Alors que les gouvernements tentent de rassurer les opinions en annonçant la sortie de crise pour la fin de l’année, Patrick Artus vient de doucher ces accès d’optimisme par quatre notes successives qui prédisent au contraire une crise durable à caractère irréversible. Pour cet économiste inclassable, les causes de la crise sont toujours là et continueront à produire leurs effets au cours des prochaines années. C’est le système qui est en cause et malheureusement celui-ci n’est pas réformable. Il va falloir dire adieu à la croissance !
Rappelons en préambule qui est Patrick Artus : Directeur de la recherche chez Natixis et auteur de nombreux essais aussi pertinents et pédagogiques, il porte un regard particulièrement lucide sur la mondialisation. Il formule notamment un diagnostic de la crise en tout point identique à celui des économistes hétérodoxes (Lordon, Sapir, Gréau…) sans pour autant les rejoindre dans leurs conclusions. Artus est en particulier un opposant déterminé au protectionnisme.
Dans une première note du 24 avril (1), il décrit la crise comme l’épuisement d’un modèle caractérisé par les éléments suivants :
- Capitalisme de type « anglo-saxon », avec gestion des entreprises au profit des seuls actionnaires : recherche de la rentabilité à court terme, déformation du partage des revenus, excès d’endettement, sous-investissement, délocalisations, désindustrialisation, créations d’emplois dans des secteurs à faibles productivité (services à la personne…)
- Faiblesse des salaires (à l’exception de ceux d’une minorité) compensée par le crédit, c’est-à-dire « économie d’endettement » où la demande est stimulée par le crédit,
- Forte croissance des postes de la demande liés au crédit (investissement logement, biens durables, dont automobile), de l’emploi dans les secteurs correspondants (construction, automobile, biens d’équipement, services financiers)
- Forte croissance de la consommation des matières premières (avec le boom de la construction, des transports).
La sortie de crise nécessite alors une rupture avec ce modèle, afin notamment d’asseoir la croissance sur la hausse des revenus et la création d’emplois qualifiés et productifs. Cependant, Artus se montre extrêmement pessimiste sur la possibilité d’un changement de modèle. Pour lui, rien ne pourra remettre en cause le capitalisme actionnarial tant que les investisseurs seront en concurrence pour continuer à exiger des entreprises des rendements toujours plus importants. De même, les délocalisations des emplois productifs dans les pays à bas coûts lui semblent irréversibles. La création d’emplois à productivité élevée devra donc attendre une nouvelle révolution technologique(2). Enfin, la recherche d’une économie plus sobre en matière première se heurte à l’inertie des structures de consommation, notamment l’urbanisme et l’habitat.
Dans une seconde note du 30 avril, il enfonce le clou en évoquant un scénario noir, qu’il juge tout à fait probable, où la reprise économique serait tout simplement inexistante. Pour cela, il suffirait que soient réunies les conditions suivantes :
- Poursuite de la remontée du taux d'épargne des ménages (désendettement,
- Dégradation de la situation financière des entreprises avec effets sur l'emploi et l'investissement,
- Coût restant élevé du crédit (ce qui sera le cas si les gouvernements ne parviennent pas à réduire les coûts de financement des banques)
- Remontée des prix des matières premières (qui ne touche pour l'instant que les métaux).
Aujourd’hui, 5 mai, il va plus loin encore en mettant en cause les politiques budgétaires expansionnistes des Etats, qu’il juge irresponsables et dangereuses. Irresponsables car elles consistent à réagir à un excès d’endettement privé par un excès d’endettement public. Dangereuse car la croissance ne sera pas au rendez vous au cours de la prochaine décennie. Pour Artus, une fois que la croissance ne sera plus dopée par l’endettement (public ou privé), elle retrouvera sa valeur normale. En fonction des gains potentiels de productivité et de l’évolution de la population active, il chiffre celle-ci à 2.25 % aux Etats-Unis, 1.75 % au royaume uni, 1.25% en France et en Allemagne à 0.5 % en Espagne et 0% en Italie !
