Lorsqu’avant ma pause, j’ai installé un sondage d’intention de vote préalable pour les élections européennes, l’idée était surtout de pouvoir mesurer sur un échantillon stable l’évolution des intentions de vote au cours de la campagne électorale, qui en principe, normalement, si tout se passe bien, devrait avoir lieu au cours de ce mois de Mai.
La photographie des intentions de vote de début de campagne appelle néanmoins quelques commentaires tant ils sont surprenants. Certes, le lectorat d’Horizons ne peut être considéré comme représentatif du corps électoral français. Il est dominé par un fort sentiment antisarkozyste. Il penche à gauche, mais surtout, il est en recherche d’une alternative au social-libéralisme européen représenté par le duopole UMP-PS. Néanmoins, l’offre est large, de la gauche radicale au souverainisme de droite. Et surprise ! Un mouvement émerge très nettement avec 32 % des suffrages exprimés : Le Front de Gauche de Jean Luc Mélenchon, très loin devant la liste Debout la République (16.33%) qui est pourtant le parti dont le programme est a priori le plus proche de la ligne éditoriale d’Horizons.
On est donc en droit de se demander si Mélenchon ne va pas réussir son pari de renouveler la gauche à partir d’une critique radicale du système.
Le politologue Eric Dupin analyse les enjeux des élections européennes de Juin en annonçant quatre batailles. Une bataille pour la première place entre le PS et l’UMP. Une bataille pour la seconde place entre PS et Modem. Et deux batailles pour le leadership des extrêmes, à gauche entre le NPA et le FG et à droite entre le FN et Libertas. Cette grille de lecture fait preuve d’un épouvantable classicisme qui réduit la vie politique à un exercice de géométrie unidimensionnelle et tient pour acquis la pérennité de la bipolarisation entre les deux grands partis de gouvernement. Je la laisserais donc volontiers aux analystes ronronnant de C dans l’air pour en proposer une autre, qui consiste à rechercher les premiers effets de la crise politique qui devrait logiquement suivre la crise économique et sociale que nous connaissons depuis l’été.
Selon cette grille d’analyse, les deux partis qui se sont succédé au pouvoir depuis trois décennies sur la base du “consensus de Bruxelles”, sont entrés dans une profonde crise idéologique, incapable de penser l’écroulement du système dans lequel ils avaient forgé leur catéchisme. La droite attend bêtement la reprise pour reprendre avec entrain son chant des réformes d’adaptation à un ordre économique pulvérisé par la crise. Quand à la gauche, pour reprendre l’excellente formule du sénateur Mélenchon, « Elle vit dans un monde qui n’existe plus : celui du compromis entre le capital et le travail dans un cadre national »
En toute logique, devrait progressivement émerger une nouvelle droite et une nouvelle gauche à partir d’une critique nouvelle du système néolibéral mondialisé. N’attendons pas en effet l’émergence d’une nouvelle force révolutionnaire qui balayerait droite et gauche comme deux faces d’un même tout. La pensée occidentale est dualiste. Le renouvellement des idées et des forces politiques aura nécessairement deux faces lorsque ces alternatives seront suffisamment matures et stabilisées pour renverser les rapports de forces dans leur camp.
A coté de la gauche et de la droite « officielles », on relève dans chaque camp deux courants dissidents.
A gauche :
L’écologie radicale décroissante :
On voit renaître une contestation écologique avec la liste Bové-Cohn Bendit qui tend à se définir comme une alternative à part entière, rompant ainsi avec l’héritage des verts qui se définissait comme l’aiguillon écolo d’une gauche plurielle dont le PS était le point central. Elle s’élève contre le productivisme et le consumérisme et veut profiter de la crise pour changer de modèle de développement.
Le socialisme néo-moderne
La scission à la gauche du PS qui a eu lieu au moment du congrès a vu l’émergence d’une nouvelle force « vraiment de gauche » sur le modèle allemand de Die Linke. Pour le parti de gauche, la crise est liée à l’épuisement du capitalisme néolibéral. Elle propose de réinventer une idéologie de gauche et un modèle de société pour le 21ème siècle, que son maître à penser Jacques Généreux, qualifie dans son dernier bouquin (1) de socialisme néo-moderne. Cette force s’appuie en réalité sur toute l’extrême gauche, plus radicale dans la contestation mais moins prometteuse sur le plan de l’alternative.
A droite :
Le républicanisme humaniste et conservateur
Depuis l’échec de son projet de rassemblement des meilleurs des deux camps sur une ligne rigoureusement conforme au consensus de Bruxelles, François Bayrou tente de se repositionner sur un créneau antisystème. Il s’agit toujours de dépasser le clivage gauche-droite (il faut bien justifier le positionnement au centre) mais cette fois, non plus pour en faire la synthèse mais pour le renverser (2). Il croit avoir trouvé sa doctrine dans ce que l’un de ses maîtres à penser, Jean François Kahn (l’autre étant Peyrelevade) appelle le centrisme révolutionnaire (3). Il s’agit plus modestement d’une défense du modèle républicain français contre le modèle anglo-saxon véhiculé par la mondialisation, dont Sarkozy serait le vecteur en France et dont la crise révèlerait l’impasse.
Le souverainisme nationaliste ou protectionniste
Le courant républicain et souverainiste est déjà ancien dans la vie politique. Dans les années 90, il fût représenté par Seguin et Chevènement puis par Villers et Pasqua. Aujourd’hui, il se subdivise en deux forces politiques distinctes, Libertas avec Philippe de Villiers à la sensibilité plus identitaire et Debout la République avec Nicolas Dupont-Aignan plus orienté sur la réforme du projet politique et économique de l’union européenne. Mais les deux ont en commun de proposer une rupture avec l’ordre économique mondial dans le cadre d’un protectionnisme européen.
L’enjeu premier de ces élections européennes sera de mesurer le rapport entre la droite et la gauche officielle et les dissidences de chaques camps. Lors des dernières élections en 2004, la droite et gauche parlementaires ont largement dominé leur camp avec des scores autour de 29 % (4) Cette bipolarisation tranquille a abouti au duel annoncé de 2007. En revanche en 1999, droite et gauche ont été dominés par leurs oppositions internes en plafonnant chacun à 22%, ce qui a conduit au 21 avril 2002 ! En raison du scrutin proportionnel, les élections européennes sont avant tout un révélateur du degré de stabilité ou d’instabilité du système politique.
Au cours des prochaines élections, il ne semble pas que l’hégémonie de l’UMP à droite puisse être sérieusement menacée. En revanche, un avis de tempête menace le parti socialiste. Pris en tenaille entre le conservatisme républicain de Bayrou, la radicalité de Mélenchon et la rupture écologiste, le PS n’a jamais été aussi prêt de l’effondrement.
