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12 avril 2011

Commentaires

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Joe Liqueur

@ Malakine

Globalement, je trouve que ton analyse est surtout technique, et à cet égard tout à fait juste - mais bien trop technique justement, de mon point de vue. Je pense en effet que ce sont avant tout des principes qui sont en jeu ici. Tu y fais quand même un peu plus qu'une allusion, je dois dire, quand tu évoques le libéralisme politique, la distinction entre la sphère publique et la sphère privée, et la question du "totalitarisme" (quoiqu'a priori je n'aime pas du tout ce terme bien trop connoté).

Et je vois que dans ton texte de 2007 (que je ne connaissais pas), tu adoptais un point de vue assez similaire, mais en insistant toutefois davantage, ou du moins avec plus de force, sur l'angle juridique ("L’idée que l’Etat devrait interdire et réprimer tous les comportements nuisibles pour la santé doit être rejetée avec force car d’essence totalitaire" - je suis totalement d'accord).

Pour finir (provisoirement) je voudrais donc tenter de faire (à nouveau) passer le message suivant : l'idée que l'Etat puisse protéger ses citoyens CONTRE EUX-MEMES est porteuse de dangers pour le moins sévères.

Malakine

> Joe

Oui le terme de totalitarisme est connocté. N'empêche que c'est bien la définition même du terme : Un pouvoir qui veut une emprise totale sur l'individu ne lui reconnaissant aucune parcelle d'intimité. Totalitarisme Hygiéniste me semble assez bien correspondre à notre époque.

Et oui, finalement je n'ai pas changé tant que ça en 4 ans ...

PeutMieuxFaire

Un billet que j'ai lu sans y trouver à redire à un moment ou à un autre. ça me change ! :)

Faut dire que je suis en train de changer totalement d'avis sur le sujet : de prohibitionniste je passe à partisan d'un "encadrement de la commercialisation et d’une règlementation des usages" selon votre formule sans passer par le stade "dépénalisation de fait ou de droit".

Il faut admettre, avec Joe, que l'on ne peut pas protéger les usagers contre eux-même (j'en ai pourtant si souvent l'envie). Les obliger à passer par l'illégalité pour s'approvisionner ne me gène pas particulièrement mais à cette occasion créer tout un terreau favorable à l'établissement de réseaux mafieux allant jusqu'à fournir gratuitement de la drogue aux jeunes enfants pour s'en faire de nouveaux clients, voilà ce qui m'est plus qu'insupportable.

Là non plus je ne suis pas en phase avec le FN, mais ça ne me trouble guère, bien au contraire...

Claribelle

Je ne suis pas d'accord avec l'argument de la transgression. Peut-être parce que votre jeunesse est un peu loin maintenant pour la considérer vraiment... :o)

Oui, beaucoup de jeunes commencent à boire, fumer, coucher (protégés ou non), se droguer, par transgression (crise d'ado, mal-être ou conformisme "jeune"). Boire avant l'âge légal ou jusqu'à plus soif parce que c'est facile, coucher trop tôt parce que tout les y incite (films, "éducation sexuelle" à l'école, copains), fumer parce que la propagande (fumer tue) les heurte face à la vente libre (voire étatique), se droguer (cannabis d'abord) parce que le frisson d'interdit est plus grand que dans les autres cas (qui restent légaux). Qu'ensuite ils y prennent goût est un autre problème, par contre l'addiction les empêchera souvent de revenir en arrière (et aura fait du dégât: études, santé...) et peut provoquer une escalade (alcoolisme profond, héroïne...).

Tythan

Bonjour,

j'avais participé sous l'article de Laurent au débat, je vais essayer de ne pas redire ce que j'ai déjà dit.

Sur le premier argument de Laurent, je crois que tu ne l'interprète pas correctement. Laurent ne donne pas un blanc seing au tabac ou à l'alcool, il prend simplement l'argument de bon sens selon lequel ce n'est pas parce que sur tel problème on fait mal que l'on peut s'autoriser à mal faire. C'est exactement le cas de la mère qui explique à son enfant que si son petit camarade peut traverser sans regarder/s'empiffrer/taper d'autres enfants parce que ses parents sont laxistes, lui n'a pas à le faire. C'est tout.

