Le congrès de Reims n'a fait qu'accentuer un peu plus la déliquescence du PS. Désormais c'est toute la gauche qui est dans un processus de fragmentation. Pour beaucoup d'analystes, la crise dans laquelle s'enfonce le PS fait le jeu de Bayrou et lui ouvre la voie pour 2012. La France s'acheminerait-elle donc vers un scénario à l'italienne où une nouvelle force « démocrate » a remplacé les anciennes forces de gauche ?
L'analyse décrit toutefois un paysage beaucoup plus complexe. La complexité de nos institutions où le pouvoir s'attribue dans un processus à trois tours qui fait intervenir des facteurs aussi différents que l'assise électorale, la présidentiabilité et l'implantation territoriale conduit à laisser ouverte toutes les hypothèses, y compris un « accident » imprévisible comme en 2002.
L'exercice de prospective est d'abords affecté d'une magistrale inconnue : Dans quel état la crise aura-t-elle mis le pays en 2012 ? Quelle aura été la réaction de Sarkozy ? Et sur quoi se focalisera l'opposition dans les années à venir dans ce tout nouveau contexte ? Prenons le parti de considérer pour ce qui suit que l'économie comme les mentalités sont caractérisées par une grande inertie et qu'en conséquence, aucun changement fondamental n'aura bouleversé le jeu politique d'ici 3 ans.
L'enjeu est donc de savoir qui aura la charge d'incarner l'alternance, sinon l'alternative, face à Sarkozy.
Les vrais potentiels électoraux
La première erreur à ne pas commettre est de ne fonder l'analyse que sur les dernières élections, car comme tout scrutin, celui de 2007 a été entaché d'une forte spécificité qui empêche de le prendre pour une absolue référence.
L'élection de 2002 avait été marquée par une forte poussée d'extrême droite et un émiettement des votes à gauche. Celle de 2007, en réaction, par une extrême pression au vote utile qui a eu pour effet d'assécher la gauche radicale au profit de la candidate socialiste. Pour 2012, on sait déjà que l'élection se fera sur des bases modifiées, avec un repositionnement à gauche de Bayrou et une marginalisation du Front National.
L'électorat qu'il s'agit ici d'examiner se réparti en trois pôles. Les gauches radicales, la gauche officielle et un pôle modéré centriste et républicain.
En 2002, les gauches radicales (PC, LO, LCR et Verts) ont fait 17.59 % La gauche officielle 16.18 % et le pôle centriste (MRC, PRG, UDF, Lepage) 15.68 % Soit trois ensembles de forces à peu près équivalentes. En 2007, le pôle radical est tombé sous l'effet du vote utile à 10.57 % nourrissant par effet de vases communiquant le score de la gauche officielle qui a bondit à 25.87 %, le centre progressant un peu à 18.57 %
En 2012, la disparition de la menace FN fera disparaître la pression au vote utile, d'autant plus sûrement que pour les électeurs radicaux, l'hypothèse de Bayrou au second tour sera perçue avec la même sérénité et le même enthousiasme que s'il s'agissait du candidat socialiste. Il est donc très probable, que sous les effets conjugués de la crise et de l'émulation qui agite la gauche de la gauche, les candidats radicaux retrouvent leur niveau de 2002, voire au-delà (20%), ce qui ramènerait la base électorale du candidat socialiste autour de 14/16% (sur la base du rapport de force gauche droite des dernières élections).
Parallèlement, Bayrou, se verra concurrencé sur son registre de l'alternative raisonnable transcendant le clivage droite gauche par Dupont Aignan, qui devrait cette fois avoir ses signatures, ce qui ramènerait également son potentiel à 10/12 %, voire moins en cas de percée significative du néogaulliste. On peut d'ailleurs compter sur Sarkozy, pour susciter d'autres candidatures au centre pour affaiblir encore plus le béarnais (Bockel, Besson, Borloo, Tapie, Kouchner…)L'assise électorale de Bayrou apparaît en effet particulèrement fragile. N'importe quelle candidature modérée bénéficiant d'un effet médiatique (y compris socialiste) peut sérieusement éroder son potentiel électoral.
La comparaison des potentiels électoraux indique que, même dans l'hypothèse la plus défavorable pour lui, le PS conserve son statut de favori pour l'accession au second tour, par le simple effet mécanique des divisions des pôles qui le concurrencent. Seule l'hypothèse d'une candidature dissidente au sein du PS le condamnerait à coup sûr à jouer les réservoirs de voix.
L'enjeu de la présidentiabilité :
Une élection présidentielle se joue de plus en plus sur les caractéristiques personnelles du candidat, son charisme, son aptitude à occuper le poste, l'histoire que sa personnalité raconte. De ce point de vue, avec sa troisième candidature successive et l'image qu'il s'est forgé depuis 2007, François Bayrou dispose d'un avantage considérable sur son futur concurrent socialiste.
