politiques macroéconomiques. Elle pousse aussi sur un terreau historique, géographique et culturel, qui va être plus ou moins fertile ou plus ou moins adapté au modèle économique.
A l’époque préindustrielle, le terreau de toute création de richesse, c’était la terre agricole. Dans ce modèle la population était logiquement répartie sur tout le territoire, partout où la terre était fertile. Les régions les plus riches étaient celles qui permettaient de produire les biens les plus rares ou les plus demandés, par exemple les régions viticoles.
A l’époque de la révolution industrielle, le substrat de toute activité économique était constitué par les ressources naturelles. Les activités se localisaient à proximité de gisement de charbon, de minerai ou cours d’eau pour utiliser la force hydraulique …La population venant ensuite s’agglomérer autour des usines.
Le schéma a commencé à se complexifier avec l'époque de l’ère industrielle et de l’économie administrée. Les liens entre le territoire et l’activité économique sont devenus plus lâches puisqu’on pouvait produire à peu près partout indifférement. On est donc rentré dans un schéma où la population a été considérée comme une donnée et l’appareil productif, une variable plus ou moins maîtrisée par l’Etat. Lorsqu’un territoire connaissait des difficultés, il lui suffisait de réclamer de l’Etat des compensations, des équipements, des aides ou la localisation de certains équipements.
Dans l’économie post-industrielle, la richesse, et surtout les emplois, se créeront dans les villes, ou plus exactement dans les « métropoles » ces ensembles urbains, dotés de toutes les fonctions urbaines supérieures, d’un haut niveau d’équipement, de bonnes infrastructures, d’une population bien formée, d’un rayonnement de niveau européen et d’une économie assez diversifiée. Demain, le substrat des activités économiques sera constitué par la concentration dans des villes dynamiques, d'une importante population active, de fortes compétences et d'un haut niveau de pouvoir d’achat. L'argent va à l'argent, l'intelligence à l'intelligence, la créativité à la créativité. C'est bien connu ...
On vit toujours dans le modèle industriel de l'économie administrée, alors même qu’il est devenu totalement caduc. Presque tous les élus locaux pensent encore pouvoir attirer des entreprises avec des zones d'activités, des autoroutes et des systèmes d'aides. Or aujourd'hui, c'est surtout un "produit urbain" qu'ils doivent construire, de l'attractivité résidentielle pour les populations métropolitaines et une image de "tertiaire supérieur" pour leur ville. L'écosystème de croissance du 21ème siècle, c'est la métropole et rien d'autre !
Christian Blanc a parfaitement démontré cela en 2004. Il a notamment montré que cette politique d’aménagement du territoire "volontariste" a aboutit à un saupoudrage des moyens sans grande cohérence; les établissements de recherche, les établissements d’enseignement supérieur et les centres industriels concourant à une même production, pouvaient se retrouver très éloignés les uns des autres. L’idée des pôles de compétitivité consistait donc à inciter au regroupement de ces trois fonctions pour renforcer les synergies et atteindre sur un territoire la taille critique permettant au « système productif local » d’atteindre l’excellence européenne ou mondiale.
Ce rapport a déclenché une petite révolution dans le monde du développement local qui a été bien au-delà de la création des pôles de compétitivité. C’est toute la doctrine de l’aménagement du territoire qui s’en est trouvée bouleversée. Ce changement de doctrine s’est d'ailleurs concrétisé dans la nouvelle dénomination de la DATAR, devenue DIACT, l’action régionale laissant sa place à la compétitivité des territoires. Les politiques en direction des territoires ne consistaient plus à aider les plus pauvres mais permettre à ceux qui avaient du potentiel de l’exprimer.
Pourtant, cette logique révolutionnaire et si prometteuse a été tuée dans l'oeuf sous l'influence des pesanteurs idéologiques et du système politique français qui trouve sa légitimité dans la défense d'un territoire plus que le développement global de la nation. On est vite revenu à la conception classique de la redistribution appliquée aux territoires. Les pôles de compétitivité ont ainsi été complétés assez rapidement par des pôle d'excellence ruraux ! Il ne fallait vexer personne et donner à tous ...
Si ce sont les territoires qui créent la richesse, deux questions doivent être posées : La structure urbaine de la France est-elle adaptée au modèle de l’économie post-industrielle ? Quel est aujourd’hui l’écosystème de croissance le plus performant ?
