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05 juillet 2010

Commentaires

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Cépajuste

« Si tel était le cas, si la grande question de ces prochaines années portait sur l’arbitrage entre les classes d’âge et le risque d’avènement d’une gérontocratie, il faudrait ne pas tarder à poser la question d’instituer d’un âge limite maximal au droit de vote, comme il existe un âge minimal. »

Je trouve cette idée absolument grotesque : il n’y a rien de comparable entre la notion de majorité (à 18 ans) pour voter, et une limite d’âge pour les vieux qui n’aurait aucun sens, compte tenu que, si certaines personnes âgées deviennent séniles à 70 ans, d’autres conservent toute leur intelligence à 100 ans (voyez Maurice Allais). Ensuite, cette volonté de dresser les générations les unes contre les autres me semble profondément perverse. Un régime qui exclurait une catégorie importante de citoyens du seul fait de leur âge serait un régime fasciste.

Malakine

Ah tiens, ça faisait longtemps qu'on ne m'avait pas traité de fasciste, ça me rajeunit !

Cépajuste

@ Malakine,
Je ne vous ai pas traité de fasciste, j'ai dit qu'un régime qui pratiquerait une discrimination envers une catégorie de ses citoyens, que ce soit par l'âge ou selon n'importe quel autre critère physique, serait un régime fasciste.

yann

@Cépajuste

Il ne s'agit pas de voir dans les personnes âgées des gens sans intelligence ou déclinants. Mais simplement des personnes qui n'ont plus à se projeter dans l'avenir. Pour pourquoi demander à un homme à la fin de choisir le destin de la nation pour les dix ou quinze ans qui viennent? Le problème de la vieillesse en occident c'est qu'elle ne cherche plus à transmettre mais juste à durer le plus longtemps possible. Ainsi voit-on de vieux politiques comme Chevènement qui n'ont pas préparé de successeurs pour permettre à leurs idées de continuer après eux. Non ils continuent seuls jusqu'à la fin et après eux le déluge. Et c'est la même chose pour le vote. Donc à titre personnel je pense aussi qu'il devrait y avoir une limite au droit de vote après laquelle on a plus l'age de décider de l'avenir du pays. Avenir qui ne nous concerne plus vraiment.

@Malakine

Il est probable que les allemands pensent que l'Europe vit sur leur dos. Cela caresse d'ailleurs dans le sens du poil l'idée qu'ils se font d'eux même depuis toujours. Mais ce raisonnement est tout simplement stupide et provient de la différence que nous faisons entre producteur et consommateur. L'un serait plein de vertus le producteur, l'autre plein de tares, c'est la fameuse fable de Lafontaine. En réalité il n'y a pas de producteurs sans consommateurs et vis versa. Donc se poser la question de savoir qui soutient qui n'a pas de sens . Car on pourrait tout aussi bien dire que c'est la consommation des autres européens qui permet aux allemands de continuer à chanter, n'est-ce pas?

Ensuite on surestime l'énormité des difficultés de réorientation économique. En France le déficit commerciale c'est 2% du PIB rien qui ne soit réparable. Et puis après guerre on avait plus rien on s'en est quand même remis pour peu que les dirigeants agissent dans le sens des intérêts nationaux.

Sinon il me semble que l'analyse est un peut trop centrée sur l'Europe. Il ne faut pas oublier que la contraction de la demande européenne entrainera une diminution des débouchés asiatiques. L'analyse de Cotta semble penser qu'il y a quelque part un consommateur de dernier ressort. Or enlève l'UE et les USA et la demande mondiale n'existe plus. En commençant une politique de déflation salariale l'UE va entrainer la planète dans une contraction planétaire. Il n'y aura pas d'ailleurs merveilleux ni en Asie ni en Amérique partout un monde de déclin et de chômage de masse. Une grande dépression à l'échelle planétaire. Il est bien difficile de voir dans cet optique qu'elle sera l'évolution en Europe sur le long terme. L'idée que le monde continuera tranquillement sa croissance sans débouché exportateur en occident est complètement absurde, les exportations chinoises c'est 40% de leur PIB. Il faut au moins 10% de croissance du PIB Chinois pour faire l'équivalent de 2% de croissance américaine ou européenne, c'est pas demain la veille que la planète pourra se passer de la demande européenne ou américaine.

A titre personnel je crois plutôt à un violent retour des nations en Europe prémisse du retour de la grande politique pour le meilleur comme pour le pire. Je ne crois pas du tout au maintient de l'UE et à une France qui resterait à l'intérieur.Et ce d'autant plus que les contradictions démographiques entre la France et l'A1lemagne vont envenimer les relations comme par le passé avec la France comme puissance démographique effrayante cette fois. Je finirais également en soulignant qu'il y a peu de chance que l'Allemagne continue a avoir des excédents commerciaux à l'avenir. Elle va faire face à une concurrence redoutable sur ses derniers marchés de prédilection. Une fois les derniers avantages allemands évanouit on verra si le discours germanique sur le libre-échange sera toujours dans le sens libéral.

Cépajuste

@ yann | 05 juillet 2010 à 22:13

On ne fait pas de la politique pour soi mais pour défendre des idées, et on peut conserver son idéal politique jusqu’à un âge très avancé.

Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer que les personnes âgées ne se soucient pas de l’avenir ? Vous devriez lire ou relire cette excellente fable de La Fontaine : « Le Vieillard et les trois jeunes Hommes ».

http://www.shanaweb.net/lafontaine/le-vieillard-et-les-trois-jeunes-hommes.htm

Malakine

@ Cepajuste

Contrairement à vous, je sais lire. Inutile de répéter.

@ Yann

Sur le premier point, c'est techniquement vrai mais moralement faux, dans la mesure où le producteur a le sentiment légitime d'avoir produit un effort supérieur au consommateur, surtout si celui-ci finance son achat par de la dette.

Tu poses une vraie bonne question en affirmant que le monde ne pourra pas se passer de la demande européenne. Ne parlons pas des ricains dont ce n'est pas le sujet ici. Eux ils ont le privilège d'avoir la monnaie des échanges internationaux. La question est en réalité double. La première c'est est-ce que l'Europe peut collectivité décider de plonger en récession, et la réponse est évidemment positive. On y est déjà. L'enjeu, comme le montrent le bouquin et ma note, pour les dirigeants c'est exclusivement de sauvegarder les positions acquises par les détenteurs du patrimoine. La seconde est plus complexe. D'ailleurs les ricains se sont déjà inquiétés publiquement de la rigueur allemande. Néanmoins, on parle d'une réduction de la demande européenne, pas de sa disparition pure et simple. Une récession de 2% par an pendant une décennie sera tout à fait supportable pour le monde. Pour le dire autrement, si les populations européennes supportent le suicide collectif du continent, le monde le supportera aussi.

Sur le retour des nations, sur le principe je suis d'accord. Ensuite, il faut voir de quelles nations on parle. Selon qu'elle sera bien portante ou malade, la réponse sera différente. Et de ce point de vue, la nation française a bien moins de chance de renaître que l'allemande, la flamande ou la néérlandaise.

Quant à la survie du modèle allemand. Tu oublies l'Est de l'Europe ! Comme le dit Cotta dans son bouquin, le III reich allait jusqu'à Moscou mais n'a pas voulu aller jusqu'à Dunkerque. La Russie offre à l'Allemagne des réservoirs de croissance pour ses exportations pour quelques décennies. Si l'Allemagne doit choisir entre son ouest et son est, elle n'hésitera pas longtemps. Regarde la carte de l'Allemagne en 1900, regarde où est positionné Berlin. L'Allemagne européenne est un accident de l'Histoire. Finalement Mitterrand avait peut-être compris beaucoup de choses avant tout le monde ...

Malakine

@ Cepajuste

Et je suppose qu'avec vos idées généreuses, vous pensez aussi que les femmes s'intéressent à la politique ?

Cépajuste

@ : yann | 05 juillet 2010 à 22:13

« pourquoi demander à un homme à la fin de choisir le destin de la nation pour les dix ou quinze ans qui viennent? »

D’abord un mandat électoral, c’est 5 ans, pas 15 ans. Et même une personne âgée peut espérer vivre au moins 5 ans.

Je préfère un vieux Clémenceau ou un vieux de Gaulle à un jeune Giscard ou un jeune Sarkozy.

« Le temps ne fait rien à l’affaire » comme disait l’Alceste de Molière, et Brassens avait ajouté « quand on est con, on est con ».

Cépajuste

@ Malakine | 05 juillet 2010 à 22:41

« Et je suppose qu'avec vos idées généreuses, vous pensez aussi que les femmes s'intéressent à la politique ? »

Jeunes, vieux, femmes, hommes, etc. Vous aimez bien ranger les gens dans des catégories. Moi je crois à l’égalité de tous, ça s’appelle les valeurs de la république et je croyais que vous les partagiez, je m’aperçois que je me suis trompé. Bye.

yann

@Malakine
Pour ce qui est de la consommation et de la production je ne vois pas en quoi il est plus morale de produire. Fabriquer des choses dont on a pas besoin cela revient à jeter l'argent par les fenêtres. C'est tout autant amorale de produire sans consommer que d'essayer de consommer sans produire. C'est même pire la pauvreté dans l'abondance est probablement la pire idiotie que l'humanité n'est jamais faite. La surproduction par faute de bonne rémunération des salariés est d'une stupidité monstrueuse. C'est dans ce genre de cas ou l'on voit dans le même pays des agriculteurs jeter leurs fruits et légumes faute de client solvable tout en observant des gens crever de faims. LA grande dépression c'était çà et on y revient. On ne peut pas nourrir les gens non pas parce que l'on ne produit pas mais parce qu'il n'y pas assez d'argent en circulation.

Sinon tu m'excusera mais je ne vois pas pourquoi Moscou se laisserai manger par Berlin. D'ailleurs s'il y a une nation vivante en Europe c'est bien la Russie. Exemple contrairement à l'Allemagne les russes font tout pour relancer leur natalité signe qu'ils ont une forte conscience d'eux même et des enjeux futur. Pour ce qui est du commerce allemand les Russe aussi vont développer leur propre production je ne vois pas la Russie et les pays de l'est avec des déficits commerciaux permanents. Et puis s'il doivent importer ils importeront aussi de Chine comme tout le monde. Le problème des allemands c'est qu'ils se pensent irremplaçable je ne le crois pas du tout. Et avec l'effondrement démographique la puissance industrielle allemande va avoir beaucoup de mal à survivre.