A un niveau proche de son étiage (22%) en ce début de campagne, il semble déjà définitivement incapable de développer le moindre thème de campagne audible, si ce n’est d’appeler à une alternance anti-Barroso à laquelle personne ne croit depuis que les partis « socialistes » anglais et espagnols lui ont assuré de son soutien. De plus, aucun leader ne semble pouvoir s’imposer pour conduire cette campagne et y impulser une dynamique. Il est d’ailleurs probable que plus la catastrophe s’annoncera moins les vocations pour endosser la responsabilité de l’échec seront nombreuses.
De son coté, Bayrou avec la sortie de son bouquin a de nouveau la faveur de médias et s’impose de plus en plus comme l’opposant numéro 1 à Sarkozy. Mais c’est davantage du coté de Mélenchon qui vient la principale menace pour le PS.
Même si les sondages ne créditent encore le front de gauche que de 5.5%, il semble bien bénéficier d’une réelle dynamique soit en sa faveur. Les sondages montent. Mélenchon crève l’écran à chacune de ses interventions dans les médias. Et 15 économistes, parmi lesquels Jacques Sapir, viennent de signer un excellent texte de soutien intitulé « Pour sortir du dirigisme libéral » ce qui est un signe certain d’un début d’engouement des milieux intellectuels pour cette nouvelle gauche. Si les catégories populaires, toujours tardives à se manifester dans les sondages, se laissaient séduire par la gouaille de Mélenchon et son discours sans concession, un renversement brutal du rapport de force pourrait bien avoir lieu dans un remake des européennes de 1994, qui avaient vu le présidentiable du PS de l’époque (Michel Rocard) exploser en plein vol et ne jamais s’en remettre. Mais cette fois, ce ne serait pas seulement un présidentiable qui disparaitrait, mais le parti tout entier en tant que force d’alternance au niveau national.
Malakine
(2) Voir sur ce point l’analyse méritoire du nouveau bayrouïsme sur le blog de Jeremy Collado
(3) Voir le dernier essai de Jean François Kahn (L’alternative) que je ne saurais que déconseiller tant l’ouvrage est brouillon, bavard et fatiguant d’emphase et d’exaltation.
(4) En additionnant l’UMP et l’UDF puisque ce dernier n’était pas encore entré en dissidence.
Résultats complet du sondage :
- Votants : 166
- Abstention : 19
- Participation : 89%
Debout la République : 16.33 %
Parti Socialiste : 14.29 %
Modem 10.88 %
Europe écologie : 9.52 %
Parti anticapitaliste : 7.48 %
Libertas : 4.08 %
FN : 4.08 %
UMP : 0.68 %
ma grande expérience de Mélenchon me pousse à dire qu'il n'est pas socialiste. Il se DIT républicain, mais ses filtres et ses exclusives le rangent dans le camp des Nationaux. Un seul exemple : son programme, que j'ai lu ce midi, aux européennes joue sur les repoussoirs : non à ceci (cette Europe), non à cela (les Américains)
Bien plus, il n'y a rien sur l'économie, rien sur le développement des territoires, etc. Bref rien de l'école républicaine, donc rien de l'école socialiste.
Les gens vont peut-etre voter Mélenchon "pour envoyer un message", comme ils ont voté FN ou Besacenot "pour envoyer un message". Meme voter comme ça, c'est voter dans le paradigme politique des Nationaux.
Donc, à supposer que Melenchon devienne eurodéputé, comblant ce manque d'un siege (sénotorial) auquel il ne pouvait plus prétendre "au nom du PS" dans l'Essonne, en utilisant sa place au Bureau National qu'il avait perdue au dernier Congres du PS (mon parti)...
eh bien à supposer que Melenchon passe, les années montreront UNE FOIS DE PLUS que c'était un vote pour rien. En vérité, Mélenchon est incapable de structurer une pensée, et surtout un groupe organisé autour d'une école de pensée.
Un coup dans l'eau...et donc un coup de plus à l'idée républicaine...et moi je changerai juste de version (3.0,4.0,5.0, ... 11.0, etc.) lors de telle prochaine élection.
Tant qu'il n'y aura pas un champ politique hors du champ National, qui est en réalité antirépublicain (bien qu'il s'en défende), rien ne changera
le Belge
Rédigé par : Belgo5.0 | 04 mai 2009 à 20:00
combien de votants ?
Rédigé par : Toréador | 04 mai 2009 à 20:36
Ah, je suis rassuré, quand tu vois passer un livre "brouillon, bavard et fatiguant d’emphase et d’exaltation", tu t'en rends compte...
A part ça intéressante analyse d'ensemble, même si pas mal de points peuvent être critiqués. Je ne crois pas que le compromis de Mélenchon (entre travail et capital) soit terminé. Ou alors si c'est la guerre il faut dire comment il va la terminer, du point de vue du travail (attendons de voir ce qu'en dit Généreux, certes).
Surtout, je ne vois pas pourquoi il n'y aurait pas, à gauche, de pôle républicain, protectionniste ou pas. Enfin, sur la gauche décroissante, en faire le pôle d'avenir de la gauche est beaucoup prêter à un attelage (Bové/Cohn Bendit) plutôt navrant qu'enthousiasmant.
Et si Mélenchon réussissait parce qu'il est celui qui s'approche le plus du noeud du débat politique français, trop souvent occulté : rompre enfin avec l'Union européenne, sans attendre qu'elle se découvre protectionniste par la grâce du saint esprit ?
Rédigé par : edgar | 04 mai 2009 à 20:37
@ Belgo
Tandis que voter pour le PS ...
@ Toréador
C'est écrit. 166. Je reconnais bien là ton amour des statistiques et des classements. oh ! J'ai oublié ! Je voulais mettre une phrase à ton attention "Contrairement à ce que certains animateurs de blogosphère passionnés par les classements et les étiquettes, se plaisent à penser, Horizons ne semble pas être un repaire de souverainistes refermés sur eux mêmes"
@ Edgar
Je suppose que tu fais allusion à "Après la démocratie" Et bien, feuillette le dernier Kahn !
Un pôle républicain à gauche ? Il y en eut un, même je me demande encore toujours en quoi chevènement à jamais été de gauche. Mais vu qu'il a fait l'impasse sur la dernière présidentielle et les deux dernières européennes, on peut dire que ce parti n'existe plus.
Sur le protectionnisme européen, suis bien mon prochain article. Il va te plaire. Je vire ma cutie, ou pas loin !
Rédigé par : Malakine | 04 mai 2009 à 20:51
Tu reviens en forme ;-)
"au cours de la campagne électorale, qui en principe, normalement, si tout se passe bien, devrait avoir lieu au cours de ce mois de Mai." C'est quoi qui peut mal se passer ?
