La priorité de notre prochain président sera de politique étrangère qui, du fait de la mondialisation, commande les affaires intérieures : la France est attendue par la chancelière allemande pour préparer le marché unique transatlantique voulu par l’Allemagne et les USA, dont le libre-échangisme servira les intérêts nationaux, économiques et financiers, au nom de “la concurrence libre et non faussée” .
Effectuer ce choix de politique “européenne” engagera le quotidien de notre peuple pour des décennies et influencera l’avenir de tous les peuples de la planète . Je voterai Ségolène Royal que je crois, de tous les candidats à l’élection présidentielle, la seule capable, avec l’aide de Jean-Pierre Chevènement, d’assumer la responsabilité historique de refuser que Madame Merkel entraîne, à leur insu, les peuples de l’Europe dans la marchandisation de l’humanité, au bénéfice de quelques profiteurs, ivres d’argent et/ou de pouvoir, notamment médiatique …
L’histoire et la géographie ont fait de notre peuple des européens du Nord, du Sud, de l’Est, de l’Ouest, de longue ou de fraîche date ; l’éthologie nous rappelle notre lointain passé de mammifères supérieurs lentement humanisés; Sigmund Freud nous a enseigné comment la sublimation de nos instincts nous a civilisés . Le vivre aux côtés de nos voisins n’est pas un long fleuve tranquille : à la violence multiséculaire de guerres longues et massacrantes pour vider nos “querelles de territoire” succède la violence sournoise de conflits de tout ordre — économique, idéologique, linguistique, culturel, juridique, etc… — alors que la première puissance mondiale, si intrusivement présente en Europe est, géographiquement, extra-européenne, mais que tout semble se passer comme si le Nouveau-Monde, historiquement colonie de notre Vieille Europe, avait entrepris en retour de la coloniser.
Nos ancêtres, devenus bipèdes, imposaient la loi de la jungle avec cailloux et massues ; puis sédentarisés, ils ont conquis des territoires de plus en plus vastes jusqu’à ce que nous dépassions les limites de la planète : ce fut l’âge des colonisations, cependant qu’en parallèle des conquêtes militaires obtenues par la violence physique et des rejets qu’elle provoque s’est développée la violence morale ou psychologique, par laquelle l’agresseur manipule insidieusement peuples et nations en abusant de leur ignorance sinon de leur candeur : sous emprise perverse, le “colonisé” consent à l’être toujours plus !
Ainsi, idéologie au service de la conquête des marchés, le libre-échange mondialisé est désormais l’arme commerciale du plus fort. En deux citations remarquables, Claude Beaulieu relie la politique étrangère des USA et l’établissement d’un gouvernement mondial des financiers internationaux : “Déclaration de James Paul Warburg, président de la Chase Manhattan Bank, devant le Sénat américain le 17 février 1953 : “De gré ou de force, nous aurons un gouvernement mondial . Sera-ce par la conquête ou par consentement ? La supranationalité d’une élite intellectuelle et des banquiers internationaux est certainement préférable aux décisions nationales qui se pratiquent depuis un siècle” . En juin 1991, David Rockefeller réaffirmait la permanence de cet objectif : “Le monde est préparé à marcher vers un gouvernement mondial” . ( 1 ) Selon James Paul Warburg, la conquête militaire et la manipulation psychologique ont un même objectif d’aliénation des peuples à dominer : ainsi, dans notre pays, le gouvernement mondial des banquiers internationaux et des intellectuels à leur service s’établit par “CONSENTEMENT” obtenu, selon une formule qui dit la violence cachée de la manipulation perverse, “à l’insu de notre plein gré”.
Ce n’est donc pas un hasard si la Bourse de New-York a pris le contrôle de la Bourse de Paris . “On vend même la corbeille!” titrait, sur son blog, le 30 mars 2007 Jean-Pierre Chevènement, observant, entre autres, que “ce triomphe de la finance mondialisée dans le silence assourdissant d’une opinion anesthésiée” aura pour conséquence “la primauté désormais assurée des règles boursières américaines sur lesquelles nous n’aurons plus aucune prise” !