Sur les nations vivantes je pense que c'est la démographie le vrai mécanisme de vie et de mort des peuples. L'Allemagne est un pays voué à disparaitre s'il continu dans sa direction actuelle. Ils peuvent avoir autant d'excédents qu'ils veulent cela n'y changera rien. Je ne vois pas comment l'Allemagne en tant que nation pourra survivre sans peuple.

Malakine

@ Calimero

T'as pas encore compris qu'il ne s'agit pas d'une question de discernement ou de vertu mais d'intérêt d'une classe d'âge de rentier qui s'oppose à l'intérêt d'une classe d'âge active, productive créatrice de richesse et porteuse d'avenir. C'est si compliqué à comprendre pour ton cerveau ramolli de bien pensant moraliste qu'une société où les réels détenteurs du pouvoir démocratique et financier auraient plus de 60 ans est une société morte ??

Si moi je suis un nazi, toi tu es un inconscient. C'est des types comme toi qui nous ont conduit là ou on est avec ce genre d'idées généreuses !

Un vieux, comme n'importe qui, ça vote en fonction de son intérêt personnel de rentier et de détenteur d'actifs. Jamais ils n'accepteront une sortie de l'Euro ou une défaillance sur les dettes d'Etat qui aurait pour effet de faire fondre leur patrimoine, même si c'est la solution pour redonner de l'air à la société productive.

Je ne sais pas si tu as remarqué mais la soi-disant réforme des retraites a curieusement oublié les baby-boomer de tout effort pour contribuer au financement. Les premiers à payer seront ceux né après 1956. C'est un hasard tu crois, une maladresse, un oubli ? Elle est ou l'égalité générationnelle à laquelle tu es si attaché ? Tu veux que l'on compare la vie qu'aura ma fille qui a 16 ans avec la vie qu'on eu mes parents qui en ont 65 ?

Les vieux, ce sont les possédants et la majorité du corps électoral. Il feront tout ce qui est dans leur pouvoir (c'est à dire tant qu'on ne leur retire pas) pour faire suer sang et eau le reste de la société pour qu'on leur garantisse leur petite retraite confortable.

La génération du baby boom est l'incarnation même d'un l'égoïsme comme l'Humanité n'en a jamais vu depuis sa création. "Jouissons sans entrave" n'était-il pas le slogan de leur jeunesse ? je crois qu'il y avait aussi "sous la pavés, la page" et "après nous, le déluge" ...

Ca, on peut dire qu'ils ont été fidèle à leur idéaux de jeunesse !

Quand est-ce qu'on va se décider à dire STOP C'est FINI ??

yann

@Cépajuste

Les politiques publiques mettent en générale du temps avant d'agir ou d'entrer en vigueur c'est pour cela que je disais 10 ou 15 ans. Pour certains domaines c'est même bien plus.

Sinon vous parlez des vieux d'avant l'avènement de l'homoéconomicus. Si l'on se fit aux statistiques je suis désolez de vous le dire mais en moyenne les vieux votent plus à droite et défendent souvent les intérêts de la rente patrimoniale.L'électorat de Sarko c'était majoritairement les vieux. Il est loin le temps du patriotisme français et la génération 68 risque de créer les vieux les plus égocentriques de toute l'histoire de France, à l'image de leur propre jeunesse à vrai dire. Bien sure je ne mets pas tout le monde dans le même panier, mais l'exception ne fait pas la règle.

Sinon pour tout vous dire je ne suis même pas pour le vote des représentants, je pense qu'on devrait instaurer une stochocratie comme je l'explique dans ce texte:

http://lebondosage.over-blog.fr/article-la-democratie-electorale-est-elle-democratique-53273136.html

Malakine

@ Calimero

La différence entre toi et moi, c'est moi je regarde la réalité telle qu'elle est, y compris quand elle est moche. L'égalité républicaine est une égalité en droit. Il n'a jamais été question de présumer que les gens étaient en tout point identique, avaient les mêmes intérêts de classe (d'âge ou sociale) ou les mêmes préoccupations. Cela c'est l'égalitarime, la pensée pervertie et corrompue de la gauche post-moderne.

@ Yann

Si tu crois qu'un jour les russes pourront concurrencer les allemands sur la production, c'est que tu n'as jamais été en Russie ! :-)))

La Russie ressemble bien plus aux Etats-Unis qu'à Allemagne. C'est le nouveau pays de l'hyperconsommation, du fric qui coule à flot, du bling bling (qu'ils appellent la-bas glamour, ce qui est pour eux très positif) La russie moderne est un pays par essence hyperconsommateur. Comme le dit Cotta dans son bouquin, à part du matériel militaire, ils n'ont jamais rien produit. Tu sais à quoi ressemble une voiture russe d'aujourd'hui ?? Elles sont les risée des russes eux-mêmes :-)))

Ne t'inquiète pas pour l'Allemagne, les nations en ordre s'en sortent toujours.

yann

@Malakine

JE t'arrête là la Russie a produit de très grands esprit. Elle a des scientifiques extrêmement ingénieux, et on parle d'un pays qui su mettre au point une industrie spatiale tout à fait impressionnante. D'autre part Jacques Sapir avait montré que la production manufacturière Russe avait largement augmenté sous Putin, et donc que l'économie Russe ne devait pas son redressement qu'aux hydrocarbure. On ne peut pas juger d'un pays sur une simple expérience personnel. Je ne crois pas que tu es visité toute la contrée. Tu as peut-être été visité la même bourgeoisie cosmopolite que celle qui pourri Paris et les grande ville française. Et puis la Russie a une structure familiale similaire à celle des Chinois je ne vois pas pourquoi les Russe ne pourrait pas réussir à produire comme l'Allemagne. Et au cas ou tu ne le saurez pas en Corée du Sud tout le mode se fichait des productions automobiles coréennes au début des années 80. Le FMI voulait que la Corée enlève ses barrières douanières pour laisser les super véhicules japonais inonder le marché. Les coréens n'ont pas cédé résultat c'est eux aujourd'hui qui vendent des bagnoles aux japonais. On commence toujours petit on apprend à faire petit à petit , on verra l'industrie Russe dans 15 ans.

Malakine

> Yann

En attendant, les voitures russes c'est toujours des ladas ! Leurs bus, leurs tramway, tout est allemand. Ils en sont même à acheter du matériel militaire aux français.
Crois, moi. La russie, ce n'est ni la Corée, ni la Chine. Sapir a d'immenses qualités, mais il perd toute objectivité quand il s'agit de la Russie.

yann

@Malakine

Oui mais rien n'empêche la Russie d'importer des savoir-faire et des usines depuis l'étranger pour développer son marché intérieur. Les marques allemandes fabriquerons probablement bon nombre des objets qu'ils vendent aux russes en Russie plutôt que de les importer d'Allemagne à cause du coût du travail. Exactement comme en Chine, dans ce cas l'intérêt réel pour l'Allemagne est nul à long terme. D'ailleurs ce sont des marques européennes et américaines qui sont en grande partie responsable du déficit commercial de l'occident vis à vis de la Chine.

Cépajuste

Malakine, vous me décevez.

D’abord par vos insultes qui témoignent de la perte de votre sang froid.

Je ne vous ai pas traité de nazi, mais si vous vous sentez visé lorsque je parle de fascisme, c’est votre problème.

Vous tombez dans ce travers qui consiste à trouver des boucs émissaires responsables de la dérive du néocapitalisme mondial. C’est le système qu’il faut pointer, pas telle catégorie. Je vais vous faire une révélation : les vieux ne sont pas plus responsables de la crise aujourd’hui que les Juifs ne l’étaient de celle de 1929. Je vous croyais plus avisé.

Il y a même de plus en plus de personnes âgées qui perçoivent le minimum contributif et qui vivent dans la précarité, c’est une tendance lourde.

De plus, il est faux de dire que la génération du baby boom est épargnée par les réformes des retraites. La réforme actuelle est dans la lignée des réformes précédentes : celle de Balladur en 1993 et celle de Fillon en 2003. La durée de cotisation, qui était de 37.5 ans en 1993 est passée à 40 ans et va augmenter progressivement jusqu’à 41.5 ans. Cette prolongation de la durée de cotisation s’étend progressivement depuis les personnes nées en 1943 jusqu’à celles nées en 1956, ça concerne donc la génération du baby boom.

De plus, la réforme Balladur instituait des décotes amputant les pensions des salariés dont la carrière est incomplète, et elle a indexé les pensions sur l’inflation au lieu des salaires. Il y a donc une baisse continue du taux de remplacement depuis 1993, et une baisse également continue du pouvoir d’achat de l’ensemble des retraités, toutes générations confondues.

Je suis hostile à toutes ces réformes des retraites et convaincu que, pour faire barrage à cette régression sociale, il faut que toutes les catégories et toutes les générations soient unies, car tout le monde sera touché par cette casse de notre modèle social.

Opposer les vieux aux jeunes, les fonctionnaires aux salariés du privés, les chômeurs aux actifs, tout ceci n’a pour résultat que d’affaiblir la résistance du corps social à l’offensive du néolibéralisme.

Malakine

@ Calimero

Des insultes ? Ou ça ? Mais c'est vrai que quand je lis vos insinuations et vos approximations ou vos fanstames sur ce que je n'ai pas écrit, j'ai guère envie de débattre sérieusement avec vous.

