Nicolas Sarkozy a voulu faire sensation avec un nouveau discours volontariste en forme de new deal pour relancer une machine économique asphyxiée par l’épuisement du modèle : Soutien à l’investissement productif par une suppression de la taxe professionnelle, création d’un fonds souverain pour relancer une politique industrielle volontariste, programme d’investissement miraculeux de 175 Milliards … On serait tenté d’applaudir à ce retour de la volonté en politique et de l’Etat dans l’économie.
Il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour savoir qu'il ne sera d'aucun effet. Premier indice : Dès le lendemain matin, la bourse de Paris a salué cette relance par un plongeon de 10 % !
Le plan de soutien à l'économie a été invalidé encore beaucoup plus sûrement par les annonces des groupes automobiles. Compte tenu de la déprime de la demande, Renault va suspendre la production de ses usines pour au moins deux semaines, Peugeot réduire sa capacité de production de 30 % d'ici la fin de l'année.
Pourtant Renault est l’entreprise prototype du nouveau capitalisme d’économie mixte annoncé par Sarkozy dans son discours, l’Etat détenant déjà encore 15% du capital. Et cela ne change malheureusement rien à la réalité du carnet de commande. Quand le marché automobile se contracte, il n’y a pas d’autre solution que de réduire l'activité.
Les prises de participations publiques, il fallait les faire dans les périodes de croissance pour contenir les tendances à la délocalisation et investir dans l’outil de production sur le territoire national. Maintenant, c’est trop tard. Cela pourra peut-être protéger les entreprises françaises d'éventuels prédateurs, même si pour l'instant la menace des fonds souverains est encore très hypothétique. Ce n’est pas une entrée de l'Etat au capital des grands groupes qui permettra de relancer l’activité.
L’Etat peut une nouvelle fois annoncer la prochaine suppression de la taxe professionnelle, ce n’est pas cette incitation fiscale qui décidera les entreprises à investir dans un contexte aussi dépressif.
A l’époque pas si lointaine de la mondialisation triomphante, la France souffrait d’un déficit d’offre productive sur son sol. C’est à ce moment là qu’il fallait investir et muscler l’appareil productif plutôt que de créer des emplois de services à la personne et développer un capitalisme d'Etat offensif dans la compétition internationale.
Le problème ce n’est plus l’offre. C’est la demande. L’économie mondiale qui était tirée, non pas par la miraculeuse croissance chinoise, mais par l’endettement, est maintenant à l’arrêt. Sous le double effet du surendettement et du crédit crunch, le moteur à calé. Il n’y a plus de demande.
La vraie relance ne pourra venir que d’une augmentation des salaires et d’une réindustrialisation de l’Europe occidentale, ce qui ne sera envisageable que dans un cadre véritablement protectionniste et concerté à l’échelle du continent. Combien de fois faudra t-il le répéter ?
A ce propos, Sarkozy a tombé le masque en dénonçant dans son discours lui aussi la « tentation protectionniste ». C'est désespérant. Car même les tenants de l'autre politique s'y mettent.Chevènement vient en effet dans une tribune publiée sur son blog et sur Marianne2 d'évoquer la menace protectionniste
Sans doute un plan de relance coordonné à l’échelle mondiale pourra-t-il limiter la tentation d’un retour au protectionnisme aux Etats-Unis. Il faudra que les pays excédentaires en matière d’épargne et de commerce extérieur (Chine, Japon, Allemagne) acceptent de jouer un rôle de locomotive dans cette relance.
Le che oublie une donnée fondamentale, lorsqu’il compte sur ces pays pour reprendre le flambeau du consommateur final de la mondialisation. Emmanuel Todd a montré dans l’illusion économique l’existence de différentes formes du capitalisme en fonction des systèmes anthropologique : Les pays de famille souche (Autorité+inégalité : Japon, Allemagne) sont structurellement orientés sur la production, l’exportation et l’épargne Les pays de famille nucléaire absolue (liberté+inégalité: Etats-Unis, Angleterre) structurellement orientés vers la consommation, l’importation et la dette. Ces données anthropologiques ne changeront pas par la magie de la crise.