Dans tout ça, quid du "parti" qui pourrait faire un carton, celui de l'abstention ?
Le Front de Gauche me pose au moins 2 problèmes :
1) Ils n'ont pas pu (ou voulu) faire alliance avec le MRC notamment à cause d'un différent majeur lié à la revendication de la souveraineté nationale.
2) Mélenchon a fait alliance avec le PC pour profiter de la machine du parti et s’assurer une certaine logistique. Je ne suis pas sûr que cela soit un bon calcul en terme d’image. Il va faire peur aux petits bourgeois comme moi
Rédigé par : RST | 04 mai 2009 à 20:54
@ RST
Non je ne suis pas en forme mais ce n'est pas ça qui va m'empêcher d'écrire.
"Si tout se passe bien" ? Tu sais une campagne électorale, avec des émissions politiques où chacun est amené à exposer son programme, des gens qui s'intéressent à ce qui se dit, des journalistes qui éclairent les enjeux. Enfin, la démocratie quoi ...
L'abstention n'est pas un parti. C'est un rassemblement improbable entre des gens qui savent pourquoi ils refusent de voter et des gens qui ont renoncé par bêtise et paresse intellectuelle à leur citoyenneté.
Mélenchon a voulu reproduire le modèle Die Linke, donc avec le PC. Même si son opération est une OPA sur le PC, je ne vois rien de choquant à cela. On ne pouvait pas laisser ce parti et son glorieux passé plus longtemps sans cerveau. Et franchement, je trouve que le costume lui va à merveille. Quand je vois Mélenchon, je revois le Georges Marchais de la grande époque. Pas toi ? Toi, tu es comme moi, assez vieux pour t'en souvenir ... ;-)
Rédigé par : Malakine | 04 mai 2009 à 21:03
je n'ai pas dit que voter pour le PS allait faire évoluer le PS.
J'ai dit que le vote pour des Nationaux ne laisserait aucune chance au débat des Républicains.
Or la philosophie socialiste est fille de la pensée républicaine. Je ne suis pas sur que la pensée sociale-démocrate (la deuxieme version, pas la premiere version, celle d'Engels) soit républicaine.
Ce qui explique la notion de "gauche"
En réalité, dans le cadre paradigmatique National, voter "à gauche" ou "à droite", c'est un peu la meme chose : les gaullistes sociaux, les socialistes conservateurs...
Pour l'anecdote, qui sait par exemple que not' bon Secrétaire d'Etat à la Fonction Publique dirige le seul "parti social démocrate" qui puisse légalement s'appeler ainsi... ???
Revenant à Melenchon : les gens voteront pour lui...bon...et bin en tant qu'agent du Systeme, il aura joué son role de boute-en-train (au sens étymologique). Le vrai probleme, c'est que depuis 1914, on a perdu le débat républicain de vue. Qui par exemple se souvient de Proudhon ? De sa complexité ?
bon, buena notte....
le Belge
Rédigé par : Belgo5.0 | 04 mai 2009 à 21:45
Belgo : moi je veux bien qu'on traite Mélenchon d'agent du système, mais pas quand on se revendique du PS. Là y'a comme un problème de cohérence...
Malakine : j'attends avec impatience ton virage de cuti. Effectivement, je visais bien le dernier Todd, dans le genre brouillon et filandreux...
Rédigé par : edgar | 04 mai 2009 à 21:50
@Malakine
Bon retour cher Malakine. Bon comme tu le dis toi même ce vote n'est probablement pas très représentatif des français, la plupart d'entre n'ayant d'ailleurs aucun idée précise sur qui est NDA par exemple, à la rigueur ont-ils déjà vue Mélanchon qui a le gros avantage d'avoir eu accés assez régulièrement à la télévision et aux grands journaux. Personnellement pour ce qui concerne la gauche les carottes sont cuite depuis 2005, Melenchon et Fabius auraient du faire sécession du PS à l'époque, ils auraient probablement perdu les présidentielles, mais le front de gauche aurait aujourd'hui une vrai assise et une vrai crédibilité. Ils ont loupé un moment historique et l'histoire ne repasse pas deux fois par le même endroit c'est trop tard maintenant, ils vont juste jouer les FN de gauche avec le NPA. Le seul espoir est que des personnalités au sein du PS puissent s'appuyer sur le PG pour réorienté la doctrine du PS, un peu le rôle jouer pendant longtemps par le PCF auquel cas se serait déjà formidable. Pour ce qui est de la droite Libertas est une aberration, un mélange de néolibéralisme et de patriotisme ethnocentrique et islamophobe compulsif rien à attendre de ce truc et De villier est tout simplement ridicule chien chien de Sarkozy et meilleurs ennemie du vrai patriotisme. Il reste NDA mais il est est trop isolé et n'a pas d'accès aux grands média autant dire que c'est cuit. Les bonnes idées et la bonne compréhension des problèmes ne sont d'aucune aide dans une pseudo-démocratie à dominance virtualiste, pour user du terme de dedefensa, c'est même un inconvénient dans un monde ou seule les idées simplistes évacuées en deux phrases parviennent au oreilles des spectateurs, je n'ose même plus parler de citoyens. Il faut se faire une raison tant que les gens ont à manger et que la crise ne les affectent pas directement il ne se passera rien. Et quand cela arrivera les types les plus populistes auront seul une large audience, il n'y a cas voir cet abruti de Berlusconi il continu à caracoler en tête en Italie malgré sa médiocrité. Alors oui dans ce cas il est vraisemblable que le seul opposant est Bayrou, si on peut parler d'opposant, mais je ne voit rien de très rassurant dans son élection éventuelle, tout juste aura-t-on moins de frasques télévisuelles par rapport à Sarkosy.
Bref nous coulons surement et sans aucun espoir d'arriver un jour à reprendre notre souffle. Il y aura peut-être des révoltes et des mouvements brutaux mais on ne sait pas ce qui pourrait en émerger, ne comptons pas trop sur la pseudo-démocratie pour nous sortir du merdier actuelle, après tout c'est elle qui nous y a conduit.
Rédigé par : yann | 04 mai 2009 à 22:23
@ Malakine
Ne soyez pas trop sévère avec les abstentionnistes: je n'ai voté pour personne depuis 2002 (le premier tour, bien sûr), et, si je me suis exprimé sur ce blog, il n'est pas sûr que je me déplace pour les européennes.
La pluralité de l'offre, ainsi que sa qualité, me fait craindre un vote avant tout identitaire et émietté, même si l'on peut saluer l'effort que fait Dupont-Aignan (pour lequel je n'ai pas voté) pour proposer autre chose (et, d'une manière certes plus ambiguë, Bayrou essaie aussi quelque chose de neuf, me semble-t-il - même si la présence d'un Peyrelevade vous plombe définitivement un homme).