Cépajuste

"Des insultes ? Ou ça ?"
"Caliméro" et "cerveau ramolli", ce ne sont pas des insultes ?
Quant à débattre, je doute en lisant vos derniers posts que vous en soyez capable. Et je n'ai plus envie non plus, ça tombe bien. Ciao.

textpadder

elle fout les jetons la nouvelle photo facebook.
Je vous suis sur l'euro monnaie de protection de la rente et votre idée de sortir des listes électorales les vieux est très bonne, et juste aussi. Ces cohortes de retraités qui s'expriment consciencieusement pour l'avenir d'un pays qui ne les concerne plus, c'est grotesque et bien au coeur du blocage politique de la france. C'est aussi l'existence et la constitution du senat français qu'il faut reprendre avec cette idee. Des votants vieux qui elisent sarkozy, et une assemblée de croulants à droite par construction, ça ne laisse pas (jamais) de place pour les forces de progrés. C'est pour ça qu'un edile de Neuilly, detestable ghetto aberrant de riches, s'est retrouvé représentant de la france (revenu médian national : 2000 euros).
Donc faisons vivre cette idée.

Je suis intrigué par votre point de vue sur l'intérêt des femmes pour la politique, quelle est votre analyse sur ce sujet?
Je ne vois pas le problème parce que je n'y ai pas pensé encore, mais je suis preneur d'éclairage...
Cordialement.

cording

J'ai longtemps gardé un atricle du Monde de 1983 où Virginie Malingre interviouvait Jacques Marseille qui déclarait que la politique de la monnaie forte était une politique favorisant les rentiers et les vieux au détriment des générations montantes.
Marseille, paix à son âme! avait viré sa "cuti" mais il avait raison. Je me souviens de propos semblabes d'Emmanuel Todd bien avant qu'il ne devienne justement célébre par ses analyses hétérodoxes sans être un hibernatus du protectionisme.
Alain Cotta est constant dans ces analyses contrairement à JP Fitoussi et je pense qu'il a raison.
il y a quelque temps j'avais posté un commentaire sur le site en ligne des "Echos" prédisant que ce serait la "vertueuse" Allemagne qui mettra fin à la zone euro en retrouvant sa monnaie que comme les autres pays de l'UE elle n'aurait du quitter que pour une monnaie commune comme le préconise Jacques Sapir.

Francis Commarrieu

C'est la première fois que je lis un billet où il est clairement fait allusion à une possible réduction du suffrage universel au deuxième âge, celui des actifs. A chaque fois que j'ai pu évoquer cette idée autour de moi, je n'ai eu que des réactions virulentes de dégoût, comme si une telle mesure était attentatoire à la démocratie.
Je soutiens au contraire que ni les plus jeunes, ni les plus vieux ne peuvent avoir leur place dans le processus de décision politique, et notamment dans la définition d'une politique économique qui aurait pour but de développer l'activité. Laquelle concerne d'abord les actifs qui font vivre les autres.
C'est donc tout le contraire d'une rupture de solidarité entre générations, les vieux comprenant que pour que les actifs puissent payer leurs retraites, il faut une politique économique privilégiant les emplois.
Dans le sillage d'un recul de l'âge de départ à la retraite, les Français accepteraient par ailleurs plus facilement cette "réforme" si elle était assortie du monopole de l'expression civique légitime.
Est-il utile par ailleurs de préciser qu'une telle modification annulerait la déformation stupide du corps civique due à l'allongement de la durée de vie sur les grands choix de politique économique ? Les toddiens connaissent par coeur cet argument démographique.

Francis.

Malakine

@ Cepajuste

La prochaine fois, si vous voulez qu'on échange sereinement, vous éviterez de commencer bille en tête à me traiter de facho avant de développer le moindre argument.

@ Textpader

Je crois que ce serait une erreur de penser que les vieux sont par nature de droite. Je pense même que le futur parti des vieux c'est le PS ! D'ailleurs, s'il y a un débat de fond qui émerge lors de leurs primaires se sera celui là. On a d'un coté Hollande qui veut très clairement mettre l'accent sur la jeunesse quitte à demander des efforts aux retraités, alors que Aubry semble plutôt lorgner du coté de cet électorat. A suivre ...

Pour les femmes, c'était naturellement une provoc destiné à énerver Calimero. Je voulais dire par là qu'on ne peut pas sous couvert d'égalitarisme refuser de faire la moindre distinction entre les groupes sociaux et se cacher derrière des exceptions pour affirmer qu'il n'y a jamais aucune différences. En moyenne, les femmes s'intéressent moins à la politique, comme en moyenne, les vieux se sont plus guère capables de s'intéresser à l'avenir d'une société dont ils se sentent sortis. En moyenne. Il y a bien sûr des exceptions ! Ca ne signifie pas qu'il faut toujours tirer des conséquences juridiques de ces différences, mais je pense qu'on peut les remarquer sans pour autant attenter au sacro-saint principe d'égalité et d'universalité de l'homme.

La nouvelle photo facebook répond à une histoire. C'est plus une blague qu'autre chose, mais cela je le réserve aux amis facebook ! Ici, on ne sait pas qui lit et donc je préfère en dire le moins possible sur moi.

@ Cording

Ce que Calimero n'a pas compris, c'est dans le texte, je met en doute l'affirmation selon laquelle l'Euro est au service des vieux et que je m'interroge sur le ressort réel de cette assertion. Je sais bien qu'elle a court, mais si qqun pouvait dire exactement EN QUOI une monnaie forte favorise la rente, je pense que ça serait une bonne chose pour tous ceux qui ne sont pas complètement à l'aise avec les questions monétaires. Personnellement, à part l'inflation, je ne vois pas bien.

@ Francis

Je rappelle que je n'ai voulu que poser la question et encore sous une forme conditionnelle. La phrase commençait pas "SI c'était le problème majeur des années à venir .. alors il faudrait ect..."

Mais je vois tout de même qu'on est quelques uns à pouvoir envisager cette mesure jugée "fasciste" par Calimero.

Je n'irais tout de même pas jusqu'à réserver le droit de vote aux actifs. Ce serait un pas vers le suffrage censitaire, en associant les droits politiques au fait de travailler. L'idée serait plutôt de fixer un plafond pour maintenir un âge moyen du corps électoral raisonnable. Le plafond pourrait être à 75 ou 80 ans ...

C'est effectivement le même problème que pour les retraites. Si on considère qu'on doit allonger la durée de l'activité pour conserver un rapport actifs/inactifs supportable sur le plan économique, le raisonnement s'applique aussi à la démocratie. On ne peut pas donner donner tout le pouvoir aux bénéficiaires de l'Etat providence et de fait retirer celui des acteurs productifs.

Cela me rappelle une anecdote que j'ai déjà racontée ici. J'ai entendu un jour un journaliste raconter qu'un homme politique de premier plan lui avait dit que de prendre position en faveur de l'industrie (il était question du protectionnisme) n'était pas rentable sur le plan électoral, car les salariés de l'industrie ne pesaient plus rien ou presque. C'est ce genre de raisonnement qu'il faut empêcher !

textpadder

@Malakine
On verra pour le PS, votre pronostic me semble plausible et si DSK est retenu pour 2012, alors vous aurez confirmation de votre analyse demographique du PS.
Merci pour vos precisions sur les femmes et la politique.
Sur l'euro fort, c'est le dogme du combat contre l'inflation qui, en supprimant toute possibilité de dévaluation, assure la protection des rentiers.
Je suis comme vous et je n'affirme pas que ça assure la rente pour autant.
Peut être que la poursuite de l'euro fort n'est pas construite pour la protection des rentiers, mais cette politique monétaire, dogmatique, les protège clairement.
Et pour facebook, vous faites bien d'avancer masqué en ce pays qui pour moi est un piège. Je vous conseille de n'y pas participer au passage. J'ai ouvert un compte en 2006 par curiosité et je l'ai fermé peu de temps après. Quelqu'un a pu retrouver ce profil récemment et me questionner sur mes "amis" de l'époque. Ce truc est une plaie et tout ce qui vous concerne y restera et sera un jour retenu contre vous. sans paranoïa.
A bientôt pour une prochaine de vos analyses.

yann

@Malakine
"Je sais bien qu'elle a court, mais si qqun pouvait dire exactement EN QUOI une monnaie forte favorise la rente, je pense que ça serait une bonne chose pour tous ceux qui ne sont pas complètement à l'aise avec les questions monétaires. Personnellement, à part l'inflation, je ne vois pas bien."

C'est assez simple en fait la stratégie rentière consiste à maximiser les revenus de la rente. Il y a deux manière de le faire par une hausse des taux d'intérêts ou par une baisse des prix, ou les deux. Ce qui compte au finale pour le rentier c'est que l'inflation soit toujours beaucoup plus basse que le taux d'intérêt.

Or le taux d'inflation c'est en partie le fruit de la hausse des salaires, pas uniquement, mais en partie. En régime de libre-échange avoir la monnaie la plus forte possible permet d'importer le travail à moindre cout et donc d'améliorer le pouvoir d'achat de la rente. Bien sure d'un point de vue collectif çà n'a aucun sens puisqu'un pays qui importe tout ce qu'il consomme fini par voir sa monnaie se dévaluer mais d'un point de vue individuel ça colle.

C'est d'ailleurs ce qui s'est passé en Argentine le pays était partager entre la rente et la production. Et parfois, et même souvent on peut être rentier et salarié et être partager entre le fait de perdre une partie de ce que l'on a accumulé comme capital et la possibilité de perdre son emploi à cause d'une monnaie surévaluée. Bien sure à la fin c'est toujours la production qui fini par gagner mais parfois en causant des dégâts terrible. Si les argentins n'avaient pas collé leur monnaie au dollars ils n'auraient pas eu tout ces problèmes.