Non seulement l’Allemagne n'a pas les moyens de se mettre à consommer en raison d'un forte dette publique et d'une économie exportatrice privée de débouchés. Mais elle ne le fera pas car telle n’est pas sa culture. La vocation de l’Allemagne, même dans un cadre de protectionnisme coopératif de relance, sera toujours de produire pour d’autres qui consommeront. Il n'est même pas certain qu'elle puisse comprendre que son intérêt est de s’assurer des débouchés pour ses productions en Europe, en favorisant la relance de la demande intérieure de ses voisins.Quand on ne peux pas penser la demande intérieure pour soi même, on ne peut pas non plus la penser pour les autres.
La Chine pourrait en revanche changer de modèle car sa structure familiale est de type communautaire, comme la Russie, donc compatible avec une économie autocentrée, tirée par la demande intérieure. La composante égalitaire de la famille communautaire (égalité+autorité) induit en effet l’idée d’un équilibre des échanges. Malheureusement la taille des économies, russe et chinoise, ne pourront pas en faire à elles seules des moteurs capables de tirer avec leur seule demande intérieure toute l’économie mondiale.
Pour convaincre le monde de changer de modèle économique en donnant la priorité partout à la stimulation de la demande par une politique de hausse des salaires, il faudrait que le message vienne d’un pays, culturellement apte à penser un protectionnisme de relance (1), suffisamment grand pour pouvoir entraîner les autres, si possible, gouverné par un homme d’Etat énergétique et s’il pouvait assurer la présidence de l’Europe, ce serait encore mieux. Quand est-ce que Sarkozy va le comprendre ?
Comme le disait Laurent cette semaine "Nous sommes ici dans un scénario plus dangereux où les marchés continuent à baisser alors que l’économie est déjà en récession : l’économie financière et l’économie réelle s’entraînent mutuellement vers le fond. Nous sommes peut-être dans un scénario proche de celui de 1929, où les marchés n’arrivent pas à s’équilibrer et où la dépression nourrit la dépression. Heureusement, nous sommes en 1929 et pas en 1933 ! Il y a encore des moyens d’agir pour éviter une contraction trop brutale de l’activité".
Malheureusement, on en prend toujours pas le chemin.
Malakine
(1) donc libéral pour le goût de la consommation et égalitaire pour celui de l’équilibre des échanges. Trois pays répondent à cette caractéristique : l’Italie, l’Espagne et la France.
- Le faible niveau des salaires et la désindustrialisation dans les pays occidentaux pour expliquer la crise, non seulement je veux bien mais je partage.
- Avec de meilleurs salaires et un pays mieux industrialisé nou résisterions mieux : je serais encore d'accord.
Mais comment provoquer l'augmentation des salaires dans les entreprises en période de récession ou comment ré-industrialiser ?
Je reviendrais ici lire les commentateurs habituels en espérant que les échanges m'éclaireront...
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 25 octobre 2008 à 12:38
@Malakine
Je suis d'accords avec ton texte même si ça ne te surprendra pas. Il est clair que nous sommes arrivé à la conclusion logique d'un système contradictoire celui de la production sans la distribution salariale. Tu parles de l'impossibilité culturelle pour l'Allemagne de relancer sa propre demande intérieure mais c'est encore plus vrai de son cousin économique géant qu'est le Japon. Ce dernier est frappé de plein fouet par la réévaluation de sa monnaie, au lieu de prendre acte de la fin du mythe des exportations comme moteur de la croissance il s'obstine à faire des politiques d'offre. Le Japon est pourtant un pays exemplaire investissant massivement dans la recherche et le développement technologique mais rongée par des baisses de salaires et une démographie catastrophique.
Sur la crise japonaise voir par exemple ce texte sur la crise des industrie technologiques nipponne:
http://www.clubic.com/actualite-170822-live-japon-crise-lamine-technologies.html
Si le japon ne s'en tire pas malgré ses exportations et son hypercompétitivité ce n'est pas la pauvre France qui pourra s'en sortir avec ce type de politique.
Au fait ton texte est à rapprocher du dernier papier de Sapir, excellent comme d'habitude:
http://www.arhv.lhivic.org/index.php/2008/10/25/850-le-monde-qui-vient
Pour ce qui est de la réindustrialisation ce sera un travail de longue haleine. Le protectionnisme devra être l'outil qui nous permettra de rebâtir une industrie, il faut tout de même se rappeler que le protectionnisme n'est pas un but en soit tout comme le commerce d'ailleurs.