Mais au delà, je ne sais pas si l'amalgame alcool/tabac/cannabis est pertinent. Le cannabis est consommé pour ses effets hallucinogènes (je ne sais pas si j'emploie le bon terme, disons plutôt pour planer). Ce n'est pas le cas de l'alcool, où il y a un vrai plaisir du goût (enfin il peut y avoir). Je me méfie également des commentaires du style "le cannabis, c'est moins grave que l'alcoolisme". Effectivement, il y a des alcooliques plus graves que des drogués au cannabis. Mais est-ce une preuve? Je n'en suis pas sûr!

Sur le liberto-libéralisme, je suis assez d'accord. Reste qu'il faut bien être conscient qu'il sera, comme pour l'alcool d'ailleurs, beaucoup plus facile aux personnes éduquées, ayant une famille présente, de se prémunir des dangers des drogues... A mon avis, c'est à cela que Laurent fait allusion.

Sur l'échec de la prohibition, je crois qu'en fait on se trompe de débat. Le législateur n'a à mon avis, à part pour quelques possibles idéalistes, jamais pensé éradiqué la drogue. En fait, s'il y a une prohibition légale, il y a une large tolérance dans les faits.

Et je ne trouve pas l'argument sur la transgression grotesque. Même banalisée, la consommation de cannabis reste un interdit, tout comme la cigarette. Les jeunes s'affirment par là, cela reste toujours vrai, même s'il y a également une indéniable banalisation.

PeutMieuxFaire

@Tythan,
Si prohiber la drogue, c'est sans intention de l'éradiquer ou à défaut d'en limiter drastiquement l'usage, c'est dans quel but alors ?
Vrai aussi, qu'il est parfois avancé que l'interdit générant les trafics, les pouvoirs s'en accommoderaient car cela permet une économie de subsistance dans le cités...
Dans ces conditions, "l'encadrement de la commercialisation et la réglementation des usages" serait vraiment une politique courageuse et la période de transition difficile sans une politique sociale musclée. J'admettrai le contre argument : est-ce bien le moment, en a t-on les moyens ?

Malakine

> Claribelle

Il est vrai que l'époque de ma jeunesse et de mes premiers joint est maintenant un peu loin. Néanmoins, j'ai une fille de 16 ans et, de ce fait, je reste connecté aux réalités de la jeunesse d'aujourd'hui.

Je maintiens que je ne crois pas du tout à cette idée de transgression de l'interdit (même si je suis en accord avec le portrait que tu fais de la jeunesse) Prenons un autre exemple : la fidélité dans le couple. IL s'agit là d'un véritable interdit moral pour les jeunes générations sur laquelle ils ne transigent rien du tout ! Alors certes, il ne s'agit pas d'un interdit légal mais d'un interdit moral ... Mais cela pose la question du rapport de cette génération à la notion d'interdit légal. A mon sens, elle n'a pas envie de transgresser la loi, elle ne lui accorde plus beaucoup d'importance. C'est plus grave sûrement ...

En tout état de cause, l'idée de leur offrir des occasions de transgression légales avec l'édiction d'interdits débiles qui ne seraient respectés par personne me semble hallucinante. A ce compte là, incluons dans les règlements intérieurs des lycées qu'il est interdit de se maquiller ou de se parfumer en cours et le tour est joué !

> Thytan

"il prend simplement l'argument de bon sens selon lequel ce n'est pas parce que sur tel problème on fait mal que l'on peut s'autoriser à mal faire."

Mais je t'en prie, va au bout de ton idée, ne t'arrête pas en si bon chemin !! Que proposerais tu pour l'alcool et le tabac si tu trouves qu'en la matière "on fait mal ? Une politique de prohibition de la même veine que pour le canna ? Quand je dis que les républicains ont une soif de pénal qui fait froid dans le dos ...

"En fait, s'il y a une prohibition légale, il y a une large tolérance dans les faits." Voilà précisément ce qui alimente le crime organisé en lui concédant de fait le commerce de ces produits officiellement interdit mais de fait toléré. Cette position de faux cul nous coûte cher !

Si la prohibition ne vise pas à éradiquer les drogues, alors quel objectif poursuit-elle ? De se donner bonne conscience ? D'occuper les flics à harceler les jeunes ? d'acheter la paix civile dans les quartiers ? J'ai du mal à comprendre ...

> PMF

Est-ce bien le moment ? Je ne suis pas en contact avec les populations des banlieues, mais à écouter le Maire de Sevran, il y a vraiment urgence à s'attaquer à ce problème à la racine. Quand je l'entends dire que les mafias qui contrôle le commerce commencent à racheter tous les commerces de la ville et développent une économie criminelle, c'est inquiétant tout de même.