Bayrou sera néanmoins toujours confronté au problème des centristes, par essence des candidats du moindre mal : Imbattables au second tour, incapables de franchir le premier. N'oublions pas que le discours et le projet de Bayrou de 2002 comme de 2007 était finalement bien peu enthousiasmant : une politique de gestion technocratique conduite par un gouvernement des meilleurs des deux camps. Pas sûr que cela fasse rêver en période de crise…
On critique volontiers les socialistes pour leur vacuité doctrinale. Mais, à part dans la critique de Sarkozy où il excelle, Bayrou ne se montre guère plus créatif dans ses propositions sur la question européenne, l'économie ou le social. Son avantage en termes de présidentiabilité, évident face à une Ségolène Royal, pourrait se voir rapidement vidé de sa substance face à un candidat socialiste dont l'image serait plus rassurante car associé (à tort ou à raison) à plus de compétences (Strauss Kahn, Fabius, Aubry…)
Et quelle majorité en cas d'alternance ?
Plus encore qu'en 2007, Bayrou sera harcelé pendant toute la campagne par la question de savoir avec qui il gouvernera. Après s'être aussi fermement engagé dans l'opposition à Sarkozy, il ne pourra plus jouer le rassemblement des bonnes âmes. Il devra composer une majorité politique avec quelques néogaullistes et beaucoup de socialistes, lesquels naturellement démentiront formellement toute perspective d'accord.
S'il parvient à franchir l'obstacle et à gagner sur sa seule équation personnelle, il devra nécessairement composer avec une majorité dans laquelle son parti sera minoritaire. Les législatives de 2007 comme les municipales de 2008 l'ont bien montré : Même en état de coma dépassé, le PS réussit bien dans des élections territorialisées grâce à ses notables bien implantés. Rares seront les circonscriptions où le Modem se retrouvera devant le PS au premier tour, d'autant plus qu'il partage avec lui la même cartiographie électorale et surtout si dans un réflexe de survie, la gauche s'organise en candidatures communes aux législatives.
Même avec Bayrou à l'Elysée, le PS héritera donc de Matignon, d'une majorité relative à l'assemblée et de la présidence de l'assemblée, ce qui reste un lot de consolation tout à fait honorable.
***
Bayrou comme Mélenchon rêvent tout haut de lui reprendre le flambeau de l'opposition légitime au Sarkozysme. Mais ils ne peuvent se contenter de tout miser sur la déchéance intellectuelle et les divisions socialistes. Le fruit pourri ne tombera pas de lui-même : On ne détruit que ce qu'on remplace ! Bayrou ou Mélenchon doivent réussir à incarner un véritable espoir et une voie nouvelle crédible pour le pays et ce, dès les prochaines élections européennes. Bayrou devra apprendre à faire rêver, ce qui est peut-être un challenge inacessible pour lui et son positionnement.
Le Parti socialiste ne sera pas détrôné à l'usure ou à l'ancienneté dans son rôle de challenger officiel de la droite. Même s'il poursuit son infernale autodestruction et qu'il présente de nouveau un candidat fantaisiste à la présidence, il restera porté aux premiers rôles par l'inertie du jeu politique et les habitudes électorales.
Le PS est confortablement assis sur une magnifique rente de situation. C'est d'ailleurs à cela qu'il doit encore d'être uni malgré son absence de projet et les haines qui le minent.
Malakine
En 2012, il n'y aura pas d'élections présidentielles.
Rédigé par : Three piglets | 12 décembre 2008 à 13:42
@ 3piglets
Enfin une bonne nouvelle !
Rédigé par : RST | 12 décembre 2008 à 13:57
@ Malakine
Merci pour cet exercice de prospective... je suis tout de même étonné que tu ranges le MRC dans le pôle "centriste" et les Verts du côté des "radicaux" car la question européenne demeure pour moi fondalementale et j'aurais eu tendance à inverse ces deux mouvances.
Les européennes vont compter pour du beurre tout comme les régionales...
Le grand vainqueur de la future période outre les gauches radicales sera l'abstention qui de nouveau progressera.
Je sens également poindre une marée contestataire qui se jouera du politique.
Enfin, NDA sera pour moi plus proche des 5% que des 10.... étant donné son boycottage médiatique et que "le son ne corresponde pas au physique" comme dit l'un de mes amis.
Rédigé par : René Jacquot | 12 décembre 2008 à 15:23
@ RST
Je suppose que Three Piglets envisageait plutôt l'instauration d'un troisième empire ou quelque chose comme ça. Tu es sûr de vouloir Sarkozy pour empereur ?^^
@ René Jacquot
Ah ! Je m'attendais à cette question et j'ai failli faire une note de bas de page pour m'en expliquer ...
