La crise mondiale a ceci d'intéressant qu'elle lève les tabous et brise les dogmes. Tous sauf un : Le protectionnisme.
Généralement le protectionnisme est décrié par l'économie officielle comme le mal absolu. Il exacerberait les nationalismes et conduirait à la guerre, fermerait les débouchés à l'export, comprimerait le commerce mondial et plongerait le monde dans une spirale récessive infernale. Ce protectionnisme là, celui qui consiste à renchérir les produits importés par des taxes ou les limiter par des contingentements, est encore tabou.
Pourtant il est des propositions acceptées qui recherchent les mêmes effets : Dévaluer la monnaie en baissant les taux d’intérêts, soutenir l’appareil productif par des aides publiques, relancer une politique industrielle pour préparer les produits de demain, mettre en place la TVA sociale pour alléger le coût du travail... Toutes ces propositions conduisent à altérer les termes de la concurrence mondiale pour soutenir plus ou moins artificiellement les emplois nationaux.
Il y aurait-il alors un bon protectionnisme compétitif et un mauvais protectionnisme défensif ? Oui, mais le bon n'est pas celui qu'on croit.
Le protectionnisme « compétitif » avait sa raison d'être à l'époque pas si lointaine de la mondialisation heureuse lorsqu'il fallait trouver sa place dans la division internationale du travail. C'est celui qui a été pratiqué avec succès par l'Allemagne quand elle a réduit son cout du travail au début des années 2000 en appliquant la TVA sociale, en comprimant les salaires, en délocalisant des activités de sous-traitance et en réduisant son Etat-providence. Ainsi, sa bonne spécialisation industrielle conjugué à un regain de compétitivité-coût lui a permis de battre tous les records d'exportation.
C'est aussi ce que la France s'est toujours refusé à faire. Dans les années 90, elle a mené un politique de monnaie forte pour s’aligner sur le Mark. Elle a toujours obstinément négligé de soigner sa compétitivité-coût et l' impératif de spécialisation et, in fine, lorsque les effets délétères de la mondialisation ont commencé à se faire sentir a refusé d'appliquer à son tour la TVA sociale.
Le protectionnisme compétitif fonctionnait bien lorsqu'il y avait des débouchés à l'export. Un bon positionnement sur la qualité comme sur les coûts permettait d'accéder à un marché mondial en croissance et ainsi de bénéficier d'une appréciable rente de situation.
Il a cependant l'inconvénient d'être non coopératif. Les succès à l'exportation de l'Allemagne se sont ainsi majoritairement fait au détriment de ses « partenaires » européens, principalement la France et l'Italie. Cette solution ne fonctionne réellement que de manière isolée. L'effet s'annule dès que le concurrent se décide lui aussi à mener des politiques pour accroître sa compétitivité-coût. Généralisé, il risque d'entraîner l'économie mondiale dans une spirale récessive : Chacun réduisant tellement ses coûts pour préserver ou accroître sa compétitivité que la demande se contracte et les marchés se ferment.
C'est exactement ce à quoi on assiste aujourd'hui dans la filière automobile qui s'est lancée plus que d'autres dans une folle entreprise de réduction des coûts ces dernières années. Le problème en Europe est bien différent de celui aux Etats-Unis. Il ne s'agit pas d'une inadéquation de l'offre aux attentes du marché, mais d'une dépression de la demande, qui n'a finalement pas grand-chose à voir avec la crise financière. Les voitures neuves sont tout simplement devenues trop chères pour le pouvoir d'achat des consommateurs européens !
Il est d'ailleurs étonnant de constater que les pays d'Europe centrale qui ont largement bénéficié des délocalisations n'ont pas pour autant connu la prospérité. Les prévisions 2009 pour la Pologne, la Tchéquie ou la Slovaquie sont désastreuses pour des pays émergents (environs 2% de croissance et un taux de chômage entre 8 et 10%) Evidemment : Lorsqu'on construit sa compétitivité sur sa pauvreté, on reste pauvre pour ne pas la perdre !
La course à la compétitivité a tellement fait pression sur les salaires qu'elle a eu pour effet de rendre « hors de prix » les biens fabriqués aux coût de production de la zone de fabrication !
Aujourd'hui prétendre répondre à la crise par une relance des politiques de compétitivité qu'elles soient monétaires, industrielles ou fiscales serait illusoire. Les pays concurrents ne manqueront pas d’en faire autant, ce qui aggravera encore un peu plus le déficit de la demande globale et la crise mondiale.
La recherche de compétitivité monétaire, comme le propose Dupont-Aignan en stigmatisant la fameuse “surévaluation de l'Euro”, entraînera de nouveau une création incontrôlée de monnaie (via une forte baisse des taux d'intérêts) avec les désordres qu'on peut en escompter tant que la finance de marché n'a pas été sérieusement régulée (inflation, bulles spéculatives, excès d'endettement publics et privés…)
La compétitivité industrielle que propose le PS avec son idée de fonds régional (pourquoi régional ?) d'investissement et d'innovation ou le gouvernement avec son fonds souverains et ses aides sectorielles ne fera que mettre un appareil productif malade sous perfusion. Il est bien illusoire de penser que les entreprises vont consentir à des investissements productifs dans un contexte de dépression de la demande.
La compétitivité fiscale telle que la préconisent Jean Peyrelevade ou Jean Arthuis avec leurs idées de TVA sociale et de transferts des charges qui pèsent sur le travail et la production, vers les ménages a, quant à elle, la palme de la récessivité. Elle ne fera qu'accélérer le processus à l'œuvre depuis l'entrée en vigueur du libre échange : Réduction des coûts, réduction des salaires et du pouvoir d'achat, réduction de la demande, réduction de l'appareil productif…
Ces solutions visaient à mieux insérer la France dans la mondialisation ne sont plus du tout adaptées en période de crise mondiale.
Ce protectionnisme « compétitif » est étroitement nationaliste, non coopératif et dangereux pour les équilibres mondiaux. C'est celui qui est induit par le libre échange et qui est, de fait, pratiqué par toutes les puissances industrielles qui ont su tirer leur épingle du jeu dans dans la mondialisation.
Ce n'est pas celui qui est promu par les vrais protectionnistes, et en particulier par le premier d'entre eux : Emmanuel Todd, qui est un protectionniste coopératif de relance.
Les protections commerciales n'y sont pas conçues pour protéger l'appareil productif national ou limiter la concurrence. mais pour la circonscrire à la qualité des produits excluant ainsi toute concurrence sur les coûts de production, les normes et les systèmes sociaux.
Les produits étrangers technologiquement plus avancés pourront toujours être importés ou fabriqués sur place (le protectionnisme n'implique pas la fermeture aux investissements direct étrangers). Le but n'est évidemment pas de se fermer à la concurrence et au reste du monde mais de retrouver une souveraineté économique et de rendre possible une remontée des salaires. La maxime du fordisme pourra alors retrouver sa pertinence : Payer suffisamment les ouvriers pour qu'ils puissent acheter les voitures qu'ils produisent.
Néanmoins, à mon sens, le protectionnisme seul ne suffira pas. C'est une condition nécessaire mais non suffisante. La remontée des salaires ne se fera pas spontanément au seul motif qu'elle sera de nouveau possible. Il existe aujourd'hui des secteurs tels la distribution qui sont de fait protégés de toute concurrence internationale et où pourtant les salaires sont bas et les emplois précaires (même si les coûts de distribution devant s'adapter au pouvoir d'achat des consommateurs, ils peuvent être indirectement affectés par la compression des salaires des activités productives)
L'objectif ultime du protectionnisme est bien de permettre une meilleure rémunération du travail au détriment de du capital pour de nouveau pouvoir stimuler la demande globale. Pour cela, il sera certainement nécessaire d'accompagner les protections commerciales par des mesures en ce sens (indexation des salaires, limitation du pouvoir financier, fiscalité plus redistributive…)
C'est d'ailleurs pour cela en réalité qu'il est tant diabolisé par les dirigeants mondiaux et les économistes officiels. Le protectionnisme conduira à la réduction des marges, des profits et des dividendes aussi surement que le libre échange a conduit à une explosion mondiale des inégalités.
Le protectionnisme est donc une solution coopérative qui peut et doit être appliquée dans toutes les zones de production de la planète. Que les américains décident de protéger leur industrie automobile n'est pas un problème pour nous. Ils peuvent continuer s'ils le veulent à rouler dans des monstres préhistoriques consommant 20 ou 30 litres au cent. L'essentiel est qu'ils retrouvent de vrais emplois et des salaires de bon niveau pour nous acheter des parfums, du vin ou des centrales nucléaires.
Malakine
Protectionnisme et libre-échange doivent être pensés à partir d'une grande nouveauté historique : le dérèglement climatique.
Le 22 janvier 2009, nous savons que le commerce international accélère le dérèglement climatique.
Aujourd'hui, nous savons que des bateaux qui transportent des marchandises d'un pays à l'autre brûlent des millions de tonnes de combustibles fossiles.
Aujourd'hui, nous savons que des camions qui transportent des marchandises d'un pays à l'autre brûlent des millions de tonnes de combustibles fossiles.
Aujourd'hui, nous savons que des avions qui transportent des marchandises d'un pays à l'autre brûlent des millions de tonnes de combustibles fossiles, et en plus ces avions brûlent des millions de tonnes de kérosène EN ALTITUDE : nous savons que c'est une catastrophe en ce qui concerne le dérèglement climatique.
Et pourtant, nous continuons à raisonner comme si le commerce international était bien.
Et pourtant, nous continuons à raisonner comme si le commerce international était bon.
Et pourtant, nous continuons à raisonner comme si le commerce international était une évidence.
En réalité, le commerce international accélère notre course vers la falaise.
Nous devons absolument mettre en question la notion même de commerce international. Nous devons commencer à réduire le commerce international. Nous devons multiplier les productions locales et nationales. Nous devons multiplier la consommation locale et nationale. Nous devons développer l'agriculture vivrière.
Un article historique :
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2376
Rédigé par : BA | 22 janvier 2009 à 07:15
Oui à la "Dé-mondialisation" !
Rédigé par : Modestine | 22 janvier 2009 à 09:25
Malakine,
Au plan théorique, ça tient debout.
