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28 novembre 2007

Commentaires

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RST

Remarquable

Des accents "Toddiens"

Comme il se fait tard je m'arrêterai là pour le moment.
Je vais quand même essayer de trouver quelque chose à critiquer ;)

yann

J'écrirais plus longuement lorsque j'aurais le temps, mais comme d'habitude trés bon texte Malakine.

Si nos élites semble enfin se rendre compte qu'elles vivaient dans un monde imaginaire "la mondialisation heureuse", elle ne sont pas les seules. Je viens de lire un texte assez percutant du truculent Ron Paul candidat à la candidature au parti républicain. C'est un vrai conservateur américain et d'ailleurs on voit bien l'énorme différence avec les néo-conservateur dont les origines trotskystes explique en parti le conspirationnisme et la mégalomanie qui les guides. Enfin Ron Paul est trés pessimiste et parle de la fin de l'hégémonie du dollars avec une précision intellectuelle qu'on entend jamais chez le politicien moyen en France ou aux USA, bien qu'idéologiquement trés différent il me fait penser à Chevenement avec son coté anti-système iconoclaste. S'il pouvait devenir président des USA (peu probable mais sait-on jamais?) alors les USA pourrait aussi être le moteur d'un puissant changement au saint du système occidental complètement pourrit.

voir:
http://ronpaulfr.blogspot.com/2007/11/ron-paul-la-fin-de-lhgmonie-du-dollar.html

Au fait le blog de Norman Palma remarche pour ceux qui serait interressé par ses textes:

http://www.normanpalma.info/
http://www.normanpalma.info/blog/index.php

Notamment son dernier texte d'une centaine de pages qui explique l'histoire de l'euro et son impossibilité de fonctionnement. Il parle également des difficultés macro-économique spécifiquement française :
http://www.normanpalma.info/textes/autopsie.pdf

Ozenfant

Malakine,
J'aime, moi aussi, ton papier. David Mourey est un des rares profs d'économie à ne pas tomber dans la pensée unique des macro-économistes, qui sont à l'économie que les prêtres sont à dieu.
Tu as fait un superbe tour d'horizon des "pourquoi".
Y a t'il encore des "comment" qui dépendent du gouvernement Français ?

Je t'ai répondu sur Villiers le Bel !

RST

@Malakine

Il me semble que le titre correct aurait été ".... quand la droite devient anti-libérale" et non anti-capitaliste. Rassure moi, ils n'en sont pas à remettre en cause la propriété privée quand même ?

rickyny

Et oui, passionnant, comme d'habitude! Par contre je vais essayer d'aider Yann dans sa recherche de critique. Le passage suivant m'a laissé pantois: "Le salariat a donné lieu au mariage d’amour, donc au divorce, au célibat et aux familles recomposées ou décomposées." Soit, et c'est possible, je n'ai rien compris à ce qui est dit là. Soit on peut y lire que le salariat ayant fixé les gens en un même lieu et les ayant relativement enrichi a mis fin au système des mariages arrangés pour permettre l'émergence du mariage d'amour. Là dessus, soit. Par contre passé de cette analyse a la dénonciation du mariage d'amour comme cause du divorce me choque. En effet, pourrait-on imaginer aujourd'hui qu'un quelconque mariage arrangé (et il en reste) ne puisse mener lui aussi au divorce lorsque les termes du "contrat" deviennent caduques (licenciement de l'époux grand patron...) ou parce que ces termes deviennent un jour insupportables à l'une des deux parties?
Ne peut on pas plutôt, et cela renforcerait d'ailleurs le reste de votre analyse, mettre le divorce et ses conséquences sur le compte d'un consumérisme qui s'est infiltré jusqu'au cœur des relations personnelles?

Malakine

@ richyny

Ce passage est issu de l'intervention de Luc Ferry. Il a été interrogé après son intervention sur la décomposition des familles et c'est ce qu'il a répondu. Le mariage d'amour conduit à la décomposition de l'idée de famille. Pour lui l'époque où le divorce n'accompagnait pas les mariages d'amour (1850-1950) était une époque de faux-semblants où les hommes cocufiaient allègrement leur femmes.