J'ai hésité à classer le score de JPC dans la gauche radicale, mais je me suis souvenu de sa campagne de 2002. Ce n'était pas du tout une campagne d'ultra gauche, mais plutôt un lépénisme soft sur le même registre que ce qu'à fait Bayrou 5 ans plus tard : "Tous pourris, tous les mêmes, faut autre chose" Rappelons nous la dénonciation de l'UMPS et du chirospin ...
Dans cette typologie, je me place du point de vue de l'électeur. Celui qui vote pour n'importe quel parti de ce que j'appelle la gauche radicale souhaite exprimer un message fort. Celui qui vote pour le PS est fidèle à au parti officiel, légitime, il vote utile et sérieux. Celui qui vote pour Bayrou, Chevènement, Lepage ou demain NDA veut rester dans le champ du raisonnable tout en souhaitant autre chose que la traditionnelle bipolarité UMP-PS. C'est pourquoi je suppose qu'il y existe des passerelles entre ces électorats. D'ailleurs, ne dit-on pas que Dupont-Aignan a voté Bayrou en 2007 ?
Oui, 5% c'est ce que j'ai estimé en faisant passer le potentiel de bayrou de 18 à 10/12 ... J'ai aussi d'office enlever deux points liés à son électorat de droite qu'il devrait perdre.
Mais ce qui m'a le plus frappé dans cet exercice, c'est quelque chose dont je n'ai pas parlé (car ce n'était pas le sujet). La vraie inconnue c'est le devenir de l'électorat populaire FN. Si l'on considère comme je le fais dans le texte que la gauche radicale a une assise de 20 % et qu'il y a encore une dizaine de points issus du FN à répartir, on ne peut pas exclure un gros boom du genre Besancenot ou MélEnchon au second tour avec 25% des voix !
Rédigé par : Malakine | 12 décembre 2008 à 15:37
« un candidat socialiste dont l'image serait plus rassurante car associé (à tort ou à raison) à plus de compétences (Strauss Kahn, Fabius, Aubry…) »
Pour Martine Aubry, l'expression-clé est bien « à tort »...
Rédigé par : Criticus | 12 décembre 2008 à 16:03
@ Criticus
Comparée à Ségolène, n'importe qui apparaît compétent er rassurant. Même Sarko, c'est d'ailleurs pour cela qu'il a été élu ! ^^
Rédigé par : Malakine | 12 décembre 2008 à 16:07
Même Martine Aubry ? C'est quand même Madame 35 heures et surtout... Madame CMU !
Rédigé par : Criticus | 12 décembre 2008 à 17:12
@Malakine
Je sais que tu aimes bien faire de la prospective politique mais honnêtement vue l'évolution actuelle de la crise cela relève plus du hasards qu'autre chose.
Tant qu'a faire des prospective on peut se demander quel sera le premier grand pays de l'UE à faire faillite (je paris sur la Grande-Bretagne) ou qui sortira en premier de l'euro. Non les choses vont trop vite pour vraiment prévoir à si long terme tu te rend compte que les USA pourrait ne plus avoir d'industrie automobile d'ici l'année prochaine! Alors 2012 c'est vraiment loin, et puis c'est la fin du monde d'aprés le calendrier Maya.
Rédigé par : yann | 12 décembre 2008 à 18:16
@ Malakine,
Beaucoup de points très justes (notamment le classement de Chevènement : je crois que ce n'est pas un vote extrême également). Ton résumé de la campagne présidentielle sur le différentiel de compétences entre Royal et Sarkozy me semble limpide.
En revanche, je ne suis pas complètement d'accord sur ton pronostic. Pour moi, malgré sa prestation ratée d'hier soir sur France 2 et ses immenses limites, Bayrou est en pôle position pour 2012.
Je m'explique :
Je crois que l'impopularité de Sarkozy est sous-estimée par le vide qui l'entoure, ce que semble montrer les résultats des municipales et des législatives partielles. Il devra assumer 5 années de bilan et ne pourra plus se contenter de postures électoralistes. Je le vois un peu comme VGE.
Ensuite, je crois que le PS sera dans un état désastreux dont ils ne se rendront pas complètement compte :
- absence de projet parce que la synthèse actuelle est nulle, comme Malakine l'a montré dans son papier il y a quelques jours
- absence de vrai leader : en 2012, même s'il aura un seul candidat, celui-ci (ou celle-ci) aura été nommé(e) après 5 longues années de querelles intestines qui auront provoqué des rancoeurs et auront miné l'image d'un parti qui sera apparu comme uniquement préoccupé par ses ambitions personnelles
Je crois que FB aura une bonne opportunité : il pourra récupérer certains déçus du sarkozysme, qui n'aiment pas son style. Et surtout, il pourra récupérer les déçus du PS qui détestent Sarkozy et qui voudront voter utile contre le président sortant. Je crois que l'UMP et le PS perdront beaucoup par rapport à 2007.
