Depuis plusieurs mois, le discours politique cherche à se renouveler en recherchant systématiquement son inspiration dans des modèles étrangers. Il y a d’abord eu la mode du modèle danois et sa flexi-sécurité auquel le gouvernement Villepin n’a cessé de faire référence. Depuis le début de cette campagne, la mode s'est généralisée. Sarkozy, après avoir longtemps pris ses sources outre atlantique, cherche désormais à légitimer ses propositions par des illustrations dans un modèle moins repoussoir mais tout aussi anglo-saxon : le Royaume Uni de Tony Blair. Ségolène Royal multiplie les références au modèle scandinave. Quant au troisième homme, il veut conduire la France sur la voie de la social-démocratie européenne.
Cette référence systématique aux modèles étrangers commence à devenir vraiment pénible. Les politiques serait-ils à ce point en manque d’imagination qu’ils ne seraient plus capables qu’importer des solutions déjà appliquées ailleurs ? Cette fascination pour l’étranger est-il le signe d’une profonde détestation de la France et de ses valeurs ? Est-elle le signe que la politique ne se résume plus dans l’esprit de nos dirigeants à du benchmarking de mesures techniques qui auraient fait leurs preuves ailleurs ?
A mon sens c’est encore plus grave. Cette fascination pour les modèles étrangers me semble traduire une profonde méconnaissance de la France et son système de valeur. Malgré la mode actuelle pour la social-démocratie, ce modèle apparaît en effet tout aussi difficilement importable que le libéralisme anglo saxon.
Emmanuel Todd, dans « l’invention de l’Europe » a montré que les idéologies, de droite comme de gauche, comme auparavant les religions, ont pris des formes différentes dans chaque pays d’Europe en fonction des valeurs « anthropologiques » qui sous tendent leur système de pensée.
Le modèle anglo saxon de famille « nucléaire absolue » est libéral – donc individualiste - et indifférent à l’idée d’égalité. Certaines solutions peuvent donc « marcher » en Angleterre ou aux Etats-Unis, mais être insupportables pour l’esprit français, viscéralement attaché à l’idée d’égalité. C’est pour cela que la France a tant de mal à se mettre au pas de la mondialisation libérale et que Sarkozy inquiète tant. Ce point est connu. Ce qui est moins connu en revanche, c’est que l’importation de modèles issus du monde germanique ou scandinave serait tout aussi inadaptée à notre culture individualiste et égalitaire (1)
La sociale démocratie n’est pas une version moderne, réaliste ou libérale du socialisme comme on voudrait nous le faire croire. Elle est un modèle cohérent qui s’est construit dans les pays de famille souche. Elle est une adaptation de l’idéologie socialiste aux valeurs d’autorité et d’inégalité caractéristique de ce système.
La social-démocratie se définit par une acceptation des inégalités sociales ou plus exactement par une acceptation de la dualité de la société entre « patrons » et « ouvriers » L’effet intégrateur du système de famille souche, lié à sa composante autoritaire, produit par ailleurs des organisations puissantes et structurées, et notamment un syndicalisme de masse, fonctionnant comme une contre société avec de multiples ramifications, et étroitement liés aux organisations politiques de gauche. Ces deux éléments permettent à l’organisation de la vie sociale de reposer essentiellement sur la négociation entre les partenaires sociaux ou au système politique travailler dans le cadre de grande coalition dans une recherche de consensus.
Les différents systèmes anthropologiques ont fabriqué, à la suite des idéologies, des capitalismes de type différent. Emmanuel Todd décrit dans « l’illusion économique » un capitalisme anglo-saxon de type individualiste et un capitalisme de type souche.
Le capitalisme anglo-saxon, très individualiste, repose sur la consommation et sur l’actionnariat. Il est caractérisé par une grande flexibilité du travail et se traduit par des échanges commerciaux déficitaires. Au contraire, le capitalisme de type souche (présent en Allemagne, au japon et dans les pays scandinaves) repose sur le collectif. Il met l’accent sur la production et les exportations. A cet effet, il comprime souvent sa demande intérieure et accorde beaucoup d’importance à l’innovation et à la formation professionnelle. Les salariés sont fortement intégrés au sein des entreprises qui deviennent des substituts à la famille. Ce capitalisme produit des excédents commerciaux souvent importants.
