Le discours de Nicolas Sarkozy au palais de Latran a donné lieu à quelques polémiques assez curieuses, la Gauche et Bayrou ayant dénoncé en cœur les menaces qui pèseraient sur la laïcité républicaine à la française.
On connaît le discours assez trouble de Sarkozy vis-à-vis des religions, son penchant pour le communautarisme et son obsession identitaire. Tout le monde sait en revanche ce qu’il en est en réalité. Sa volonté de réhabiliter les religions ne recouvre qu’une volonté de faire « de droite » et une fascination pour le modèle américain. Dans les faits, il ne sera pas plus religieux qu’aucun de ses prédécesseurs. Peut-être même moins. Les laïcards les plus enragés n’ont rien à craindre d’un président qui vient de finir de désacraliser le mariage en dispensant le divorce de l’intervention du juge et qui veut « libérer » le travail le dimanche.
Au fond, quoiqu’il en dise, Sarkozy est un pur produit d’un monde totalement déchristianisé, individidualiste, post-soixantehuitard où la valeur de homme se mesure à l’épaisseur de son compte en banque et où il y n’y nulle valeur sacrée au dessus du désir individuel. Sa pratique du pouvoir et la mise en scène de sa vie privée en fournit des illustrations quotidiennes.
La gauche et le centre ont font fausse route en dénonçant le fait que Sarkozy ait osé ajouter l’adjectif « positif » au concept de laïcité. Je crois aussi que les laïcards de gauche se trompent d’époque en faisant du christianisme un ennemi. L’enjeu aujourd’hui n’est plus de savoir si nos valeurs et notre identité est d’essence républicaine ou chrétienne. Il est de savoir si nous voulons préserver un minimum de valeurs et de morale publique dans le monde d’aujourd’hui.
Plus encore qu’en politique, il me semble qu’en ce qui concerne les choses de l’esprit, il faut dire d’où l’on parle avant d’éviter les malentendus. Politiquement, je suis républicain et donc bien évidemment laïc. Pourtant, je n’ai pas la haine des religions. J’ai grandi dans une famille déchristianisée et à la sortie de l’adolescence, j’ai éprouvé le besoin d’avoir des réponses aux questions existentielles. La morale républicaine était impuissante à me les fournir. Le christianisme non plus. Je les ai trouvées finalement dans la tradition Hindoue, le yoga et les livres d’Arnaud Desjardins. Je me méfie des religions, mais je me méfie encore plus de l’absence de toute éducation et de toute valeur spirituelle.
Au fond, je crois que tout homme dispose un système de croyance, qu’il soit hérité d’une tradition spirituelle ou non. Les agnostques, ça n’existe pas. Le paradis ou la réincarnation sont des croyances spirituelle, tout autant que l’anéantissement de toute forme de vie après la mort. Penser que le but de la vie est de « faire le bien » ou « d’apurer son karma » sont des croyances. Croire que le but de la vie c’est d’être riche et célèbre, aussi. La question est donc de savoir comment, dans une société, le système de croyance des individus se forment et subdsidairement, de savoir si cela est une question qui intéresse l’Etat.
La laïcité avait sa raison d’être lorsque la religion avait des prétentions à régenter la sphère publique. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, exception faite de l’Islam. Dans nos sociétés largement déchristianisées, les religions sont plus proches du folklore ou du marqueur identitaire que de forces politiques qui prétendraient organiser la société, la menacer de guerre civile ou risquerait d’attenter aux libertés individuelles.
Initialement le combat laïc visait à asseoir la république et promouvoir la liberté de penser ou l’émancipation du citoyen. Au début du 20ème siècle, c’était un combat nécessaire. Aujourd’hui, ce mot d’ordre tend à se transformer en un illusoire ni Dieu, ni Maître, où chacun serait libre de se choisir lui-même son système de croyance. Ce n’est plus la tutelle de la religion qui est combattue, mais l’idée même de religion au sens de système de croyance stabilisé ou de vie spirituelle. Or cela est très dangereux, car si ce n’est pas une tradition spirituelle qui vient formater le système de pensée, ce sera la télévision ou simplement l’esprit de l’époque.
Entendre François Bayrou craindre un retour à « l’opium du peuple » qui ferait les peuples se tenir tranquille et respecter l’ordre établi » est assez hallucinant ! Comme s’il n’y avait plus aujourd’hui d’opium du peuple ! Comme si la Française des Jeux et les émissions de télé réalité n’avaient pas détrônées la foi comme source de l’espérance, notamment dans chez les milieux populaires. Comme si le "système" n’était pas doté d’une idéologie officielle, relayée par les médias pour les conditionner à travailler plus pour gagner plus, consommer même le dimanche ou être compétitif dans la compétition mondiale … L’esprit de l’époque et les valeurs véhiculées par la télévision sont tout autant manipulatrices que ne le fûrent les religions à leur âge d’or. Et bien plus avilissantes, notamment dans ces nouvelles chaînes de la TNT qui diffusent en permanence des sous produits de la culture américaine.
Je pense notamment à cette émission qui me met hors de moi « Next » qui passe sur Europe2TV, où l’on voit des jeunes gens (américains) tenter de se séduire (en VO non synchonisée) se faire jeter violemment avant même qu’ils aient dit deux phrases, souvent rien que pour leur apparence physique ou suite à une mauvaise réponse. C’est avec ce genre d’émission, que les jeunes trouvent très drôles, qu’on leur inculque les valeurs de l’homme jetable, du consumérisme relationnel et du malheur aux vaincus. C’est ainsi que les valeurs du fric, de la frime, de la violence interpersonnelle et des Etats-Unis comme référence ultime de la modernité sont diffusés dans tous les esprits. Toute société, quelle soit religieuse ou non, qu’elle soit laïque ou non, repose sur les valeurs que diffusent ses clercs.
La véritable laïcité devrait aujourd’hui viser à protéger les individus et la société de l’endoctrinement sournois du nouveau catéchisme des valeurs décadentes du chacun pour soi, du trop bon trop con, de la compétition du tous contre tous, du « j’en ai rien à foutre, je fais ce que je veux », ou carrément du « vazy tu m’respekt sinon chtesploz la tête »
Entre le sermon d’un prêtre qui veut faire partager l’amour du prochain, le rappeur qui appelle à la haine de son pays ou à l’insurrection et l’émission de télé qui fait rire par l’humiliation des perdants, ou est vraiment le danger ?
Le combat de cette « nouvelle laïcité » est naturellement bien plus difficile à mener, car l’ennemi est partout. Il est dans les gênes du capitalisme libéral quand les firmes cherchent à flatter l’individu tel qu’il est dans sa nature primitive, son avidité, sa gourmandise, sa jalousie, son goût du pouvoir ... Il est même inscrit au plus profond de chacun d’entre nous, dans nos moindres désirs et dans la moindre expression de volonté autonome.
