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22 avril 2010

Commentaires

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Pullo

Vous avez entièrement raison. Jusqu'ici, les policiers se sont laissés utiliser comme des pions par Sarkozy. Ils obéissent même à des ordres manifestement illégitimes, comme à Bobigny, où un homme a été gardé à vue sans motif valable, si ce n'est son opposition à Sarkozy :
http://www.rue89.com/derriere-le-barreau/2010/04/22/etrange-garde-a-vue-pendant-la-visite-de-sarkozy-a-bobigny-148481

Pire, dans certaines cités, les policiers sont moins vus comme les représentants de l'Etat que comme une bande de voyous avec le statut de fonctionnaires assermentés. En désignant des boucs émissaires à foison, Sarkozy pratique la politique du pire, à ses risques et périls...

Joe Liqueur

@ Malakine

Je te trouve très en forme sur ce coup-là ! Le dernier paragraphe ("la seule inconnue etc…") me semble particulièrement intéressant. Les flics ne sont pas dupes, d'autant qu'ils n'échappent nullement à la RGPP. Sarkozy ne s'en vante pas, mais il ne cesse de supprimer des milliers de postes dans la Police nationale (cherchez l'erreur…). Ne restera bientôt plus que les robocops des BAC. En bref, la guerre, comme tu le dis si bien. Mais d'ici là, les "simples" flics pourraient commencer à sortir du bois.

Je me permets donc de poster ces quelques liens (trouvés sur un site anar, pour ne rien te cacher) :

http://www.dailymotion.com/video/x9r3b2_sans-casque-part1-intro_news?start=24

http://www.dailymotion.com/video/x9r3no_sans-casque-part2-manipulations-des_news?start=7

http://www.dailymotion.com/video/x9r3xi_sans-casque-part3-la-bac-des-cow-bo_news?start=5

http://www.dailymotion.com/video/x9r47o_sans-casque-part-4-un-langage-de-gu_news?start=12

http://www.dailymotion.com/video/x9r4o2_sans-casque-part5-fin-le-systeme-sa_news?start=6

René Jacquot

@ Malakine

D'accord sur le lien entre saisies de drogue et émeutes dans certaines banlieues... encore qu'il faudrait pondérer cela: les cités bien "tenues" par les trafiquants (Marseille quartier Nord/ Bagneux) n'avaient connu en 2005 que peu de troubles!

Il n'en reste pas moins que tous les éléments sont réunis pour une nouvelle explosion avec ces saisies... hasard ou mise en scène, l'on ressent un sentiment de tension autour de Paris, Marseille, Toulouse (avec agressions très visibles en centre-ville), et dans une moindre mesure Lyon.

Il manque un élément déclencheur soit la bavure des forces de police qui demeurent irréprochables (malgré la propagande de rue 89 et le manque d'expérience de nos "bleus").

Par ailleurs, je ne suis pas convaincu par ton lien burqa/ émeutes, c'est un peu comme la fatwa demandée par Sarkozy en 2005 à l'UOIF et qui était restée sans effets. De plus les émeutes de 2005 comme celle de 2007 (Villiers-Le-Bel)ont montré que les troubles ont éclaté pour l'essentiel dans des zones urbaines sensibles abritant une large proportion de familles africaines de plus de six enfants. Les jeunes avec des parents originaires du Maghreb se sont mieux "tenus" en 2005 (sauf exception à Toulouse et à Perpignan).

Pullo

@Malakine
Ce que vous dites sur les saisies de cannabis montrent que la loi prohibitionniste de 1970 est un échec total, un exemple parfait de "contre-production" par rapport aux objectifs affichés. Il y a proportionnellement plus de consommateurs de cannabis en France qu'aux Pays-Bas, où la beuh est légale. On ferait mieux de légaliser le commerce du cannabis comme le propose le maire de Sevran, Stéphane Gatignon. Une légalisation permettrait aux producteurs de sortir de la clandestinité, et procurerait à l'Etat et aux collectivités des ressources en plus.

Abdel

Au sujet des moyens, je connais un policier nationale qui m'a dit que c'est tellement l'enfer de se faire livrer le matériel informatique et les fournitures (ex: cartouches d'encres) que c'est la mairie qui paye.

La mairie est dans le 92 , donc à deux pas de Paris.

Les policiers ne sont pas idiots, ils sentent la manipulation

Malakine

@ Pullo

la politique du pire ? Peut-être du point de vue de l'intérêt général mais pas du sien. Son action a sa logique et elle est électorale. Même si à mon avis, il est en train de faire la campagne pour Marine !

La garde à vue sans motif valable, merci mais je connais. C'est pourquoi je peux parler d'expérience sur l'attitude de la police sarkozienne. Et j'imagine ce que cela doit être si on est interpellé dans le 93 et qu'on porte un prénom maghrébin !

@ Joe Liqueur

Cet article n'était que l'introduction d'un long article sur la sécurité. Le reste suit dans les prochains jours ... :-)

Félicitations d'avoir pu publier un commentaire avec autant de liens !

@ René Jacquot

S'il n'y a pas de provocations policière, le pouvoir la créera de toute pièce, en mettant en scène des saisies d'armes de guerre ou quelque chose du genre. Tu verras ... Je sens que tout est possible d'ici 2012, y compris les pires manips.

Je ne dis pas que l'interdiction de la Burqa va crééer des émeutes. Je dis que soit l'interdiction va rester lettre morte comme l'interdiction des bandes ou des rassemblement dans les cages d'escalier, soit elle va devoir mobiliser la violence policière pour être respectée mais que dans tous les cas, il s'agit d'une stratégie destinée à générer des dérapages et des tensions.

Je comprends ce que tu veux dire en faisant cette distinction entre immigration maghrébine et africaine. Si tu veux dire que l'islamophobie est déjà un combat d'arrière garde et qu'aujourd'hui l'enjeu est ailleurs, je suis d'accord.

@ Pullo

Je parle de cet aspect du problème dans la suite. Je suis effectivement favorable à la légalisation contrôlée comme aux Pays-Bas (en plus leur herbe n'a rien à voir avec le mauvais marocain qui est vendu dans les cités)

Joe Liqueur

@ Pullo

Que les lois prohibitionnistes soient "un échec", ce n'est pas le problème. Un "échec" pour quoi, d'ailleurs ? Quels étaient ces "objectifs affichés" ? Si c'était de faire baisser la consommation de cannabis, c'est vraiment un objectif à la con (et je reste poli). Qu'il y ait plus ou moins de consommateurs de cannabis aux Pays-Bas qu'en France, on s'en fout, ce n'est pas non plus le problème.

