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22 décembre 2010

Commentaires

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François Ennat

Très bonne démonstration de l'hétérogénéité des problèmes liée aux différents modèles économiques en place dans les pays de l'Euroland, héritage de l'histoire. Ils se voient imposer un cadre monétaire unique donc par conception inadapté à chacun. L'euro tel qu'il fût conçu se voulait moteur de l'auto-convergence des économies sous l'autorité de la main invisible. Il conduit au phénomène inverse. Est-il encore possible de bifurquer vers la monnaie commune qui elle intégrerait ces divergences et autoriserait le retour à la création monétaire des banques centrales sous le contrôle de chaque Etat mais harmonisée au niveau européen?

lg

Merci pour ce billet bien construit.

Les Etats Unis sont dans la même situation. Etats, Municipalités, Budget Fédéral.. peut être même pire que l'Europe.

Vous avez raison, il n'y a plus de bonne solution, le temps est passé, maintenant il ne reste que des mauvaises solutions. Essayons de choisir la plus JUSTE de ces mauvaises solutions.


Quand vous dites "L’Europe ne pourra pas éviter la déflagration politique et économique qui s’annonce." j'ajoute et SOCIALE.

Merci encore pour un super billet.

guzy

Il y a une solution que je vois très peu dans la presse, et ce n'est pas étonnant. Bien entendu, si la France ou l'Espagne sort de l'€ c'est dur car on se retrouve dans l'obligation de rembourser la dette avec une monnaie dévaluée. Ne pas rembourser une partie est une solution vers laquelle on s'achemine de toute façon et ce n'est pas un drame (c'est arrivé cent fois dans l'histoire financière et les pays touchés n'ont pas disparu), mais forcément à court terme cela créé de la défiance et renchérit le financement des déficits.
L'autre solution donc c'est de garder l'€ (avec les autres pays souffrant de l'€ Deutsch Mark) mais d'en sortir l'Allemagne. On récupère le Franc tout en gardant nominalement l'€ et on fait de la dévaluation compétitive / Allemagne. Solution toujours ignorée chez ceux qui nous terrorisent sur les conséquences d'une "autre " politique. A cet égard, les Dupont-Aignan et consorts, pour lesquels j'ai de la sympathie, n'aident pas à la définition d'alternatives avec leurs discours jusqu'au boutistes.
@lg Vous avez raison, il n'y a de toute façon pas de "bonne" solution, dans tous les cas ça fera mal. Mais le maintien de la situation actuelle est la pire des solutions.
Faut-il brûler les baby-boomers ?

Malakine

Je précise que ce billet sera suivi de deux ou trois autres à venir très rapidement où je passerais en revue les solutions envisageables. Dans un premier temps, les solutions "autorisées" et dans un second les solutions plus hétérodoxe, dont l'éclatement de l'Euro.

Ensuite, j'essaierais si je peux et si j'ai le temps de me livrer à un exercice prédictif. Et en janvier je déroulerais dans une nouvelle série un modèle alternatif à base de protectionnisme "innovant".

Donc, si vous pouviez respecter dans vos commentaires ce plan et réserver la discussion sur la sortie de l'Euro pour le billet où j'en parlerais je vous en serais reconnaissant.

Ca viendra vite. Tout est presque déjà écrit.

philippe ségard

Durant la crise de 2008, les banques en manque de liquidité n'ont pas pu se refinancer à long terme et se sont rabattues sur des prêts court terme. Dans les 2 prochaines années, elles devront trouver 3000 milliards de dollars (plus de 1500 milliards de dollars pour les seules banques européennes).

Il faut ajouter à cela les actifs douteux des banques qu'il faudra bien apurer à un moment ou à un autre. Rien que pour l'Espagne, comme tu le fais justement remarquer, c'est 180 milliards d'Euros (reconnus, c'est donc un minima).

http://www.lesechos.fr/journal20101215/lec1_l_enquete/020990583345-banques-espagnoles-le-syndrome-irlandais.htm

Et n'oublions pas que toutes les banques possèdent dans leurs comptes pour des montants colossaux des produits dérivés, dont une bonne part de CDS (13000 milliards de dollars, rien qu'aux US en 2008 http://www.occ.treas.gov/topics/capital-markets/financial-markets/trading/derivatives/dq210.pdf ) , c'est à dire des assurances contre le défaut de remboursement de prêts. Mais que valent ces produits si les assureurs font faillite ? (cf Ambac en novembre, qui garantissait 700 milliards de CDS). Rien qu'aux US, il y a plus de 12000 (douze mille) saisies immobilières chaque jour.