Le front de gauche plaît parce qu'il combine vote protestataire (avec ce qu'il implique comme rupture avec le néolibéralisme) et début de commencement de programme positif. Mais je suis assez d'accord avec Yann, et je ne vois pas l'intérêt de se compter, et surtout d'espérer quoi que ce soit venant de l'extrême gauche (qui ne voit pas qu'elle est le repoussoir qu'utilisera le pouvoir pour discréditer par avance toute alternative?), que l'on doit laisser à ses rêves infantiles. Quelle que soit l'estime que j'ai pour Jacques Généreux, je suis à peu près certain que le rôle de harceleur dans le PS aurait été plus fécond, la crise offrant, à moyen terme, l'occasion de donner aux néolibéraux (à peine) déguisés un grand coup de pied au derrière (d'accord, ça m'aurait fait mal, en attendant, de voir le PS du Manifesto faire un bon score).
Mais, si sa définition identitaire (la gôôôche) lui assure un possible succès, elle le handicape plus que sérieusement pour représenter une alternative crédible. Todd explique très bien que ce type d'adhésion à une idéologie est pratiquement impossible aujourd'hui (je surinterprète un peu), et j'ajouterais que ce n'est pas pour me déplaire (même si cela complique un peu les choses).
Rédigé par : archibald | 04 mai 2009 à 23:47
En fait, plus je vous lis, plus je constate que vous seriez d'accord avec Marine Le Pen. Ce n'est pas un reproche sous ma plume, bien au contraire. J'avais l'image commune du front national moi-aussi, héritée des médias dominants qui présentent comme "extrêmes" tout ce qui n'est pas conventionnel, et pourtant en l'écoutant, en prenant la peine de la lire, de réfléchir à ses critiques et ses propositions, je me suis rendu compte que j'étais parfaitement d'accord avec elle ! sur le protectionnisme, et les analyse de Maurice Allais prix nobel d'éco dont elle se réclame, sur les services publics qu'elle défend, l'euro cet échec total, l'insécurité sur laquelle Sarkozy a échoué, etc.
Ne nous bornons pas l'esprit. Soyons libres, parfaitement libres.
Rédigé par : Adrien | 05 mai 2009 à 00:02
Il y a peut-être une explication au sondage en faveur de Mélenchon : la situation sociale est explosive.
Juncker pronostique une "crise sociale" en Europe avec le chômage de masse.
Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a pronostiqué lundi 4 mai "une crise sociale" en Europe du fait de la forte hausse attendue du chômage, et exhorté les entreprises à éviter les "licenciements massifs".
"Nous allons vers une crise sociale puisque crise de l'emploi il y aura" cette année et l'an prochain en Europe, a-t-il déclaré à la presse à l'issue d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles.
"Tous les efforts doivent être orientés vers l'encadrement social et économique de cette situation", a-t-il ajouté, en invitant les gouvernements à amortir le choc pour les salariés appelés à perdre leur emploi.
Il a dans ce contexte appelé les chefs d'entreprise européens à éviter "les licenciements massifs et prématurés", en ayant recours en priorité au chômage partiel en cas de difficulté, et à faire preuve "de responsabilité sociale".
Dans ses dernières prévisions publiées lundi 4 mai, la Commission Européenne a indiqué s'attendre à une perte de 8,5 millions d'emplois en 2009 et en 2010 dans l'Union Européenne.
Elle table sur une forte hausse du taux de chômage à 9,9 % en zone euro cette année, puis à 11,5 % en 2010, avec des pointes à 20,5 % en Espagne l'an prochain, et 12,1 % en Irlande.
http://www.romandie.com/ats/news/090504192602.33cz61hf.asp
Rédigé par : BA | 05 mai 2009 à 06:54
Il est tout à fait normal quand temps de cris une gauche radical etrépublicanniste (comme le PCF post 1934, l'internationalisme brutal et antinatoniste ayant toujours échoué chez les ouvriers en France comme ailleurs) éclos. Je doute quand même quand pèriode bipolarité médiatique lors des échéances donne réellement de l'élan à Mélenchon surtout que l'electorat populaire (divisé en plus avec une part des jeunes chomeurs votant pour Besancenot) risque de déserter les urnes contrairement aux classes moyennes qui pourrait voté socialiste voire Modem selon l'actualité precedant le jour J.
Ps sera devant grace à l'abstention.
Rédigé par : Magnin | 05 mai 2009 à 10:24
De plus je ne doute que les gaullo-souverainiste de DPA si encensé sur ce blog ne réussisse un bon score. Le peu de charisme de ce dernier, la division des vote souverainiste à droite et son manque d'audience risque de le marginaliser...comme Chevènement à d'autres elections !
Rédigé par : Magnin | 05 mai 2009 à 10:29
Je crois que le PS aura du mal à se remettre de la prétendue élection de M.Aubry.
De plus, elle incarne l'archaïsme auquel les jeunes sympathisants sont allergiques.
Rédigé par : Philippe | 05 mai 2009 à 11:17
Phillipes je peux te répondre de sources surs qu'à partir du moment où il y a la figure si juvénile et sois disant si raffraichissante d'Hamon elle sera en ordre de bataille pour au moins sauver les meubles... ce n'est pas forcément rejouissant pour autant !!!
Rédigé par : magnin | 05 mai 2009 à 13:36
Malakine, Bonne reprise...
1/3 des sondés de ce blog qui voteraient pour le Front de Gauche, je comprends que cela interpelle et donc l'envie d'en faire un billet. Par contre l'unique vote UMP m'empêche pas d'envisager que la probable victoire de l'UMP, si victoire c'est faire mieux qu'en 2004 et arriver en tête. Çà relativise !
Reste pourtant qu'il s'agit d'un vote pour un scrutin européen. C'est à dire maintenir ou non la majorité au PPE... Or, ici aussi, comme l'écrit justement Eric DUPIN, "le scrutin européen est en passe d'être indûment nationalisé". C'est pas nouveau et je persuadé que la campagne n'y changera rien.
Alors, si le "séisme" c'est qu'en France le PS reste en perte de vitesse (c'est sûr mais c'est essentiellement l'effet d'un congrès de Reims qui n'a toujours pas réglé le leadership), le vrai "séisme" serait un PPE minoritaire en Europe.
En prend-t-on le chemin ? A quand des sondages au niveau de l'Europe ?
Exercice difficile, parait-il. En effet, par exemple, où ranger le Modem ? Dans ou en dehors du PPE ?
