La souveraineté est une finalité en elle-même par la capacité qu’elle offre de reprendre la main sur le destin collectif, mais la rupture avec l’ordre communautaire et mondialiste exigera une telle énergie, qu’elle ne pourra être présentée que comme un moyen pour mettre en œuvre un projet politique et économique alternatif au modèle libéral dominant.
Quel est donc l’alternative au modèle économique libéral ? (1) Les tenants de la pensée unique répondent que le seul contre-modèle connu, fût le communisme et que celui-ci ayant échoué, il n’y a plus d’alternative. Le libéralisme serait l’empire du moindre mal pour reprendre l’expression de JC. Michéa ou le pire des systèmes à l’exclusion de tous les autres pour paraphraser la phrase de Churchill. On peut toutefois essayer d’être un peu plus imaginatif.
L’Homéostasisme Kézaco ?
L’homéostasie se définit comme un processus physiologique permettant de maintenir certaines constantes du milieu intérieur d’un organisme nécessaire à son bon fonctionnement. On va donc essayer de transposer ce principe biologique au fonctionnement d’une économie.
Ainsi on l’a vu précédemment, les systèmes économiques ouverts sont des facteurs d’instabilité et de précarité. Une économie plongée dans un grand bain concurrentiel, pourra selon ses avantages comparatifs intrinsèques et la capacité de son système politique à les exploiter par des politiques publiques appropriées, soit accumuler des richesses et des parts de marchés dans la compétition globale, soit à l’inverse aller doucement mais sûrement à la ruine, par le mécanisme de l’endettement ou de la dévitalisation de sa base productive.
A ce modèle xenocentré où tout le monde cherche à s’accaparer la demande extérieure, on opposera un modèle autocentré où l’économie recherchera en elle-même les conditions de sa stabilité et de son développement. La recherche des équilibres optimums constituera l’objectif premier dans ce modèle : équilibre dans le partage de la valeur entre capital et travail, équilibre dans la répartition des richesses entre classes sociales et générations, équilibre entre production et consommation, équilibre de la balance commerciale, équilibre des comptes publics, équilibre des prélèvements de ressources sur les capacité de production de l’écosystème, équilibre en tout !
Cet objectif d’équilibre se fonde sur l’idée, aisément compréhensible intuitivement, mais qui pourrait aussi bien se démontrer scientifiquement, qu’arrivé à un certain point de déséquilibre, le processus s’entretient de lui-même jusqu’à faire péricliter le système.
C’est ce que Frédéric Lordon nous explique depuis des années lorsqu’il s’emporte contre la dictature de la contrainte actionnariale dont les forces ont été libérées dans les années 80 et qui ne connaît plus aujourd’hui aucune force contraire capable de tempérer son avidité. Rien n’arrêtera donc la progression des ROE et la pressurisation du travail, sauf la contraction de la demande globale qui entrainera un collapsus généralisé. C’est aussi ce que nous expliquent les libéraux lorsqu’ils nous mettent en garde contre l’emballement de la dette qui deviendra définitivement incontrôlable passée un certain seuil, jusqu’à produire une crise à la Grecque. C’est aussi ce qu’on constate dans les processus de désindustrialisation. Au-delà d’un certain niveau de désertification industrielle, le tissu économique ne dispose plus des ressources pour rebondir ou simplement regagner en compétitivité.
L’équilibre optimum à rechercher est donc celui qui permet aux systèmes de se maintenir durablement dans des conditions de parfaite stabilité. Le principe d’Homoéstasie implique donc celui de durabilité, chèr aux écologistes et à tous les anxieux qui s’inquiètent de l’imprévisilibilité du monde moderne.
La pérennité des équilibres économiques garantie par la puissance publique
L’homéostasisme implique aussi les principes de contrôle et de régulation. Au sein d’un organisme vivant, l’équilibre est obtenu par des processus naturels et spontanés qui rappellent le fonctionnement du marché dans une économie. C’est d’ailleurs probablement ce que les libéraux des origines attendaient du marché lorsqu’ils l’ont érigé en principe d’organisation de l’économie et de la société. Malheureusement, l’expérience conduit en grandeur nature au cours de la dernière décennie a montré exactement l’inverse. La libération sans borne des processus du marché conduit à des déséquilibres croissants qui entraînent des crises et mettent en péril le système lui-même. N’oublions jamais que le libéralisme mondialisé a produit une crise en septembre 2008 qui aurait du le mettre à terre après banqueroute généralisée du système bancaire et disparition concomitante de toute monnaie !
Les processus chargés de maintenir l’économie en équilibre stable dans un système homéostasique ne peuvent donc qu’être de nature politique. On ne confiera plus le pilotage du système à l’interaction libre d’agents privés animés par la recherche de leurs intérêts égoïstes, mais au contraire à des processus de décision publique, recherchant rationnellement l’intérêt général d’une manière méthodique et quasi scientifique. Cela implique la restauration d’une puissance publique disposant de tous les leviers lui permettront de maîtriser effectivement l’ensemble des paramètres économiques qui seraient susceptibles de se dérégler et de perturber le bon fonctionnement du système social. L’homéostasisme implique également une réflexion sur le fonctionnement des systèmes démocratiques, aujourd’hui beaucoup trop pénétrés de la logique individualiste du marché et trop dépendants de la vertu aléatoire de leurs dirigeants, pour qu’une telle fonction puisse leur être assignée en l’état. Les dysfonctionnements des systèmes politiques, les mauvaises politiques et les gestions désastreuses n’ont pas été pour rien dans la justification du désarmement des Etats sur les questions économiques.
