Avant que les conditions économiques reviennent sur le devant de la scène, la France était obsédée par l’insécurité. Souvenons nous, c’était il n’y a pas si longtemps. Dans les années 90, c’était l’insécurité qui était sensée faire prospérer le front national, perdre la droite et même Jospin en 2002 qui aurait en la matière (seulement en cette matière ?) « péché par naïveté »
Depuis, on a assisté à un durcissement considérable de la politique sécuritaire, incarnée par Sarkozy jusqu’à la caricature lorsqu’il était place Beauvau avec son krächer et ses cohortes de CRS avec lesquelles il voulait nettoyer ces banlieues infestées de racailles. Reconnaissons-lui de ce point de vue un certain succès : l’insécurité a disparu du débat politique.
Presque. Car le débat a changé de forme. Aujourd’hui, ce ne sont plus les « honnêtes gens » qui se plaignent des « racailles » Ce sont les magistrats qui manifestent contre le tout carcéral, les détenus qui se suicident en prison et les habitants des banlieues qui portent plainte contre des violences policières. Le système a atteint ses limites et oblige à le repenser dans ses fondements.
La dérive sécuritaire et répressive que le pays des droits de l’homme et de l’incivisme a connu depuis une petite dizaine d’année a été stupéfiante. Le pouvoir a donné sans relâche dans un registre martial : « Tolérance zéro sur les routes, pleines plancher pour les récidivistes, rétention de sûreté pour les criminels dangereux, développement du fichage et de la vidéosurveillance, durcissement des peines en réponse au moindre problème (contre les propriétaires de chiens dangereux, les conducteurs sans permis, le téléchargement illégal …)
Un chiffre résume cette inflation. Depuis 2002, le nombre des détenus en France a augmenté de 21%, passant de 52 700 à 63 200 !
Plus étonnant encore a été la passivité de la société française. Lorsqu’on a vu pousser des radars automatiques au bord des routes en 2002, j’avais parié sur une révolte rapide des automobilistes, l’esprit français individualiste et réfractaire à l’autorité ne pouvant supporter cette « dictature de la loi ». Très curieusement, la population s’est pliée rapidement aux nouvelles règles, elle a changé ses habitudes au volant et a accepté avec soumission et résignation de se faire aligner régulièrement pour quelques kilomètres heures de trop.
Les limites ne sont pas venues ni des honnêtes gens victimes du harcèlement sécuritaire, ni des citoyens estimant qu’on commençait à en faire un peu trop, ni des associations de défense des libertés, (ce qui peut d’ailleurs être interprété comme un signe inquiétant en cas de vraie dérive autoritaire des pouvoirs publics) La limite est venue du système lui-même à travers trois affaires qui font l’actualité :
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La bavure de Montfermeil qui conduit les policiers de Saint de Saint Denis à demander à ce que leurs interventions soient dorénavant filmées pour attester du climat de violence dans lesquels ils évoluent et se faire ainsi par avance pardonner des bavures qu’ils seront immanquablement amener à commettre dans ce contexte,
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La manifestation des magistrats et des avocats qui dénoncent le tout sécuritaire et leurs conditions de travail et s’en prennent à leur ministre de tutelle, laquelle leur met la pression pour toujours plus de répression, tout en ouvrant immédiatement le parapluie de la responsabilité individuelle au moindre incident,
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L’inflation du nombre de suicides en prison, dont le chiffre atteint déjà le niveau ahurissant de
9192 depuis le début de l’année. Si cela se passait en Russie, on dénoncerait sans hésiter un rétablissement insidieux de la peine de mort !
Les acteurs du système sécuritaire et répressif n’en peuvent plus du nouveau rôle qu’on leur demande de jouer.
La police commence à comprendre que de jouer à l’armée d’occupation pour reconquérir les « territoires perdus de la république » ne peut que l’impliquer dans une escalade de violence. Elle en a assez de consentir aux provocations martiales que l’on attend d’elle, sans avoir le droit de répondre aux provocations qu’elle subit en retour.