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 05 mai 2009 à 14:51
@ Yann
A qui tu penses quand tu parles de personnalités au sein du PS qui pourraient chercher à réorienter la doctrine du PS ? Tu en vois beaucoup, toi, qui s'intéressent à la doctrine et à ce qu'ils feraient une fois au pouvoir ?
@ Archibald
Je suis d'accord pour Peyerelevade. Ca risque de suffir à plomber bayrou !
Sur le PS, j'ai souvent écrit qu'il était confortablement assis sur une rente de situation compte tenu de sa position de force institutionnelle d'opposition. Néanmoins, son évolution est drôlement préoccupante. On n'a l'impression qu'il ne fait que s'enfoncer toujours un peu plus dans la médiocrité et l'effacement. Toujours de moins en moins de leader, toujours de moins en moins de projet ... Sur cette élection, je pense qu'on peut assister à un décrochage. Aux régionales, je ne pense pas. Aux présidentielles, ça reste à voir. S'il ne sont pas foutu de présenter un présidentiable à peu près présentable (ça en prend le chemin) tout est possible. Mais là, aux européennes, c'est très probable.
@ Adrien
J'avoue que je ne suis pas un observateur attentif de la vie du Front national et de sa doctrine. Par tempérament, j'ai du mal à m'intéresser aux extrêmes. Néanmoins, je suis assez d'accord. Marine LePen me semble assez notablement différente de son père. Elle parle essentiellement d'économie, de mondialisation et de protectionnisme. Ses couplets sur l'immigration et l'insécurité font parfois un peu passage obligé.
Néanmoins, je pense que ce parti est mort. L'intérêt pour les questions identitaires recule très fort. Son chef vieillit sérieusement. Et s'il se banalise dans un discours techno-économique il perdra de sa diabolisation et donc tout intérêt pour les milieux populaire qui s'en servait pour dire merde au système.
@ BA
Certes une situation sociale explosive nourrit les votes protestataires, mais pas toujours. En 1999 et en 2002, la situation économique était plutôt bonne. C'est l'insatisfaction devant l'offre des grands partis qui a nourrit les dissidences et la fragmentation des votes.
@ Magnin
Je suis perplexe sur l'argument de l'abstention. D'un coté il peut effectivement affaiblir les partis qui se nourrissent des votes des milieux populaires. Néanmoins plus personne ne sait où votent ces catégories. Rien ne dit que le parti de gauche ne fera pas une percée dans les milieux intellectuels et supérieurs. En outre une forte abstention favorise souvent les votes à forte densité politique. L'électorat "ventre mou" qui vote sans trop savoir pourquoi et sans rien en attendre, celui qui ne se déplace que pour les grandes occasions, il se trouve ou maintenant ? Il n'est pas essentiellement au PS, au modem et chez les écolos ?
@ PMF
Un séïsme, l'accéssion du PSE à la tête de la commission ? Le parti de Tony Blair, Zappatero, du SPD qui gouverne avec Merkel, de Pascal Lamy et Dominique Strauss Kahn ? Sérieusement ?
Bonne question pour l'alignement du modem au parlement ! Il faudra regarder ça.
Rédigé par : Malakine | 05 mai 2009 à 19:10
Les européenes n'interessent pas les français (en particulier dans les couches populaires) on n voit pas pourquoi d'un coup et en situation de crise (où l'Europe est souvent présenter comme un cheval de Troie), il y aurait un succès. Le PCF (gauche ultra républicanise touchait les intellos nomaliens souvent grace au marxiste et à son role pendans a guerre) je ne voit pas une dynamique qui amenerait les strates supèrieurs voter pour Melenchon. Les electorats populaires ont d'ailleurs toujours voté vers des iéologies conservatrices attachés à l'état nation (à économie protégée) d'ou on peut exclure le NPA (les trotskars anti nation primaire ont d'ailleurs toujours mepriser les salaries qu'on le veuille ou non) Je vois vraiment une forte abstention dans les strates populaires.
@malakine et PMF
Le Modem et les organisations democrates chretiennes sont juges beaucoup trop conservatrices sur la question des moeurs par les socialistes européens (Rasmussen le clamait dernièremnet) pour quils s'allient à Bruxelles.
Quand au FN je pense comme cela l'a été pour les CRoix de Feu avec de la Rocque ou d'autres par exemple que les mouvements dérivés du bonapartisme sont beaucoup trop attaché au concept du chef. Marine ne pourra éviter une chute du FN (son alliance avec Un stalinien comme Soral la désolidarisé de la droite dure) et elle na ni le passé ni les talents d'oratrice de son père...ça va couler
Rédigé par : Magnin | 05 mai 2009 à 19:49
Alors pour le front de gauche je propose le tube de l'été (chanson politique) ci-dessous :
http://www.myspace.com/lhommeparle
Viva la vida
Rédigé par : Feelgood | 05 mai 2009 à 20:09
@ Malakine
Merci de m'avoir répondu, et bon retour (j'avais oublié).
Vous aurez compris que je n'ai pas beaucoup de sympathie pour le PS dans sa configuration actuelle (toutefois plus présentable qu'avant le dernier congrès).
Mais, si le néolibéralisme est pour moi l'ennemi (le mot est un peu fort, mais si l'on considère les dégâts qu'il provoque, il se justifie), je reste un peu conservateur, et je me sens plus proche de la réaction d'un Villepin, qui craint une situation quasi-insurrectionnelle, que de ceux qui la souhaitent. Donc je considère que si une alternative raisonnable est possible, elle ne peut venir que d'un PS (ou d'une gauche modérée, si vous voulez, que Bayrou, lors d'une présidentielle, pourrait parfaitement incarner s'il se séparait des plaisantins qui élaborent actuellement son programme économique) décidant enfin d'en finir avec le néolibéralisme. Ou alors d'un cataclysme à droite, si celle-ci lâche Sarkozy pour Villepin (on peut toujours rêver), et que ce dernier oublie sa calamiteuse expérience de Premier Ministre (sauf sur l'Irak).
La situation la plus simple (pour l'instant improbable, mais sait-on jamais) serait une conversion de Bayrou au protectionnisme européen (au moins on ne pourrait pas le taxer de souverainisme), une campagne présidentielle où il apparaîtrait ainsi comme "plus à gauche" que le PS (c'était presque le cas la dernière fois). Le fait que Mélenchon salue sa combativité devrait l'encourager. Et de toute façon, s'il ne réoriente pas le Modem dans ce sens, il se contentera de n'être qu'une posture, aussi sympathique qu'inutile.