En finir avec le dogme de la croissance
Cette croissance potentielle est aujourd’hui très faible, de l’ordre de 1% du PIB et ce malgré une pression extrême à l’intensification du travail, que ce soit via la dictature de l’actionnaire ou la concurrence généralisée. L’un des problèmes structurels du système économique contemporain est qu’il requiert une croissance que les fondamentaux de l’économie ne permettent plus d’atteindre
Pour remédier à ce déséquilibre, la réponse libérale est de rechercher un surcroît de croissance. C’est la fameuse image du gâteau qui doit grossir et avant qu’on ne songe à le partager. Selon ce paradigme, il n’y a qu’un moyen pour améliorer la productivité – toujours le même – renforcer encore les pressions qui pèsent sur le travail, travailler plus ou plus longtemps, accentuer la concurrence, précariser et flexibiliser le travail, exiger plus de rendements, mieux récompenser la réussite... Ces vieilles recettes ne conduisent qu’à un emballement du système. On en voit les résultats aujourd’hui, les tensions, les inégalités et les déséquilibres s’accroissent sans que la croissance potentielle n’augmente. En revanche, les populations sont désormais au bord de l’épuisement psychique et les sociétés sur le point d’exploser.
L’Homéostasisme vise au contraire à se passer de la croissance. Il s’agira de contenir le désir croissance chez l’ensemble des acteurs économiques et le besoin de croissance des systèmes sociaux. Il ne s’agira pas de rechercher la décroissance comme les écologistes pénitents, mais d’apprendre à s’en passer à titre individuel et collectif. Si elle est au rendez vous, tant mieux, mais elle ne devra plus être nécessaire au maintien du système à l’équilibre. Un système économique homéostatique devra pouvoir rester stable même dans un contexte durable de stagnation du PIB.
Cet objectif débouche naturellement aussi sur une remise en question d’ordre civilisationel pour trouver autre chose que le désir d’enrichissement et la consommation comme sens de la vie individuelle et objectif centraux des systèmes politiques.
Tout cela ne fait pas bien révolutionnaire, j’en conviens volontiers. Mais j’ai la conviction que ce projet apporte une réponse aux souffrances engendrées par le système libéral et correspond aux attentes frustrées de notre époque. Si l’objectif n’a rien de révolutionnaire, les moyens pour le mettre en œuvre exigeront bel et bien une révolution.
Malakine
- L'alternative au modèle politique libéral sera traité ultérieurement
- On reviendra sur ce point lors du chapitre consacré au retour aux grands équilibres
- Ce point sera traité au chapitre sur la crise de la civilisation libérale
Très intéressant, je t'encourage plutôt à continuer, ça ne t'empêche pas de travailler là-dessus en parallèle en vue d'une publication en grand format.
Globalement je suis d'accord, mais quant à moi je n'ai aucune réserve concernant l'image du gâteau et le fait qu'on a intérêt à le faire grossir. Par ailleurs il me semble que ce gâteau représente la production, et non pas la productivité (les deux sont liés, bien sûr, mais ce sont quand même deux notions distinctes).
Fondamentalement, il est quand même bon de rappeler qu'on ne peut pas augmenter le niveau de vie global sans augmenter la production globale. La question du partage du gâteau est certes importante, mais elle vient après dans l'ordre logique. Or si nous avons aujourd'hui un (sérieux) problème avec les matières premières, il n'est pas insoluble, et nous avons de la main-d'œuvre ! (sans parler de tous ces étrangers qui ne demandent qu'à venir travailler chez nous…).
Donc, de ce côté-là, je campe sur ma position : travailler tous pour produire plus. Ce qui n'empêche pas de travailler mieux (productivité) pour produire encore plus. Que les ultralibéraux se gargarisent avec la productivité sans jamais parler de production, c'est une chose qui me frappe et je crois que c'est extrêmement révélateur.
Néanmoins j'approuve cet objectif que tu fixes à l'homéostasisme : garantir un fonctionnement harmonieux de l'économie même en l'absence de croissance, et si la croissance est là, ça ira encore mieux. Ça me paraît assez raisonnable, à moi qui suis un productiviste forcené et un anti-malthusien forcené…
En outre la métaphore biologique qui t'a inspiré ce terme est assez jolie je trouve. La nation est un organisme vivant, surtout quand on est en démocratie (ce qui n'est plus vraiment le cas hélas), d'ailleurs ne parle-t-on pas de "corps électoral" ? Ce terme d'homéostasisme est un bon moyen de suggérer la nécessaire rupture avec l'ultra-individualisme ultralibéral… Par contre cela manque peut-être de clarté et d'immédiateté sémantique. Se donner des airs d'intellectuel n'est peut-être pas si indispensable, enfin c'est à toi de voir !
Rédigé par : Joe Liqueur | 02 octobre 2010 à 13:41
Bonjour Malakine,
Je laisse pour la première fois un commentaire sur ton blog que le lis très régulièrement (il figure en bonne place parmi mes favoris).
Je comprends parfaitement tes interrogations formulées dans l'article précédent sur la pertinence de laisser les fruits élaborés d'une réflexion construite sur un blog alors que les réponses sont relativement rares. Mais je ne crois pas un instant que cette pénurie de réponses manifeste une indifférence à l'égard de tes écrits. Je suis persuadé que tu as installé quelques widgets qui te permettent de connaître l'influence de ton blog, qui ne doit pas être mince.
Je pense que la relative absence de réponses tient justement au caractère très construit de tes articles. Comment alors élaborer une réponse expéditive à un article qui est le fruit d'une réelle réflexion ?
Je viens de lire par exemple ton dernier papier relatif à l'homéostasisme .
