En partenariat avec l'hebdomadaire Vendredi, dans le cadre de son numéro spécial du 7 novembre consacré aux élections américaines, nous publions la version intégrale de l'analyse d'Emmanuel Todd sur l'élection de Barack OBAMA
L’élection d’Obama est certainement une merveilleuse nouvelle pour le monde, un très bel exemple. Mais j’ai du mal à croire qu’elle constitue une victoire définitive de l’antiracisme aux Etats-Unis. Je demeure dubitatif sur l’élimination de la barrière de couleur. Le taux de mariage mixte des femmes noires reste insignifiant. La couleur existe toujours comme une catégorie fondamentale de l’esprit américain. Je me demande si l’élection d’Obama n’intègre pas un fort élément irrationnel et accidentel. A la veille du déclenchement de la panique financière, McCain remontait dans les sondages et de nombreux commentateurs affirmaient que l’Amérique ne pouvait élire un président noir.
Pour moi, l’élection d’Obama est un sujet de recherche plutôt que de ravissement, même si l’on doit être sensible au spectacle de l’ascension d’un Noir sur la plus haute marche de l’Etat fédéral. Si l’on prend un peu de recul, nous devons admettre qu’aucune autre nouveauté qu’un président noir aurait pu aussi bien détourner notre attention de la crise financière hallucinante que nous vivons et permettre ainsi aux adorateurs de l’Amérique de s’accrocher à leurs croyances et de continuer à naviguer en dehors de la réalité.
Au fond, les « obamaniaques » valident peut-être, après la plus grande escroquerie financière de tous les temps, le plus beau tour de prestidigitation de l’histoire de l’humanité : tout bon prestidigitateur ne doit-il pas d’abord attirer l’attention sur un point secondaire ?
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