Rédigé par : archibald | 05 mai 2009 à 20:19
Un séisme, l'irruption en force du Front de Gauche, je suis un peu surpris. Le FG semble être la énième tentative de créer un espace politique entre un PS notabilisé, labellisé parti de gouvernement responsable et une extrême-gauche bordélique, labellisée irresponsable, comme l'ont été en leur temps ATTAC, les alternatifs ou même les verts. La vraie surprise serait que les couches populaires se reconnaissent dans le discours de Mélenchon, ce dont je doute, d'autant que la construction européenne, les couches populaires s'en tamponnent le coquillard et s'abstiendront probablement massivement. De plus dans le FG, si Mélenchon en est le porte-parole, les troupes sont fournies par le PCF qui essaye désespérément de survivre depuis l'abandon de sa singularité historique, se refuser à tout pouvoir gouvernemental pour mieux gouverner localement (un peu le chemin que prend le PS, sauf que lui ne le théorise pas). Il est fort probable qu'aux prochaines élections régionales où le scrutin est majoritaire, les bonnes vieilles combinaziones reprendront le dessus pour le bénéfice du PS, et que la singularité du FG s'étiolera. Non, à mon avis, seule l'aggravation de la crise débouchant sur une réelle crise politique pourrait offrir une alternative politique réelle. Et pour l'instant la crise économique est stabilisée (provisoirement sans doute)à coups de milliards d'euros ou de dollars déversés en jets continus. Il faut être patient avec l'histoire.
Rédigé par : baloo31 | 05 mai 2009 à 22:07
@ Edgar:
tu sais, il y a BEAUCOUP de militants de base, dont je suis, au PS, qui désespèrent de pouvoir faire évoluer un parti d'élus (et QUI les a élus ?)
D'autre part, il faut bien comprendre que ce que j'ai appelé la "mascialisation" du PS, ou prise de controle par des réseaux Nationaux, empeche le PS
1/ de structurer un programme socialiste
2/ de s'opposer durablement au caractere National (antiRépublicain) du débat.
Le vrai probleme est avant tout le caractere "Potemkine" du débat, ou l'illusion d'une alternative.
Le mot alternANCE veut bien dire ce qu'il veut dire, et il faut bien comprendre que dans un schéma National de débat, "on" peut passer de "la Gauche" à "la Droite". Adonc le caractère bananier de ce régime de faux semblants.
Il est inutile de rappeler le souvenir de Miterrand : ce National a retourné sa veste au moment de Stalingrad. C'est ce qui explique qu'il se soit coulé dans le moule de la Ve : sociologiquement, il n'était là que pour donner le change. C'est ce qui explique d'ailleurs la validité des comparaisons de Melenchon (eh oui) entre les socdems français et les régimes sud-américains qui ont fait tirer sur la foule : sous l'apparence de "gauchisme", ce sont des Nationaux.
Il est donc POSSIBLE qu'un jour la France évolue. En tout cas, l'expérience et l'observation montrent qu'elle est en proie à des conservateurs populistes : "de droite" ou "de gauche".
C'est ce qui explique que, militant PS, on puisse mettre en oeuvre le COURAGE de lui faire retrouver ses fondamentaux...républicains...dont socialistes.
Voilà pourquoi il est BON que Mélenchon soit parti du PS, mais il faut en tirer des leçons, et surtout comprendre la manière dont le systeme politique en France fonctionne, qui cherche avant tout à discréditer ses opposants : la base du sophisme, en somme. Et Melenchon est entouré de sophistes : d'anciens militants formé à l'école de la LCR.
"le Belge"
Rédigé par : Belgo5.0 | 05 mai 2009 à 23:16
@ Magnin
Je prends les paris pour l'engouement des milieux intellectuels en faceur du parti de gauche !
Pour Marine Le pen, je ne partage pas ton jugement sévère. Elle était invitée hier de "on refait le monde" et elle a fait jeu égal avec Mélenchon, ce qui n'est pas peut dire. Elle a certainement un problème de positionnement au sein de son parti mais elle ne manque pas de talent, ni d'arguments.
@ Archibald
Beaucoup de choses à répondre.
Déjà sur Villepin. J'ai trouvé pathétique sa sortie sur la risque révolutionnaire. Il avait ce jour là à Europe 1 l'attitude d'un aristocrate qui regardait avec inquiétude la colère monter au sein du peuple. Sa perpective n'était pas de trouver des réponses aux problèmes (ce que l'on serait en droit d'attendre d'un homme d'Etat) mais de contenir la colère pour ne pas que cela explose avec des mesures sociales. Il ne prônait pas un Etat protecteur mais un Etat maternant !
Sur la rupture avec le libéralisme : Le problème c'est qu'elle exige une rupture géopolitique. Le néolibéralisme est dans les gênes de la mondialisation, comme dans ceux de l'Union Européenne. Il y aura donc pas de rupture effective sans renversement de la logique de l'une ou de l'autre. Et pour cela, on sent Bayrou un peu tendre ...
Sur Bayrou : C'est à mon sens une erreur de le classer à gauche ou de penser qu'il peut prendre le leadership sur le PS. J'analyse Bayrou dans ce texte comme une "autre droite" et non pas l'embryon d'un front républicain qui ne verra jamais le jour, sauf si le PS décide de se suicider définitivement. La vocation de Bayrou est de réinventer un logiciel de droite "post-crise" en liaison avec les Gaullistes de NDA. De la même manière que la vocation de Mélenchon est de réinventer un logiciel de gauche "post-crise" en redonnant du contenu intellectuel et des perspectives politiques à la gauche radicale.
@ Baloo
Non c'est un erreur. IL n'y a jamais eu de force politique à gauche du PS qui prétendait renverser son hégémonie. Ni les Verts, ni Chevènement, n'ont jamais osé afficher cet objectif.
Tu fais également erreur sur le scrutin régional. C'est un scrutin à la proportionnelle avec prime majoritaire. Le PG allié au PCF pourrait très bien y figurer, mais c'est naturellement pas l'élection où il pourra briller le plus facilement.
Rédigé par : Malakine | 06 mai 2009 à 10:16
@Malakine,
Je n'ai pas parlé de énième tentative de renverser l'hégémonie du PS, mais de jeter un pont entre ceux qui pensent que les compromis avec le système peuvent être malgré tout utiles pour faire progresser la société et ceux qui estiment qu'il faut tout bouleverser de fond en comble (une énième tentative de Front Populaire face à la crise, en quelque sorte). Il se trouve qu'en France, l'extrême-gauche pour des raisons historiques ou sociales, je ne sais, est potentiellement puissante et emmerde toute la gauche par ses prises de positions radicales. Peut-être qu'elle symbolise au mieux l'esprit râleur des français visible même à droite. Je suis toujours étonné de la virulence des réactions des lecteurs du Figaro qui, à chaque initiative du gouvernement qui ne leur plait pas, se répandent en "Ca suffit, on nous prend pour des demeurés, ça va péter !".