L'idée d'un système en équilibre contrôlé ou piloté avec comme boussole l'intérêt commun est naturellement séduisante, mais j'avoue à la fin de la lecture avoir du mal à visualiser son application concrète. En vrac quelques questions. Tu écris en particulier,
Il s’agira de contenir le désir croissance chez l’ensemble des acteurs économiques et le besoin de croissance des systèmes sociaux.
Comment arriver concrètement à ce résultat, au moins pour la première partie de la proposition, à court ou moyen terme, sachant que l'idée de croissance est aujourd'hui inscrite dans les gènes culturels de l'individu occidental socialisé ?
Comment dans un démocratie contraindre le plus grand nombre, sachant que l'effet retard de l'éducation est considérable ?
Je trouve d'ailleurs que tu es très rapide, sinon expéditif (dans ce texte, bien sur), sur les changements que ton système suppose en terme d'organisation démocratique. Tu parles de changement de civilisation,
d’une réflexion sur le fonctionnement des systèmes démocratiques.
Mais je vois ce que l'on perdrait (pas grand chose en terme de démocratie réelle, certes) mais pas le substitut...
Voilà quelques rapides réflexions sur un billet que je trouve très intéressant, mais il est vrai que je partage pour l'essentiel tes analyses politiques et sociales.
Rédigé par : michel leroy | 02 octobre 2010 à 13:57
Oui pour l'idée, non dans le contexte. Et j'ai lu Malakine ! C'est merveilleux tout ce qui est dit là, c'est extraordinaire. Mais on dirait que tu oublies que la France est un des... 190 et quelques pays du monde... et que dans cette panoplie il y a la Chine, l'Allemagne voisine, etc... (parce que je pense que tu parles surtout pour la France dans l'idée ici ?)... Si ce changement se fait uniquement dans un pays (France donc): il coule. Pour la simple raison que le monde, lui, continuerait à marcher avec un néo-libéralisme encore plus désabusé mené par la Chine ou le Brésil (ce n'est qu'un exemple).
Et alors cette France dressée avec son étendard homéostasiste sera bien seule et se retrouvera vite hors jeu... Autre chose : on dirait, dans ce texte, que tout commerce extérieur est honteux ! "Autocentré" "partage du capital" (propre au pays alors)... L'autocentrisme serait alors un mot plus clair pour ce que tu viens de décrire non ?
Les questions : je ne vois pas de véritables propositions (alors peut être je dirais : oui et oui) : quoi pour l'industrie ? Quoi pour l'agro-alimentaire ? Quels outils véritables pour maîtriser les facteurs qui créent les "stimuli" dangereux pour l'économie ? Quoi pour l'emploi ? Quels moyens financiers à trouver pour remplacer certains investissements privés dans nos infrastructures ? (donc là sans parler croissance)...
L'homéostasisme vient de naître mais cet organisme (restons dans la biologie) que tu nous décris n'a pour l'instant que la conscience d'exister... J'attends avec impatience la suite, pour, je l'espère, être éclairé sur cette idée et avec quelques concrétisations d'idées.
Rédigé par : Cédric | 02 octobre 2010 à 14:03
Eh oui, revenir à des systèmes cellulaires est raisonnable. Sauf que les robots appellent ça le nationalisme.
C'est bien cet épouvantail gélatineux érigé par l'UMPS, type Hollande, qu'il faudra abattre.
Rédigé par : olaf | 02 octobre 2010 à 15:11
@ Olaf
Appelons ça la démocratie, tout simplement. Ça devrait en calmer quelques-uns.
Rédigé par : Joe Liqueur | 02 octobre 2010 à 15:55
Bonjour,
je laisse rarement des commentaires tout simplement parce que je trouve le niveau des articles sincèrement bien supérieur à ce que je pourrais moi-même produire. Vous et quelques autres vous débattez, moi j'apprends si tu vois ce que je veux dire...
Pour autant pour une fois je vais briser le silence, parce qu'il y a dans cet article quelque chose qui me pose évidemment question, ce sont vos réflexions sur la croissance. Vous écrivez que « la disparition de la croissance est à la fois le symptôme de l’épuisement du modèle libéral et le facteur déclenchant de sa déchéance » et je suis tout à fait d'accord avec ça, ça me paraît même être une des bases de l'économie hétérodoxe. Pourtant un peu plus haut vous écriviez : « cette croissance potentielle est aujourd’hui très faible, de l’ordre de 1% du PIB ».
Je n'ai pas vraiment une solide formation économique : j'aimerais déjà bien savoir ce qui vous permet d'affirmer que cette croissance potentielle se situe à ce niveau là, déjà. Mais surtout, poser le problème en terme de faible croissance potentielle, n'est ce pas dévitaliser la question du système économique ? Si la croissance potentielle est faible, même si le système économique libéral mondialisé en est la cause, alors à quoi bon changer de système puisque de toute façon cela ne changerait rien ?
Je lis bien la suite : « l’Homéostasisme vise au contraire à se passer de la croissance ». J'en admets une partie de la logique : la croissance ne vaut pas pour elle même mais pour ce que l'on en fait. Mais j'ai intuitivement l'impression où en tout cas l'espoir qu'un système économique souverainiste, par ses frontières, par l'apport du protectionniste, permettrait non seulement de mieux résoudre certaines des problématiques que vous évoquez (agir en se « passant » de la croissance) mais également d'avoir un système qui génèrerait plus de croissance parce qu'il serait tout simplement plus efficace, ne serait-ce que par le fait qu'il est limité et donc « pensable » et donc « gouvernable ».