En ce qui me concerne, je trouve ça logique. Soit ce qui fonde un couple c'est le sens du devoir (le dharma on dirait en Inde) soit c'est des sentiments individuels et égoïstes et mécaniquement ça aboutit aux relations consuméristes ...

Ozenfant

Des remèdes au pouvoir d'achat qui laissent dubitatif... c'est tout ce que j'ai trouvé comme titre !

Poliblog

Bah, moi la phrase qui m'a interpellé dans ce texte intéressant comme toujours de Malakine (et instructif sur le déroulement du forum citoyen à l'occasion de la remise du prix du livre d'économie 2007), c'est plutôt celle-là : "L’homme de droite, épris d’ordre et de discipline ne saurait supporter ce monde devenu littéralement anarchique" : il me semble pourtant que la droite actuelle se satisfait beaucoup mieux que la gauche d'une certaine forme d'imprévisibilité économique sur laquelle, j'ai bien l'impression, elle n'a absolument aucune intention d'agir, pour des raisons que l'on connaît d'ailleurs très bien puisque de nombreuses fréquentations du chef de l'Etat lui-même, pour ne pas les nommer, tirent l'essentiel de leurs revenus d'un système devenu aussi juteux qu'apocalyptique (pour les non-initiés) où la spéculation et l'enrichissement personnel sont devenus des "fins" en eux.

Sinon Malakine, je trouve assez édifiant ton témoignage sur l'organisation de tout ce qui a entouré la remise du prix du livre d'éco proprement dite : drôle de façon de remercier des blogueurs et autres qui ont dû consacrer beaucoup de temps à prendre connaissance des différents ouvrages...

Pour le reste, l'analyse de Luc Ferry sur le type d'enfants que nous allons laisser demain ne manque pas d'intérêt, même si en en parlant le philosophe ne fait que formaliser ce que beaucoup pensaient tout bas depuis un certain temps déjà.

;-)

Malakine

Pascal, tu mets le doigt sur le coeur du problème. je n'aime pas trop les classification de droite et de gauche. Un homme de droite peut avoir deux sens. Soit être quelqu'un qui spontanément se range du coté des riches et des puissants. Soit - comme je le dis dans la texte - quelqu'un qui est épris d'ordre, d'autorité et qui a un souci de la "lignée", des traditions, du sacré ... Ce que j'ai compris en entendant discours de L. Ferry, c'est que si la droite libérale se satisfait très bien de notre monde, la droite traditionnelle peut devenir une force révolutionnaire. La question, c'est toujours la même : avec quelle idéologie alternative ?

Personne n'a encore réagi sur la partie qui me semble la plus importante du texte, mais c'est pas grave. J'y reviendrais une prochaine fois. Je n'oublie pas que je vous ai promis un "manifeste" pour une alternative politique ... :-)

Sur le Sénat, je ne serais pas si sévère. J'ai reçu gratuitement 10 bouquins, j'ai été invité à deux bouffes au sénat et je n'ai fait qu'une seule critique (du bouquin gagnant par chance). Je ne vais pas me plaindre ... C'était la première année que les blogueurs étaient associés. J'espère que l'année prochaine leur (notre?) contribution sera plus importante et qu'on sera nombreux à se donner rendez vous dans l'hémicycle !

Ozenfant

Malakine,

Rien ne m'agace autant que les étiquettes posées sur les gens.
Quand j'ai fait un test droite/gauche, le résultat fut "centre droit".
Et pour cause: ce test avait classé comme idée de droite l'intégration et comme idée de gauche le communautarisme !!!!!!!!!!

En fait on peut être à droite de la droite pour l'économie et l'assistanat et en même temps à gauche de la gauche pour la solidarité et le sort des Français d'en bas, les plafonds et planchers sociaux et de chômage, la médecine et la justice.

Alors, vraiment, les microcéphales qui croient encore (par exemple) que le PS n'a comme alternative que d'aller vers le centre ou vers la gauche, me consternent !