Rédigé par : Laurent, gaulliste libre | 12 décembre 2008 à 19:17
@ Laurent
L'argument du vide se retourne aisément. Si le PS et Bayrou sont à un tel niveau électoral malgré leurs limites et malgré leurs insuffisances, c'est qu'ils sont plus fort qu'on ne le croit.
Certainement que Bayrou continuera à récupérer des déçus du PS (si il arrive à présenter une offre en 2012 plus alléchante que la leur, ce qui n'est pas dit) mais ce n'est pas certain que ce soit suffisant dans un combat de premier tour où le vote est essentiellement un vote d'adhésion.
Certes personne n'aime le style Sarko, ni le personnage. N'empêche qu'il agit ou qu'il donne l'impression d'agir et ça on aime plutôt. Au moment du choix, les Français préfèreront peut-être une nouvelle fois un type qu'ils n'aiment pas mais qui fait le boulot, plutôt que tel ou tel candidat qui proposeront de se diluer dans un grand rassemblement consensuel ou de n'être que leur porte parole.
Le volontarisme, c'est quelque chose qui marche assez bien et de ce point de vue, Bayrou a quelque difficultés à l'incarner. Il est beaucoup plus en phase avec une conception arbitrale, mittérando-chiraquienne, de la présidence, laquelle me semble être passée de mode. Dans un second tour pour faire le grand rassemblement, oui. Dans un premier tour, pas sûr.
Rédigé par : Malakine | 13 décembre 2008 à 03:02
@ Laurent et Malakine
Vous parlez de Bayrou à votre aise et comme d'habitude en faisant des plans sur la comète.
Du MoDem, j'en viens et j'en sors: le manque de convictions des dirigeants est sidérant. Comment Bayrou a-t-il pu voter la guerre en Afghanistan ? Comment a-t-il pu se défiler sur le vote de la retraite à 70 ans ? Quand j'entends Marielle de Sarnez dire que ce que fait Sarkosy sur l'Europe va dans le bon sens sans analyser ce qui ne va pas du tout et qui saute aux yeux du moindre péquins, je ne regrette pas d'avoir rendu ma carte. Exit Bayrou.
Sur NDA ou Ségolène, j'attends de voir: je veux une opposition qui s'oppose parce que j'en ai marre du tri de lentilles sur ce qui est bien ou pas bien dans ce gouvernement.
De la réforme de l'école aux mesquineries sociales sur la "revoyure" des demi-parts des parents isolés, en passant par L'audiovisuel, loi sans inventivité... J'en passe et des meilleurs !
Sur S. Royal, vous êtes injustes; elle a une force de caractère, des convitions et une luminosité qui nous changent des buveurs de "soupes" comme l'inénarrable Bruno Lemaire alors que DDV est traîné dans un procès infâme. Amen.
Quant à Aubry, elle n'est rien.
Rédigé par : Modestine | 13 décembre 2008 à 03:33
@ Modestine Intéressant et pas très surprenant ce retour d'expérience sur le modem ... mais juste pour rire, c'est quoi selon vous les convictions de Ségolène Royal ?
Personne n'a jamais nié le caractère et la "luminosité" (génial ce terme, je le replacerais, il est très symptomatique!) de SR . C'est sa consistance politique qui a toujours posé question.
De villepin est innocent !! Et quand bien même il aurait laissé filé les listings avec le nom de sarko dedans (même s'il y en avait bcp d'autres)tout en sachant qu'ils étaient faux, qu'il en serait pardonné.^^ DDV c'est ma Ségolène à moi. Je le trouve très "lumineux" :-)
Rédigé par : Malakine | 13 décembre 2008 à 03:57
Les convictions de S. Royal ? C'est simple: social-démocrate et de culture chrétienne. Ce qui manque chez les autres: des Trotskyste à Ordre nouveau avec Devedjian par exemple.
Qu'est-ce qu'une "culture chrétienne" ? Un esprit de tolérance, de morale, de liberté et ne pas faire ce que les autres font pauvrement, petitement.
Et ce n'est pas elle qui cumule le plus !
J'estime tout autant DDV, je crois que vous m'avez lu un peu hâtivement (il était tard, et nous devrions prendre soin de nos santés, si nous voulons aller loin) mais le ralliement de Lemaire alors que DDV est traîné dans la boue m'horrifie: une poignée de postes lachée à quelques Villepinistes et c'est reparti pour un tour ? alors que ce Lemaire en particulier devrait faire corps avec son ami. Sa qualité intellectuelle au service d'une politique médiocre ne lui donnera qu'un excellent salaire.