Après la question est de savoir si notre classe politique aura le courage d'ouvrir le débat. Ca, je suis bien d'accord, on peut en douter.

omj

Bonjour,
je suis toujours un peu surpris par certains arguments pour la dépénalisation.
Légaliser le cannabis ne supprimerait, ni les trafiquants , ni la volonté de trafiquer
Le but des dealers et autres malfrats est de gagner de l'argent. Si un produit est légalisé il se tourne vers un autre produit, cocaïne crack ? ou d'autres activités racket putes...les bienfaits d'une légalisation me semble donc très limités

PeutMieuxFaire

Sur le "- Est-ce le moment, en a t-on les moyens ?"
D'abord je disais à Thytan "j'admettrai le contre argument" en question. Ce n'est pas ma position.
Car dans le cadre, non pas d'un débat, mais de l'instauration d'une telle politique il faudrait aussi offrir des "contreparties" à ceux qui aujourd'hui survivent par ces moyens illicites (ici comme en Afghanistan d'ailleurs !). Comme on n'a ni flouze ni travail, cette prise de conscience arrive à un mauvais moment. Mais quand on ne veut rien faire, c'est jamais le moment.

olaf

Ce qui revient dans beaucoup de commentaires, c'est une prétendue protection des adolescents, alors que des adultes nombreux consomment occasionnellement ou régulièrement sans que ça ne pose aucun problème. On ne voit pas au nom de quoi on leur interdirait une consommation légalisée.

Ceux qui sont addicts de quoi que ce soit, le sont pour d'autres raisons souvent que celle de la disponibilité de la substance. Il y a toutes sortes d'autres addictions ou passions, selon la dose, dont on ne fait pas tant de flanc.

Il vient par ailleurs de sortir un projet concernant les plantes médicinales qui devraient passer toutes un protocole sous peine d'être illégales. Une sorte de retour à la chasse aux sorcières de l'inquisition.

Le cannabis ne plait pas aussi car il entraine des possibles états de conscience qui peuvent être considérés comme subversifs par ceux qui en ont peur. Forcément on a peur de l'étrange, comme des fous d'ailleurs. C'est tellement plus rassurant une bonne vieille normalité de chez papa, comme celle du mec bourré au pastis qui nous fait marrer quand il titube, dit des conneries culturellement faisant partie du terroir ou se castagne en sortie de boite pour montrer qu'il est costaud. On en fera un bon légionnaire musclé et marrant.

Il y a aussi par là des phénomènes qui expliquent ce rejet du cannabis par les autorités, car ça sort de la norme des phénomènes psychiques dont ils ont l'habitude, d'où pour eux une frayeur de perte de contrôle. Le blocage réside surtout là, les politiques ne veulent pas inquiéter l'électorat qui n'absorbe que la dope institutionnelle, télé, PMU, pub, shopping, crédit, bagnole...

Mais bon, les choses changeront, quand les tenants de la pénalisation seront six pieds sous terre, ça sera juste un peu long. C'est ainsi que les choses changent, les mentalités évoluent lorsque la vieille garde trépasse après son passage en maison de retraite.

Malakine

> Omj

Autant comme j'accorde de l'importance aux commentaires avant de débattre ensuite du sujet, je ne tiens pas à devoir reprendre tout l'argumentaire à l'attention de lecteurs qui n'ont soit rien compris, soit lu en diagonale l'article en question.

> PMF

Les contreparties c'est une formation en gestion de cofee-shop ou vendeur. Les emplois que cette légalisation devraient être réservés en priorités aux gens qui vivent aujourd'hui de cette économie parallèle.

> olaf

Je ne contredirais pas ton propos, mais je ne veux pas entrer dans une logique d'apologie du produit ou au contraire de réserves sur ses usages inadaptés. Je pourrais car je connais (très) bien. Mais je préfère concentrer mon propos sur les questions techniques de politiques publiques.