C'est d'abord, fondamentalement, un problème de libertés individuelles (désolé Malakine, je me répète).

D'ailleurs aux Pays-Bas, si j'ai bien compris le schmlilblick, le cannabis demeure totalement illégal ; l'administration hollandaise a seulement décidé de renoncer à toute poursuite judiciaire, pour la consommation, et pour la vente (avec certaines limites) ; ce n'est pas la même chose.

Joe Liqueur

@ Malakine

En fait c'est une seule vidéo, en 5 parties. J'insiste, mais cet ex-keuf a des choses à dire, en lien direct avec tes propos.

Par ailleurs, c'est vrai que l'herbe de Meuda n'a rien à voir avec le marocco souvent frelaté (et surtout coupé et re-coupé avec n'importe quoi) qu'on vend dans nos téci.

Aluserpit

@Malakine

Félicitation pour cette excellente synthèse, particulièrement la partie sur le (non-)rapport de Sarkozy à l'intérêt général.
J'y vois un lien avec tes articles précédents sur les alternatives possibles (Villepin, NDA et autres). Celui qui saura être le candidat de l'intérêt général et du bien commun (républicain au sens étymologique : res publica) contre le candidats des intérêts particuliers aura un boulevard devant lui.
A sa décharge, il avait clairement annoncé la couleur :"Je serais le président du pouvoir d'achat".
C'est le vrai clivage entre (néo-)libéraux et (néo-)républicains : l'intérêt général est-il la somme ou le dépassement des intérêts particuliers?

Plus dans le sujet : La manœuvre que tu pronostique comporte un risque de retour de flamme non négligeable. En cas d'émeutes urbaines du type de 2005, il prend le risque d'en être tenu pour co-responsable, et d'être vu comme une part du problème et pas de la solution, son bilan en matière de sécurité se résumerait alors aux 2 plus grosses émeutes que la France contemporaine ait connu et aux radars automatique, un peu court pour le héraut de l'ordre et de la sécurité.
Plus insidieux mais tout aussi dévastateur, la répétition montrerait cruellement ce qu'il en est de la fameuse rupture. Après 2007, c'est comme avant...

Damien

Le succes de l'Unsa lors des dernieres elections syndicales (avec une forte participation) etait un premier indicateur de cette fracture , ou cette dizaine d'agents se retournant pendant son hommage au flic abattu par l'ETA ,l'usure entre les forces de l'ordre et Sarkozy ne conduiront pas a des mutineries je pense, mais au contraire a des bavures en cas de nouvelle grosse emeute.
On sait comment se comportent les croyants qui ont perdu la foi...surtout qu'entre temps les delinquents se sont mis a utiliser des armes a feu sur eux.

Rarement la banlieue n'aura été aussi instrumentalisée par un homme politique ,tous les ont fait jouer dans leurs court metrages mais rarement en leur donnant le premier role sur grand ecran comme Sarkozy...l'image du meilleur ennemi entretenu machiaveliquement prend tout son sens , c'est bien vu.Si le PS etait encore credible ce serait surement lui et non les racailles a qui il chercherait a donner la replique.
ps : j'espere qu'a ton appel pour la plateforme commune repondront des associations de quartier ,ils ont gouté au socialisme , communisme , droitisme jusqu'a la lie , le republicanisme pas reellement (la loi de 2004 sur les signes a été percue comme anti musulmane) et pourtant le desir de faire corps avec la nation existe de plus en plus la bas en particulier chez les enfants nés dans les années 60-70-80

Malakine

@ Joe liqueur

Après 40 ans de prohibition des plus sévères (130000 interpellations pour usage l'an passé), constater que le marché représente 800 millions d'euros et 5 millions de consommateurs, on ne peut pas appeler ça une franche réussite !

Je ne sais pas si c'est légalement interdit chez les Bataves mais ça m'a tout l'air d'être parfaitement légal et encadré. Je vais regarder les vidéos avant de me coucher.

@ Aluserpit

Je ne crois même pas que Sarkozy puisse être qualifié de néolibéral. La seule catégorie dans laquelle on pourrait le cataloguer ce serait néoconservateur opportuniste.

Je ne me risquerais pas à ce stade à me risquer à un pronostic sur l'impact que pourrait avoir cette politique de confrontation sur l'opinion. Je crois que personne ne sait aujourd'hui comment le peuple pourra voter en 2012. Je ne sais même plus quoi penser de la manière dont l'opinion pourra réagir au nouveau projet socialiste.

@ Damien

Ne me confond pas avec Alain Soral (même si j'ai beaucoup de sympathie pour lui) Ma démarche n'est pas militante. Mon truc c'est de faire de textes et d'agiter des idées quand je peux et ça me suffit.

Néanmoins, je m'opposerai de toutes mes forces à ces tentations de guerre civile ethnico-religieuse que l'on sent clairement monter en ce moment. Pour moi, il n'y a qu'un ennemi. C'est la finance mondialisée ou l'empire américain. ceux qui veulent diriger le combat pour l'islam et les franco-maghrébins se trompent de combat et finalement se font les complices d'un système qui n'attend rien d'autre. Je préfèrerais toujours la "réconciliation nationale" même si on doit faire quelques concessions, à la guerre civile.

Damien

Ok je te confonds pas mais me confond pas non plus ! ;-) , le nationalisme on y a gouté du coté paternel.
Non si j'espere voir des banlieusards participer a un projet republicain c'est parce que pour l'instant ils ne sont pas inclu dans ce genre de plan...
Et j'ai encore en tete le Complement d'enquete sur les "exclus du travail" de lundi,notamment le reportage sur 2 beurs qui avaient extrement bien reussit a Dubai et qui ne revaient que d'une chose , revenir ici et "prouver"...mais je deborde.

Pour la definition de Sarkozy en le peignant comme tu le fais plus haut comme un PDG je pense qu'on reconnait mieux le portrait (parce que bonapartiste...), sa facon d'utiliser ses ouailles a l'assemblée ressemble drolement aux pratiques de ses amis d'enfance avec les membres de leurs conseils d'administration , puis c'est pas lui qui esperait "faire du fric" une fois son "job" terminé ?
Personnellement je me demande toujours ce qu'il fait la !Les raisons de son election on les connait mais sa motivation me depasse.