Le choix présenté par l’élection présidentielle peut apparaître ainsi comme un choix entre un modèle de capitalisme anglo-saxon proposé par Sarkozy et un modèle de type souche dont semble s’inspirer le programme de Ségolène Royal, ainsi que quoique de manière moins claire, Bayrou (2.
La vraie social-démocratie peut-elle être un modèle pour la France ? Le fait que ce modèle se soit développé dans un système anthropologique qui n’est pas le sien, n’est pas a priori un obstacle rédhibitoire dans la mesure où la France connaît une forte composante de valeur souche. On peut néanmoins anticiper quelques difficultés en raison de sa culture individualiste très enracinée.
La première difficulté viendra de la préférence du capitalisme de type souche pour les exportations et la conséquence que cela implique sur la demande intérieure. On peut difficilement imaginer que la France accepte une compression des salaires et une révision à la baisse de l’Etat providence, à l’image des réformes entreprises en Allemagne sous Schröder avec l’agenda 2010.
La faiblesse ainsi que les divisions du syndicalisme français laissent ensuite difficilement entrevoir de grandes négociations desquelles ressortiraient de grandes réformes faisant consensus (sécurisation des emplois, relance de la formation professionnelle, abaissement du coût du travail..). Par ailleurs, on imagine mal le Medef abandonner ses revendications sur la flexibilité pour se muer en entrepreneurs conquérants à l’export, investissant fortement dans la recherche et l’innovation et privilégiant, non plus la rémunération des actionnaires mais l’augmentation de la production.
Les salariés français apparaissent bien trop individualistes pour adhérer massivement à des organisations syndicales puissantes et ils n'acceptent pas assez l'inégalité des patrons pour consentir à des sacrifices destinés à améliorer la compétitivité des entreprises. Réciproquement, les patrons ne se sentent pas d’avantage plus solidaires de leurs employés pour avoir spontanément envie d'investir dans le capital humain ou même imaginer que la sécurisation des emplois pourrait renforcer leurs entreprises.
Le modèle social démocrate exige de pouvoir penser collectif. La France n’a pas cette culture du consensus. Elle n'a même guère celle du compromis. Plus volontiers celle du conflit, qu’il se manifeste entre syndicats, entre groupes sociaux ou entre idéologies.
Surmonter sa culture individualiste exigerait une forte intervention de l’Etat, car dans notre culture, l’Etat est le seul lieu où le collectif peut s’incarner. En principe, dans une vraie culture de famille souche, l’Etat n’a pas besoin d’intervenir. Le sens du collectif existe spontanément, par l’adhésion de toute la société a un même système de valeur. En France, il serait nécessaire de modifier profondément les règles du jeu pour conduire les intérêts individuels à aller dans le sens d'un collectif de type social démocrate : Incitations fortes à l’adhésion à des organisations syndicales, encadrement des négociations par l’Etat, incitation fiscale à l’investissement plutôt qu’à la distribution de dividendes, développement de la recherche appliquée et de la formation professionnelle, taxation de l’emploi précaire, soutien à l’exportation, encouragement à l’actionnariat des salariés, TVA sociale pour alléger le coût du travail et renchérir la consommation …
Il est même à douter qu'une batterie de telles mesures suffise. Il faudrait non seulement réformer le modèle social mais la culture française elle même. Les discours des élites devra notamment se clarifier, voire se rééduquer, afin de ne se diriger qu'en direction de ce modèle et s’abstenir de toute apologie d'éléments du modèle anglo saxon (actionnariat populaire, flexibilité, économie financiarisée ou excessivement tertiarisée). Il faudrait aussi remettre au goût du jour le patriotisme économique, voire le protectionnisme pour réapprendre à jouer collectif. Ce qui sera certainement le plus dur sera encore de privilégier le goût de produire sur le plaisir de consommer.
C’est pas gagné. L'effort qui serait demandé à la société française serait probablement d'une intensité équivalente, voire supérieure, à celui qui serait nécessaire pour se conformer au modèle individualiste anglo-saxon.
Je me demande toutefois si le modèle naturel pour la France ne serait pas encore celui du capitalisme d’Etat, celui des années 60 et 70, qui a lancé le programme électro-nucléaire, le TGV, Airbus ou Ariane. Est-ce que ce système où l’Etat était partie prenante de l’industrie ne constitue pas la vraie social-démocratie à la Française ?
