Lors du débat récent sur la rémunération des grands patrons, le MEDEF avec l’aide des derniers propagandistes libéraux invoquait la figure de l’entrepreneur pour défendre le principe de totale liberté des rémunérations et de non ingérence de l’Etat dans la vie des entreprises. Cet amalgame entre les patrons-propriétaires de PME et les cadres dirigeants des multinationales n’a pas choqué grand monde, à commencer par la CGPME.
Pourtant, comme le signalait Philippe Trouvé dans une tribune parue dans le Monde le 7 avril dernier, les deux patronats forment deux groupes sociologiques distincts. Les premiers sont des patrons “réels”, “de terrain”, les seconds ne sont que des “gestionnaires” ou des “technocrates”.
Le débat a été lancé sur le terrain économique par Frédéric Lordon dans un article déjà ancien « le paradoxe de la part salariale » dans lequel il émettait l’hypothèse d’une exploitation du petit capital par le grand, thèse qu’un autre économiste-blogueur, Jean Peyrevade a récemment réfuté au motif que le capital ne peut se retrouver dans une telle situation de domination.
La question n’est pas sans enjeux concret. S’il apparaissait effectivement que le patronat des PME et celui des dirigeants managériaux des grands groupes formaient deux groupes sociaux distincts, vivant dans des univers différents et animés par des intérêts divergents, une fracture de type « lutte des classes » pourrait bien apparaître, ce qui pourrait favoriser un vrai renversement de logique.
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