Prolonger les vieilles querelles sans l'ombre de la queue d'une imagination semble être leur karma.

Quelle tristesse !

Poliblog

Malakine, ton dernier commentaire m'a conforté dans l'envie de faire prochainement un sujet sur les notions de gauche et de droite. Totalement obsolètes et sans plus guère de raison d'être à mes yeux, et je n'ai pas attendu les derniers films de François Bayrou pour le penser... ;)

yann

En parlant de droite/gauche il parait qu'il y a une manifestation dimanche avec Dupont Aignan et Chevenement pour l'obtention d'un référendum sur le soit disant mini-traité. Il y aura des gens de la gauche alternative, du MRC, et des gaullistes, ainsi que la socialiste Marie-Noëlle Lienemann, comme quoi les clivages on s'en fout un peu.

http://chevenement.fr/Rassemblement-national-pour-un-referendum-sur-le-projet-de-constitution-europeenne-bis-dimanche-2-decembre-a-15h_a477.html?PHPSESSID=e5ebeb907edfd7f0cce89f8309878b2b

Pour ce qui du concept de droite c'est difficile de voir le lien entre un vrai conservateur et un libérale. D'autant qu'en faite le libéralisme est plutôt une invention de gauche, d'ailleurs toute les innovation politique viennent de gauche, elles sont ensuite absorbées et transformés par la droite. Par nature les vrai conservateur n'aime pas les changement il s'en méfie, alors que les néo-libéraux sont adeptes du bougisme (même s'il est surtout verbale chez Sarko).

Voila un texte d'Alain de Benoist qui parle du clivage droit/gauche, étant un intellectuelle plutot de droite il apporte un autre point de vue sur la question:
http://www.alaindebenoist.com/pdf/effacement_du_clivage_droite_gauche.pdf

Trouver sur son site:
http://www.alaindebenoist.com/pages/textes_en_ligne.php

Philippe

@Malakine, une remarque dans ton article évoque pour moi un fait qui remonte à une petite vingtaine d'années.
J'étais en terminale scientifique et notre prof de philo nous avait donné en sujet de dissertation: "La notion de progrès". J'avais, comme il se doit (je me le rappelle encore fort bien) commencé par définir le terme en faisant appel à l'étymologie et en précisant les acceptions que l'on a pu lui donner.
Tout au long de mon devoir, après avoir réfuté les arguments en faveur du progrès, j'ai montré à quel point c'était une illusion, que cela faisait un peu table rase de toutes les valeurs des siècles précédents et ainsi de suite. Comme j'étais jeune, c'était très virulent.
Bien sûr, je constatais que certains aspects rendaient la vie plus facile et laissaient davantage de temps pour s'adonner à ce qui nous plaisait.
Déjà, je pressentais que le travail ne permettrait pas à l'être humain de s'épanouir. Vérifié depuis.
J'avais été le seul à traiter le sujet de cette façon. Mes camarades avaient été beaucoup plus scandalisés que le professeur et la discussion avait été riche.
Si j'ai repris cette notion, c'est parce que j'ai vu dernièrement dans des reportages ce que la Chine est en train de faire sur son territoire: destruction de vieux quartiers donc perte de ce qui faisait une partie de sa culture. Et ce, pour en mettre plein la vue lors des J.O. et montrer à quel point elle est devenue une puissance économique.

Ce que tu dis des déclarations de J.Ferry m'a beaucoup intéressé. Les mariages "arrangés", qui sont parfois encore pratiqués dans certains pays n'empêchaient pas les galipettes mais la famille était stable...

Le Sénat? Vivant à plusieurs centaines de kms de Paris, j'ai eu cependant l'occasion d'y aller lors d'une escapade dans la capitale. Horreur: ce qui m'a surtout frappé, c'est l'épaisseur des tapis...comme quoi l'impression que j'en ai gardée n'a aucune commune mesure avec la tienne.

Quant à l'opposition droite /gauche, elle existe malgré les débauchages de NS. F.Bayrou a expliqué hier soir dans une émission que ce n'était pas une ouverture politique puisque les socialistes au gouvernement faisaient bel et bien la politique de la droite dure.