Olivier Bonnet

Nous avons des convergences. Extrait de mon dernier billet sur Hortefeux :

Par ailleurs la police, de plus en plus dépourvue de moyens, est contrainte par son imbécile politique du chiffre pour le chiffre à délaisser les vraies priorités : plutôt que de lutter réellement contre la délinquance, on oblige les policiers à concentrer leurs efforts sur les fumeurs de shit, les prostituées, les étrangers en situation irrégulière et les contrevenants au code de la route. [c'est aussi ce que dit l'ancien officier de police des vidéo ci-dessus] Mais si Sarkozy a été "efficace", c’est assurément par contre comme pompier pyromane. Ses provocations verbales - on l’entend encore promettre de "nettoyer au kärcher" les "racailles" - et ses attitudes de matamore ont eu pour effet de créer un climat détestable entre la police et la population, notamment des zones sensibles.

Si l’on veut juger l’efficacité de Sarkozy, voyons alors son bilan : "Que disait-on il y a deux ans quand je suis arrivé au ministère de l’Intérieur ? Il va jouer au superflic. Les banlieues vont s’embraser. Résultat : il n’y a pas eu de révolte et la criminalité a baissé sensiblement", écrivait-il en 2004 dans son livre La République, les religions, l’espérance. Un an plus tard éclataient les émeutes de banlieues, 45 500 voitures brûlaient et le gouvernement décrétait le couvre-feu et l’état d’urgence ! Les mêmes causes étant appelées à produire les mêmes effets, il est vraisemblable que le feu qui couve toujours s’embrase à nouveau, un jour ou l’autre. "La plupart des conditions qui ont amené, il y a un an, un déclenchement de la violence collective, sur une grande partie du territoire métropolitain, sont toujours réunies", annonçait le rapport des Renseignements généraux baptisé État des lieux dans les quartiers sensibles, document confidentiel défloré par Le Figaro en octobre 2006. Qu’en est-il aujourd’hui ? Affirmer que la situation s’est améliorée serait gravement faire preuve d’angélisme... Et ce n’est certes pas Hortefeux qui va apaiser les tensions.

Malakine

@ Lieft et curieux

Merci de respecter la charte des commentateurs.

@ Damien

Oui, oui, je t'avais bien compris. C'est pourquoi j'ai évoqué la démarche de Soral. Mais concrètement ça signifie quoi "d'intégrer les banlieusards à un projet républicain" ? Ce n'est pas ce que je fais avec ce genre d'article ?

@ Olivier Bonnet

On est effectivement en phase. Recentrer la police sur les vraies priorités passent par un sérieux toilettage de notre droit pénal, mais ça c'est l'objet de l'article suivant.

@ Joe liqueur

Merci pour les vidéos. Effectivement très en lien avec l'article et très intéressante. Dommage que l'interview date autant.

René Jacquot

@ Malakine

Ce n'est pas simple, même pour un pouvoir pyromane, de provoquer un embrasement généralisé! Pas mal de conditions sont réunies pour cela mais il faut savoir que les "jeunes" des quartiers populaires de 2010 ne sont pas les mêmes que ceux de 2005!

La "mode" des voitures calcinées même si elle est encore relativement courante est un peu passée... les banlieusards d'aujourd'hui préfèrent le guet-apens,les caillassage de bus, les feux d'artifice et gigapétards achetés en Allemagne (l'interdiction en France a été sans effets).

L'explosion généralisée comme 2005 est un fait unique et l'on demeurera comme pour les conflits sociaux avec des conflits localisés.

Je sépare effectivement la question de l'Islam de celle de l'insécurité... l'Islam ne tient pas et ne tiendra jamais les banlieues où les "jeunes" bricolent un islam à la carte avec ramadan et whisky planqué au fond de la bouteille d'Oasis!

Lieft

@ Malakine

Puisque tu fais référence à Soral, je réitère mon invitation à te pencher de près sur ses positions. Est-ce vraiment contraire à ta charte des commentateurs ?

La question de la "réconciliation nationale" et de son inscription dans les théories de son auteur est en plein dans le sujet. D'un côté les tensions voire la guerre civile, de l'autre cette réconciliation : la formulation ne semble pas sans dimensions gaulliennes a priori. Mais cherchons-en l'origine et les implications.

Alain Soral est confronté, à l'extrême-droite, à des partisans de ce qu'il qualifie une "Reconquista" : c'est avant tout face à cette partie traditionnaliste de l'extrême-droite qu'il tente de forger son concept, dans une lignée plus "nationale-révolutionnaire" (au même titre qu'il y avait une dimension révolutionnaire dans les "fascismes", au sens large, des années 1920-1930).

Malgré l'usage du vocabulaire républicain, cette "réconciliation nationale" a deux aspects anti-républicains :

- une alliance objective des traditions catholiques et musulmanes ; cela s'est concrétisée par l'entente entre le Bloc Identitaire et le Centre Zahra pour la liste Dieudonné aux dernières élections européennes ; je cherche la laïcité dans tout ça... l'hostilité de Soral à la franc-maçonnerie est également significative ;

- un projet d'ordre totalitaire (et je ne dis pas cela en raison de son passage au FN, dont le projet semble a priori surtout d'ordre autoritaire ; s'il s'agissait d'ailleurs d'arguer à partir de son parcours, mentionner son stalinisme serait plus probant), notamment via la critique du "communautarisme" au sujet de toutes sortes de mouvements sociaux non-communautaires (féministes, gays...)

Tout cela, sans faire référence aux aspects paranoïaques de ce mouvement sur un prétendu "complot mondial"...

Il me semble donc nécessaire, pour élaborer une réponse républicaine à la stratégie que de la guerre civile que tu analyses, de ne pas faire référence à "Egalité et Réconciliation". S'il y a parenté avec ce mouvement, ce n'est que dans une partie du vocable adopté.

Archibald

@ Malakine

"Ne sachant plus quoi faire pour reprendre la main...".
Voilà une première phrase comme en cherchent beaucoup d'écrivains: on a l'impression que la suite se déduit facilement, que tu n'as fait aucun effort pour développer ce thème dans une analyse à la fois pertinente et inquiétante.