La croissance à partir de 2011 ne permettra donc pas de réduire les déficits qui auront été creusé sous couvert de relance et qui finalement n’auront fait que repousser le problème de quelques années. Le soutien artificiel de la demande pendant les années 2009-2010 sera effacé dès 2011-2012 lorsqu’il faudra augmenter sérieusement la pression fiscale pour contenir l’endettement public.
Une autre note du même jour est encore plus pessimiste, puisqu’elle intègre un nouveau facteur récessif : l’absence d’anticipation par les entreprises d’une réelle reprise dans les pays développés. Ce pessimisme (justifié) conduira à une stagnation des investissements et de nouvelles compressions d’effectifs (donc une nouvelle baisse de la demande). Pire que cela, le marasme persistant des pays développés conduira les entreprises à engager un nouveau train de délocalisation afin de bénéficier des coûts de production plus faibles des pays émergents. Les entreprises multinationales se détourneront définitivement de ces zones où les débouchés sont si peu dynamiques (ce qui pèsera sur la croissance et la demande globale).
Patrick Artus conclue rarement ses notes, comme d’ailleurs ses bouquins, par des préconisations. On retrouve d’ailleurs souvent avec lui dans une situation d’impasse intellectuelle : La mondialisation nous conduit dans le mur, mais tout autre système (en clair le protectionnisme) serait encore pire ! On aurait cependant tort d’ironiser sur cette impasse et de sous estimer le caractère irréformable de la mondialisation.
Ce système a ceci de particulier qu’il est fondamentalement non régulable. Les forces qui le dominent n’ont face à elles aucune force contraire capable de les tempérer. Elles se nourrissent d’elles-mêmes dans une spirale infernale et sans fin. La concurrence généralisée tire tout vers le bas (salaires, charges, impôts, normes) sans qu’aucun mécanisme de marché ne puisse favoriser une harmonisation par le haut. Les exigences de profitabilité de la finance ne font que s’accroître sous l’effet de la concurrence des investisseurs, sans que ni les manageurs (qui ont partie liée par leur rémunération) ni les salariés ne puissent s’y opposer d’aucune manière. Les spécialisations et les avantages comparatifs tendent à se renforcer jusqu’à l’extermination des concurrents. Les matières premières se consomment jusqu’à l’épuisement terminal…
Pour sortir de ce modèle, il est nécessaire qu’un pouvoir politique reprenne la main sur l’économie et corrige ou tempére ces forces du marché qui ont produit la crise et continueront à l’amplifier. Or, ce pouvoir politique n’existe plus ! La mondialisation s’est développée sur son effacement méthodique. On pourrait même dire que la mondialisation a d’abords été caractérisée par le transfert volontaire et conscient des Etats de leur pouvoir de régulation sur l’économie aux forces du marché (3)
Les derniers G20 ont clairement démontré que la réforme de la mondialisation ne pourra pas se faire grâce à une illusoire une gouvernance mondiale. Chaque grande puissance tient à conserver ses avantages comparatifs ou plutôt de ses rentes de situation, ce qui empêche tout consensus sur des réformes d’ampleur. Les Etats-Unis tiennent à conserver leur centralité monétaire qui leur permet de s’endetter sans contrainte. Le Royaume uni ne peut accepter que soit bridé le pouvoir actionnarial compte tenu du poids que représente la finance dans son économie. L’Allemagne et le Japon ne peuvent pas renoncer au libre échange compte tenu du caractère extraverti de leur économie et du déclin tendanciel de leur demande intérieure (sans parler de leur caractère culturel) La Chine et tous les pays émergents ne peuvent renoncer à l’avantage que représente leur main d’œuvre à bas coût et au moteur que représente les investissements productifs étrangers liés aux délocalisations...
A l’inertie des intérêts nationaux de court terme s’ajoute l’intérêt des classes dirigeantes, des oligarchies financières et des régions capitales, qui ont partout tiré le plus grand profit de la mondialisation, même si globalement leur pays pouvait en souffrir (ce qui est le cas de la France) Cela explique pourquoi les gouvernements, y compris ceux des pays perdants, s’attachent à rescussiter ce système en faillite.
