Contrairement aux Etats-Unis, où les néo-conservateurs ont battu la campagne guerrière pendant tout l'été, et avec succès, on n'a rien entendu ici de ce déferlement d'outre-atlantique. Mais c'était sans compter sans notre bien-aimé président, qui après avoir mangé des frites avec Bush nous est revenu très combatif, parlant ouvertement d'un possible bombardement de l'Iran et, pour palper l'opinion française et par souci d'allégeance envers son nouveau copain, a avancé par la suite qu'il n'y aurait pas de mal à passer par-dessus l'avis du Conseil de Sécurité le cas échéant. Ces propos ont plus fait scandale à l'étranger qu'en France. Fin des vacances ? Amour aveugle de la France pour son président ? Suivisme des médias ? Peur ? J'ose croire qu'on va se réveiller.
La situation est confuse, il est difficile d'y voir clair, d'abord parce que les raisons invoquées - nucléaire, terrorisme en Irak et ailleurs - sont de natures très différentes, ensuite parce que pour chacune d'entre elles il faut séparer le vrai du faux, et enfin parce que derrière ces raisons officielles en apparaissent d'autres qui ne sont pas mises en avant mais qui ne peuvent pas, ou ne devraient pas pouvoir, être éludées.
Je me suis lancée dans des recherches tous azimuts, en cherchant les raisons d'une guerre dans laquelle notre simili-empereur veut nous entraîner tambour battant. Il y a tant à en dire que je ne parlerai ici que de la raison la plus visible, qui a été évoquée en premier et qui apparaît la plus légitime, à savoir la question nucléaire.
Que reproche-t-on à l'Iran dans ce domaine ? On dit qu'elle se plie de mauvaise grâce aux contrôles de l'AIEA, éternise les négociations histoire de gagner du temps, dissimule des éléments qui prouvent bien l'existence d'un programme clandestin. Les Occidentaux s'appuient sur le Traité de Non-Prolifération (TNP) pour accuser l'Iran. Tout développement militaire du programme civil contreviendrait, en effet, au traité. Mais le TNP donne aussi aux pays signataires le «droit inaliénable» de développer un programme nucléaire civil. On peut difficilement faire l'impasse là-dessus, et au jour d'aujourd'hui, au vu des conclusions de l'AIEA, l'Iran est dans son droit.
L'AIEA affirmant que rien à ce jour ne lui permet de conclure à l'existence, actuelle, d'un programme militaire, on met en avant des craintes au conditionnel : l'Iran ayant acquis la technologie civile serait en mesure de passer au militaire ; ce qui entraînerait la prolifération nucléaire dans cette partie du monde.
Si la question nucléaire était invoquée comme raison de la guerre, il s'agirait par conséquent d'une guerre préventive. Quelle serait sa légalité ?
Pendant les négociations, puis en faisant voter à l'ONU des résolutions condamnant l'Iran, les Occidentaux ont préféré s'asseoir sur le droit de l'Iran au nucléaire civil, partie essentielle du TNP, alors même que leurs accusations portent sur le non-respect par l'Iran de ce même traité. Autrement dit, les Occidentaux qui se scandalisent de ce non-respect du TNP ont tort. Et non seulement ils ont tort, mais à ne pas respecter eux-mêmes le traité, ils le délégitimisent. Or, le TNP est le seul rempart nous protégeant encore de la prolifération nucléaire.