Difficile exercice que de défendre un candidat, dans une campagne qui restera probablement dans les annales, pour son bas niveau ainsi que pour sa propension à l’évitement systématique des questions de fond attendues par une majorité d’électeurs.
J’ai longtemps réfléchi avant d’écrire ce texte. Car les raisons qui m’amènent à voter Ségolène Royal ne sont pas d’ordres politiques ou intellectuelles. Lorsque l’on doit faire un choix, on a deux options : soit choisir en son âme et conscience ce que l’on trouve le mieux, le plus conforme à son idéal, soit éviter le pire. Vous l’aurez compris, mon vote n’est pas de conviction, mais le choix du moindre mal.
J’ai déterminé mon vote uniquement pour contrer une menace, celle représentée par Nicolas Sarkozy. Et dialectiquement, le meilleur moyen d’éliminer un concurrent : c’est de voter pour son meilleur ennemi, en tout cas pour le plus sérieux.
Le projet de l’UMP et de son leader est à mon avis plus que dangereux pour notre pays. En accroissant les écarts de revenu Capital/Travail, en stigmatisant les assistés dans l’objectif d’augmenter les inégalités et accroître les revenus de ses amis du CAC 40, Nicolas Sarkozy représente la pire dérive du système français. Celui qui dépensera sans compter pour aider les entreprises et se moquera éperdument de l’avenir, de l’intégration des citoyens dans la vie active et du chômage, ne peut amener qu’à de douloureux ajustements vers le bas pour notre pays. On subira probablement un régime où littéralement « tout sera possible », du plus ridicule au plus inégalitaire avec probablement un risque de dérive autoritaire et policière.
Dans un contexte complexe et mondialisé, la possibilité d’une élection à la fonction suprême de quelqu’un qui a comme seule ambition le pouvoir personnel, et des soutiens ultra-libéraux atlantistes affichés, me parait être le seul risque déterminant de cette échéance présidentielle.
Alors certes en face de ce sombre tableau, Ségolène Royal n’est pas la panacée. Elle attend la croissance comme moteur, à l’instar tous les candidats. Seulement, il me parait que sa politique social-démocrate pourra mieux faire face aux durs aléas du libre-échangisme que la politique unilatérale de l’UMP.
De plus, le côté hétéroclite de ces soutiens (sociaux-démocrates, souverainistes) pourrait laisser penser à une politique future plus consultative. Ségolène Royal sait s’entourer de personne de différentes provenances et peut faire preuve d’ouverture (Par son engagement en faveur de la VIéme République notamment). Elle a su montrer sa préoccupation pour le peuple (on saura d’ailleurs si ce n’était que démagogie en cas d’élection), par ses débats et son écoute. Elle n’aura pas quoiqu’il arrive un parti de godillots moulés dans la pensée unique du dogme ultra-libéral. Ce qui me semble être un point positif, la France ayant besoin d’une politique d’union nationale dans un contexte politique national troublé. De par sa position controversée, à la croisée des chemins au sein de son propre parti, elle pourrait enfin nous faire sortir de la dérive personnelle du président instauré par le régime de la Véme République.
Evidemment, je ne peux être d’accord avec toutes ses prises positions. Elle n’arrive pas à sortir du « tout économique » et des recettes libérales inadaptées, comme le culte de la croissance et de l’esprit d’entreprendre. On ose espérer que (sur l’Europe et le rôle de l’Etat notamment) la statue du commandeur de Jean-Pierre Chevènement saura la conseiller.
Les événements récents m’amènent d’ailleurs même à souhaiter (suite à l’élection de Ségolène Royal), l’éviction de la partie libérale européiste du P.S enfin ouvertement dirigée vers l’UDF (Rocard, Kouchner). En définitive, Ségolène Royal représente la seule alternative crédible à Sarkozy depuis que l’extrême gauche a démontré son incapacité à dégager un programme commun autour d’une gauche anti-libérale (comme l’a bien décrit Emmanuel Todd).
Ces péripéties m’ont ouverts les yeux sur le fait qu’une partie d’entre eux ne souhaitent pas gouverner réellement à gauche pour le bien de notre pays, et ne mettront jamais de côté leurs destins individuels, ainsi que les finances et l’existence de leurs petits partis trotskistes. Quant à Bayrou, il est facile de constater que son programme économique est le même que celui de Sarkozy, donc plus de cadeaux aux entreprises, plus d’Europe libérale enfin bref une autre version de la Droite, mais les mêmes travers!
En définitive, le premier tour devra être moral, il permettra de sanctionner Nicolas Sarkozy, et propulser Ségolène Royal pour au moins en finir dans un premier temps, avec les politiques qui creusent les inégalités et font souffrir la France. Pour le reste, nous pourrons de toute façon plus agir que sous le règne de Sarkozy!
Chevillette
Argumentaire auquel je souscrit. Principalement cette idée générale que avec sarkosy on sait où l'on va aller, à savoir où il veut nous conduire.
Alors que Ségolène Royal me semble plus à même de conduire la Nation vers ses aspirations d'avenir et les valeurs de la République.
Même si j'ai bcp relativisé les débats participatifs, (mais peut être est ce due au fait que l'expérience personnelle vécue n' a pas été des plus concluante, je ne peux déçament en tirer une conclusion globale) Ségolène Royal a amorcé un positionnement économique qui me semble plus en phase avec les aspirations profondes de la Nation (dépasser le clivage oui non et réorienter la construction européenne, ordre économique plus juste, effort concerté et collectif, idée du gagnant/gagnant, aides et baisses des charges si investissements productifs et embauches...)et porteuse d'espoirs pour l'avenir.
L'entourage de Ségolène est effectivement une question essentielle, je trouve l'évolution et les récentes clarifications bienvenues pour espérer aussi sur ce point.
Rédigé par : chav | 18 avril 2007 à 18:17
Et justement pour moi, le fait que ce ne soit pas arrêté et définitif (comme c'est le cas avec Sarkozy où l'ultra-libéralisme atlantiste comme politique et les requins au passé douteux (hortefeux, devedjian, estrosi..etc) comme porte-flingues), peut laisser entrevoir une ouverture à des idées neuves (Réforme des institutions, protectionnisme européen? sait-on jamais..)
Rédigé par : Chevillette | 18 avril 2007 à 18:42
Bonjour,
je n'arrive pas à décrypter votre message.
S Royal vous paraît-elle la meilleure des candidates, ou votez-vous pour elle dés le premier tour pour qu'elle soit au deuxième tour ? (et dans ce cas, quel serait votre candidat, si ce n'était cette raison tactique)
Cordialement
nb: je vous pose cette question en particulier à cause de votre message récent sur votre site, "UMPS", après avoir écouté le clips électoral de S Royal,
ainsi que le début de votre intervention " Lorsque l’on doit faire un choix, on a deux options : soit choisir en son âme et conscience ce que l’on trouve le mieux, le plus conforme à son idéal, soit éviter le pire"
Rédigé par : marc-sevres | 18 avril 2007 à 22:27
Je choisis Ségolène Royal car elle me parait moins dangereuse que Nicolas Sarkozy...
Rédigé par : Chevillette | 19 avril 2007 à 11:21