Marianne2 a rendu public une très étonnante lettre que Marine Le Pen vient d’adresser aux Préfets. La démarche inédite interpelle. Le chroniqueur politique qui généralement appréhende tout sous l’angle de la stratégie de com’ et du positionnement tactique affirmera sans même avoir lu le texte qu’il s’agit pour la candidate à la présidence de la république de renforcer sa crédibilité en signifiant une fois de plus, qu’elle est entourée de conseillers des plus sérieux. S’il est audacieux, il pourra même conclure en annonçant qu’elle croit tellement en ses chances que ses équipes se préparent d’ores et déjà à l’exercice des plus hautes responsabilités.
Tout cela n’est pas faux, mais la lettre dit bien d’autres choses au-delà de la stratégie de communication, sur la crise de l’Etat ou le rapport aux élites, qui m’ont inspirées les quelques commentaires et digressions qui suivent.
La crise de l’Etat
Le recouvrement d’une souveraineté pleine et entière - qui rappelons-le ne constitue pas un but en soi mais bien un moyen pour procéder aux réformes que le carcan supranational nous empêche de réaliser actuellement - suppose que deux conditions soient préalablement remplies. Le retour d’un certain sentiment d’appartenance à la Nation afin de pouvoir de nouveau penser collectivement la notion d’intérêt national ; et un Etat efficace capable de produire des politiques publiques au service de cet intérêt national.
Or notre appareil d’Etat a été considérablement abimé ces dernières décennies, par la perte de ses prérogatives essentielles qui l’a conduit à l’impuissance, le développement de l’électoralisme qui a corrompu l’esprit de ses dirigeants, ou par les purges liées aux restrictions budgétaires qui ont affaibli sa capacité d’action et démoralisé ses serviteurs. L’Etat doit être refondé et reconstruit à tous les niveaux, aussi profondément qu’1945 ou en 1958. La République souveraine ne pourra s’accommoder de l’Etat déliquescent que lui lègue l’époque finissante de l’Europe supranationale et de la mondialisation.
La corruption de la politique par l’électoralisme
J’ai plusieurs fois dénoncé cette corruption de l’esprit public qui consiste non plus à définir des politiques en raison du but d’intérêt général à atteindre mais à l’impact que l’annonce de la mesure aura sur le champ des représentations politiques, notamment ici, là, et encore là. La lettre aux préfets exprime cette dérive que le Sarkozysme a érigée en méthode de gouvernement.
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Il me semble nécessaire de préserver l’Etat de tels « détournement de pouvoir » en inscrivant dans la constitution la nécessité que toute loi affiche clairement l’objectif qu’elle poursuivit et les effets qu’elle attend, de manière à permettre au juge constitutionnel de s’assurer du caractère d’intérêt général de l’objectif ainsi que de la cohérence entre celui-ci et les moyens mis en œuvre, de manière de pouvoir systématiser les censures du type de celle qu’il a prononcé à l’encontre de la Loi TEPA (exonération des intérêts sur les emprunts immobiliers antérieurs à la loi)
L’électoralisme ne concerne malheureusement pas que la production législative. On assiste depuis quelques années à une politisation croissante du service de l’Etat. Lorsque j’ai commencé ma carrière en Préfecture, les préfets étaient véritablement des représentants de l’Etat. Quand bien même on pouvait déterminer leur sensibilité politique à leur CV, rien dans leur action ne la laissait deviner. La neutralité de l’Etat était un principe sacré. Le service du gouvernement était neutralisé dans le service de la république, principe de rang bien supérieur. Tel ne semble plus être le cas aujourd’hui. On a vu récemment des Préfets s’exprimer exactement comme des ministres de pacotille, récitant avec application la propagande gouvernementale, se référant directement à la volonté du Président de la République ou à l’action de la majorité (voir notamment cette vidéo du Préfet de choc de Saint de Saint Denis).