Ce qui est très inquiétant chez Sarkozy, c'est un peu son côté "Dead Zone" -film américain où Martin Sheen joue le rôle d'un candidat à l'élection présidentielle, que Christopher Walken, doté du pouvoir de prévoir un futur éventuel et par là-même d'éviter certaines catastrophes, empêchera d'accéder à la Maison Blanche et de provoquer une apocalypse nucléaire. Sarkozy a ce tempérament agité, brouillon et agressif, cela a déjà été dit.
On a en outre l'impression que ses conseillers -je pense à Guaino, bien sûr- l'encouragent à jouer avec le feu. Les dernièrs débats (burqa, sécurité, drapeau) soulignent le côté crépusculaire d'un pouvoir qui s'est amusé à tenir un discours régulateur (la régulation est un mot à la mode chez les néo-libéraux, qui bien sûr ne veulent pas entendre parler de règlementation, comme dit Gréau) alors qu'il n'a jamais eu la moindre volonté de limiter réellement le pouvoir de la finance, pas plus que de mettre fin à ce que Laurent appelle l'anarchie commerciale.
J'espère que les "républicains" ne seront pas dupes.

Archibald

@ Lieft

Bravo et merci pour votre commentaire.

Malakine

@ René Jacquot

Tu as peut-être raison quand tu dis que le feu prendra plus difficilement dans les cités. Mais ça n'empêche pas que cela soit l'objectif secret du pouvoir.

@ Lieft

Cet argument est de nature stalinnienne. C'est du même ordre que "mais le protectionnisme, c'est la guerre" ou les positions des tenants du oui au TCE qui affirmait qu'on ne pouvait pas voter non car sinon on mélerait ses voix à celles du FN !

C'est quoi la conclusion ? Parce que Soral serait pour la réconciliation nationale, il faudrait adopter la thèse inverse en recherchant la guerre civile ?

J'ai laissé passer ce commentaire mais je le considère toujours comme foncièrement hors sujet et indigne. On ne discrédite pas une position en la réduisant à certains de ses défenseurs.

Et merci du conseil, mais oui, je connais bien l'oeuvre de Soral !! J'ai lu ses bouquins et visionné pas mal de ses interventions. Je n'ai pas besoin de toi pour me faire un point de vue sur le bonhomme. Et encore une fois, ce n'est pas le sujet !

@ Archibald

Je ne comprends pas bien ton premier paragraphe. Tu me reproches de faire de l'antisarkozysme primaire ou quoi ???

Désolé, mais cette offensive contre l'islam et les populations franco-mulsulmannes n'est pas le popre de Sarkozy. C'est un thème qui est dans l'air du temps. Il n'y a qu'à bien écouter le discours de Zemmour ou lire les papiers d'Elizabeth Levy pour s'en convaincre.

Personnellement, je n'aurais rien contre ce discours de fermeté et d'exigeance, si je n'étais pas convaincu qu'il conduisait à la guerre civile sans apporter aucune solution concrète. Et ça, je veux pas.

Archibald

@ Malakine

Mais non, c'est le contraire! Je voulais remarquer que ton texte se tenait parfaitement. J'ai remarqué la justesse de l'analyse, et la facilité de la rédaction. C'est un beau compliment, non? C'est ce que les artistes recherchent. Mais je me suis peut-être mal exprimé.

En revanche, je trouve que tu as absolument tort de t'en prendre à Lieft, dont le commentaire est très pertinent. Il ne donne que des arguments de fond: critique excessive et facile du communautarisme, alliance des religieux les plus contestables (n'oublie pas que ton Soral préfère Ramadan -Tarik- à Mélenchon, dont je n'aime pas beaucoup le côté laïcard outré, mais bon), complotisme à deux balles à la Meyssan. Tout cela a une apparence de rationalité, de rationalité excessive, comme toute paranoïa. Et puis un type qui se fait appeler "président" dans ses interviews par des proches...

Quant à Zemmour et Lévy, je pense toujours que Todd a une fois pour toutes réglé son compte à ce républicanisme nostalgique, vétilleux et inefficace. Tu le dis toi-même, mais n'oses pas en tirer les conséquences sur le discours en lui-même et ses tenants. Enfin il me semble.

Lieft

Je préfère la concorde républicaine à la réconciliation nationale. Il existe des nuances non négligeables entre les deux.

Il ne s'agit donc certainement pas, Malakine, de réduire la paix civile à la position des seuls soraliens, ni de faire en creux une apologie de la guerre civile.

S'il paraît nécessaire de nous démarquer d'Alain Soral, qui malgré son vocabulaire n'est pas un républicain, c'est justement pour éviter d'être confrontés à l'amalgame que tu crois avoir décelé dans mon précédent commentaire.

Malakine

@ Archibald

Non, Todd n'a pas réglé leur compte à ces "nationaux républicains" puisque le désir de confrontation avec les populations arabo-musulmanne est en plein essor actuellement. C'est sur ces sentiments à la fois légitimes et dangereux que surfe sarkozy.

@ Lieft

Ah je vois, tu fais dans la police du vocabulaire !! Alors si mes mots ne te conviennent pas, je te prie de répondre toi même à la demande de Damien qui se demandait comment intégrer les populations des banlieues à un projet républicain.

Puisque tu maîtrises à la perfection tous les codes du "républicainement correct" je suis sûr que tu feras ça très bien, sans dérapage, ni amalgame.

Bertrand

Bravo Malakine, pour cet excellent article. Je suis totalement d'accord avec toi. Ton analyse est juste et les conclusions sont d'une parfaite lucidité.
Je rejoins le commentaire de Pullo sur la légalisation. Pour ma part, Il me parait évident que si l'on avait voulu réellement régler les problèmes des cités, un système de légalisation controlée du cannabis aurait été depuis longtemps mis en place. Des gens comme Francis Caballero ou Lowenstein le réclament depuis plus de 20 ans, mais ils prêchent dans le désert, malheureusement.
Je suis persuadé que nos dirigeants de tous bords le savent bien, mais que ce n'est pas leur intérêt de vraiment résoudre ce type de problèmes. Finalement, la droite préfère laisser pourrir la situation de manière à l'utiliser comme levier électoral et la gauche n'ose pas mettre les pieds dans le plat de peur d'effrayer un electorat qu'elle considère trop conservateur.
Je pense qu'il y a aussi d'autres raisons bien moins avouables mais passons...

En tout cas, Sarkozy cherche la guerre civile, c'est une évidence.

Lieft

Tes mots ne sont pas un problème. Tu écris que Nicolas Sarkozy n'est pas républicain : je rajoute simplement qu'Alain Soral ne l'est pas davantage. Est-ce vraiment faire de la police du vocabulaire, ou manier le politiquement correct, que d'inciter les républicains à la prudence par rapport à la "réconciliation nationale" ?

Il s'agissait d'ailleurs au départ que d'une intervention hâtive sur un point précis (et pour éviter que cela ne tourne au troll, c'est mon dernier commentaire sur le cas Soral dans ce topic).