Son rôle à évolué. Aujourd’hui il est moins de rechercher des coupables, que d’imposer son autorité sur une population trop longtemps indisciplinée. La pression policière est devenue un but en soi, en particulier en banlieue où il s’agit de procéder à des démonstrations de force pour rechercher l’intimidation, jusqu’à ce que la population supporte et accepte sans sourciller la présence d’hommes vêtus en armes dans ses quartiers.
La Police n’est plus là pour protéger les biens et les personnes. Elle est devenue l’incarnation de la virilité de l’Etat, l’instrument d’un pouvoir politique en mal de pouvoirs effectifs. Se faisant, elle s’est coupée de la population. Pas étonnant qu’elle se sente aujourd’hui mal aimée, incomprise et abandonnée sans soutien face à « leurs dures conditions de travail »
La justice sait mieux que quiconque que la prison n’est pas une solution et que la surpopulation carcérale ne peut être que criminogène. Le rôle que le pouvoir attend d’elle n’est plus de dire le droit ou de rendre la justice avec humanité, équilibre et sagesse. Il est de punir, de faire des exemples, de terroriser tous les délinquants en puissance avec des sanctions disproportionnées, pour l’exemple. Il est de remplir les prisons pour vider la société de tous ceux qui pourraient un jour nuire aux honnêtes gens. Quand ce n’est pas de faire du chiffre…
Comme la police, la justice a du abandonner son rôle de justicier pour endosser celui, plus inconfortable, de salaud, sévère et parfois injuste, « parce qu’on ne peut plus laisser faire »
Pas étonnant qu’elle se rebelle aujourd’hui contre cette ministre particulièrement zelée dans l’application de la nouvelle doctrine sécuritaire.
Les politiques sécuritaires de ces dernières années sont dans une impasse. Elles ont atteint le seuil au-delà duquel il n’est plus possible de sévir encore plus, comme une bulle spéculative crève lorsqu’elle a été trop loin dans l’excès. La confiance s’érode et tout s’effondre.
Les raisons de l’échec ne sont pas compliquées à comprendre. La politique sécuritaire est de ces politiques qui n’ont pas été conçues pour résoudre un problème mais pour donner corps à un discours politique. Il suffit de redonner aux institutions leur véritable rôle.
La Police doit abandonner cette obsession à se faire respecter par une population rétive à l’autorité pour retrouver son rôle de sécurisation au service des citoyens et de recherche des délinquants au service de la justice.
La Justice pénale doit en finir avec cette obsession de satisfaire la soif de vengeance des victimes pour leur permettre de « faire leur deuil » ou les rassurer celles qui ne le sont pas encore et qui craignent l’être. Elle doit retrouver un rôle de rééducation des délinquants par la sanction.
La Prison doit cesser d’être un lieu de pure barbarie où l’on a le choix qu’entre s’endurcir dans la voie du crime ou se laisser anéantir à force d'humiliation et d'indignité. Elle doit devenir un lieu de rééducation et de resocialisation en inventant d’autres formes de peines.
La détention devrait être l’occasion de resocialiser, de rééduquer, de reprendre conscience par un travail d’intérêt collectif de la nécessaire solidarité entre les membres d’une société. Pour certains, elle doit aussi être le lieu pour apprendre à parler correctement la langue de son pays, de suivre (enfin) une formation pour pouvoir se présenter ensuite dignement sur le marché du travail ou de se re-civiliser en apprenant les rudiments de la vie en communauté.
Le jour où on ne condamnera plus pour le plaisir de punir, mais pour remettre les individus déviants dans le droit chemin. Le jour où on n’enverra plus un sauvageon de banlieue purger sa peine dans une école du crime et du fanatisme religieux mais plutôt à passer un long séjour à la campagne dans une « communauté républicaine de rééducation par le travail » de laquelle il sortira positivement transformé. Ce jour là, notre société aura fait un grand pas vers la civilisation.