La conjonction des intérêts nationaux et des intérêts de classe portées par les gouvernements des grandes puissances fait de la gouvernance mondiale de la mondialisation, un mythe. Le G20 ou demain une ONU économique ne pourra jamais que célébrer la mondialisation, jamais la réguler, encore moins la réformer. Tout juste pourra t-il s’accorder pour en déplorer les effets.
Reste l’Europe et l’espoir d’une prise de conscience collective qui verrait l’Europe s’abstraire des règles de la mondialisation pour redéfinir en son sein un système plus vertueux et plus stable. C’est l’hypothèse du « protectionnisme européen » auquel j’ai longtemps adhéré sous l’influence d’Emmanuel Todd qui en a été l’inlassable propagandiste au cours de la dernière décennie. Aujourd’hui, cette perspective m’apparaît aussi utopique que l’hypothèse d’une gouvernance mondiale.
Je développerais ce point dans mon prochain billet dans une critique du protectionnisme à l’échelle communautaire, qui est souvent présenté par mes camarades, et encore récemment Hakim El Karoui dans une série de billets publiés sur Marianne2, comme la seule forme de protectionnisme sérieusement envisageable.
Malakine
(1) Je ne remercierais jamais assez Pascale Fourrier de m’avoir vivement incité à suivre avec attention et régulièrement les notes-Flash de Patrick Artus. C’est effectivement une mine ! Malheureusement ces notes disparaissent vite. Celle que je cite n’est déjà plus sur le site.
(2) A supposer que ces emplois productifs liés se localisent bien cette fois dans les pays développées.
(3) Jean Luc Gréau explique cette séquence historique qui s’est déroulée dans les années 70 par l’épuisement du modèle keynésien. Les entreprises de l’époque étaient devenues moins efficaces et trop bureaucratisée. Les Etats ont donc voulu les réveiller en les mettant sous la pression de la bourse et des exigences des actionnaires.
(4) Pour les plus jeunes, je signale que la photo d'illustration est liée à une célèbre émission du milieu des années 80 présentée par Yves Montant et qui avait pour objet d'expliquer au bon peuple de France le bien fondé du virage de la rigueur, ce qui a entraîné progressivement la conversion de la France au système néolibéral, à force de libéralisation et de construction européenne.
Et à l'intérieur de l'Union Européenne ?
Que se passe-t-il à l'intérieur même de l'Union Européenne ?
Réponse : le dumping social.
D’un côté, la fermeture annoncée de l’usine Continental de Clairoix (Oise), dans un an - la faute à la crise, selon la direction du groupe.
De l’autre, un groupe Continental qui recrute, en Roumanie, des ouvriers, des cadres et des ingénieurs. Enquête et reportage sur la stratégie et le double discours de l’équipementier automobile…
Timisoara, à l’extrême ouest de la Roumanie. Une usine Continental qui fabrique des pneus. Le site n’est pas sans rappeler celui de Clairoix (Oise), à quelques détails près : à Timisoara, ni banderoles syndicales ni pneus qui flambent, car cette usine n’est pas menacée de fermeture.
Bien au contraire : on embauche, comme l’attestent cette petite annonce parue dans le Timis Express, le journal local, et la pancarte située à l’entrée de l’usine : "Continental embauche des ouvriers opérateurs de production, des ingénieurs dans le département technique, des chefs d’équipe et des ouvriers chargés de l’entretien des pièces métalliques".
Du côté de la direction de l’entreprise Continental, on relativise ces embauches. Expliquant qu’il s’agit avant tout de faire face au "turn over", aux départs nombreux et réguliers de personnels roumains, qui choisissent de quitter Continental. En clair, ce ne sont pas, dans tous les cas, à proprement parler, des créations de postes, explique le patron de Timisoara Thierry Wipff. Pour la petite histoire, ce manager français est l’ancien directeur de l’usine Continental de Clairoix. Aujourd’hui, il dirige le site de Timisoara qui a ouvert il y a 10 ans et qui emploie 1.200 personnes. Un site qui va d’ailleurs continuer à se développer pendant trois ou quatre ans.