C'est un peu comme le moteur à eau, que les services techniques de Giscard avaient "vérifiés".
Bien sur, COMMENT ça fonctionne dans le réel... c'est comme toutes les certitudes : Il suffit d'y croire !
COMMENT faire admettre par nos concurrents/adversaires qu'il faut continuer à nous acheter nos produits sans les surtaxer ?
COMMENT dans un pays qui ne va plus rien exporter (puisque nos concurrents vont bien sur nous taxer nos produits de la même façon), allons nous faire pour payer tous les produits que nous ne fabriquons plus et SURTOUT nos matières premières ?
D'autant plus que nos produits (chers) ne s'exporterons plus du tout, alors que les produits Chinois, taxés du même pourcentage continueront à êtres compétitifs.
Intellectuellement, je suis POUR le protectionnisme.
Encore faut-il en inventer un capable de fonctionner dans l'économie réelle.
En tant qu'ingénieur de recherche, je ne peux me contenter de suppositions :
Dans ton sujet tu n’en es même pas à la définition et donc très, très, loin de l’expérimentation. Tout juste à l'utopie.
Et crois moi, Malakine, je serais ravi que cela puisse fonctionner. Qui ne serait pas ravis que tu ais raison ?
Mais voilà, tout le monde peut expliquer POURQUOI un moteur à eau serait économique et non polluant...
Personne n'a encore pu expliquer COMMENT ça marche.
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 22 janvier 2009 à 11:53
Plutôt que de protectionnisme, la relocalisation serait le terme plus adapté, d'autant plus qu'il va dans le sens d'une baisse des transports et de ses nuisances écologiques, sans compter une limitation de la spéculation voir :
- Les monnaies locales un outil pour la relocalisation
http://jeanzin.fr/index.php?2009/01/21/166-interventions-publiques
Bernard Maris envisage aussi sérieusement cette approche.
Le fait est que rien a été sérieusement fait dans ce sens, on continue à touiller les vieilles controverses, combien de temps pour voir qu'elle sont des impasses ?
Rédigé par : olaf | 22 janvier 2009 à 12:39
Encore un plaidoyer accompagné d'une analyse sur les monnaies :
http://questionscritiques.free.fr/edito/George_Monbiot/monnaie_alternative_crise_du_credit_200109.htm
Rédigé par : olaf | 22 janvier 2009 à 12:54
@ BA
Est-on sûr qu'un marché continuental intégré génèrerait moins d'émissions de Co2 qu'un marché planétaire ? Je n'en suis pas convaincu.
D'autant plus que le but n'est pas de réduire l'intensité du commerce mondial. C'est - je le répète - d'éviter que les main d'oeuvre soient mises en concurrence les unes avec les autres.
@ Modestine
J'aime le mot
@ Ozenfant
Est-ce qu'un producteur de gaz ou de prétrole se fatigue à expliquer à ses clients que ses produits vont augmenter ?
Est-ce que tu as un exemple de produits que la France exporte parce qu'elle est le pays qui le produit au moindre coût ? Est-ce que tu crois vraiment que le facteur prix est déterminant dans nos exportations ?
Est-ce que tu crois que le gain réalisé par la production dans les pays à bas coût est intégralement répercuté au consommateur ? Qu'est ce qui détermine aujourd'hui le prix ? Le coût de production ou le prix que le consommateur est prêt à payer.
Est-ce que tu es si certain que cela que certains secteurs industriels aujourd'hui ne sont pas déjà protégé par des quotas ? Est ce que tu crois que le protectionnisme est si révolutionnaire que cela qu'il soit besoin de "l'expérimenter" ?
Est-ce que tu ne crois pas que tout cela est d'abords une affaire d'idéologie ?
@ Olaf
Je récuse complètement le terme de "relocalisation". C'est un terme lâche et creux. Il ne véhicule aucune valeur économique ni ne fait référence à aucune volonté politique. C'est le terme de ceux qui n'aiment pas la globalisation mais qui la perçoive comme une phénomène inéluctable, naturel, historique, auquel personne ne peut rien.
D'ailleurs généralement ceux qui parlent de relocalisation le font sur un mode prédictif ou incantatoire.
Rédigé par : Malakine | 22 janvier 2009 à 14:32
@Malakine
Excellent, comme souvent.
Je signale à ce propos les positions de gens comme J.Sapir ou J.L.Gréau qui proposent les concepts de néo-protectionnisme (qui n’est pas le même dans les 2 cas). En simplifiant, les pays auxquels on appliquerait, à la carte, des taxes pour leurs exportations , en recevraient une partie en retour afin de les aider à se mettre à niveau dans le domaine de la protection sociale, de l’écologie, …
Pour plus de détails voir sur Des sous… et des Hommes les émissions 142 et 153
Sinon, tu en as parlé à David ? ;-)
Rédigé par : RST | 22 janvier 2009 à 15:31
Article très pertinent.
Quand on voit qu'un keynesien de l'OFCE comme Xavier Timbeau réfute le protectionnisme, on se dit qu'il reste d'un chemin à faire.
Borloo avec sa fougue habituelle, a recemment déclaré qu'il était temps de passer du libre-échange au juste-échange, je pense que seul le protectionnisme de relance pourrait réaliser ce voeu.
Ressortir des cartons la fameuse taxe Lauré serait également de bon aloi pour accélerer le phénomène de relocalisation:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Taxe_Laur%C3%A9
On devra également sortir du dogme de la politique de concurrence en Europe en passant par une concurrence effective et loyale (real and fair) en lieu et place de la fameuse concurrence libre et non faussée.
Rédigé par : René Jacquot | 22 janvier 2009 à 15:50
Malakine,
Se braquer sur un mot sans aller voir ce qu’en disent ceux qui l’utilisent me parait relever d’un vrai dogmatisme, pour le coup on pourrait parler de rejet incantatoire. D’autant plus que les principes que ça regroupe la relocalisation vont bien au-delà de l’économie seule, mais s’étendent à l’écologie et au social, donc beaucoup plus systémique que ce qui est dit en économie en général.
Je trouve curieux cette attitude de vade rétro satanas qui consiste a y trouver des connotations de lâcheté et, encore plus absurde, de fatalisme face a la mondialisation. Cette dernière d’ailleurs ne peut pas être évoquée sur un mode prédictif puisqu’elle est déjà la, pour ceux à qui ça aurait échappé. Dire que c’est creux, c’est un peu rapide et pas très argumenté surtout au regard de ce qui a pu être développé ça et là, voir liens du dessus en autres.
Il y a là une somme de contresens invraisemblable.
Rédigé par : olaf | 22 janvier 2009 à 16:08
Malakine écrit : " Est-on sûr qu'un marché continuental intégré génèrerait moins d'émissions de Co2 qu'un marché planétaire ? Je n'en suis pas convaincu. "
Nous sommes bien d'accord. Un marché continental intégré génèrerait encore beaucoup trop de CO2. Aujourd'hui, il est suicidaire de fabriquer des produits manufacturés en Pologne, etc. et ensuite de les importer en France grâce à des centaines de milliers de camions. Je vous laisse imaginer l'impact de toute cette pollution sur le dérèglement climatique.
C'est pourquoi je n'ai jamais parlé d'un marché continental intégré. J'ai parlé d'un marché local et national.
Tôt ou tard, nous serons contraints de ne plus faire fabriquer nos produits à l'étranger. Tôt ou tard, nous serons contraints d'arrêter la mondialisation. Tôt ou tard, nous serons contraints de relocaliser.
Surtout : tôt ou tard, nous serons contraints de sacrifier des pans entiers de notre consommation actuelle (chocolat, café, bananes, ananas, etc.).
Pourquoi ? Parce que brûler des combustibles fossiles en faisant du commerce international est un crime contre les générations futures. Et parce que nous ne devons pas léguer à nos enfants une planète irrespirable et invivable.
Rédigé par : BA | 22 janvier 2009 à 16:48
@ Olaf
Qui a place le débat sur la sémantique ? Donc qui fait du dogmatisme ?
Oui ! Je maintiens que c'est un mot de lâches qui ne veulent pas se mouiller et qui ne contient aucune idée économique. Je sais bien que c'est un mot à connotation écolo ! Et alors ? Depuis quand les écolos sont-ils des adversaires du libre échanges ? Ils sont contre la notion même de frontières et d'Etat, ils ne peuvent pas être contre le libre échange et pour des protections commerciales. La concurrence des systèmes sociaux et le fait que ce soit le moins disant environnemental qui ait l'avantage. Ca, ça les dépasse ! Ce qu'il ne leur plait pas dans le libre échange c'est que les produits prennent le bateau ou l'avion, mais si ces véhiculent marchaient à l'énergie solaire, ils n'auraient plus rien à dire !
Excuse moi mais j'ai été adhérent chez les verts pendant quelques années à la fin des années 90 et je garde une certaine allergie à certains pans du discours écolo. Les monnaies locales solidaires, le retour au troc, les circuits courts, tout ces machins, en font partie !
@ BA
Tu m'as bien compris. La question des transports est un tout autre problème.
Rédigé par : Malakine | 22 janvier 2009 à 16:54
@Malakine, tu dis:
“Est-ce qu'un producteur de gaz ou de pétrole se fatigue à expliquer à ses clients que ses produits vont augmenter ? ” -->NON, mais il n’y a aucun rapport avec ce que je dis.
“Est-ce que tu as un exemple de produits que la France exporte parce qu'elle est le pays qui le produit au moindre coût ?” -->OUI, tous les produits agricoles et industriels.”
“Est-ce que tu crois vraiment que le facteur prix est déterminant dans nos exportations ? ” -->OUI, à part certains produits de luxe, et encore y a-t-il une limite. Si les prix de ventes n'avaient pas d'importance, et s'il suffisait d'augmenter son prix pour éviter la faillite... Tu ne penses pas que les industriels Français y auraient pensé avant toi ? Non ?
“Est-ce que tu crois que le gain réalisé par la production dans les pays à bas coût est intégralement répercuté au consommateur ?” -->NON, c’est précisément pourquoi il faut pénaliser fiscalement les C.A. et non les salaires.