Ce n’est pas non plus un hasard si, selon plateforme2007net, la nouvelle Présidente de l’U. E. et du G 8, Madame Merkel, interrogée le 2 janvier 2007 par le Financial Times sur la date de 2015 prévue pour la création d’un marché unique transatlantique, sans retenir cette date précise, déclarait vouloir s’engager dans un partenariat renforcé euro-américain, cependant qu’Ulrike Guérot, Senior Transatlantic Fellow auprès du German Marshall Fund of the United States, défendait, dans une interview téléphonique à RFI, l’orientation transatlantique du couple franco-allemand et répondait sans fard à la question de savoir si les français apprécieraient la démarche atlantiste de l’Allemagne :
“Je pense que la France va l’apprécier . De toute manière la France (…) est un peu auto-occupée parce qu’il y a les Présidentielles (…) après on peut aussi attendre une relance, un redémarrage de la politique extérieure et européenne française . D’ailleurs tout le monde l’attend sur plusieurs dossiers . Mais, je pense que la France a aussi compris que se marginaliser, s’isoler — l’Allemagne avec la France comme c’était le cas dans la crise de l’Irak — cela n’a pas aidé la France, ni l’Allemagne, ni l’Europe, ni les relations trans-atlantiques . Je pense qu’en France on réalise maintenant que c’était une mauvaise approche et que si le couple franco-allemand veut être constructif pour l’Europe, il faut une dimension transatlantique ferme .” ( 2 )
Edouard Husson explique, dans son article du 2 mars 2007 intitulé “Parlons la même langue que les Allemands : celle du patriotisme économique”, que l’Europe n’est plus, pour la chancelière allemande, qu’un “moyen au service d’une stratégie allemande dans la mondialisation” et appelle notre futur (e) président (e) à lui montrer que la France a elle aussi une stratégie dans la mondialisation, qu’elle se soucie “de la compétitivité de ses entreprises, de réindustrialisation ou de relocalisation et de conquête de débouchés, tout autant que l’Allemagne . Qu’elle envisage l’Europe moins comme un héritage historique que comme un élément d’une stratégie commune pour bâtir un monde multipolaire (…) La France doit, comme l’Allemagne, envisager ses choix pour l’Europe, en fonction de ses intérêts économiques nationaux “ . ( 3 )
Dans une note de la Fondation Res Publica, présidée par Jean-Pierre Chevènement, Alain Dejammet brosse le tableau, apocalyptique mais vraisemblable, d’une France qui s’abandonnerait à la chimère d’une “économie hypothétique de niches virtuelles et de rentes” sous l’emprise du marché ouvert à la concurrence libre de tous freins ; il propose ensuite des priorités de politique étrangère qui répondent à ce défi de “l’empire du marché” et à ceux de “l’énergie” et de “l’équilibre à ménager entre consommation d’énergie et protection de l’environnement”. Comme l’historien, le diplomate exprime l’urgence de défendre nos intérêts économiques .
L’accord politique MRC-PS rappelle que nous sommes “des alliés, non des vassaux” des Etats-Unis, Ségolène Royal défend un Ordre Juste et veut “faire l’Europe par la preuve” : ces propos invitent à penser qu’avec l’aide de Jean-Pierre Chevènement, elle disposera des atouts nécessaires pour assumer de telles responsabilités . Dans une page de son blog, intitulée “Une page se tourne, une autre s’ouvre”, Jean-Pierre Chevènement , après avoir rappelé la crise profonde de notre pays, lui reconnaît “beaucoup de caractère, qualité essentielle d’un homme d’Etat” et assure faire “confiance à son sens des responsabilités et à sa capacité à incarner la France qui est et doit rester une grande puissance politique” .
Alors que, de toute évidence, il a pris la mesure des maux et des tragédies de notre monde gouverné par “les banquiers internationaux” avec la complicité d’une “élite intellectuelle”, l’idée, quelquefois avancée, qu’il serait “allé à la soupe” — pour regagner le siège de député de Belfort ou pour sauver le MRC en se “ralliant” à la candidate du PS — apparaît dans un tragique décalage avec l’avenir qui attend notre pays si un coup d’arrêt n’est pas porté au plus vite à cette folle fuite en avant dans le libre-échangisme . Des situations exceptionnelles peuvent révéler des personnalités d’exception : l’état de crise de notre pays est susceptible de métamorphoser une “Ségo” peopolisée dont la pré-campagne médiatique de séduction fut insupportable aux républicains, en une authentique femme d’Etat dont Jean-Pierre Chevènement aura eu le mérite de pressentir l’éclosion . Avec un tel mentor, Ségolène Royal sera en mesure et de choisir de bons ministres capables d’une gestion avisée des affaires intérieures et de répondre aux exigences de sa fonction dans le domaine privilégié du Président : la politique étrangère.
Cependant, dans sa campagne, Ségolène Royal a besoin de soutien en raison de l’ambivalence du parti dont elle est la candidate . Malakine, dans ses Brèves politiques, avançait l’idée que “le protectionnisme est une idée extrêmement clivante” . L’ancien clivage gauche / droite semble en effet se réactualiser sous une forme inédite dans le clivage entre partisans du libre-échange européiste, d’une part, et d’un néo-protectionnisme européen, d’autre part.