A l’issue d’un séminaire auquel j’ai assisté il y a quelques semaines sur la réforme territoriale et qui réunissait des hauts fonctionnaires des deux fonctions publiques, je m’étais même demandé aux termes des débats et suite à des quelques discussions publiques ou privées, si on n’assistait pas actuellement à une guerre sous-terraine entre les serviteurs de l’intérêt général, formés pour cela, pénétrés de méthode et de technicité (ce qu’on peut appeler des technocrates au sens de technicien de l’exercice du pouvoir, profession noble s’il en est), et une nouvelle classe de parasites sociaux, les « élus », en passe de coloniser les administrations pour leur propre profit ou celle de leur organisation. Ceux-ci sont totalement hermétiques aux notions de politiques publiques et d’intérêt général. Ne comptent que la décision ponctuelle qui donne l’illusion du pouvoir, son impact sur leurs clientèles, les coups politiques et la visibilité médiatique. Des Sarkozy dépourvus de toute compétence mais qui se mêlent de tout et prétendent tout décider dans le moindre détail sans la moindre réflexion préalable, il y en a désormais partout. Dire que les fonctionnaires placés sous leur autorité souffrent ou se démotivent est un euphémisme !
Je sais bien que les technocrates ont mauvaise presse et que les élus sont présumés être seuls porteur d’une légitimité démocratique. Pourtant, à l’expérience, que ce soit au niveau national ou local, on constate que l’emprise des seconds sur les premiers ne se traduit pas par des résultats bien brillants sur le plan des politiques publiques. Il serait peut-être temps de réfléchir à une séparation plus claire et plus franche des champs politiques et techniques, pour réduire le premier à ce qu’il a réellement à apporter et laisser faire le second pour le reste.
La paupérisation de l’Etat
Cela ne surprendra personne d’apprendre que la RGPP a causé un véritable malaise dans la fonction publique d’Etat, y compris dans les plus hautes sphères et même à l’ENA. Il m’a été donné d’assisté à une présentation de cette procédure de ses outils et de ses résultats faite par un (très) haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur. Ce fût un tir à boulet rouge contre sa logique exclusivement comptable et ses innombrables effets pervers extrêmement déstabilisant pour les services !
Comme toute organisation, la fonction publique peut et doit faire des gains de productivité. Cependant, une fois enlevé le gras on touche vite à la chair et on compromet le bon exercice des missions. L’optimisation des processus est une chose, le rabot à l’aveugle (comme disait Villepin) qui réduit les moyens sans toucher à la charge de travail, c’en est une autre. Si l’on veut faire des économies, c’est d’abord le périmètre des interventions qu’il faut revoir. Mais en la matière, le mot d’ordre politique n’a pas changé, c’est « toujours plus ». Tout est priorités. Tout est essentiel. Tout abandon serait vécu comme un insupportable désengagement.
En la matière, rien n’a véritablement encore été fait et certainement pas la prétendue réforme territoriale qui n’a été inspirée en réalité que par le souci de permettre à la droite de mieux figurer dans les régions (où il existe de jolis fromages à ronger) en misant sur l’implantation locale de ses candidats. Sur le champ de la clarification des compétences, rien n’a été décidé, et ce malgré les annonces tonitruantes annonçant la fusions progressive des départements et des régions.
La nécessaire réforme de la décentralisation
Cette réforme est un échec de plus à mettre au débit du Sarkozysme. Cette loi, quasiment dépourvue de tout contenu normatif est en réalité nulle et non avenue. La gauche a déjà annoncé qu’elle l’abrogerait (dans le but de multiplier le nombre de postes d’élus dans des élections où elle excelle) Villepin dans son projet promet « 8 grandes régions métropolitaines » . Marine dans sa lettre aux préfets dénonce les dérives de la décentralisation, les « politiques clientélistes appuyées par des stratégies de communication souvent sophistiquées » et la résurgence de « baronnies locales ». Il est donc fort probable que ce sujet soit dans le débat présidentiel de 2012. J'y apporterais d'ailleurs prochainement ma contribution à travers une proposition de réforme radicale mais simplissime.