Enfin, S. Royal et DDV forment un très joli couple: ils sont les 2 seules "victimes" de la France officielle sur lesquelles on tape avec la régularité du métronome.
Et puis,je ne m'interdis rien ! Incroyable rêveuse.
Rédigé par : Modestine | 13 décembre 2008 à 09:16
Toute prospective est difficile. Déjà est-ce que l'échéance sera 2012 ?
Admettons-le, au moins pour l'exercice !
Alors, d'accord, le problème de Bayrou c'est le premier tour (cad figurer au second), mais c'est vrai aussi pour tout autre candidat de gauche (PS officiel, PS divergeant, gauche plus radicale).
Il y a quand même deux hypothèses qui rendent possible la présence de Bayrou au second tour et sa victoire aux présidentielles :
- la division du PS (qu'il y ait un 1 2 candidat issus de se rangs)
- le intentions de votes du second tour qui montreraient (une nouvelle fois d'ailleurs) que seul Bayrou est apte à battre Sarkozy au second tour. Et en route pour la dynamique...
Quelle sera ensuite, dans le troisième tour des législatives, la politique d'alliances du dit Bayrou ? Sur quelle majorité pourra t-il s'appuyer ? Sera t-il (avec ses propres troupes forcement minoritaires selon moi) l'arbitre d'une assemblée où ni la droite ni la gauche auraient la majorité ? J'imagine que c'est son pari.
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 13 décembre 2008 à 11:49
J'ai aussi aimé le qualificatif de "lumineux" pour SR.
Pour FB (quand on arrivera à le dénommer d'évidence ainsi il sera devenu incontournable ^^), pour Bayrou donc, je parlerais de "constance embrouillée et mollassonne".
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 13 décembre 2008 à 12:04
"Certes personne n'aime le style Sarko, ni le personnage. N'empêche qu'il agit ou qu'il donne l'impression d'agir et ça on aime plutôt. Au moment du choix, les Français préfèreront peut-être une nouvelle fois un type qu'ils n'aiment pas mais qui fait le boulot, plutôt que tel ou tel candidat qui proposeront de se diluer dans un grand rassemblement consensuel ou de n'être que leur porte parole. "
Sarkosy peut gesticuler autant qu'il veut, monopoliser l'espace médiatique, cela ne changera rien aux millions de chômeurs qui arrivent, à la faillite des Etats européens, à l'explosion de la zone euro, à la faillite des Usa etc etc....
On parle d'un monde qui est déjà mort là.
Alors Bayrou, hahahahahah!
Rédigé par : Three piglets | 13 décembre 2008 à 14:32
Sauf Modestine,tout le monde ici tient pour acquis que Ségolène Royal est nulle;ou plutôt,comme ça fait trop sarkozyste de s'exprimer ainsi,que son offre politique est indigente.Je ne le crois pas et,pour avoir vraiment milité à la présidentielle,j'ai trouvé qu'elle changeait drôlement l'offre à gauche.Elle a compris que le besoin d'ordre ètait à prendre autrement que par des incantations sur la prévention,que le système éducatif français sombrait,que l'assistanat touchait ses limites.Bien sûr ses propositions en matière économique étaient insuffisantes mais ceci à cause du projet PS,du manque de travail du PS sur ce plan,ce que DSK a reconnu immédiatement après la défaite.Le silence intellectuel du PS sur la défaite honteuse de 2002 est hallucinant!
Le problème avec Royal,c'est qu'elle a une personnalité
trop forte chez une femme,elle est clivante,mais je trouve qu'elle est la meilleure au PS.Je ne peux qu'asséner ce qui est une évidence pour moi,comme les autres glosent sur sa nullitude tout aussi subjectivement.J'ai encore milité pour sa motion au congrès et là,je suis écoeurée par ce PS croupion que nous sort Aubry.Comment les choses se présenteront en 2012?Je n'ai pas de marc de café mais pour le moment,je ne vois personne en situation de contrer Sarko et je ne voterais pour personne parmi ceux que vous évoquez.Comme beaucoup de Français je dis:"du balais,faisons du ménage,ouvrons les fenêtres et cultivons notre jardin!"
Rédigé par : sarah | 13 décembre 2008 à 15:50
Vous n'êtes pas seule Sarah. Non seulement S. Royal a fait des progrès étonnants qui ne sont visibles que par des gens qui n'ont pas de barrières inutiles, encombrantes et de toutes sortes dans la tête.
Elle n'est plus aussi clivante: elle est solaire. Elle sait incarner le rêve, l'espoir ou l'élan qui semblent avoir été brisés par Aubry et son équipe de vieux machins. Si elle s'en sort, ce que je crois, vu les "mandales"irrespectueuses qu'elle se reçoit du soir au matin sans broncher, elle ne sera que plus déterminée, libérée, et rassembleuse. "Son" PS n'a pas implosé, il se porte plutôt bien.