Combattre cet ennemi qui désagrège nos sociétés et nourrit la décadence de nos civilisations est surtout très difficile pour l’esprit laïc, car vouloir libérer l’individu de la tutelle de ses endoctrinements est une démarche religieuse. C’est même le point de départ de toute spiritualité.
Alors entre la théocratie ou la religion d’Etat et le culte de l’égo, il n’y aurait pas d’alternative ? Il s’agit là certainement d’une des questions les plus cruciales du XXIème siècle.
Il me semble qu’il serait possible d’adosser la laïcité à une morale publique. La laïcité des « pères fondateurs » était une valeur froide, sans contenu. Elle visait à débarrasser l’espace public des églises et des dogmes pour établir le règne de la raison. A-t-elle voulu pour autant déconstruire toute idée de valeur, de principe ou de morale ? A-t-elle voulu condamner les citoyens au désert spirituel et à une vie qui ne serait que compétition et consommation ? Je ne crois pas.
Il est peut-être temps aujourd’hui de réhabiliter les traditions spirituelles, l’éducation religieuse, l’éthique ou la morale publique. Il est peut-être temps aujourd’hui de ne pas tout permettre au motif que « ça marche » « qu’il y a un public pour ça » que « c’est ce que les gens demandent » ou que « c’est le monde moderne qui veut ça »
La première chose à faire pour restaurer la morale publique serait que les élites donnent l’exemple, que les grands patrons s’enrichissent en développant leur entreprise et les emplois, que les politiques s’intéressent plus au devenir de leur territoire ou du pays qu’à leur carrière, que les économistes n’oublient pas qu’une économie performante c’est avant tout une économie qui profitent aux hommes qui la font vivre …
… et que notre président ne soit pas le premier à donner l’exemple d’un individu qui agit en toute circonstance selon son bon plaisir au mépris des devoirs les plus élémentaires de sa fonction.
PS : En cadeau bonus, une petite vidéo où l'on peut voir mon "maître" Arnaud Desjardins. C'est tout ce que j'ai trouvé sur le net, mais les propos qui sont tenus dans ce petit film illustrent assez bien mon propos.
Pas d'accord sur la non-prétention du christianisme à régenter la sphère publique. Il suffit de regarder l'Espagne ou la Pologne...
Rédigé par : Linca | 29 décembre 2007 à 12:02
Bonjour,
J'apprécie, comme souvent, la finesse et la pertinence de votre analyse, mais l'une de vos réflexions me déroute: "Les agnostques, ça n’existe pas." Vous semblez tirer cette conclusion de votre phrase précédente ("Au fond, je crois que tout homme dispose un système de croyance, qu’il soit hérité d’une tradition spirituelle ou non.") et vous donnez comme exemple "Le paradis ou la réincarnation sont des croyances spirituelle, tout autant que l’anéantissement de toute forme de vie après la mort."
Je ne saisis pas l'enchaînement de votre pensée.
Je dispose bien moi-même, par exemple, d'un système de croyances, ce qui ne m'empêche pas d'être agnostique. Mon agnosticisme est seulement en dialogue permanent avec ces croyances (largement héritée de mon éducation familiale et sociale, vraisemblablement).
Je prend cet héritage pour ce qu'il est, c'est à dire un conditionnement que j'accepte (que je revendique même car il est constitutif de mon identité), mais je veille (sans garantie de succès, bien entendu) à ce que mon action soit toujours issue d'une réflexion critique sur ce que ce conditionnement me conseille, d'une observation aussi objective que je le peux de la réalité, et dans la mesure du possible, j'expérimente avant d'agir...
Avec l'âge, c'est l'ensemble de cette expérience qui fonde mon système de valeur. Il reste plastique, il s'adapte. Et il est bien fondé sur une vision agnostique de mes croyances héritées.
Ainsi la mort: mon héritage me dit qu'il n'y a pas d'après la mort, pour moi, comme pour la pâquerette. Il me dit que le seul sens de la vie est celui du déroulement du temps et que le temps m'est compté. Mon expérience de la vie n'a fait, jusqu'à maintenant, que me confirmer la vraisemblance de cette croyance, et elle valide les conséquences morales que j'en tire dans ma façon de mener ma propre vie. Jusqu'à ce qu'une expérimentation nouvelle me contredise sur ce point... et enrichisse mon expérience ;-)
Ma position m'amène ainsi, en effet, à relativiser toutes les croyances, toutes les valeurs, y compris les miennes. Et ça me semblerait une bonne manière de vivre en société que chacun s'efforce à un tel relativisme vis à vis des valeurs d'autrui comme des siennes. Cette voie me semble mener vers l'harmonie entre les hommes plus sûrement que l'inverse...
Voilà pourquoi je pense que les agnostiques, ça existe. Et qu'ils peuvent porter des valeurs morales bénéfiques à l'ensemble de l'humanité et de la nature ;-)
Rédigé par : Tardif | 29 décembre 2007 à 12:05
@ Linca
Je parlais en France bien sûr. En pologne c'est certainement différent, en effet. Mais ici, il n'y a qu'à voir le peu de réaction par rapport au travail le dimance ou à l'alignement des avantages liés au PACS sur ceux du mariage pour mesurer la très faible influence de l'Eglise dans la vie publique.
@ Tardif
Ben si, je crois que vous m'avez parfaitement compris ! Même quand on se dit agnostique, on croit à certaines choses. On a tous notre vision métaphysique du sens de la vie. Ce que l'on appelle généralement les agostique, sont en fait des matérialistes qui ne croient qu'à eux-mêmes et qui ne voient rien à mettre au dessus de leur intérêt ou de leur désir. C'est aussi un système de croyance.
Faut pas croire, même les croyants ont connu un cheminement personnel qui les a amené à croire à ceux qu'ils croient. Je pourrais dire la même chose que vous en ce qui concerne ma croyance en la réincarnation. Je pense qu'un chrétien aussi a eu ses périodes de doutes, de réflexions, qu'il a lu, écouté, expérimenté et que tout cela a forgé sa foi. IL ne faut pas caricaturer les religions ou les spiritualités en considérant que c'est du "prêt à penser" qu'on ingère.
Rédigé par : Malakine | 29 décembre 2007 à 12:25
C'est pour des billets de ce genre que j'apprécie Horizons.
Elle date de quand cette vidéo ? Je la trouve un peu lugubre et je ne vois pas bien quel est le propos ? Est-ce que le monde d'aujourd'hui est pire que les précédents, je n'en suis pas convaincu.