La situation est donc effectivement très grave. Mais, tout du moins pour la France, elle n'est pas désespérée.

Hors service de la dette, le déficit français oscille autour de 50 milliards d'Euros. Les niches fiscales, c'est entre 50 et 70 milliards, la fraude autour de 40 milliards, une entreprise du cac 40 sur 4 (dont Total !) ne paie pas d'impôt sur les sociétés, on ne taxe pas encore les transactions financières ... tout cela pour dire que nous avons les moyens pour avoir un budget de fonctionnement de l'état équilibré si nous le voulons.

Le service de la dette est devenu le premier poste de dépenses du budget de l'état. Et il croît à très grande vitesse. Vouloir freiner sa croissance uniquement par des plans d'austérité est une idiotie. Parce qu'il n'y a aucune raison de faire porter tout le poids de l'effort uniquement sur le travail et les services publics et épargner les épargnants. Et parce que cela ne marche pas. Il suffit pour s'en convaincre de voir les dégradations de la note des dettes souveraines de l'Irlande, du Portugal et de la Grèce par les 3 agences de notations qui expliquent que ces dégradations sont les conséquences de la mise en place des plans d'austérité.

Il n'y a certainement pas de solution miracle, et il n'y aura pas de solution sans douleur, mais une combinaison de solutions qu'il convient de mettre rapidement en place pour fixer le cap et s'y tenir.

La sortie de l'Euro en est une, et elle est majeure. Pour pouvoir monétiser une partie de la dette. 100 milliards, c'est environ 5% de la masse monétaire M3.Pour pouvoir dévaluer et relancer les exportations. Pour pouvoir également emprunter à notre banque centrale à des taux d'intérêts raisonnables.

Rendre les produits d'importation plus cher et appliquer une politique fiscale aux entreprises incitant fortement à relocaliser en France.

Mettre en place un pôle bancaire public fort, permettant l'accès au crédit aux PME qui sont les moteurs de la création d'emplois.

Mais aussi,et on n'y coupera pas, revoir nos dépenses et nous concentrer que sur celles réellement utiles et dans nos moyens. Pas dogmatiquement, comme cette idée stupide de ne pas remplacer un fonctionnaire sur 2 partant à la retraite, mais en effectuant un vrai travail de fond, à soumettre à référendum si besoin.


A-J Holbecq

Merci Xavier pour cet excellent article, merci à Philippe Ségard d'avoir écrit ce que je pense.

Je voudrais préciser que de très nombreux pays dans le monde vivent bien sans être dans un cadre de monnaie de réserve, mais que si nous le voulons, ensemble en Europe, nous pourrions faire cet euro commun "monnaie de réserve", remplaçante de la monnaie unique si mal née, comme le proposent Sapir et NDA (entre autres).

Mais même si ce n'était pas le cas une dévaluation aura pour conséquence une dégradation initiale mais une amélioration ensuite (comme l'explique wikipedia à propos de la "courbe en J" " Ce phénomène se rencontre après une dévaluation de la monnaie (dans un système de changes fixes, ou partiellement flexibles) ou après une dépréciation (dans un système de changes flexibles). Lorsque la monnaie perd de sa valeur par rapport aux autres, le prix des importations augmente et le prix des exportations diminue. Ainsi, dans un premier temps, les exports et imports étant prix-inélastiques à court terme, la balance courante (exportation moins importation) se dégrade puis, les consommateurs ayant eu le temps de réagir face aux changements de prix, l'exportation augmente, l'importation diminue, et la balance courante se redresse et dépasse son point de départ.")

La situation de la France est loin d'être tragique: celle des grecs non plus! A ce que je sache ils vivaient bien, bien avant l'euro; ils continueront après...

philippe ségard

@ Xavier

Oups, désolé pour le non respect du plan, je n'avais pas vu ton dernier commentaire ...

J'en profite pour ajouter le lien vers le rapport de la BRI cité par J. Sapir.


Le rapport de la BRI cité par J. Sapir est en téléchargement ici :

http://www.bis.org/publ/arpdf/ar2010_fr.pdf

Verdun

Excellent premier billet, qui donne envie de lire la suite.

J'ajouterai des réformes de structures nécessaires pour garantir un fonctionnement normal pérenne des institutions, et essentiellement une profonde réforme des Médias, qui doivent impérativement, comme les moyens de paiement monopoles des banques, sortir du domaine privé pour devenir des biens communs (je paraphrase F. Lordon).