J'espère au moins que ce que j'écris est compréhensible à défaut d'intéressant. Bonne continuation.
Rédigé par : Nicolas GONZALES | 02 octobre 2010 à 17:55
La révolution pour arriver à l'équilibre, tiens, on dirait du Simone Weil.
D'accord, c'est un peu pédant de toujours chercher des références, mais du moins c'est pour moi une référence positive.
Rédigé par : Emmanuel B | 02 octobre 2010 à 18:57
Bonjour Malakine,
L'équilibre me semble être un objectif intermédiaire, qui n'est pas toujours bon. Ca ne peut pas être une finalité. Les seules finalités sont le bien être de la population, et sa liberté garantie par le fait qu'elle gouverne démocratiquement les institutions qui encadrent l'économie à laquelle elle participe.
Par exemple, supposons que l'on trouve injuste que les professions peu qualifiées soient peu payées. Supposons donc que l'on espère qu'un jour, une pénurie de travailleurs prêts à exercer pour le SMIC une profession peu qualifié, entraine une hausse des salaires dans cette profession. Ou bien supposons qu'un jour, mieux syndiqués, mieux aptes à se défendre, et disposant d'un meilleur rapport de force avec leurs employeurs, des travailleurs peu qualifiés parviennent à obtenir par la revendication d'importantes augmentations de salaires. Dans ce cas, les prix des biens ou services produits par ces travailleurs peu qualifiés, devraient augmenter. Cette augmentation de salaires couterait donc quelque chose a toute la société, puisque tout le monde consomme. Mais surtout, cette augmentation de prix peut être vue comme un déséquilibre par vous Malakine, et comme une mauvaise chose par beaucoup d'économistes (monétaristes ?) qui sont toujours contre l'inflation, même si celle-ci est le prix nécessaire a payer pour qu'il y ait une augmentation des salaires de certains travailleurs. Bref, une bonne mutation, ici la hausse des salaires dans certaine professions, peut entrainer un déséquilibre, ici une hausse de certains prix. La recherche de l'équilibre, risque d'être une recherche de l'absence de changements, même bons.
Donc je pense que vous avez tort de vouloir faire de l'équilibre une finalité, quand il ne faudrait en faire qu'un objectif intermédiaire, qui n'est pas toujours bon.
Rédigé par : samuel * | 02 octobre 2010 à 19:48
@Malakine
Je retrouve un peu de mon développement autoreproductible dans ton analyse. Sinon il est bien difficile de trouver ce qu'est la croissance potentielle, elle est liée à la démographie ,et là effectivement on tend vers zéro en France et même vers le négatif dans le reste de l'Europe. Pour ce qui est de la croissance technique c'est elle le gros point d'interrogation. Je rappellerai qu'en définitive si nous avons besoin de croissance économique c'est à cause des gains de productivités et non l'inverse. C'est parce qu'il y a des gains de productivité que nous sommes obligés d'accroitre la demande pour éviter le chômage de masse. Il me semble que c'est un point important à signaler.
Quand au lien entre le libéralisme et les gains de productivité, je constate empiriquement que les modèles libéraux ont ralentit le progrés technique bien plus qu'ils ne l'ont accéléré. L'accroissement de la concurrence n'a pas forcement accru ces gains parce que le meilleurs moyen de vaincre ses concurrents dans le cadre libéral, c'est à dire sans règle, c'est en trichant ou en faisant de la pub. La concurrence sans règle n'a fait que produire une victoire des entreprises les plus dégueulasse au détriment de celles qui étaient réellement créatrice et productive, un peu comme le sport avec le dopage. A l'échelle mondiale les entreprises dépensent plus d'argent en marketing qu'en recherche scientifique et technique.
De la même manière le libre-échange a poussé les entreprises à investir dans les délocalisations, plutôt que dans l'amélioration des machines et de la productivité. Pourquoi faire 5% de gain de productivité physique en achetant du matériel sophistiqué et en formant du personnel qualifié, alors que l'on peut délocaliser et faire 50% de gains de productivités comptables en jouant sur les bas salaires et les taux de changes. Donc à mon sens le libéralisme n'accroit pas la productivité physique mais la ralentit, il favorise de toute façon la rente ce qu'il y de plus improductif par nature. Exactement comme l'esclavage a ralenti la productivité des pays qui le pratiquait. Pourquoi s'embêter à faire plus efficacement quand la main d'oeuvre est pas cher et corvéable.
Rédigé par : yann | 02 octobre 2010 à 21:36
Je suis bien d'accord avec le dernier com de Yann. L'innovation sérieuse est souvent passée à la trappe. Les commerciaux et marketings font partie de la noblesse.
Les forts en thèmes vont dans la finance pour aligner conneries sur conneries.
Les gains de productivité, au lieu d'être redistribués, creusent le fossé social.
Rédigé par : olaf | 02 octobre 2010 à 22:04
Très intéressant. J'aurai cependant une interrogation se rapprochant de celle de Cedric : comment mettre en place un tel système dans un seul pays? Parce que les habitants de ce pays stable, sevrés de cette croissance excessive verront les riches des autres pays voisins se goberger de surconsommation et de nouveautés superflues. Comment se contenter de "l'essentiel pour tous" et ne pas rêver au "toujours plus pour moi" dans ces conditions ?
Cette situation est d’ailleurs pour beaucoup dans la chute des régimes soviétiques dont les populations rêvaient de la société de consommation de l’ouest. Elles ne prenaient bien sur pas en compte les défauts de ces sociétés et notamment l’inégalité inhérente au système capitaliste qui allait en a la chute du régime soviétique jeter plus d’un habitant de ces pays dans une misère noire.