Il me semble qu'il y a confusion sur la notion d'agnosticisme (au moins pour moi). Si j'en crois Hachette, être agnostique c'est déclarer que l'absolu est inconnaissable pour l'esprit humain. Ne peut on croire en l’existence de Dieu mais considérer qu’on ne peut le connaître (et expliquer par exemple le mal, la souffrance,….) Autrement dit, est-il possible d’être à la fois agnostique et chrétien par exemple ? (Koz si tu nous lis …)
Je dévie un peu mais une religion moderne me vient à l’esprit en lisant ce billet : la publicité. Je crois qu’elle fait plus de ravages à notre époque que toutes les religions confondues dans les siècles passées. Déifiant l’argent, elle crée des besoins artificiels, augmente les coûts des marchandises et s’érige en référence absolue de ce qui est "in"ou "out" nouvelles dénominations pour distinguer le bien et le mal.
Si j’avais le talent de Malakine, j’écrirais un truc à ce sujet ….. mais je me contenterai de phagocyter son blog ;)
Rédigé par : RST | 29 décembre 2007 à 13:11
Le malentendu persiste, j'en ai bien peur...
Bien entendu, les agnostiques croient à quelque chose, mais je ne crois pas que ce soit à la même chose que les "autres" croyants... Ce qui fonde, à mon sens, de placer le terme d'"agnostique" en opposition à celui de "croyant".
Ma "croyance", au sens ou vous l'entendez, est en fait que toutes les croyances sont fausses. Bien sûr, tout un chacun s'appuie dessus pour agir, l'agnostique "sait" seulement qu'il tente de bâtir un raisonnement juste sur des prémisses fausses, que cette entreprise est vouée à l'échec, et que seule une amélioration lui est peut-être accessible. Le bien, lui, est hors de portée.
Seule compte, en dernière instance, l'expérience, seule source d'une vérité qui restera intrinsèquement relative. Je suis donc bien résolument agnostique et profondément matérialiste (déterministe même). Mon "maître" à moi est plutôt le Grec Protagoras ("l'homme est la mesure de toute chose", pris dans le sens le plus relativiste possible).
Mon propos était seulement de vous indiquer que, contrairement à ce que je crois comprendre de votre réflexion, il est possible, selon, moi, de bâtir une morale humaniste sur le matérialisme le plus agnostique qui est le mien. J'estime même que cette morale se révèle, dans la pratique, plus efficace à l'établissement d'une société harmonieuse que toutes les morales issues de la métaphysiques.
Car pour moi, la totalité de la métaphysique est vaine. La question "pourquoi y a-t-il quelque chose et non pas rien ?" est nulle et non avenue. Elle n'a pas de sens. Elle n'est qu'un de ces "jeux de mots" permis par le langage et qui ne mène à rien de sensé. "Tout ce qui peut être dit peut être dit clairement" résume Wittgenstein ("et ce dont on ne peut pas parler, on doit le taire")...
Je me sens donc intellectuellement bien plus à l'aise personnellement dans le monde matérialiste et déchristianisé que vous décrivez, que dans les sociétés où la métaphysique domine (l'Europe de jadis, l'Islam ou l'Inde d'aujourd'hui). Je vois pour ma part que les sociétés où le matérialisme domine sont plus apaisées, on y vit plus longtemps, et en meilleure santé.
Ces sociétés ne sont pas sans défaut, j'en conviens et je souscris à la description que vous faites dans votre billet. Je ne vois pourtant pas, pour ma part, d'amélioration possible dans un "retour" à la métaphysique. Je reste progressiste et je crois toujours à la possibilité d'un "matérialisme historique à visage humain" ;-)) Voilà comment mon progressisme politique est dans le prolongement direct de mon matérialisme philosophique.
Le "retour" à des croyances fondées sur la métaphysique me semble une régression, et - n'y voyez ni injure, ni animosité - place dans mon échelle de valeur ses promoteurs dans la position du réactionnaire.
Rédigé par : tardif | 29 décembre 2007 à 13:13
bonjour,
Malakine, je partage avec vous qu'il faut "préserver un minimum de valeurs et de morale publique dans le monde d’aujourd’hui" et j'ajoute que, sur un plan individuel, l'absence de principes moraux dans l'éducation nous pose aujourd'hui problème.
Aussi je ne suis pas totalement réfractaire à une incitation comme "Prenez vous par la main ! Aimez-vous les uns les autres" [:) !!] malgrè un coté désuet. Il est urgent que des politiques pronent d'autres valeurs que la "compétition et la consommation".
L'athée que je suis devenu, certes après une éducation traditionnelle chrétienne, reste quand même toujours rassuré quand les politiques défendent sincérement les valeurs de la morale chrétienne.
Or c'est cette sincérité qui est primordiale : vous avez bien raison de souligner ici la duplicité de N. Sarkozy quand il médiatise sa visite papale.
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 29 décembre 2007 à 14:57
Et si je peux me permettre de squatter un peu plus votre blog, Malakine (je suis de la race des blogueurs coucous, qui font leur nid dans celui des autres ;-) ...), j'irais un peu plus loin, pour rejoindre votre réflexion sur l'a-moralité de Sarkozy, qui soulève une question très intéressante. C'est que vous m'avez inspiré aujourd'hui !
Je vous suis parfaitement dans le constat que Sarkozy n'est absolument pas un homme religieux et que son voyage papal ne menace en rien la laïcité, mais pose bien un problème de morale publique. Je le vois également comme "un pur produit d’un monde totalement déchristianisé, individidualiste, post-soixantehuitard".
Là où je ne vous suis plus, c'est que selon vous, dans ce monde post-soixante-huitard, "la valeur de homme se mesure à l’épaisseur de son compte en banque et où il y n’y a nulle valeur sacrée au dessus du désir individuel".
Vous avez raison, j'en ai bien peur, en soupçonnant que Sarkozy, lui, soit adepte de ces valeurs-là, mais ce n'est pas la seule manière d'être post-soixante-huitard...
C'est que je suis moi aussi "un pur produit d’un monde totalement déchristianisé, individidualiste, post-soixantehuitard", et que je ne partage pas les valeurs de Sarkozy. Et à vous lire, je crois bien que vous l'êtes vous aussi, mais pas dans le même sens ni que moi, ni que Sarkozy ;-)
La "pensée 68" symbolise dans l'esprit de beaucoup aujourd'hui l'avènement de ce moment réputé catastrophique dans l'histoire de la pensée occidentale de la dissolution totale des valeurs. Et c'était le début de la fin...
C'était un moment qu'on attendait depuis quelques temps déjà, tant la pensée occidentale du XXe siècle est hantée par la prémonition tenace de sa propre fin imminente (hier la catastrophe était nucléaire, mais l'imaginaire collectif a changé de mythe aujourd'hui : il y a un quart d'heure, c'était le terrorisme planétaire, il y a cinq minutes la pandémie aviaire ; depuis quelques secondes, il me semble que c'est la catastrophe climatique qui prend le dessus. Demain nous réserve d'autres surprises...). On s'accorde, en tout cas, généralement, à penser qu'il n'y qu'une seule cause à tout cela: la dissolution totale des valeurs.