Je pense que la gauche existe encore dans la France profonde mais la base a du mal à se faire entendre.
Pour les municipales, les alliances, comme à Pau, entre ex-socialistes et UMP vont encore brouiller le jeu.

olaf

Etonnant de presque faire l'apologie du mariage arrangé. Le mariage occidental actuel est issu du mariage chrétien dont l'idée principale était que ça ne devait pas être un mariage arrangé. Ce dernier est d'ailleurs une cause des suicides des afghanes. Le révérend Moon et d'autres font aussi ce genre choses.

Comme cause de divorces, il me semble que la mobilité géographique et professionnelle, la précarité économique aussi, doivent être aussi très importantes.

Philippe

@Olaf, je ne fais pas l'apologie du mariage arrangé!
je me suis mal exprimé: je parlais de l'hypocrisie qui allait avec!
A mon avis, vivre à deux sans mariage, c'est mieux!

olaf

philippe,

je faisais référence au texte de malakine. Pour ce qui est du mariage civil mieux vaudrait l'appeler contrat d'union civile permettant l'application de certains droits et devoirs fiscaux et juridiques. Au moins ça serait clair pour tout le monde, homo ou hétéro, et permettrait d'éviter la confusion avec le mariage religieux, compléter en somme la séparation du civil et du religieux sur le plan sémantique.

Ozenfant

Pascal,
Un PS qui penche vers le centre EST un parti soc/dem. Un parti dont le social est beaucoup plus à l’avantage des classes populaires que notre PS n’est pas soc/dem !
Le clivage droite gauche est sans issue à l’intérieur du PS.
Les militant sectaires (pléonasme) ne peuvent s’arracher leurs œillères: En fait on peut chercher l’efficacité pour l'économie et l'assistanat et en même temps vouloir beaucoup plus de social que le PS-caviar pour la solidarité et le sort des Français d'en bas, les plafonds et planchers sociaux et de chômage, la médecine et la justice.
Alors, vraiment, les microcéphales qui croient encore (par exemple) que le PS n'a comme alternative d'aller vers le centre ou vers la gauche, me consternent !
Prolonger les vieilles querelles sans l'ombre de la queue d'une imagination semble être leur karma.
Quelle tristesse !
@Malakine,
Je réponds à A2N qui te répondais chez Pascal: IMMIGRATION et RACISME ORDINAIRE:
http://blog-ccc.typepad.fr/blog_ccc/2007/12/immigration-et.html#comments

Benjamin

Ah parce que Luc Ferry est philosophe?

A part quelques synthèses et quelques ouvrages (médiocres) de vulgarisation philosophique, qu'a-t-il donc produit dans le domaine de la pensée?

Poliblog

Assez d'accord avec ton analyse sur les pseudo-orientations entre lesquelles balancent tous ceux qui, au PS, refusent d'avouer qu'ils ne savent plus du tout ce qu'ils font dans le parti... Il serait pourtant si simple pour eux d'aller bouffer dans la main de... Sarkozy !

yann

Rien à voir avec ton texte Malakine, quoique? Mais on dirait que Rocard le keynésien en toc, le papa de la deuxième gauche, plus libérale que socialiste, semble avoir eu une lueur de lucidité dans ce texte:

http://www.project-syndicate.org/commentary/rocard19/French

Va-t-il bientôt se repentir, voir devenir critique envers l'euro et l'union européenne?

Ozenfant

Malakine,
Demain Mercredi, je reprend un texte de Julien Landfield sur le communautarisme, mais en développant le coté moral et non sociétal: " Le communautarisme n’est-il qu’une variante de la "bête immonde" de Victor Hugo ?"

Fanch

Le "développement durable" comme débouché politique de la droite, n'est-ce pas l'équivalent de la perestroika et du "socialisme à visage humaine" ? (un capitalisme à visage humain en quelque sorte)

D'ailleurs le développement durable n'est pas propre à la droite et est aussi repris par la gauche. Car gauche et droite sont parties d'un même système, une bipolarisation politique (plus ou moins marqué selon les pays et leur mode de scrutin à 1 ou 2 tours) autour de principes démocratiques et socio-économiques communs (les gauches de gouvernement n'ont nulle part fondamentalement remis en cause le mode de développement capitaliste).