Donc d’accord avec vous sur le diagnostic mais comment faire pour que dans cette saine société équilibrée homeosatstiste nos chers concitoyens ne fantasme pas sur la situation des riches dans la société déséquilibrée voisine ? La stabilité et l’égalité ça fait malheureusement pas beaucoup rêver alors que les grandes villas de Beverly Hills et les blondes pulpeuses de Santa Barbara…
Rédigé par : red2 | 02 octobre 2010 à 22:06
@ Yann
Tu pourrais ajouter dans l’argument montrant comment le libéralisme ne favorise pas le progrès technique: le secret et le non partage des découvertes de façon a en tirer un plus grand bénéfice, et ce que ça entraine en gaspillage RetD et en recherches similaires réalisées par différente entreprise chacune de leurs coté au même moment…
Par exemple dans mon domaine le photovoltaïque, parmi ceux qui travaillaient en recherche dans les années 2000, beaucoup ont vendu leurs idées pour monter une boite et faire du fric. Leurs recherches n’ont pas ou peu été publiées et partagées avec la communauté scientifique... Par ailleurs on a maintenant une communauté ou il ne se passe plus grand chose d’intéressant puisque une bonne parti des chercheurs sont parti dans le privé. Ces fameuses boites privées qui font leurs recherches en parallèle pour elle même sans rien divulguer de leurs résultats… Sur que la collaboration et le travail de tous vers un même but commun a savoir fabriquer un panneau solaire à haut rendement de façon peu polluante et a faible cout aurait été plus efficace et dans ces temps de crise énergétique plus utile...
Donc complètement d’accord avec toi que le libéralisme n’est pas synonyme de progrès technique.
Rédigé par : red2 | 02 octobre 2010 à 22:40
Oui, la recherche de l'équilibre entre les intérêts conflictuels d'une nation me semble appartenir à la définition d'une politique moderne.
Toutefois cette définition altruiste et finalement consensuelle reste très vague... (en attendant les prochains posts qui détaillerons la méthode ?)
I. Qui déterminera le point d'équilibre ?
a. La majorité ? Alors que deviendrons les minorités. Je sais que cette notion vous gène, pourtant : que deviendrons les nomades qui veulent voyager (la majorité n'aime pas ça), les homos qui veulent vivre ensemble, les juifs qui veulent couper le prépuce de leurs enfants, les bretons bretonnants, etc. ?
b. Une avant garde éclairée ? Composée d'humanistes finement éduqués ? Genre... Malakine ? C'est une voie risquée : qui empêchera ces clercs de former une nouvelle aristocratie ?
c. La Loi naturelle ? Ca serait l'idéal. Encore faut-il la révéler...
II. Prise en compte du long terme ?
La critique essentielle du libéralisme me semble sa difficulté à prendre en compte les enjeux de long terme. La recherche d'équilibre y parviendra t'elle ? Rien dans l'exposé ci dessous ne me permet de le croire. Est-ce un soucis que vous partagez ?
Rédigé par : Fourminus | 03 octobre 2010 à 11:42
@ Malakine
Très beau papier. Il me tarde de lire la suite. Clairement, cela a le niveau pour devenir un essai. Il faut que tu utilises tes contacts pour trouver un éditeur. Vraiment.
J'aime beaucoup la notion d'équilibre, la comparaison avec le corps humain. Tout cela me semble très juste. Je suis d'accord à 90%.
Après deux petits bémols malgré tout :
- sur le système démocratique, tu sembles indiquer une réforme pour "fiabiliser" les résultats démocratiques. Je crois que la démocratie est humaine et que par conséquent, nous aurons toujours de bons dirigeants et de mauvais dirigeants. Je ne crois pas que l'on puisse fiabiliser le niveau de nos dirigeants. 2007 en représente l'archétype avec le choix entre Royal et Sarkozy
- si je pense qu'il est une très bonne idée de concevoir un système qui soit stable en absence de croissance, je pense qu'il serait préférable d'avoir un système qui croît. Le génie humain doit nous permettre de continuer à croître, y compris en réduisant notre consommation de matières premières
@ Yann
Le problème, c'est que le pouvoir sur le marché apporte plus de profits que l'innovation. Il vaut souvent mieux pour une entreprise de racheter un concurrent pour gagner du pouvoir sur le marché que d'innover. C'est là toute la bêtise du système capitaliste actuel.
Pour soutenir ton propos, il suffit de regarder le poids des dépenses de commercialisation des laboratoires pharmaceutiques par rapport aux dépenses de R&D et de production. C'est effarant.
Rédigé par : Laurent Pinsolle | 03 octobre 2010 à 12:43
Le débat a un sens ici et les questions sont souvent les mêmes si on additionne : mais même les questions volent sur de l'artificiel... et peu de concret. Red2 a re-signalé : la mise en place ? Quoi dans le solide, le tactile, le concret... ? Fourminus parle bien aussi de qui définit la "stabilité"... Samuel* parle à juste titre des variations salaires/prix, etc... dans une économie cellulaire (et pour toi Malakine, surement centrée sur la France "autocentrée" je reprends tes mots) : on arrivera à un bouchon... le tout, comme nous le signalons avec Red2 dans un monde ultra-libéral...
J'attends ici, avec tout le monde, la suite de tes propos. Je ne critique pas la réflexion, juste le fait qu'elle ne soit pas assez détaillée et reste, selon les mots de Fourminus, "très vague". Alors que la biologie (puisque tu t'y rattaches) se doit d'être scientifique et précise (prenant en compte tout fait ou évènement). Répondras-tu à nos interrogations en commentaire ? Ou feras-tu un article dédié à des réponses à nos nombreuses interrogations ?