Par contre il faudra bien faire attention à l'usage de ce protectionnisme et bien prendre conscience des limites de ces politiques. Par exemple nous n'avons plus d'industrie textiles, si nous mettons d'emblée 50% de droit de douane sur le textile chinois ces taxes auront pour effet directe l'accroissement des prix de vente de 50% sur le marché français contractant la demande intérieures et nourrissant la crise. Il faudra bien distinguer les secteurs où nous pourront pourvoir rapidement à nos besoins et ceux pour lesquels il faudra du temps et de l'investissement pour accroitre nos capacités de production. Pour reprendre mon exemple du textile il faudra, avant de mettre des droits de douanes élevées, convaincre les investisseurs qu'ils ont intérêts à produire localement du textile s'ils ne veulent pas à terme être taxé et donc ne plus être compétitifs face à la concurrence locale. Il faudrait par exemple monter progressivement les droits de douanes sur une période de plusieurs années (5% la première année, 15% la deuxième et ce jusqu'a ce que ces taxes compenses les faibles salaires chinois). Ceci afin de minimiser l'effet hausse des prix tout en montrant aux industriels qu'à terme il ne sera plus rentable pour eux de produire en Chine pour vendre en France du textile. Par contre pour les secteurs où nous avons les capacités de production suffisantes comme l'automobile par exemple, nous pouvons directement mettre des droits de douanes élevés, les produits locaux pouvant se substituer rapidement aux importations. Il faut bien comprendre qu'un tissus industriel ne se construit pas instantanément et qu'ils peut s'écouler un certain temps avant que la production se mette en place.
Rédigé par : yann | 25 octobre 2008 à 14:21
Salut Malakine,
Euuuh, moi je ne suis pas 100% d'accord avec tout.
- jusqu'à plus ample informé, le seul plan proposé par Nicolas Sarkozy qui soit financé est le "modeste" plan de 22 milliards d'euros censés venir en soutien de l'activité des PME : d'après des échos nombreux et tous concordants, pas un euro sur les 22 milliards n'a pour l'instant été injecté dans le circuit (à défaut, les sommes effectivement versées ont été si ridicules que personne n'est actuellement en mesure de dire si elles ont simplement approché la dizaine de million d'euros par département, ce qui n'empêche pas les racailles minoritaires du MEDEF et d'autres structures de détournement à continuer de tirer des plans sur la comète pour se partager l'argent qui n'arrive pas).
- jusqu'à plus ample informé aussi, les banques n'ayant reçu aucun fonds n'ont débloqué aucun crédit.
- au sujet des prédateurs potentiels de l'industrie automobile française, personne n'investira (si ce n'est pour les démanteler) dans des entreprises qui plongent pour de "bonnes raisons" et qui sont plus que jamais gérées de façon totalement erratique : aucun modèle sur les tables à dessin qui serait seulement compatible avec la future tendance des marchés, qui ne sera certainement pas le véhicule vert, mais bien plus sûrement les véhicules "accessibles" au plus grand nombre... Dans le même ordre d'idées propres à couper les pattes des génies qui se voient déjà créer ex-nihilo une nouvelle race de Ghosns sociaux-démocrates, pour les constructeurs généralistes français et européens, développer leur outil de production aurait été un non-sens absolu quand 90% de ladite production n'est plus adaptée au marché en termes de prix de vente depuis plus de dix ans (crise du marché auto au début des années 90 dont personne n'a tenu compte, "vertueuse" politique, aussi, de la marge à n'importe quel prix, si chère à Carlos et à ses copains naufrageurs).
- au sujet des investissements des entreprises maintenant, elles n'ont pas de cash. Point barre si je puis dire... Ou politique, pas moins vertueuse que la précédente, de la ponction fiscale permanente, qui en France n'aura servi qu'à masquer l'incapacité à gérer de l'Etat que pendant très peu de temps, au regard des sommes tout à fait colossales dilapidées depuis la fin des années 70 dans tout ce que l'on veut SAUF la création d'emplois (le seul verrou qu'il fallait boucler à triple tour, mais les comptables de Giscard er les socialistes qui ont suivi ont fait ce qu'il fallait pour l'écraser à coups de masse - voir par exemple : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/03/Dette_publique_france_%25_du_PIB.png ).