Pourquoi les gens ont peur du cannabis ? Tout simplement parce qu'ils ne connaissent pas et qu'ils entendent depuis tout petit que c'est de la droooogue. C'est tout.

baloo31

Je voudrais juste rappeler que la loi de 1970 réprimant la vente et la consommation du cannabis était considérée à l’époque comme une loi qui pouvait viser en fait les activités gauchistes en ces temps troublés d’activisme politique. C’est du moins l’analyse qu ‘en faisaient des groupes comme LO ou la LCR qui s’étonnaient de cette loi alors que la consommation était tout à fait marginale et ne concernait que des babas-cool routards et partisans du retour à la terre et qui trafiquaient gentiment soit pour se payer le passage vers des pays orientaux exotiques dont ils revenaient plein de sagesse bouddhiste soit cultivaient quelques plants à faire partager aux copains.
Le problème, c’est que cette loi est restée en l’état alors que la consommation a explosé chez les jeunes et est devenue une consommation pour le plaisir qu’on en retire, totalement banalisée et pas du tout pour une quelconque transgression dont les jeunes n’ont absolument pas conscience (n’importe quel parent un peu lucide ne peut que le constater et peut-être le déplorer)
Le problème, c’est que la consommation de masse a permis le développement de réseaux mafieux pourrissant l’ambiance dans les cités déjà défavorisées et de surcroît peuplées de fils d’immigrés maghrébins qui étaient les plus à même de faire le lien entre les lieux de consommation et les lieux de production. Ces réseaux se sentent d’autant plus forts et violents (voir la récente tragédie de Villepinte) que la répression est a un seul sens, haro sur les dealers et laissons tranquille les rejetons consommateurs des classes moyennes. Si l’on rajoute que probablement, il existe une certaine tolérance pour le trafic tant qu’il ne déborde pas trop de la cité et qu’il sert de soupape de sûreté économique, franchement, placer le débat sur le terrain de la morale, c’est comme se demander si nous intervenons en Libye ou en Côte-d’Ivoire au nom des droits de l’homme dans une vision purement humaniste.
Il y a un état de fait, Malakine le constate sans faire l’apologie de telle ou telle drogue et sans rechercher la solution idéale qui n’existe pas. Depuis que l’agriculture existe, on a toujours planté de la vigne à coté du blé, du blé pour manger et du vin pour se réjouir.
Faire de la politique, c’est essayer de répondre à des situations réelles au mieux des intérêts de la population. Il existe actuellement une population qui souffre jusqu’à l’exaspération de cette séparation entre consommation et trafic et qui en a marre d’être l’éternelle oubliée de cette politique de répression. Puisque de toute façon, on ne mettra jamais en prison les consommateurs délinquants, la dépénalisation du trafic de cannabis peut s’envisager. Ce n’est pas la panacée, mais elle n’a jamais été tentée en France. On pourrait peut-être essayer et faire un premier bilan dans quelque temps, au lieu de se complaire dans des postures purement théoriques à cent lieues de la gravité du problème.

jhonny

alors quand je lis des commentaires style :

"Le cannabis est consommé pour ses effets hallucinogènes (je ne sais pas si j'emploie le bon terme, disons plutôt pour planer). Ce n'est pas le cas de l'alcool, où il y a un vrai plaisir du goût (enfin il peut y avoir)"

ou des phrase du genre "on bois un verre de vin à table pour le gout" c'est franchement ce foutre de la gueule du monde...

je tiens à dire :

que contrairement à ce que vous pensez les gens ne pensent pas à fumer que pour se camer à mort.. Beaucoup fument aussi pour le gout et savourent leur joint comme on peut savourer un bon whisky de 20ans d'âge ou un bon verre de vin.
Mais contrairement au gens qui boivent de l'alcool ils avouent fumer pour se détendre.
Dire qu'on bois un whisky pour le gout c'est quand même tordant.. celui qui bois un whisky et que ça lui fait pas d'effet vaut mieux qu'il réduise sa consommation d'alcool..
Pour ce qui est du vin à table tous les jours je préfère rien dire sur ça car c'est encore plus drôle, la c'est même plus le gout mais c'est parce que c'est bon pour la santé...

Je ne bois plus depuis un long moment et je suis sur qu'un whisky voir même un verre de vin et je suis pompette et surtout pas en état de conduire!!

étant donné que je ne bois pas, est ce que je peut prohiber l'alcool car j'estime qu'ils me posent problème?? j'en ai marre d'entendre tous ces gars gars bourrée qui gueule, se bagarre, drague (voir pelote) ma gonzesse, écrase mes gosses et j'en passe??

olaf

Johnny

n'est pas celui qui produit les coms les moins débiles. Si des gens achètent du bourgogne ou du bordeaux de garde, c'est qu'il y a une différence de goût d'avec de l'alcool de pharmacie, même dilué. Essayez de boire une bière sans alcool et vous me direz si ça a le même goût qu'une bière avec.