On peut remarquer que la situation de la rente vis à vis des dévaluations dépend aussi de la situation industrielle du pays. En Chine par exemple les rentiers n'ont aucun intérêt particulier pour la réévaluation du Yuan car la plupart des produits qu'ils consomment sont fait en Chine et qu'il n'y a pas moins cher ailleurs. Bon on trouvera surement quelques riches rentier pour se plaindre du prix des montres Rolex importées d'Europe, mais ils sont encore trop peu nombreux en Chine pour pousser le pouvoir à la réévalution. Dans le cas de la France ou des USA il est claire que les rentiers n'ont aucuns intérêt à voir une dévaluation puisque plus on est riche plus on consomme étranger dans ces pays.

cording

@ Malakine
La politique de la monnaie forte, que ce soit franc ou euro, favorise les vieux dans la mesure où elle est fondée sur le refus d'une inflation des salaires et accepte celle des revenus du capital et de la rente. C'est rarement les jeunes générations qui peuvent les détenir.
Depuis 30 ans les revenus du capital ont bien plus augmenté que les salaires et l'origine de la crise des subprimes depuis 2007 a pour origine que le crédit trop généreusement distribué a permis aux américains de consommer et de connaître une croissance bien supérieure à celle de la zone euro.Ce scénario a prévalu à des degrés variables selon les pays de l'UE. Rappelez-vous que Sarkozy voulait que la France fasse du crédit façon subprime!
Une inflation salariale permet aux jeunes génération d'acquérir des revenus et un patrimoine plus vite et de s'endetter et de rembourser à moindre frais grâce à l'inflation, c'est ce scénario qui a prévalu non sans succès lors des "Trente Glorieuses".
L'inflation est le tabou des "experts" en économie c'est pourtant un des moyens de payer les montagnes de dettes accumulées partout et par tout le monde pourvu qu'elle soit contrôlée quant à son montant et à sa durée.Par exemple 5%¨pendant 5 ans allégerais bien des endettements, les revenus du capital ont suffisamment profité des "Trente Piteuses" c'est un choix politique et seulement politique comme à La Libération où la France était un pays ruiné mais cela n'a pas empêché la mise en place d'un Etat-providence issu du programme du Conseil National de la résistance sous l'égide du Général De Gaulle!
Il faudrait que nous soyons gouvernés par des Politiques!

Jehuty

"Moi je crois à l’égalité de tous, ça s’appelle les valeurs de la république et je croyais que vous les partagiez, je m’aperçois que je me suis trompé. Bye."

les fameuses "valeurs de la république" qui serait l'alpha et l'omega de toute réflexion politique...

Malakine

@ Textpadder

L'essentiel de mes contacts facebook ne partagent que des liens sur l'actu et des opinions politiques. C'est une manière de constituer des réseaux, donc il n'y a aucun risque au niveau de la confidentialité. D'ailleurs, beaucoup utilisent des pseudo comme sur les blogs.

En ce qui me concerne, je ne veux pas donner trop d'informations personnelles sur moi ou ma vie, car j'ai remarqué que les connards s'en servent toujours balancer des attaques personnelles lorsqu'un article ne leur plaît pas.

(Je poursuis plus tard. J'ai quelques urgences)

Pierre Verhas

Attali, avec son humour un peu particulier, a dit un jour (il y a longtemps, c'était sur France Inter avant qu'il soit conseiller de F. Mitterrand) que si on voulait résorber le déficit de la sécurité sociale, il suffirait de supprimer l'assurance maladie aux personnes âgées.

Cette assertion m'a tellement choqué que je me suis toujours posé la question de savoir si c'était de l'humour.

On se trompe de débat. On est dans le "comptable". Les déficits ! Tout d'abord, il y a déficit et déficit. Il y a le déficit brut dont on ne cesse de nous dire qu'il est chaque jour plus insupportable et il y a le déficit structurel qui est le déficit sans les intérêts de la dette qui, lui, est tout à fait acceptable d'autant plus que les pouvoirs publics n'ont cessé de rogner sur les dépenses publiques depuis une trentaine d'années. Il est donc clair que le vice se trouve dans le système financier. Il est tout aussi clair que le fameux G20 qui allait tout régler ressemble à la montagne qui accouche d'une souris. On ne veut pas réformer en profondeur le système financier et, pour cause.

Depuis la fameuse crise financière, il y a un fil logique qui s'étire : la libéralisation d'un marché transatlantique. Les USA et l'Allemagne seront les producteurs et le reste de l'Europe ainsi que le Canada et le Mexique, les consommateurs. La monnaie unique qui n'avait qu'un seul objectif - lutter contre l'inflation - s'est effondrée avec la crise grecque.

Si on relit l'historique : le secteur financier a "socialisé" la dette privée à ses propres conditions. Cela a été la première étape avec la crise financière, affaiblissant les états avec un déficit brut devenant quasi inabordable. Pour le résorber, les Etats sont obligés d'emprunter sur le marché financier. En cela, ils sont devenus dépendants des fameuses agences de notation qui "cotent" les capacités de remboursements des intérêts de la dette souscrite. Ce fut la crise grecque d'ailleurs initiée par la fameuse banque Goldman Sachs. Ont suivi l'Espagne, le Portugal. La Grande Bretagne dès la venue au pouvoir des libéraux conservateurs a adopté un plan de rigueur tel qu'il rend les Anglais nostalgiques de Thatcher ! La France va suivre. L'affaire Bettencourt et les mouvements sociaux n'y changeront rien.

Résultat : les Etats seront écrasés. Le politique ne sera plus là que pour la parade et le fameux marché transatlantique pourra se mettre en place.

Quant à l'Euro, il disparaîtra, mais ce ne sera pas un retour aux monnaies nationales, ce sera un système monétaire aligné sur le dollar comme cela s'est passé dans certains pays d'Amérique latine et d'Asie du Sud Est. Après tout, le fameux SME, ancêtre de l'Euro, fluctuait bien avec le dollar...

Sur le plan politique : finie la souveraineté, plus aucune maîtrise de la production industrielle, le programme du CNR qui faisait la cohésion de la société française et qui a été appliqué sous d'autres formes dans d'autres pays européens dont la Belgique, sera jeté aux oubliettes.

Le politique doit se réveiller et pas seulement en France. Il faut commencer par désarmer "l'ennemi" : nationaliser laes banques. Ensuite, définir et mettre en oeuvre une politique industrielle créatrice d'emplois réels. Adopter une politique étrangère à la fois ferme quant aux intérêts des pays européens et ouverte sur le monde en écartant le dogme libre-échangiste pour un "juste échange" comme le prône Hubert Védrine. Et enfin,comme l'écrit cording, un nouveau programme de solidarité sociale à l'exemple de celui du CNR. Et surtout, arrêter de raisonner à la manière réductrice d'un "comptable".

Pour ce faire, il faut unir les forces de gauche et de droite qui restent attachées à certains principes de base tels que ceux définis plus hauts. C'est cela les "valeurs républicaines" auxquelles adhèrent une majorité de Français, mais aussi de non Français comme votre serviteur.

PeutMieuxFaire

Comme Cépajuste je bloque aussi sur cette réflexion incongrue de limite d'âge pour le droit de vote...
Notez que si vous couplez l'âge limite avec l'âge de la retraite vous en faciliteriez peut-être le recul !

Que les "forces vives" et le "jeunes" usent de leur droit de vote (et d'abord s'abstiennent moins) avant d'interdire aux vieux de s'exprimer via les urnes !

Malakine probable auteur du sketch : http://www.sketches.fr/ledroitdevo.html

Cépajuste

@ PeutMieuxFaire | 07 juillet 2010 à 17:05

Merci pour ce message. Je me sentais un peu seul, sur ce coup...
Je voudrais vous raconter une petite anecdote, un peu triste. Mon grand père, qui est très âgé, n’a pas pu se rendre à son bureau de vote lors des dernières élections régionales, à cause de ses problèmes de santé. Lorsqu’il m’a avoué s’être abstenu pour la première fois de sa vie, il a fondu en larmes, il avait honte et se sentait diminué. C’est comme s’il était déjà mort pour la société. Imaginez un peu ce que ressentiraient tous ces vieux si on leur retirait leur droit de vote comme on le fait pour les repris de justice, ce serait vécu comme une humiliation, une dégradation. Une société se juge à la façon dont elle traite ses citoyens les plus fragiles, or les vieux sont fragiles, ne l’oublions pas.

Coli

Votre débat est intéressant, mais je rebondis sur seulement un de ses aspects soulevé par Yann, celui de l'éclatement de la zone Euro (et aussi probablement de l'UE par extension), éclatement qui pourrait bien être provoqué par le pays pays qui en est pourtant un des principaux bénéficiaires : l'Allemagne.

A priori, ça semble assez paradoxale, car c'est la monnaie unique qui a permis à l'Allemagne de mettre en œuvre sa politique de désinflation compétitive et de gagner des parts de marché sur ses « partenaires » européens, mais une des constantes que l'on peut observer dans le lent pourrissement du débat démocratique de ces dernières décennies, est une étonnante incapacité des citoyens contemporains à prendre conscience des raisons profondes qui façonnent leur environnement économique (le rôle néfaste du libre échange est suffisamment connu des lecteurs de ce blog, pour qu'il soit inutile d'y revenir).

Contrairement à Malakine, je pense que l'age de plus en plus élevé de l'électorat ne joue qu'à la marge, car les citoyens, âgés ou pas, n'ont d'autres choix que de voter pour des candidats préalablement sélectionnés par le système.

De façon plus détournée, dans un article très intéressant http://www.dedefensa.org/article-la_deroute_de_l_ideal_de_puissance__12_02_2010.html, Philippe Grasset pointe du doigt les énormes lacunes des projets américains et européens (de type UE) et ce, dès le départ, projets qui n'ont aucune substance historique, car fondés sur le seul utilitarisme à court terme. Pour l'illustrer, il fait fait un parallèle très intéressant et surprenant entre les mouvements sécessionnistes américains de type « Tea Party » qui pourraient amener à un éclatement des USA et le comportement des citoyens allemands qui demandent un éclatement de l'Euro, comportements dans les deux cas schizophréniques, car consistant à rejeter des systèmes qui sont pourtant les reflets exacts de leurs visions du monde.

Cette réaction pourrait bien être le symptôme d'un type de pensée économique et politique épuisée qui, confrontée aux résultats inattendus de ses contradictions, choisira de saborder son propre navire plutôt que de se remettre en cause, comportement qui rappelle assez celui de l'URSS en son temps. « Ni les USA, ni “l’Europe” dans ses structures actuelles n’y résisteront » affirme Grasset.

Cela pourrait être finalement un des grands paradoxes politiques de ces prochaines années, la destruction de structures, non par ceux qui en étaient les plus grands perdants, la lâcheté de leurs dirigeants étant sans limites, mais au contraire, par la crispation et l'aveuglement de ceux qui semblaient, par contraste au moins, en être les principaux bénéficiaires. L'avenir évidemment n'est jamais sûr, mais la piste soulevée par Grasset est intéressante ...