La France est l’un des pays les plus centralisés, non seulement sur le plan politique mais aussi sur les plans économiques et démographiques.
La DATAR l'a illustré dans un classement qu'elle a réalisé en 2003 sur les villes européennes. Hors Paris qui se situait à la première place, la France ne faisait figurer aucune ville en classe 2, ni en classe 3, seulement trois villes en classe 4. Soit seulement 4 villes dans les 30 premières d’Europe occidentale (Europe des 15) contre 6 pour l’Allemagne. On retrouve cette même concentration dans les études de l’institut européen Eurostat sur les PIB régionaux par habitant. Pour une base 100 constituée de la moyenne de l’Europe à 27, l’Ile de France apparaît totalement détachée des autres régions française. Elle se situe à l’indice 174.5 quand le 2ème, Rhône Alpes, est seulement à l'indice 112.3 et la moitié des régions métropolitaines en dessous de la moyenne. Par comparaison l’Allemagne réunifiée ne compte que 14 régions sur 42 inférieures à la moyenne et 7 régions avec un indice supérieur à 130.
L’extrême concentration de la richesse sur la région parisienne (carte ci contre des revenus par ménages) est devenu un vrai handicap structurel pour la France. Politiquement et économiquement.
Politiquement car la capitale, donc les élites, développent sans le savoir une culture et une vision du monde totalement déconnectée de la réalité du pays. Economiquement car avant d'être une capitale économique, Paris est une capitale politique, administrative et culturelle. Paris n'a aucune force d'entraînement économique sur le reste du pays. Paris a d'ailleurs toujours eu une conception à sens unique de ses rapports avec les territoires. Ils devaient servir sa gloire en lui apportant de la chair à canon pour les guerres et des richesses agricoles. Aujourd'hui, les territoires vivent à son crochet, et pourtant la capitale continue de les vampiriser sans se rendre compte du fardeau qu'ils représentent. C'est finalement tout le pays, qui s’est habitué à vivre de la solidarité nationale et sous la dépendance politique et économique de la capitale. Ici, la géographie rejoint la psychologie pour expliquer le goût français pour l'économie administrée et sa frilosité à l'égard du capitalisme moderne.
Dans notre économie mondialisée, si Paris peut concourir dans la compétition mondiale, bien trop peu de métropoles régionales diposent d'un potentiel suffisant en « forces vives » pour générer une dynamique de développement autonome et contribuer positivement à la croissance du pays.
Pour prendre un exemple concret. On se plaît beaucoup à dire aujourd’hui que le pays souffre d’un nombre insuffisant de PME dynamiques. Mais pour qu’une PME se développe, il lui faut un environnement propice, qu’elle puisse trouver à proximité des entreprises et des patrons qui lui ressemblent, pour susciter l’émulation ou servir de modèle. Elle doit aussi trouver des ressources en termes de conseils, des banquiers capables de comprendre et d’accompagner ses projets etc … Cet environnement bien peu de villes de provinces peuvent l’apporter. Le fait que le tissu économique soit constitué de quelques grands groupes mondiaux très compétitifs, de petites entreprises et presque rien entre ces deux extrêmes, n’est évidemment pas sans lien avec la centralisation politique, démographique et économique du pays.
Le développement métropolitain est donc un axe qui doit trouver sa place dans le cadre d’une une politique de croissance. Cette stratégie pourrait prendre la forme d’un soutien aux métropoles régionales, notamment via une réforme audacieuse de la décentralisation qui reconnaîtrait aux régions une pleine et entière autonomie financière. (Aujourd'hui l'Etat alimente leur budget à plus de 60%) Cette politique impliquerait de laisser tomber plus ou moins violemment les territoires improductifs, le monde rural et les villes moyennes, pour concentrer la population et les équipements dans quelques capitales régionales prioritaires. Cette politique serait certainement, sinon souhaitable, du moins rationnelle, mais elle serait un tel casse gueule politique qu'elle ne verra probablement jamais le jour sans une profonde réforme préalable de l'organisation administative et du mode d'élection des élus. Donc jamais.
Il ne reste donc qu’à construire ex-nihilo des métropoles nouvelles. Au moins une …
A suivre ...