On a cru libéraliser l’économie ces 15 dernières années en privatisant à tour de bras. Cependant, si l’on s’en réfère au niveau de dépenses publiques, la socialisation de l’économie n’a fait que s’amplifier. Au final, on peut se demander ce qui est le plus efficace : un Etat qui intervient directement dans l’économie en tant qu’actionnaire de grands groupes industriels ; ou un Etat qui intervient en prélevant des impôts records pour tenter d’infléchir tous les aspects de la vie sociale avec un inextricable maquis d’exonérations, d’aides et d’incitations fiscales ?
Plutôt que de s'épuiser à vouloir copier un modèle étranger qui n'est pas adapté à son système de valeur, est-ce qu’il ne serait pas tout simplement pas plus simple de revenir au modèle des trente glorieuses qui a fait ses preuves en France ? Pourquoi ne pas oser reparler de nationalisations industrielles dans quelques secteurs clé et de participation de l’Etat au capital des PME les plus dynamiques ?
(1) On considère que la France est dominée par les valeurs de la famille nucléaire égalitaire, mais le type est loin d’être pur. Il n’existe en fait que dans la France du grand bassin parisien. La France connaît également des régions de familles souches près des frontières du nord et de l’est, ainsi que dans le grand sud ouest, mais aussi une région de famille nucléaire absolue en Bretagne et des traces de familles communautaires dans le sud est et dans le massif central. Le type nucléaire égalitaire est dominant compte tenu de la centralisation du pouvoir, mais la France est en fait traversée de contradictions et emprunte à tous les systèmes ; ce qui fait dire à Emmanuel Todd dans l’illusion économique que « sans cette hétérogénéité, la France n’aurait jamais pu être simultanément individualiste et disciplinée, travailleuse et hédoniste, croyante et athée, républicaine et monarchiste, fille ainée de l’église et de Moscou. Elle n’aurait jamais pu accoucher à la fois d’un Etat fort et d’une société libérale …"
(2) Les références ne sont d’ailleurs pas anodines compte tenu de l’origine géographique et des cultures personnelles des candidats. Bayrou est issu du sud ouest, une région de forte tradition de famille souche. Royal issue d’une famille militaire et Sarkozy est un produit des élites parisiennes et donc à ce titre fortement marqué par la culture individualiste du bassin parisien, tempéré par des valeurs inégalitaires liées à son appartenance aux élites, ce qui le conduit tout naturellement à être séduit par le modèle anglo-saxon, individualiste inégalitaire.
Mon cher Malakine,
En matière de sciences comme de raisonnement, il n'existe pas de comportement nationaux, tout juste des origines afin de pouvoir "classer" les brevets.
En matière d'arithmétique fiscale non plus.
La France est restée bloquée depuis trente années sur une fiscalité rétrograde qui incite les patrons à la cupidité de préférence au développement.
Le monde du travail à compris cela depuis toujours et le refus des élites médiatiques Françaises de se pencher sur ce problème est la source de notre stagnation.
Qu'il y ait des exemples à l'étranger d'arithmétiques fiscales plus incitatives que la notre est un épiphénomène.
Ce qui compte est que la France Fiscale dise enfin à ses patrons:
"Vous avez à partir d'aujourd'hui INTERET à embaucher et à faire prospérer votre entreprise" alors que depuis 30 ans nous vous incitions à "faire du fric immédiat".
C'est un peu ce que le plan économique de J.L. Borloo prévoyait timidement en réduisant de 20% la pénalisation des salaires.
Pour être compétitifs avec les meilleurs Européens il faudrait arriver à 50%.
Plus de 50% est problématique, la France ayant un budget de l'état massif.
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 21 mars 2007 à 08:51
A propos des sociaux-démocrates leurs bastions sont :
L’Autriche,
L’Allemagne,
Les pays nordiques.
La social démocratie est très lié aux pays germaniques ET/OU protestants luthérien.
D’ailleurs en Allemagne les zones de votes Social Démocrate correspondent (pour l’Allemagne de L’Ouest) aux régions Luthériennes.
Les élites de la France connaissent très mal leur pays.
J’ai été à l’école une année à Neuilly ils connaissent pas ou peu les noms des villes limitrophes, c’est incroyable la bourgeoise parisienne est complètement ghettoisé exactement comme les « jeunes des cités ».
En France la gauche, surtout depuis l ‘effondrement du parti communiste , représente surtout les fonctionnaires et à peu de lien avec les salariés pauvres ou moyens du secteur privé.