Si elle ne devait pas être là au rendez-vous de 2012, ce qui m'étonnerait, je voterai pour quelqu'un de ce tempérament, NDA par exemple, mais certainement pas pour "un vieux de la vieille".
Rédigé par : Modestine | 14 décembre 2008 à 02:30
Je pense qu'en 2012, c'est la question Villepin qui fera l'élection : va-t-il vouloir se venger de Sarkozy ?
Villepin n'aurait aucun problème de signatures. Et il cannibaliserait les voix de Bayrou mais aussi de Sarkozy plus surement que NDA.
Rédigé par : Etienne | 14 décembre 2008 à 17:32
@ Modestine
Je ne serais pas aussi sévère avec Le Maire. On ne peut pas lui demandé de rester fidèle à son ancien patron (rien ne nous dit qu'ils soient amis) tant que celui-ci n'a pas fait son retour officiel en politique. En outre, il me semble être avant tout un haut fonctionnaire, un peu comme son prédécesseur au poste de ministre des affaires européennes. Pour ces gens là, le service de l'Etat ne se refuse pas.
Et puis, dans l'hypothèse d'un retour de DDV, LeMaire pourrait jouer le rôle de cheval de troie. S'il prend du poids politique en entrant au gouvernement un ralliement en 2011 à la candidature Villepin n'aura que plus d'effets...
@ PMF On est d'accord. J'ai d'ailleurs évoqué l'hypothèse d'une double candidature socialiste, même si je n'y crois guère. On ne peut pas non plus exclure une nouvelle manipulation par les sondages qui créérait une pression au vote utile pro-bayrou, mais cette hypothèse suppose une dynamique dans l'opinion d'adhésion à Bayrou, ce que je ne sens pas actuellement et que je ne sens pas venir. Bayrou reste un excellent candidat par défaut.
Pour le parlement idem, il aura une force à l'assemblée mais il devra compter avec le PS car nul n'imagine Bayrou gouverner avec l'UMP après avoir battu (par hypothèse) Bayrou dans le second tour.
@ Three piglets
Oui, lorsque FB saura parler de ces choses là, il aura pris une autre dimension
@ Sarah "Elle a compris que le besoin d'ordre ètait à prendre autrement que par des incantations sur la prévention,que le système éducatif français sombrait,que l'assistanat touchait ses limites." Certes, mais ça c'est la définition du sarkozysme ! Quelque part la campagne Royal est l'histoire d'une triangulation ratée ...
C'est un peu facile de mettre les insuffisances économiques de Royal sur le compte de l'absence de travail doctrinal fait au PS. Rappellez vous de l'épisode de la fiscalité en Janvier. C'est elle qui a enterré la proposition de Hollande de réforme fiscale. Toute sa campagne n'a été qu'improvisations en matière économique, de l'interdiction de la délocalisation des marques au contrat première chance ... Il faut lire le bouquin de Raphaelle Baqué "la femme fatale" pour s'en convaincre !
Si je vous suit bien, si ce n'est pas Royal vous préférez encore Sarko ? Et vous vous étonnez qu'au PS, les militants détestent les ségoléniens ???
@ Modestine
Certes, elle a fait quelques progrès ... mais il y a un point sur lequel elle n'a pas progressé d'un iota, c'est sa crédibilité à occuper le poste. Elle est dans une logique de popularité (ce que vous décrivez très bien) Elle n'a jamais cherché à travaillé sa crédibilité à exercer le pouvoir. Ca ne se voit pas dans les sondages d'opinion, mais à l'approche de l'échéance ce facteur pèse fortement. Sarko n'a gagné que pour une raison. C'est celui qui était le plus préparé. Il avait déjà une image d'homme d'Etat. Bayrou avait une image de parlementaire et Ségolène de grande prétresse charismatique.
@ Etienne
Très juste. J'aurais pu envisager cette hypothèse là, mais je m'en suis tenu aux facteurs qui étaient d'ores et déjà certains. Villepin n'aura peut-être pas (encore que ...) de pb de signatures, mais il aura un pb de budget et de troupes. On ne monte pas un parti 6 mois avant l'élection.
Rédigé par : Malakine | 14 décembre 2008 à 18:10
Salutàtous,
Tout le monde a enterré le FN. Son échec de 2007 est aussi un éclaircissement, les moins-diplômés seraient restés et les plus-diplômés auraient voté Sarkozy.
Si les dirigeants comprennent qu'ils n'ont d'avenir qu'en tant que parti de "travailleurs", ils auront un discours plus cohérent et comme les pauvres seront de plus en plus nombreux, 2012 peut être un succés pour eux si Marine Lepen réussit la succession.
15 à 16 % ne me paraît pas impossible.