Malakine
@Malakine
Je trouve que tu y va un peu fort à jetant à la poubelle les politiques macro-économique comme si elles étaient dépassé alors même qu'elle n'ont jamais autant régit le monde il n'y a qu'a voir la situation américaine.
De plus j'ai parfois l'impression que tu vois l'économie comme une guerre qu'il faudrait gagner en usant un peu trop du terme de compétitivité. Enfin je critiquerais demain, je pose juste un lien avec un site regroupant des textes trés intéressant sur la politique monétaire et la relance de la croissance justement:
http://www.chomage-et-monnaie.org/
http://www.chomage-et-monnaie.org/Dossiers.html
Leurs association à beaucoup réfléchis à la manière de relancer la croissance, bien évidement ce sont des politiques macro-économiques.
Pour ma part je pense que la micro-économie n'explique rien, ou pratiquement rien. Mais je ne rentrerais pas tout de suite dans les détails. Je te signal qu'il n'y plus aujourd'hui en Europe de politique macro-économique et c'est bien pour cela que la croissance est atone.
Ensuite que Paris ait vampirisé la France c'est indéniable, absorbant toute les forces vivent du pays elle est en grande parti responsable de l'appauvrissement des province. Il serait amusant d'ailleurs de comparer ce processus à celui de l'UE ou l'on voit l'Allemagne vampiriser le continent sauf que dans ce cas la barrière linguistique empêche une hémorragie de la mains d'œuvre européenne au profit de l'Allemagne. L'inégalité construite par le libre-échange provoqué pendant l'unification du royaume de France montre ou mène un laissez-faire à long terme.
Dans le genre idée iconoclaste j'avais entendu parler d'un économisiste critiquant l'euro qui pensait qu'il fallait multiplier les monnaies au contraire de ce qu'on fait les européens. Car en démultipliant les monnaies (un peu comme les USA au 19ème siècle) on permet une meilleur défense des commerces locaux et on déconcentre les pouvoir. Dans son esprit si chaque région française par exemple avaient une monnaie, en plus de la monnaie national qui elle resterait pour les échanges externe, ces monnaies pourraient être dévaluées pour les régions les moins performantes, à l'inverse les régions fortes auraient des monnaies réévalué. Dans un cadre réguler ce système serait plus efficace que la régulation direct par transfère passant par l'impot. Il faut que je retrouve le nom de cet économiste mais c'est une théorie qui est trés sérieuse surle lien entre autonomie monétaire et développent.
Rédigé par : yann | 13 septembre 2007 à 01:04
yann,
sur les liens suivants, divers exposés sur les monnaies locales :
http://perso.orange.fr/marxiens/politic/monnaies.htm
http://jeanzin.fr/ecorevo/monnaies.htm
Rédigé par : olaf | 13 septembre 2007 à 03:44
Yann,
Je m'attendais à cette réaction de ta part. Bon. Ce n'est pas du tout que je jette les politiques économiques à la poubelle. Je pends juste acte du fait que le pouvoir monétaire a été transférée à la BCE et qu'elle n'en fait rien ; que le libre échange rend caduque toute possibilité de relance par la demande ; que l'état des finances publiques est catastrophique et que dans ce système actuel, on est très mal.
Bien sûr qu'il faudrait changer tout cela et retrouver des leviers pour des politiques macroéconomiques, mais pour l'instant on ne les a pas. Alors de temps en temps, il me semble possible de réfléchir dans le cadre du système actuel. Je ne sais pas ce que sortira de la commission attali mais je compte bien y apporter ma petite contribution, et j'incite d'ailleurs tout ceux qui ont des idées à en faire autant ...
Mais du verra dans la deuxième partie de mon texte que ma proposition est d'inspiration très classiquement keynesienne (mais pas seulement) Je pense qu'au final tu devrais t'y retrouver ...
Rédigé par : Malakine | 13 septembre 2007 à 09:05
Bon, je suis encore hors sujet comme je viens de l'être chez Pascal, le poliblog indépendant
mais j'avais envie de dire que j'apprécie la mise en page actuelle d'Horizons à la fois sobre et plaisante à l'oeil (pas de "mickey" pour attirer le chaland, j'aime bien) et... surtout très lisible (car woww que d'informations à assimiler à chaque analyse !!).
De plus, j'ai la même opinion de ce blog que celle de Toréador émise ce matin:
... Horizons , le blog de mon collègue Malakine. Farouchement indépendant, très sérieux, républicain jusqu’au bout des ongles. Certains détestent, moi j’aime !...