Aluserpit

@Malakine (et autres)

Sur une limite d'age au droit de vote, tu poses les bonnes questions (proportion de retraités et d'actifs dans le corps électoral), mais tu apportes les mauvaises réponses.
en effet cela serait bien sur contraire au principe d'égalité (tel qu'il est défini par la jurisprudence du Conseil Constitutionnel). Mais aussi, et surtout, cela constituerait un dangereux précédent pour un scénario de type "Après la Démocratie"...

J'avais déjà parlé d'une solution dans un précédent article :

En 2003, des députés allemands avaient proposé d'accorder le droit de vote dès la naissance, avec procurations données aux parents jusqu'à la majorité.
bien sûr il y aurait des problèmes techniques à régler (une demi-voix pour chaque parents? etc). Mais l'égalité entre les citoyens est respectée. Et après tout, élever des enfants, n'est-ce pas choisir à deux (ou éventuellement seul) en leurs noms ce que l'on estime le meilleur pour eux jusqu'à leur majorité?

yann

@Malakine

Puisque personne n'en a parlé que pense tu de la dernière proposition de Patrick Artus qui consiste à augmenter les salaires de la zone euro de 20% et de dévaluer l'euro en même temps de 20%.

http://www.marianne2.fr/Artus-mieux-que-le-NPA-20-d-augmentation-pour-tous_a194913.html

J'ai l'impression que Artus petit à petit se rapproche de nos solutions même si sa proposition à de lourdes faiblesses comme je l'explique ici:

http://lebondosage.over-blog.fr/article-patrick-artus-veut-augmenter-les-salaires-53524644.html

C'est quand même une bonne nouvelle qu'un type aussi bien placé propose d'agir réellement sur le pouvoir d'achat des salariés.

@Coli

Je ne suis pas sure que ce soit très pertinent de comparé l'UE et les USA en fait. Chaque état Européen à une langue et une histoire bien plus riche que celle des USA. Ils ont une identité bien plus forte que les états US, leschance d'une dislocation de l'Europe est par conséquent bien plus probable que celle des USA. Mais bien sure à force de faire n'importe quoi il est aussi possible que les états américains jettent l'éponge et sortent de l'union à plusieurs ou seuls pour faire autre chose. Et il est vrai que quand on voit la pauvre Louisiane, jadis perle de l'Amérique du Nord, du moins quand la France l'a donné aux USA (merci Napo), être aujourd'hui traité comme de la merde par l'état central. On peut se demander ce qu'ils attendent pour devenir indépendant.

Cépajuste

@ Aluserpit | 07 juillet 2010 à 18:58

Très dangereux (et illégitime) d’établir un rapport entre les droits électoraux et le fait d’être actif ou inactif.
Parce qu’après les retraités, ça sera les chômeurs, les érémistes, etc. Et pour finir, on revient au suffrage censitaire sans le dire.

Quant à accorder le droit de vote dès la naissance, droit qui serait exercé par les parents… d’abord lequel, de parent ? Le père ? La mère ? Et s’ils n’ont pas les mêmes tendances politiques ? Et puis, je me vois à 15 ans, alors que j’étais déjà très politisé, mais sans avoir le droit de vote. Si mes parents avaient voté à ma place à l’opposé de mes convictions, je n’aurais pas aimé du tout…

ETDAS

"C'est pourquoi je soutiens la Mannshaft avec un immense plaisir et beaucoup d’enthousiasme"
Muchas gracias España!

Malakine

@ Yann

En même temps quand on regarde les taux d'intérêts réels aujourd'hui, ça n'a rien de mirifique. La rémunération de l'épargne devait être bien supérieure à l'époque du "franc fort" dans les années 90 où les tx d'intérêts dépassaient les 10%

@ Cording

J'ai toujours été très réservé sur l'argument qui nous dit que l'inflation est le remède miracle. Dans un système de concurrence généralisée, je ne vois pas comment les salaires peuvent augmenter de manière régulière et forte. Les prix en revanche, oui, c'est possible. Et une augmentation des prix sans augmentation des salaires, moi je n'appelle pas ça de l'inflation mais une régression du niveau de vie.

@ Pierre verhas

"es pouvoirs publics n'ont cessé de rogner sur les dépenses publiques depuis une trentaine d'années" Vous plaisantez ?? 56 % du PIB l'an passé ! Et sans compter les dépenses fiscales. !

"Les USA et l'Allemagne seront les producteurs" Les USA ?? Avec leur déficit commercial qui augmente même quand le dollar baisse ? Ils vendent quoi, à part des films et des séries les ricains ?

"la monnaie unique n'avait qu'un objectif, celui de lutter contre l'inflation" mmm ... Elle a été voulu par la France pour accrocher l'Allemagne à l'Europe et éviter qu'elle ne dérive à l'Est.

A part ces petites erreurs, je suis d'accord avec le reste.

@ PMF

Et encore, tu sais bien que j'ai déjà fait bien pire dans le registre de la gérontophobie. Tu te souviens peut-être un article écrit en Aout sur les dépenses de santé où on m'avait déjà traité de fasciste inhumain ou je ne sais plus quelle amabilité de ce genre ?

@ Cépajuste

C'est le problème de voir les problèmes sociaux avec le prisme individuel de son histoire personnel. Moi la première grand mère a perdu sa tête, et l'autre n'écoute plus les infos parce que ça la déprime.

Le problème que vous posez est peut-être différent. Vous n'êtes plus du tout dans la problématique de la moyenne d'âge du corps électoral mais vous poser la question de savoir quelle rôle social et quels liens sociaux ont peut encore offrir au 4ème âge. C'est une vraie question ! J'avais essayé d'y apporter des réponse dans le programme municipal que j'avais rédigé il y a deux ans. C'est compliqué. Il faut essayer des trucs. L'isolement et la désocialisation des personnes âgées est un vrai sujet.

@ Coli

"Contrairement à Malakine, je pense que l'age de plus en plus élevé de l'électorat ne joue qu'à la marge, car les citoyens, âgés ou pas, n'ont d'autres choix que de voter pour des candidats préalablement sélectionnés par le système."

Je suis d'accord ! Je rappelle que ce n'est pas moi qui est dit que les politiques étaient prisionniers des intérêts générationnels de leur clientèle électorale mais Alain Cotta. Moi, je me suis juste contenté de dire que Si c'est le cas, il faudrait réfléchir à des solutions.

Sur la question de savoir si les Allemands ont intérêt à revenir au Mark, je crois l'avoir dit plus haut. Tout dépend l'interprétation que l'on donne à leur succès à l'exportation. Si c'est lié à la qualité de leur produits et à une situation de quasi monopole sur certains secteurs, ils ont tout intérêt à une monnaie la plus forte possible (les ventes ne sont pas affectées par une hausse des prix) C'est l'hypothèse de Cotta. Maintenant, si on considère que leur excédents est lié à leur politique de déflation salariale, la conclusion est différente.

Je n'ai pas de religion la dessus. Je me contente d'examiner les positions subjectives et je constate que les allemands ont déjà ENVIE de revenir au Mark. Sur le fond, je doute. J'ai conscience que le coût du travail dans l'industrie en Allemagne est encore supérieur à celui en France. Net, brut, je ne sais pas, mais en tout cas, le différentiel n'est pas énorme.

A mon avis, le peuple allemand va avoir tôt ou tard envie de se défaire des chaînes européennes pour mener sa propre barque et reprendre sa dérive à l'Est dans le cadre d'une intégration économique avec la zone russe.

@ Aluserpit

En effet, ta proposition est très intéressante. Elle va dans le même sens.

Juste une remarque sur le principe d'égalité et les droits des personnes. En ce qui me concerne, entre les droits individuel et la sauvegarde de l'intérêt collectif de la société, je choisirais toujours le collectif. Ce n'est peut-être pas très français et très moderne comme manière de penser, mais c'est ma culture politique.

@ Yann

Ce n'est pas une surprise et c'est le thème de son dernier et excellent bouquin. Je crois d'ailleurs avoir déjà relayé cette position d'Artus ici.
http://horizons.typepad.fr/accueil/2010/04/quand-patrick-artus-enterre-la-stratgie-de-lisbonne.html#more

@ Cépajuste

Et donc vous proposez quoi ? Si demain la jeunesse se désengage complètement des processus électoral et qu'il n'y a plus que les vieux qui votent, vous laissez les clés du pays aux retraités ? Ou vous comptez sur la clairvoyance et le sens de l'intérêt général à long terme de nos politiques ?

@ ETDAS

T'inquiète, parmi mes deux voisins que je visite régulièrement, il y en a encore un en course. Dimanche soir je serais en orange parmi eux pour fêter la victoire contre ces espagnols aux jeu aussi prétentieux qu'inefficace :-))

***

J'en profite pour vous dire que je vous prépare une série de billets "chauds" pour l'été sur les sujets les plus explosifs qui soient. Restez fidèles. Malakine ne prend pas de vacances (il en a assez pris comme ça pendant cette "saison IV") Ca commence dès demain soir.

Malakine

Je viens de voir le lien de PMF sr le sketch

La question de la retraite est très mal posée. Le gouvernement nous dit qu'il y aura trop d'actif pour le nombre d'inactif. Il veut répondre avec une (pseudo) réforme qui allonge la durée de travail individuelle. Or, jamais cela ne va augmenter la quantité de travail collective des actifs cotisants. Tout ça c'est bidon. Tout ce que ça va faire, c'est un transfert de charges de l'assurance vieillesse à l'assurance chômage.

Le vrai problème c'est la quantité de travail des actifs ou plus exactement la masse salariale des actifs. Pour la développer il faut une politique d'expansion économique.

Or, que constate t-on ces dernières années dans les conflits sociaux ? Les ouvriers ne se battent plus pour la pérennité de leur outil de travail mais pour partir à la retraite tôt avec le maximum de pécule pour pouvoir vivre tranquillement. C'est ce type d'attitude généralisée à l'ensemble de la société qui est mortifère. On pense à ça pour soutirer tant qu'on peut un maximum d'avantages et après moi le déluge !