Que ça soit clair, je ne nie pas du tout l'existence des risques nucléaire, terroriste, épidémique et climatique. Ils sont bien réels. Je souligne seulement qu'il y une marge entre l'existence d'un risque et l'assurance d'une catastrophe annoncée... Comme disent les boursiers: tant qu'on a pas vendu, on n'a pas perdu !
Ce qui met la puce à l'oreille, c'est que ce moment "catastrophiste" de la pensée occidentale était annoncé depuis un bon moment par les philosophes Nietzsche et Heidegger, dès le XIXe siècle. Ils ont appelé ça le nihilisme (Nietzsche le définit d'ailleurs précisément comme le moment de "la dévalorisation des valeurs suprêmes", ou autrement dit "la mort de Dieu").
Ce moment du nihilisme généralisé est en quelque sorte "l'état normal" d'une culture qui vient de constater la mort de Dieu et se retrouve bien embarrassée avec ça sur les bras, quand elle réalise qu'elle a perdu dans l'affaire le socle sur lequel était bâti tout l'édifice du bien, du beau, du vrai, le sens de l'histoire et la promesse d'un avenir meilleur. C'est assurément un coup dur.
Nous en sommes là, effectivement. Mais ce n'est pas une catastrophe ;-)
Certains exégètes de Nietzsche et Heidegger (je vous épargne les références, mais je fournis sur demande...) discernent trois formes de ce nihilisme contemporain : le passif, le réactif et l'accompli. Je détaille :
Le nihilisme passif : c'est Sarkozy. Il n'y plus de valeurs, alors il ne reste que la satisfaction narcissique de ma propre jouissance dans l'immédiateté du présent, sans me soucier de ceux qu'il me faudra piétiner pour l'obtenir. Après moi, le deluge...
C'est une position cynique. Mais c'est aussi la forme la plus puérile de ce nihilisme auquel nous sommes, en Occident, tous condamnés aujourd'hui.
Le nihilisme réactif : je dirais que c'est le vôtre, Malakine. Un nihilisme qui ne se laisse pas aller, qui n'a pas perdu tout sens des valeurs, mais se trouve très embarrassé par le constat qu'elle ne reposent plus aujourd'hui sur rien.
Le constat que les fondations de la maison ont été emportées est en effet inquiétant, et l'on a toutes les raisons de redouter que ça ne préfigure l'effondrement de toute la maison. Le nihiliste réactif est celui qui tente de faire quelque chose pour empêcher cette catastrophe.
Or il n'y qu'une seule chose à faire, quand les valeurs se sont dissoutes et que l'on veut agir : c'est la réappropriation de ce qui est perdu.
Pas sous la même forme, bien entendu. Ceux qui prônent le simple retour aux valeurs du passé sont les vrais réactionnaires (je suis allé un peu vite en besogne à vous tailler ce costume dans mon précédent commentaire. pardonnez-moi...). Ces intégristes, ces réactionnaires de tout poils, qui pullulent aujourd'hui, ne sont pas des nihilistes. Car ils vivent toujours dans le passé et n'ont pas pris ce train de la modernité, qui nous laisse en rade aujourd'hui.
Eux ne croient pas que ces valeurs ont disparu. Ils espèrent toujours leur Salut. Ils estiment seulement que leurs contemporains se fourvoient. Quand ils ne se vautrent pas carrément dans le péché. Ils ne redoutent pas la catastrophe imminente, ils attendent au contraire impatiemment le Jugement dernier qui remettra de l'ordre dans ce foutoir (on peut même, peut-être, accélérer les choses avec une ou deux bombes bien placées). Bref, Mai68 n'est pas passé par eux...
Tandis que le nihiliste réactif, lui, sait très bien que l'on ne reviendra pas en arrière. Il cherche donc des moyens détournés pour se réapproprier ce qui a été perdu, en partant dans l'ailleurs, à la recherche de valeurs plus vraies, plus authentiques, et toujours debout, dans les cultures marginales, étrangères, et parfois même... étranges...
Autant le nihiliste passif est cynique, autant le nihiliste réactif a une vision du monde "pathétique" (selon le terme de Nietzsche). Moralement, c'est tout de même beaucoup mieux...
Et puis il y a le nihiliste accompli (ça, c'est plutôt moi ;-) ) :
Ce dernier ne croit pas à l'imminence de la catastrophe, il se contente de la considérer comme possible.
Ce dernier réalise que la montée de cette hantise de la catastrophe dans la société est quasi proportionnelle à l'amélioration de la situation réelle des gens dans cette société : l'allongement spectaculaire de la durée de la vie, du confort matériel, la réduction considérable de la violence dans la société (rappelez vous l'état des rues des grandes villes françaises avant l'invention de l'éclairage public ! Comparez votre situation personnelle réelle - pas vos peurs ou vos fantasmes-, avec celles des habitants des pays sous-développés, des favellas de Rio aux bidonvilles de Manille...), et surtout la plus grande période de paix consécutive jamais connue par l'Europe de l'ouest dans toute son histoire...
Le nihiliste accompli constate bien que les "valeurs suprêmes" se sont dissoutes, mais il constate en même temps que le monde ne s'écroule pas, et il en conclut que l'on peut vivre sans...
Il voit bien que du Progrès, il ne reste rien, pas plus que de Paradis, ni sur Terre, ni dans l'au-delà. Et pourtant, ça n'est pas grave. L'avenir, ce n'est plus le Progrès, c'est un possible. Et il y a une chance que ce possible soit positif, même si ce n'est pas sûr.
Les valeurs n'ont pas disparu, elles sont juste plus" floues", plus "souples". La vérité est seulement un peu plus "faible" qu'avant. La réalité est plus "fluide". Mais tout ça n'a pas complètement disparu. L'absolu de l'éternité des valeurs s'est subrepticement transformé en métamorphose permanente. Le sens de l'histoire est un chemin accidenté mais praticable, plein de bifurcation entre lesquelles ont doit opter sans plan... Commençons donc par fabriquer une lampe de poche.
Le nihiliste accompli n'aura gagné qu'une chose sur les autres dans cette affaire : il pense que quelque chose d'efficace est peut-être envisageable pour améliorer les choses. Alors il s'y met, avec prudence et pragmatisme... et une certaine forme d'insouciance retrouvée.
Voilà comment vos propos sur Sarkozy m'ont inspiré ce joli conte de Noël post-moderne, avec quelques jours de retard...
Merci à ceux qui l'ont lu jusqu'au bout et à Malakine de l''avoir accueilli. ;-)
Rédigé par : Tardif | 29 décembre 2007 à 17:39
@Tardif
J'ai lu jusqu'au bout. Très instructif.