Malakine

@ Fanch

J'adore cette notion de perestroïka du capitalisme ! Gorbatchov voulait seulement faire respirer le système soviétique et le rendre plus productif. Là, il s'agirait de faire les réformes nécessaires pour rendre le capitalisme "durable". Je reviens sur cette notion dans mon prochain article.

@ Yann

Intéressant le texte de rocard ... mais je n'ai pas vu la moindre trace d'autocritique.

@ Benjamin

Je me fous de savoir si Luc Ferry est philosophe ou non. S'il fallait un titre pour pouvoir s'exprimer, je n'écrirais pas et la blogosphère n'existerait pas non plus. Ce qu'il a dit m'a intéressé, c'est tout.

@ Philippe

Moi aussi j'ai été très impressionné par l'épaisseur des tapis au sénat ! :-)
Je reviens dans le prochain article sur la notion de progrès. C'est une notion clé.

@ Yann

Le texte de Benoist est super long !! Tu nous en fais un petit résumé ?

Fanch

@ Malakine

Il ne s'agit pas plus de rendre le capitalisme durable davantage que la perestroika n'avait pour but d'assurer la perennité du socialisme. Je ne crois pas qu'un système politique puisse concevoir sa propre disparition.

Il s'agit dans les deux cas de ce que j'appelerai une politique du "moindre changement". Même les plus conservateurs sont mis devant le fait incontestable que le système ne marche plus vraiment. Comme il est très difficile (voire impossible ?) pour un système politique et son establishment d'organiser de lui-même son propre dépassement, la voie la plus naturelle est de tenter d'assouplir la doctrine pour en réduire les effets néfastes. Avec pour risque majeur d'en réduire d'autant ou plus les effets positifs, et surtout d'entrouvrir la porte à sa critique acceptable (si même Luc Ferry joue les contestaires...).
En réaction à cet assouplissement, se crée inévitablement un mouvement d'"ultras" pour qui la seule solution pérenne est la fuite en avant. Ce qui a précédé la chute de l'URSS, c'est le putsch des généraux anti-perestroika (me trompe-je ?), il est assez comique de voir que la politique ultra-libérale de W Bush est en train de précipiter les USA dans une crise sans précédent.

Difficile à concevoir sereinement. Pourtant n'oublions pas que le régime dans lequel nous vivons a au plus 200 ans en France (si on y inclut les aspects dévoyés qu'en ont été les empires napoléoniens et la période pétainiste). C'est à la fois peu : un simple épisode, qui aura une fin ; et beaucoup : le système capitaliste-républicain-libéral-bourgeois (comment l'appeler ?) a contribué au développement des sociétés occidentales pendant toute cette période, mais depuis 20-30 ans, il lui est devenu nuisible parce que sans doute dépassé.

Je conseille le Tocqueville sur "l'Ancien Régime et la Révolution", bouillant d'actualité. La révolution a eu lieu lorsque le roi, conscient des difficultés réelles du pays et de l'inadaptation de son système politico-économique, a réuni les Etats Généraux pour faire plier la noblesse sur un certain nombre de réformes de simple bon sens.

Qu'était la perestroika sinon du simple bon sens ?
Qu'est-ce que le développement durable sinon du simple bon sens ?
Est-ce que le seul simple bon sens a déjà fait une politique viable ?

Ozenfant

Fanch,
Est-ce qu'autre chose que le bon sens a déjà initié une politique économique durable ?

Fanch

@Ozenfant

Le bon sens est indispensable, mais n'est pas suffisant.

Une politique durable nécessite aussi un objectif, un "idéal" à atteindre. Sans orientation, une société ne peut que rester immobile et sans force. L'homme a besoin d'un but pour avancer, sinon il stagne, et il finira par régresser inévitablement. C'est vrai pour les individus comme pour les sociétés.