Sans avoir besoin de faire le procès de notre décentralisation confuse et inachevée, ou de faire l’inventaire des multiples tares de notre organisation territoriale, constatons simplement que dans notre pays la démocratie locale ne fonctionne pas. Les Maires, aussi despotes ou incompétents soient-ils, sont sauf accident réélus jusqu’à leur mort. Les présidents de conseils généraux ou régionaux sont élus sur des vagues nationales, sans que nul ne connaisse leur projet (dont ils ont d’ailleurs fait le plus souvent l’économie préférant tout miser sur une belle photo et un slogan incantatoire) ou le bilan de leur action (impossible d’ailleurs à établir compte tenu de l’enchevêtrement des compétences et de l’inextricable mélange de compétences obligatoires définies dans le détail par la règlementation et les interventions facultatives). Il ne faut pas chercher plus loin les raisons du taux d’abstention record de ces élections ! L’abstention à ces simulacres de démocratie que sont les élections locales constitue une révolte civique totalement justifiée.
En attendant, cela n’empêche pas ces mal élus de se croire revêtus de l’onction du suffrage universel et, en cela, dépositaire d’un projet politique et d’une vision de l’intérêt général que des fonctionnaires, réduits au rang d’exécutants dociles n’auront plus qu’à mettre en œuvre. Moins il y aura de projet, plus difficile sera la construction de politiques publiques, plus nombreuses seront les décisions qui remonteront à l’élu pour arbitrage, plus le technicien sera soumis et plus l’élu sera heureux. Une « décision politique » dans le milieu est devenue synonyme de décision arbitraire fondée sur des motifs personnels qui échappe à toute rationalité et toute discussion. Malheureusement, les décisions “politiques” ont tendance à se multiplier à tous les niveaux.
Un appel aux élites déclassées
Emmanuel Todd, dans un récent passage à France Inter rejetait toute forme de populisme, y compris le FN qu’il mettait dans le même sac que Mélenchon, au motif que la transformation des structures économiques ne pouvait être conduite que par des anciens élèves des grandes écoles. Sans pour autant dénier le droit au FN de s’inspirer de ses thèses ou de ses travaux, il considérait qu’il n’était possible que de miser sur les partis de gouvernement afin de ramener les élites à la raison.
Personne de sensé ne remettra en question la nécessité pour un Etat ou une société de pouvoir s’appuyer sur des élites compétences et pénétrées du sens du bien commun. Il y a cependant plus qu’une nuance entre la notion d’élite et celle d’oligarchie. L’élite désigne, une classe intellectuelle supérieurement formée et intelligente ; l’oligarchie les titulaires des situations de pouvoir, politique, économiques, médiatiques ou autres.
Si l’on prend une promotion de l’ENA, une poignée seulement accèdera à de vrais postes de pouvoir, dans la politique, les institutions internationales, les banques ou les entreprises du CAC 40. Les autres, a priori tout aussi bien formés et capables, butteront sur un plafond de verre tissé principalement par des liens de connivence, pour ne jamais dépasser des postes subalternes. Ceux qui resteront attachés au service de l’Etat – ce pourquoi ils sont censés être formés – apparaitront aux yeux des oligarques comme des ratés.
Rien ne dit que l’oligarchie en place, représente la crème de la crème de nos élites. On peut même penser au contraire que les élites de rechange qui souffrent aujourd’hui d’un sentiment de déclassement voire d’humiliation, sont particulièrement nombreuses. L’appel adressé aux Préfets est un moyen de s’adresser à toutes ces élites de rechanges pour leur signifier qu’elles ont tout à gagner à une révolution patriotique et souverainiste qui redistribuera profondément les cartes. Aujourd’hui, il s’agit des serviteurs de l’intérêt général. Demain, on assistera d’ailleurs certainement à des appels similaires en direction d’autres types d’élites déclassées. On peut penser aux ingénieurs soumis aux diktats des financiers ou aux patrons de PME sous-traitantes martyrisés par les grands groupes.