- en France, la TP (c'est un secret de polichinelle) n'a jamais servi qu'à financer les pots de vin qui sont devenus le seul ingrédient nécessaire de la "marche", cahin-caha, de collectivités locales qui n'ont jamais investi le moindre euro dans ce que les journaleux appellent l'économie "réelle" (tout au plus a-t-on financé quelques instituts de formation dont les dirigeants qui se trouvent mal payés de leurs "efforts" roulent dans des bagnoles de 50 à 200.000 euros -véridique-)... Trouvant qu'on ne dilapidait d'ailleurs pas assez d'argent pour des résultats inexistants dont tout le monde s'est toujours foutu, l'Etat a fortement encouragé la création de structures de saignement et de corruption généralisée comme D., banque dont la principale activité chez nous a dès le départ consisté à pousser autant de collectivités locales que possible à s'endetter afin que les pillards de D. puissent se vautrer dans un lucre qui lui n'a jamais la crise, grâce aux intérêts qui tombaient tous les mois depuis tous les coins de France (toujours perçus sur le dos du contribuable : lui n'aura eu droit qu'à un rond-point à 500.000 euros par-ci ou à une structure lui permettant de "mieux vivre" son statut de chômeur de longue durée par-là).
- "compétition internationale" : France résolue à aller de l'avant et portée à bouts de bras par des politiques intelligents et courageux ou pas (ahem...), un ado chinois type est payé de 20 à 25 centimes d'euro de l'heure (s'il est nanti) pour produire des merdes comme des jouets pour enfants bourrés de poisons divers, ou des jeux de société complètement cons qui vont être revendus pour plusieurs dizaines d'euros chez nous (notamment la 36ème version du jeu dont le prix a été multiplié par 6,55957 -tiens ?- depuis le passage à l'euro... Pour compenser l'incapacité de politiques qui se torchent le c... avec des rouleaux en platine d'origine chinoise à dire simplement "non", dans toute la distribution on n'a plus recruté de CDI que dans les sièges des entreprises depuis le début des années 90 (là où tout a vraiment dégénéré, à cause du cancéreux et de sa morgue), là où (ça nous rappelle quelque chose) plus personne ne roule dans une caisse à moins de 20.000 euros (intéressement, mon amour). Question... : vaut-il mieux "investir et muscler l'appareil productif" ou arrêter de faire des conneries et d'en raconter d'autres le reste du temps ?
- augmentation des salaires et réindustrialisation : comment fait-on pour augmenter les salaires quand une boîte à laquelle on demande de le faire annonce depuis dix ans à qui veut l'entendre que dans moins de vingt-quatre heures, elle peut à la fois mettre les bouts et foutre tous ses intérimaires à la porte ? Et puis en parlant de réindustrialisation, on réindustrialise quoi ? On fait rouvrir (avec quels fonds ?) tout l'appareil qu'on a pulvérisé pour continuer à importer les matières surfacturées de ceux dont la croissance (miraculeuse !) a toujours reposé sur la ruine d'économies occidentales minées par des crétins (il fallait bien que la plaisanterie ait une fin un jour, non ?) ?
- Todd et ce que j'appellerais le "révisionnisme opportuniste" (très à la mode en période de crise annoncée, encore plus quand tout commence à craquer) : loin de moi l'idée de vouloir critiquer l'éminence grise d'Horizons, mais jusqu'à preuve du contraire, les Occidentaux faisaient tout à la vapeur quand les Orientaux se faisaient encore exploser la tronche en essayant de perfectionner leur maîtrise de la fusée d'artifice ou de la Gatlin américaine... Le vrai changement, c'est d'abord un état d'esprit. Une question d'aptitude à faire abstraction de tout ce qui existe. Dans la même philosophie du "rien ne s'est fait avant ce que nous devons faire" (because un insecte comme Nicolas Sarkozy n'a pas l'exclusivité de paroles dont il dévoie constamment le sens), en cas de protectionnisme généralisé, le niveau des prix est conditionné par les marchés intérieurs : finie la politique des marges à tout prix, on revient quand on veut à la politique des volumes qui a permis à l'Occident de devenit ce qu'il a été (i.e. à l'âge d'or de la révolution industrielle, si je voulais sortir une petite todderie).
- sur la Chine et sur la Russie, rien à dire : quand on a une victime d'Ebola à-côté de soi, qui commence à saigner du pif, des oreilles et des yeux et qu'on n'est pas soi-même porteur du virus, ben on se bouche le nez avant de se tirer en courant (vite !). Bien sûr, ça ne garantit pas qu'on n'attrapera jamais le virus Ebola, mais ça augmente les chances de ne pas avoir un jour à constater que son organisme n'avait pas du tout les ressources suffisantes pour lui faire simplement face.
- quand Nicolas Sarkozy va-t-il comprendre quelque chose ? Quand les poules porteront un uniforme du Parti communiste sino-russe.