(il faut avouer que Toréador a bon goût et une culture certaine et, à mon tout petit avis, ceux qui détestent... ne peuvent éprouver qu'un sentiment de jalousie lol)
Rédigé par : mimi | 13 septembre 2007 à 10:18
Malakin
>"Il ne reste donc qu’à construire ex-nihilo des métropoles nouvelles. Au moins une … "
Mais Malakin, regardez Nantes ou Rennes ! Ce sont aujourd'hui des bassins d'emploi importants où existent un réseau de PME très développé.
Rédigé par : toto | 13 septembre 2007 à 10:35
La commission attali parle de croissance dont la mesure est le pib.
Le problème c'est que bien des économistes, de plus en plus, contestent cet indicateur comme signe d'amélioration ou de dégradation de l'état d'un pays. Des très fortes dépenses de santé, par exemple, dans un pays où la santé est mise à mal, contribuent au pib. Un bon de niveau de santé dans un pays pour de faibles dépenses montrent une efficacité. Idem pour le travail au noir...
L'endettement qui n'investit pas dans l'avenir peut faire monter temporairement le pib en créant des emplois ou des infrastructures sans grand intérêt.
Alors qu'au contraire un endettement pour passer au transport ferroviaire pourrait être considéré comme positif puisque permettant un retour sur investissement.
Le france étant très endettée, de plus en plus avec NS, les possibilités d'investissements, même bien choisis, risquent d'être limitées.
Libérer la croissance serait peut être de ne plus se focaliser sur ce thermomètre détraqué qui ne tient pas comte non plus de la dette. D'ailleurs, le point de vue de A Delaigue considérant qu'il n'y a pas de recette concernant la croissance du pib parait cohérente puisque que le pib est déjà très ambigu par définition.
Par ailleurs, un pays étant très modernisé( outil de production, infrastructure) a peu de possibilité d'augmenter sa croissance puisqu'il est au maximum de ce qu'il est possible de faire techniquement, à la différence d'un pays émergent qui a une large marge de progression.
Rédigé par : olaf | 13 septembre 2007 à 10:51
Si on avait obligé les politiques à jour à Simcity, nous n'en serions certainement pas là. Pour ce qui me concerne, le principal problème de la croissance chez nous est qu'on ne la rattache jamais aux "créations" d'emplois (excellente, ton analyse de l'assistanat qui finit par miner jusqu'aux plus petites volontés de développement), ce qui est le signe d'un profond malaise qui n'existe plus chez nos voisins européens qui commencent à sortir la tête de l'eau (même s'il y aurait beaucoup à dire sur les "réussites" allemande et anglaise...). Par exemple, alors que les salaires moyens des Cadres crèvent les plafonds, ceux qui consomment le plus et qui sont évidemment moins bien lotis en termes de rémunération n'ont jamais eu à se serrer autant la ceinture, alors que dans le même temps les aides de toutes sortes n'ont jamais cessé d'augmenter, au point que l'on trouve maintenant "normal" de verser une allocation de rentrée scolaire à ceux qui ont encore les moyens de se précipiter dans les magasins au moment des soldes !... Un pays de fous, avec des "jeunes" qui à l'âge de 30 ans n'ont pu cotiser que 6 mois, d'autres qui comme moi sont des centaines de milliers à voir s'ajouter les années de chômage alors qu'ils pourraient travailler demain matin, d'autres qui cessent de bosser à 55 ans et dont le poste ne sera pas repourvu, d'autres qui ont le pouvoir d'influer sur ce qu'il se passe au niveau local mais qui laissent jusqu'aux centres-villes se vider de leurs commerces, etc. Je ne crois pas du tout dans les effets bénéfiques d'un recentrage autour de mégapoles qui seraient productives et dynamiques alors qu'à quelques pas, on ne trouverait que des bouses et des morts-vivants, j'ai au contraire l'impression que si on avait investi davantage (et intelligemment) dans les provinces au lieu d'engloutir des sommes colossales dans les grandes villes (où le taux de chômage est toujours le plus élevé, il faut quand même le rappeler !) sans aucun retour en termes de ROI, on aurait beaucoup moins de problèmes de croissance. Quant à la créaiton d'emplois, il est évident que Sarkozy et consorts n'y croient pas une seconde. C'est largement suffisant pour qu'il ne se passe jamais rien chez nous, où quel que soit le domaine envisagé, on part toujours du principe qu'il faut se branler le cerveau avant de prendre des décisions qui sont dans l'air du temps (de certains parigots) et rien de plus. Quand on n'a aucun courage politique et qu'on n'est même pas capable de résoudre les problèmes les plus basiques comme Nicolas Sarkozy, on ne devrait pas trop la ramener : Sarkozy (et son gouvernement) est une couille molle, comme toutes les grandes gueules. Vu la politique qu'il mène, la France n'est pas prête de se redresser et il pourra se vanter de ne pas y être pour rien.