Les bons blogs se reconnaissent aussi à mon avis à la qualité des commentaires laissés par les coucous (j'aime bien la notion de blogueur coucou) ... et les autres.
Rédigé par : RST | 29 décembre 2007 à 18:55
le débat est riche aujourd'hui !! :-) donc, dans l'ordre d'arrivée ...
>RST
Merci. Quand je m'aventure sur des sujets de société, j'ai toujours peur des réactions ...
Oui, il y a sûrement confusion car je voulais dire agonostic au sens de celui qui ne croit à rien. Pour la pub, je suis parfaitement d'accord avec toi. J'en parle à demi mots dans ce billet. Et c'est avec grand plaisir que je publierais ce que tu écriras sur le sujet ! Vas y !!
Pour la vidéo, je ne sais pas de quand elle date et ce que c'est. On dirait la bande annonce d'un film. Je ferais des recherches ... Je voulais juste vous montrer Arnaud, quelqu'un qui a beaucoup compté dans ma vie à une époque.
> Tardif 1
On est toujours en désaccord dans le sens où je considère que le matérialisme est aussi une croyance. En revanche, on se rejoint dans la possibilité de bâtir une morale matérialiste. Le civisme ou le républicanisme en a été une. Le communisme aussi. Malheureusement dans le monde d'aujourd'hui, je ne vois pas quelle est la morale qui imprène la la sphère publique ou même la sphère privée. Je ne vois que la loi du plus fort et le culte des valeurs de l'égo. Tout ce qui peut tenir lieu de surmoi a disparu. Le comportement de notre président de la république en est une magnifique illustration. On vit dans le règne de l'individu roi !
Quand au qualificatif de réac, oui, j'assume.
> PMF
Je retrouve là l'ardent ségoléniste ! :-) Je précise tout de même que ce n'est pas son coté "cul bénit" qui m'a fait la détester autant. C'est le fait que ces références chrétiennes tenaient lieu chez elle de programme politique. Avoir des valeurs qui inspirent l'action politique, c'est nécessaire. Encore faut-il avoir un programme politique.
> Tardif 2
Waow ! Je suis impressionné !! Que répondre à ça ?
Déjà que des coucous de ce niveau là sont toujours les bienvenus ici ! Et même que c'est dommage que des propos de cette qualité n'apparaissent que sous forme de commentaires.
Ensuite, que je vais digérer ça pour essayer d'en faire un jour un article qui pourrait s'appeler "comme un parfum de fin du monde".
J'aime beaucoup votre typologie et c'est vrai que je me reconnais bien dans le nihiliste réactif. Si j'ai appelé ce blog "Horizons" et si le terme auquel j'associerais ma pensée politique quand elle sera stabilisée, c'est le "civilisationnisme", c'est que je suis effectivement obsédé par l'avenir et par l'idée que l'on pourrait ne plus en avoir. Cette modernité est effrayante parce qu'on doit vivre en permanence avec la peur du cataclysme et l'impression que rien ne structure notre monde. D'ailleurs vous avez oubliez à votre inventaire, la dernière en date, celle qui fait planer la menace la plus imminente, à savoir la perspective d'une nouvelle crise financière de type 1929.
Alors peut-être comme vous le dîtes, qu'il faut apprendre à vivre dans un monde qui n'a plus de repère et qui peut s'écrouler à tout moment. Bon, mais franchement entre l'éclairage public et la lampe de poche, je préfère quand même l'éclairage public.
Mais je pense à quelque chose, je suis terrifié dans le noir absolu ... C'est lié vous croyez, docteur ?
Je ne sais pas si vous êtes un lecteur depuis longtemps, mais je vous conseille aussi la lecture de cet article, qui est un peu sur le même sujet.
http://horizons.typepad.fr/accueil/2007/11/la-crise-de-la.html
> RST
Oui, j'ai toujours pensé que la qualité d'un blog se voit à la qualité des commentateurs. Mais bon, c'est dur à faire vivre un blog comme ça ...
Rédigé par : Malakine | 29 décembre 2007 à 19:52
@Malakine,
Nous avons tous notre propre vision métaphysique du sens de la vie, certes mais à condition de ne pas avoir subi le lavage de cerveau de la religion dans sa jeunesse (madrasas, écoles catholiques du passé). Croire que l’on peut inventer un Dieu unique si on ne l’a pas distillé dans nos oreilles tout au long de notre jeunesse est accorder beaucoup trop d’imagination à notre pauvre cervelle: les enfants "loups" qui se sont élevés seuls, n'ont aucune conscience de dieu.
Tu dis que "les agnostiques, sont en fait des matérialistes qui ne croient qu'à eux-mêmes et qui ne voient rien à mettre au dessus de leur intérêt ou de leur désir."
C’est amusant, parce qu’on peut dire à peut près la même chose des croyants: "Tellement imbus de leur propre importance qu’ils croient dur comme fer qu’un Dieu éternel (tout puissant donc universel), non content de gérer 25 milliards de milliards de planètes, à choisi de chérir NOTRE race !
Et puis, en toute modestie, de croire que DIEU se penche en particulier sur le sort de leur importante personne au milieu des milliards d’êtres humain ! Il ne voient rien à mettre au dessus de leur petit intérêt en vue d’une éventuelle "Après vie".
Tu vois, on peut tout dire et son contraire (lol) !
Je considère que les gens nés avec une conscience sont en ligne directe avec "Dieu". Mon dieu est absolu, il EST l’énergie et la matière de tout l’univers…. En quoi cela me rendrait-il plus égoïste ?
"Je crois au Dieu qui a fait les hommes, et non au Dieu que les hommes ont fait." Est un bon résumé de ma position, que je partage avec Alphonse Karr.
Enfin, en ce qui me concerne ce n’est absolument pas un système de croyance, puisque je peux rester 5 ou 10 ans sans y penser une seule seconde.
@Tardif,
Plutôt que de relever vos commentaires, je résumerais mon approbation en disant que je souscrit à votre avis sur les agnostiques et la religion… et ma désapprobation et disant que Protagoras et Gorgias de Leontium sont les deux gonzes qui me font le plus marrer, tant leur vanité (dans les deux sens du mot) est extrême:
La vérité existe puisque même si l’on prouvait que rien n’existe, il resterait encore l’existence de cette vérité là.
@RST,
Intéressant ce que vous dîtes, je suis d’accord avec vous sur tout, sauf que pour moi, tout est très simple: Il existe un dieu pour qui je ne suis qu’un atome de grain de sable dans le Sahara, et que sportif, je n’aurais jamais eu l’incroyable vanité de prier pour qu’il me fasse gagner (lol).… suis-je agnostique ou athée ?
