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23 décembre 2010

Commentaires

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Tomgu

Comme tu l'as dit, l'Allemagne de par sa volonté a permis de limiter la mise en oeuvre des différentes solutions proposées et notamment les euro-obligations.
Clairement les Allemands ne veulent pas payer pour les autres et cela peut se comprendre.
Néanmoins, j'ai un peu de mal à saisir pourquoi ce pays ne va pas au bout de son "combat" en sortant de manière unilatérale de la zone euro.

S'agissant de la réindustrialisation du pays, il est vrai que la tâche est ardue mais comme on dit : impossible n'est pas français ! La question est de savoir vers quelle industrie on veut se tourner. N'oublions pas que les ouvriers Français sont ceux qui sont le plus productifs au monde.

Pour finir sur l'europe à deux euros, cela peut être envisageable mais rien ne dit que ces deux zones seront des zones monétaires optimales. Or si ce n'est pas le cas on risque de retomber dans les mêmes travers.

François Ennat

Sur la stratégie allemande et sur les réels gains de compétitivité obtenus, il me semble qu'un aspect historique essentiel est trop facilement oublié. Il s'agit de l'intégration des länder de l'est. La réunification a eu comme conséquence l’apport d’une main d'œuvre bien formé et à faible coût. Il a été demandé aux allemands un prix à payer pour la réunification. Cette « concurrence » a permis de justifier tous les efforts imposés aux salariés de l’ouest. La gauche allemande et les syndicats ont été les prescripteurs de cette politique. Il n’y a pas pour la France un modèle allemand à dupliquer comme il se dit ces deniers temps. Je pense également que si les allemands ont accepté de faire cet effort par patriotisme, jamais ils ne seront disposés à le faire pour les grecs, ou … les français.

A-J Holbecq

@Xavier
En fait, tu avais bien fait de prendre quelques vacances d'écriture; c'est du très bon "Malakine"... tu termines l'année en beauté ;)

@Tomgu
Tout à fait d'accord en ce qui concerne l'Europe à 2 euros; ca ne résoudra rien puisque qu'il n'y aurait pas de réel "dénominateur commun" dans aucune des 2 zones prises séparément; Néanmoins une zone euro-mark avec l'Allemagne, le Luxembourg, l'Autriche, les P-B (j'en oublie?) aurait peut être sens; s'y retrouver serai catastrophique pour la France.

@Tous
Il ne faut pas oublier que pour beaucoup des pays endettés (dette publique), si on oublie ces trois dernières années de crise, la dette représente sensiblement le montant des intérêts qu'il leur a fallu emprunter (# 1340 Md€ pour la France depuis 1980) . Les soldes primaires des budgets (sans intérêts) sont relativement équilibrés sur cette période. C'est bien l'obligation d'emprunter les trésoreries nécessaires (et donc de les faire monétiser par le système bancaire privé au lieu de le faire par les Banques Centrales) qui sont cause des accumulations des dettes publiques.

Laurent Pinsolle

@ Malakine,

Pas grand chose à dire. Je partage totalement. Très bonne synthèse. Notamment la critique de l'idée farfelue des eurobonds.

Marsault

D'accord aussi avec cette analyse.
La "pensée unique" est à bout de souffle devant ce qu'elle a enfanté. On imagine mal le changement, qui se profile encore de manière très flou, s'opérer dans la sérénité.

Verdun

C'est une bonne synthèse qui m'amène d'ailleurs à une réflexion originale (non je suis à jeun ;-) ) :

En 1914, l'Allemagne est entrée en guerre avec des objectifs précis qui se révèlent objectivement réalisés aujourd'hui.

En 1919, la France victorieuse a poursuivi une politique du pire ("l'Allemagne paiera") qui est aujourd'hui présentée par de nombreux pays comme l'une des portes de sortie de la Crise.

la question est donc de savoir si le choix entre le maintien du statu quo actuel (pro-allemagne) ou l'accélèration des intégrations économiques (solution 1919) dépendra du Royaume-Uni ? - histoire de "boucler la boucle" et de se retrouver vraiment dans l'Europe post-Congrès de Vienne...

Cela en dit long sur la régression à laquelle nous assistons.