En outre, ainsi que l’illustre le dernier texte de Jacques Sapir sur la sortie de l’Euro, le virage souverainiste exigera des compétences particulièrement pointues pour être pris sans risquer la sortie de route. Avec cet appel, Marine Le Pen fait coup double. Elle montre la compétence de son entourage secret, et elle appelle d’autres compétences à la rejoindre.
Cet appel est une étape de plus dans la mutation du Front National. Désormais, il n’est plus possible de le ranger rapidement et mécaniquement dans la catégorie des populistes comme le faisait Todd il y a encore un mois. Il ne s’agit pas de donner tout pouvoir aux passions populaires et de faire du basisme, fusse t-il participatif, mais bien de remettre la méritocratie républicaine en marche pour promouvoir une nouvelle génération d’élites pour rebâtir une république souveraine et une France indépendante.
Malakine
"aux ingénieurs soumis aux diktats des financiers ou aux patrons de PME sous-traitantes martyrisés par les grands groupes." :
En ce moment , ils se font bien massacrer.
les 8% de taxes sur les sociétes effectivement payés par le CAC40 a un gout d' injustice.
Rédigé par : PME | 21 avril 2011 à 09:39
"Des membres du FN m'ont rappelé pour me dire qu'ils étaient d'accord avec moi et allaient prendre en compte mes critiques. Ca pose un problème. Si ce parti cherche désormais des positions cohérentes, et si Marine Le Pen continue à ne pas être condamnable moralement, il va falloir revoir toute la stratégie à son égard. On ne pourra plus l'exclure du débat politique."
Citation de la dernière interview de J. Sapir dans Challenges.
Il faut que cette évolution du FN continue et vite !
V.
Rédigé par : Verdun | 21 avril 2011 à 09:54
Il y a effectivement de quoi s'étonner des politiques locales. Je suis revenu en France récemment pour les vacances. J'ai eu l'impression d'une gabegie rare, des lampadaires plus jolis remplaçant les anciens tout à fait convenables, des rond-points qui poussent comme des champignons après une pluie d'automne, des pseudos œuvres d'art d'une mocheté rare pour décorer les dits rond-points.
Autre bizarrerie, quand il y a un trouble du voisinage et qu'on le signale à la gendarmerie, celle ci nous envoie vers le maire, qui lui ne fait rien contre le fauteur de trouble par peur de perdre des voix aux élections.
Je ne comprends pas pourquoi un litige de trouble de voisinage entre 2 voisins relève de la compétence du maire qui fait partie de l’exécutif et ne peut pas être impartial, seules la justice et les forces de l'ordre devraient être habilitées à intervenir dans de tels cas.
Lorsque j'ai renouvelé mon passeport français, j'ai dû aller faire les photos d'identité chez un photographe professionnel alors que la mairie avait tout le matériel pour les faire pour bien moins cher. Mais non, le maire, socialiste celui là, avait décidé que les photos devaient être faites par un photographe, tout ça pour favoriser leur commerce dans la ville. Résultat du matériel photo acheté mais inutilisé qui décore le guichet passeport de la mairie et le contribuable qui paye plus cher ces photos et doit se déplacer chez un photographe en plus d'aller 2 fois en mairie.
Je serais curieux de connaitre ta proposition simple permettant de faire cesser les caprices des petites divas locales que sont parfois les maires.
L'un des problèmes de la haute fonction publique est ses éléments rejoignent le privée pour y pantoufler grassement payés, donc ils ont tout intérêt à choyer leurs futurs employeurs potentiels lorsqu'ils sont dans le public.
Sinon lors du débat entre Todd et Mélenchon, je me suis bien marré quand ils disaient que les ingénieurs devraient être les "rois" dans une économie réindustrialisée.