Sur la question de l'intégration des populations des banlieues populaires (n'oublions pas qu'il existe d'autres types de banlieues) à un projet républicain : les récents taux d'abstention (jusqu'à 80% dans certaines cités) montrent une désaffection pour la chose publique. Peut-être parce que les politiques menées semblent tomber du ciel et ne pas résoudre les problèmes locaux. Bref, qu'il s'agisse des gaullistes ou du Front de Gauche, ce sera difficile de ne pas être pris pour des manieurs de langue de bois. Pour ma part une refondation républicaine me semble de plus en plus passer par un changement de Constitution, mais c'est peut-être illusoire que de penser que cela puisse trouver un écho.

En matière de politique à mener (et non pas que de projet ponctuel électoral), il me semble également utile d'avoir notamment en tête les analyses d'Eric Maurin dans Le ghetto français le problème de la relative ghettoïsation des banlieues populaires est la partie la plus visible d'une société dans laquelle sont à l'œuvre des logiques de séparation. Quelques pistes éventuelles ? Du volontarisme au niveau de la carte scolaire (et des effectifs associés) et de la politique du logement pour brasser les couches sociales. Mais bien sûr cela ne suffirait cependant pas.

Damien

L'idée avancée par les criminologues (enfin surtout un qu'on voit souvent a la TV) c'est qu'en legalisant le cannabis les dealers concentreront leurs activités ailleurs , drogues dures , braquages ...
Je suis persuadé qu'une legalisation ne cassera pas le trafic mais les prix, ils feront du low cost , de l'herbe ou de la resine vendu par un coffee shop acredité par l'etat serait hors de prix pour le fumeur lambda ,surtout qu'en France on melange avec du tabac.

@ Malakine , si tu en parles et de maniere non excluante (stigmatisante on dit ?) comme le font les Levy , Finkielfrault ou Zemmour...ma remarque etait d'ordre generale ,que se soit dans les mouvements politiques ou associatifs on voit peu de banlieusards , a l'exeption de Ni Pute Ni Soumise qui profite de ses acointences avec le PS les autres mouvement sont peu ecouté.Un exemple Mosaic l'assoc' de Dounia Bouzar , son appel n'a été reprit que par le Figaro (!!)

Malakine

@ Bertrand

On fait la même analyse. Sur la légalisation et sa prétendue impossibilité : http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/04/20/cannabis-pour-une-clean-attitude-par-jean-claude-gabilan_1340106_3232.html#ens_id=647065

Mais tu verras que lorsque les Etats-Unis auront légalisé, le problème se posera en des termes différents. D'un coup, la mesure apparaîtra "moderne"

@ Lieft

Je pense que Damien voulait parler des populations arabo musulmannes et non seulement des catégories populaires. En tout cas, c'est ainsi que je l'ai compris. C'est pourquoi j'ai évoqué la démarche de Soral (Pardon, d'avoir commis ce crime) qui est à ma connaissance le seul homme politique ou intellectuel a avoir tenté une forme de pacte avec la jeunesse des banlieue sur une base républicaine.

@ Damien

Bof ... Si le cannabis se trouvait dans des coffee les trafiquants de drogues dures n'auraient plus accès au consommateur de masse. Ils devraient de contenter de marchés de niche. C'est souvent en venant acheter son shit qu'on se voit proposer de la poudre. Quant aux prix, tout dépendra des taxes qu'imposera l'Etat. J'imagine que l'herbe ne doit pas coûter grand chose à produire.

J'ai l'impression ensuite que tu mélanges deux questions (ou c'est moi qui n'arrive pas à les distinguer) : L'expression politique des jeunes de banlieues d'origine musulmane que l'on fait parler plus qu'on entend d'un coté, et la "diversité" de l'autre. Autant comme le premier me semble un vrai sujet (comment faire un pacte de réconciliation nationale sans interlocuteur capable de dire ce qu'il veut et refuse) autant comme le second me semble être un gadget bidon du nouveau politiquement correct.

Damien

@ Malakine
la confession m'importe peu j'ai cité la loi de 2004 pour souligner l'incomprehension qui peut exister entre ici et la bas,je disais qu'il existait un fossé et que cette loi l'a creusé un peu plus alors que son objectif etait inverse !
Pour expliciter mon intervention precedente ce que je souhaite c'est que les mouvements politiques republicains entrent en contact et collaborent avec les associations de quartiers au lieu de se perdre avec des clubs comme le Siecle ou que sais je.
Car dans la situation actuelle soit les politiques parlent pour eux , soit les banlieusards sont assignés dans des positions passives , resolu a remplir les cahiers de doleances.En etant associé aux reflexions qui nous occupe ils sentiront deja qu'ils font parti de qq chose de moins formel que la communauté familiale (ethnique ou religieuse).
La diversité je crois pas a son effectivité politique (Dati ,Amara )symboliquement par contre il y a un impact non negligable sur ces populations...meme si on change pas la vie des gens avec des symboles.

Marcus

Je pense, surtout à Paris et dans la petite couronne via le préfet de police et la chaîne de commandement, que le Ministre de l'intérieur (à travers lui l'exécutif) est tout à fait capable de gérer de manière millimétrée, une stratégie de maintien de l'ordre permettant "de convoquer" des images et d'anticiper sur la communication à suivre et l'exploitation que le pouvoir en place peut en tirer à des fins partisanes. Je crois que cela s'est vu en effet, lors des incidents de la gare du Nord où les média sont restés sur place comme le dispositif très lourd en prévision des incidents prévisibles de la soirée.
Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de provoquer quoi que ce soit, ce serait beaucoup trop dangereux (compromettant). Il y a quotidiennement suffisamment d'incidents sur lesquels il suffit de donner un coup de projecteur médiatique pour que cela démarre spontanément.

Archibald

@ Malakine

Nous nous sommes mal compris. Quand je dis que Todd a réglé son compte à un certain "républicanisme" (que je ne peux que mettre entre guillemets), je veux dire que tout individu sérieux, mesuré, non inutilement nostalgique (moi :-) ) sait désormais que ce courant, et encore davantage ceux qui tentent de le représenter ou de faire du marketing avec (c'est au fond la même chose avec eux) n'a rien à proposer, sinon une intransigeance de façade, aussi péremptoire que dérisoire.
Je suis, désolé de le dire, assez déçu que tu ne remarques pas à quel point leur dénonciation du "politiquement correct" leur sert de pensée, quel que soit par ailleurs leur talent rhétorique (évidemment qu'ils plaisent à quelques demi-intellectuels agités qui, ayant renoncé à régler les problèmes économiques, se concentrent sur des lieux communs soi-disant fédérateurs).