Le régime dans lequel nous vivons a abandonné l'idée de progresser, puisque dans l'idée de "développement durable" (tel qu'il nous est concrètement proposé par la classe politico-économique dirigante) il s'agit simplement d'atténuer les effets les plus néfastes du régime actuel sans réellement proposer en contrepartie un but clair à atteindre (que seuls certains radicaux écolo-libertaires envisagent, mais ils sont de toute manière inaudibles et peu structurés).

Ce qu'on ne lit nulle part, qui est un phénomène particulièrement inquiétant, c'est que les jeunes dans leur ensemble ne croient plus au progrès par ce régime. Tout au plus ils se contentent de penser qu'il s'agit de la solution la moins pire et que l'horizon actuel est indépassable.
Le jour où il y aura de réelles difficultés, personne ne se lèvera pour sauver ce régime, malgré tout le "bon sens" dont il pourra faire preuve, parce qu'aucun rêve ne sera en péril.

David MOUREY

Bonjour Malakine,
Oui, c’était très sympa de déjeuner ensemble dans les salons du Sénat. Dommage que nous nous soyons perdus de vue pendant le débat de clôture.
J’ai présenté ici (Prix des lecteurs du livre d’économie 2007) les résultats du vote et la vidéo du débat est visible ici : EVENEMENT :
Les Rendez-vous citoyens de l'économie : Environnement
Diffusée le 24/11/2007, Durée : 120 mn
Je suis intervenu pendant quelques minutes après 1h30 de débat et à la suite d’une intervention de Brice Lalonde.
Plusieurs commentaires sur ton billet. Il est d’abord agréable et facile à lire.
Ensuite je partage avec toi plusieurs points de vue développés.
La pensée dominante en économie se remet en question. Il semble qu’il y ait une prise de conscience que le capitalisme libéral, médiatisé par une économie de marché, doivent être davantage et mieux régulé. Mais dans la pensée économique, dans le cadre de nombreuses écoles de pensée, on trouve de multiples justifications à la régulation de l’économie par l’Etat et d’autres institutions. C’est l’application doctrinaire, de théorie détournée, par nos dirigeants de tout bord qui pose problème. Cette crise sérieuse de la pensée dominante sera peut-être salutaire.
Les remarques de Luc ferry sur le caractère inacceptable de laisser vivre des millions de personnes avec 800 euros par moi, dans Paris en particulier ont fait pâlir certains de ses amis politiques.
La question du sens de l’avenir sur laquelle il a insisté est essentielle. Il est plus que temps de s’en rendre compte et d’en tenir compte.
Le développement durable, comme je l’ai indiqué dans ma question pose celle de la planète que nous allons léguer à nos enfants, que nous disons tant aimer.
Je comprend ta frustration relative à ce que pouvaient attendre les internautes sollicités. Cela étant, l’organisation du débat était plus agréable que l’an dernier ou on ne pouvait pas poser de questions.
Je regrette que ma question sur les liens entre croissance et développement durable soit restée sans réponse sérieuse car mal comprise. La confusion dans la manière d’aborder les problèmes dans l’esprit des dirigeants me dérange souvent.
Enfin, je suis en partie en désaccord avec la formulation suivante : « Le système capitaliste et la mondialisation libérale peuvent donc faire l’objet de critiques avec un point de vue « de droite », de manière plus sérieuse encore que la traditionnelle critique du point de vue social. Car si la gauche a échoué à proposer un système alternatif, le développement durable peut fournit à la critique de droite un débouché politique crédible, vers régime avec un contrôle étatique sur l’économie un peu plus fort, des libertés individuelles un peu moins absolues… »

La traditionnelle critique du point de vue social de la mondialisation libérale peut être très sérieuse. Ce sont les termes dans lesquels elle est posée qui pose problème. DE plus, il ne peut y avoir de développement durable sans établissement d’une société plus juste d’un point de vue social. C’était tout le sens de quelques remarques de Luc Ferry. Ce point de vue transcende les clivages politiques.