Au PS, le clivage du OUI et du NON au TCE aurait muté en un clivage entre l’aile gauche favorable au protectionnisme et l’aile droite libre-échangiste au tropisme bayrouiste ; selon Marianne, citée par Malakine, ce clivage existerait au sein du couple formé par son Premier Secrétaire et sa candidate officielle . Ainsi Ségolène Royal est soumise à la double injonction de répondre à la demande populaire de rupture avec le libre-échange de l’U.E. et de préserver l’unité de son parti, ce qui porte préjudice à la qualité et à la cohérence de sa campagne .
Enfin, certains républicains, déçus depuis le désistement de Jean-Pierre Chevènement de n’avoir plus que des candidats de deuxième choix sont tentés de voter blanc ou de s’abstenir pour délégitimer le vote ou encore de voter Bayrou ou Sarkozy pour faire exploser le système des partis dans l’espoir qu’une révolution populaire permette de refonder une gauche populaire et républicaine authentique .
Peut-être féconde au siècle passé, cette stratégie du Big Bang serait mortifère alors que nous vivons sous les directives de l’Union Européenne et que les banquiers internationaux détiennent des droits de propriété sur tant de nos industries, de notre parc immobilier, ou de nos services en voie de privatisation ; notre pays devenu ingouvernable, ils nous imposeraient l’Ordre Injuste conforme à leurs intérêts : la FORCE remplacerait le CONSENTEMENT !
C’est pourquoi je voterai Ségolène Royal tout en soutenant la démarche de Jean-Pierre Chevènement pour que son influence s’exerce fortement au Parti Socialiste afin de restituer à notre pays et à l’Europe les perpectives d’avenir qu’une “Union européenne”, au nom usurpé, cyniquement désorientée par quelques manipulateurs, lui a fermées . A la construction Européenne, ce “machin” par lequel les banquiers internationaux et leur “élite intellectuelle” nous ont fait “CONSENTIR “, à l’insu de notre plein gré, au libre-échangisme, opposons un protectionnisme bien tempéré dans lequel les peuples et nations de l’Europe inventeront leur vivre ensemble et avec tous les peuples du monde .
Ilyssa
( 1 ) Claude Beaulieu, président du Comité Valmy, “Un rassemblement républicain et progressiste est à l’ordre du jour ! 24/ 03/ 07, action-républicaine.over-blog.com / article-6134798 html (
2) “L’Allemagne veut rapprocher l’Europe des Etats-Unis”, interview d’Ulrike Guérot, 21 / 01 / 2007 , plateforme2007.net ; Interview with Angela Merkel, 2 / 01/ 2007 lien avec le site du Financial Times
( 3 ) Edouard Husson, “Parlons la même langue que les Allemands : celle du patriotisme économique”, 02 / 03 / 2007, Marianne2007.info Ilysa, le jeudi 12 avril 2007
Qu'est-ce qui prouve que Ségolène a envie d'en finir avec la concurrence libre et non faussée et l'Union Europatlantiste ?
Bizarrement, j'avais la faiblesse, d'après mes contacts rue de Solférino, à penser l'inverse, mais sans doute me trompe-je.
Le meilleurs moyen d'influencer un groupe de pression à toujours été, du moins jusqu'a ce jour, de d'abord en devenir un membre prospère et influent. Sans doute l'Allemagne pourrait-elle si elle le voulait influencer l'Europe dans ce sens. Mais l'Allemagne ne le veut pas! Si nous voulons revenir en position d'influence sur ces problèmes internationaux, il nous faut d'abord montrer à l'Europe que nous aussi sommes capable de redresser notre économie afin de pouvoir convaincre l'Allemagne de se joindre à nous dans ce combat. Les idéologies ne sont rien si elles ne s'accompagnent pas d'un plan de bataille réaliste. (Par exemple le cheval de Troie). Ce n'est pas parce qu'une poignée d'intellectuels vont hurler contre la mondialisation que quoi que ce soit va changer. Ce n'est pas parce que les gnostiques de l'attention Juste vont aboyer, que la caravane va s'arrêter !
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 17 avril 2007 à 15:24
Elle a plus de chances d'y arriver que Bayrou, puisqu'elle ne trouve pas çà aussi génial que lui l'Europe..