Pour les élections régionales, c'est la position du FG de refuser à l'avance la constitution éventuelle de listes communes avec les "sociaux-traitres", qui a servi de prétexte officiel au NPA pour ne pas constituer des listes communes aux élections européennes. On peut le déplorer, mais c'est comme cela, l'extrême-gauche a une position cohérente axée sur trois buts:
1) abattre le capitalisme
2) finir d'abattre le capitalisme
3)achever définitivement la tâche d'abattre le capitalisme, point à la ligne.
Rédigé par : baloo31 | 06 mai 2009 à 12:34
Je pense que Marine en voulant gauchisant le FN avec soral a perdu son pari. Le Fn étant un marqué particulièrement marqué, elle est certes talentueuse mais n'a pas ce passé et cette gouaille qu'avait son père ca era un échec je pense quand aux engouements des intellectuels qui peut bien voter Front de gauche quand onsat que les fonctionnaires de l'éducation national devrait voter PS voire Npa et qu'aucun intello médiatiques ne s'interesse au Fr de G (je répète que leur score sera faible et populaire)
Rédigé par : Magnin | 06 mai 2009 à 19:44
@ Malakine
Mon hypothèse (sur Bayrou) n'avait de sens qu'à l'occasion de cette élection bizarre, la présidentielle.
Je vous trouve par ailleurs très complaisant envers le FN, parti d'extrême-droite alliant des intégristes chrétiens, des néo-paganistes, des islamophobes, des antisémites, enfin toute une clique d'égarés (relevant sans doute de la psychopathologie) dont le seul programme est la désignation de boucs émissaires, les immigrés.
Sur Villepin, arrêtez, vous me le rendez encore plus sympathique. :-)
Non, je plaisante un peu, et partage ce que vous dites sur les hommes d'Etat.
Disons que l'enthousiasme révolutionnaire me semble relever de la mauvaise littérature, comme dit Cioran quelque part. Même si je peux comprendre la colère face à un pouvoir qui a décidé de placer ses hommes (Bolloré à TF1, Bouygues à Areva, ai-je entendu dire) et de préserver coûte que coûte un système qui peut conduire au pire. Donc, d'accord avec l'aristocratique Villepin.
Rédigé par : archibald | 06 mai 2009 à 20:14
@ Baloo
Je ne te suis pas sur ce terrain là car manifestement tu considère que le système fonctionne toujours. Ce n'est pas mon cas. Je considère que la mondialisation nous a conduit dans une impasse. C'est l'objet de mon billet suivant (sur Artus) En "sortie de crise" nous aurons dans le meilleur des cas une croissance à 1 % avec un chômage qui continuera de monter, des délocalisations qui se poursuivront et une dette qui deviendra intenable. Il n'est pas besoin de vouloir abattre le capitalisme pour penser la nécessité d'un changement de système.
@ Magnin
S'il te plaît, ne parle pas de gauchisation à propos du FN? cela ne signifie rien. Marine Le pen a juste voulu repositionner le discours contestataire du FN sur les questions économiques et sociale pour développer la notion de nationalisme économique. C'est pas spécialement un discours de gauche.
@ Archibald
Désolé je ne pratique pas la diabolisation et je ne réfléchis pas avec des étiquettes. Nous parlions d'ailleurs de la tentative d'inflexion de la ligne du FN par Marine Le Pen, pas du parti en lui même, qui du reste ne m'intéresse pas plus que cela. D'une manière générale, j'ai beaucoup de mal à me passionner pour la vie politique française. C'est pourquoi je jette sur les partis un regard d'analyste froid.
J'ai cru en Villepin pendant longtemps et j'avoue que j'espère encore parfois qu'il aille au bout de sa démarche. Je regrette cependant qu'il n'est pas pris plus le temps de comprendre le monde avant de se relancer dans le jeu politique. Il aurait mieux fait de lire un peu plus de livres d'économie plutôt que d'écrire sur la période napoléonienne. Cela lui aurait été plus utile.
Rédigé par : Malakine | 06 mai 2009 à 23:19
@ Malakine
Enfin, je ne vois pas en quoi ce que je dis relève d'autre chose que du simple constat (sur le FN; un constat aussi moral, certes).
Pour ma part, je ne crois pas aux hommes politiques; je suis en revanche attentif aux évolutions, et aux espaces politiques ouverts par certaines attitudes. Puisque les idéologies se sont effondrées, c'est cela qui me semble intéressant.
Rédigé par : archibald | 06 mai 2009 à 23:32
Je parle de gauchisation du FN dans sa volonté de recaller le discours vers un national-républisnisme (je me réfère au discourss de Valmy par exemple ou aux interviews de Soral sur cette question). Après je ne nie pas que le FN ne soit devenu un parti de gauche (ma formulation était certes excessive) d'ailleurs Soral s'est fait virer.
Rédigé par : magnin | 07 mai 2009 à 14:35
@Malakine
Une bonne analyse avec une insuffisance : si le MPF et le CNPT tentent de nous faire croire le contraire, Libertas dirigé par Declan Ganley est profondément libre-échangiste et rejette le protectionnisme même à l'échelle de l'Europe.
Rédigé par : David DESGOUILLES | 07 mai 2009 à 18:23
Tirer une analyse politique d'un micro-sondage restreint au lectorat d'un blog, bel exploit ! Au fait, quelle est la marge d'erreur ?
Rédigé par : El Fredo | 08 mai 2009 à 18:15
Mélenchon : "Je suis fier d'être dans le gouvernement Jospin, le plus à gauche d'Europe"
Pour rappel il votait Oui à Maastricht en 1992 (oui le traité quasi intégralement repris dans la fameuse partie 3 du TCE, partie qui n'était qu'une reprise de vieux traités)
Rédigé par : Karale | 11 mai 2009 à 02:15
@Karale
Je suis d'accord avec toi sur Melenchon, qui même sur ses talents de tribun et son engouement politique, reste un type étrange. Il reste quand même le seul à la gauche de la gauche à admirrer sincèrement Mitterand en lui pardonnant toutes ses erreurs passés et son vote avec convition en faveur de Maastricht en est un parfait symbole).
Seulement même si je ne crois pas à un score de leur part (voire en haut) Melenchon n'est pas le seul argument de ce front de gauche. Le PCF aussi déclinant soit il joue un role dans cette campagne (en terme de militantisme notamment) et se réapproprie une ligne idéologique qui avait disparrut depuis 15 ans au moins.
Rédigé par : Magnin | 11 mai 2009 à 08:53
@ Malakine.
Bonjour,
Bon, on peut contester le sondage mais mlà n'est pas essentiel. Ce qui est marquant, c'est la confusion sur le Front de gauche : ce n'est pas la chose de Mélenchon. Je vous rappel que c'est une initiative du PCF en octobre 2008...