Malakine
@ Malakine
Deux choses :
Sur l'« armée d'occupation » : c'est une formule de Henri Emmanuelli pendant les émeutes de Villiers-le-Bel, l'an dernier. Cette formule est aussi scandaleuse que le terme de « rafles » employé par les « antiracistes » pour qualifier les légitimes exclusions de clandestins, car elle laisse entendre que la police française est d'essence coloniale. Mais la police de la République est partout chez elle ! Si elle doit imposer sa présence, c'est d'ailleurs parce que tous les services publics sont menacés dans ces quartiers : pompiers, ambulances, poste...
Sur la surpopulation carcérale : il y a une solution dont personne ne parle. C'est la construction de nouvelles prisons ! Les détenus DOIVENT purger toute leur peine, ou la sanction judiciaire n'a aucun sens ni aucune valeur. Pour que cette peine permette la rédemption du détenu, il faut effectivement que chacun ait une cellule individuelle, avec douche et sanitaire. Il faut des moyens pour cela. Où les trouver ? Eh bien, avec un État qui pèse, je le rappelle, plus de la moitié du PIB (bizarre pour une société « ultralibérale »...), il y a bien quelques économies à faire pour concentrer l'État sur ses vraies compétences...
http://criticusleblog.blogspot.com/2007/10/quid-de-la-construction-de-nouvelles.html
Rédigé par : Criticus | 24 octobre 2008 à 02:43
En accord avec ton analyse et ton constat.
J'ai toutefois une remarque à emettre, elle me vient de l'expérience personnelle et de la fréquentation d'un ami. une personne de grande valeur, baroudeur, marin, capable de tout faire avec des mains en or comme on disait autrefois...
Cet homme a longtemps travaillé dans la réinsertion.
Son analyse était sans appel, les jeunes qui lui était confié (petits délinquants) étaient à un tel niveau d'aculturation et de faiblesse intellectuelle (niveau scolaire indigne, maîtrise du français très insuffisante, repères culturels et sociaux dignes des cavernes et encore... violence intimidation, mépris des autres "races, ethnies, religions...", mépris de la femme, sexualité violente et irrespectueuse.... un ensemble de données qui éxigeaient presque un retour à la case zero de l'éducation...
Les seules formations possibles pour eux étaient de fait celles des métiers du batiment, là où on se lève tot, pour travailler dure et pour des payes pas trop élevées...
De fait leur discours étaient tjs les mêmes: "fait pas chier, je suis là pour ne pas aller en zonzon ou en sortir, mais jamais je ne bosserais pour gagner si peu et travailler aussi dur, je me fais de toutes façons le triple voir plus en revendant...".
Si par hasard un rares parmis eux voulait s'en sortir, lui trouver un emplois relevait de l'exploi, car les employeurs potentiels appelés refusent de les embaucher, soi ils ont déjà fait des expériences douloureuses, soi c'est "si c'est pas un gaulois j'en veux pas!".
Maintenant c'est sur je ne te propose rien, le mal est si profond que franchement je ne vois aucune porte de sortie.
Nos critères et nos repères sont dépassés.
Parfois l'impression est même que c'est à se demander si l'on vit sur la même planète.
Saludos
Rédigé par : ETDAS | 24 octobre 2008 à 08:12
@ Criticus
Ta solution est frappée du sceau du bon sens mais ce serait sans compter sur les associations de riverains qui se mobilisent à chaque projet de construction de prison (cf. Cercottes vers Orléans).
@ ETDAS
La plupart de ceux qui ont travaillé dans la réinsertion ou dans le milieu carcéral sont desespérés et très amers... Une foi inébranlable dans l'homme est le carburant de ce genre de métier.
@ Malakine
Ta « communauté républicaine de rééducation par le travail » pourrait se faire sur le modèle de la colonie de Gorki de Makarenko:
http://www.ecoledemocratique.org/article.php3?id_article=145
On ne peut pas continuer avec des prisons en deça du système Biélorusse! Comme disait Mirabeau Père "Les hommes ont cela en commun avec les pommes: si on les entasse, ils pourrissent".