Quant à la droite actuelle, à la différence des Gaullistes d’après guerre, elle représente maintenant surtout des professions libérales (Médecins), des petits patron et des cadres supérieurs.
C’est vrai qu’on attend de nos élites quelles trouvent un modèle plutôt qu’elle nous parle ad nauseam de prétendu modèles (Allemands, Japonais, Anglo-Saxons).
Quant on pense que des intellectuels français était prosoviétique.
En générale on cherche à copier des pays plus développé mais là ils étaient fascinés par pays plus arriérè.
Rédigé par : JLS | 21 mars 2007 à 12:47
Vous avez le droit de critiquer le "système" soviètique.
Mais svp, un peu de respect pour le "pays".
Pays qui a produit des génis comme serguei Korolev et a marqué les premiers points de la conquète de l'espace.
Plus arrièré c'est 1 insultant et 2 c'est en plus relatif tout dépend de quoi on parle.
Rédigé par : chavinier | 21 mars 2007 à 14:23
== allons vers un modèle anglo-saxon "national" ==
lecteur assidu de votre blog, ce billet m'a paru très intéressant, mais contestable sur certains aspects importants.
· OK sur l'idée que l'on ne peut importer un modèle "tel quel" et qu'il faut partir de ce que l'on est.
· mais attention à ne pas transformer les "héritages" en déterminisme. Comme vous l'écrivez, les héritages sont multiples, ambivalents, et suivant les besoins, on peut réactiver tel ou tel aspect de notre héritage. C'est d'ailleurs tout l'art du politique.
Aussi, il me semble qu'il y a actuellement des forces très profondes, très puissantes en faveur du modèle anglo-saxon. Même les allemands infléchissent très sensiblement le "capitalisme rhénan" dans le sens anglo-saxon. Idem pour les Japonais. Ces forces ne viennent pas du ciel, mais de l'influence de l'économie monde américaine, autrement dit de la mondialisation américaine. En désaccord avec E Todd, il me semble que le déficit commercial américain n'est pas le signe d'une faiblesse américaine, mais d'une répartition des rôles, d'un enrichissement américain (et je ne vois pas de raisons pour lesquels la mondialisation américaine ne serait pas pérenne, à vue humaine).
Compte tenu de ces forces, le plus raisonnable me paraît de faire évoluer notre système vers le système anglo-saxon, tout en défendant autant que faire se peut notre intérêt national, nos spécificités positives, et notamment celle du rôle directeur de l'état. Par contre, vouloir revenir au modèle des 30 glorieuses me paraît non seulement utopique, mais contre-productif (1) (ce qui n'exclut pas des "nationalisations" temporaires ou non, à voir au cas par cas).
Cordialement
nb: si on regarde la situation de la France depuis l'après guerre, que de chemin parcouru en direction du modèle anglo-saxon ! Mais nous le faisons dans le désordre, en aveugle, sans choisir ce qui est bien, ou moins bien, pour nous. Avec de tristes résultats sur nos emplois, nos écoles, nos territoires ...
(1) nous sommes entraînés vers une individualisation croissante, et, fondamentalement cela s'oppose au modèle des 30 Glorieuses qui était un mouvement national collectif de reconstruction. Pour tirer notre épingle du jeu de la mondialisation, le modèle de l'entreprise nationale est dépassé. C'était en fait un modèle peu compétitif (je le sais, j'y ai travaillé), et qui a marché, car il était associé à un quasi-monopole de fait sur le territoire national. Mais ces temps là sont dépassés dans la très grande majorité des cas. Même le rétablissement d'un néo protectionnisme national et/ou européen ne leur permettrait pas de survivre (sauf cas particuliers).
Rédigé par : marc-sevres | 21 mars 2007 à 14:35
== allons vers un modèle anglo-saxon "national" ==
lecteur assidu de votre blog, ce billet m'a paru très intéressant, mais contestable sur certains aspects importants.
· OK sur l'idée que l'on ne peut importer un modèle "tel quel" et qu'il faut partir de ce que l'on est.
· mais attention à ne pas transformer les "héritages" en déterminisme. Comme vous l'écrivez, les héritages sont multiples, ambivalents, et suivant les besoins, on peut réactiver tel ou tel aspect de notre héritage. C'est d'ailleurs tout l'art du politique.