Rédigé par : Cédric | 03 octobre 2010 à 13:06
@Malakine
Je réagis sur ta phrase car elle comprends un contre-sens :
"Il s’agira de contenir le désir croissance chez l’ensemble des acteurs économiques et le besoin de croissance des systèmes sociaux. Il ne s’agira pas de rechercher la décroissance comme les écologistes pénitents, mais d’apprendre à s’en passer à titre individuel et collectif."
Considérer les objecteurs de croissance comme des renonçants, des ascètes vivant dans la privation des bonnes choses de la vie est une erreur. Le cas dont tu parles concerne une infime minorité d'individus "décroissants" plus proche des milieux catholiques de gauche en réalité :si besoin voir l'analyse de Stéphane Lavignotte à ce sujet.
Pour Serge Latouche (économiste, objecteur de croissance) la décroissance est un slogan provocateur pour sortir de la religion du développement. En effet, pour être rigoureux il faut parler d’a-croissance comme on parle d’athéisme. Il s’agit de sortir d’une société de croissance dont la logique n’est pas de faire croître des produits pour satisfaire les besoins mais de faire croître à l’infini la production et pour justifier cela, arriver à faire croître à l’infini la consommation par la publicité, le crédit, etc...
Il me semble que la position exprimée dans ton article est très proche de celle défendue par Serge Latouche au contraire. Il parle d'ailleurs de décoloniser l'imaginaire.
Rédigé par : Santufayan | 03 octobre 2010 à 21:08
La nature et le contenu de ce billet ne devait pas me conduire à le commenter.
En effet, dire qu'il est très imaginatif, chiadé, longuement argumenté et cerise sur le gâteau (selon le terme le plus employé par les commentateurs sportifs, mes autres sources de lecture, donc ici je fais un gros effort) et donc dire aussi que l'article contient un nouveau substantif qui contribue à assoir son originalité, dire tout cela n'apporte rien de fondamental au sujet lui-même. On le lit et on se dit simplement : "comment fait-il pour construire chaque jour ou presque un sujet qui nous interpelle ?" ou plus terre à terre " où trouve t-il le temps ?"
Mais j'ai lu récemment et à plusieurs reprises que, Malakine, tu t'inquiétais : les commentateurs seraient de moins en moins nombreux et cela contribuerait à une certaine lassitude (bien légitime). Je profite de ce billet, original, s'il en est, et qui donc pourrait susciter l'émergence de nouveaux lecteurs assidus, pour dire en quoi, en même temps, tu les dissuades d'office de t'encourager :
dans ce texte, tu t'es démarqué, et c'est ton droit, des tenants de la pensée unique, du centriste fatigué, de l'écologiste pénitent, des écologistes et à tous les anxieux...
Voilà bien des lecteurs potentiellement soucieux d'équilibre dont tu te démarques : un peu d'électoralisme rédactionnel, que diable ! :)
Très sérieusement ou plutôt plus sérieusement encore : ne vaut-il pas mieux quelques commentaires avec une certaine tenue qu'une foultitude délirante comme ceux qui furent publié sur Marianne2 ?
Personnellement, il y a eu aussi quelques billets faisant preuve de trop de complaisance vis à vis de MLP pour que je n'ai pas eu envie d'entrer dans une polémique contre-productive.
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 04 octobre 2010 à 10:24
Ayant décroché ce week-end, je ne vais pas pouvoir répondre en détail à tout le monde. Je vais essayer d'être succin.
> Tous les impatients
Restez fidèle et vous aurez des réponses à vos question. Enfin mes réponses. Comme je l'ai dit dans le précédent. Ce billet est introductif.
> Joe Liqueur
Je ne sais pas si l'appellation "homéostasisme manque de clarté, mais tu l'as définit très bien!
> Nicolas Gonzales
Pour le chiffre sur la croissance potentielle, je m'appuie sur les travaux de Patrick Artus, qui la chiffre entre 1 et 1.5% pour la France. Voir également la réponse de Yann qui apporte des compléments d'analyse intéressants.
Je prends le parti pour dérouler ce système de ne pas rechercher le maximum de croissance mais le maximum de durabilité et de stabilité. C'est un postulat. Pourquoi ? parce que la recherche de la croissance maximal est l'un des deux objectifs centraux du modèle libéral.
> Samuel
Je suis d'accord. L'équilibre et la durabilité peuvent être perçu comme des objectifs intermédiaires, l'objectif ultime étant le BIEN ETRE des populations. Mais on peut en dire autant de tous les autres objectifs.
> Red2
Je vois que tu as déjà intégré ce système comme un contre-modèle au libéralisme. Tu verras par la suite que ce n'est tout de même pas aussi radical, mais j'aimerais avoir ton optimisme sur l'avenir du capitalisme mondialisé. Je ne crois pas que la "surconsommation" soit encore ce qui le caractérise le plus.
Je suis d'accord. La stabilité et la durabilité ne font pas rêver. C'est un problème. C'est globalement le problème de toutes les théories alternatives. Elles n'arrivent pas à s'accrocher sur des désirs individuels. Je traiterais ça dans la série suivante (si tout va bien) sur la révolution souverainiste.
> Fourminus
La remarque et l'objection s'applique à tous les systèmes politiques. Si je vous demande qui détermine aujourd'hui l'intérêt général et comment on le détermine, vous savez répondre ?
Ici, je ne fais que poser le référentiel qui permettra d'analyser la réalité, ce qui est l'objet même d'un système idéologique.
L'analyse des systèmes politiques est aussi un sujet sur lequel je travaille.
