Je me suis trompé en annonçant que la campagne était finie. Michel Rocard vient de la relancer appelant à une alliance dès le premier tour entre Ségolène Royal et François Bayrou. Ou plutôt si, la campagne de premier tour est bien terminée. Ce sont les grandes manœuvres qui ont débutées. Rocard s’est dit aussi que l’heure du choix était venue et qu’il était urgent de prendre parti … pour François Bayrou.
Car, c’est bien cela que signifie cette déclaration. Une alliance avant le premier tour ne signifie rien. L’alliance ne peut avoir de sens qu’entre les deux tours ou avant les législatives dans un accord de désistement. Qu’est ce que Rocard a voulu dire, sinon que Bayrou était le meilleur candidat pour battre Sarkozy, qu’il est le meilleur candidat pour la gauche, car une fois élu, il ne pourra gouverner qu’avec les socialistes.
Bayrou ne s’y est d’ailleurs pas trompé en interprétant cette déclaration comme une grande victoire.
Lappel à voter Bayrou de l’ancien premier ministre se développe en deux temps. D’abords il dit que plus rien ne sépare les socialistes et les centristes :
« J'affirme que sur les urgences d'aujourd'hui rien d'essentiel ne sépare plus en France les sociaux-démocrates et les démocrates-sociaux, c'est-à-dire les socialistes et les centristes. Sur l'emploi, sur le logement, sur la dette, sur l'éducation, sur l'Europe, nos priorités sont largement les leurs. Sur la société, sur la démocratie, sur les femmes, sur l'intégration, sur la nation, nous partageons les mêmes valeurs »
Puis, il donne comme sens au premier tour de retenir le meilleur candidat anti-Sarkozy :
« les Français décideront qui, de François Bayrou ou de Ségolène Royal, sera le mieux à même de battre Nicolas Sarkozy. Et ils le feront d'autant mieux qu'ils sauront que, dans tous les cas, une alliance sincère et constructive défendra au second tour puis aux législatives un projet commun d'espoir pour la France. »
La conclusion s’impose d’elle même pour tout ceux qui ont regardé des sondages depuis deux mois.
Il est vrai que l’alliance entre le PS et l’UDF apparaît inévitable dans presque tous les cas de figure. Il n’y a que dans l’hypothèse où Sarkozy ne serait pas au second tour que la gauche et le centre n’auraient pas à s’allier. Même un duel Le Pen-Sarkozy les conduirait à s’allier aux législatives dans le cadre d’un « front républicain » pour limiter ensemble la casse et compenser (ou prendre acte) de la dérive droitière qu’un tel scénario traduirait.
La recomposition entre un bloc social-libéral-européen, face à un bloc national-populiste se dessine d’ailleurs depuis plusieurs semaines. J’y ai consacré un article il y a un mois (une perspective de recomposition qui fait peur). Rien n’est venu contredire cette perspective depuis, et notamment pas, les pas que le FN et l’UMP font en ce moment l’un vers l’autre. Tout se passe en effet comme si l’UDF et le PS d’un coté, et le FN et l’UMP de l’autre se battaient pour le même électorat …
La déclaration de Michel Rocard vient de lever un tabou. Elle vise à décomplexer l’électorat socialiste de voter pour Bayrou, mais aussi à permettre à ce dernier de clarifier sa stratégie.
Comme je l’avais dit dans un article ancien, la motivation première de Bayrou est de sauver son parti. Sa conviction principale, sinon la seule, est de lutter contre ce qu’il appelle le « parti unique ». Ce qu’il veut c’est un gouvernement de coalition où l’UDF pourrait au moins discuter d’égal à égal avec son partenaire.
Son gouvernement qui rassemblerait les meilleurs des deux camps est une fumisterie. Ce qui compte ce n’est pas la composition du gouvernement (on peut très bien avoir un gouvernement composé entièrement de techniciens non encartés) mais la majorité à l’assemblée sur laquelle il s’appuiera. Il n’a jamais été question pour Bayrou d’une majorité PS-UMP, mais d’une majorité soit UDF-PS, soit UMP-UDF.