“Qu'est ce qui détermine aujourd'hui le prix ? Le coût de production ou le prix que le consommateur est prêt à payer.” -->TOUT gestionnaire compétent passe sa vie à jongler entre ces deux facteurs : tantôt on vend un produit à prix (de revient) coûtant, tantôt on prend une grosse marge pour compenser. Tu as l’air d’ignorer que toutes les faillites que nous enregistrons, arrivent quand les prix de revient globaux de l’entreprise ne dégagent plus de marge…
Seuls les Hypermarchés qui font de l'accord illicite sur les prix des produits frais, répondent à ta vue des choses.
“Est-ce que tu es si certain que cela que certains secteurs industriels aujourd'hui ne sont pas déjà protégé par des quotas ?” -->NON car je ne suis certain de rien, et que cela ne peut être généralisé aux PMI/TPME, le plus grand employeur de France.
“Est ce que tu crois que le protectionnisme est si révolutionnaire que cela qu'il soit besoin de "l'expérimenter" ?” -->OUI, car "L'homme ne peut hériter du passé, il faut qu'il le recrée"…. tu voudrais que l’industrie Aéronautique revienne au dirigeable ? Sous prétexte que cela à déjà été expérimenté ???
“Est-ce que tu ne crois pas que tout cela est d'abords une affaire d'idéologie ? ”
-->OUI 100% idéologique, alors que De Gaulle te dirais avec juste raison que "Les plus nobles principes du monde ne valent que par l'action".
@Olaf,
Bernard Maris est certainement l’un des “experts médiatiques” les moins éloignés de l’économie réelle.
Et je suis d’accord avec toi : à ce jour, sur le sujet du protectionisme on en est resté aux voeux pieux incantatoires. Aucune proposition concrète, aucun cahier des charges chiffré encore moins d'expérimentation.
Avant les élections j'avais chiffré un programme de fiscalité qui "piquait" 15% aux importateurs et boites employant peu de personnel pour les reverser aux entreprises Françaises...
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 22 janvier 2009 à 17:36
Malakine,
Je ne vois pas en quoi la sémantique est un dogmatisme.
L’essai des monnaies locales est l’exact inverse de la lâcheté car jamais essayé a une échelle suffisante et avec la sophistication nécessaire, donc rien a voir non plus avec le troc des tribus.
Le principe de monnaie locale c’est bien de créer des zones économiques donc des frontières au niveau d’un département ou plus petit encore, donc rien de libéral.
La lâcheté c’est bien plutôt d’en rester au statut quo actuel, de surtout pas vouloir chercher plus loin que le bout de son nez et de ses schémas caricaturaux éculés, la démonstration de cette obsolescence se renforce année après année mais les tralalas des ritournelles sont inusables.
C’est sûr c’est plus simple de fredonner les chansons du top of the pop.
Assimiler le souci de l’écologie au parti écolo ça relève d’un enfermement de pensée qui veut tout ramener aux partis en compétition politique. A ce compte là, si les verts décident qu’il faut plus de centrales nucléaires, il ne faudrait pas le faire parce que c’est les verts qui le préconisent.
On est plus dans la réflexion mais dans le chamaillage entre chiens et chats bien
mis en pratique d'ailleurs par les écolos ou pas mal d'autres partis de gauche.
Rédigé par : olaf | 22 janvier 2009 à 18:34
@BA: Il y a une étude prouvant que les anglais émettent moins de CO2 en achetant des produits agricoles néo-zélandais qu'en les produisant eux-mêmes.
Le concept de food miles est tout simplement imbécile. La consommation en essence entre le lieu des courses et le domicile est généralement supérieure à celle nécessaire pour acheminer les marchandise sur plusieurs milliers de kilomètres, surtout si la marchandise a été acheminée par porte-container).
@Malakine:
Une dévaluation compétitive peut se justifier lorsqu'un pays est frappé par une crise tandis que ses voisins ne le sont pas.
En revanche, lorsque vous parlez de construire sa compétitivité sur la pauvreté, je trouve que cela s'applique plutôt mieux à l'Allemagne, qui comme vous le mentionnez, a réduit les salaires, tout çà pour que les milliardaires étrangers puissent payer moins cher leur Mercedes.
Pour ce qui est des pays de l'est, c'est normal que leurs travailleurs aient des salaires moindres puisqu'ils sont moins productifs. Ils peuvent espérer rattraper plus rapidement les pays occidentaux en copiant plus rapidement nos structures productives. Ce n'est pas le cas de l'Allemagne.
Quant au protectionnisme coopératif de relance, si on peut espérer qu'il y ait une redistribution vers les ménages ayant une plus forte propension à épargner (dans les pays développés), il aurait augmenterait les coûts plus rapidement que les et aurait donc un effet dépressif.
Rédigé par : jean | 22 janvier 2009 à 23:54
@Malakine
Je rejoins dans un sens l’idée émise par Gilbert Sorbier. C’est au sujet de ce protectionnisme, je n’arrive pas à voir concrètement comment on va l’appliquer.
Pour cela j’utiliserais l’exemple de la dernière phrase :
"Que les américains décident de protéger leur industrie automobile n'est pas un problème pour nous. Ils peuvent continuer s'ils le veulent à rouler dans des monstres préhistoriques consommant 20 ou 30 litres au cent. L'essentiel est qu'ils retrouvent de vrais emplois et des salaires de bon niveau pour nous acheter des parfums, du vin ou des centrales nucléaires."
Ok, il protège leur industrie automobile, mais que se passe t il si je veut acheter une Lexus hybride provenant du Japon et que Toyota ne veut pas installer une usine dans chaque pays fermer pour une question d’investissement/capacité ?
Si je comprends bien, cette voiture bien que technologiquement plus avancés sera surtaxer afin de protéger les salariés américains.
Leurs enfants finiront en Traban comme en Allemagne de l’est mais les plus riches auront des voitures avec airbags :-)
Petite anecdote : Les voitures étrangères étaient surtaxer (plus de 100%) en Chine, mais cela n’as pas empêcher les succès fulgurants des modèles hauts de gammes allemands.
Et au sujet de la mémoire vive de mon ordinateur.
Fabriqué à Taiwan car elle n’est pas fabriquer localement, elle sera sur taxer ?
Si c’est oui, les ordinateurs seront plus cher (j’exagère mais quid pour l’accès à Internet pour les bas revenus)
Si c’est non, cela veut dire que nous aurons choisi de donner ce secteur au taiwanais.
Bon, il est clair que nous n’avons pas ce savoir faire, mais comment on détermine les secteurs d’activités à taxer,surtaxer ?
Il est clair que si l’on doit protéger, nous devrons mettre le paquet en recherche et développement.
Rédigé par : Abdel | 22 janvier 2009 à 23:56
@ Jean
Vous avez mis le doigt sur un point important qui prouve que vous n'avez pas compris. Vous présumez que les pays à bas coûts sont dans une logique de rattrapage des salaires. Or, ce n'est pas ce qui sa passe. Comme je le dis dans le billet, les "tigres" irlandais, baltes et d'Europe centrale, qui ont fondé leur croissance sur le dumping ces dernières années sont les premiers à souffrir de la crise. Si on faisait des études, je suis sûr qu'on constaterait que l'économie résidentielle, celle qui se développe avec les revenus induits par l'économie productive et celle qui est moins soumise à la conjoncture ne s'est pas développée. Parce que les salaires étaient insuffisants. C'est parfaitement logique. Lorsque vous attirez des emplois parce que votre main d'oeuvre est la moins chère, vous faites tout pour qu'elle le reste. Le libre échange, au lieu de pousser au rattrapage, maintient au contraire les économies sous une extrême pression salariale.
Je n'ai rien compris à votre dernière phrase. Elle semble signifier que vous voulez faire une redistribution vers les ménages les plus riches !
@ Abdel
Dans l'exemple tu es américain, n'est ce pas ? Donc, tu as le choix. Soit tu n'as pas d'emploi ni allocation chomage parce que ton économie n'est plus compétitive et tu gardes ton vieux pick up gourmant tant qu'il roule. Soit tu as un emploi pour fabriquer des 4*4 correctement payé (à supposer que tes compatriotes continuent d'acheter ce genre de véhicule) et tu peux, si tu le souhaite, acheter une Prius d'importation ou fabriquée sur place.
Serait-elle plus chère ? Telle est bien la question, mais il faut comparer le prix de ta Prius à ton salaire et aux prix des voitures fabriquées localement. Le but d'une politique protectionniste étant de ramener le prix des produits importés aux coûts de production locaux, l'écart de prix entre la Prius de tes rêves et la cadillac que tu fabriques sera uniquement celui de la technologie ajoutée. D'ailleurs, si les coûts de productions (salaires + charges + monnaie) de la Prius est comparable à celle de ta cadillac, il n'y aura pas lieu de la taxer.
L'exemple est meilleur avec la barrette de mémoire vive. Effectivement la question est de savoir si l'on veut développer ou non cette activité sur place.
Si on ne veut pas la développer et la laisser aux taiwanais, alors le prix reste inchangé. On ne va pas taxer par plaisir des produits qu'on ne produit pas. Cela vaut également pour les matières premières et le pétrole ... Par contre si on veut développer cette activité, alors effectivement la barrette sera plus chère. C'est évident. Mais attention ! La production faite sur place crééra des emplois, des revenus, de la richesse et des ressources fiscales. Cela aura donc un effet intéressant sur tes cotisations sociales et sur tes impôts.
On voit bien l'arbitrage qui est sous jacent dans le débat libre échange - protectionnisme.
Le libre échange privilégie le consommateur et l'actionnaire en recherchant les coûts et les prix les plus bas, au détriment des salaires ainsi que des Etats qui sont obligés d'indemniser les perdants, c'est à dire de compenser les salaires (PPE exonérations de charges ...) et de s'asseoir sur des rentrées fiscale qui auraient du être induites par la base productive devenue non compétitive et donc délocalisée. J'insiste sur ce point : Pourquoi a t-on autant de dettes ? Parce que le travail et le capital sont devenus mobiles et que les Etats ne peuvent pas les taxer autant qu'il en aurait besoin sous peine d'exode. Fixer le travail revient également à fixer le capital productif, ce qui permet les Etats de revenir aux politiques fiscales qui étaient les leurs avant le libre échange.