Rédigé par : Chevillette | 17 avril 2007 à 18:40
@ Gilbert Sorbier
L'ironie de votre commentaire tente d'imposer l'idée que j'appartiendrais à quelque groupuscule d'intellectuels hurlant contre la mondialisation, gnostiques de l'attention Juste aboyant en vain tandis que passe la caravane de la mondialisation . Ces métaphores pourraient laisser soupçonner que quelque antiféminisme se mêle à votre colère contre les intellectuels et les idéologues si vos commentaires ne témoignaient généralement de vos bons sentiments envers votre épouse et votre fille . C'est pourquoi je les oublierai, préférant traiter des questions de fond !
Nous nous accordons sur un point : rien ne prouve en effet que "Ségolène ait envie d'en finir avec la concurrence libre et non faussée et avec l'Union Europatlantiste" . Mon objectif était plus ambitieux que de rédiger un tract en faveur du vote Royal ; j'entendais dénoncer ce processus doucereux qui nous fait CONSENTIR à l'insu de notre plein gré à un libre -échangisme euro-atlantique dont la construction européenne ne constitue qu'un préalable .
Avant le remaniement opéré par Malakine pour la publication du grand débat d'Horizons, le titre de ma contribution était : "Pour en finir avec le primat de la concurrence libre et non faussée, l'Union Europatlantiste et autre tragiques fariboles: voter Royal" . Il signifiait que, pour l'avenir de mes enfants et des vôtres, Ségolène Royal était la mieux placée des trois candidats les plus crédibles pour défendre les intérêts de notre pays sur le plan international avec l'aide de Jean-Pierre Chevènement dont la lucidité et la sagacité m'inspirent toute confiance . Voilà le point de vue que je me suis efforcée de développer et qui semble avoir échappé à votre attention .
Vos contacts au PS vous donnent à croire que Ségolène défend le libre-échangisme et l'atlantisme effrénés ; je reconnais volontiers que son engagement pour le OUI au TCE l'a amplement démontré . Cependant, une évolution est apparue dans ses déclarations au sujet, notamment de la BCE et d'une "Europe qui protège", au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de Jean-Pierre Chevènement, lui-même proche des thèses d'Emmanuel Todd sur le néo-protectionnisme .
L'essentiel est donc de savoir comment évoluera le PS sur ce sujet très "clivant", popur reprendre une expression de Malakine . Quant à moi, je continuerai de plaider pour un "vote crtitique" en faveur de Ségolène Royal afin d'aider Jean-Pierre Chevènement à peser en ce sens auprès d'elle comme à l'intérieur du PS .
Au nom de la stratégie du "cheval de Troie", vous proposez "un plan de bataille réaliste" pour en finir avec le libre-échangisme forcené de l'Union Européenne qui ravage le tissu industriel de notre pays : il faut, écrivez-vous, pour influencer l'Europe et triompher de l'opposition de l'Allemagne au néo-protectionnisme, redresser notre économie, ce qui nous apporterait prospérité et influence .
En d'autres termes, à ceux qui rejettent le libre-échangisme de l'U. E. parce qu'il détruit notre économie et qui veulent la restaurer avec le protectionnisme, François Bayrou, dont vous vous faites le héraut, répond qu'en ne changeant rien à ce libre-échangisme conforme aux intérêts de G. Bush et d'A . Merkel, nous connaîtrons la prospérité et que nous serons alors libres d'imposer le protectionnisme . Ce n'est qu'une fable : votre plan de bataille mène notre pays à une défaite de plus en plus cruelle : le libre-échangisme sans foi ni loi continuera son oeuvre de destruction, la promesse d'un retour à la prospérité n'est que mirage .
L'indigence d'un tel raisonnement explique pourquoi votre style abuse de phrases de portée générale ; il est en effet plus simple de gloser d'abondance sur les idéologues et leurs idéologies que d'entrer dans le vif d'un débat sur le néo-protectionnisme dont l'importance est primordiale pour les victimes de la précarité et du chômage .
Rédigé par : Ilysa | 23 avril 2007 à 12:13
Ilysa,
C'est bien ainsi que j'avais interprété votre article. J'aimerais tant vous suivre dans votre raisonnement, mais je n'ai encorer rien retrouvé dans le discours de la candidate socialiste qui pourrait me rappeler celui de la campagne avortée de JPC.
Il reste quinze jours ...
Rédigé par : Malakine | 23 avril 2007 à 14:04
Un bref commentaire pour simplement féliciter Ilysa sur la qualité de sa réponse.
Pour la forme courtoise et respectueuse, dénuée de toutes formes d'arrogance.
Pour un fond d'une richesse rare au niveau de l'argumentation et qui me semble de plus parfaitement maitrisée.
Rédigé par : Chav | 24 avril 2007 à 12:00