Sur ce que j'ai lu venant de Lieft, je maintiens que je ne comprends pas ton ire. On dirait que tu te sens insulté par ses propos.

Gracchus

MA CONTRIBUTION (fin de nuit) SUR ALAIN SORAL

Soral est un cas complexe, et je crois qu’il faut revenir à ses bouquins –souvent excessifs, jamais anodins- pour cerner le personnage.
Parler de lui en terme de « stalinisme » de « fascisme » voire de « républicanisme » n’a pas grand sens parce que ce n’est absolument pas un homme d’appareil. Ceux qui l’ont affublé du surnom de « Doriot des banlieues » devraient plus se renseigner sur la biographie de Doriot.
Soral n’a jamais raté la dernière marche lui permettant de prendre la tête d’un grand parti politique (en 1935 Doriot était dans le peloton de tête juste derrière Thorez au sein du PCF). Tout au plus a-t-il eu un rôle complètement informel de faire-valoir culturel dans le sillage de Marine Le Pen. Il n’a donc pas de revanche à prendre de ce côté-là.
Soral se définit lui-même comme « un déclassé » et il apparaît bien comme un échantillon très représentatif de cette frange masculine de la société qui a le plus souffert des mutations économiques et sociologiques des dernières décennies (l’irrésistible montée en puissance des femmes en particulier).
Il faut croire que cette situation l’a suffisamment marqué au point de l’empêcher de se fondre dans le système médiatique, bien qu’il avait de toute évidence les dispositions requises pour cela (présence physique, bagout, maîtrise du jargon psychosociologique et sens de la provocation calculée). C’est plutôt de ce côté qu’il a une revanche à prendre, et dans une problématique personnelle qui lui donne toujours l’air de jouer perso, en tant « qu’agitateur depuis 1984 » comme il le revendique.
J’ai l’impression que son club est un nouvel avatar de sa stratégie personnelle de toréador, expert en maniement du chiffon rouge, face au système médiatique avant tout. Qu’il se fasse appeler « Président » dans cette structure n’est donc pas plus signifiant que jadis Georges Bernier, auto révéré sous le titre du Professeur Choron.
Je crois que la clé du personnage se trouve dans l’un des premiers livres qu’il a écrit : « Sociologie du dragueur ». Alain Soral, par revanche personnelle, est resté fondamentalement un séducteur et un « grand méchant homme » (Don Juan).
Seul l’objet de ses avances a changé. Aujourd’hui, il a entrepris de séduire la population jeune des cités avec la même opiniâtreté qu’il chassait la bourgeoise sur les boulevards dans sa jeunesse avec un en train revanchard (c’est en l’observant à une réunion lors de son passage dans ma ville que cette idée s’est imposée à moi, comme une évidence). Ce jeu est même probablement plus satisfaisant pour lui puisqu’il peut y jouer autant de son physique que du maniement des concepts, ses deux péchés mignons.
Force est de constater que cela marche, ce qui montre que le personnage ne manque ni d’envergure ni de talent et doit être pris en considération. Soral est indéniablement l’un des rares personnages publics (je ne dis pas politique, parce que je le répète, il n’est qu’à moitié dans le champ politique) qui arrive à nouer le dialogue avec les jeunes des quartiers, ce qui n’est pas un mince exploit quand on porte l’étiquette d’un sympathisant notoire du FN.
Mes préventions contre lui sont d’abord –et accessoirement- sa prétention à se réclamer du peuple, au sens « populo » du terme, un tic insupportable qu’il a du garder de son passage au PC du temps jadis.
Le peuple d’Alain Soral a la saveur nostalgique et ridicule de la casquette de Patrick Bruel lorsqu’il susurrait du Jacques Prévert (c’était au lendemain d’avril 2002. Les bobos cherchaient eux aussi à renouer le contact avec le peuple de leur rêve). Et il ne peut en être autrement puisque comme lui-même l’a maintes fois avoué, l’obsession de sa vie a été d’échapper au travail salarié. En clair et pour égaler sa vulgarité récurrente, il n’a jamais branlé autre chose que son anatomie, et les mutations immenses qui ont affecté le vrai peuple de France au travail n’ont pu qu’échapper à son entendement.
Les prolos d’aujourd’hui ont souvent la même apparence tenue professionnelle et la même mentalité sociale que ces petits bourgeois du secteur tertiaire qu’il ce complait à fustiger de manière volontiers ordurière (« avachis devant leur télé avec guère d’autre plaisir que sodomiser leurs chiens d’attaque » avait-il dit un jour dans l’une des vidéos de son site).
Leurs conditions de travail ont subi le même coup de boutoir donné par la mondialisation libérale. Tenaillés par la flexibilité et autres contraintes du flux tendu, ils doivent être aussi soumis et séduisants face aux exigences capricieuses d’une clientèle tout autant investie qu’eux-mêmes du narcissisme contemporain.
A supposer que la France se réindustrialise franchement un jour, le prolétaire de l’avenir ne ressemblera plus de tout façon à son vieil aïeul du « Jour se lève » de Marcel Carné. Jean Gabin est bien mort à la guerre, on l’a enterré avec sa clope et sa casquette.
Impossible de comprendre la victoire de Sarkozy en 2007 si l’on ne tient pas compte aussi de cette irréversibilité là (à sa décharge, Soral est en bonne compagnie. Quand Todd dans « Après la démocratie » n’a d’autre recommandation à donner aux classes populaires inférieures que « sortir de leur autisme », il est visiblement dans le même brouillard).
Plus grave chez Alain Soral est ce qu’il faut bien appeler un « antisémitisme de dérive » toujours plus prononcé.
Je sais qu’il s’en défend et brandit ostensiblement le parapluie de « l’antisionisme », une attitude intellectuelle que je suis tout à fait prêt à recevoir. Mais ce qui est probablement sans arrière pensée trouble chez certaines personnes de sa mouvance (je pense par exemple à l’excellent Michel Drac) est chez lui « trop ostensible pour être honnête », comme l’a justement dit Yann sur son blog il y a peu de temps.
Soral nourrit l’idée bizarre que le Communautarisme juif a servi de matrice à tous les autres, alors que les indéniables signes de repli affectant celui-là ne sont à l’évidence que l’un des symptômes du malaise identitaire qui a saisi récemment toute notre société. Il affecte d’ignorer aussi qu’au cœur de l’identité juive se trouve un fait notable : le judaïsme a cessé d’être une religion prosélyte depuis près de deux millénaires, ce qui n’est pas le cas du christianisme et à fortiori de l’islam. Dans sa dynamique propre le communautarisme juif ne peut donc constituer une menace sérieuse, cela d’autant plus qu’il a toujours présenté une face « domestique » (privé) au sein de la république.
La situation géopolitique internationale, particulièrement au proche orient (et sur laquelle il dit souvent des choses recevables), le conduit alors à brandir le vieux spectre du « lobby juif » national et international, sans qu’il puisse caractériser précisément ce dont il s’agit (je me souviens d’une séquence d’un débat avec Elisabeth Levy –grande gueule activiste qui n’a souvent rien à dire, je ne suis pas fan d’elle, je le précise- où il n’avait visiblement que sa conviction scandalisée à exprimer sur le sujet).
Sans être naïf sur les solidarités efficaces qu’Israël entretient à travers le monde, il faut observer qu’elles sont tout de même très composites. Aux USA, le plus ferme soutien présumé à l’état juif, le pont entre l’extrême droite évangélistes et messianiste et l’aile intégriste de la diaspora juive ne concerne qu’une petite frange de celle-ci. Il est connu d’ailleurs que plus des deux tiers des juifs américains ont voté Kerry en 2004 et Obama en 2008.
Il est impossible devant de telles idées de ne pas penser à l’alliance « occulte » (forcément occulte) de la finance et de la « juiverie » internationale de nos arrière arrières grands papas !
La manière dont notre civilisation appréhende l’argent a des racines indéniablement religieuses et bibliques en particulier. Mais faire des juifs les uniques dépositaires de cet archétype n’a pas de fondement.
D’où Alain Soral tient-il cet antisémitisme franchouillard et rétro, mystère ? On dirait par moment qu’il le professe malgré lui. A-t-il ramassé un magistral coup de parapluie par une belle bourgeoise juive du temps où, bel éphèbe, il draguait sur les boulevards chic ?
La solution du problème se trouve peut-être dans le logo même de son mouvement. Il y a en effet une étude « toddienne » à faire de cette formule « Egalité et Réconciliation ».
Toujours dans Après la Démocratie, Todd exposait que le sentiment d’égalité au sein d’un peuple se développait volontiers par rapport à un sous peuple à vocation de bouc émissaire (ou un « schmurtz » suivant la pièce géniale de Boris Vian « Les bâtisseurs d’empires »). Les américains blancs se sont d’autant plus retrouvés sur la même marche qu’ils avaient les noirs à l’échelon inférieur, les « aryens » du Reich les juifs, les juifs israéliens les palestiniens etc.
On peut ainsi se demander sur le dos de qui va se réaliser la réconciliation égalitaire que Soral appelle de ses vœux entre les jeunes des quartiers à dominante musulmane et le reste du peuple de France. J’ai bien peur en effet que les appels à la croisade contre « l’empire » de notre Alain national ne désigne aussi un ennemi intérieur bien connu que cette levée en masse dépasserait complètement.
En se lançant dans l’aventure d’ER et son entreprise de séduction d’une population marginalisée, Alain Soral semble avoir rompu avec son passé d’écrivain « agitateur » et franc tireur iconoclaste, pour rentrer dans un autre engrenage qu’il ne maîtrise plus complètement. D’où aussi les positions étranges qu’il a pu défendre ses derniers temps, tel que l’ineffable « le voile plutôt que le string ».
Sa défense du quick hallal populaire face au Mac Do impérialiste, si elle est habile face à son public, vaut aussi son pesant de balourdise intellectuelle. Je lui conseille de lire l’ouvrage de Patrick Haenni, paru en 2005 à la République des idées, « L’islam de Marché » qui montre l’étroite parenté de l’expansion de l’islam sous ses aspects économiques et la « révolution conservatrice » américaine. Il y avait eu bien auparavant le très beau livre (et passé inaperçu) de l’ancien prix Nobel VS Naipaul « Jusqu’au bout de la foi » qui désignait tout autant l’Islam comme une facette moderne et à part entière de la mondialisation. Kebbab, Pizza, Big Mac, même combat !
Que faire donc d’Alain Soral ? Malgré tous ses aspects contestables, et dont certains doivent être combattus fermement, sa démarche reste intéressante et originale dans un contexte de démission politique généralisée face aux ratés insondables de l’intégration.
Il lui reste un cap à franchir dans sa longue quête initiatique qui n’appartient qu’à lui : cesser de courir après lui-même et se mettre objectivement au service d’une restauration réelle de la république. Il peut encore le faire, c’est un bon écrivain (son « Misère du désir » était aussi bon que les meilleurs Houellebecq), et un conférencier hors pair.