Je suppose que vous mangez des protéines en poudre de lait, ou autre, parce que c'est pareil qu'une entrecôte bordelaise selon vous.

Et bien sûr que l'alcool a aussi un effet relaxant à petite dose et qu'il y a aussi des études qui montrent que et l'alcool et les composés tanniques sont un apport au métabolisme, selon les doses.

Mais si votre truc c'est de voir par le petit bout de la lorgnette, continuez.

Laurent Pinsolle

@ Malakine,

Je suis honoré par le fait que tu consacres tout un papier pour répondre point par point à un de mes papiers. En revanche, résumer ma position à des « arguments à la fois moralistes et exprimant une inquiétante soif de pénal » me semble franchement abusif. Je ne crois pas être très moraliste et la mention de « l’inquiétante soif de pénal » me semble très caricaturale.

« Ce n’est pas parce que l’Etat… » : mon point n’est absolument pas de fermer le débat mais de critiquer un argument qui me semble très contestable. Si le tabac a un effet addictif, le cannabis provoquer une altération nettement plus forte des sens et du comportement, ce qui peut justifier la distinction entre tabac et cannabis.

« Fond libertaro-libertaire » : reconnais tout de même que le soutien à la légalisation vient souvent de ce bord là politique et que cela est une nouvelle illustration d’un « laissez-faire » généralisé, qui me choque. Cette étiquette visait le maire de Sevran, un journal comme Libération, à la pointe du combat pour la légalisation ou The Economist. Mais soit, je prends note que cela peut venir de personnes qui viennent d’une autre partie du spectre politique. En revanche, le refus de la légalisation ne me semble pas me qualifier pour un « totalitaire » en puissance.

« Echec de la prohibition » : je crois que ce genre de raisonnement ouvre la porte à la légalisation de beaucoup de choses qui sont totalement inacceptable. C’est aussi la porte ouverte au laissez-faire. Ce n’est pas un argument, qui, à lui seul peut faire la décision, mais dans les deux sens.

« Vitrine légale » : pas forcément cf l’expérience des Pays Bas selon Abd Salam en commentaire sur mon blog

« Les stades d’interdit » : pas du tout d’accord. La transgression de l’interdit est aussi un passage fréquent pour les jeunes… Je parlais de l’effet sur les drogues dures, qui deviendraient alors le nouvel interdit, à la place du cannabis.

« L’augmentation de consommation de drogues dures » : même des partisans de la légalisation du cannabis (The Economist, qui a mis en avant le cas de la République Tchèque et de la Slovaquie) reconnaissent qu’en général, la légalisation / la plus grande tolérance à l’égard des drogues douces a tendance à provoquer une consommation plus forte de drogues dures. Et pour moi, c’est un argument central du refus de la légalisation.

Malakine

> Baloo

Merci de ce commentaire qui apporte un éclairage nouveau au débat. J'ignorais totalement le contexte historique de la loi de 1970.

Par contre, de grâce, arrêtons de parler de dépénalisation ! La dépénéalisation c'est de fait la situation actuelle, la pire d'entre toutes ! C'est de légalisation réglementée dont il doit être question.

> Jhonny

:-) Voilà un message plein de sincérité. Je vais donc être franc à mon tour. Quand je bois, que je fumes ou même quand je fais du sport jusqu'à l'épuisement, ce n'est pas pour le plaisir, mais toujours pour les sensations que ça procure.

> Laurent

Mais Laurent, tu es désormais un blogueur-star qui peut systématiquement publier sa propagande sur les plus grands sites. Permets moi, moi qui ne suis plus qu'un humble et obscur blogueur que plus personne ne reprend nulle part, d'engager le débat avec toi. Et permets moi aussi de te remercier de t'abaisser ainsi à venir répondre ici aux arguments que je t'oppose.

En fait non, rien de nouveau dans ton commentaire. Tu ne fais que réitérer tes positions dogmatiques et tes contre-vérités factuelles. Je n'ai donc rien à répondre non plus.

