La généreuse distribution de missions et de réflexions auquel s’est livré le président Sarkozy depuis son élection va commencer à produire ses fruits. La remise des premiers rapports va enfin permettre de pouvoir juger sur pièce de la réalité de « l’ouverture » et de l'intérêt d'associer des personnalités extérieures à la reflexion gouvernementale.
Avant les conclusions de la commission Attali sur la croissance et le rapport d’Eric Besson sur la TVA sociale, Hubert Védrine vient de remettre, dans une indifférence quasi générale, son rapport sur la mondialisation. Ce document comporte deux parties tellement distinctes l'une de l'autre qu’elles constituent en fait deux rapports, l’un sur les enjeux économiques de la mondialisation, l’autre sur la politique étrangère de la France.
L’ancien ministre des affaires étrangères, manifestement plus à l’aise sur les questions diplomatiques que sur les questions économiques reprend dans la deuxième partie son propos déjà exposé dans son essai « Continuer l’histoire » où il plaide pour une politique étrangère réaliste et autonome, débarrassée des chimères de l’européisme, du multilatéralisme et de l’occidentalisme. Cette partie est incontestablement la plus forte. C’est elle qui a fait dire aux rédacteurs de Dedefensa que Hubert Védrine « s’impose avec ce texte comme la voix politique la plus pertinente, la plus convaincante de “la politique de la France” si bien retrouvée, conçue et mise en action par le général de Gaulle » C’est pourtant la première partie du rapport sur l’insertion de la France dans l’économie mondiale que j’ai choisi pour ma part de commenter.
La voix d'Hubert Védrine sonne comme celle de l’un des derniers hommes d’Etat que compte la classe politique française, celle un "sage" capable de s'exprimer avec une conscience aigüe des enjeux historiques, un réalisme à toute épreuve et une parfaite indépendance d’esprit. Il ne pouvait donc qu’avoir des choses intéressantes à dire sur des questions aussi essentielles que les moyens de réguler la mondialisation, la financiarisation de l’économie ou les thèses protectionnistes
Malheureusement, la voix est si raisonnable et le propos si syncrétique que cette partie du rapport laissera le lecteur sur sa faim.