PMF,
Ce que les occidentaux appellent pompeusement "la morale chrétienne" est identique à la morale du Coran, si elle n’était pas dévoyée par les mollahs. Les gens qui ont une conscience ont la morale tout court chevillée au corps, elle peut être enseignée à l’école laïque, c’est d’ailleurs ce que font les meilleurs instituteurs,, croyants ou pas.
Rédigé par : Ozenfant | 29 décembre 2007 à 20:00
Malakine,
J'ai oublié de te dire que je suis 100% d'accord avec la tendance générale de ton article !
Rédigé par : Ozenfant | 29 décembre 2007 à 20:26
Fichtre les commentaires sont long, cela faisait longtemps que personne n'avaient poser un texte d'une telle longueur en guise de commentaire. A bien y réfléchir l'organisation du blog et le mode de lecture ne permettent pas à ce genre d'intervention d'être mis en valeur c'est dommage. Il faudrait peut-être transformer ton blog en un site ou les meilleurs interventions (les plus complète et précises) pourrait se voir offrir l'immortalité au lieu de finalement se perdre dans les profondeurs du classement par date.
Du coup je n'est pas grand chose à ajouter si ce n'est que je ne pensais pas que tu regardez des chaines comme Europe2TV tu tombe dans mon estime lol..
Et puisque tu aimes la musique je met un lien avec un super clip de Serj Tankian (chanteur des System of a Down) qui fait aujourd'hui des clips et des chansons engagés. Ce clip illustre à merveille, je pense, tes propos sur le manque de moralité de notre société. Il a aussi fait un clip avec les Rita Mitsouko sur les mannequins anorexiques assez jouissif.
http://www.dailymotion.com/relevance/search/serj+tankian/video/x36slc_serj-tankian-saving-us_music
Rédigé par : yann | 29 décembre 2007 à 20:31
Merci de vos commentaires sur le commentaire ;-) (je vous parlerai peut-être un jour de ma théorie sur la note dans la note dans la littérature française du XIXe siècle ! Ca vaut bien un commentaire hors sujet, à l'occasion d'un billet de Malakine qui parle d'une chose bien plus intéressante). Pour rendre à César, ce qui n'appartient pas à Sarkozy, la typologie des différents nihilismes selon Nietzsche et Heidegger est du philosophe italien Gianni Vattimo ("La fin de la modernité", 1987, Le Seuil).
PS: finalement l'idée de blogueur coucou, qui a bien plu à RST ;-) , me donne quelques idées de développer le concept. Je vous tiens tous au courant de mes réflexions (ici même, et dans les autres nids où le coucou dépose habituellement ses oeufs). Mon problème est que j'ai piqué cette idée à un autre et que je vais tenter de le retrouver avant, pour essayer de savoir ce qu'il en pense (mais le coucou en question est difficile à saisir, vu son nomadisme sur la toile !). A bientôt...
Rédigé par : tardif | 29 décembre 2007 à 22:48
@ Ozenfant (message spécial)
Vous ne connaissez probablement Protagoras qu'à travers Platon (cf. le dialogue de Platon qui porte ce nom), ce qui est assez compréhensible, vu qu'il n'y a quasiment pas d'autre source que lui....
C'est là qu'il faut lire entre les lignes, car Platon (le partisan de l'aristocratie, l'opposant à la démocratie grecque, un sale mec, en fait : un infâme petit bourgeois sarkoziste) offre, soi-disant, une tribune à son opposant, mais son but est de le contrer. Pourtant, à mon avis, c'est Protagroras qui gagne la fin du match...
Après ça, 25 siècles d'opprobre se sont déversés sur son école philosophique, celle des sophistes, au point que ce terme est devenue quasiment une injure. Mais il a conservé des adeptes jusqu'au 21e siècle a.p. J.C. (moi, par exemple). Et les sophismes ne me font pas peur, bien au contraire.
Je trouve Protagoras finalement bien plus proches de Socrate lui-même, que ne l'a jamais été Platon, qui a déformé sa pensée. Une seule devise pour Socrate : "connais toi, toi-même", et une seule méthode : la "maieutique", ou l'art d'accoucher les esprits, à l'issue d'un dialogue serré, en tête à tête, et de haut niveau. Exactement comme ici, et comme chez Protagoras ;-)
Même si c'est vrai que Protagoras faisait payer - fort cher, dit-on - l'enseignement de la rhétorique, l'art de manipuler les foules, dont il avait percé les secrets... Aujourd'hui, il s'est probablement réincarné en Jacques Séguéla (pardon Malakine pour cette attaque directe contre la théorie de la réincarnation, dont on voit, à travers cet exemple, tout le mal qu'elle peut faire à l'humanité).
Rédigé par : tardif | 29 décembre 2007 à 23:31
Tardif,
D'accord avec toi sur Platon. Mais, tu sais, il ne faut pas faire attention à ce que je raconte, je ne suis qu'un sale autodidacte inculte.
En tant que tel, je déteste toute forme d'idéologies, pour moi, "Un idéaliste est un homme qui, parce qu'une rose a meilleure odeur qu'un chou, en conclut qu'elle fera un meilleur potage."
Mes "philosophes" préférés sont Brel et Brassens ("Mourrir pour des idées, bien sûr, mais de mort lente"), Henry Laborit et.... Einstein (sa lumineuse simplicité et sa confiance dans l'imagination) !!!
Je supporte à la rigueur Socrate, Thalès, et puis Epicure et Voltaire (bien que trop égoïstes à mon goût): "Toute secte, en quelque genre que ce puisse être, est le ralliement du doute et de l'erreur".
Bon finalement, tout en te répondant je m'aperçois qu'il y a des tas de gens que j'aime, peu ou prou "philosophes", mais alliant réalisme, bonté et bon sens: Diderot, La Fontaine, Molière, Hugo, les Jules (Renard et Romain), Muriel Barbery, Bernard Shaw, Dan Simmonds (lol) ou… Nietzsche.
Tout cela pour te dire que, quand même la plus part du temps, les so called "philosophes" m'emmerdent par la filandreuse prétention de leurs galimatias. Je ne cherche pas à être iconoclaste mais beaucoup de textes fameux et admirés ne résitent pas à l'analyse objective et répondrait facilement à la boutades de Pierre DAC: "Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l'ouvrir."
Ma fille est en terminale "philo" et j'ai eu droit cette année à des textes jargonneux d'une telle vacuité prétentieuse que tout ce qui approche, de près ou de loin, les sophistes me fait gerber !
Cordialement, Oz
Rédigé par : Ozenfant | 30 décembre 2007 à 10:07
Après un article avec lequel je suis presque d'accord à 100°/°, j'ai été passionné par tous ces commentaires.