Aussi, il me semble qu'il y a actuellement des forces très profondes, très puissantes en faveur du modèle anglo-saxon. Même les allemands infléchissent très sensiblement le "capitalisme rhénan" dans le sens anglo-saxon. Idem pour les Japonais. Ces forces ne viennent pas du ciel, mais de l'influence de l'économie monde américaine, autrement dit de la mondialisation américaine. En désaccord avec E Todd, il me semble que le déficit commercial américain n'est pas le signe d'une faiblesse américaine, mais d'une répartition des rôles, d'un enrichissement américain (et je ne vois pas de raisons pour lesquels la mondialisation américaine ne serait pas pérenne, à vue humaine).
Compte tenu de ces forces, le plus raisonnable me paraît de faire évoluer notre système vers le système anglo-saxon, tout en défendant autant que faire se peut notre intérêt national, nos spécificités positives, et notamment celle du rôle directeur de l'état. Par contre, vouloir revenir au modèle des 30 glorieuses me paraît non seulement utopique, mais contre-productif (1) (ce qui n'exclut pas des "nationalisations" temporaires ou non, à voir au cas par cas).
Cordialement
nb: si on regarde la situation de la France depuis l'après guerre, que de chemin parcouru en direction du modèle anglo-saxon ! Mais nous le faisons dans le désordre, en aveugle, sans choisir ce qui est bien, ou moins bien, pour nous. Avec de tristes résultats sur nos emplois, nos écoles, nos territoires ...
(1) nous sommes entraînés vers une individualisation croissante, et, fondamentalement cela s'oppose au modèle des 30 Glorieuses qui était un mouvement national collectif de reconstruction. Pour tirer notre épingle du jeu de la mondialisation, le modèle de l'entreprise nationale est dépassé. C'était en fait un modèle peu compétitif (je le sais, j'y ai travaillé), et qui a marché, car il était associé à un quasi-monopole de fait sur le territoire national. Mais ces temps là sont dépassés dans la très grande majorité des cas. Même le rétablissement d'un néo protectionnisme national et/ou européen ne leur permettrait pas de survivre (sauf cas particuliers).
Rédigé par : marc-sevres | 21 mars 2007 à 14:36
Je reprend mon clavier pour réagir à l'article en lui même.
Je suis en total accord avec l'analyse d'une part et la perspective d'autre part.
L'Histoire de notre pays montre que cette réalité du "besoin" d'Etat pour orienter et encadrer l'économie est une constante.
Toutes les périodes de forte croissance sont toutes plus ou moins marquées par un interventionisme d'Etat.
On peut remonter assez loin. Mais les exemples les plus marquants sont Richelieu, Louis XIV et Colbert, le consulat et le 1er empire, la reconstruction de l'après 1945, les années des 60/70.
Bravo à Malakine qui semble avoir définitivement surmonté son trou d'air et vole à nouveaux avec les aigles.
Rédigé par : chavinier | 21 mars 2007 à 14:36
Deux citations à méditer pour les tenants de la "mondialisation libre échangiste sous ordre états uniens".
Les faits l'ont aujourd'hui prouvé, l'indépendance nationale à l'égard de l'étranger et la liberté intérieure sont indissociablement liées, elles sont l'effet d'un seul et même mouvement.
Marc Bloch.
Chacun reconnait aujourd'hui que l'etat est responsable de l'évolution économique, qu'il lui appartient e lutter contre les crises et le sous emploi, d'orienter, de stimuler et de coordoner les efforts en vue de l'expansion et des progres communs.
personne ne peut plus défendre sincèrement le libéralisme, personne ne croit plus à la valeur de la vieille formule laissez faire laissez passer.
Pierre Mendes-France.
On me rétorquera que époque et contexte étaient différents, c'est possible, mais l'esprit compte aussi et l'actualité, la pertinence de ces formules sont pour beaucoup évidentes.
Rédigé par : chavinier | 21 mars 2007 à 15:57
Avant de répondre à vos commentaires, je veux vous signaler un article sur un site que je viens de découvrir, qui commente le mien et rebondit sur la question des modèles sociaux.
http://www.voteragauche.org/?2007/03/21/108-le-centre-ou-les-mysteres-de-l-atlantide
Rédigé par : Malakine | 21 mars 2007 à 16:35
On fait dire tout et n'importe quoi au nom des modèles. Les pays scandinaves que l'on nous cite sans arrêt en exemple ne sont pas dans l'euro, je vous le rappel, la monnaie unique à bien plus d'impact sur la croissance que le taux de prélèvement obligatoire ou la nature du système de redistribution des richesses. La Suède et le Danemark ne sont pas dans la zone euro, la norvège n'est même pas dans l'UE, la vrai question et donc à quoi sert la construction européenne puisque les pays européens qui y sont le moins liés sont ceux qui ont le moins de problème (je sens qu'on va m'insulter).