Rédigé par : René Jacquot | 24 octobre 2008 à 10:30
Côté police, je pense qu'il faut surtout arrêter avec la politique du chiffre qui conduit les policiers à ne plus voir que l'interpellation à tout prix comme objectif, au mépris du reste.
Côté prison, il faut absolument séparer le psychiatrique du pénal.
Cet article est très bien fait mais tout comme criticus je pense que le terme de police d'occupation est choquant. En revanche, je crois que la police n'a rien à gagner à continuer à envoyer des crs et des bac en banlieue : il faut absolument tisser un nouveau lien.
Dernière chose : malakine, qd tu dis q'il y a un pb entre la police et la population, je te répondrai qu'il y a un pb uniquement avec les habitants de certains quartiers.
Rédigé par : le chafouin | 24 octobre 2008 à 11:02
@ Criticus et Chafoin
Moi aussi, le terme de forces d'occupation m'a choqué au début, pour la même raison que vous. Mais j'ai vu les choses autrement après l'incident de Montfermeil (charmante petite ville de banlieue où j'ai eu la "chance" de grandir) Les flics n'ont pas interpellé le gars à cause d'un trafic de shit ou de voitures volées, mais parce qu'ils le soupçonnaient d'avoir jeté des caillous sur une patrouille.
La police n'a donc pas utilisé la force dans le cadre de ses missions de sécurité ou judiciaire - ce qui serait légitime - mais pour faire respecter sa présence qui a été à l'origine des troubles. Lorsque la présence de la police devient criminogène et l'élément de l'ordre public qu'il faut faire respecter, là il y a un problème !
La police ne doit pas chercher à occuper le terrain pour prouver qu'elle est partout chez elle. Elle doit juste faire son boulot, en particulier de police judiciaire.
@ ETDAS
Tu as lu la dernière interview de Todd ? Je sens qu'on va avoir (tous) des problèmes avec ses thèses selon lesquelles le niveau culturel ne fait que plafonner et que l'assimilation est en marche... mais attendons de lire.
Moi je reviens toujours à ça, mais les nourritures culturelles des jeunes me semblent très préoccupantes : le rap, les chaines de télé et de radio de jeunes, la culture US ... tout ça, ça les enferme dans un ghetto culturel qui les coupe du reste de la population. Pas seulement des "gaulois", mais aussi des adultes et de la société en général.
@ Chafoin
Sur le pb de la police et de la population, je ne suis pas d'accord. Et je vais raconter une anectode : Y a deux ans, je me suis fait contrôlé en alcoolémie alors que je revenais de chez un pote qui habitait à 1km maxi de chez moi. Les flics m'ont arrêté - sans mentir - à 200 mètres de chez moi. J'ai eu droit aux menottes, j'ai été amené au poste où j'ai passé la nuit en garde à vue, ils m'ont laissé croupir le matin jusqu'à ce que quelqu'un daigne bien vouloir prendre le temps de libérer (vers 10h30 si je me souviens bien) Et je ne parle même pas de l'amende et de la suspension de permis plutôt sévère ! Ce genre d'attitude ne se justifie ni par la sanction (la judiciaire est assez lourde) ni par la prévention (je pouvais rentrer chez moi à pied).
Ce genre d'attitude procède d'une volonté soumettre une population en la terrorisant. Et je suis adulte, blanc, j'avais un poste en vu et vivait en centre ville... J'imagine l'attitude de la police lorsqu'on est un jeune basané au chomdu et qu'on vit dans une cité ! C'est pourquoi je dis que la police s'est enfermée dans un registre de confrontation avec la population (toute la population) pour imposer son autorité et que ça, c'est une dérive qui ne peut rien amener de bon.
@ rené jacquot
Merci pour le lien, je vais lire et pour la citation. Excellent
Rédigé par : Malakine | 24 octobre 2008 à 11:32
@ le chafouin.
Pas d'accord, sur le fait que la police est exclusivement mal perçue dans certains quartiers par certaines population.
Nous avons tous autour de nous des expériences malheureuses de citoyens honnêtes qui suite à une légère entorse à la loi ont été traité comme des moins que rien.
Le traumatisme qui en résulte fait de gros dégats.