> Laurent
Je m'attendais à cette réaction de ta part, toi le dernier croyant dans le pouvoir personnel. C'est un de nos points récurrents de divergence. Personnellement, je suis pour une approche processus. Nul homme fût-il revêtu de l'onction du suffrage universel ne peut prétendre toujours en toute circonstances savoir ce qu'il convient de faire.
> Cédric
Tout cela continue, rassure toi. Je ne vais pas en rester à ce niveau de généralité. Quand j'écris long, on me le reproche, alors là, je saucissonne et j'espace.
> Santufayan
J'avoue que je ne connais pas Latouche. Je ne peux donc répondre. Sur la décroissance ce que je peux dire, c'est que :
- Il y a j'en suis convaincu des passerelles à trouver et qu'on peut se rejoindre sur une partie de l'analyse comme des solutions, mais pour ma part je le ferais sans jamais invoquer l'argument de l'épuisement des ressources.
- Il y a une part de ce courant qui est effectivement "pénitent" au sens : l'humanité a péché, le Dieu nature va se venger ... que je persiste à regarder comme des illuminés et des dangereux.
> PMF
Ou trouve t-il le temps est une question de vie privée à laquelle je ne répondrais pas. Comment fait-il ? C'est simple. Ca fait 4 ans que j'écris et que je réfléchis sur ces questions. Pendant mes coupures de l'an passé, j'ai continué à lire et à réfléchir. Les choses commencent à se mettre en place maintenant et c'est pourquoi j'éprouve le besoin de formaliser.
Mais merci, ça me touche.
Et merci à tous pour vos commentaires.
Rédigé par : Malakine | 04 octobre 2010 à 12:07
L’homéostasie implique aussi certains mécanismes bien connus des médecins comme la défense immunitaire. Celle-ci permet de manière permanente à l’organisme de reconnaître ce qui est à soi (quels sont les miens) et ce qui ne l’est pas (quels sont ceux qui ne sont pas les miens). Le fonctionnement d’un organisme vivant comme le corps humain est donc profondément ségrégationniste par rapport aux autres organismes vivants, toute menace externe entraînant la production d’anticorps par cette véritable police de l’immunité que sont les leucocytes.
Certains hôtes peuvent être tolérés par l’organisme à condition qu’ils ne soient pas trop nombreux. C’est le cas par exemple de certains virus, maintenus en respect par la police du corps et combattus lorsqu’ils se mettent à proliférer à l’occasion d’une agression externe ou d’un disfonctionnement interne. C’est le cas classique du rhume par refroidissement ou de la gastro entérite banale.
L’infection peut être donc considérée ainsi comme une crise ou une mise à l’épreuve de l’immunité, qui peut conduire l’ensemble de l’organisme à en sortir victorieux ou vaincu (avec la mort à la clé dans les cas extrêmes). Ce combat est permanent et complexe, le sida par exemple pouvant être comparé à la tactique du cheval de Troie, l’ennemi n’étant pas identifié comme tel par les forces de défense.
Il arrive aussi que les mécanismes immunitaires déraillent et se mettent à combattre et détruire le propre organisme qui les a engendré. C’est le mécanisme bien connu de l’allergie et surtout de maladies redoutables dites « auto immunes » comme la sclérose en plaque.
Tout rapprochement entre ces données et certaines situations d’ordre sociologique et politique affectant le corps social d’un pays donné, tel que l’invasion de populations étrangères, l’auto- dénigrement de l’ensemble de notre corps social par certaines castes prédatrices, et l’affaiblissement des mécanismes de défenses externes et internes qui permettent ces disfonctionnements, serait bien sûr totalement malvenu.
Nous touchons ici aux limites entre les « sciences » humaines et la science en général, qu’elle procède des sciences dites « dures » ou des sciences du vivant.
Soit nous maintenons rigoureusement l’analogie avec la science, et nous ne nous embarrassons pas alors de considérations relevant de la sphère purement culturelle telle que la morale et la loi. Soit nous décidons une bonne fois pour toute que ce qui définit l’homme est précisément ce qui lui permet de s’affranchir de la nature, et nous ne prenons alors en considération que ce qui relève de la culture.
La morale et la loi organique en font certes partie, tout comme les 23 milliards d’euros de déficit chiffré de la sécu.
Rédigé par : La Gaule | 05 octobre 2010 à 03:03
> Gaule
oui, mille fois oui !!
Je constate deux choses à la lecture de ce commentaire.
Le premier c'est que l'image biologique est beaucoup plus puissante que je ne l'avais imaginé. Comme le disait Joe Liqueur plus haut, elle véhicule aussi l'idée de primat du collectif sans sa dimension autoritaire.
Le second c'est qu'à trop vouloir axer mon propos sur la dimension économique du souverainisme, j'en ai un peu oublié la dimension sociétale, culturelle, voire identitaire, que j'avais déjà pourtant développé dans la série sur la décivilisation.
Rédigé par : Malakine | 05 octobre 2010 à 10:02
Bonjour Malakine,
Je poste très rarement ici, mais je te lis souvent avec plaisir.
Cette idée de l'"homéostatisme" me plait bien sur le fond, mais étant moi même dans la bio, j'en suis naturellement plus proche.
Une autre notion recouverte par l'homéostasie biologique est celle d'échange: Ce qui permet à la cellule/l'individu de vivre et de maintenir son homéostasie, c'est la présence d'échanges contrôlés. Là aussi les parallèles avec la société sont évidents. L'absence d'échange amène la mort (par exemple de soif), l'absence de contrôle aussi (par exemple, de noyade). Il n'est possible d'obtenir l'homéostasie que en échangeant et en contrôlant cet échange.