La question du modèle économique est à mon avis un écran de fumée qui sert à cacher les vrais problèmes. Dans les années 80 les économistes libéraux nous vendaient le fameux modèle Japonais, ce modèle soit disant trés performant fabriquait la supériorité des industriels japonais, qui permettait l'énorme excédent de ce pays. Paul Bairoch (économiste, historien Suisse) à démontré que la supériorité Japonaise venait simplement du fait que les japonais avaient pratiqué du protectionnisme douanier plus longtemps que les pays occidentaux, jusqu'à la fin des années 70. Pendant que les occidentaux abaissaient leur protection les japonais les ont maintenues, et alors que le japon avait un niveau de développement relativement en retard sur l'europe dans les années 60, ce dernier grâce au suicide commercial occidental à rattraper de manière fulgurante nos pays en une génération (la chine nous refait le meme coup et nos "élites" n'ont toujours pas compris) . Au royaume des aveugles les borgnes sont rois, quand tout le monde est libre-échangiste celui qui gagne est celui qui ne joue pas le jeu, il n'y avait pas de mystère, ou de modèle à imiter, simplement une bonne vielle politique mercantiliste tel que les Britanniques l'ont pratiqué au 18eme et dans la première moitié du 19eme siècle. Les pays qui ont aujourd'hui de la croissance sont ceux qui se protège de la concurrence extérieur par divers truc. Monnaie sous évalué (Chine, Russie, Japon, Corée du sud), protectionnisme par subvention (USA, Japon), politique de protection par norme de fabrication locale etc.. Il y a plein de façon de faire du protectionnisme et je suis sure que les modèles que l'on nous présentent sans arrêt on toujours des astuces protectionnistes derrière leurs réussite.
Pour en finir avec ces histoires bidon de modèles économiques, les pays anglosaxon sont un empire global, grace au Dollars les américains peuvent consommer indéfiniment sans rien produire, il ne s'agit pas d'un modèle mais d'une immense arnaque planétaire fondé sur une convention qui n'a plus lieu d'être, à savoir le Dollars basé sur rien. Les autres pays anglosaxon vivent accroché à l'amérique, rappelons quand même que la GB est de loin le premier investisseur aux USA avec 3000Md$ d'avoir, elle tire par la finance les bénéfices de l'empire,et elle coulera avec.
lire Paul Bairoch
Mythes et paradoxes de l'histoire économique
Rédigé par : yann | 21 mars 2007 à 20:24
Les pays scandinaves ne font pas partie de la zone Euro, mays la Finlande Pays nordique en partie.
Ces performances économiques et le poids de l'état y sont comparables.
Je pense pas, et je suis même sur d'ailleurs , que le modèle Anglo-saxon puisse être copié, ce modèle est à bout de souffle, il est basé sur la domination financière, derrière laquelle il n'y a pas grand chose.
Recemment un dirigeant de banque asiatique, disait "Il n'est pas normal que le pays le plus débiteur au monde (Les Etat-Unis) dicte sa politique monétaire au pays créditeur (Les pays Asiatiques".
Le poids des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne dans les exportations mondiales est beaucoup plus faible qu'il y a 30 ans.
5 pays européens (France, Italie, Allemagne, Pays-Bas, Benelux) pése beaucoup plus dans le commerce mondial que le couple GB-USA.
Idem Japon/Chine contre GB-USA.
Rédigé par : JLS | 22 mars 2007 à 09:05
@JLS
Le fait que les intellectuels français aient pu être fascinés par le modèle soviétique n'a rien à voir avec le niveau de développement de l'URSS. La Russie partage avec la France un attachement à la valeur d'égalité (famille communutaire en russie autorité + égalité ) C'est ce qui me fait penser que le modèle du capitalisme d'Etat correspond assez bien au fond culturel de ces deux pays.