Archibald

@ Gracchus

Quelle inspiration! Bravo!
Trop de choses dans votre brillante intervention pour que je puisse répondre à chacune en peu de phrases.

Je n'ai jamais vraiment lu Soral, car son ton m'est insupportable: un talent polémique certain (qui est aussi sa limite intellectuelle), un narcissisme agressif qui lui fait préférer la posture tapageuse (c'est très viril, une posture, mais moi, j'ai toujours trouvé les toréadors d'une féminité ridicule) au scepticisme qui caractérise à mes yeux toute pensée digne de ce nom. Il me fait parfois penser aux révolutionnaires décrits par Chateaubriand.

Cela dit il me fait aussi parfois rire quand il s'attaque à la féminisation de la société. Et j'ai bien aimé son film "Sociologie du dragueur", qui a un charme certain (notamment en raison de son côté un peu raté, et Tagmaoui est très bon).

Malakine

@ Archibald

Insulté ? Comme tu y vas. Disons seulement agacé, car les réactions sur le mode "faut pas dire ce mot, parce qu'il fait penser à untel et il ne faut surtout pas d'amalgame avec untel qui est infréquentable parce qu'il est ceci ou cela ..." Franchement ça m'énerve.

Tu réagirais comment si je te disais qu'il ne faut pas utiliser le mot Fraternité parce qu'il évoque Ségolène Royal ?

@ Gracchus

Merci infiniment pour ce portrait juste et équilibré de Soral. Je ferais juste deux remarques.