Sur la visite de NS à Rome, je trouve que c'est le comble de l'hypocrisie. J'ai entendu un comment. du père de la Morandais (ortho?) qui affirmait que tous les pêcheurs étaient les bienvenus dans l'Eglise . A ma connaissance, ce n'est pas en tant que tel qu'il s'est présente au Vatican et à St Jean de Latran. Poupart, un cardinal, a prétendu quant à lui, que c'était la France qui était accueillie. Tout cela me semble bien dérisoire.
Je suis d'accord avec ce qu'écrit Ozenfant, il y a peu de différence entre la morale dite chrétienne et ce que l'on perçoit à la lecture du Coran.
A trop vouloir attirer les votes des musulmans, des juifs, des chrétiens, Ns perd de vue ce que doit être la laïcité: une tolérance et le respect de toutes les croyances mais sans s'afficher aux cérémonies du CRIF qui ont sa préférence. Ira-t-il aux conférences de carême à Notre Dame? Ira-t-il avec sa nouvelle conquête?
Personnellement, je suis devenu à la fois agnostique et un peu panthéiste.
Et parfois, je ne sais plus.
Je relis Bachelard qui m'éclaire un peu.
Rédigé par : Philippe | 30 décembre 2007 à 10:27
@Tardif
C'est très intéressant ce que vous dites sur "Platon (... : un infâme petit bourgeois sarkoziste) qui offre, soi-disant, une tribune à son opposant, mais son but est de le contrer"
C'est, d'une certaine manière, repris ici, en faisant appel à Nietzsche : http://www.marianne2.fr/Nietzsche-au-secours-des-socialistes_a82462.html
Ceci étant dit, je suis très déçu d'apprendre que Platon était un affreux Sarkozyste. Je garde des souvenirs émerveillés (certes rares) de mes cours de philo qui m'ont fait découvrir l'allégorie de la caverne.
Rédigé par : RST | 30 décembre 2007 à 11:54
Une autre tribune d'opposants sarkozistes à Sarkozy c'est l'émission des "gauchistes" Olivier Duhamel et Michel Field sur Europe1, le dimanche matin : "médiapolis".
http://www.europe1.fr/antenne/fiche_emission.jsp?id=4525
L'émission "critique" ou "philosophique" d'aujourd'hui était écoeurante d'encens. A écouter au second degré, c'est frappant, et à relier à cette idée que la bourgeoisie occupe méchamment les canaux du pouvoir (mascialisation).
le Belge
Rédigé par : Belgo3.0 | 30 décembre 2007 à 14:09
Belgo,
La bourgeoisie et ses alliés objectifs les "Gens qui savent" (intellectuels le plus souvent "dits de gauche"), occupent en effet toutes les allées du pouvoir.
Ils créent de nouvelles dynasties et s'organisent pour que l'ennemi héréditaire les "Gens qui font" (le monde du travail) ne puisse avoir accès ni à la chambre des députés (lois en faveur des fonctionnaires, etc.), ni à aucun autre instrument du pouvoir (presse, religion etc.).
Exemple: le PS ne comprend pas un seul membre influent ayant travaillé dans un secteur productif.
Ce n'est pas dû à une conspiration, mais c'est plutôt l'évolution normale de toute société, évolution qui méne invariablement à ....
Rédigé par : Ozenfant | 30 décembre 2007 à 17:33
ce schéma existe sous l'Egypte, ou encore à la fin de l'Empire Romain, voire sous Louis XVI.
C'est une bureaucratie, voilà pourquoi on peut parler de Scribes, pour désigner le personnel de la Ve République, voire du personnel qui a proposé le TCE.
La délitation sarkozienne des concepts (laicité, Ve R) est concomitante. Je pense qu'on peut rebondir (puisqu'apres tout un systeme économique est "clos", mais aporétique, auto-gestionnaire en quelque sorte), notamment politiquement, en ASSERVISSANT l'action politique (et donc les personnels) a des objectifs explicites. Notamment des objectifs laiques.
le Belge
Rédigé par : Belgo3.0 | 30 décembre 2007 à 18:10
Le délitement (mes excuses) sarkozien des concepts ne permet qu'une survie limitée à ce personnel.
Déjà la "popularité" du Gouvernement est à 30%.
http://fr.news.yahoo.com/afp/20071229/tfr-politique-sondage-gouvernement-a8f5b30_1.html
On sait que cette "popularité" de la thématique "pouvoir d'achat" ne peut pas être due à la pénétration du PS (mon parti) vu l'audience de Mr Hollande qui agite ad nauséam ce theme du pouvoir d'achat (il n'a pas de problemes de pouvoir d'achat, Hollande).
Mais ça signifie que les citoyens sont avertis de la politique menée....et qu'ils disposent d'un exutoire politique soit à l'Assemblée (on connaît la Ve...) soit dans la rue.
Moralité : rentrée morose, Sarkozy va encore huiler les mollahs/curés/rabins/pasteurs, et tout le monde va essayer de travailler, délocalisations, violences sociales, et les médias "démocratiques" vont nous reparler de Mme Le Pen, ou des caprices de Mme Bruni.
Quel beau pays, phare de la civilisation, etc.
le Belge
Rédigé par : Belgo3.0 | 30 décembre 2007 à 18:19
@Malakine
Un début de polémique s'est amorcé sur le Poliblog ( http://poliblog.canalblog.com/archives/2007/12/30/7385350.html) où je t'ai dénoncé comme ayant voté pour Sarko au deuxième tour
J'ai pas rêvé, tu l'as bien écris quelque part ?
Rédigé par : RST | 31 décembre 2007 à 12:15
ben oui ... Ceci je ne m'en suis pas vanté mais tout le monde a bien compris que je ne pouvais pas voter pour Gogolène. Je vais voir ce qui se dit chez Pascal.
Tu vois ? Tu commences à prendre goût au poliblog ! :-) La bas, il se passe toujours quelque chose ... Pas comme ici, ou parfois je reste silencieux pendant une semaine.
Rédigé par : Malakine | 31 décembre 2007 à 12:39
2 Pater, 3 Avé, te voilà pardonné, cher Malakine,
N'oublie pas de lire un peu "Das Kapital",
c'est une bûche mais c'est bon pour le foie.
le Belge
Rédigé par : Belgo3.0 | 31 décembre 2007 à 21:55
Puisque tout le monde ne lit pas le poliblog, voilà ce que j'y ai écrit à propos de mon vote en faveur de Sarko au second tour. Au premier tout le monde a oublié, et ça m'arrange bien ! :-)
Bon ouais, je reconnais, j'ai voté Sarko. Ca mériterait des longs développement mais je vais essayer de faire court.
Trois raisons principales et une conclusion en forme d'absence de regret.
