Il y a quelques jours, j’évoquais la proposition saugrenue de la candidate socialiste d’empêcher les groupes qui délocalisent leur production de continuer à utiliser leur marque. Il s’avère en fait que la proposition est un tout petit peu plus complexe que les propos de la candidate que j’avais entendu sur I télé.
Ce n’est pas pour autant tellement plus rassurant, ni sur la cohérence du parti socialiste, ni sur le contenu de son programme économique.
tLes Echos nous expliquent que le slogan « empêcher par la loi la délocalisation des marques » recouvre en fait, plutôt une réglementation du label « Made in France » afin que les produits fabriqués en dehors de l’hexagone ne puissent plus s’en prévaloir. Ah Bon ? Parce ce n’est pas déjà le cas ? Les socialistes sont-ils au courant que le déficit commercial se creuse sans cesse et que le consommateur français ne ressent absolument aucune angoisse métaphysique à acheter chinois ? C’est même quelque chose qui est devenu tendance.
Tout autre son de cloche dans la bouche de Jean Louis Bianco, dimanche soir sur l’émission politique d’Europe 1.
« Il y a des moyens de se protéger. Ségolène Royal l’a dit. Les marques. On sait que dans la compétition mondiale, la chaîne de valeur comme on dit, des fabrications peuvent être délocalisées, mais il faut que le cœur, c’est à dire la stratégie, la recherche, l’innovation, le marketing … les marques, restent en France. Rien ne nous empêche de faire une loi pour dire qu’on doit garder en France la propriété des marques françaises ».
Voilà, cela devient plus clair. On ne sait toujours pas exactement comment on va pouvoir fixer autoritairement une marque sur un territoire, ce qu’on entendra par marque « française » … mais on comprend l’esprit. Cela n’a rien d’une mesure protectionniste. Bien au contraire, c’est un axe assez classique de la pensée unique contemporaine, la fameuse théorie de l’économie de la connaissance selon laquelle on doit se spécialiser sur les emplois supérieurs et on peut, avec la plus grande sérénité du monde, laisser partir les emplois de production en Chine.
Le « made in », c'est ringard. Nous, Européens, parce qu'on est des gens intelligents, on va concevoir, on va faire de l'ingénierie financière, du marketing, de la recherche etc … et laisser le sale boulot aux Chinois. On va faire du "made By"
Personnellement, je n’ai toujours pas bien compris comment on peut sérieusement prétendre transformer des centaines d’emplois d’ouvrières non qualifiées en quelques emplois de chercheurs, de commerciaux ou de publicitaires. Je n’ai toujours pas bien compris comment cette théorie permettra de revitaliser les bassins d’emplois qui sont sinistrés par les délocalisations. Je ne comprends d’ailleurs pas en quoi le sacrifice des emplois de production nous permettrait de développer les fonctions à haute valeur ajoutée. Cela me semble plutôt être de la perte nette d’activité, d’emploi, et de pouvoir d’achat pour l’économie nationale.
Je n’ai même toujours pas compris ce qu'on entendait exactement par cette nouvelle "sécurité sociale professionnelle" dont tout le monde parle et qui serait le remède miracle aux mutations économiques, comment on pourra "sécuriser les parcours professionnels" quand, dans le même temps, on accepte que les emplois fichent le camp, ou en quoi cette nouvelle sécurité sociale se distinguera concrètement des allocations chômage.
En revanche, il me semble que les ouvrières du textile ont parfaitement bien compris que le PS préfère céder aux mirages de l’économie moderne plutôt que de défendre leurs intérêts.
Tout à fait d'accord avec cette analyse.
Surtout que selon le récent rapport sur la valorisation de la recherche française, celle-ci (privée et publique) semble manquer de "compétitivité" vis à vis de nos concurrent étrangers, surtout quant on voit les investissement importants et continus que la Chine ou l'Inde opèrent dans ce secteur stratégique...
Ce "made by", n'est pas eulement un rideau de fumé destiné à rassurer le bon peuple face à la mondialisation, il reflète simplement la stratégie des grandes multinationales... jusqu'à ce qu'il devienne + intéresant de regrouper les centres de recherche en Chine, ou aillerus...
PS : Je n'ai pas lu le rapport sur la recherche, et je ne fait donc que me référer à la synthèse qu'en on effectué les médias... peut être celui-ci est-il sujet à caution.
Rédigé par : le Franc-tireur | 31 janvier 2007 à 10:06
Franc-Tireur a raison,comme l'auteur de l'article: on nous prend pour des c...,tout simplement.
Qui ON? Ceux qui nous gouvernent et ceux qui l'ont fait,alternativement depuis un quart de siècle.
Qui NOUS? L'ensemble des Français, ceux qui se croient d'abord de droite et ceux qui se croient d'abord de gauche..Tant qu'ils n'auront pas compris qu'ils sont dans le même sac et qu'ils se font tous B....r, point de salut!
Rédigé par : Hélas!!! | 01 février 2007 à 22:28
L'absence de commentaires sur cet intéressant billet est significative-et alarmante!Il touche pourtant le coeur de la problématique économique-et donc politique-qu'il nous faut affronter.
Qui en parle dans la campagne présidentielle,et sur les blogs??? Dupont-Aignan, mais ça intéresse qui???
Rédigé par : Marc O6 | 02 février 2007 à 20:39