Le protectionnisme privilégie au contraire le salarié et les ressources fiscales, car, par construction, la base productive doit permettre d'occuper toute la population active. Les prix sont plus élevés, mais les salaires aussi. Au final ce qui importe c'est l'équilibre entre ces deux termes et la capacité d'une société à produire des richesses. Le drame des pays développés dans un schéma de libre échange, c'est leur base productive s'est sérieusement érodée. Quand je parle de base productive, je ne parle naturellement pas de banque de finance, d'immobilier ou de services à la personne, mais d'activité ou l'on apporte une réelle valeur ajoutée et où l'on peut faire de vrais gains de productivité. La source de la richesse est là et nulle par ailleurs.
Comment détermine donc les secteurs d'activité à taxer ? Mais c'est un choix politique ! Depuis la création de l'Europe on a fait le choix de protéger notre agriculture et depuis 30 ans on a fait le choix de sacrifier l'industrie. C'est un choix ... Après, au sein de l'industrie on peut privilégier tel ou tel secteur. On peut d'ailleur se demander si on a bien fait de se spécialiser sur l'automobile et l'aéronautique tout en faisant une croix sur l'électronique, mais c'est une autre affaire...
Rien empêche par exemple de remettre des quotas et/ou des droits de douanes sur le textile et parallèlement de conférer des rabais ou des droits supplémentaires à telle zone partenaires, comme le Maghreb pour favoriser son développement. Rappelons en effet que c'est le Maghreb qui a le plus souffert de la suppression des quotas de textile chinois et que ceux qui en ont le plus bénéficié fûrent les importateurs et les distributeurs, bien davantage que les consommateurs.
Enfin sur la R et D, je crois que toutes les économies ont intérêt à mettre le paquet sur la R et D !! Reste à savoir si on a les moyens de pousser à l'investissement et à l'innovation, ce qui nous ramène à l'arbitrage entre les dépenses passives destinées aux perdants du système et aux dépenses offensives destinées à préparer l'avenir. Aujourd'hui, ce genre de discours relève de l'incantation. Les Etats, écrasés de dettes et de dépenses sociales, n'ont plus les moyens d'investir.
Rédigé par : Malakine | 23 janvier 2009 à 00:43
@ Abdel (et Gilbert, et tant d'autres, pas nécessairement ici)
Bien sûr que l'informatique serait plus chère si on appliquait des mesures protectionnistes. La question n'est pas là. Elle est d'un autre ordre. Je la poserais plutôt dans ces termes : est-ce que vous préférez acheter cinq barrettes de RAM fabriquée par des gosses de huit ans ou une barrette fabriquée dans d'autres conditions, plus en adéquation avec nos valeurs (en tout cas avec les miennes) ?
Je sais qu'il est très à la mode actuellement de parler de la "moralisation du capitalisme" tout en regardant avec une indifférence bienveillante, sur notre écran de télévision, nos esclaves mondialisés se dissoudre dans le sirop de notre baxter d'anxiolytique. C'est vrai que ça ne mange pas de pain de parler de morale et de décence dans une société fondée sur l'exploitation et l'avidité.
Ne venez pas me dire que ce n'est pas le sujet. Quand vous demandez : "quid pour l’accès à Internet pour les bas revenus ?", je suis d'accord avec vous, mais... Posons-nous une autre question dans le même registre : "quid de nos esclaves asiatiques ?"
Si on parle de moralisation , il faudrait peut-être commencer par regarder dans notre propre assiette, chacun d'entre nous à sa propre échelle. Moi aussi, bien entendu.
Je précise à tout hasard, pour éviter les malentendus, que je ne suis pas un "bobo" (l'expression fétiche de l'aspirant-bourgeois dont les aspirations ont été déçues), que j'ai souvent beaucoup de mal à payer mon loyer et que je profite, comme beaucoup d'entre nous, des prix dérisoires du matériel informatique. Et ensuite ?
Vous seriez prêt à regarder dans les yeux le gosse qui a fabriqué votre barrette de RAM et à lui dire que la mondialisation est formidable, vous ? Moi pas. Vous non-plus probablement. Il y a une telle distance entre nos discours de consommateurs occidentaux et ce que ces discours impliquent en terme d'exploitation et de cynisme, qu'il nous serait impossible de tenir ces propos sur la "défense des ménages à bas revenus" en regardant en face un gosse indien qui bosse dans les usines où ces produits sont fabriqués... Sans compter ceux qui ont perdu leur emploi dans nos pays parce que ce qu'on les a remplacés par un personnel moins gourmand.
Quand on parle de globalisation et de protectionnisme, c'est de ça qu'il est question. Le libéralisme a produit des consommateurs complètement détachés des produits qu'ils consomment, des colonisateurs anti-coloniaux, des esclavagistes anti-esclavagistes, des socialistes abonnés à "60 millions de consommateur",...
Le protectionnisme n'est certainement pas une panacée (et il enfanterait sans aucun doute d'autres formes d'exploitation, étant donnée la beauté de la "nature humaine", ce cache sexe pour la rationalisation moralisatrice de nos pulsions animales les plus primaires), mais il aurait au moins l'avantage de mettre ces hypocrisies à jour. Il permettrait d'enseigner aux bienheureux consommateurs à bouche en cul de poule de notre vertueuse civilisation d'abondance que les bonnes affaires qu'ils faisaient à l'époque bénie de la globalisation n'étaient au fond pas très différentes de celles que faisaient les planteurs de coton d'Alabama ou les propriétaires terriens du Moyen-Âge...
La seule différence, c'est que nous ne sommes jamais en contact direct avec nos esclaves. C'est beau, le progrès.
Rédigé par : M'ENFIN! | 23 janvier 2009 à 03:30
Nicolas Dupont-Aignan ne propose pas la recherche de la compétitivité monétaire en soi. Il souligne simplement que la surévaluation de l'Euro s'ajoute aux déséquilibres du libre-échange et il voit dans la recherche d'une parité plus avantageuse une solution rapide pour limiter la casse. Mais évidemment, la construction d'un protectionnisme tel que le préconise Emmanuel Todd a sa préférence. Je pense que dès son retour de vacances, Laurent Pinsolle, plus pointu que moi sur le sujet et qui a, je le pense, davantage échangé avec NDA que je n'ai pu le faire sur ce thème, pourra le confirmer.
Rédigé par : David Desgouilles | 23 janvier 2009 à 08:25
Pas beaucoup de temps pour commenter dans le détail.
Sur le fond en accord avec l'esprit et le corpus d'argumentation qui l'accompagne (en incluant le dernier post du maitre des lieux).
Je regrette juste que l'idée d'accords bilatéraux mutuellement profitables car complémentaires ne soit pas d'avantage associé à la réflexion.
J'ai tjs pensé qu'il y avait là une piste à suivre, et me suis tjs réjouit des expériences allant en ce sens pratiquées en Amérique Latine.
peut être une piste à rajouter et approfondir.
Saludos del Atlantico Sur.
Rédigé par : ETDAS | 23 janvier 2009 à 13:12
Jean écrit : " Il y a une étude prouvant que les anglais émettent moins de CO2 en achetant des produits agricoles néo-zélandais qu'en les produisant eux-mêmes. Le concept de food miles est tout simplement imbécile. La consommation en essence entre le lieu des courses et le domicile est généralement supérieure à celle nécessaire pour acheminer les marchandise sur plusieurs milliers de kilomètres, surtout si la marchandise a été acheminée par porte-container. "
Prenons votre exemple de la Nouvelle-Zélande. Un agriculteur produit 100 kilos de kiwis quelque part dans la campagne en Nouvelle-Zélande. Des camions doivent venir chercher ces kiwis. Les camions doivent ensuite les amener au port le plus proche. Les kiwis sont chargés dans un bateau. Le bateau quitte le port de Nouvelle-Zélande. Le bateau navigue en brûlant des milliers de litres de combustibles fossiles. Le bateau effectue un trajet de plusieurs milliers de kilomètres. Le bateau arrive en France. Les kiwis sont déchargés dans le port de Boulogne-sur-Mer par exemple. Des camions emportent ces kiwis dans des hypermarchés de Clermont-Ferrand par exemple.
Combien de milliers de litres de combustibles fossiles ont-ils été brûlés ?
Ne vaudrait-il pas mieux consommer les kiwis produits en France ?
Rédigé par : BA | 23 janvier 2009 à 14:28
Certains d'entre vous (je pense en particulier à Laurent) pourraient être intéressés par les dernières réflexions de Philippe Grasset, qui établit un lien entre les résistances anti-impérialistes de type Hammas et le Gaullisme... Surprenant mais pertinent.
http://www.dedefensa.org/article-la_g4g_est-elle_gaulliste_23_01_2009.html
Rédigé par : M'ENFIN! | 23 janvier 2009 à 14:42
@BA
La pollution engendrée par la consommation de produits agricoles ne se limite pas au transport de ses marchandises mais elle comprend aussi (surtout) l'utilisation de tracteurs, de produits phyto-sanitaires et de l'irrigation (toutes émettrices de CO2). Cultiver une plante dans une région peu favorable implique d'augmenter les trois items précédent et donc d'émettre plus de CO2.
Quant à la viande, il faut alimenter les animaux, bien souvent avec des produits agricoles.
Si vous voulez vraiment être écolo, devenez végétalien (pas de produit laitier non plus), ou tout au moins contentez-vous de volaille qui ont un meilleur rendement.
Rédigé par : jean | 23 janvier 2009 à 18:04
@Malakine,
Tu as raison, les états qui peuvent mettre le paquet sur la R et D, sont les pays disposants de liquidités, donc la Chine et l’Inde, dont les ingénieurs sont de plus en plus cotés dans le monde. Les États, écrasés de dettes et de dépenses sociales, n'ont plus, comme tu le dis les moyens d'investir… ni dans la RD, ni dans l’enseignement.
@M'ENFIN! ,
Vous dîtes : “C'est vrai que ça ne mange pas de pain de parler de morale et de décence dans une société fondée sur l'exploitation et l'avidité.”…
C’est tout à fait mon avis : Les conseilleurs sont rarement les payeurs, ainsi une copine à moi “écolo”, reconnaît t’elle l’incompatibilité de l’augmentation de la population mondiale avec la sauvegarde écologique de la planète… mais veut beaucoup d’enfants. Altruiste pour soi même et égoïste pour les autres, tel semble être le double langage permanent de l’occident !