1- Pendant la campagne, j'ai souvent débattu avec yann de la sincérité de sarko, savoir si on pouvait se fier à ses discours ou non. Il me disait que non, mais moi je répondais oui. Je préfère en tant que citoyen voter pour un discours auquel j'adhère, même si je méprise en tant qu'homme le type qui l'incarne, que de voter pour un discours dans lequel je ne reconnais pas même si je fais plus confiance au candidat.
En l'espèce il n'y avait pas photo parce que je détestait tout autant le personnage Ségolène et je ne me reconnaissais absolument pas dans son discours féministe, post-politiique, maternant, cul cul gnan gnan, tout-le monde-il est beau, tout le monde il est gentil, on va faire du gagnant-gagnant et on va s'aimer les uns les autres en se prenant par la main.
Bref ... J'ai adoré et j'ai vibré aux discours de guaino. J'ai même été voir sarko en concert .. pardon en meeting. Et j'ai voté pour les idées que Guaino a mis dans la bouche de Sarko.
2- J'en ai finalement déjà parlé. Sarko était opposé à Ségolène. Elle a dit trop de connerie pendant la campagne pour qu'on ose lui confier les responsabilité de l'Etat. J'aurais pu voter pour elle si elle avait dit (comme je lui avait demandé plusieurs fois :-)) de prendre l'engagement de ne pas gouverner. Mais comme elle s'obstinait à se présenter comme la maman de tous les français, c'était pas possible. Et franchement avec le recul, je pense qu'avec elle, on partait dans une vraie aventure ...
3- Par rapport à Todd c'est vrai qu'il a été hyper sévère avec Sarko toute la campagne, mais il n'a pas été tendre non plus avec la Gogolène ! Il n'a d'ailleurs jamais appelé à voter pour elle. Tout juste a t-il dit qu'il fallait qu'il y ait une chambre socialiste. Ségo-Sarko c'était le duel qui me terrifiait depuis des mois. Malheureusement il a fallu faire un choix.
En conclusion, je crois qu'il faut faire la part des choses entre le personnage et sa politique. Le type est détestable sur le plan humain. C'est un guignol qui fait honte à la france et à sa fonction. Tout ça ok ... Mais qu'a t-il fait de si terrible ? Qu'a t-il fait de si extraordinaire ? qu a t-il fait que n'aurait pas fait un Villepin ou un Bayrou (voire un strauss kahn) ? Franchement je ne vois pas.
La hausse du gaz, la suppression des droits de successions, l'autonomie des universités, la fermeté à l'égard des sans papiers, tout ça aurait eu lieu avec ou sans sarko. Tout le reste c'est que du vent, que de la comm. Alors il faut être patient, c'est tout. Quant à l'alternative, je le répète, elle n'est toujours pas dessinée ... et malheureusement on en prend même pas le chemin. Je ne suis d'ailleurs pas certain qu'elle soit encore possible.
Pour reprendre ce que nous a dit Yann pendant toute la campagne, c'est peut-être plus une grave crise qu'une révolution qui nous débarrassera du capitalisme financier, de la mondialisation libérale et de l'égoïsme libertarien.
Rédigé par : Malakine | 31 décembre 2007 à 23:41
Malakine. Bravo pour ton article que je n'avais pas lu. Je me permets de l'éditer sur mon blog si tu le permets.
Car contrairement à toi, je fais tout mon possible pour dénoncer un christianisme mal compris et mal appliqué.
Que celui-ci, a en quelque sorte été dépassé par son audace de mettre l'homme au centre de ses préoccupations, et qu'à ce titre, son système vertical d'organisation à explosé face au aspirations de toutes ces nouvelles individualités comme le remarque le philosophe Macel Gauchet. Pour enfin, venir se positionner dans un système horizontal, au côté du bouddhiste et du capitalisme, par exemple. Le citoyen lambda faisant ensuite son choix comme au supermarché ou selon sa conscience. Voilà la dure réalité, qui au fond touche tout le monde. Ensuite, je suis d'accord avec toi sur Sarkosy et sa prétendue religiosité. Cela fait longtemps sur mon blog, que je dénonce ce faux chrétien, comme on peut en voir des millions aux états unis, définitivement mis au piloris, dans ce remarquable documentaire 'Jesus camp" sur les fondamentalistes pentecôtistes. Pour ma part, je prône un Christianisme éclairé, dont la liberté, entendue comme liberté de conscience, soit le ciment indéfectible. Car ce qui a été très mal compris, du côté des croyants comme des non croyants, est le fait que la liberté est un don de Dieu et que Dieu ne supprime pas ces dons. La liberté prend donc tous son sens ici et est au coeur du christianisme. Pouvoir au service de l’amour, pour qu’il puisse faire ses choix. Choix qui permet à l’amour de se concrétiser et d’avoir une beauté. Dieu nous a choisit librement et il veut être choisit librement. Petite pique en passant, à tous ceux qui cherche à faire de l’église, un moyen de répression, d’avilissement, de contraintes, de calculs en vue du salut et cela depuis 2000 ans. Ce que beaucoup de chrétiens ont toujours refusé de voir, qu'un monde soit possible en dehors d'eux, puisque le dessein du christianisme est justement dans donner la possibilité. Le problème d'aujourd'hui, est comme tu le soulignes bien, est que le christianisme est soumis lui aussi, au même titre que la laïcité, à une acculturation de masse de ce qu'il est en vérité. Les chrétiens comme moi sont donc à la peine, pour dénoncer tous les sarkosystes en puissance, qui jouent sur une mémoire perdue. Sans réelle opposition du corps religieux encore sonné par la déchristianisation et des moyens à mettre en oeuvre comme pour la gauche, ils poussent leurs pions, jouent sur un discours missionnaire tout en faisant la chasse aux miséreux et en valorisant un individualisme plus que douteux. Et tout cela au grand jour. C'est dire l'aliénation avancé et massive de notre société. D'après un récent sondage sur la Croix, un catholique sur deux croient en Dieu ! C'est dire où nous en sommes, et je trouve remarquable ton analyse sur les vrais dangers à ne pas occulter, en voulant pointer du doigts les chrétiens, alors que le dangers vient vraiment d'ailleurs et que c'est ensemble que nous devons lutter. Après, chacun ses choix. En tout cas, mon travail est de remettre sur le fourneau tous les anciens textes des docteurs de l'église jusqu'aux plus grands écrivains comme Bernanos. Afin que notre mémoire commune ne soit pas perdue. Mais pour finir, je dirais que le sarkosysme à quelque chose de vertueux c'est que face à lui, chacun est sommer de se positionner. Il est celui par quoi un pays peut se relever, en disant : Plus jamais ça ! Ce que l'Italie de Berlusconie n'a pas réussi à faire. Espérons qu'on y arrivera.
http://tulipe7.free.fr
Rédigé par : rodofr | 15 août 2008 à 23:01