Joe Liqueur

@ Malakine

J'ai trouvé une femme qui s'intéresse à la politique. Et elle ne fait pas semblant.

http://www.dailymotion.com/video/x5njza_le-choix-de-la-defaite-annie-lacroi_news#from=embed?start=2

Je peux en trouver d'autres si tu veux.

A part ça, un âge maximal pour le droit de vote, je suis contre. A titre personnel je pense au contraire que le défaut de considération dont notre société témoigne à l'égard de ses vieux est un signe manifeste de décadence. Et qu'il ne faudrait surtout pas en rajouter…

La sagesse des vieux est un trésor dont nous ne savons plus estimer le prix. Quand je vois le comportement des misérables "quadras" du P"S" et de l'UM"P", cela me conforte d'ailleurs dans cette conviction. Ils sont encore pires que les "éléphants" ou autres dinosaures.

Cependant je peux tout à fait comprendre que tu ais mal pris les accusations subreptices énoncées par le dénommé Cépajuste.

@ Cépajuste

C'est pas juste.

Cépajuste

Alors soyez communiste et approuvez la dictature chinoise ! suppression de la liberté individuelle, l’Etat se charge de l’intérêt collectif. C’est une dictature, les droits individuels sont bafoués, c’est le règne de l’arbitraire, mais c’est efficace puisqu’elle va devenir la première puissance mondiale !

Dans une démocratie avancée comme la nôtre, retirer le droit de vote à une partie de la population est inacceptable pour des questions de principes démocratiques élémentaires. Et comme l’a fait remarquer Aluserpit ce serait contraire au principe d’égalité (qui fait partie de notre devise républicaine) et donc inconstitutionnel. Mais acceptons un instant cette hypothèse pour en montrer l’absurdité : quelle serait la justification de cette mesure ? Quelle serait son argument, sa légitimité, son périmètre et ses modalités ?

S’il s’agit de l’incapacité supposée des personnes âgées, de leur manque de discernement politique, alors cet argument ne tient pas puisqu’en effet on peut être sénile à 50 ans si l’on est frappé de la maladie d’alzheimer, et en revanche on peut être en parfaite possession de ses facultés intellectuelles à 100 ans.

S’il s’agit de réserver le droit de vote aux seuls actifs, non seulement il faudrait exclure tous les retraités, mais également les chômeurs, les invalides, les érémistes, les rentiers, les femmes au foyer, etc. Ca reviendrait à rétablir une sorte de suffrage censitaire où seule une minorité aurait le droit de vote.

S’il s’agit de reprocher aux « vieux » de voter selon leurs intérêts particuliers et non selon l’intérêt général, on est là dans le domaine du subjectif et de l’insaisissable : ça reste à démontrer, ce n’est pas vrai pour tous les vieux, et c’est vrai en revanche pour beaucoup d’autres catégories.

Si votre problème, c’est que les vieux sont plus nombreux qu’avant, c’est la conséquence de l’évolution démographique. Si demain ce sont les jeunes qui sont les plus nombreux, vous allez repousser l’âge de la majorité à 30 ans pour éviter l’excès de pouvoir des jeunes sur la marche de la société ? Et la logique folle de ce raisonnement poussée dans ses dernières extrémités conduirait à regarder si, dans le corps électoral, une catégorie quelconque (il n’y a pas que le critère de l’âge) de la population ne risque pas d’être en surnombre et d’imposer ses choix à l’ensemble de la population ? On ne serait plus alors dans un cadre démocratique où la majorité décide, où un citoyen=une voix, mais dans un système qui interpréterait de façon forcément subjective quel serait l’intérêt général et pondérerait en conséquence les résultats électoraux !

ETDAS

TSSS, Tssss
Après les Prussiens, les Bataves, ce peuple de commerçants qui ne crée rien, ces meilleurs amis des anglais...

Les supporters allemends vont-ils se faire une paëlla avec le poulpe?

Pierre Verhas

@ Malakine

Certes, je n'ai pas tenu compte des dépenses fiscales et cela ne fait que renforcer mon analyse. Le déficit serait moindre sans les dépenses fiscales et la lutte contre la fraude fiscale (l'affaire Bettencourt apporte la preuve que la lutte contre la fraude fiscale est une plaisanterie). Quant aux moyens de l'Etat, ils ne cessent de diminuer notamment par la diminution du nombre de fonctionnaires. Je ne parle pas de certains investissements de prestige aussi inutiles que coûteux.

Je maintiens que les USA restent de grands producteurs grâce au système des multinationales. Vous oubliez IBM, vous oubliez Microsoft, vous oubliez General Motors qui a été aidée par l'Etat US, vous oubliez l'industrie agro-alimentaire symbolisée par Mc Donald et je pourrais en citer d'autres comme Monsanto. Leur déficit commercial s'explique par les délocalisations et la consommation énorme de matières premières avec en tête le pétrole pour l'industrie et les ménages.

Quant à l'Euro, son principe a été adopté avant la réunification allemande et avant même 1989, même s'il n'a été confirmé qu'en 1992 à Maastricht. Le blocage venait de la Grande Bretagne. A ce moment, c'était encore sous Mitterrand et Kohl, le couple franco-allemand était beaucoup plus solide. Je ne suis pas d'accord avec vous, si la France voulait l'Euro, l'Allemagne le voulait aussi à condition que ce soit un Deutsche Mark européen : monnaie forte destinée à lutter contre l'inflation. C'était la condition qu'elle a posée pour y participer. Cela n'a rien à voir avec ce que vous appelez "la dérive à l'Est" (pourquoi pas l'expression hitlérienne de "Dranch nach Osten" tant que vous y êtes ? Je plaisante !). Quant à l'Euro, c'est ce qui s'est passé, la BCE, basée comme par hasard à Francfort, a joué la monnaie forte avec les conséquences que l'on sait malgré les avertissements de nombreux économistes.

J'ajoute que le problème de l'Europe, c'est à la fois la Grande Bretagne avec son alignement systématique sur les USA et les pays de l'Est qui s'en méfient, et on peut les comprendre. A l'époque du "communisme", la CEE qui n'était pas encore l'UE n'a rien fait pour se montrer solidaire à leur égard. Une Merkel qui est Allemande de l'Est n'a pas oublié cela. La conception de l'Europe comme l'a dit Hubert Védrine, c'est de "l'irreal politiek".

Joe Liqueur

@ Cépajuste

Je suis plutôt d'accord avec vous sur le fond, mais je trouve que vous avez tendance à tomber systématiquement dans l'outrance. Et puis, quand vous commencez une phrase par "dans une démocratie avancée comme la notre", je ne sais pas si je dois rire ou pleurer.

Vous croyez sans doute que la démocratie peut se résumer à la liberté d'expression (et vous n'êtes pas le seul). La réalité, selon moi, est bien différente : la liberté d'expression est certes une condition nécessaire de la démocratie, mais en aucun cas ce n'est une condition suffisante.

Aluserpit

@Cépajuste
Le plus simple et le plus juste me semble être d'attribuer une demi-voix par enfant à chaque parent, ou une voix s'il y a un seul parent reconnu. Cela peut sembler surprenant au premier abord, mais c'est techniquement assez facile à mettre en œuvre, et respecte le principe d'égalité: une voix par citoyen, qu'il soit majeur ou mineur.
Si tes parents avaient voté à l'opposé de tes convictions, tu n'aurais été ni le premier ni le dernier adolescent à traiter ses parents de vieux cons (ou autres). C'est ainsi depuis que le monde est monde...

@Malakine
Ca ne me choque absolument pas. En effet, gouverner consiste en permanence à abriter entre les droits individuels et l'intérêt général. Il faut seulement que cela se fasse de façon équilibrée.
D'ailleurs le Conseil Constitutionnel applique une jurisprudence qui me semble frappée au coin du bon sens : Il peut être dérogé à l'égalité pour des raisons d'intérêt général, pourvu que cela soit en rapport direct avec l'objet de la loi et que cela soit proportionné au but recherché.
En instaurant un age limite au droit de vote, on crée une énorme distorsion au principe d'égalité (des millions de citoyens privés de droit de vote) sans garantir que cela soit vraiment un gain équivalent pour l'intérêt général. Comment savoir si le "jeu" en vaut la chandelle?

Cépajuste

@ Joe Liqueur

Je voulais dire par « démocratie avancée » que nous sommes dans un état de droit, contrairement à la Chine, par exemple.

@ Aluserpit

Le droit de vote est indivisible et inaliénable. Je ne suis plus un adolescent mais je pense toujours que les parents ne peuvent pas prétendre représenter politiquement leurs enfants, ni parler en leur nom ; il me semble que ça serait un abus et même (on va dire que je suis encore dans l’outrance) une forme d’usurpation de leur permettre de voter à leur place.

Dresse (de La Gaule Graquienne)

(Longtemps que ne suis pas passé par ici. Pas déçu !)

Ah ! Haro sur l’éternel et universel égoïsme des vieux ! Définition de la chose, je cite : « personne qui ne peut plus se projeter dans l’avenir ».

Formule qui sonne étrangement aux oreilles de quelqu’un qui vient –par la force des choses- de fréquenter tous les jours pendant des semaines un service de gériatrie dans un hôpital. Je n’y ai vu que des gens, lorsqu’ils avaient encore une partie de leur tête à disposition, qui s’imaginaient encore un avenir possible, évoquant des moments heureux de leur vie comme s’ils allaient à nouveau s’ouvrir à eux (n’importe quel médecin vous dira que cette démarche est essentielle à la convalescence d’un grand malade, jeune ou moins jeune). En témoigne aussi le plaisir évident avec lequel ils s’emparent des journaux que vous leur apportez -lesquels manquent cruellement dans les hôpitaux faute de moyens -et les lisent.

Qui veut noyer son chien lui trouve tous les défauts, dit-on, et ce genre de discours argumenté et poli n’est-il pas une résurgence postmoderne, à la faveur de la dureté nouvelle des temps, des pratiques en vigueur dans nos campagnes encore avant hier ? Quand on mettait fin aux souffrances du vieux en lui écrasant un oreiller sur le nez, ouvrant ainsi de plein droit la succession par-dessus le marché (ah ! A nous la boîte de Louis de Napoléons sous la cuisinière et la fin de l’Euro !).
J’ai eu souvent l’impression que c’était plutôt leur entourage qui n’avait plus envie de projeter ces personnes dans l’avenir, le leur propre en l’occurrence.