Un exemple, un de mes amis rentrent chez lui, il a bu un peu en regardant un match de foot avec ses potes.
Il est en train de se garer devant son domicile quand un véhicule de police remontant une rue en sens unique s'arrête à sa hauteur, interpellation virile, la main sur les armes, ton très impératif, fouille virile...
Alcolémie positive 0,8 soit délit, on l'embarque, sans même le laisser terminer de garer sa voiture qui sera embarquée à la fourrière, cellule de dégrisement!
Jugement, plus de 7 heures d'attente, impossibilité de dire le moindre mots "vous reconnaissez les faits, maintenant taisez vous!!!!!!!!"
Une vraie humiliation, et à la clef 6 mois de retrait de permis, 1000 euros d'amendes, et 6 points enlevés!
Ce pauvre gars est maintenant terrorisé, il n'ose pratiquement plus prendre son auto et est devenu tellement il est stressé plus dangereux au volant qu'il ne l'a jamais été.
Autre exemple, le directeur du service des sports de ma ville avec qui je travaille, pris et coincé dans un embouteillage, voiture à l'arrêt depuis plus de 4 minutes, téléphone pour avertir sa femme qu'il ne pourra pas être chez lui à l'heure prévue et récupérer sa fille de 4 ans à l'école, la police l'aligne et en plus "Monsieur, vous avez joué, vous avez perdu!!!!!"
Des exemples comme ceux ci il y en a à la pelle.
Le divorce de la population et de sa police risque vite d'être consommé!
Perso je reconnais que je n'ai jamais rencontré de policiers discourtois ou bêtement zélés.
Tout le monde vit dans une crainte relative et croise les doigts...
Rédigé par : ETDAS | 24 octobre 2008 à 11:46
@ René Jacquot
Un État digne de ce nom n'a pas à se préoccuper des associations de riverains !
@ Malakine
Oui, il y a un problème... mais les missions de sécurité et de police judiciaire dont tu parles n'étant plus possibles, n'est-ce pas la seule solution restante ?
Rédigé par : Criticus | 24 octobre 2008 à 11:51
@ Malakine.
D'accord sur ton analyse sur la "nouriture culturelle", mais cela va plus loin.
Il y a peu j'ai attendu un ami à Roissy, son avion en retard, je m'atable à un café, il y a une TV avec des clips qui passent en boucle.
C'est du rap, en anglais US non soustitré, je n'y comprend rien, mais les images!!!!!!!
Des gros "blacks" tout de nike vétus, roulant en porshe, gun à la main, et des jeunes fille blanches dénudées et à demi enchainées qui lassivement rampent à leur pieds!!!!!!!!!!!
A Vomir!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Imaginons simplement l'inverse, des noires rampants aux pieds de blancs???????????????????!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!.
Et personne ne réagissait parmis ceux qui regardaient, à si une tablée de jeuns, avec des éructations et cette formule "elle est trop bonne la rousse".
Personne n'ose intervenir, couper ces programmes, faire taire ces mômes dangereux.
On fini soi par avoir peur, ou s'en foutre...
Parfois je comprends certains qui craquent et virent à une certaine extrême.
Il y a là selon moi un truc qui ne va pas ou plus du tout.
Saludos.
Rédigé par : ETDAS | 24 octobre 2008 à 11:59
@ ETDAS
On a réagit pareil et avec un exemple similaire ! :-) J'aurais pu prolonger mon anectode en racontant mon passage au tribunal. C'était encore plus traumatisant que la GAV !! Qu'on ne parle plus de justice laxiste. J'étais terrifié par l'attitude du procureur qui mettait minables des pauvres gens sans possibilité de réagir. Le pardon, l'excuse, la malchance, l'égarement... Tout cela n'existe plus. C'est tolérance zéro à tous les étages !
Oui c'est scandaleux que personne ne parle d'en finir avec ces programmes quitte à remettre de la censure. Au lieu de ça, on préfère disserter sur le "service public de l'audiovisuel" que les jeunes ne regardent pas.