Vous dîtes aussi : “La seule différence, c'est que nous ne sommes jamais en contact direct avec nos esclaves. C'est beau, le progrès”. C’est précisément ce que j’ai toujours inculqué à mes enfants !
Les papiboumeurs soixante-huitards se sont éclatés comme des bêtes pendant les 30 glorieuses, puis quand l’économie s’est détériorée, ils n’ont pas daignés adapter : ni la fiscalité aux nouvelles contraintes, ni notre social (donnant plus aux privilégiés qu’aux travailleurs pauvres) au budget de l‘état, préférant se dire : “Après moi le déluge, nos enfants paieront pour notre bon temps” : Les voilà vos bobos !
Par contre nos esclaves asiatiques sont très conscients qu’ils le sont, mais aussi conscients que grâce à eux, nos enfants seront les esclaves de LEURS enfants, c’est pourquoi, sans tomber dans des excès idéologiques utopiques (pléonasme), il est temps de s’occuper de freiner la chute de notre économie réelle, car si vous attendez que les Chinois de 2030 nous accordent autant de compassion que vous leur en accordez… j’ai bien peur que vous ne tombiez de haut ! lol
@David Desgouilles,
J’ai lu les 101 propositions de NDA, qui sont certainement bien meilleures que celles des tous les autres états majors politiques. Dîtes lui plutôt de se rapprocher des gestionnaires de grosses PME exportatrices pour connaître les blocages fiscaux, administratifs et légaux qui empêchent leur développement, ce sera plus efficaces que les continuels plans sur la comète des gens qui, n’ayant jamais pratiqué l’économie réelle, prétendent les régenter.
@BA,
Bien sûr qu’il est plus économique de consommer des Kiwis Français, votre exemple est parfait !
C’est pour cela qu’il faut taxer les chiffres d’affaires (y compris des importateurs de kiwis) et compenser (pour le social) en diminuants les taxes sur les salaires des travailleurs français. Ça, c’est du protectionnisme pragmatique, autorisé par Bruxelles et applicable immédiatement… à la De gaulle, quoi !
Merci pour le lien, avec de.defens.org toujours passionnant.
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 23 janvier 2009 à 19:23
Jean écrit : " La pollution engendrée par la consommation de produits agricoles ne se limite pas au transport de ses marchandises mais elle comprend aussi (surtout) l'utilisation de tracteurs, de produits phyto-sanitaires et de l'irrigation (toutes émettrices de CO2). Cultiver une plante dans une région peu favorable implique d'augmenter les trois items précédent et donc d'émettre plus de CO2. Quant à la viande, il faut alimenter les animaux, bien souvent avec des produits agricoles. "
Mais je n'ai jamais dit qu'il fallait cultiver une plante dans une région peu favorable !
J'ai dit seulement ceci : nous devons maintenant modifier notre consommation. Nous devons commencer à consommer ce qui peut être produit localement, régionalement, nationalement. Nous devons commencer à consommer ce qui peut être produit en France.
En revanche, nous ne devons plus importer ce qui est produit en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Indonésie, en Chine, etc.
Bien entendu, le fait de ne consommer que ce qui est produit en France ne supprime pas 100 % de la pollution.
Mais au moins, ça supprime la pollution causée par le transport de ces produits. Ca supprime la pollution causée par les bateaux qui brûlent des combustibles fossiles, par les camions qui brûlent des combustibles fossiles, et surtout par les avions qui brûlent des combustibles fossiles EN ALTITUDE.
Pour la viande, c'est pareil. Il ne s'agit pas d'arrêter de manger de la viande. Il s'agit d'arrêter d'IMPORTER des milliers de tonnes de viande (des moutons de Nouvelle-Zélande par exemple).
Nous devons commencer à ne consommer que de la viande produite en France. De la même façon, nous devons aider les agriculteurs français à nourrir leurs animaux avec des produits qui viennent de France. Nous devons arrêter d'IMPORTER des milliers de tonnes de soja (du Brésil par exemple).
Bref, à chaque maillon de la chaîne, nous devons commencer à TOUT relocaliser. Nous devons développer chez nous l'agriculture vivrière.
Nous devons commencer à rapatrier les entreprises que nous avons délocalisées, notamment parce que les coûts de transport vont augmenter dans les décennies qui viennent.
Dans les décennies qui viennent, les coûts de transport seront tellement élevés qu'il ne sera plus rentable de faire fabriquer nos produits industriels en Chine, puis de les importer.
Rédigé par : BA | 23 janvier 2009 à 21:33
BA,
Gaffe, c'est les lâches qui parlent de relocalisation...
Rédigé par : olaf | 23 janvier 2009 à 21:51
@Malakine,BA:
Pour les kiwis, je ne sais pas puisqu'apparemment le climat français n'est pas défavorable aux kiwis (la France en est le 4e producteur mondial).
En revanche, produire des tomate sous serre en Hollande est clairement plus polluant que les produire en Espagne, car il faut chauffer les serres.
Rédigé par : jean | 23 janvier 2009 à 22:05
@Malakine
Vos arguments tiennent la route cependant dans la pratique, attendez vous à de la grosse résistance. Les multinationales ont pris pour paramètre la situation actuelle et ont bâtis leur stratégie dessus.
Un changement nécessitera une forte volonté politique, cohérente et qui dure.
Si le prochain gouvernement le défait, ce n’est pas la peine (investissements dits lourds).
De plus, il faudra s’attendre à voir des diplomates se plaindre dans les bureaux du premier ministre :-)
Ex : Renault impose à son sous traitant de pièces plastiques de produire en France, donc fermeture de l’usine en Croatie (par manque de demande interne).
A cela, le fait que les modes de développement et de production sont devenus complexes.
Sans vouloir entrer dans les détails, je peux prendre l’exemple des informaticiens indiens a qui je vais demander un programme pour un projet en France (aucun transfert matériel).
@ M’ENFIN
Je suis conscient de ne pas vivre dans un monde de bisousnours.
L’accident de Bhopal en Inde en est un exemple.
(tuant entre 16 000 et 30 000 personnes tandis que son PDG de l'époque, Warren Anderson, est accusé d'homicides pour cette catastrophe et vit paisiblement a Long Island dans l'état de New York) :
http://www.dailymotion.com/video/x7v5md_the-corporation-vost-fr_shortfilms
(Vidéo un peu longue (1h50) sur les multinationales)
A chaque fois que je vois des chemises du Bangladesh, l’image des petits enfants me vient instantanément.
Cependant, nous avons tellement délocaliser (voir la ville de Roubaix) que certains objets (type chaussure de sport) ne sont fabriquer que dans les pays "low-cost".
(Le langage est à changer aussi, ex : Quel est le pourcentage de low-cost dans votre business plan, car nous voulons * % dans ce projet).
*mettre le chiffre que vous voulez
PS : Les cartes graphiques, cartes mères etc… sont un domaine de prédilection de Taiwan.
Taiwan en 2007 est 16eme en PIB par Habitant, au niveau de l’Italie
@jean
"Made in Germany " du britannique Ernest Edwin Williams qui se plaint du "dumping" de l’Allemagne en commencent par s’en prendre à son stylo d’origine allemande.
Livre écrit en 1896 jusque après la longue dépression de 1873 (crise du crédit comme aujourd’hui)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_d%C3%A9pression_1873_%C3%A0_1896
Rédigé par : Abdel | 23 janvier 2009 à 23:15
@BA
Pour le mouton, on manque de place pour les nourrir et il faut donc utiliser des engrais et des tracteurs pour produire du fourrage pour l'hiver.
Si vous en voulez plus, allez ici:
http://dx.doi.org/10.1021/es702969f
http://www.reason.com/news/show/129855.html
http://www.newyorker.com/reporting/2008/02/25/080225fa_fact_specter
@Abdel: Je ne me plains pas des allemands. Après tout si le gouvernement allemand veut faire des cadeaux à nos millionnaires, c'est leur problème et ils finiront par se lasser de ce petit jeu et c'est vrai qu'en comprimant les salaires, ils arrivent à avoir un peu moins de chômage.
Pour ce qui est de 1896, l'Allemagne termine alors sa phase de rattrapage, comme les pays de l'est actuellement, c'était donc le pays à bas coûts de l'époque. Au cas où vous ne l'auriez pas compris, je défends les pays de l'est.
Rédigé par : jean | 24 janvier 2009 à 01:01
@Malakine
je me permets de mettre un lien vers l'intervention de Larrouturou sur ce Sujet. C'est forcément court, c'était au congrès de Reims : http://www.nouvellegauche.fr/blog/2008/12/21/le-bon-et-le-mauvais-protectionnisme/
Rédigé par : marc vasseur | 24 janvier 2009 à 08:33
Et si nous parlions de ce que nous ne maîtrisons pas ?
Et si nous parlions de ce que nous ne maîtriserons jamais ?
Et si nous parlions de LA GEOLOGIE ?
En clair : le pétrole est en quantité limitée.
Je répète donc que, dans quelques décennies, voire dans trois décennies selon certains géologues, le pétrole et ses dérivés seront hors de prix. Il ne sera plus rentable de fabriquer ceci à Taiwan, cela en Chine, puis de les importer en France.
La géologie joue contre la mondialisation.
Le temps qui passe joue contre la mondialisation.
La relocalisation de nos entreprises industrielles n'est qu'une question d'années.
Le retour de l'agriculture vivrière en France n'est qu'une question d'années.
Seuls les produits immatériels continueront sans doute à être produits à l'étranger. Par exemple, Abdel évoquait les programmes informatiques qu'il vient de commander à des informaticiens indiens. Tout ça, ça ne nécessite pas de coûts de transport. Tout ça, ce n'est pas concerné par la fin du pétrole.
Même si nous n'en avons rien à foutre de l'écologie, même si nous n'en avons rien à foutre du dérèglement climatique, même si nous n'en avons rien à foutre de la pollution, la fin du pétrole va nous forcer à changer COMPLETEMENT notre production industrielle.
De même, la fin du pétrole va nous forcer à changer COMPLETEMENT notre consommation actuelle.