Mais merci de la visite, tout de même. :-)

olaf

L Pinsolle

Il faut creuser un peu plus le problème que d'avoir une vision puritaine bureaucratique et un peu fleur bleue concernant l'altération des sens dont on ne voit pas en quoi elle serait un problème en soi, ainsi que de coller des étiquettes libertariennes sur ce phénomène complexe :

"De manière évidente, il y a quelque chose d’étrange dans l’interdit du cannabis. Les histoires à géométrie variable qui sont évoquées pour le maintenir toujours davantage ne tiennent pas. Que se passe-t-il en réalité ? Le second chercheur britannique que j’ai consulté ajouta que au-delà des nombreux problèmes que l’on évoque comme liés au cannabis, l’interdit représente également une norme morale imposée au nom de la société. Il est porteur d’un message pour la population : l’usage du cannabis n’est pas une bonne chose. Je suis persuadé que c’est vrai. "

"Personne ne veut savoir pourquoi les portugais fument si peu de drogue et pourquoi les Britanniques autant. Personne ne veut savoir pourquoi les néerlandais occupent une position intermédiaire, entre les portugais et les britanniques, en dépit de plus de trente années de magasins de cannabis et d’accès libre au haschich et à la marijuana."

"On peut ainsi dire de la culture de l'interdit du cannabis qu'elle reflète une version périmée et tronquée de l'humanisme. Tronquée, parce qu'avec la culture de l'interdit, les politiciens poursuivent l'aspiration répressive et paternaliste qui consiste à protéger les citoyens d'une ‘calamité’. L'État joue ici le rôle du successeur séculaire de l'Eglise en tant que protecteur de notre bien-être spirituel et physique. "

http://www.cedro-uva.org/lib/cohen.cannabisverbod.fr.html

Voir aussi Arte concernant la répression démente des usagers aux USA, sans autre résultat que leur augmentation.
Il est vrai que l'inquisition châtiait les corps pour sauver les âmes et que les américains sont encore pour beaucoup des grands bigots, mis à part la courte fenêtre de 1968, au point qu'ils croient dur comme fer au libre marché, à la libre finance et surtout à la libre bêtise.

Mais aussi l'approche portugaise nettement moins conne :

http://www.arte.tv/fr/programmes/242,dayPeriod=evening.html#anchor_3776670

Jardidi

Est-ce un billet pour se fâcher définitivement avec les Républicains qui refusent l'alliance sous conditions avec le FN?

Antoine

Je ne suis pas d'accord avec les commentaires assimilant le cannabis avec le tabac ou l'alcool. Une consommation, même forte de tabac n'empêche pas d'avoir une vie professionnelle ou sociale normale ni de faire des études. Quand à l'alcool, sa consommation excessive, qui pose des problèmes, est fortement pénalisée : code de le route, délit d'ivresse manifeste sur la voie publique (IMP) et aussi règlement intérieur de nombreuses entreprises. Cela explique surement la baisse de consommation d'alcool en France sur le long terme...
Enfin, il ne me semble pas choquant que l'État se préoccupe de santé publique.

Via

Bien défendu Malakine, je suis d'accord avec toi et je pense que l'argument moral n'a pas sa place ici. Et le pragmatisme te donne raison.

Gatignon -- quoique communiste-- est sympa, il avait publié une sympathique lettre ouvert à Marie-Georges, tu sais?

Salut =)