@ Criticus
Pourquoi donc les missions de police judiciaires ne seraient plus possible ?? Tu ne crois pas que les démonstrations de force devraient être réservées pour les enquêtes et les arrestations de voleurs ou de trafiquants et non pas simplement pour faire accepter la présence de la police ??
***
Y aurait pas un flic ou un magistrat qui passerait par là pour nous donner son avis ??
Rédigé par : Malakine | 24 octobre 2008 à 12:17
Malakine :
Permettez moi de faire une remarque sur votre anecdote.
Je crois que c'est justement parce que vous êtes un adulte de la classe moyenne européenne que la police et la justice ont agit comme cela.
Vous en tirez la conclusion que cette attitude doit être la même, voir pire pour tout le monde, y compris pour "les-bazanés-des-cités" qui, comme chacun sait, meurent de faim dans notre pays par millions.
C'est l'inverse qui se passe.
Une extrême dureté avec la classe moyenne (votre anecdote, le contrôle de vitesse contre "l'insécurité routière"), car on sait qu'elle ne réagira pas violemment (donc fort avec les faibles), par contre, un laxisme, une culture de l'excuse pour le sous-prolétariat (faible avec les forts).
Je rappelle que le syndicat de la magistrature fait un bon score parmi les magistrat, ce qui devrait vous mettre la puce à l'oreille.
Au début, je voulais faire un commentaire sur le rôle de l'insécurité comme moyen de contrôle social, trop long finalement pour être ici.
Car si la politique sécuritaire, tant que l'on ne va à la racine du mal (encouragement des comportements transgressifs dans les médias, individualisme libéral agressif etc etc), est une impasse, le préventif est un crime, un crime car cette autre politique ne résout rien de tout cela.
Les 5 années de jopinisme auraient du avoir un effet autre que statistique, à moins que des millions de français aient eu le même phantasme en même temps.
Bref, l'insécurité est un outil du pouvoir dans une lutte des classes, ou comment projeter (et donner l'impunité) le sous-prolétariat (demandez vous pourquoi ce mot a disparu du vocabulaire de la gôôôôche) contre les classes populaires et moyennes, afin de préserver la domination de la haute-bourgeoisie ou hyper-classe mondialisée.
Rédigé par : Three piglets | 24 octobre 2008 à 12:45
Félicitations pour cet article et son ton.
Vous montrez qu'on peut poser le problème sans tomber dans une personnalisation excessive qui virait hier au lynchage dans une émission renommée (vers 18h00) sur "La cinq".
Tout à fait d'accord aussi avec les limites que vous rappelez concernant la justice pénale (pas civile) mais que l'on a galvaudé à partir de : "un fait divers = une émotion (certes légitime) = une loi de circonstance".
PS : je n'ai pas regardé les vidéos en lien et j'avais rédigé avant les nombreux commentaires mais sans poster.
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 24 octobre 2008 à 12:50
@ Malakine
Pourquoi ne sont-elles plus possibles ? Mais parce que TOUS les services publics sont menacés par la racaille ! Si cela ne tenait qu'à moi, on imposerait la loi martiale dans certains territoires, avant d'assainir durablement la situation...
Rédigé par : Criticus | 24 octobre 2008 à 13:13
@ Piglets
Désolé mais j'ai compris le début mais pas la fin. Je ne comprends pas quelle est votre thèse et le lien que vous faites entre lutte des classes et insécurité.
@ PMF
Merci. Je crois que tu penses à Rachida Dati. Je crois que je ne cite même pas une fois son nom. Tout simplement parce qu'elle est politiquement insignifiante. C'est tout. Elle n'est que le porte voix d'une idéologie. Elle récite la partition que son maître lui a appris. Ca serait Alliot Marie ou Nadine Morano à la place, ça serait pareil. (Oui, j'ai pris que des femmes comme exemple, ce n'est pas innocent, mais si je dis pourquoi on va me traiter de gros macho et on aura pas tort):-)
@ Criticus
J'aime quand tu fais dans la nuance et la mesure ... :-)
Rédigé par : Malakine | 24 octobre 2008 à 15:18
Je le fais tout le temps, sauf ici, car je me suis inquiété de lire sous ta plume des propos que la gauche bien-pensante n'aurait pas reniés(ça m'étonne d'ailleurs).