- vivons-nous un début de remake de la grande crise de 1929 ? Non (c'est déjà pire, parce que l'industrialisation ou/et une troisième guerre mondiale ne sauveront personne). Au passage, on peut estimer qu'en 1929, les short sellers qui vivent et s'engraissent actuellement sur la non-stabilisation des marchés auraient été envoyés dans une prison fédérale, quant aux patrons des grandes banques et à certains chefs d'entreprise qui ont mystérieusement disparu de la circulation, ils auraient eu la décence de sauter du cinquantième étage.
Rédigé par : Poliblog | 25 octobre 2008 à 14:52
@ Malakine
C'est bien tout le drame de nos gouvernants européens: insister sur les politiques d'offre au lieu de soutenir la compétitivité.
Sur les pays capables de réaliser le protectionnisme de relance, je mettrai un bémol sur l'Espagne (la Catalogne et le Pays-basque n'étant pas vraiment égalitaires si je ne m'abuse...), on devra donc compter sur une éventuelle alliance Berlusconi-Sarkozy.
Si je n'ai pas confiance en Berlusconi, le ministre des finances italien Tremonti est plutôt intelligent (encore que j'ai des doutes sur les raisons réelles de son protectionnisme...)
Au fait, Todd sera demain matin sur Europe1:
http://www.radiotvactu.over-blog.com/article-24059668.html
@ Yann
L'industrie textile n'est pas morte! Evidemment elle est très localisée et il reste quelques irréductibles gaulois (Armor Lux, St Jammes...).
Je n'ai jamais cru à l'économie de la connaissance et c'est bien tout notre appareil productif qu'il faut muscler.
Or, comment muscler cet appareil productif avec des PME moribondes, largement sous-traitantes et qui ne cessent de faire faillite depuis 3 mois?
Rédigé par : René Jacquot | 25 octobre 2008 à 16:05
@ Yann
Personne n'a jamais dit que la transition d'une économie ouverte à une économie protégée serait facile. Il est clair qu'il va falloir organiser le mouvement simultané de l'augmentation des salaires et de l'augmentation des prix.
Todd à l'université d'été de DLR avait même appelé à ce qu'il y ait des recherches universitaires sur la manière de faire cette transition. La complexité de l'exercice suffit d'ailleurs à démontrer que le passage au protectionnisme changera en profondeur la logique du système.
@ Poliblog
Non. Ce n'est pas les modèles qui ne sont pas adaptés au pouvoir d'achat des acheteurs. Ce sont les salaires qui ne sont plus assez suffisant pour écouler la production. La crise de l'automobile est typique d'une crise de surproduction liée à une insuffisance de la demande. Si on te suit, il faudrait délocaliser toute la production en Roumanie pour avoir des produits moins cher.
Pour le reste ... fais plus court et synthétise ton propos. J'ai rien compris et ça me fatigue de lire à chaque phrase un jugement de valeur négatif.
@ René Jacquot
Certes l'espagne est souche sur les bords (catalogne et pays basques) C'est vrai qu'il n'y a que l'Italie qui puisse devenir une alliée. Et berlusconi s'était fait élire sur des thèmes protectionnistes mais on ne l'entend pas beaucoup...
Je partage avec toi cette aversion de l'économie de la connaissance (au sens de conception sans production) et la même méfiance à l'égard du myhte des PME dynamique et innovante. En france c'est toujours les grands groupes qui font avancer l'économie. Il en sera toujours ainsi, je crois.
Rédigé par : Malakine | 25 octobre 2008 à 16:20
@René Jacquot
Je parlais de l'industrie de masse capable d'avoir un niveau de grand production. Heureusement qu'il nous reste quelques savoir faire il vont être très important dans les années à venir car ce n'est pas dans les école que l'ont forme l'industrie pratique, la plupart des savoir pratique se transmettant directement au sein des industries, les écoles ne transmettant je dirais que l'essentiel des bases. Il est claire que l'économie de la connaissance est une supercherie intellectuelle, il y a effectivement quelques secteur comme le design des semi-conducteurs qui peuvent uniquement se réserver à la conception (et encore...) la plupart des autres industries ont besoins pour avancer d'une coopération entre la recherche et la production. Friedrich List l'avait bien compris à son époque, il disait qu'un pays qui se consacrerait uniquement à la pensée théorique ne finirait que par produire des théories métaphysiques sans intérêts, il y a dans la science et la technique un besoin ontologique d'avoir des rapports avec l'expérience pratique.