Malheureusement, nous ne pouvons pas agir sur la géologie. Nous vivons dans un monde fini. Nous vivons dans un monde de matières premières limitées. Nous vivons dans un monde dans lequel les matières premières ne sont pas extensibles à l'infini. Bientôt, nous vivrons dans un monde de ressources rares.
Rédigé par : BA | 24 janvier 2009 à 08:55
@BA:
Parce que vous croyez que l'informatique ne pollue pas? Elle consomme déjà 1 à 2% de l'électricité mondiale, qui n'est pas forcément produite proprement (genre centrale au charbon). Et puis, pour poser et entretenir des câbles trans-océaniques (ou lancer des satellites), vous faîtes comment? Et pour produire des semi-conducteurs, du métal, le plastique, vous le faîtes sans carbone peut-être. L'immatériel est polluant comme le reste.
Que çà vous plaise ou non, le commerce permet de produire plus avec moins de ressources. Ce serait effectivement mieux si le transport aérien et maritime était taxé comme le reste, tout comme le diesel et le carburant pour les agriculteurs et les pêcheurs.
Rédigé par : jean | 24 janvier 2009 à 11:09
@BA,
Votre démonstration et d’une vérité criante et d’une démonstration biblique.
Qui pourrait ne pas comprendre POURQUOI il faudrait faire ce que vous proposez ?
Qui ne souhaite pas que la France stoppe de brader ses savoir faire ?
Là-dessus je suis théoriquement d’accord avec tout ce que vous dîtes.
En ce moment je commence à plancher sur un projet de recherche pour l’amélioration du confort et de la sécurité d’un certain type de véhicule qui possède une technologie vieille de 90 ans : Tout le monde comprend POURQUOI il est d’une vérité criante de vouloir améliorer le confort et la sécurité en améliorant une technique vieille de 90 ans et obsolète.
Ce qui demande des compétences : de lister les causes précises du disfonctionnement de la pratique actuelle, puis de discerner COMMENT on peut bâtir un projet précis avec un cahier des charges chiffré des améliorations. Il ne suffit pas de subodorer pourquoi l’État actuel des choses est périmé, encore faut-il aussi savoir comment (et donc s’il est possible de) bâtir une alternative crédible.
DE GAULLE ait bien compris cela, quand il disait : "DES CHERCHEURS QUI CHERCHENT, ON EN TROUVE, MAIS DES CHERCHEURS QUI TROUVENT, ON EN CHERCHE"
Il en va de même pour l’économie réelle française, pour être sérieux, un projet doit lister tous les freins, blocages, concurrences indues et inepties que rencontrent les entrepreneurs d’un pays pour créer une société, pour la développer, pour embaucher, pour motiver ses troupes, etc. Il n’est pas réaliste de proposer des POURQUOI, si l’on ne connaît pas les COMMENT, car des seconds, dépendent la pertinence des premiers. Voilà pourquoi Esther Duflo introduit l’économie scientifique : http://www.independent.co.uk/news/world/europe/step-aside-sartre-this-is-the-new-face-of-french-intellectualism-1332028.html.
Pour ce qui est de votre post de 08:33, je partage aussi votre opinion.
@Vasseur,
Larrouturou ne connaît pas plus que les autres, les blocages, entraves et obstacles ubuesques qui empêchent CEUX des entrepreneur français qui veulent se développer, de le faire.
Mais il a le mérite de dire la vérité sur les rapports avec la Chine.
Le problème étant que la France toute seule ne fera pas plier Pékin, ce doit être une attitude unanime des 27... Autant rêver que le moteur à eau de mer voie le jour !
Ne devrions nous pas commencer par balayer devant notre porte ?
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 24 janvier 2009 à 11:37
@Gilbert Sorbier
La tête de liste aux européennes dans le Grand Est sera justement le Président du club des n°1 à l'exportation, Jean-Pierre Gérard, lequel fut aussi le principal contradicteur de Trichet au Conseil de la Politique Monétaire entre 1994 et 2000.
Rédigé par : David Desgouilles | 24 janvier 2009 à 12:03
Oz,
Le fait est que la RD dans l'industrie est un sujet très mal traité, ils mettent des années à se décider, marketing, de l'intérêt d'un nouveau développement et quand ils se sont décidés ils veulent le truc tout de suite. Ils n'ont aucune conscience du temps qu'il faut et de l'état d'esprit nécessaire pour mettre au point du nouveau qui marche.
Quand on voit aussi l'état de la recherche publique c'est pas terrible non plus. A un moment où il faudrait revoir complètement la façon d'innover et y mettre les bouchées doubles, on fait l'inverse.
Donc ça semble pas pour demain les technos moins polluantes, plus efficaces, en attendant le temps court et la baisse des stocks de matières premières ou la montée des stock de déchets courent aussi.
La polycrise actuelle devrait pourtant être le moment d'une remise à plat de pas mal de choses. Nous vivons une époque apocalyptique au sens étymologique grec du terme : la levée du voile. La crise financière en est un exemple, quand la mer est basse on peut alors repérer tous les déchets qui y ont été jetés : Madoff, titres pourris, agences de notation vérolées et ce qui résume tout ça, le trafic d'influence, la collusion.
Rédigé par : olaf | 24 janvier 2009 à 12:26
Bavo et merci à tous pour ce débat, dont on peut désormais espérer qu'il dépasse le cadre limité de quelques blogs, netnews (Marianne2, merci malakine) ou think-tanks (La Forge). Il me semble que nous vivons les prémisses de ce grand moment. J'ai hâte !
Passons sur le sidérant phénomène de diabolisation du mot "protectionnisme", dont chaque minute sur les médias nous donne maints exemples. A ce niveau, l'obssession me semble plutôt relever de l'exorcisme, ce qui, en soi, est déjà un progrès ! Le pitoyable Luc Ferry, sur LCi ce midi, a donné encore un atterrant exemple de cécité. Ce qui, pour un philosophe, est le comble !
Sur le fond, quelques remarques, en complément :
> sur les rétorsions éventuelles : Il convient de les apprécier à l'aune de leur impact réel. La France par exemple, destine 64% de sa production (secteur marchand) , à sa consommation intérieure. 18 autres poucent sont destinés à la zone euro. 5% encore, au reste de l'UE, et encore 5%, à la "grande Europe", entendue comme incluant les anciens pays du bloc soviétique et le Magreb. Soit 92% au total, destiné au "marché intérieur" de l'Europe continentale, au sens "Toddien" du terme, c'est à dire ce grand marché à vocation de libre-échange intérieur, au sein duquel s'équilibrent des puissance "en devenir" et des pays développés, unis par des antécédents culturels communs.
Restent donc 7 à 8% d'exportations "sensibles" aux rétorsions éventuelles. Ce qui, on en conviendra, est déjà peu. Craindre leur suspension brutale, c'est faire peu de cas de la réalité d'une négociation commerciale, qui n'est pas dictée uniquement par la recherche de l'avantage coût. Croit-on par exemple, que la Chine mettra 100% sa flotte aérienne entre les mains du seul Boeing ? Ou 100% son nucléaire, à la merci de la seule GE, par exemple ? Non, bien sûr. Les équilibres géopolitiques sont parfois d'utiles contrepoids à la théorie du marché "pur et parfait". A ondition d'accepter le principe d'une négociation s'établissant en termes de rapports de force, et non pas dans une tension irénique vers un libre marché théorique. De ce point de vue, l'analyse d'un Hubert Védrine est d'une grande pertinence. En bref, sur les 7 à 8% "fragiles", que risque-t-on , Quelques points , au pire ?
> L'Europe est désormais (et, je crois, pour longtemps), le seul espace économique développé, en terme de demande solvable, de technologie, de productivité. Les USA ne joueront plus jamais ce rôle, leurs fondamentaux (démographiques, sociaux, éducatifs, culturels et DONC économiques) les en écartent pour longtemps. Il convient maintenant de prendre en compte ce fait, au moins au niveau des scénariis pour l'Europe. Je sais que c'est intellectuellement difficile, pour des décideurs habitués à considérer le dogme de la toute-puissance américaine comme un postulat. Admettre que l'Europe est, aujourd'hui (et sous réserve de ses divisions actuelles) un "objet de désir" pour le monde entier. Le seul, sans doute, pour longtemps.
> Le débat sur la nocivité d'un protectionnisme à base de barrières fiscales ou tarifaires, me semble, relever d'une pensée monétariste résiduelle. Il est évident que toute barrière tarifaire se heurterait à la dévaluation compétitive de la nation contrepartie. Sans exclure totalement l'arme fiscale, il conviendrait donc de se doter aussi d'instruments de régulation "physiques" : quotas, contingentements ... La traçabilité de l'ensemble du commerce international le rend possible. Et l'effet -rapide- sur la re-localisation des production, indispensable
Pour l'anecdote, se souvient-on que c'est le contingentement des importations de voitures japonaises qui a conduit Toyota à installer à Valenciennes, en 1998, l'usine de fabication de la Yaris, seul moyen pour le constructeur de pénétrer le marché européen ? Ce qui est précisément l'effet recherché : re-localiser les productions sur le lieu de consommation, par l'importation de know-how, laquelle ne coûte pas un gramme de CO2 !
Pour l'anecdote encore, au temps -déjà éloigné- de ma maîtrise d'économie, j'avais produit un travail sur la politique de Hjalmar Schacht, ministre allemand de l'économie entre 1934 et 1937, et artisan réel du redressement allemand, par l'application d'un politique d'échanges-matières innovante et couronnée de succès. Ce travail s'est perdu, hélas (c'était avant l'ordinateur), ce qui n'est peut être pas un mal, tant le seul nom de ce remarquable ministre suffirait, à lui seul, à en discréditer l'auteur !
Rédigé par : eirean | 24 janvier 2009 à 15:51
Merci David,
Avez-vous un lien avec J.P. Gérard ?
@Olaf,
Nous sommes parfaitement d’accord sur la RD. Et la phrase cynique de De Gaulle, qui concernait la recherche publique est plus que jamais d’actualité.
J’y ajouterais que l’enseignement français est absolument exsangue, quand à la détection des talents en général et de chercheurs en particulier.