C'est ce que j'apprécie chez toi (et qui, je pense, est notre seul point commun), ce refus de la pensée unique. Là, j'ai dû vérifier que c'était bien toi l'auteur.
Rédigé par : Criticus | 24 octobre 2008 à 15:36
La fin : on fait venir du sous-prolétariat par millions.
Cela créé, en parti, en chômage endémique (insécurité sociale), et il est mobilisable en cas de crise ou de contestation sociale, comme on a pu le voir lors du CPE ou les fils de la classe moyenne se sont fait casser la gueule par le sous-prolétariat.
A cela, on ajoute une insécurité à l'échelle du pays, et une transfert de richesse , via l'impôt, de la classe moyenne vers le sous-prolétariat pour faire converger les niveaux de vie (la gauche appelle cela l'égalité) : subventions, Hlm, allocations divers, plan banlieue etc etc...
Pendant que les pauvres et demi-pauvres se font la guerre (ou luttent contre le
"racisme"), les très riches font tourner la boutique.
Le sous-prolétariat est toujours l'alliée de la haute-bourgeoisie et l'insécurité créée est un moyen de contrôle social sur les classes moyennes et populaires pour qu'elles ne commencent pas à revendiquer des droits légitimes , ou à contester le pouvoir de l'hyper-classe.
Cela rejoint tout le discours sur "les discriminations", la culpabilité de la France, le racisme, bref, la quincaillerie humanitaire qui permet de masquer les vrais enjeux et d'intoxiquer le débat.
Quand un journal de gauche défend le sous-prolétariat, c'est un journal de droite.
Rédigé par : Three piglets | 24 octobre 2008 à 15:47
Three piglets, je t'aime !!!
Sérieusement, je ne retirerais pas une lettre de tes deux commentaires. Et s'il y a un point sur lequel je rejoins Criticus, c'est que le problème de la surpopulation carcérale peut se résoudre en créant des emplois dans la construction.
Rédigé par : Emmanuel M | 24 octobre 2008 à 16:15
Merci Emmanuel.
Cela dit, ce que je décris est certainement l'ancien monde qui est en train de s'écrouler en ce moment même du côté du Cac40.
Je pense que nous allons changer brutalement de paradigmes.
A suivre.
Rédigé par : Three piglets | 24 octobre 2008 à 16:33
Un battement de papillon à Wall Street....
http://cordonsbourse.blogs.liberation.fr/cori/2008/10/alan-greenspan.html?xtor=RSS-450
Rédigé par : Three piglets | 24 octobre 2008 à 17:08
Penser pouvoir régler les problèmes d'insécurité uniquement par des mesures sociétales c'est tomber dans l'angélisme. Ne mettre l'accent que sur la répression c'est tomber dans la démonisation. Prévention (au sens large du terme) et répression sont toutes les deux nécessaires. Mais encore faut-il qu'elle soient bien menées et ce de façon cohérente.
D'un côté arrêter de croire qu'on va résoudre les problèmes des quartiers difficiles en construisant des gymnases et des maisons de quartiers avec plein de gentils éducateurs dedans: les populations de ces quartiers ne voient cela que comme des gadgets et des aumônes, un peu comme faire chanter la Marseillaise par une chanteuse franco-tunisienne sur le retour!
De l'autre, arrêter d'inciter les policiers à jouer cet improbable mélange entre les cow-boys et la légion romaine, la transformant de facto en armée d'occupation (même si le terme choque), caractéristique découlant non pas d'un quelconque "colonialisme" mais bien de cette manière de se comporter.
C'est donc dans une véritable reconstruction sociale, économique et même culturelle qu'il faut se lancer car s'attaquer uniquement à la violence reviendrait à ne pas régler les racines du problème. La méchanceté existe bel et bien chez certains individus, mais pour qu'elle s'exprime certaines conditions doivent être réunis (et elles le sont).