« Sur les questions économiques, la France reste prisonnière de mythes très hexagonaux. Ainsi, la gauche radicale croit possible d'établir un «rapport de force» avec le capitalisme mondial grâce à des «mouvements sociaux» purement franco-français. »

Oui, là je suis d’accord, nous avons un vrai problème en matière d’organisation des relations sociales, du dialogue social. Nos syndicats manquent de légitimité et c’est aussi pour cela qu’ils adoptent des positions radicales.

« Quant à la droite, elle prône le «volontarisme» et semble nostalgique de l'époque où l'Etat contrôlait directement l'économie, comme le montre son attachement aux règles qui entravent la grande distribution. »

Le volontarisme n’aurait pas de traduction directe dans d’autres langues selon Mario Monti. Ce serait donc le moyen de dire qu’on va agir mais sans le faire …
Une volonté qui ne se traduit pas dans les actes.

Malakine

Voici enfin le texte de Luc Ferry ! Il vient de publier une tribune dans le figaro qui est très fidèle à l'intervention que j'avais commentée.

http://www.lefigaro.fr/debats/2008/01/05/01005-20080105ARTFIG00402-les-contradictionsintellectuellesde-l-homme-de-droite-.php

Je colle également le texte a fins de "conservation"

Les contradictions
intellectuelles
de l'homme de droite

Par Luc Ferry *
11/01/2008 | Mise à jour : 10:19 | .

Crédits photo : Le Figaro
Par Luc Ferry , philosophe, ancien ministre.
Comme Molière nous avait dressé le tableau du misanthrope, du tartuffe ou du malade imaginaire, tâchons d'imaginer le portrait de l'homme de droite idéal typique des années 2000. Imaginons-le en chef d'entreprise de plus de 60 ans. En 2002, il a voté Chirac, mais il s'en mord encore les doigts. Son président, champion dans la conquête du pouvoir a été nul dans son exercice : les 35 heures sont toujours en place, l'ISF aussi, les charges des entreprises n'ont fait qu'augmenter, comme la dette et les déficits publics ! Chaque fois que trois étudiants sont descendus dans la rue en vociférant, on a retiré le haut et le bas. C'est bien simple, s'il y avait eu un championnat du monde de marche arrière, la droite l'aurait remporté haut la main !

Notre chef d'entreprise est donc satisfait qu'un jeune Sarkozy dynamique et courageux ait pris la suite. Il espère seulement qu'il va «tenir bon». Dans sa vie privée, tout n'est pas rose non plus. Par exemple, lorsqu'il reçoit ses petits-enfants et leurs camarades de classe dans son bel appartement pour un goûter d'anniversaire, il est effaré. Ces jeunes, mal attifés, sont incapables de dire bonjour, merci ou au revoir convenablement. Avez-vous le malheur de parler avec eux littérature, musique ou histoire ? C'est le désert des Tartares ! Si jamais ils vous écrivent une lettre mais il n'y a aucun danger elle sera bourrée de fautes d'orthographe. D'ailleurs, c'est normal, l'école est en panne et le mammouth irréformable.

Plus tard, c'est tout vu, ces gamins-là chercheront un emploi, mais à coup sûr pas un travail ! Pas étonnant que le commerce se porte mieux à Londres, voire à Bruxelles ou à Madrid qu'à Paris. Bref, notre chef d'entreprise trouve que tout fout le camp et que le déclin menace (il a lu Nicolas Baverez avec une délectation morose). J'exagère à peine, d'autant moins, à vrai dire, que le diagnostic porté par notre ami est loin d'être faux.