L’hypothèse la plus favorable pour Bayrou est bien sûr celle d’une alliance UDF-PS. Il sait très bien que l’UMP ne lui fera aucun cadeau aux législatives et que ses députés seront comptés. L’appel de Rocard lui permet donc de pouvoir parler plus ouvertement d’une alliance de l’UDF avec le PS. Il ne lui reste plus que de ne trouver un casus belli avec Sarkozy pour s’ériger définitivement en candidat anti-Sarkozy.
Cette stratégie – à mon avis concertée entre Bayrou, Rocard, et probablement quelques autres qui suivront – est redoutable : Faire de l’élection un référendum anti-Sarkozy, et ce dès le premier tour, et présenter Bayrou comme son seul adversaire crédible. Ségolène Royal semble piégée. Je ne vois pas comment elle pourrait s’en sortir, sauf à ouvrir un front idéologique avec Bayrou sur l’Europe.
Cette stratégie est tellement redoutable qu’elle pourrait bien fonctionner à l’excès et finalement échouer.
Je ne peux oublier les prédictions d’Emmanuel Todd qui voyait Sarkozy à 16 % : Impossible que les classes populaires votent pour le Maire de Neuilly, le copain de ceux qui croulent sous le fric, l’ami des puissants. J’ai donc toujours du mal à croire que Sarkozy soit si haut que ne le disent les sondages et qu’il soit le favori de cette élection, surtout si la fin de la campagne se déroule dans sous le signe d’une diabolisation tout azimut du candidat UMP.
Que l’électorat modéré prenne peur, que l’électorat populaire rejoigne le vote Front National, et Sarkozy passera vite sous la barre des 20%. Le second tour opposerait alors deux candidats qui ne se seront pas préparé à s’affronter. Bayrou finirait très haut, et affronterait soit Royal, soit Le Pen.
La thématique, bien confortable, du « tout sauf Sarkozy » tomberait à l’eau et avec elle toute perspective d’alliance de la droite et du centre.
A marcus
1 je ne suis pas encarté au ps, vous affirmez des choses gratuites, belle mentalité.
2 Tu ne réponds à aucune des questions concrètes qui sont posées. C'est à croire que vous ne voulez pas entrer ds le réalité pour en rester à un virtuel hypothétique.
3 un récent sondage csa cisco pour le parisien donne royal sarkosy à 50/50, pour des maniaques des sondages comme vous qui batissez toute votre stratégie sur eux il y a matière à réflexion, non?. Voyez il n'y a pas que bayrou ds la vie.
4 Un peu de respect svp, regardez le programme de bayrou, osez dire que il ne coute rien? Osez le? Alors un peu de décence, ségolène royal aussi parle de la dette c'est mçeme le 1er chapitre du pacte présidentiel.
5 merci de garder votre ironie ce que j'ai dit à propos de rocard je l'ai étayé avec 2 éléments concrets. osez vous les réfutez? Non alors?
6 A propos d'intolérance il faudrait un peu je pense réorienter la boussole et penser un peu à l'histoire de la paille et de la poutre, commencer à débattre svp et arrêter de tourner en boucle, votre rengaine est tjs la même, jamais vous ne répondez aux questions posées par des faits! Est ce par mépris ou par incapacité?
7 je lève la main qd je veux et même prend la parole librement ne vous en déplaise, qd au squat de blog après la poutre je pourrais vous parler de l'hopital et de la charité.
8 Pour conclure, je trouve complètement incongru cette idée de la fierté de son vote, quand je vôte, j'essaye de prendre en considération l'intérêt général du pays, pas un calcul politicien, la fierté n'a strictement rien à voir la dedans.
Vous en avez 8, le numéro du panneau ségo.