Et c'est donc à une véritable réorientation stratégique et tactique que doivent se livrer les fores de l'ordre, avec mise en place d'une culture du renseignement et du lien avec la population, avec une présence plus diffuse, plus souple et quotidienne. L'îlotage me semblait aller dans ce sens.
Les deux volets devraient marcher main dans la main. Il faut bien deux jambes pour marcher comme disait Mao! Un état redevenant pleinement républicain en est la condition sine qua non.
Sinon on peut toujours aboutir à ça.
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=133548.html
Rédigé par : el topo | 24 octobre 2008 à 21:11
@ Criticus
Demande toi si la "tolérance zéro" et l'idée selon laquelle il vaille reconquérir par la force armée les zones de non droit n'est pas devenue une forme de pensée unique.
Rédigé par : Malakine | 25 octobre 2008 à 15:55
@ Malakine
Une « pensée unique » que ni l'extrême-gauche, ni la gauche, ni le centre, ni une partie de la droite ne partagent ? Bizarre pour une « pensée unique », non ? ;-)
Rédigé par : Criticus | 25 octobre 2008 à 17:49
@ El topo
Position très équilibrée à laquelle j'adhère.
@ Malakine
J'aime beaucoup l'idée de "communauté de rééducation républicaine par le travail", qui me semble proche de ce que proposait un temps. Chevènement. Je pense également qu'il serait bien de multiplier les travaux d'intérêt général pour les petits délits, ce serait un moyen de promouvoir un comportement plus citoyen.
Mais, parallèlement, ton texte penche un peu trop vers la responsabilité collective pour moi. Je crois qu'il ne faut surtout pas oublier la responsabilité individuelle pour ne pas déresponsabiliser les citoyens (ce qui est choquant pour ceux qui se comportent bien). En cela, j'ai tendance à être favorable aux politiques de "tolérance zéro" comme Criticus car il est important d'insister sur la responsabilité des individus. En outre, une trop grande tolérance à l'égard des délits mineurs peut pousser à des délits plus graves. Cela ne signifie pas qu'il faille les envoyer en prison, mais des travaux d'intérêt général peuvent faire prendre conscience de l'importance du lien social et prévenir d'autres délits. Je crois à la vertu de la sanction (sous réserve qu'elle soit adaptée au délit, ce qui n'est pas toujours le cas malheureusement il est vrai).
Certes, il y a eu 92 suicides en prison, mais il me semble avoir entendu que ce chiffre est en baisse (même si cela est toujours trop et qu'il est vrai que la surpopulation carcérale est un gros problème dans la mesure où elle créé des conditions peu favorables à la réinsertion des prisonniers). Enfin, le nombre de détenus est en hausse en France, mais il faut remettre en perspective par rapport à la situation Américaine : il y a 3 millions de détenus (oui, j'ai vérifié : au début, je n'y croyais pas), soit 10 fois plus qu'en France proportionnellement. Je n'aime pas du tout l'expression d'armée d'occupation appliquée à notre police, même s'ils commettent parfois des abus. Leur métier est très difficile pour un salaire finalement assez modeste. En outre, ils sont souvent la dernière roue du carrosse, ceux qui doivent appliquer des politiques pas toujours cohérentes ou bien conçues.
Mais je pense que nos positions ne sont pas si éloignées, malgré quelques nuances.
Rédigé par : Laurent, gaulliste libre | 25 octobre 2008 à 21:29
@ Laurent
En effet, je ne sais plus comment cela s'appelait dans le programme de Chevènement mais ce type de projet figurait dans son programme présidentiel de 2007.
De mon point de vue, la tolérance zéro ne peut être un slogan. Je crois que c'est là mon coté juriste qui ressort. Je suis pour l'individualisation des peines. Parfois, il faut savoir comprendre, excuser, pardonner. Il faut avoir assister à une audience correctionnelle pour mesurer l'implacable sévérité de la Justice.
Rédigé par : Malakine | 26 octobre 2008 à 01:10