Rédigé par : Poliblog | 13 septembre 2007 à 11:52
Qu'on me comprenne bien. Je n'ai pas évoqué ici l'assistanat des personnes mais des territoires. Je pointais ici les réactions des élus locaux qui systématiquement après un plan social se tournent vers l'Etat pour réclamer un doublement de l'aurotoute, un dispositif d'aide à la reconversion ou une délocalisation d'établissement public ... Jamais ils se demandent ce qu'ils pourraient faire pour s'en sortir par eux même !
Je ne parle pas de mégapole mais de métropoles régionales, comme Rennes ou Nantes. Pour la france c'est déjà bien. Je dis d'expérience que les entreprises ont besoin d'un environnement propice pour se développer et qu'on ne le trouve pas n'importe où. Je l'ai vu chez moi au moment du boom de la nouvelle économie. Y avait plein d'entreprises qui avaient des produits, qui voulaient lever des capitaux en bourse, et toutes se sont cassées la gueule parce qu'elles n'ont pas su gérer cette croissance et savoir s'entourer de bons conseils. Il n'y a pas de bons projets qui peuvent émerger dans une ville déprimée ou qui vivote.
Le taux de chômage n'est pas toujours un bon indicateur. Lorsqu'il est très bas, ca signifie souvent que tout le monde est parti et les chômeur en premier. Le département où le taux est le plus bas, c'est la Lozère avec 4.3 % ! Celui le plus élevé c'est l'Hérault et pourtant Montpellier est une ville dynamique (enfin ... yann et oz qui sont je crois tout deux montpellierains me corrigeront peut-être)
Rédigé par : Malakine | 13 septembre 2007 à 14:18
@Malakine
A tu parle de Montpellier, disons que c'est une ville intéressante pour des quadragénaires aillant de l'expérience quand tu débute faut partir. Sur le plan de l'industrie et de la recherche le mieux aujourd'hui c'est Sophia-Antipolis ou Grenoble pour ceux qui les moyens d'aller s'y installer. Montpellier a beaucoup de Rmiste et beaucoup de riches, c'est une ville ou les inégalités saute aux yeux quand on se ballade dans les rues. Le niveau scolaire moyen est par contre trés élevé il me semble, ce qui ne signifie pas qu'il y a dynamisme dans la créativité puisque Montpellier est une ville française et que pour profiter de ses atouts de ses atouts il nous faudrait une autre politique national. Mais par exemple le créateur du célèbre codec vidéo DIVX était un montpelliérain qui s'est expatrié aux USA... Et Montpellier c'est la ville du personnage de jeux video Rayman voir michel ancel son créateur :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Ancel
Il y a sûrement du potentiel dans cette ville mais il est en grande parti inexploité.
biographie de Jérôme Rota inventeur du DIVX:
http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9r%C3%B4me_Rota
Rédigé par : yann | 13 septembre 2007 à 14:49
J'ai travaillé 10 ans à sophia-antipolis, l'intéressant c'était la proximité des plages, des stations de ski, les spots d'escalade, cannes, nice ou les canyons. Pour le reste, là ou ailleurs, avec un téléphone et internet on peut développer de la rd industrielle qui est souvent à 20 ou 60 km des grandes villes. Sans jamais voir mes fournisseurs, j'ai pu amener à la production de produits innovant.
Il y a encore plein de gens qui pensent qu'il faut se déplacer, auto, avion, pollution pour collaborer avec d'autres. La plupart du temps c'est erroné et ça coûte cher, en temps aussi.