Et lorsque l’on titille Thierry Wipff sur le registre de la délocalisation, il tente de justifier la stratégie industrielle de son groupe. Pour fournir des pneus au franco-roumain Dacia, il faut fabriquer sur place, en Roumanie, affirme-t-il. Donc, "de mon point de vue, il n’y a pas délocalisation", se défend le directeur de l’usine roumaine.
Pourtant, pour Ioan Petrisor, professeur d’économie à l’université de Timisoara, il n’y a pas de doute sur la stratégie de l’équipementier allemand : pour lui, c’est clairement une "stratégie de délocalisation", justifiée par les prix de revient. Un pneu roumain revient à cinq euros, contre environ neuf euros pour un pneu français, selon un document interne de Continental publié récemment par le Courrier Picard.
Ces prix bas roumains s’expliquent en grande partie par le coût du travail local. Selon Stefan Gogochanu, le dirigeant de la confédération syndicale Alfa à Timisoara, les salaires chez Continental sont compris entre 1.200 lei et 1.800 lei, soit 280 à 420 euros. Vu de France, c’est peu. Vu de Roumanie, ce n’est déjà pas si mal, c’est au-dessus du salaire moyen des ouvriers.
Pour autant, les salaires et les prix de revient low cost de Timisoara ne constitueront pas longtemps une assurance-vie pour l’usine. Car la crise qui frappe le secteur automobile pourrait contraindre Thierry Wipff à mettre son personnel au chômage technique pendant une semaine, dès Pâques.
Florent Guyotat.
http://www.france-info.com/spip.php?article271076&theme=14&sous_theme=15
Rédigé par : BA | 05 mai 2009 à 21:06
@Malakine
Doucement mais surement tu te rapproche de mes positions mon cher Malakine. Et oui le protectionnisme à l'échelle européenne est impraticable, Sapir lui aussi a précisé à de multiples reprises qu'il n'y croyait guère. Maintenant il reste une solution je dirait pragmatique on sort de l'UE avec qui voudra nous suivre, on propose aux autres nations la création d'une nouvelle organisation européenne et on laisse tomber l'ancienne purement et simplement. L'Espagne qui a de trés gros problèmes pourrait faire un allié de choix tout comme l'Italie, nos économie étant relativement semblable un accord entre nous est possible, et on refait une politique de protectionnisme collectif un retour à la préférence communautaire. Alors ce sera moins gros que l'UE actuelle mais beaucoup plus cohérent et efficace. D'ailleurs Sarko a toujours dans ses valise son union méditerranéenne çà colle assez à cette idée.
En tout cas je crois qu'il faut tirer un trait sur le couple franco-allemand c'est une supercherie, et une relation sado-masochiste avec la France qui joue le rôle du maso. Nos pays diverges trop fortement pour trouver une quelconque entente, il faut faire un divorce à l'amiable avant d'assister à des disputes plus musclé dirons nous.
Petite précision l'épuisement du modèle keynésien dont tu parles est en fait le fruit d'une baisse des gains de productivité annuelles visible dès les années soixante. C'est tout simplement lié au fait que la technique n'arrive plus à faire les mêmes prouesses qu'au sortir de la guerre. Or les hausses de salaire et des revenues des actionnaire et des entreprises avaient prie une habitude pendant des trente glorieuse qui ne pouvait plus se maintenir avec le ralentissement du progrès technique. C'est bien la technique qui impose les contraintes au reste de la société, avec le ralentissement des gains de productivité les entreprises ont commencé à ronger les actionnaires et leur dividendes. La contre réaction fut le néolibéralisme qui servit de socle à la diminution des parts salariales pour rendre aux actionnaires tout leur poids, tu connais la suite. Quand le gâteau stagne il faut bien prendre une part ailleurs pour augmenter sa portion, la magie des trente glorieuses fut que l'ont pu un temps contenter à la fois salarié et actionnaire ce n'est plus le cas aujourd'hui. J'ose à peine imaginer les réactions si le gâteau diminue de taille.
Rédigé par : yann | 05 mai 2009 à 21:14
Sarkoey est un guignol stupide et borné qui s sert de l'Europe pour faire oublier sa nullité...
No comment pour le reste!