@Malakine
Un professeur d'économie chinois appel à une coopération entre l'Europe et l'Asie pour échapper à la domination du dollars américain:
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2278
Mon propos était destiné à PMF en fait qui demandait en pratique comment protéger et relancer les salaires ce n'était pas une critique. Je précise que je ne suis pas hostile à l'inflation elle est nécessaire même et il en faudra de toute manière pour purger les dettes illégitimes que les néolibéraux par leurs politiques absurdes ont provoqués.
Rédigé par : yann | 25 octobre 2008 à 16:54
@ Malakine,
Complètement d'accord avec ton texte. Sarkozy fait du Guaino / Todd dans le texte et du Le Boucher / Balladur sur le fond. C'est là tout le paradoxe de ces dernières semaines, où, s'il exerce un leadership qu'il est difficile de ne pas reconnaître et s'il fait souvent des constats qu'il est difficile de ne pas partager, ces mesures ne sont pas raccords. Après tout, il a beaucoup tapé sur les "patrons voyous" et leur parachute doré ou les traders, mais il s'est contenté d'accepter le code de bonne conduite du Medef...
Son intervention de la semaine est à côté de la plaque comme tu le dis :
- je n'ai toujours pas compris à quoi correspond ces 175 Mds : y-a-t-il quelque chose de nouveau vraiment ?
- l'histoire de fond souverain me semble hors sujet aujourd'hui (en plus on a déjà la CDC)
- la taxe professionnelle ne me semble vraiment pas à la hauteur
En clair, Nicolas Sarkozy continue à se cantonner à une politique d'offre alors que nous sommes entrés depuis le second trimestre dans un problème de demande, qui n'a sans doute fait que s'aggraver depuis...
La situation difficile de l'Italie peut en faire un allié naturelle. Mais je ne désespère pas de l'Allemagne. Le modèle Allemand d'un capitalisme rhénan qui s'appuie sur les classes moyennes est puissamment remis en question par la libéralisation actuelle. Je ne crois pas que la déflation salariale soit un modèle de société durable, même pour les Allemands, d'autant plus qu'ils vont être les victimes d'une récession pour laquelle ils n'ont aucune responsabilité (prix de l'immobilier et endettement stables depuis 10 ans...)
@ PMF
Plusieurs voies pour soutenir la demande :
- plan de soutien à l'activité de type keynésien (grands travaux d'infrastructures, rénovation de l'habitat existant, construction de nouvelles villes pour reprendre l'idée de Malakine) : ainsi, nous pourrions sauver les 180 000 emplois qui pourraient disparaître dans le BTP l'an prochain
- encadrement du commerce (pas forcément des barrières douanières mais cela peut passer par une fiscalité différente, comme la TVA sociale), ce qui limitera la "déflation salariale" qu'induit le libre-échange actuel couplé à notre fiscalité et à de telles différences de salaires (que Ricardo n'avait pas anticipées en 1816)
- réforme de la fiscalité pour réduire le coût total du travail (TVA sociale toujours)
Rédigé par : Laurent, gaulliste libre | 25 octobre 2008 à 21:11
@ Yann
Etonnant cet article, mais si la Chine s'apprête à lâcher le dollar et si l'Europe a lacher les Etat-Unis c'est que la crise est encore plus grave que ce que l'on croit.
@ Laurent
Moi non plus je ne sais pas d'où sortent ces 175 Milliards. C'est soit une valorisation des investissements déjà budgétés par l'Etat et les collectivités, soit des partenariats publics privés ou des concessions. Très étonnant en tout cas. Ceci dit, si c'est vrai, on ne va pas s'en plaindre.
Le fonds souverain je le soutiens à fond. Ca fait trop longtemps que je suis partisans d'un renouveau des nationalisations (partielles) pour faire la fine bouche. Mais comme je le mentionnais dans mon papier sur les 10 idées reçues de la crise, faut-il encore que l'Etat joue vraiment son rôle d'actionnaire. Si c'est seulement patrimonial ça n'a pas grand intérêt. Ou alors ça doit être conçu comme un moyen de s'assurer des ressources fiscales.
Les allemands ont quand même une petite part de responsabilité. Plus que nous en tout cas. Car ils ont cru s'en sortir en comprimant leur demande intérieure pour gagner en compétitivité prix. Leur attitude n'a pas été très coopérative ces dernières années.