La Gaule

Et si j’essayais d’apporter mon grain de sel dans le débat sans parler du produit autrement qu’en terme de généralités (je n’avais pas envie de le faire mais cela me travaille).
Je laisse définitivement de côté, et à dessein, le problème du passage vers les drogues réputées plus dures, et provisoirement l’aspect socio économique et son prolongement politique.
Je pense alors que tout le monde sera d’accord sur le fait que le danger du cannabis réside dans la dérive possible des consommateurs vers l’addiction, ce qui peut générer des comportements aussi dangereux pour eux-mêmes que pour leur entourage.
Il n’y a là rien de fondamentalement différent avec le pommard (ou le kiravi pour les fauchés, ne pas oublier les avatars du pouvoir d’achat), le tabac (je pense autant au bronchitique chronique qu’au mec qui allume sa tige à 160 sur l’autoroute), le sexe, le sport, la dance music etc. etc. En déclarant cela, je pense avoir fait plaisir à tout le monde et je peux donc continuer.
Au risque d’agacer certains, je rappelle la définition de l’addiction selon le Docteur Olivenstein déjà dans les années soixante dix ; la rencontre d’un produit ou d’une pratique, d’une personnalité et d’un moment socio-culturel.
Je fais ce rappel pour montrer combien il est difficile d’objectiver complètement le sujet du cannabis, puisque si cela est possible pour le produit et ses effets, les contingences culturelles sont beaucoup plus floues, et la subjectivité en revanche est totale concernant les rapports de chaque individu avec le produit.
Là est la clé qui permet de comprendre pourquoi cette question soulève autant d’intérêt et de passion dès qu’on l’aborde (je constate ainsi que Laurent a fait deux, trois, ou quatre fois plus d’entrées de commentaires qu’à l’ordinaire).
Il s’agit d’un sujet typiquement « sociétal », qu’il est très difficile de traiter sans se heurter à la position de principe du « c’est mon choix », parce qu’il met en jeu l’individualisme radical qui caractérise notre société (et volontiers dénoncé par Malakine, je le dis malicieusement au passage), lui-même tissé de droits individuels extensibles à l’infini et dont chaque bond en avant à l’aveuglette est généralement considéré comme « une avancée ».
Le problème de cette société de liberté concurrentielle, tout le monde le connaît, est que les désirs individuels s’entrechoquent tout en se cherchant par affinité, ce qui génère beaucoup de conflits et beaucoup de lobbies, avec au bout du compte la volonté de chaque tribu de graver dans le marbre ses « avancées ».
A la place du simple principe d’autorité posé par la coutume, on récolte donc au bout du compte une inflation nauséeuse de textes juridiques destinés à inviter tout le monde à se bricoler sa nouvelle avancée coutumière dans son coin, sans trop écraser celle du voisin (un petit peu quand même, en lisant quelque commentaire j’ai bien compris que le chauffard bourré était à pendre, mais le même qui écrabouille les gosses complètement shité est juste un mal conduisant).
Ce débat ressemble donc finalement comme un frère à celui qui agite tout aussi régulièrement le landernau à propos des signes religieux sur la voie publique. En gros, comment clamer à la face du monde que l’on est libre d’affirmer fièrement le galbe de ses cuisses, et faire la gueule quand la frangine vient à passer accoutré en Belphégor au nom du même sacro saint principe.
Je ne sais pas si Laurent a raison dans sa critique de fond des dangers du cannabis sur son blog, mais il est au moins cohérent avec lui-même sur un point, celui de réaffirmer le principe de la loi républicaine face au désir individuel. Sa position n’est pas facile, en ces temps où la prime est donnée d’emblée à tout rapport fusionnel avec tout et n’importe quoi, mais elle est la moindre des choses attendue (toute opinion personnelle mise à part), quand on appartient à un parti qui se réclame du gaullisme.
Concernant l’argumentaire de Malakine, je laisse de côté toute critique se rapportant au produit en lui-même, comme je l’ai fait jusqu’à présent. Il reste donc à considérer deux arguments majeurs.
En premier lieu, il y a la loi du nombre. « Nous sommes quatre millions à vouloir la légalisation du produit ». Même si je trouve que cela fait quand même cinquante cinq millions qui risquent de ne pas avoir leur mot à dire (je suis toujours dans une optique « sociétale »), je considère l’argument comme recevable. Allons-y donc, la loi est morte, que vive la loi et légiférons ! S’il y a des contradictions au bout du chemin, nous légifèrerons encore et mieux. Et puis il faut vivre avec son temps, pourquoi ne pas interdire aussi le maquillage en cours ? (Tu as sans doute raison Malakine, moi je n’ai pas de gamine de seize ans, mais conçoit que quelqu’un qui a connu encore en 1967 l’affichage des interdits sur les murs de son lycée de banlieue, entre autre le maquillage, la coiffure « en choucroute », et la mini jupe, se sente un peu chose).
En second lieu, il y a le problème socio économique posé par l’économie du shit dans de nombreuses villes, et Malakine, en homme avisé, sait très bien qu’il pourra être difficilement attaqué sur ce terrain là.