Pour une entreprise le prix du m2 et du logement de ses employés n'est pas négligeable. La rd en phase de lancement de la production doit ne pas être éloignée des sites de production pour accompagner les ajustements nécessaires, en dehors de ce moment elle peut être domiciliée où l'on veut, puisque c'est de l'info. Le lieu d'habitation a son importance, plus il est agréable et stimulant, plus les idées et la motivation sont au rendez vous, rien d'une découverte de constater ça...
Le télé travail c'est quand même efficace avec des gens qui savent utiliser les moyens de communication.
Rédigé par : olaf | 13 septembre 2007 à 15:28
Malakine,
Comme tu peux t'en douter, je partage tout à fait tes vues sur ce que tu exprimes dans ce papier... et celles de Mimi: Article encore plus intéressant que d'habitude !
Montpellier est une ville universitaire et commerciale.
Frêche est un bâtisseur, pas un développeur d'industrie, de plus, notre région vini-viticole a, il y a quelques années, perdu beaucoup d'emplois dans ce secteur et le travail au noir est ici une religion.
Nous sommes à quelques encablures de l'Espagne, de plus en plus de société et même d'artisans travaillent en Hérault avec une société enregistrée en Catalogne avec frais comptables et bancaires échappant à nos diaboliques charges sociales à 99% du net !
Rédigé par : Ozenfant | 13 septembre 2007 à 15:37
@Olaf
Cela dépend quand même du métier que vous exercez, dans l'informatique il est certain que le télétravail est possible, mais la plupart des activité de recherche nécessite d'être sur un certain lieu. Difficile pour les physiciens de Grenoble de faire de la nanotechnologie à partir de chez eux.
Rédigé par : yann | 13 septembre 2007 à 15:38
Pour passer du coq à l'âne, quoique cela concerne l'économie aussi,
chez les B&B's, Gillou vient d'écrire une phrase que connaissent tous les profs d'économie, d'agriculture et d'écoles de commerce:
"Le taux réduit, à 5,5%, pour les produits de première nécessité et de consommation courante: biens alimentaires non transformés par exemple".
Tous ces profs, Olivier Olga Boulba et ses courtisans en tête ont compris que seuls les légumes frais, la viande, le poisson frais, les oeufs, le lait... n'étaient pas des produits alimentaire transformés, et vous ?
Rédigé par : Ozenfant | 13 septembre 2007 à 17:12
yann,
la rd que je pratique c'est du concret, de la matière, même là c'est possible d'être à distance, modérée( pas plus de une heure de route ) , car on ne manip pas tous les jours puisqu'il a bien d'autres activités. Ca se fait par campagnes en quelque sorte. Pour la nano, il faut leur poser la question, ils sont les plus au courant, mais je suppose que c'est assez similaire.
Rédigé par : olaf | 13 septembre 2007 à 17:49
@Olaf
Enfin je pense que le télé-travail doit restere limité dans le temps, ce n'est pas bon moralement pour une personne d'être trop isolé. On a tendence à trop rationaliser le travail, n'oublions pas qu'il a aussi une fonction de sociabilisation on est pas des machines. Donc le télé-travail oui, mais à petite dose en fonction des personnes. Je ne pense pas que le télé-travail pourra sauver des régions entières du sous-développement, en plus les régions les mieux déservis en terme de réseau informatique sont également les plus riches donc...
Rédigé par : yann | 13 septembre 2007 à 17:57
Si je parle de télé travail c'est dans le cadre d'une structure, un bureau dans un service qui communique avec d'autres entités externes ou internes d'une entreprise.
Mais, il n'est pas nécessaire d'être toujours dans les locaux d'un service RD. Il est souhaitable de pouvoir aussi travailler chez soi, donc arrêter cette notion d'horaires, qui n'a aucune valeur légale pour un cadre, de présence dans son bureau qui n'ont aucun sens et donne une rigidité comportementale néfaste à cette activité. Ca limiterait en outre les déplacements travail-domicile inutiles.
Rédigé par : olaf | 13 septembre 2007 à 18:23
EN parlant de recherche le "small business act" à la française tombe à l'eau à cause de l'UE encore une fois:
http://www.levraidebat.com/article-7113460-6.html#anchorComment
Rédigé par : yann | 13 septembre 2007 à 18:38
@Malakine
Vous dites : « ….la France a besoin d’un point ou deux points de croissance supplémentaire. Sinon, ce sera la banqueroute, la grande purge ou la révolution ! »
Devons-nous considérer cela comme un axiome ? Est-ce si évident ?