CM

jul'

Moi j'aime bien le ton que tu prends, parce qu'il n'est pas accusateur, ce qui crédibilise ton analyse.
Mais mon penchant ne peut cependant m'empêcher de dire ici que "la désindustrialisation, ce n'est pas qu'une erreur, c'est une conséquence néfaste du mondialisme en tant qu'idéologie - idéologie qui ne sert pas les intérêts des peuples européens - idéologie mise en oeuvre par la commission de bruxelles dont les commissaires ne sont pas élus démocratiquement" - une fois de plus: si on comprend simplement que le système de bruxelles défend d'autres intérêts que ceux des peuples des nations européennes, on comprend que la priorité c'est les pointer du doigt en tant que responsables et coupables de la régression généralisée actuelle - qu'on aurait pu largement éviter en étant simplement "européens", mais véritablement.

Marc

Sans vouloir faire le troll mais volontairement provocateur :
N'y a-t-il pas moyen de renégocier les interets?
Pour n'en payer que rien ou partie?!

N'y aurait-il pas moyen d'allouer une partie du résultat du travail français au paiement d'une partie de ces interets? Un paiement en nature en quelque sorte....

Tout ou partie des travailleurs travailleraient "gratuitement" sur un travail servant a rembourser une partie de la dette?

Certes, difficilement réalisable voire complètement utopique dans ce contexte de mondialisation. Étant novice et très peu calé en économie mais pourtant très intéressé par ces questions, j'essaie d'apporter ma pierre a l'édifice...

olaf

Pour ce qui est de l'innovation privée en France c'est devenu lamentable, j'ai payé cher pour l'apprendre et ne pas être parti plus tôt de la France.

Pour la recherche publique c'est aussi la cata, voir :


http://www.france5.fr/c-a-dire/index-fr.php?page=emission&id_article=1347

Sébastien Mainguet

Excellent, j'ai vraiment hâte de lire la suite, le sommaire des prochains numéros me paraît assez alléchant.

Je voudrais poser une question un peu naïve : une création massive d'emplois ne serait-elle pas la meilleure alternative à l'austérité ? L'idée serait de produire tous pour produire plus, et s'épargner des plans d'austérité. D'ailleurs ce n'est pas exactement ce que fait l'Allemagne.

En tout cas ce "théorème d'Artus" me paraît décidément très juste.

Autre chose (encore une question un peu naïve sans doute) : notre dépendance extérieure pour les matières premières ne pose-t-elle pas un problème fondamental ? N'est-ce pas in fine cette dépendance qui nous contraint à dégager des excédents commerciaux dans d'autres domaines afin de payer ces matières premières ? Et dans cette perspective, la véritable priorité ne consiste-t-elle pas à mettre en œuvre un énorme effort de recherche et développement pour sécuriser nos approvisionnements de ce côté-là ? Quitte à rouvrir nos mines d'uranium (dont le potentiel est sans doute très limité, mais c'est toujours mieux que rien), et pourquoi pas nos mines de charbon (là j'ai bien conscience que je donne dans la provocation, mais j'assume totalement…). Quitte surtout à investir massivement - et donc forcément au détriment du reste - et à très long terme dans la formation, la recherche et la main-d'œuvre en vue de trouver un substitut viable au pétrole, qui puisse être exploité/produit en France ? Je pense en particulier à ces biocarburants de deuxième (ou troisième ?) génération dont Yann a souvent parlé. Bon je vous fais grâce de la fusion nucléaire, des astéroïdes, de l'hélium 3 lunaire et de toutes ces sortes de choses bizarres… mais j'y pense très fort.

Comme tu le dis très bien, "La crise actuelle rappelle la nécessité pour toute économie de pouvoir équilibrer ses échanges extérieurs". (désolé, je n'ai pas trouvé le truc pour l'italique, si tu peux m'expliquer…)

Jusque récemment je ne "croyais pas" à la crise pétrolière de 73. Je persiste à croire qu'elle a servi de justification (bidon) à la politique de chômage de masse, mais plus ça va plus je me dis que cette crise avait réellement un sens profond.

Rappelons-nous que jusque dans l'entre-deux-guerres, notre économie carburait avant tout au charbon. Or les mines de charbon étaient en France…

Dans les années cinquante et soixante, on carburait au pétrole, mais on avait du pétrole… en Algérie, et le pétrole du Moyen-Orient était bon marché. Donc notre dépendance ne pesait pas du tout de la même façon sur notre économie.

Depuis les années soixante-dix, la donne a changé. Et ce n'est certainement qu'un début.