Je ne vais pas critiquer Alain Cotta, que je lis depuis longtemps (exactement depuis ce débat sur France info, au soir des législatives de 97, où il avait tenu la dragée haute au meilleur Todd, celui de l’Illusion Economique, le bon sens matois contre l’assurance crispante du chercheur), et dont j’avais adoré son « Une glorieuse stagnation ».
Ecrit au lendemain de la canicule de 2003, ce livre avait soulevé un parfum de scandale puisqu’il y était clairement posé la question qui fâche. Non, nos sociétés n’allaient plus avoir les moyens économiques d’assurer une expansion indéfinie de la durée de vie humaine. Mais Cotta, qui est définitivement un économiste libéral, mais avant tout de bon sens, soulignait simplement qu’une approche purement économique d’un tel problème trouvait immanquablement ses limites, et qu’il fallait donc en adjoindre d’autres.

Le problème que tu soulèves, Malakine, est-il donc bien celui de la vieillesse ou celui de l’égoïsme ? Tu parles d’une génération en passe « de devenir la plus égoïste de toute l’histoire de l’humanité » (bigre !). Mais ne l’a-t-elle toujours pas été, égoïste, et cela même au cœur de sa jeunesse triomphante et niaisement généreuse, dans ces années symboles que furent les années soixante ? Je ne vois pas trop ce que l’âge a à voir là-dedans, cela d’autant plus que cette exubérance avait sa face noire, qui était précisément la grande détresse de la majorité des vieux de la même période.

Je ne l’ai pas inventé, quand tu seras revenu de ton enchantement avec Cotta, lis ou relis Louis Chauvel. En 1970, un pauvre est d’abord un vieux, et ce que l’on appelait alors le quart monde était largement marqué du sceau de l’âge.
Je ne sais pas pour la plus égoïste, mais la génération la plus mal lotie de l’histoire moderne en occident a été celle des jeunes qui ont eut vingt ans à la charnière du dix neuvième et du vingtième siècle. Ceux-là auront connu la condition humaine difficile de la majorité des gens laborieux au temps des premières révolutions industrielles, puis deux guerres terribles qui les auront souvent meurtri dans leur chair ou ôté leurs proches (cela a été totalement le cas pour tous mes grands parents), et pour finir, ils auront à peine profité du système de retraite par répartition mis en place par les générations de l’immédiat avant deuxième guerre mondiale, relayée ensuite allègrement par les baby boomers. Le principe étant que les actifs paient pour les inactifs, les premiers, on l’oublie souvent, n’ont pas payé grand-chose pour leurs infortunés aînés. Cela explique d’ailleurs pour une large partie leurs mirobolants plans de carrière !

Quand on a ce genre de détail historique en tête, ton texte et la majorité des commentaires qu’il a soulevé (ah ! Le Fascisme ! L’incontournable balayette à chiotte brandie universellement sur le web, on dirait qu’il a été créé pour ça), apparaissent pour ce qu’ils sont, des gentils canulars de troisième mi-temps au café du commerce avec les potes du club. Après la taxation des vélos, des chiens et des nains de jardin, on passe au droit de vote des vieux. Moi, après le septième pastaga, j’ai l’habitude de proposer un moratoire du droit de vote des femmes, cela parce qu’elles ne se projettent pas assez dans le présent en refusant de participer plus activement à de grands blogs politiques, celui de Malakine par exemple.

Blague à part (mauvaise, je le reconnais, il faut bien un peu se faire plaisir), je ne trouve même pas matière à disserter en roue libre sur la remarquable facilité avec laquelle les jeunes, par opposition aux vieux, savent, eux, se projeter dans l’avenir. Des Hitlerjugend du Guide aux gardes rouges de Mao, les mouvements authentiquement totalitaires ont d’ailleurs toujours su profiter de l’aubaine.
Je te renvoie plutôt encore à Louis Chauvel, qui, dans « Le destin des générations », envisageait d’instituer une véritable POLITIQUE DES GENERATIONS pour palier aux déséquilibres sociaux introduits par l’inégale succession des cycles historiques et économiques. Cela obligerait à une révolution intellectuelle, puisque la rupture de la chaîne infinie du progrès générationnel a encore du mal a être admise, et surtout parce qu’elle nous ramènerait à des temps plus obscurs, ceux où l’on remplissait les greniers des moissons abondantes en vue de jours plus funestes.
Mais à ces époques où régnaient encore les dieux, l’avenir se poursuivait après la mort, et il n’était pas encore honteux pour un jeune de raisonner comme un vieux.

Malakine

> Dresse

Ah Daniel ! Enfin de retour !! En fait, c'est moi qui est attendu ton retour, car ce blog sans les longues interventions et les éclairages lumineux de Grachus et ses nombreux pseudo, ça n'est pas la même chose. Je ne dirais pas que c'est chiant, mais pas loin. Je vais donc pouvoir me remettre à écrire ? :-)

Ce qui est extraordinaire avec ce texte, c'est qu'il devait traiter de l'euro et d'un bouquin (qui n'est pas de moi, je tiens à le rappeler) et finalement c'est le débat sur les vieux qui emporte tout. J'en déduis qu'il va falloir revenir au fond du sujet, en traitant de la politique de génération ou la place du 4ème âge dans notre société en déclin...

Dans ce qu'on appelle les vieux, il faut bien distinguer les baby boomers, cette génération dorée, égoïste et captatrice de richesse, et le 4ème âge, ceux qui sont nés dans les années 20 ou 30.

La génération qui pose problème n'est évidemment pas la seconde. je pense qu'on devrait encore pouvoir payer pour ses dépenses de fin de vie. En revanche, la génération du baby boom pose un sérieux problème. Economique en raison du poids qu'elle fera peser sur une économie anémiée. Et politique en raison de son poids dans le corps électoral. Le risque est immense qu'elle tire la couverture à elle comme elle l'a toujours fait dans son histoire et mette définitivement la France à genoux.

http://horizons.typepad.fr/accueil/2006/10/la_rforme_des_d.html

Quoi qu'on en dise, il faudra alléger le poids que fait et fera subir cette génération sur le reste de la société. C'est une question de survie !

Mais j'y reviendrais ...

Pour revenir à des choses plus légères, l'évocation de tes soirées pastaga me donne très envie d'y participer. Dans le genre, je suis pas mal non plus !! ^^ Quand est-ce qu'on se fait ça ? Tu m'invites à Grenoble cet été ? :-)

olaf

Salut Dresse,

Pour une fois je crois être raccord.

La génération née en 1880 est celle de mon grand père. Pourtant il faisait partie de l'"élite" artistique, plusieurs premiers prix de conservatoire de Paris et considéré par Ravel comme le plus grand musicien de son époque, peut être exagéré, et de toute façon je n'aime pas trop les classements.

Je n'ai jamais connu ce grand père, mais je connais assez bien sa vie, récits de famille, livres biographiques. Eh bien il a toujours été en marge, quémandant 3 sous pour continuer ses études, puis œuvres, en province, fuyant les médailles et autres légions d'honneur, 11 enfants, à travailler à pas d'heures, enseignement, composition, pas de pognon, ma grand mère raccommodant les chaussettes pour faire des économies.

La crise économique, puis la guerre, ma tante, sa fille, communiste, une virtuose du piano, en camp de concentration pour avoir contribué à faire passer la frontière espagnole à des juifs, y réchappant de justesse grâce à un officier allemand mélomane.

D'ailleurs, des officiers allemands lui avaient proposé un très bon poste en Allemagne, mais il a refusé en leur expliquant que la situation d'occupation n'était pas acceptable pour répondre à l'offre.

Quelques juifs entre temps étaient planqués dans la cave de son appartement parisien.

Son fils ainé mort des privations nutritionnelles de l'occupation, tuberculose. Ils crevaient la dalle.

Et mon père déblayant les cadavres après les bombardements alliés.

Un de mes oncles, que j'ai bien connu, tabassé par les communistes pour leur avoir dit ce qu'il pensait de leurs pratiques, séquelles physiques toute sa vie.

Finalement, ce grand père, il est mort après d'une congestion cérébrale mal soignée, à l'époque. Il était en plein exercice de ses fonctions professionnelles. La retraite, c'était un mot inconnu pour lui. Mort sur le champ d'honneur de la musique.

Ma grand mère n'a obtenu que peu de retraite, seuls ses enfants ont permis qu'elle ne soit pas dans la misère.

Alors d'accord, les hauts et les bas démographiques ou économiques changent la donne.

Daniel Dresse (en panne de pseudo)

@ Olaf

Votre témoignage est très touchant et me touche donc beaucoup.
J’ai connu aussi un grand père grand blessé de guerre et mélomane, malgré sa condition modeste de mécano aux chemins de fer. De haut en bas de la société, les gens de cette époque avaient de toute façon un rapport beaucoup plus actif à la musique, en l’absence des formes aujourd’hui banalisées de l’industrie musicale. Lui grattait inlassablement sa mandoline en noircissant des cahiers entiers de sa propre musique (lesquels ont malheureusement été égarés à sa mort) et parlait très peu des tranchées, qu’il avait pourtant fréquentées pendant toute la durée du conflit (il avait connu sa plus grave blessure à l’automne 1918, qui lui avait coûté un estomac et un pied). Belge très brun quand il avait été mobilisé dans l’armée française, à vingt ans, il était revenu quatre ans plus tard entièrement blanc, comme un albinos…
Sinon, nos chamailleries n’ont de toute façon pas d’importance, hors celle que donnent les mouvements d’humeur dans l’immédiat. Nous avons tous des histoires et des sensibilités très différentes, et, face à un avenir illisible, surtout à court terme, les mises en conflit sont inévitables. Je ne crois de toute façon plus trop aux analyses transactionnelles à but politique édifiant, encore prônées par certains. Plus à l’ordre utile du jour !
Les gens qui s’expriment sur les blogs où nous nous croisons (heurtons) parfois ont des différences d’opinion souvent considérables, exacerbées par le fait que tout le monde louvoie dans l’incertitude. Mais il existe, je pense, un fil invisible qui nous relie, et nous projettera du même côté quand la force des évènements l’exigera.