Il me semble que le reproche que vous avez fait à H.Vedrine (« Védrine ne s’embarrasse pas de développements pour caractériser la mondialisation ») peut vous être retourné pour la croissance. Vous ne vous embarrassez pas de développements pour la définir et expliquer la façon dont elle est mesurée. OLAF a très justement souligné dans un précèdent commentaire tout le scepticisme qui entoure aujourd’hui ce sujet notamment en ce qui concerne l’outil de mesure.
Il convient à mon avis de s’interroger sur les buts que nous recherchons. Toujours plus de croissance, pour quoi faire ? Je ne suis pas un spécialiste et je me garderai bien de défendre une théorie que je ne maitrise pas mais les partisans de la théorie de la décroissance ont le mérite de poser le problème et de nous forcer à nous interroger sur ce qui semble évident (« il faut augmenter la croissance ») et qui ne l’est peut-être pas tant que ça.
Rédigé par : RST | 13 septembre 2007 à 19:43
Pour revenir sur la mesure, des tentatives sont en cours sur ce qui serait plus pertinent en attendant que le pib intègre la destruction des externalités qui sont en fait des endettements. Dans des domaines bien moins complexes, je me suis aperçu à quel point la qualité d'une mesure est délicate. Mais il se trouve que les indicateurs institutionnalisés deviennent vite des mythes sans remise en cause réfléchie et perdurent ainsi des décennies.
Rédigé par : olaf | 13 septembre 2007 à 21:36
@Olaf, je me trompe ou j'ai vraiment lu quelque part que vous partiez en Allemagne pour y travailler?
Si les distances ne comptent pas, pourquoi ne pas rester dans notre pays qui, compte tenu que notre président ne parle convenablement une langue étrangère est un "pauvre" pays de ce point de vue!
@Malakine, mille excuses pour cette réflexion hors sujet mais ça me démangeait.
Retour dans le sujet: oui, Nantes est une métropole qui se développe de plus en plus, attractive aussi par le fait qu'un logement "correct" y est moins cher qu'à Paris. Toulouse est une ville avec beaucoup de potentialités mais les remous d'Airbus lui nuisent.
Paris nous étouffe, c'est exact.
Rédigé par : Philippe | 14 septembre 2007 à 10:59
Philippe,
n'ayant pas les talents et le carnet d'adresses de sarko, je vais là où j'intéresse pour un job, plutôt que de rester sur le carreau en france, me faire ch.. avec l'anpe et les cabinets de recrutements, et passer pour un parasite rémunéré à 2 balles en fin de droits.
Et puis découvrir un autre pays autrement qu'en car touristique, en y vivant et travaillant c'est intéressant.
Rédigé par : olaf | 14 septembre 2007 à 21:07
Voilà l'exemple de ce qui se passe :
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1234
quand on fait du pib avec de la dette, en suite de mon commentaire :
http://horizons.typepad.fr/accueil/2007/09/recherche-crois.html#comment-82538067
Rédigé par : olaf | 15 septembre 2007 à 04:31
@Olaf, je l'ai fait aussi...pour plusieurs raisons.
Bon WE.
Rédigé par : Philippe | 15 septembre 2007 à 08:23
L'objection de RST sur la nécessité de la croissance est très intéressante et mériterait qu'on en débatte. Je suppose que derrière cette tentation de la croissance zéro il y a le souci de préserver la planète et peut-être aussi une remise en cause du matérialisme.
Comme je l'avais déjà répondu à Yann, parfois on peut rêver à un autre monde, mais il faut aussi raisonner dans le schéma actuel.
De mon point de vue il y a nécessité de créer plus de richesses si on ne veut pas connaître une importante régression de notre niveau de vie. Il y a en effet deux défis que nos sociétés devront affronter au cours des prochaines décennies qui vont fortement peser sur notre pouvoir d'achat : L'augmentation des prix de l'énergie et le vieillissement de la population. Le contexte économique me semble donc être fondamentalement récessif sur le moyen et long terme, et je ne parle même pas de la mondialisation non maitrisée, de la non viabilité du capitalisme financier ou de l'émergence de l'Asie ...