En gros, mon raisonnement est le suivant. Je pars d'un constat qui me paraît difficilement contestable : nous avons besoin de matières premières, et en l'état actuel des choses nous devons les acheter à l'étranger. Il me semble qu'il n'y a pas trente-six solutions. Je n'en vois que trois :

1/ Produire plus (en produisant tous…), en espérant avoir quelque chose de suffisant à proposer aux pays étrangers concernés en échange de leurs matières premières. Sachant que ces pays seront très bientôt (ou sont déjà) capables de produire eux-mêmes des avions de ligne, des centrales nucléaires et même des sacs Vuitton, arrivera très vite un moment où nous n'aurons plus que de la main-d'œuvre à leur proposer. Ce qui nous mettra dans une situation de domination, mais cette fois nous ne serons plus les dominants.

2/ Nous endetter encore un peu plus, mais là il semble qu'on ne pourra pas aller beaucoup plus loin.

3/ Travailler tous, et pourquoi pas travailler plus aussi, pour recouvrer un minimum d'indépendance et de souveraineté en termes d'accès aux matières premières.

Il paraît que Deng Xioaping a dit un jour : "Le Moyen-Orient a du pétrole, mais la Chine a des terres rares". Et la France elle a quoi ? On a intérêt à trouver quelque chose, parce que l'ère de la domination militaire de type colonial est bel et bien finie.

Sébastien Mainguet

C'est Deng Xiaoping, évidemment.

Tomgu

@ Sébastien Mainguet

La France n'a pas de pétrole mais elle a des idées. C'est là dessus qu'il faut jouer !

pierre urville

"...Solution somme toute logique. Ces pays ont vécu trop longtemps au dessus de leurs moyens":

Mais n'est ce pas aussi un des problemes? La France n'a jamais ete aussi riche. Un budget se balance entre depenses et recettes. Si le deficit nourrit la dette c'est aussi principalement car l'on n'a cesse depuis trente ans de reduire l'assiette des recettes et de tout defiscaliser. La niche Cope a deja coute 20milliards, la taxe prof coutera 9milliards, etc, etc...Avons nous vraiment vecu au dessus de nos moyens? Peut etre, mais pas comme l'on voudrait nous le faire croire.

"ramener leur niveau de vie au niveau de richesse que leur économie produit de manière endogène": chiche! Taxons aussi la valeur ajoutee et les gains du capital au niveau ou ils etaient taxes ne serait ce qu'il y a dix ans de cela. Combien de dizaines de milliards entreraient dans les caisses.

La reflexion economique est essentielle et aucune des "solutions" presentees n'est effectivement satisfaisante. Nous allons dans le mur, nous le voyons tous. Je crois qu'il n'y aura pas de solution economique tant qu'il n'y aura pas eu de reflexion profonde sur le role du politique. Le politique doit reprendre le pouvoir sur l'economique (la crise actuelle pose de veritables questions sur l'etat de nos democraties), cela ne pourra se faire que si les peuples europeens remettent leurs dirigeants devant leurs responsabilites dont la premiere devrait etre de servir leurs interets et non de travailler a leur apauvrissement.

A-J Holbecq

@pierre urville

Jusqu'en 2007/2008, les soldes primaires (sans intérêts) des budgets des APU étaient relativement équilibrés; les déficits étaient sensiblement l'équivalent des intérêts dus sur la dette publique, et il n'y aurait quasiment pas eu de dette résiduelle sans ces intérêts.

Mais cette précision faite, je suis d'accord avec vous.

philippe ségard

La réindustrialisation du pays est une priorité.

Parce que le modèle "je ne produit plus - mais je consomme - à crédit" arrive en bout de course. Avec un service de la dette qui devient insupportable. Avec comme perspective d'avenir les plans d'austérité et la déflation.

Le pétrole bon marché, à horizon d'une génération, est derrière nous. Il y a un véritable enjeu à trouver les solutions énergétiques de remplacement. La France a la capacité a participer aux premiers rang de cette future bataille. Mais pour cela, il faut qu'elle ait les coudées franches, qu'elle puisse investir et créer les entreprises de demain. Ce qu'elle ne peut pas faire dans le carcan qu'est l'UE.

Seul l'Etat pourra financer cette réindustrialisation. Pour preuve, voir ce jour le rapport de l'Insee indiquant une baisse des crédits accordés aux entreprises par le secteur bancaire (alors que les crédits à la consommation augmentent fortement).


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