Le seul hic, je le lui dis fraternellement, moi qui appartiens comme lui à la droite républicaine, c'est qu'il est le seul et unique responsable de cette situation. Voici pourquoi. Qu'il vende des téléphones portables, des fripes ou des «temps de location de cerveau vide», mon chef d'entreprise n'a qu'un désir : que nos enfants deviennent d'ardents consommateurs. Or, étudiée en laboratoire, à l'état chimiquement pur, la consommation s'apparente à l'addiction. La définition du drogué ? Un être qui ne peut s'empêcher d'augmenter les doses et de rapprocher les prises. Soit le client idéal d'un supermarché ! Il faut donc plonger nos enfants dans la logique du manque. En quoi je dis à notre chef d'entreprise, toujours amicalement : tu ne peux pas avoir le beurre et l'argent du beurre, l'enfant bien élevé, cultivé, fort en grammaire comme en savoir-vivre, et l'enfant zappeur-consommateur. Cela ne coexiste pas dans le même cerveau. Comme disent plaisamment les Italiens, «On ne peut pas avoir le tonneau plein et la femme ivre».

Plus prosaïquement : si mon arrière-grand-mère revenait sur cette terre et voyait un grand centre commercial, elle trouverait cela dégoulinant de bêtise et d'obscénité…

Sans en mesurer ni en comprendre la portée, le bourgeois est donc devenu bohème, «bobo». C'est lui et nul autre qui a accompli le programme de l'avant-garde : la déconstruction des valeurs traditionnelles. Comme Picasso ou Duchamp, il pratique la table rase. Au nom du benchmarking, il veut l'innovation continue. En quoi Marx avait raison : le capitalisme, c'est la révolution permanente. Dans la compétition mondiale, celui qui n'innove pas sans cesse est tout simplement voué à la mort. Au demeurant, qui achète les tableaux d'avant-garde ? Les grands capitaines d'industrie, bien entendu, qui depuis belle lurette maintenant sont fascinés par des bohèmes qui un siècle plus tôt mangeaient du bourgeois au petit déjeuner ! Du reste, l'ouvrier n'a pas les moyens de s'offrir ni un Basquiat ni un Rothko, et s'il les avait il préférerait sans doute une toile «bien peinte».

La mondialisation libérale s'avère être ainsi le creuset d'une étrange alchimie, d'une transmutation sans pareille : en son sein, le conservateur est devenu révolutionnaire. C'est lui, et lui seul qui, au nom de la liberté, de l'individualisme démocratique, bouscule sans cesse les traditions. Il déplore donc d'un côté ce qu'il fabrique de l'autre. Ce qui se révèle aujourd'hui de moins en moins vivable. Non seulement en termes de pouvoir d'achat 7 millions de Français vivent avec moins de 800 euros par mois, soit à peu près le prix d'un iPhone, et ce n'est pas en revalorisant leurs maigres revenus de 10% ou 20% que l'on changera le fond du problème. Car la pauvreté, qui est chose relative, n'est guère supportable quand les séductions du consumérisme forment le fond et l'horizon de l'existence, quand le travail n'est plus une fin qui se confond avec la vie même, comme ce fut le cas pour un paysan du Moyen Âge ou un pêcheur des îles Fidji, mais seulement un moyen de «gagner» cette vie. Au risque de la perdre… L'idée de révolution est morte, mais les soubresauts sur la place de la société, les émeutes de banlieue par exemple, n'en sont pas moins inquiétants.

Que faire ? Dans l'urgence, pour les enfants, le détour par les grandes œuvres est plus que jamais vital si l'on veut leur donner une chance d'échapper à la logique de l'addiction. Plus on a une vie intérieure riche, plus on dispose de valeurs culturelles, morales et spirituelles fortes, et moins on a besoin d'acheter des gadgets loufoques. Au niveau politique : cesser de prendre le pragmatisme pour une vertu. Il est nécessaire, bien sûr, mais totalement insuffisant. Il ne définit aucun projet de vie commune, or c'est ce dont nous avons le plus besoin. Comme j'ai tenté de le montrer dans mon livre Familles, je vous aime !, c'est à partir de l'histoire de la vie privée qu'il faudra repenser de fond en comble le collectif en l'organisant autour d'une question cruciale, qui englobe l'écologie comme la dette, la géopolitique comme le rapport au choc des civilisations : quel monde voulons-nous laisser à nos enfants ? À quoi, vu l'état de l'école, s'ajoutera cette autre et angoissante interrogation : à quels enfants laisserons-nous le monde?

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