Je crains que la TVA sociale ne soit plus du tout d'actualité. Elle aurait entraîné une ponction insupportable sur le pouvoir d'achat. D'ailleurs, c'est une arme pour lutter dans la mondialisation. Or elle est morte avec cette crise. Le but désormais n'est plus d'abaisser le coût du travail, il est de pouvoir distribuer plus de salaires pour stimuler la demande.
Rédigé par : Malakine | 26 octobre 2008 à 01:22
Pourquoi il n'y aura pas de new deal :
Tout simplement parce que la construction européenne, l'abdication de la République Française face à ses fonctions régaliennes, sont les conséquences, le projet visant à maximiser le capital, le partage du sur-plus.
Les gens qui sont à la tête de nos pays, libre-échangistes encore il y a peu, ne peuvent "réformer" le système, ou alors à la manière de Gorbatchev, c'est à dire en le détruisant sans intention.
Comme on ne pouvait réformer le système communiste sans remettre en cause le dogme central, on ne peut réformer le système libéral sans le détruire.
Rédigé par : Three piglets | 26 octobre 2008 à 02:08
T'as raison, j'ai bien peur que t'aies rien compris (ça c'est du synthétisé !)...
;)
Rédigé par : Poliblog | 26 octobre 2008 à 02:54
Todd en ce moment sur france culture (après le bref passage sur Europe1)
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/asuivre/index.php
Rédigé par : René Jacquot | 26 octobre 2008 à 12:07
Merci aux uns et aux autres (Yann, Laurent, René, Malakine...) pour vos explications.
Une question à Malakine sur "fonds souverain et nationalisation" :
- les fonds souverains nous n'en avons pas naturellement, pas d'excédents d'exportation ni de ressources pétrolifères. Il faut donc trouver l'argent quelque part, en vendant notre patrimoine par exemple ou en dénationalisant. Nous n'avons pas les moyens de faire les deux. Ne faut-il pas choisir ?
- Une autre à Laurent : "ma" communauté urbaine (LILLE) investit dans un stade dont le coût global sera de l'ordre de 500 à 600 millions d'Euros. http://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_stade_Lille_M%C3%A9tropole
Ceci après l'échec de la rénovation moins grandiose de l'ancien stade, pour 10 fois moins, mais qui s'est "heurtée" aux lobbies de 2 petites associations de défense du patrimoine... (!!!)
Ce qui est pour moi une gabegie (niveau contribuable local) devient-il un excellent élément dans une politique de relance keynésienne (niveau politique nationale) ?
Désolé de jouer l'élève accoudé au radiateur qui pose les "questions chiantes", malgré l'apparence l'intention n'est pas de vous mettre en difficulté ou de contester vos propositions.
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 27 octobre 2008 à 09:56
@ PMF
Si, nous avons déjà des "fonds souverains" : La caisse de dépôts, l'agence des participation de l'Etat, le fonds de réserve des retraites...
La question que tu poses est de savoir si ca peut être rentable de financer un fonds souverain par endettement. En clair, il faut que le rendement ou la valorisation des actifs publics soit supérieur aux taux d'intérêt du prêt.
La réponse a tendance à être positive. Les hedges funds arrivaient bien à faire ce genre d'opération avec des LBO (rachat d'entreprises par endettement) tout en servant des niveau de rentabilité du capital "de marché". Dans un contexte de croissance, si l'Etat est moins gourmant sur la rentabilité de son investissement, je pense qu'il pourrait sans difficulté y arriver.
Le danger du fonds souverain, c'est d'ouvrir la porte à de nouvelles affaires politico-financières, du genre de celle de EADS récemment, ou on a plus ou moins suscepté la CDC d'avoir racheté des actions à Lagardère après que celui-ci avait appris des retard sur le A380. Il faudra vraiment que les participations publiques soit bién gérées avec un minimum de contrôle démocratique, en recherchant un rendement patrimonial minimm tout en jouant un rôle dans la gouvernance de l'entreprise pour y faire respecter certains principes d'intérêt général.
Sur ce deuxième point, on sait déjà que Sarkozy ne le fera pas. je viens de lire que son soutien aux banques (les 10 milliards versés) l'on été sous forme de quasi-fonds propre, ce qui privera l'Etat à la fois de droit de vote au CA et de perspectives de plus values ! Sa conception du fonds souverain est une conception, je dirais "oligarchique" c'est à dire au service du capitalisme français. Ce n'est pas une conception "étatiste" qui viserait à tempérer ou à corriger le capitalisme.