@ Malakine (c’est long, mais je t’assure que j’en ai écrasé au moins la moitié)

Ton empathie à toi aussi me touche, mais au train où vont les choses, je crains ne plus avoir bientôt d’autre choix que t’inviter sous les ponts (et les pont de l’Isère sont d’un glauque !). Si tu passes par l’hôtel, je me déguiserai en majordome. Ce sera mon dernier baroud d’honneur avant la faillite. En attendant, je suis comme Sœur Anne sur sa tour, je vois la route qui poudroie, mais j’ai bien peur que Barbe Bleue n’arrive à la place des clients.

Sur le problème posé par la génération des baby boomers, Louis Chauvel avait aussi écrit un très bon petit livre -très synthétique- en 2006, « Les classes moyennes à la dérive », puisque la fameuse « moyennisation » de la société, tarte à la crème un temps favorite des sociologues à la Alain Touraine, était largement un phénomène générationnel. Comme son pote Todd, dans Après la Démocratie, Chauvel donnait à son bouquin une conclusion sibylline : il fallait en attendre le meilleur comme le pire !

Du pire d’ailleurs, parlons-en. Je le dis tout net, si je m’exprime moins souvent ou plus du tout chez vous (par vous j’entends surtout Toi Yann et Laurent), c’est que je ne suis plus en phase avec vos positions.
Cela ne signifie pas non plus que je le sois avec les gens dont vous vous méfiez (exemple MLP) ou que vous dénoncez (exemple RP) tour à tour. Mais prudence, prudence, prudence. En ces temps d’implosion de tous nos repères il ne faut rien préjuger de l’avenir, et on a vu dans l’histoire des rapprochements beaucoup plus baroques que ceux d’une Marine Le Pen, d’un Dupont Aignan, d’un Villepin, d’un Soral, d’une Sorel (le rapprochement lui ferait plaisir à celle-là), d’un Pierre Cassen, plus une flopée de seconds couteaux pris à l’entourage de Mélenchon et Chevènement (après mise en bocal des chefs, avec beaucoup de formol).
Joli carnaval en fait! Tu comprendras que les professions de foi rédhibitoires martelées à gogo par d’aucuns ne m’impressionnent plus du tout. Je travaille rue Thiers, laquelle donne sur le boulevard Gambetta, et qui sait que sans le compromis hautement improbable passés par ces deux-là, la république n’aurait peut-être jamais vu le jour ?

Vos approches privilégiant l’économique et le social me gênent également, en ce qu’elles peuvent masquer des lignes de force ou des lignes de fracture qui ont leur dynamique propre.
Surtout, les mots de nation, d’identité, de république, voire de démocratie, ont été tellement galvaudés, détournés, roulés dans la farine, que j’évite le plus possible de les utiliser pour forger mon jugement.
Ce qui est clair pour moi, est que les grilles d’interprétation fascistes / anti-fascistes, racistes / anti-racistes sont devenus aussi vaines que le clivage droite-gauche pour caractériser les bouleversements qui nous accablent, cela parce que catégories héritées d’un siècle qui n’est plus le nôtre.

Je crois que Zemmour avait finalement raison quand il diagnostiquait, il y a de cela déjà près de dix ans, la victoire annoncée du communautarisme dans la société française. Cela revient à dire aujourd’hui que ceux qui ont entrepris d’éradiquer systématiquement depuis des lustres toute référence à l’identité nationale et à l’identité républicaine dans notre pays ont gagné provisoirement la partie.
Cela a donc permis aussi d’ouvrir la boîte de pandore à d’autres identités séculaires et historiquement éprouvées que sont les identités ethniques et les identités religieuses, les deux ayant d’ailleurs souvent tendance à se confondre.

Ici, il faut être clair et cohérent. Il n’y a aucune raison dans ces conditions à ce que des pans entiers de la société française ne cherchent pas aussi à se replier sur des valeurs communautaires qui lui seraient propres.

Cette tentation a été à la fois anticipée et dénoncée depuis quarante ans par une collusion des élites et de l’extrême gauche sous l’étiquette de « combat anti-fasciste » désignant en priorité le Front National et son vice indissociable présumé qu’aurait été le racisme, et plus particulièrement le racisme anti-musulman -que l’on n’appelait pas encore « islamophobie » (notons au passage que l’assimilation primordiale de l’extrême droite française au racisme est historiquement fausse. Même pendant l’affaire Dreyfus, le nationalisme et le militarisme ont toujours primé sur cette tendance, expliquant par exemple qu’un journal d’abord dreyfusard comme le Figaro, soit finalement passé dans le camp hostile au capitaine. Parce que la patrie et l’armée était en jeu, et Dreyfus ne devenait alors plus qu’un épiphénomène).

Le problème est que ces grands esprits, partant d’un diagnostic faux, ne pouvaient percevoir les catalyseurs réels d’une renaissance communautaire en France.

Ceux-ci ne pouvaient être de nature ethnique puisque, n’en déplaise aux « antiracistes », la France n’a jamais été une nation ethnique, conglomérat de peuples disparates encore à la veille de la révolution et cul de sac des flux migratoires de toute l’europe.
Ils ne pouvaient être non plus de nature religieuse, dans un pays déchristianisé depuis le milieu du dix huitième siècle, et dont le prosélytisme religieux ne s’est jamais remis de la concurrence des croyances collectives sécularisées qu’ont été la république et le socialisme.

Il pouvait par contre être « anti-religieux », le combat anti-clérical ayant marqué profondément l’histoire moderne de la France, depuis le bain de sang révolutionnaire jusqu’à la séparation très violente de l’église et de l’état cent ans plus tard. L’effondrement des idéaux républicains et socialistes se sont alors conjugués à l’expansion –indéniable- sur le territoire national d’une religion exotique aux péripéties de notre histoire, pour exacerber brutalement ce sentiment anti-religieux. L’islamophobie est, en ces conditions un terme bien venu, à condition que l’on ne s’en serve pas pour dénoncer un prétendu racisme anti-arabe, lequel est pour moi un contresens absolu (et même s’il m’est opposé avec la régularité du métronome).

Ce communautarisme français islamophobe, parce que foncièrement anti-religieux, a trouvé en son sein un renfort complètement inattendu, et qui pour moi est très lié à cette dérive des classes moyennes déboussolées dont parlait Louis Chauvel. Il s’agit, le croirez-vous ou non, du féminisme ! (A ce sujet, Malakine, je trouve que tu perds ton temps à flinguer cette ambulance blindée).
Il est très clair que la « démondialisation » probable de nos économies à venir aura des effets considérables sur la condition féminine telle qu’elle avait pu évoluer ces dernières décennies. Le retour inévitable vers des économies réellement productives sous nos latitudes, verra immanquablement refluer cette tertiarisation qui avait joué un rôle si important dans l’expansion de l’emploi féminin qualifié, et verra immanquablement aussi le retour en force des valeurs masculines. Nos états, en convalescence impécunieuse longue, n’auront de même plus guère les moyens de soutenir l’expansion et la providence à l’infini des familles monoparentales.
L’on ne reviendra pas sur des siècles d’émancipation féminine en occident, et il est très probable qu’un autre féminisme (celui que professe par exemple une Natacha Polony http://www.wat.tv/video/natacha-polony-feminisme-2584v_2i10p_.html) tournera le dos au féminisme ostentatoire et quelque peu ségrégatif, inspiré du modèle américain et qui tenait le haut du pavé depuis quarante ans, pour s’accommoder des conditions historiques nouvelles.
Toujours est-il que, face à la crise économique mondiale, la sensibilité féministe de la femme occidentale moderne se trouve elle aussi en crise, et que cette crise a tout lieu de se cristalliser sur une religion en pleine ascension dont -il ne faut pas hésiter à le dire- l’image qu’elle renvoie souvent de la femme a tout lieu de heurter nos propres représentations, lesquelles ont, je le souligne encore, une longue légitimité derrière elles.
( Et je laisse à d’autres le soin de rajouter des considérations toddiennes, lesquelles sont tout à fait indiquées en l’espèce, le caractère égalitaire des rapports frères/sœurs d’une large fraction de la société française ne pouvant que renforcer les tendances ici exposées).

Pour moi, il ne fait donc aucun doute qu’un communautarisme français, de nature anti-religieuse et féministe, est en train de se lever en France et qu’il risque de connaître un très grand succès, parce que son corpus identitaire ne s’appuie plus exclusivement sur des catégories en perte de vitesse comme l’identité nationale (chasse gardée du FN) et l’identité républicaine (chasse gardée plutôt des amis de Laurent et de leurs frères ennemis de « l’autre rive »).
Il est à craindre également que, face à cette poussée, le mouvement de Marine Le Pen apparaisse au bout du compte comme modéré, ce qu’il sera peut être réellement d’ailleurs (ça, c’est pour faire mordre son clavier à Laurent s’il traîne par ici).

Le côté positif de ce nouveau communautarisme est qu’il ne peut, et ne sera jamais de nature ethnique (et voilà encore nos antiracistes au chômage, cela tombe bien, l’agriculture va manquer de bras).
Il pourrait alors devenir la fenêtre grande ouverte par laquelle nos vieilles identités nationales et républicaines -chassées par la porte du fait de ses élites dévoyées- réintègreraient pleinement le territoire national, et au bénéfice de groupes exogènes qui trouveraient ainsi un chemin inédit pour se fondre dans cette nouvelle communauté nationale.

Le (gros) aspect négatif est qu’il pourrait effectivement nous mener à la guerre civile !

Voilà pourquoi je t’ai livré ces réflexions en marge du texte concerné (sans doute maladroitement, la chaleur m’épuise cette nuit), et que si j’interviens dans les débats que tu souhaites susciter, ce sera avec une grande prudence… Honnêtement, je ne suis pas chaud…

Les trois derniers petits points « céliniens » étaient pour Olaf.

RST

"Mais il existe, je pense, un fil invisible qui nous relie, et nous projettera du même côté quand la force des évènements l’exigera."

Un peu d'espoir dans ce monde de fous !

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