Que JL Mélenchon en soit une figure certes, mais il n'est pas tout seul et ce n'est pas lui qui le dirige.
Bonne journée.
Matéo 34
Rédigé par : Matéo 34 | 11 mai 2009 à 09:59
@Mateo
C'est ce que j'ai mis judte avant toi donc je te rejoint mais il n'empeche que Melenchon en reste le leader Buffet n'ayant ni le charisme, ni le talent , ni l'aura médiatique que ce dernier tu ne peux pas le nier.
Rédigé par : Magnin | 11 mai 2009 à 10:29
J'ai constaté ce week end que cet article avait donné lieu à un drôle de buzz alimenté par des crétins qui en ont arrêté la lecture au chapeau. Alors je tiens à préciser à l'attention de ces lecteurs paresseux que l'introduction n'était destinée qu'aux lecteurs d'Horizons pour rendre compte du sondage. C'est pourquoi il n'a pas été publié dans Marianne2 à ma demande.
Il me semblait intéressait d'indiquer que si l'auteur de ce blog n'a jamais pris parti et ne s'est même jamais revendiqué de droite ou de gauche, le lectorat penche très sérieusement du coté de la gauche dure.
L'analyse suivait ne s'appuyait en rien sur ce sondage. Faudrait vraiment être con pour croire que le lectorat d'un blog puisse être représentatif de l'électorat national. Je dis d'ailleurs explicitement le contraire !
C'est pourquoi ceux qui ont cru malin de vouloir me discréditer en prétendant que j'avais bati une analyse sur la foi d'un sondage bidon sont, au choix, des abrutis finis, des lecteurs paresseux ou des militants de mauvaise foi (des ségoléniens soit dit en passant ce qui accréditerait plutôt la première hypothèse). Une fois passée le chapeau, à aucun moment il n'est fait référence au sondage dans le corps de l'analyse. Mais ça pour ne pas l'avoir vu, il faut vraiment avoir le cerveau cramé.
Voir notamment ça : http://comite-de-salut-public.blogspot.com/2009/05/vanitas.html et ça http://www.intox2007.info/index.php?post/2009/05/08/La-photo-floue-des-sondages.
Rédigé par : Malakine | 11 mai 2009 à 10:48
Malakine,
Je ne comprends pas votre assimilation entre Philippe de Villiers et Nicolas Dupont-Aignan.
Le positionnement politique de Nicolas Dupont-Aignan, gaulliste social, a toujours été très différent de celui de Philippe de Villiers (dont le positionnement est beaucoup plus flou: d'abord conservateur rigide et souverainiste, puis d'extrême droite lors de sa tentative d'opa contre le FN. Aujourd'hui, le flou est total avec son allégeance à Declan Ganley, ultra-libéral atlantiste).
Il me semblait pourtant qu'un observateur aussi attentif que vous aurait dû être conscient des différences de fond opposant ces deux candidats!
Rédigé par : Tythan | 13 mai 2009 à 18:39
@ Tythan
Excusez mais je ne les ai pas assimilé. Je les ai distingué en soulignant qu'ils n'avaient pas la même approche. Néanmoins ils appartiennent à la même famille. NDA avait soutenu la liste Pasqua-Villiers en 1999 me semble t-il.
Mais pour aller dans votre sens, je dirais que NDA c'est le Mélenchon de gauche, celui qui articule une critique macroéconomique du système. Tandis que Villiers serait plutôt un Besancenot de droite, l'un et l'autre étant sur un registre plus culturel. La défense de l'identité et de la tradition pour Villiers. La défense de la culture protestataire de gauche pour Besancenot.
Néanmoins, si vous patientez un peu, vous trouverez ici une analyse comparative de leurs projets, si toutefois ils ont mis quelque chose d'un peu substantiel en ligne. Je n'ai pas encore regardé.
Rédigé par : Malakine | 13 mai 2009 à 19:53
@ Malakine
NDA c'est le Mélenchon ... de droite, non ?
Comme je l'ai écrit chez moi suite à l'émission sur RTL, les 2 hommes sont pratiquement d'accord sur tout en ce qui concerne l'Europe
Rédigé par : RST | 13 mai 2009 à 21:36
@ rst
Tout à fait. J'ai écouté également cette émission (comme tous les soirs) et je me suis fait la même remarque. Je vais aller lire ce que tu as écrit. A+
Rédigé par : Malakine | 13 mai 2009 à 21:44
@ RST (et Malakine)
Bon, je ne suis donc pas complètement demeuré, il est à peu près normal que j'hésite entre les deux. Si je ne boycotte pas simplement cette élection (après tant d'autres). J'ai de plus en plus de mal à me voir voter pour le PS du Manifesto.
Me suis amusé à lire votre débat avec Yann.
@ Malakine
J'aime beaucoup votre réponse à Tythan, et j'aimerais bien que le côté "identitaire" des partis politiques devienne encore moins important (là, je rêve, mais le côté identitaire est ce qui m'empêche souvent de voter, car il empêche les partis de proposer des alternatives sérieuses, à mon avis). Mais le vote n'obéit que très peu à ces considérations par là-même inutiles, sans doute.
Rédigé par : archibald | 13 mai 2009 à 22:23
De Villiers représente une tradition proche de la droite légitismite (droite rurale, libéral, très conservatrice et anti-musulmane) quand DA est un gaulliste anti-athlantiste dans la tradition bonapartiste. Il représente deux droites totalement différentes qui ont put se ejoindre certaine fois (un peu comme le choc Millon et les Rénovateurs et le couple Séguin Pasqua juste avant Maastricht).
Rédigé par : Magnin | 14 mai 2009 à 10:11
@Tous
Le rapport entre Mélenchon NDA est pertinent on remarque d'ailleurs les pertinences de l'Histoire car ce sont les memes qu'en 68 ou pendant l'Occupation entre CGT et gaullistes (le patriotisme et le républicanisme qui s'apparente à une certaine forme de souverainise en France). On retrouve e l'aute coté encore un rapprochement étrange qu'on a put sous l'occupation entre une certaine extreme droite haineuse, aristocratique antisémite (autant qu'islamophobe aujourd'hui ) et une certaine extreme gauche (trotskiste "bouffeuse de drapeau comme" disait Jaures pour parler des syndicaliste ouvrier juste avant 14 anti nation, république differencialiste et touchant très peu la classe ouvrière comme aujourd'hui...encore dans la collaboration ou attentiste et résistante en 46)
Je ne dis pas qu'il y aura des accords tacites (bien sur)mais on remarque que ces courrants ont souvnt menés les memes combats offrant ce type d'alliance...l'Histoire offrant toujours les memes constantes assez étranges et pertinentes...
Rédigé par : Magnin | 14 mai 2009 à 10:24