Jusqu’à présent, on parlait d’incivilités, d’insécurité ou de délinquance. Désormais, c’est de résurgence de la barbarie ou de dé-civilisation dont il est question. Cette évolution ne traduit pas seulement une différence dans le degré dans l’ampleur du mal, mais bien une différence de nature. On n’est plus dans le registre rationnel de l’infraction que l’on commet sciemment dans l’espoir dans retirer quelques avantages personnels et que l’on peut traiter par les moyens classiques censés dissuader ce type de comportements, répression policière et sanction pénale.
On est passé dans la violence pure qui échappe à tout contrôle, y compris de la part des acteurs eux-mêmes. Une simple altercation peut conduire au meurtre. Une mort accidentelle entraîne un déchaînement de fureur de populations ayant soif de vengeance et prêtes à s’en prendre à tout ce qui pourra symboliser l’autre, la société et en premier lieu les représentations d’un Etat qui ne protège plus, mais désormais agresse les siens.
Contre les pétages de plombs qui finissent en marre de sang et les effets de meutes, la réponse pénale classique est devenue inadaptée. Ce n’est plus le sentiment d’impunité qui nourrit le crime, mais une violence intérieure latente prête à se déchaîner à la moindre occasion. Le problème n’est plus politique, il est devenu psycho-sociologique. Il faut donc prendre le problème autrement et imaginer de nouvelles solutions.
Dans le long texte qui suit, je développe six propositions qui me semblent de nature à endiguer ou à juguler ce mal. Le premier volet sera consacré aux mesures de nature éducatives et préventives. Un second suivra sur les mesures proprement répressives.
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