Rédigé par : Malakine | 17 septembre 2007 à 09:53
Bonjour Malakine, j’avais remarqué d’emblée qu’il n’y avait que 6 économistes sur 43 membres pour une réflexion sur la croissance économique et je trouve cela très curieux. C’est le moins que je puisse dire. J’ai même construit un tableau à 4 colonnes pour classer les membres par provenance. Ce tableau est discutable mais il permet de voir quelques « anomalies », ou au moins déséquilibres. Bon, qu'il y ait des non économistes n'est pas le problème et on pourrait discuter sans fin de la bonne proportion, mais là, 6 (ou 8 en tirant vraiment)… De plus, les explications d'Attali laissent vraiment songeur. J’ai été plutôt déçu par les explications qu'il avance. Je me demandais aussi pourquoi un médecin, un psy, un écrivain… et pourquoi pas un footballeur, un animateur TV, un chanteur… aussi…. pour nous expliquer les chemins de la croissance soutenue et durable. Avec un psy pour remonter le moral de troupes, nous voilà donc revenu au bon temps de la "positive attitude". Théorisée par Raffarin et Laurie. Tiens, pourquoi Laurie n'est pas dans la commission ? En tout cas, Sarkozy semble « meilleur » en économie qu’Attali parce qu’il a formé autour de lui ce que j’ai appelé dans un billet du 19 juillet : un « mini « conseil d’analyse économique » comprenant au moins 4 voire 5 économistes, et un avocat, historien…. avec Jean-Paul Fitoussi, Michel Didier, Olivier Blanchard, Charles Wyplosz, Michel Godet, Nicolas Baverez. Voir ici : Un mini « conseil d’analyse économique » à l’Elysée. Cela lui permet peut-être d’améliorer sa compréhension des phénomènes de croissance. Ceux qui veulent peuvent consulter :
Un mini « conseil d’analyse économique » à l’Elysée.
Jacques ATTALI Commission pour la libération de la croissance française (
ATTALI : La positive attitude en tant que facteur de croissance
Raymond Barre, le pluralisme et les instituts indépendants
CAE versus Commission Attali ?
Sur la question de la géographie économique, je ne vais trop m’avancer. Mais je crois, (je ne vais pas vérifier, il est 23h27) que le célèbre et respecté économiste américain Paul Krugman a développé des idées originales sur ce point. A vérifier néanmoins. Cela dit, tu as raison d’attirer l’attention sur cet aspect car il me semble que c’est une branche de l’analyse économique qui a un grand avenir.
A plus, bien cordialement,
David Mourey
Démocratie, Economie et société
http://democratieetavenir.over-blog.com/
Rédigé par : David MOUREY | 17 septembre 2007 à 23:29
@David MOUREY
Sur les six économiste que vous citez je n'en connait que trois :
Fitoussi Keynésien qui risque de se sentir bien seul au milieu des autres, il va sûrement faire de la figuration histoire de dire que l'on fait une ouverture.
Baverez pas besoin de le présenter, on le présente comme économiste, historien, psychiatre, oracle de la France qui tombe et de l'Amérique qui brille... Beaucoup on signalé des erreurs dans ses bouquin non seulement dans ses théories mais aussi dans les chiffres qu'ils donnent. C'est l'anti-Todd il dit plein de bêtise mais passe sans arrêt à la télé avec ses potes Jacques Marseille et Elie Cohen qui est sensé être directeur de cherche au CNRS mais que ses doctorants ne doivent pas souvent voir entre deux dîners mondain et les plateaux télé.
Le dernier, Michel Godet est un libérale pure jus qui ne jure que par le marché et la compétitivité. Par contre il est l'un des seules économistes libéraux que je connaisse qui ait écrit un livre à peu prés sérieux sur les retraites dans " Le Choc de 2006".
Mais comme tout libéral il n'a aucune vision global de l'économie, il est obsédé par les micro-mesure, et les politiques local. La monnaie tout ça ce n'est pas important pour lui, le rôle des USA l'entrée de la chine dans le commerce mondial, bof y a qu'a s'adapter blablabla. (il suffit de regarder régulièrement "C dans l'aire" sur France 5 pour savoir ce que pense les libéraux de l'économie en générale)
Donc franchement la commission Attali n'a pas l'aire plus mauvaise que les conseillés de Sarko. Au royaume des imbéciles Attali risque même de briller, c'est peut-être pour ça qu'il a accepté.
Rédigé par : yann | 18 septembre 2007 à 00:54