Rédigé par : chav | 17 avril 2007 à 00:13
Résumé en 3 mots de la situation:
"Certes François Bayrou n'est pas très crédible,
Nicolas Sarkozy ne l'est que pour les 25% les plus privilégiés qui veulent encore voir leurs privilèges augmenter, et Ségolène Royal n'est crédible pour personne, mais à gauche, "On l'aime" (comme Madame Sorbier).
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 17 avril 2007 à 10:00
A propos de Chav : terminé pour moi. Je n'ai pas l'intention de nourrir le troll plus longtemps.
Rédigé par : marcus | 17 avril 2007 à 12:42
A marcus le troll te salue bien.
ce n'est qd même pas de ma faute si vous ne répondez pas aux questions posées!
Tant que vous ne répondrez pas, je continuerais, ne vous en déplaise.
Moi j'aime bien la Norvège et les trolls.
Gnark!!!!!!!!!!!!!
Rédigé par : chav | 17 avril 2007 à 16:14
La deuxième couche :
http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/politique/elysee_2007/20070418.OBS2589/rocard_accuse_les_gardiensdu_dogme_socialiste.html
Cette fois c'est parfaitement clair !
Rédigé par : Marcus | 18 avril 2007 à 10:51
Le vocabulaire du débat de Chav et de Marcus : choisir entre l'obscurantisme et la pensée des Lumières !
On aurait pu regretter que le débat d'Horizons se développe "sans modération", mais à observer le lexique des échanges entre Chav et Marcus, on découvre que ce fut sagesse .
En conclusion de son commentaire du 16 avril à 22:43, Marcus, sous l'emprise d'une apparition de François Bayrou à la Rochelle, dont il rend joliment compte dans son article intitulé "bayrou-in-live-at-la-rochelle", invite Chav à ne retenir de la campagne que le montant d'une dette publique, dont, d'une simple proposition juxtaposée, il suggère habilement qu'elle serait l'origine de tous les mots de notre pays, pour le mettre en regard des programmes des candidats ; ce qui implique que François Bayrou serait le seul capable de répondre à tous les maux de notre pays — d'autres étant plus compétents que moi pour analyser la validité de cette assertion, je m'en tiens à mon domaine de compétences, celui de l'analyse critique des textes .
Ensuite, Marcus invite Chav à réfléchir et à décider seul de son vote — soit éluder toute autre question politique que le montant de la dette — et à émettre "en conscience", "avec enthousiasme et sans réserve" un vote Bayrou dont il sera "fier" !
L'emploi de ces trois termes — "conscience, enthousiasme, fierté" — comme l'invitation à rejeter toute considération extérieure pour concentrer sa réflexion sur le montant de la dette publique, d'une part, et sur la proposition de François Bayrou, d'autre part, de "supprimer le déficit de fonctionnement et de stabiliser la dette en trois ans" évoquent une attitude contemplative de méditation ainsi que la prégnance de considérations morales.
Tout semble se passer comme si Marcus voulait promouvoir une idéologie obscurantiste, telle qu'elle prévalait aux temps de l'alliance entre le trône et l'autel, celle de la foi du charbonnier en son candidat Bayrou qui appelle en complément le besoin de donner des leçons et de culpabiliser ; un évêque, qui, lui, était bien dans son rôle, déclarait récemment que pour un catholique s'abstenir était un péché, l'évangile selon Marcus avertit Chav que s'abstenir de voter Bayrou serait "en conscience" un péché !
Il semble raisonnable, avec Chav, rendant à César ou à la République ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, de décider de notre vote selon les seuls critères de l'intelligence critique . Les mots de Marcus nous renvoient à ce qui est de l'ordre de l'émotif, de l'affectif, de l'interprétation personnelle et entachée de subjectivité des valeurs morales ; ceux de Chav renvoient à l'argumentation réfléchie, à l'observation lucide, au jugement informé, bref à l'intelligence critique et à la pensée des Lumières .
L'anarchie des commentaires offre un matériel d'un intérêt remarquable pour apprécier la différence entre les commentateurs et les candidats qu'ils défendent . Merci à Horizons !
Rédigé par : Ilysa | 20 avril 2007 à 17:33