Le baril de brut de pétrole vient de franchir les 100 dollars, et ce n’est probablement qu’un début. Le monde est entré depuis 2003 dans une ère où l’énergie sera de plus en plus chère, ce qui alimente les craintes quant à un retour de l’inflation dans les pays développés ou à la vigueur de la croissance.
Il est évident que la hausse du prix de l’énergie aura des conséquences sur nos économies, en particulier pour le pouvoir d’achat des populations, qui verront fortement augmenter le prix de leurs dépenses de bases, le transport, l’alimentation et le chauffage. Il n’est pas sûr en revanche que cela soit une si mauvaise nouvelle que cela pour la santé de notre économie ou de l’économie mondiale.
La nouvelle donne énergétique comporte même plusieurs facteurs positifs. Elle lance cependant à l’humanité plusieurs défis auxquels il est urgent de se préparer et d'abord un défi technologique pour être en mesure de trouver rapidement des sources d’énergie alternatives et d'entrer dans l'âge de l’après-pétrole avant la pénurie nous y oblige. En attendant, l'explosion prévisible du prix des hydrocarbures va rebattre sérieusement les cartes au niveau mondial. Elle lancera donc un aussi défi géopolitique pour toute l'économie mondiale. La question principale est de savoir l’utilisation qui sera faite de la rente pétrolière pour ceux qui en bénéficieront, majors pétrolières et Etats producteurs.
L’ère de l’énergie chère peut tout aussi bien déboucher sur un monde conflictuels où les grandes puissances tenteront de s’accaparer ces ressources devenues rares par la force et la contrainte et conduire ainsi à de nouveaux impérialismes. Mais elle peut aussi déboucher sur une nouvelle organisation du monde, plus équilibrée, une « quatrième mondialisation » réellement multipolaire.