Au delà du concept, qui est en lui même intéressant, le terme, avec son lien biologique, me semble aussi très fort en termes de communication: Si l'on oppose "protectionnisme" au libre échange, il est facile chez les tenants du libre échange de provoquer chez l'auditeur une confusion entre protectionnisme et isolationnisme, puis de présenter ce dernier comme raciste et d'appeler "aux heures sombres de l'histoire" et autres méthodes de dénigrement classique. Le "libre échange" en face, prétend proposer de la "liberté".
Si en revanche on oppose l'homéostatisme contre le libre échange, ce dernier est vu pour ce qu'il est : un extrémisme, un jusqu'au boutisme stupide et dangereux. l'homéostatisme économique (= protectionnisme) devient de façon plus visible le choix médian, modéré et avisé. il créé (en biologie) la barrière perméable au sein de laquelle la vie se développe, il créé (en politique) une nation à la fois ouverte au monde et clairement délimitée au sein de laquelle une économie florissante et une démocratie réelle peuvent se développer.
Rédigé par : Berru | 05 octobre 2010 à 11:47
Article en écho :
http://jeanzin.fr/index.php?post/2010/10/06/La-globalisation-aggrave-les-risques-systemiques
Ceci dit, cette analogie avec la biologie cellulaire, ça fait un temps que je l'ai.
Elle me vient de mon père qui déjà il y a trente ans parlait de de phénomènes de capillarité des économies.
Rédigé par : olaf | 06 octobre 2010 à 13:09
j'approuve votre démarche et je crois que l'on va par là dans la bonne direction.
Cette question de l'équilibre vital est je pense dans tous les esprits, mais d'avantage chez ceux qui aiment leur pays et leurs semblables.
Ce qui manquait c'est l'expression et la formalisation théorique et pratique d'une telle idée. C'est une question de principe républicain, une doctrine antique que l'on peut aussi qualifier d'école de l'utilité publique.
On en observe différentes manifestations telle celle inscrite en bonne place dans cette synthese de la nuit du 4 aout que fut la DDHC-1789. Article 1 : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune."
C'est le meme argument de l'utilité publique qui est repris pour dire qu'un Etat ne peut faire faillite car il ne saurait cautionner la négation (même légale ou contractuelle), en faveur d'intérêts particuliers de ses intérêts primordiaux.
Les juges américains ont aussi ce moyen, pour assurer la souveraineté du pouvoir judiciaire, de réfuter tout argutie légaliste par la raison que la loi ne saurait soutenir des conséquences contraires à l'esprit d'équité.
Rédigé par : patriote | 06 octobre 2010 à 14:33
> Berru
La question du contrôle des échanges avec l'extérieur relève des moyens. Je traiterais donc ça ultérieurement notamment dans la partie sur le protectionnisme.
Mais effectivement comme l'homéostasisme renvoie aux objectifs alors que protectionnisme renvoie aux moyens, il est possible que ce vocable - s'il pouvait être popularisé - passerait mieux. Et effectivement, il ferait passer le libre échange comme un concept extrémiste ! Très juste.
> Olaf
Capillarité des économies ?
> Patriote
Bien sûr, le souci de l'équilibre implique un certain sens du collectif. Dans un paradigme purement individualiste, chacun doit se démerder pour tirer son épingle du jeu. La notion d'équilibre de la société n'entre même plus en ligne de compte. On le voit aujourd'hui.
Effectivement dans la théorie républicaine des origines, tout est assujetti à l'intérêt collectif, sauf le respect des droits et libertés individuelles "imprescriptibles et sacrées"
Rédigé par : Malakine | 06 octobre 2010 à 14:51
Capillarité signifie micro circulation du sang, entre autres.
Sans cette circulation qui irrigue le système cellulaire, on aboutit à la maladie.
Sur le plan économique, c'est permettre de financer les micro systèmes économiques.
En gros, la mondialisation s'est intéressée aux artères et aux veines, c'est utile, surtout en cas d'accident majeur, mais ça ne suffit pas pour comprendre la possibilité d'un fonctionnement homéostasique.
D'ailleurs, les systèmes d'échanges inter cellulaires apparaissent de plus en plus complexes,
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/biologie-3/d/les-cellules-se-parlent-au-telephone-cellulaire_25250/
on devrait s'en inspirer pour faire une économie sur mesure.
Le tord du libéralisme des parvenus est de s'être construit sur des systèmes sophistiqués biologiques et économiques, et de les avoir pillés par une simplification abusive.
Rédigé par : olaf | 06 octobre 2010 à 18:20
"Dans la théorie républicaine des origines, tout est assujetti à l'intérêt collectif, sauf le respect des droits et libertés individuelles "imprescriptibles et sacrées""
C'est un débat à part entière que de placer un point d'équilibre entre intérêt général et droits individuels. Je dirai que tout dépend du degré d'urgence à défendre l'intérêt collectif.
Par exemple en temps de guerre la liberté de circulation et meme le droit à la vie du citoyen-soldat sont sérieusement compromis par des considérations d'utilité publique. De meme le droit "sacré" de propriété et d'indemnisation ne pèsent pas dans la balance dans le cas d'expropriation pour la même cause.
Rédigé par : patriote | 06 octobre 2010 à 20:49
> Olaf
Concrètement tu parles de quoi ??
> Patriote
Très juste. Je suppose qu'on serait d'accord pour dire que dans la situation actuelle, il y urgence à défendre l'intérêt collectif. La question c'est comment quand ce concept a presque disparu des radars mentaux ...
Rédigé par : Malakine | 07 octobre 2010 à 09:43