Je me rends moi-même complètement à cet argumentaire. Oui, il n’y a pas d’autre moyen semble-t-il de couper le traffic du shit à la source, au moins dans un premier temps, que d’en légaliser et encadrer la vente. Pourtant des bémols, il y en a.
Une telle mesure serait irresponsable si elle ne s’inscrivait pas dans un plan général de mise au pas de l’économie interlope et de promotion en parallèle de l’économie réelle. Sans cette précaution, le premier effet en serait tout bonnement la multiplication des attaques aux personnes et aux biens dans certains quartiers et leurs périphéries. Cela afin de combler le manque à gagner pour les réseaux concernés, lesquels sont notoirement surarmés sans distinction de grade et surtout d’âge (les flics savent bien que dans la nouvelle criminalité, la grande et la petite se confondent).
Cet effort ne peut être qu’immense, et je ne l’imagine même pas dans les circonstances politiques actuelles autrement que comme un effet d’annonce à visée clientéliste. Il faudrait un changement complet de paradigme économique, mais aussi et surtout culturel, pour le réaliser, et ceux qui estimeraient que j’exagère n’ont jamais essayé d’expliquer à des « jeunes » ce que fête du travail voulait dire (fête, ils comprennent, travail, vaguement, les deux ensembles, impossible).
En tout état de cause, il faudrait une sacrée restauration du principe d’autorité de l’état pour la mener à bien, et je ne vois pas cette réhabilitation être menée tambour battant sans heurter de front notre idéologie individualiste du « c’est mon choix » tout azimut.
Mais rêvons un peu, supposons que la révolution politique à laquelle nous aspirons tous ait réussi, et que nous ayons eu les moyens de réaliser la grande transformation économique et sociale, entre autre des quartiers en déshérence, tout en restant fondamentalement un pays « libéral » sinon j’en connais qui vont pleurer.
Nous avons donc à disposition un réseau urbain très complet de « Shiter Price », des superettes du cannabis aussi banales que nos pharmacies communes, et disposant à ce titre d’un ordre déontologique officiel des distributeurs de produits stupéfiants, très influent du reste à l’assemblée nationale. Shiter Price est en fait contrôlé par Canafour une société d’import export née sur les ruines de Carrefour et qui a su implanter des centrales d’achat à tous les points clés du territoire. Ses acheteurs, en fait des agents commerciaux indépendants, ont su tisser un maillage d’approvisionnement très serré à travers le monde.
Ce lobby puissant a su s’organiser pour monnayer le plus chèrement possible son efficacité. Le temps des attaques rageuses menées par les gangs est terminé, puisque les agents de sécurité assermentés de Shiterpol ont réussi à obtenir le port d’arme au même titre que les gardes municipaux et le personnel pénitentiaire.
La France est depuis longtemps sortie de l’Europe officielle, laquelle s’est transformée en fédération germano-turque, d’Amsterdam à Ankara, laquelle sert à la fois de tampon et de relais avec l’immense et prospère Communauté Intercontinentale des Pays de Langue Slave.
La France est une puissance agricole et industrielle, sensiblement métissée et paisible qui étend ses frontières des pays bas à la corse. Les frontières douanières constituent une structure étanche et rigoureuse, et l’administration des douanes a armé un corps spécial pour réduire à l’insignifiance l’ancienne contrebande de cannabis qui filtrait par l’Europe germanique. Des accords très efficaces existent avec les membres de l’union méditerranéenne (Italie Espagne France et pays du Maghreb).
Les contrebandiers évoquent avec terreur ces douaniers spéciaux qu’ils nomment du terme péjoratif de « cannabous ».
Les citoyens consommateurs se louent de cette efficacité même si le prix des produits consommés est jugé trop cher par la majorité, et c’est vrai qu’il représente tout de même près de deux pour cent pour sa part dans l’indice insee. Il existe une tapageuse association des « fumeurs en colère » qui dénonce la bolchevisation du marché et réclame au moins l’installation par l’état d’une chaîne de distribution concurrente.
Ces exigences sont tout de même jugées excessives par la majorité des consommateurs, lesquels, souvent d’un certain âge, se cabrent dès qu’ils entendent parler de concurrence, ce mot évoquant de fâcheux souvenirs pour eux.
En tout cas, il est peu probable que ces turbulences n’amènent une surprise quelconque pour les prochaines élections législatives. Le Parti National Libéral de Mohamed Le Pen sera encore triomphalement élu…

PS : Je dédie ma conclusion au grand prêtre du « communisme libéral » que nous avons la chance de lire régulièrement sur ce blog (Ohé ! Joe ! J’ai un projet d’affiche pour ton futur parti –tu sais qu’il y a du Docteur Goebbels en moi. Sur fond d’aurore boréale, un super prolétaire mulâtre, en porte jarretelles pour le bas et bleu de travail pour le haut, fait des volutes de fumée avec son joint, lesquelles dessinent dans l’air une faucille et un marteau.
Au bas de l’affiche, un slogan en lettres rouges : « Jouir sans entraves et sans frontières au kolkhoze »).

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