Quand on voit comment sont traités les ingénieurs en France qui font vraiment un boulot d'ingénieur, et non pas de garde chiourme avec une Schlag à chaque main, alors on comprend le décalage. Je ne suis pas sûr que Todd ou Mélenchon connaissent beaucoup d'ingénieurs techniques...
Rédigé par : olaf | 21 avril 2011 à 10:44
Je l'ai trouvée en entier sur marianne2 (bien cachée dans un billet du 19/04 : Quand Marine drague les Préfets).
J'ai été un peu déçu du commentaire joint au billet.
La question de savoir qui a rédigé ce courrier importe peu, et la tournure du "le-FN-infiltre-la-Préfectorale" est totalement ridicule (sauf à mettre la dangerosité du FN à hauteur de celle de la Scientologie, ce qui n'est pas le cas avec MLP).
Je note que la seule critique est la disparition de la fraternité sur la devise en fin de courrier.
Deux explications à une omission nécessairement pensée (le FN est le parti qui maîtrise le mieux la symbolique politique de la scène actuelle) :
- soit réellement, c'est le signe d'une "limite" dans la conversion républicaine du parti, et alors marianne2 et toutes les belles âmes auraont eu raison de ne pas céder aux sirènes...
- soit c'est simplement une adaptation à un contexte où la fraternité n'a que peu de rôle à jouer.
Dans cette seconde hypothèse, il faut rapidement que MLP lève ses ambiguïtés, notamment sur la priorité qu'elle donnera en cas de conflit entre l'idéologie classique de l'extrême droite et la politique qu'elle prône de restauration de la souveraineté républicaine.
à suivre donc....
Merci en tout cas de l'info (j'étais passé complètement à coté)
V.
Rédigé par : Verdun | 21 avril 2011 à 13:12
Tu vas me dire que c'est un dada, mais tu devrais lire ce rapport de Marcel Gauchet : http://marcelgauchet.fr/blog/?p=692.
Il me semble qu'il y a beaucoup de points de convergence avec ton texte.
Rédigé par : Emmanuel B | 21 avril 2011 à 13:37
Merci du lien je prends.
j'en profite pour mettre en lien une réflexion personnelle sur la réforme du métier des politiques sur laquelle tout républicain se doit de réflechir :
http://bleuhorizon.over-blog.com/article-des-politiques-completement-depasses-2-que-faire-65728253.html
V.
Rédigé par : Verdun | 21 avril 2011 à 13:44
Ayant une petite expérience d'élue (maire-adjoint d'une petite ville de banlieue), je suis d'accord avec votre analyse.
Oui, il faut laisser les fonctionnaires faire leur travail de tous les jours sans intervenir à tout bout de champ mais les impliquer dans les projets nouveaux ou les réformes.
Oui, malheureusement certains projets jouent plus sur la communication et sur le clientélisme que sur l'intérêt général.
Oui, la réduction des postes pose problème dans beaucoup de services (retard dans les dossiers, usagers mécontents, impossibilité de prendre du recul).
Oui, "ne pas savoir où on va" et les ordres contradictoires perturbent énormément les agents (mais aussi les élus de la majorité quand le maire/président de conseil général/régional décide tout seul -ou avec son parti- plutôt qu'avec ses collègues).
Oui, je suis inquiète sur cette réforme des collectivités qui ne peut que mal se passer (on a fait déjà l'expérience avec le Pôle Emploi).
Et oui, MLP joue finement en démontrant ainsi la compétence de son entourage. Les autres partis devront bien finir par parler projet politique avec elle plutôt que la renvoyer aux vieux démons de son père.
Rédigé par : Claribelle | 21 avril 2011 à 15:46
Analyse très juste cher Malakine, que j'ai récemment découvert.
Je trouve que Marine Le Pen a écrit là une lettre digne d'un Chef d'Etat, un vrai. Sa lettre pose une vision de la France et de l'Etat.