Rédigé par : Didier Bous | 14 décembre 2008 à 19:24
Je ne crois pas à la rente de situation du PS. Depuis dix-quinze ans, nous assistons à une montée en puissance quasi-continuelle de l'UMP. A mon avis, au-delà des accidents électoraux, c'est du au taux de natalité relativement élevé du Bassin parisien, celui-ci étant, de loin, la principale base du vote UMP. Si le phénomène continue, le PS sera de plus en plus faible face au parti libéral. L'alliance avec le Modem sera nécessaire et possible grâce, là aussi, au taux de natalité élevé de la Bretagne par rapport au Sud-ouest. Ce sont les deux zones de forces du PS, les Bretons y prennent de plus en plus de place et sont probablement beaucoup moins réfractaires à une alliance avec les centristes.
L'union Modem-PS, elle-même ne devrait pas dominer très longtemps, la montée en puissance démographique du centre de la France étant probablement irrésistible. La nouveauté viendra de là, que feront les sans-diplômes, les peu-diplômés et les jeunes très diplômés précarisés du Bassin parisien? Quelle expression politique va émerger? Je ne crois pas dans la construction d'une extrême-gauche, d'une gauche républicaine ou d'une droite de type gaulliste puissante. Les gens du Bassin parisien semblent avoir la division chevillée au coeur. On peut avoir des révoltes inefficaces mais la seule direction constructive que je vois est l'individu. Un cacique de l'UMP ou, peut-être, du PS qui se lance dans l'aventure, seul. Un Philippe Séguin ou un Chevènement allant jusqu'au bout.
Si rien ne se passe, le FN se portera bien.
Rédigé par : Didier Bous | 14 décembre 2008 à 21:10
@ Didier Bous
J'ai eu la même réaction que vous en lisant cet article de Malakine. Je ne crois malheureusement pas que le FN puisse être enterré aussi rapidement. Leur discours est nettement antilibéral et antieuropéen et Marine Le Pen est quand même beaucoup plus présentable que son repoussoir de père. Sans oublier la popularité d'Alain Soral.
@ Malakine
D'ici à 2012 (quatre ans, quand même), beaucoup de choses vont changer – pas nécessairement dans un sens positif, s’il est nécessaire de le préciser. Sarko sera, d'après moi, complètement discrédité par sa réponse insuffisante et incohérente aux ravages de la crise sytémique qui n'en est qu'à ses débuts. Je pense qu'il se retrouvera avec un bilan catastrophique, plus impopulaire que jamais.
Le PS est en état de mort clinique. Encéphalogramme plat. Ils sont même carrément en train d’inventer l’encéphalogramme en pente. Je ne vois pas très bien comment ils pourraient retrouver assez de crédibilité d’ici là. Ségolène aura peut être quitté la politique pour fonder une secte où sa « luminosité » et son besoin d’être adorée par ses disciples trouveront pour s’exprimer un cadre plus adéquat que celui d’un parti politique.
Bayrou ? En temps de crise, les politiciens mollassons et sans idées dont il est une caricature vivante ne déchaînent généralement pas l’enthousiasme des foules.
Et Mélenchon ? S’il s’entoure bien et s’il parvient à trouver une spécificité bien affirmée à son parti, il faudra peut être compter avec lui. Ce ne serait pas la pire chose qui puisse arriver.
J’apprécie ce genre d’exercice de prédication, mais je crois qu’il y a actuellement beaucoup trop d’inconnues pour pouvoir prévoir quoi que ce soit à si longue échéance. L’inconnue principale étant, bien entendu, le niveau de dévastation qu’engendrera la crise systémique. Je ne rejoins pas nécessairement tous les pronostics de Three Piglets, mais je ne pense pas non plus qu’il soit à côté de la plaque. « On parle d'un monde qui est déjà mort là ». Je ne peux qu’être d’accord, mais par contre ça ne me donne pas trop envie de rire. Je ne tiens pas particulièrement à finir mes jours dans un bunker.
Rédigé par : Bruno | 14 décembre 2008 à 21:14
@ Didier Bous
Dans mon article sur les alliances à gauche, je développais l'idée qu'il manquait un parti sur l'échiquier : Un parti "libéral-égalitaire" de gauche (ou populaire) sur la case laissée vide par le PC et le FN. Il y a effectivement un espace à prendre qui pèse 20% à 30% de l'électorat. Sur le principe je suis d'accord.
Il y a quelques jours, j'entendais le discours d'un élu FN dans ma collectivité. J'ai failli me lever pour applaudir à la fin. C'était républicain, sans dérapages xénopohobes mais portant une critique sans concession contre le système économique néolibéral. Le type s'est même offert le plaisir d'apostropher un élu communiste en l'appelant camarade, comme pour lui signaler qu'il avait repris le flambeau des luttes sociales abandonné par le PC.