Rédigé par : Philippe | 05 mai 2009 à 22:26
Il apparait que la politique néolibérale s'est fondée sur une théorie des vases communicants, un transfert de stocks diachronique. A savoir éponger les accumulations vers les pays en sous stock. Freud avait utilisé aussi ce modèle des vases communicants, théorie simple et aussi pas si simple.
Même le programme TEPA de Sarko était analysable sous cet angle, et la majorité a voté pour cette absurdité...Même le simple bon sens de l'épicier est leurré.
A priori ça relève des équations différentielles les plus simples.
Ces équas dif englobent tout ce qui se passe, même au premier degré, mais ça se voit pas. Warum nicht ?
Rédigé par : olaf | 05 mai 2009 à 23:41
Il ne me semble pas qu'instaurer une taxe protectionniste, si elle ne touche d'aux pays hors-UE, soit interdit. Mais je me trompe peut-être.
Le protectionnisme européen ne viendra pas de l'Europe, mais si un pays met en place une taxe sur le dumping social, les autres pays pourraient la mettre en place également. Les gouvernements européens s'observent et s'inspirent les uns des autres !
Pour le dumping social a l'intérieur même de l'UE, il semble que les salaires progressent très vite dans les pays d'Europe de l'Est (les premiers à être rentré dans l'UE surtout). On peut penser qu'à moyen-terme on aura un nivellement du rapport productivité/coût.
Rédigé par : EtienneB | 06 mai 2009 à 06:24
@ Yann @ BA
Si vous permettez, je réserves mes commentaires pour le billet qui sera consacré à l'impossibilité d'un protectionnisme communautaire.
@ Etienne B
La théorie du rattrapage des pays émergents ne fonctionne pas. Au contraire, on a vu depuis le début du libre échange les positions s'accentuer. Lorsque ton avantage comparatif est une fiscalité basse, une absence de normes ou des salaires très bas, tu t'arranges pour les conserver et les accentuer.
Idem pour les entreprises. Une multinationale qui s'installe en Irlande ou en Roumanie pour son low cost ne vient pas dans l'idée d'augmenter les salaires. Si ceux -ci augmentent par des décisions gouvernementales ou des luttes sociales, elle partira sous des cieux plus clément.
Rédigé par : Malakine | 06 mai 2009 à 10:01
Je vous recommande une BD, Vlad (6 volumes) auteurs Volf et Griffo.
Vlad, Vladimir Zolkoff (ukrainien)ancien capitaine des forces spéciales russes, erre dans une Russie des années 2030 en proie aux pires tourments et lutte contre un complot de dimension mondiale...
Pronostic et conclusion édifiantes et térifiantes.
Je sais je ne suis pas sérieux, mais franchement devant la tournure que cela prend...
100% en accord avec yann sur l'article précédent.
Pour moi le 7 mai abstention probable.
Buena suerte.
Rédigé par : ETDAS | 06 mai 2009 à 15:59
@Malakine,
Je ne suis pas l'auteur du post d'hier 22 h.26.
J'étais absent de mon domicile.
Rédigé par : Philippe | 06 mai 2009 à 19:07
Repense un peu à ma taxe de libre-échange.
Elle a l'avantage d'être à la fois adoptable de manière unilatérale puisque, comme des taxes protectionnistes, elle peut être appliquée n'importe quand, et en même temps elle limite très fortement les possibilités d'escalade, qui sont le vrai danger du protectionnisme, puisqu'elle se fonde sur des calculs de parité ouverts et transparents.
Ce n'est pas la panacée, mais c'est un très grand premier pas vers une civilisation des échanges internationaux et la fin des manipulations monétaires comme arme.
Impressionné par ta capacité à faire un travail intellectuel et un chemin personnel sans idées trop préconçues.
Rédigé par : edgar | 06 mai 2009 à 20:19
@ ETDAS
Ah ben si on parle de BD sur Horizons maintenant ! :-) J'aime pas les BD mais je chercherais quand même ce bouquin la prochaine fois que je vais à la FNAC.
@ Philippe
Ca m'étonnait aussi. il porte pourtant ton adresse mail. Je me suis dit que tu devais être ivre mort quand tu l'as écrit.