Car le coeur du problème est là : le raisonnement que tu tiens (et sur lequel je reviendrai) nécessite un temps qui échappe aux formats des médias actuels. Il faut réellement poser un raisonnement, ce qui n'est plus possible dans ces affreuses émissions "talk-show".

Or, cette structuration impérative du message est aussi responsable de l'omniprésence d'une pensée unique (certes aux abois) que la duplicité ou la débilité (intellectuelle j'entends) des principaux abonnés aux médias en la matière.

à suivre donc, avec intérêt.

CM

Malakine

> Phillipe

Merci de ces précisions et du lien vers le rapport de la BRI. Je vais donner sa à ma copine énarque. Ca lui fera de la lecture pour le train :-) Mais je suis surpris de la date. Tu es sûr que c'est le rapport dont parlais Sapir ?

> André-Jacques

Je répondrais dans les articles suivant. Défendre la compétitivité de son industrie et en recréer une après une longue période de désindustrialisation, ce n'est pas tout à fait la même chose. J'ai fini par me laisser convaincre par les arguments d'Artus qui affirme depuis des années que la désindustrialisation est une phénomène définitif. La dévaluation sans un protectionnisme national et radical pour au moins une partie de la production n'aura que pour effet d'appauvrir les populations.

> Verdun

Un vrai problème que tu poses là. Je ne vous remercierais jamais assez de me permettre de m'exonérer des contraintes de format qui existent aussi sur le net et à m'autoriser à faire long. Même si parfois il y en a qui commentent mes papiers tout en disant qu'ils ne l'ont pas lu jusqu'au bout ou en diagonale :-/

Difficile d'échapper à cette tyrannie de la simplification extrême du propos.

Tomgu

Comme beaucoup, nous sommes d'accord sur les constats. Il me semble qu'aujourd'hui les divergences existent davantage sur les solutions à mettre en œuvre pour se sortir de cette situation.
Comme l'a dit Philippe Ségard, la situation est grave mais pas désespérée. Je crois que les Français sont prêts à faire des efforts mais encore faut-il que ceux-ci soient le plus juste possible et surtout qu'ils soient efficaces !

philippe ségard

@Xavier

C'est bien le dernier rapport de la BRI.

La partie qui nous intéresse se situe page 85.

baloo31

Je partage tout à fait cette analyse et j’attends tes développements avec intérêt.
Je pense comme beaucoup ici que malheureusement il n’y a pas de bonne solution et que nous allons payer très cher la très dangereuse illusion de l’accroissement sans fin de la consommation financée par l’accroissement sans fin de la dette. Mais ce qui est fait est fait. L’important maintenant, c’est de convaincre tous les citoyens que c’est dans les crises historiques que le Peuple est capable de donner le meilleur de lui-même à condition que les problèmes soient clairement exposés, les difficultés honnêtement décrites et surtout l’assurance que les efforts demandés et les bénéfices éventuels à venir seront partagés par tous sans exclusive d’aucune sorte…la moins pire des solutions, en quelque sorte…

A-J Holbecq

@Baloo31

" l’accroissement sans fin de la dette " a pour seule origine les intérêts payés (au moins jusqu'en 2007), et heureusement payés pour le moment par les plus riches, eux mêmes acheteurs des nouvelles obligations émises pour rembourser celles arrivant à échéance.

http://tinyurl.com/3a5fl3q

Franc-tireur

@Malakine,

Tout d'abord, excellent papier.

Ceci dit, j'ai un petit point de désaccord sur la façon dont tu exonères la spéculation financière dans ton papier. Le problème de fond est tout de même que la sphère financière se défausse du risque sur les autres agents éco, et par ces pratiques spéculatives, s'approprie une part de richesse relativement plus importante que les autres acteurs. Cette dynamique fait que le prix des actifs s'accroit bien plus rapidement que l'économie réelle (I.E. la production de bien et de services) qui sert de base à la valorisation de ces mêmes actifs financiers... Les profit financiers dégagés ne sont pas réinvestis dans l'économie productive, mais dans la spéculation... il est alors impossible, à mon avis, d'avoir une dynamique plus en moins vertueuse de l'économie dans de telles conditions....

Ensuite, je ne suis pas très doué en éco internationale mais, de prime abord si le "théorème" d'Artus paraît "juste", il faudrait voir ce que représentent les Matières premières et surtout les ré-importations de produits fabriqués à l'étranger par les groupes français globalisés. Je dis çà parce qu'il faudrait voir si ce déficit est le reflet des "faiblesses" économiques françaises (tel un manque de compétitivité) ou bien une conséquence de la globalisation (on importe des produits que l'on pourrait tout à fait produire dans l'hexagone).