Il n'a pas rompu avec sa carrière d'écrivain essayiste. Il a un ouvrage en chantier qui devrait sortir à l'automne qui devrait s'intituler "Comprendre l'Empire"

Son antisonisme tend effectivement à virer à l'antisémitisme un peu obsessionnel. Dans son premier abécédaire, j'ai eu l'impression qu'il s'en servait pour faire de l'Humour. Dans le second, il était déjà plus dérangeant. Néanmoins, ce coté obscur de son personnage me semble clairement une stratégie pour tendre la main aux populations musulmanes. Je refuse de m'arrêter à cet aspect car ce discours m'a fait prendre conscience, bien mieux que le discours de Todd dans Après la démocratie, sur le danger extrême représenté par la montée actuelle dans les milieux bien pensant de l'islamophobie et de l'arabophobie. En ce qui me concerne, je préfère cent fois, sa position qui consiste à vouloir faire une place dans la nation française à un islam francisé (tout en restant très sévère sur la culture des cités et les "zyvas") que le discours identitaire de quasi guerre civile qu'on entend de plus en plus.

@ Archibald

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ses bouquins, notamment les deux abécédaires qui m'ont beaucoup fait rire. "Misère du désir" aussi. J'attends le prochain avec impatience.

Archibald

@ Malakine

Ca tombe bien, je déteste ce mot dès qu'il est employé par un politique ou un intellectuel, dès qu'il n'est pas employé pour rendre compte d'une expérience personnelle.
J'y ai toujours perçu du ségolénisme, que je détestais avant même que Ségolène Royal ne commençât à sévir.

Il y a nécessairement une limite intellectuelle chez quelqu'un qui se veut "contre le système". Quelle que soit sa "sincérité", on voit qu'il ignore tout de ses propres motivations, ou mieux, qu'il ne veut pas les connaître. Ce qui n'est pas choquant en soi le devient dès qu'on veut avoir en tout le dernier mot. Il y a une réelle affinité entre Soral qui s'en prend "au système" et Legrandin qui "tonne contre les snobs":
"Et certes cela ne veut pas dire que M. Legrandin ne fût pas sincère quand il tonnait contre les snobs. Il ne pouvait pas savoir, au moins par lui-même, qu'il le fût, puisque nous ne connaissons jamais que les passions des autres, et que ce que nous arrivons à savoir des nôtres, ce n'est que d'eux que nous avons pu l'apprendre. Sur nous, elles n'agissent que d'une façon seconde, par l'imagination qui substitue aux premiers mobiles des mobiles de relais qui sont plus décents."(Proust, Du côté de chez Swann)

reno.th

Excellente analyse de Malakine sur la conception de l'état par Sarkozy... On est vraiment gâtés par nos politiciens : Chirac a toujours su conquérir le pouvoir, mais n'a jamais su quoi en faire et Sarkozy l'utilise à son seul avantage...
Avec la complicité trop longtemps bienveillante des médias qui nous ont bassinés avec Carla qui se croit chanteuse, le fiston Jean qui se veut politique et ensuite le père Pal qui se prend pour un artiste...quelle famille !!!...

Sur la seconde partie, je crois aussi que Sarko essaie une nouvelle fois d'instrumenter la sécurité. Mais là où j'ai plus de doute, c'est que çà puisse fonctionner pour sa réélection. Les français ne sont pas dupes et comprennent que ce discours tenu sans relâche depuis 2002, ne s'est jamais concrétisé dans les faits, bien au contraire... le procédé est éventé !!...
on voit que ses dernières interventions ne réussissent pas à inverser la tendance : les gens sont déçus par ce type qui n'a su faire que des promesses et n'en a tenu aucune, qui parle mal, se comporte mal, fait rire au delà de nos frontières (et c'est peut être ce que son électorat accepte le moins facilement parce que sa heurte sa conception gaullienne de la France).

Narvic

Il ne faudrait peut-être pas exagérer la cohérence personnelle (et intellectuelle) du personnage Soral, qui à mon avis se cherche lui-même, depuis bien des années, beaucoup plus qu'il ne réussit à se trouver.

Son parcours est erratique. On peut lui trouver quelques constances, mais que ça ne fasse pas oublier les errances brouillonnes qui le caractérisent par ailleurs.

Juste pour la bonne bouche (et un peu de nostalgie), le Alain Soral de 1984, quand, âgé de 24 ans, le dandy, qui se présente comme sortant des Beaux Arts et étudiant à l'EHESS, co-écrit un livre (plaisant par ailleurs)... sur la mode : http://twitpic.com/1ic5rj/full

Le noeud pap et surtout les chaussures, très virils vous en conviendrez, me semblent assez loin de l'image qu'il s'est construit par la suite...

Archibald

@ Narvic

Excellent. Cela illustre très bien ce que je pense du personnage (qui a certes des qualités), et que j'ai tenté de faire sentir en citant le passage de la Recherche.
"Une posture, vite, une posture qui en impose, que je puisse en être!". Telle semble être la devise de ce Narcisse écorché, trop ambitieux pour être lucide, trop intelligent pour voir ses ambitions vite satisfaites, mais pas assez pour renoncer à la gloriole.

Gracchus

(Je sors d'une intervention ORL et j'ai du mal à voir l'écran)

@ Narvic & Archi.

Oui... Bon... Qui n'a pas été un peu Rastignac à 25 piges (surtout pendant cette époque pourrie des années 80) ? Il vaut mieux qu'il ait eu son parcours plutôt que l'inverse, un chemin sur lequel on s'est bousculé dans l'univers médiatique. Vous voulez que je vous montre des photos de Serge July vendant "La cause du peuple" à Bruay en Artois en 1972 ?

@ Malakine

On est donc d'accord sur le personnage, ses qualités et ses travers. Juste un point cependant : dans une république laïque on a bien le droit d'être islamophobe, sauf s'il s'agit d'un cache-sexe à l'arabophobie bien sûr. Tartuffe m'a fait ricaner quand j'avais 15 ans, je ne vois pas pourquoi je n'aurais pas le droit d'en faire autant avec "Bilal" (Ribery).

des pas perdus

Belle démonstration.

L'insécurité mise en scène a bien fonctionné en 2002 et 2007. Le film était un peu différent... Je doute que Sarkozy puisse gagner en jouant sur les mêmes ressorts qu'en 2007 avec l'épouvantail des banlieues.

Je pense qu'il va jouer à fond la thématique de l'identité en appuyant là où ça fantasme le plus avec la burqa, la polygamie...

Pullo

@Gracchus
En France, l'islamophobie sert (presque) toujours de cache-sexe à l'arabophobie, vous le savez bien. Surtout en ce moment avec l'affaire de la conductrice en niqab dont le mari naturalisé serait un polygame...

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