@ Edgar
Je me souviens bien de ta taxe de libre échange fondé sur l'indice mac do. Je ne vais pas me lancer ce soir sur une théorie du protectionnisme. Si je le fais ça sera dans un bouquin. Mais en deux mots : Ta taxe ne concerne qu'un aspect des distorsions de la concurrence, le dumping monétaire. Il reste encore les dumpings sociaux, salariaux, fiscaux et environnementaux. Et quand bien même on arriverait par des taxes à rétablir l'équité des coûts, que cela resterait un système de libre échange mondialisé qui ne me conviendrait pas. On resterait avec une taille du marché mondiale et une division internationale du travail qui conduirait chaque région du monde à s'hyperspécialiser. Les dynamiques de la mondialisations seraient un peu atténuées mais elles demeureraient à l'action.
Oui c'est vrai. Je suis dans une démarche de recherche intellectuelle qui va hors des sentiers battus. Mais c'est normal. Depuis des années, je me définis comme protectionniste et "toddien". Dans ce courant de pensée, il n'y a pas énormément de penseurs et aucun parti politique. Il y a un certain consensus sur le diagnostic entre tous mais le modèle n'est pas suffisamment abouti pour constituer une alternative. Alors, forcément ça amène à chercher. J'essaie d'apporter ma pierre à l'édifice, notamment en faisant un travail de pont entre les uns et les autres, et parfois quand je peux j'essaie d'ajouter ma petite pierre.
Rédigé par : Malakine | 06 mai 2009 à 23:30
@Malakine,
Ou c'est un proche qui connaît mon adresse!
Je n'aime pas NS, le personnage agité et plein de tics qui ne connaît ni la France, ni la littérature, comme l'a dit Thomas Legrand (France inter) à propos du livre de F.Bayrou.
Mais de là à écrire ce post!
Rédigé par : Philippe | 07 mai 2009 à 10:10
Edgar a dit : "Impressionné par ta capacité à faire un travail intellectuel et un chemin personnel sans idées trop préconçues."
Cela me permet de citer une phrase que je trouve superbe de Philippe Bilger lue dans un très bon article ici: http://www.marianne2.fr/Bayrou,-NKM-et-la-liberte-de-penser_a179379.html
"Même sur le dérisoire, l'anodin, l'immédiat, l'intelligence fait la différence, et le caractère. Un inconditionnel, sur n'importe quoi qui va toucher de près ou de loin le champ de son obsession, ne sortira jamais de la grisaille au mieux, de l'accablant au pire. L'esprit libre, lui, pas englué dans les mécanismes rouillés de la révérence systématique, glissera toujours hors des sentiers battus."
@ Malakine
Comme j'ai eu l'occasion de te le dire, effectivement les Flashs de Natexis sont à recommander.
Je réitère ma question: pour qui roule Artus ?
Rédigé par : RST | 08 mai 2009 à 13:20
Pourtant les pays d'Europe de l'Est ont vu leur salaire médian augmenter sensiblement... Je pense que tu as raison dans un état non démocratique, comme la Chine. Et tu as aussi raison partiellement mais tu oublies qu'on se replace dans une perspective protectionniste, donc les entreprises qui partent en dehors de l'Europe perdent en rentabilité (puisqu'elles payent plus de taxes).
Rédigé par : EtienneB | 08 mai 2009 à 22:17
"Pour lui, rien ne pourra remettre en cause le capitalisme actionnarial tant que les investisseurs seront en concurrence pour continuer à exiger des entreprises des rendements toujours plus importants".
exiger: je crois que votre phrase touche le fond du problème: tant que les investisseurs auront le pouvoir d'exiger, rien ne pourra changer. La solution passe donc par la suppression de la notion d'action pour revenir aux obligations seules. Une banque, quand elle prête de l'argent, n'exige rien; elle n'attend que le paiement de ses traites à échéance, et n'a donc aucune influence sur la marche de l'entreprise.
Après tout, la finance est comme un jeu où les règles peuvent être définies comme on le veut. Si une règle du jeu ne marche pas, supprimons là tout simplement...
Rédigé par : xbrossard | 14 mai 2009 à 12:03