Moi qui viens du PS à l'origine, j'avoue que nous sommes dépassés, sur le plan économique aussi d'ailleurs (j'ai lu le projet économique du FN sur leur site, faut avouer que ça détonne et que c'est bon)...
Rédigé par : Maxime32 | 21 avril 2011 à 17:56
Pas d'accord avec Malakine, ces élites qui n'ont jamais parlé ou bougé devraient rester passives le plus longtemps possible. Défendre l'intérêt général, s'opposer au conformisme, préparer l'avenir, est trop difficile en l'absence de conscience collective, lorsque sa situation matérielle est confortable. Je les vois même plutôt bloquer les réformes allant dans le bon sens. Les élites, que j'ai tendance à faire commencer à bac + 3, vont tenter de reconstruire un monde dans lequel elles seront bien, tout en étant totalement indifférents aux autres.
Je crois que les élites ont disparu avec la fin des liens collectifs. Le retour de la politique se fait sur la misère qui monte, nous ne pouvons pas compter sur le corps des énarques frustrés, simplement des individualités.
Rédigé par : Jardidi | 22 avril 2011 à 09:43
> Olaf
Je risque de te décevoir car je ne traiterais pas de ce qui se passe dans les Mairies. A vrai dire, ce n'est pas dans ce type de collectivité qu'on va trouver les plus gros abus. Sauf peut-être les très grandes, je ne sais pas ...
En tout cas, tu as raison de souligner le suréquipement des petites villes. ca, effectivement ça coûte cher. Mais cela est moins du à la Mairie qu'aux dispositifs toujours aveugles et jamais dénuées d'arrière pensées clientéliste d'aides aux communes (souvent rebaptiser de noms pompeux comme développement local ou cohésion territoriale...) qu'on va trouver dans les CG et les régions.
> Verdun
On m'a fait la même remarque hier (on se fout de savoir qui l'a écrit). Je ne suis pas d'accord. Moi aussi ça m'a sauté aux yeux. Cette lettre a été écrite par quelqu'un du sérail. Ce n'est évidemment pas neutre ni innocent.
La Fraternité fait partie de la devise de la république. Ici, on ne qualifie pas des principes qui fondent le régime ou la nation, mais de ceux qui doivent guider les politiques publiques. C'est quand même difficile de parler de fraternité comme un principe directeur des politiques publiques, sans se ridiculiser aussitôt.
Pardon pour le lien. Je viens de m'apercevoir que j'ai oublié de le mettre.
> Emmanuel
Merci du lien. HM Comet (c'est lui le très haut fonctionnaire dont je parle dans le texte) nous avait dit effectivement qu'il avait fait plancher Marcel Gauchet mais j'ignorais que le rapport était public. J'intégrerais ces réflexions dans mon texte sur l'organisation administrative.
> Claribelle
Je n'évoque pas dans ce texte l'exercice solitaire du pouvoir (sauf via la comparaison avec sarko), mais j'aurais pu. C'est effectivement un travers très répandu et qui produit toujours des résultats désastreux.
> Maxime
Effectivement, le ton compte autant que le fond dans ce courrier. En terme de com' c'est un coup admirable.
> Jardidi
Tu es un de ses partisans du tirage au sort comme moyen de recruter ceux qui seront appeler à diriger le pays ou quoi ?
Je peux te dire que tu te trompes. Lorsque j'étais au sein de l'Etat, j'ai rencontré des gens extrêmement brillant qui avait un sens de l'Etat qui forçait l'admiration. Peut-être cela s'est-il un peu perdu, mais la notion de "serviteur de l'Etat" n'est pas une formule creuse. Ils existent.
Rédigé par : Malakine | 22 avril 2011 à 15:06
Je pense simplement que l'esprit collectif doit être très affaibli et que c'est un des problèmes pour une politique volontariste. Si le PS est composé de fonctionnaires, je n'ai pas l'impression qu'il comprend beaucoup de gens à la fois très brillants et ayant le sens de l'Etat.
Rédigé par : Jardidi | 23 avril 2011 à 09:19