**
Ta deuxième question me trouble. Tu veux poser la question de la nature des travaux qui doivent être effectué dans le cadre d'une politique de relance keynesienne ?
Elle est adressée à Laurent alors je le laisse répondre :-)
En ce qui me concerne, je dirais qu'il faut que les travaux soit le plus productifs possible. Sinon, on peut aussi bien financer la creusement de trous pour les reboucher ensuite. En ce qui concerne le stade, la question est de savoir si une équipe de foot de haut niveau et un grand stade sont des facteurs de développement territorial ou non. J'aurais tendance à répondre que oui. Moins que le ciel bleu dont Lille sera toujours dépourvu, mais tout de même ... ;-)
J'étais à Lille à l'époque du premier projet. Il veulent le mettre où le nouveau grand stade ? A l'époque l'argument de Aubry c'était qu'il n'y avait pas de place ailleurs. C'est vrai que la métropole lilloise est super urbanisée...
Rédigé par : Malakine | 27 octobre 2008 à 10:34
Malakine, l'implantation du stade se fera à la limite des communes de Lezennes, Hellemmes et Villeneuve d'Ascq dans un triangle non urbanisé situé à l'ouest de la cité scientifique de VNA (séparé par la voie rapide qui traverse cette ville nouvelle des années 70.
En détail : http://www.lillemetropole.fr/gallery_files/site/137330/137346.pdf
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 27 octobre 2008 à 14:05
Relance, protectionnisme... Ça à l'air très bien, tout ça.
Mais que devient la crise énergétique qui ne manquera pas de se poser à brève échéance ? Et d'autant plus vite qu'on en consommera davantage, de l'énergie...
Rédigé par : NaOH | 28 octobre 2008 à 11:33
@ NaoH
Emmanuel Todd, lors de la conférence à l'assemblée à laquelle j'avais assisté a été interrogé sur ce point. Plusieurs intervenants ont demandé à ce que l'on mette une dimension qualitative à l'objectif de croissance.
Je sais bien qu'on ne peut pas se contenter de refaire de la société de l'hyperconsommation le seul horizon de l'humanité. Néanmoins on a besoin de croissance pour financer l'accroissement de nos besoins sociaux.
C'est un sujet sur lequel je réfléchis. Je n'ai pas de réponse encore bien stabilisée. J'aimerais consacrer un papier sur ce sujet bientôt...
Rédigé par : Malakine | 28 octobre 2008 à 11:38
Pour un vrai New Deal une piste du grand sud:
Lors du sommet ibéro-américain à San Salvador, Cristina Kirchner, a fait entendre la voix dissonante de l'Argentine dans le débat précédant le sommet du G20 le 15 novembre, auquel elle participera.
S’attaquant au modèle néo-libéral déchu qui fut imposé pendant des années aux pays en développement, elle a appelé les dirigeants des pays industrialisés à faire preuve de leadership afin de proposer une alternative ne sacrifiant pas les secteurs les plus vulnérables de la société.
Cette crise est l’une des plus graves à laquelle l’humanité ait été confrontée dans son histoire, a-t-elle dit. Il faut bien comprendre que contrairement à ce qui est enseigné, « l’économie n’est pas une science exacte. Il ne s’agit pas de la valeur des monnaies, il ne s’agit pas de monétarisme. L’économie est profondément une science sociale reflétant les désirs, les besoins, les aspirations et les espoirs de la société. »
Ceux qui ont conçu le ‘consensus de Washington’ croyaient possible que l’argent s’auto-reproduise, sans travail, ni production. « Ils ont de brillants jeunes hommes assis devant des ordinateurs qui rêvent d’instruments financiers promettant des profits infinis, sans que quiconque ne comprenne comment ce pourrait être possible. »Pour elle, la faillite de ce système était inévitable.
Lorsque l’économie n’est pas considérée comme étant au service de l’humanité, on en arrive à des choses telles que le système privé de retraite imposé à l’Argentine en 1994. Ces fonds privés ont organisé le pillage des souscripteurs au point que le gouvernement a été obligé d’intervenir pour garantir ces pensions. Les administrateurs de ces fonds se sont comportés en véritables bandits : ils ont amassé des commissions et des profits exorbitants, laissant les retraités mourir. La dette engagée par l’Etat afin de sauver le système privé de retraite s’élève à 50% de la dette extérieure de l’Argentine.
Rédigé par : ETDAS | 09 novembre 2008 à 13:37