Il me semble de plus que nos points fort à l'export sont les produits du luxe et les infrastructures (nucléaire civil, TGV, airbus....). Dans ce dernier cas les rythmes de vente sont beaucoup plus lents et longs que pour des produits de conso courants... peut être ceci devrait être inclus dans la réflexion us égard à son impact sur le niveau du déficit extérieur.

Ceci dit pour revenir sur le théorème d'Artus, on pourrait le considérer comme à courte vue et "mercantiliste" (où la quantité de monnaie/or détenue par un état est la considérée comme la vraie richesse économique). En tant qu'économiste je penche plutôt du côté des pos-keynésiens qui considèrent (dans les très grandes lignes) que l'économie ne peut fonctionner que grâce aux déséquilibres : pour qu'un agent (ou un État) réalise un profit il faut qu'un autre s'endette (ou soit à "découvert", ce qui revient au même). Mais normalement ce jeu de déséquilibre doit créer une dynamique qui doit permettre d'enclencher des productions nouvelles ou supplémentaires et générer d'avantage d'investissement et de consommation. En d'autres termes, et plus clairement, les déficits de certains États sont la condition de la croissance des autres (le cas de la France et de l'Allemagne en étant une illustration).

Tout çà renvoie donc surtout à la question de l'organisation adoptée par la globalisation actuelle...Il est clair que cette division internationale entre pays structurellement déficitaires et excédentaires n'est pas tenable. Le risque de faillite des premiers menace tout simplement la croissance des seconds ! D'ailleurs il me ...semble qu'au dernier G20, le secrétaire US au trésor Henry Paulson (je crois...) a proposé de limiter (via une décision du G20 qui aurait force de loi internationale ???) les déficits comme les excédents commerciaux à un certain % du PIB... J'imagine la tête des délégations Chinoises et Allemandes....C'est en tout cas - dans l'affichage - une volonté significative de la part des Etats Unis de remettre en cause - partiellement - l'actuelle globalisation.... même si une telle mesure n'a aucune chance d'être adoptée...

Verdun

En ce qui concerne le pb du format médiatique dominat, je n'ai rien inventé, je te renvoies à l'intervention de Frédéric Lordon à l'Acrimed, les vidéos sont là :
http://www.dailymotion.com/video/x8e1mf_frederic-lordon-jeudi-dacrimed-12_news

http://www.dailymotion.com/video/x8e40j_frederic-lordon-jeudi-d-acrimed-2-2_news

et en plus c'est drôle !

Sur le fond du billet, je trouve que tu poses un peu vite en postulat de base définitif la désindustrialisation de la France, qui n'est pas à mon humble avis aussi avancée que tu ne le penses.

Ensuite, bien que n'étant pas économiste, je me permets de signaler que les déficits commerciaux sont aussi la conséquence des concurrences de règles fiscales : les Sociétés françaises faisant partie d'un groupe exportent leurs bénéfices pour ne pas payer d'impôts en France, en surévaluant leurs achats (importation) et en sous-évaluant leurs ventes (exportation)aux filiales étrangères du même groupe.

or, ces comportements mircoéconomiques ont un impact macroéconomique que l'on commence à peine à apercevoir. D'où les demandes de plus pressantes de réformer les règles fiscales pour empêcher ce type de comportement (pour l'instant tout à fait légal), qui explique que les entreprises du CAC40 paient moins d'IS en France qu'en Irlande (8 %).

Ceci ne remet pas en cause la pertinence et l'originalité de ton raisonnement, dont nous attendons tous la suite avec impatience, c'est juste un bémol à apporter.

CM

Malakine

> Philippe

Je crains d'avoir fait une confusion entre besoin de refinancement du secteur bancaire, qui s'établit à 3000 milliards et non 1000 comme je le disais dans le texte, et chiffrages des pertes potentielles pour les banques. Je corrige le texte en ce sens.

Boreas

Malakine

Votre article est intéressant, mais je pense que vous vous trompez sur le fait que la situation de la zone euro serait pire que celle de l'anglosphère.

C'est justement le but de la propagande médiatique anglo-saxonne, largement relayée en Europe continentale, de faire croire cela :

http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2010/12/26/selon-pierre-jovanovic-l-anglosphere-a-declare-la-guerre-a-l.html

A-J Holbecq

@Verdun

On peut imposer - au taux français - les sociétés multinationales sur un pourcentage de leur bénéfice correspondant à leur part de chiffre d'affaire réalisé en France.

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