Parmi les technos les moins polluantes, sont à l’étude (en secret) chez PSA, les voitures urbaines à récupération des énergies cinétiques, gâchées en chaleur au freinage, par doubles gyroscopes (essayé sur les 908 des course “Type Le Mans”. Le principe de base est connu depuis les années 1980. Si la recherche appliquée était un peu mieux organisée ce système aurait du rouler en France depuis les années 90/95.
Je partage aussi ton avis sur la polycrise actuelle, qui dans son volet économie financière virtuelle, ne corrige aucune de ses dérives fondamentales, éthiques et déontologiques… Et peut donc rebondir à tout moment.
@eirean,
L'analyse d'un Hubert Védrine est d'une grande pertinence, et n’inclus aucunement un retour à un protectionnisme à l’ancienne.
D’ailleurs, je pense qu’à l’instar du terme “Communisme” , il serait constructif d‘abandonner le terme globalement péjoratif et vieillot de “PROTECTIONNISME”, par un vocable plus valorisant :
comme “Défensionnisme” ou autre mot moins répulsif.
Le défensionnisme utiliserait tout un tas de règle nationales et Européennes (anti-pollution, fiscales, légales etc.) faisant du protectionnisme sans le dire.
Les Chinois disent t’ils ouvertement: “Les bas salaires, les couvertures sociales réduites, et notre absence de mesures anti-pollution, permettront à nos enfants d‘atteindre un niveau de vie supérieur aux vôtres ?”
D’ailleurs EIREAN, quand vous dîtes :
“Sans exclure totalement l'arme fiscale, il conviendrait donc de se doter aussi d'instruments de régulation "physiques" : quotas, contingentements ... La traçabilité de l'ensemble du commerce international le rend possible. Et l'effet -rapide- sur la re-localisation des production, indispensable.”
Seule votre légère sous-estimation de l’arme fiscale, vous sépare de mon approche concrète.
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 25 janvier 2009 à 14:24
Oui, mais comment créer cette rupture avec le libre-échange mondial, puisque l'Union Européenne est fondamentalement libre-échangiste ?
En 2005, le projet de Constitution européenne imposait le libre-échange mondial généralisé :
« Par l’établissement d’une union douanière conformément à l’article III-151, l’Union contribue, dans l’intérêt commun, au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et aux investissements étrangers directs, ainsi qu’à la réduction des barrières douanières et autres. »
Traité établissant une Constitution pour l’Europe, Troisième partie, article III-314.
En 2007, le traité de Lisbonne imposait le libre-échange mondial généralisé :
« Par l'établissement d'une union douanière conformément aux articles 28 à 32, l'Union contribue, dans l’intérêt commun, au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et aux investissements étrangers directs, ainsi qu'à la réduction des barrières douanières et autres. »
Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, Cinquième partie, Titre II, Article 206.
Rédigé par : BA | 25 janvier 2009 à 15:28
Pour ce qui est des quotas, ils ne sont pas interdits par l'OMC. Ils ont par exemple été utilisés dans le cadre des accords multi-fibres sur le textile et par les États-Unis dans le cadre de l'industrie automobile (pour limiter les importations japonaises).
Dans ce cadre-là, le pays importateur impose au pays exportateur de limiter lui-même sa production. En général, ce dernier s'exécute, car s'il limite lui-même sa production, il peut toucher la rente créée par le quota tandis que si le pays importateur crée un droit de douane, le droit de douane est touché par l'importateur.
Rédigé par : jean | 25 janvier 2009 à 19:07
@jean | 22 janvier 2009 at 23:54
Je pense que de nos jours le mythe des pays de l’est moins productif n’est plus. En effet, quand une entreprise délocalise pour baisser ses coûts de production, elle va déménager ses outils de production. Le bénéfice de cette délocalisation portera sur les salaires et aussi sur les règles moins strictes quand à la protection des salariés et de l’environnement. Le système local de taxation est aussi un facteur déterminant d’où l’intérêt pour l’U.E. de fixer une politique commune en la matière.
Plusieurs intervenants évoquent le cas des « Mercedes ». La taxation même à 100% en Chine n’a aucune incidence sur les ventes car, localement, il n’y a pas d’équivalence. Là bas, avoir une « Mercedes » est un symbole de réussite comme rouler en Rolls. Cela n'a pas de prix!
Rédigé par : Constantin Anghelidi | 26 janvier 2009 à 11:39
Je pense qu'il va être difficile de mettre en place le protectionisme, les élites politiques y sont largement favorables, au moins pour l'instant, la plupart des économistes même les keynésiens aussi.
De plus il est difficile de démontrer théoriquement que le protectionisme est bon pour les économies, même si tout le monde à des exemple en tête.
La théorie de Ricardo sur le libre échange est valable seulement dans le cas de 3 hypothèses dont l'une est : les capitaux ne traversent pas les frontières.
C'est bien le problème, les pays occidentaux en particulier les Etats-Unis ont subi une désindustrialisation parce que les capitaux et les profis réalisés aux Etats-Unis ont été ré investis en Chine au lieu de l'être aux Etats-Unis.
Je pense que l'on peut tout à fait lutter contre la concurrence de pays à bas cout si l'on investissemnt massivement dans l'appareil productif, et non pas la finance et l'immobilier, et dans la recherche.
Poru moi la crise actuelle à des cause lié, en plus de l'accroissement des inégalités qui permet la création de bulle, au sous investissement dans l'industrie, la gigantesteque mauvaise allocation des ressources vers l'immobilier.
Peut-être qu'un protectionisme en matière d'investissement serait plus réaliste qu'un protectionisme sur les produits et service.
Rédigé par : JLS | 26 janvier 2009 à 13:49
@Constantin Anghelidi: Je ne prétends pas que les travailleurs des pays de l'est ne pourraient pas être aussi productifs que les travailleurs occidentaux. Je dis qu'avec les entreprises et les infrastructures de leurs pays, ils ne sont pas aussi productifs que nous. Ils le deviendront sans doute dans quelques années mais ce n'est pas le cas pour le moment.
Rédigé par : jean | 26 janvier 2009 à 16:34
@ Gilbert Sorbier sur H. Védrine : pour autant que j'aie correctement lu son rapport, et écouté plusieurs de ses interventions, l'ancien ministre ne propose pas un système, mais une pratique : celle qui consiste à mettre en cause, de façon globale (en économie, mais aussi en politique), ce qu'on appelle aujourd'hui fautivement la "gouvernance mondiale" (pour faire court), au profit d'une approche bi- ou pluri-latérale prenant en compte les rapports de force entre acteurs de force équivalente.
Mon appréciation de l'arme fiscale relève de la même approche : elle a son utilité, en même temps que d'autres instruments de la négociation.
En bref, dans ce domaine comme dans d'autre, il convient de ne jamais exclure aucune possibilité, fût-ce au prix du sacrifice d'une vision iréniste de la fin de l'histoire et de l'avènement d'un monde débarrassé de la notion même de conflit.
Rédigé par : eirean | 26 janvier 2009 à 17:58
Eirean,
Tout à fait !
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 26 janvier 2009 à 18:32
@ Tous
Bon, je suis vert d'avoir raté un débat si passionnant (j'étais à l'étranger avec un accès très limité à Internet), d'autant plus que je viens de lire le livre de Maurice Allais sur le sujet (chroniqué sur mon blog) ainsi que les derniers Todd et Gréau, donc c'est un sujet qui me parle. Je ne vais pas faire trop long vu que tout a été dit et que j'interviens trop tard, donc je ferai un papier sur le sujet bientôt.
Quelques commentaires cependant :
Je suis d'accord qu'un protectionnisme coopératif de relance est une solution à l'échelle de l'Europe (je reconnais l'influence toddienne de Malakine).
Cependant, cela n'exclut nullement de remettre de l'ordre dans la chienlit monétaire qui s'est installée depuis le début des années 70. Les variations brutales du dollar, la plupart du temps à notre défaveur, sont un danger pour notre pays (Airbus va faire fabriquer une partie du fuselage de son futur A350 aux Etats-Unis) et il faut le prendre en compte. M.Allais propose de faire fusionner ce qui s'appelait encore le GATT avec le FMI. Il y a besoin d'un nouveau Bretton Woods et pas seulement en parole.
La compétitivité industrielle est aussi qqch d'intéressant : après tout, on doit à cette politique Airbus, Ariane, le TGV, notre filière nucléaire grâce aux investissements des années 60...
Enfin, cela n'exclut nullement de réfléchir à la structure de notre fiscalité et se demander s'il est vraiment pertinent de faire reposer le financement de notre protection sociale sur l'emploi. A titre personnel, je crois que la solution d'une TVA sociale est intelligente. En Allemagne, elle a eu un impact très positif et plusieurs études ont montré qu'elle aurait un impact positif en France (je ne vais pas développer, j'avais fait un papier sur le sujet).
Enfin, sur la question de peut-on faire du protectionnisme, la réponse est oui, bien sûr !
- tout le monde fait déjà du protectionnisme, même l'Union Européenne, sur la banane ou les cycles de vélo (60% de notre consommation est produite sur place, selon Gréau). C'est le cas de l'Allemagne avec les normes DIN ou sa TVA sociale. C'est le cas des Etats-Unis avec la sidérurgie. C'est le cas du modèle de développement des pays asiatiques qui se base sur des marchés intérieurs très fermés (plus de 95% des voitures achetées au Japon, en Corée du Sud ou en Chine sont produites localement)....
- en outre, comme nous avons un déficit commercial avec l'Asie, nous pouvons mettre en place des mesures protectionnistes sans crainte : ils ont plus à perdre que nous. Bien sûr, il ne s'agit pas de déclencher une guerre de vaste ampleur, mais cela est possible.
- on pourra dire que la France est seule sur ce sujet. C'est vrai. On ne pourra pas le faire avec les Anglais. Mais, au niveau de la zone euro, cela est possible : l'Italie et l'Espagne ont un vaste déficit commercial et l'effondrement de la croissance en Allemagne devrait amener une remise en question. Et puis, après, à nous de faire pression sur les Allemands : soit on change l'Europe ensemble, soit nous quittons l'euro manu militari !
Rédigé par : Laurent, gaulliste libre | 28 janvier 2009 à 09:55
@Laurent,
Bien sûr que tu n'as pas tort. C'est une conception idéologique qui se tient.