Le problème, c'est que ça, ce n'est plus le FN. Ce discours là a de l'avenir mais ce n'est pas un discours FN. C'est autre chose. Le FN c'était un discours de stigmatisation porté par un leader charismatique, anti politiquement correct donc anti élites et anti système. Dès lors que le FN abandonne le thème xénophobe et ses dérapages, il se banalise et devient un parti contestataire comme les autres positionné sur un créneau où il y a déjà beaucoup de concurrence. Le FN ne peut plus exister s'il ne sent plus le souffre et sans leader charismatique.
@ Didier Bous 2
Ce post est intéressant mais hyper confus. Si vous voulez dire que la France nucléaire égalitaire (celle du bassin parisien) attends son homme providentiel c'est exact. Mais elle l'a trouvé en Sarkozy !! Elle a voté en masse pour lui en 2007 dans le grand bassin parisien, dans l'est et sur la façade méditérannéenne. Elle ne l'abandonnera que pour un autre homme providentiel. C'est lui qu'on cherche ...
@ Bruno
Oui, je suis d'accord. Intellectuellement Marine Le Pen a un boulevard, mais elle ne pourra pas les porter. Comme le dit didier, la france politique libérale égalitaire est atteinte de scissionisme. On le voit à l'extrême gauche, et on le verra aussi à l'extrême droite une fois que le vieux chef aura disparu. Les idées peuvent porter mais l'organisation ne peut pas survivre sans leadership personnel fort.
Sur le PS, je ne sais pas si vous vous êtes rendu compte, mais il y a tout de même 47% des électeurs qui ont voté pour la lumineuse et que le PS a gagné sans faire campagne villes après villes en 2008. Même Metz (où j'habite) qui était à droite depuis l'antiquité est passée à gauche. L'effet d'inertie est indéniable. N'enterrons pas trop vite ce cadavre. Il peut pourrir sur pied encore bien longtemps. C'est tout ce que je veux dire.
Rédigé par : Malakine | 14 décembre 2008 à 23:28
Oui, c'est vrai. 47%, c'est un score respectable. Mais j'aime beaucoup la formule d'Emmanuel Todd, sur le fait qu'en 2007 il y avait d'un côté les électeurs qui avaient peur de Sarkozy, et de l'autre ceux qui avaient peur de Royal.
J'enterre peut-être trop vite le PS. Je serais le premier à me réjouir s'il parvenait à se ressaisir, ceci dit. Mais j'ai bien peur que la crise qui s'apprète à nous dégringoler sur la tête n'éloigne bon nombre d'électeurs fidèles. Je pense à ceux qui votent par habitude et qui n'ont pas encore compris que le PS est devenu un parti de centre droit.
Rédigé par : Bruno | 15 décembre 2008 à 00:43
"Oui, lorsque FB saura parler de ces choses là, il aura pris une autre dimension "
C'est toujours pareil :il attend quoi?
Si il n'a pas vu la crise, c'est qu'il est incompétent.
Si il s'est tue, c'est qu'il est complice.
Dans les deux cas, c'est un pitre.
Rédigé par : Three piglets | 15 décembre 2008 à 14:40
"Je suppose que Three Piglets envisageait plutôt l'instauration d'un troisième empire ou quelque chose comme ça. Tu es sûr de vouloir Sarkozy pour empereur ?^^"
Ah non, du tout.
Plutôt l'écroulement du systéme politico-financier.
Autrement dit, l'écroulement de la société techno-marchande fondée sur le crédit.
En 2012, vos préoccupations seront de trouver un peu à manger.
Rédigé par : Three piglets | 15 décembre 2008 à 14:42
Pour ce faire, il faudrait que François BAYROU tienne ses troupes. Or si les anciens de l'UDF restés au MODEM sont des "légalistes" pour lesquels l'élection du Chef à la tête de l'état est LE COMBAT, les jeunes venus au MODEM et ceux venus des autres partis ou mouvements commencent à comprendre que c'est le seul et unique objet. Or dans la mesure ou les nouveaux adhérents au MODEM attendent de voir se développer le mouvement de façon purement démocrate avec un programme qui ne soit pas uniquement tourné sur l'échéance de 2012, il risque d'y avoir des frictions.
De même, les résultats aux européennes risquent d'en refroidir plus d'un.
Rédigé par : Slovar les Nouvelles | 15 décembre 2008 à 17:39
Le problème aussi pour Bayrou est de garder la place privilégiée qu'il a acquis dans les médias. Ces derniers sont toujours soucieux de prouver qu'ils ne le favorisent pas et maintenant que le PS parle de deux voix (et peut être bientôt plus) il occupe pratiquement tout le temps imparti à l'opposition...
Rédigé par : Greg - Arrêt sur les mots | 18 décembre 2008 à 22:05