Et puis il y a unc conception pragmatique (Gaulienne), qui concerne ce qui est faisable immédiatement EN FRANCE et dans le cadre des lois Européennes actuelles.
Améliorer immédiatment la situation fiscale (donc économique) de nos sociétés productrices, c'est possible ET ça ne compromet pas (au contraire) la possibilité des actions que tu préconises.
En France, la fiscalité ne fait pas que défavoriser les sociétés à masses salariales importantes (donc productrices) par rapport au chiffre d'affaire (Sté importatrices).
La fiscalité française ne se sert pas non plus des latitudes laissées par Bruxelles pour permettre aux patrons de payer moins d’impôts quand ils misent sur le développement de leurs entreprise (embauche), que quand ils prennent ils se contentent de faire des prises des bénéfices (I.S.).
Comment peut-on imaginer qu’on donne envie à un patron de se développer quand on taxe MOINS ses bénéfices que son EMBAUCHE ?
Je le dis la main sur le cœur : J’ai toujours souhaité développer mes entreprises, et ne suis pas cupide : Mais comment faire quand l’état te dis :
“Voilà mon gars : Si t‘embauche, je t‘éponges 49,25% de ton investissement (masse salariale). Si tu fais des bénéfices en compriment l’embauche et que tu achètes une Mercedes neuve tous les ans, je ne te pique que 33% (25/27% en -organisant biens ses compte-).” ???
Bizarrement les gouvernements, les partis, les économistes assis et les médias ne comprennent jamais les chose simples :
Comprennent-ils seulement qu’ils favorisent les patrons cupides et à courte vue ? C’est la fameuse déconnexion de la bullocratie… rien de nouveau sous le soleil, quoi !
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 28 janvier 2009 à 10:21
@ Monsieur le porte parole :-)
J'ai regretté aussi que tu sois en vacances car certains passages du texte t'étaient dédiés, notamment sur la question monétaire.
Je ne conteste pas qu'il faille remettre de l'ordre dans le système monétaire ou continuer à investir dans l'appareil productif pour qu'il augmente sa performance. Néanmoins je mets en garde contre les politiques de course au moins disant (dévaluation ou accroissement de la compétitivité coût) qui ne font l'effet que d'un Red Bull après une nuit blanche.
J'ai également été partisan de la TVA sociale. Aujourd'hui, je pense que l'outil n'est pas du tout adapté au contexte économique. la TVA sociale visait à freiner les importations et à être plus compétitif à l'export. C'était intéressant pour mieux s'insérer dans le commerce mondial et rétablir notre balance commerciale.
Aujourd'hui l'enjeu majeur c'est de stimuler la demande, pas la compétitivité coût de notre appareil productif. Augmenter les taxes sur la consommation comprimerait encore plus la demande sans pour autant refaire partir l'appareil productif, vu qu'il n'y a plus de demande nulle part.
Voilà !! Merci. Je cherchais la source où j'avais lu que les cycles faisaient déjà l'objet de mesures de contingentement. C'était pas sur le net mais chez Gréau...
Néanmoins, il ne faut pas se voiler la face, nous aurons un problème avec la Chine si nous mettons en place un protectionnisme européen. Elle va déjà beaucoup souffrir de la récession américaine. Si en plus l'Europe limite sa consommation extérieure (même si c'est que sur certains produits à protéger) elle va mal le prendre.
Je rappelle que Todd préconise en tant que mesures d'accompagnement de la mise en place d'un protectionnisme européen, un plan Marschall pour les Etats-Unis et pour la Chine.
Rédigé par : Malakine | 28 janvier 2009 à 14:45
J'ai lu avec intérêt ce débat et bien que je sois béotien en économie je profite que le fil soit en quelque sorte réouvert pour ajouter une réflexion sur la brutale chute de la consommation qui plombe l'économie depuis que la crise plombe le moral des ménages.
- "Nous somme ruinés ? Il est donc urgent d’accroître les dépenses. Tel est le « paradoxe de l’épargne » débusqué par Keynes" selon l'article publié sur contreInfo que vous avez probablement lu : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2531
Pour une part la consommation est freinée par manque d'argent disponible, mais pour beaucoup aussi par un réflexe de prudence qui empêche de consommer (investissement ménager que l'on peut reporter) tant qu'il n'y a pas une vision dégagée de l'avenir.
- Comment encourager aussi cette consommation bloquée ? Envisager de dévaluer, par exemple, ne serait-ce pas une menace suffisante pour mettre une partie de l'épargne de sécurité sur le marché de la consommation et des travaux chez les particuliers ? L'avantage c'est que l'État n'a même pas à s'endetter. Il y a alors plus qu'un effet levier...
Selon des banquiers consultés (des modestes employés pour être précis), même s'ils reconnaissent que leur banque est plus prudente désormais dans les accords de prêt ils disent que ce n'est pas le problème essentiel, leur problème crucial c'est qu'ils n'ont quasiment plus de demandes de prêts !
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 28 janvier 2009 à 16:15
@ Gilbert,
Complètement d'accord : il y a un problème de fiscalité. La solution est peut-être la TVA sociale ou autre chose qui permettrait de réduire le coût direct du travail de manière à favoriser l'embauche. C'est une problématique qui me devient de plus en plus familière car j'ouvre mon commerce fin avril, avec à la clé des embauches...
@ Malakine,
Sur la monnaie, tu as raison sur le fond : la course à la dévaluation n'est pas forcément la solution. Mais aujourd'hui, tout le monde le fait (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Asie) et la zone euro est le dindon de la farce. C'est Todd qui se dit effaré dans son dernier livre de voir que "L'Europe utiliser sa puissance pour se torturer". Je trouve la phrase très juste. Il y a un moment, on ne peut pas rester sans réagir. La déréglementation nous pousse vers l'état sauvage, non civilisé, sans la moindre coopération entre les nations, dans un règne du chacun pour soi malheureusement cohérent avec l'idéologie néolibérale. Je crois que nous avons besoin d'un nouveau SMI et d'un nouveau Bretton Woods sur les questions monétaires.
Sur la TVA sociale ou une mesure qui viserait à rééquilibrer notre fiscalité pour réduire le coût du travail, je crois que cela serait trop long à faire comme réponse à la crise mais sur le fond, cela stimulerait l'emploi.
Sur la Chine, je suis d'accord. Mais, en même temps, c'est eux qui ont le plus à perdre en cas de conflit. Ils ont un gros excédent avec l'Europe et, contrairement aux Etats-Unis, nous ne sommes pas dépendants d'eux pour financer notre déficit courant. Du coup, c'est l'Europe qui a le pouvoir. Bien sûr, il ne s'agit pas de déclencher une guerre.
Sur le plan Marshall pour les Etats-Unis, je crois qu'il s'agit d'une provocation de Todd et je ne suis pas sûr qu'il y croit vraiment. La Chine a les moyens de se payer son plan Marshall. En revanche, l'Europe pourrait financer un plan Marshall pour la Russie et l'Europe de l'Est, qui commence à boire la tasse. Ce serait un moyen de les arrimer plus solidement à l'Europe et les détacher un peu des Etats-Unis et sans doute de faire passer quelques pilules protectionnistes...
Rédigé par : Laurent, gaulliste libre | 29 janvier 2009 à 10:21
@Malakine,
Stimuler la demande dans un pays à la balance commerciale déficitaire, sans l'accompagner de mesures fiscales -"PROTECTRICES" de l'outils de production-, c'est encore creuser le déficit. c'est donc une mesure contre productive.
La TVA n'est pas la panacée universelle, je pencherait plutôt pour une taxe sociale sur le chiffre d'affaire.
En effet, la TVA apparaît sur les factures et ce seul fait la rend très impopulaire et produit même un effet psychotique sur une presse économique déconnectée, comme sur les partis politiques et la population.
De plus la TVA donne lieu à des combines (fausse factures) très difficilement détectables.
@Laurent,
Bravo pour ton commerce, tu vas bientôt devenir un vrai Gaulliste pragmatique et te rendre compte de la différence entre les idéologies du passé et le réel.
De plus travailler dans un pays qui TAXE SES SALAIRES DE 2 à 10 FOIS PLUS QUE TOUT AUTRE PAYS AU MONDE : C’EST DE LA FOLIE PURE (et encore il faudra que tu imagines qu'un productif utilise proportionellement beaucoup plus de main d'oeuvre encore... que tu ne le feras !
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 29 janvier 2009 à 15:17
Bonjour Malakine !
Dépêche AFP de ce jour : c'est incoryable, même Lagarde s'y met... il a suffit qu'Obama annonce un protectionnisme integral sur l'Acier pour que les européens s'engoufrrent... reste à voir la suite et les mesures concrêtes. En tout cas, le protectionnisme n'est plus "tabou" ! Bonne nouvelle.
W.
Protectionnisme: "mal nécessaire"
AFP
30/01/2009 | Mise à jour : 13:14 | Commentaires 1 | Ajouter à ma sélection .
La ministre française de l'Economie Christine Lagarde a estimé aujourd'hui que le "protectionnisme est un mal nécessaire" dans le cadre des plans de relance économique, mais que ces mesures devaient avoir un "caractère temporaire" et être mises en oeuvre de "manière concertée".
Interrogée sur la radio BFM sur le plan de relance économique américain qui interdit l'achat de fer ou d'acier étranger pour les projets d'infrastructures financés par ce plan, Mme Lagarde a répondu que le "protectionnisme est un mal nécessaire".
Pour la ministre, la coopération internationale doit viser à "rattraper le retard dans la régulation pour éviter que les mesures de protectionnisme, qui sont mauvaises en soi, mais qui sont peut-être nécessaires dès lors qu'elles interviendraient de manière concertée partout sur la planète".
Les plans de relance adoptés en Europe ou aux Etats-Unis engagent l'argent public des contribuables et les gouvernements doivent donc s'assurer que ces sommes sont employées dans l'intérêt de ces contribuables, a-t-elle expliqué.
Mais cette mesure adoptée par la Chambre des représentants américaine doit présenter un "caractère ciblé et temporaire", le temps de "mettre dans la bonne direction des économies un peu sinistrées", a souligné la ministre, qui s'exprimait depuis le Forum économique mondial à Davos (Suisse).
Rédigé par : franc-tireur | 30 janvier 2009 à 13:54