@marc
Effectivement la mondialisation est d'inspiration américaine, ce qui pousse tous les modèles à dériver vers le modèle anglo saxon, individualiste et inégalitaire. Cependant cette évolution entraîne des tensions dans les pays qui n'en partage pas les valeurs. En france, c'est la montée des inégalités qu'il implique que nous ne supportons pas. L'adaptation aux réalités économiques est une chose, avoir un système qui correspond aux valeurs des peuples en être une autre. C'est pour cela que E.Todd affirmait récemment qu'il faudra choisir entre le libre échange et la démocratie.
En ce qui concerne, l'inefficacité de l'entreprise d'Etat, j'ai moi même partagé cette idée pendant longtemps. Désormais, je me dis que si l'Etat est incapable de gérer une entreprise, il l'est tout autant pour gérer une société. Je reviens bientôt dans un prochain article sur cette question. On en reparlera.
@ yann
On ne peut pas tout ramener aux questions monétaires et aux protectionnisme. Pour cet article, j'ai relu plusieurs chapitre de l'illusion économique d'E.Todd. Dans un dénommé "la france écarteleé", il explique que nos élites ont pris des élements des deux modèles sans s'apercevoir qu'ils étaient contradictoires.
Cette opposition des deux modèles est, il est vrai, un peu caricaturale, mais elle montre que la France ne peut ni adopter le modèle anglo-saxon à cause de son égalitarisme, ni le modèle germanique à cause de son individualisme. Le modèle d'organisation économique qui correspond à la France est une question qui reste ouverte. En fin d'article, je suggère une piste, mais sans certitudes ...
@JLS
Effectivement, le modèle anglo-saxon ne peut pas être copié aussi parce qu'il est générateur de dettes et de déficits. On ne peut pas comme les US financer notre déficit commercial et budgétaire par la planche à billet, ni asseoir la création de monnaie sur une bulle immobilière comme au royaume uni ou aux US. Enfin, si, on pourrait. Sarkozy le propose, mais c'est une voie très inégalitaire et en tout état de cause, cela ne semble pas très durable sur le long terme. N'est-ce pas Cath ?
A ce propos, je vous recommande un article récent de cath sur son site sur la prochaine explosion de la bulle du crédit (et d'une manière générale son site) http://planetargonautes.typepad.fr/planetargonautes/2007/03/la_bulle_du_crd.html#more
Rédigé par : Malakine | 22 mars 2007 à 12:56
Trés bon analyse Malakine!
Je prépare moi aussi un texte sur l'identité française.
Je reviens de l'étranger et ce qui m'a le plus stupéfié c'est la propensions qu'ont les français à dénigrer leur modéles voire à se dénigrer eux-mêmes (Je parle pour tout le monde, pas uniquement de ceux qui en profitent pour vendre une camelote ultra-libérale derriére..).
Les autres pays sont fiers de leurs systémes (et Dieu sait qu'ils ne sont pas parfaits..), et ils n'ont pas le modéle rhénan ou anglo-saxons à la bouche!
Arrêtons ces imbélicités, essayons de nous concentrer sur notre propre modéle et consacrons nous à ce qui fait sa réussite!
Rédigé par : Chevillette | 26 mars 2007 à 13:44
Bonjour,
Beaucoup de phrases lues plus haut évoquent le protectionnisme comme un fait réservé au pays de tradition égalitaire .
Cependant, jes USA sont parmis les pays les plus protectionnistes au
monde. Outre les subventions bien grasses accordées à certains secteurs
(dans l'agriculture, ça avantage genre 10% des exploitants, les plus
riches), ils ont toujours systématisé le principe consistant à interdire
les marchés publics aux entreprises non US, PAR EXEMPLE.
De la même manière, concernant la notion de libre échange, les USA dictent les lois en la matière, et si dans le sens des exportations on incite les autres pays à laisser faire, on régule les flux à l'entrée selon les besoins (par exemple, en cas de gel en Californie, les agrumes ont tendance à venir plus facilement du Mexique).
J'enfonce des portes déjà bien ouverte, bon. Mais c'est important je crois de parler des Etats-Unis et du Royaume-Uni, comme des puissances qui se sont construites sur un protectionnisme qu’ils diabolisent après-coup.
Rédigé par : matthieu | 29 mars 2007 à 21:02
ma réflexion est plus basique:
la France (la sociale démocratie à la française) est elle capable d'impulser un modèle de sociale démocratie qui s'impose, parce qu'elle est rationnelle?
en partant d'une réflexion sur la monnaie (mesure d'échange entre biens et services), pouvons nous revenir aux fondamentaux, et envisager un modèle de société qui ne s'écarte pas de ces fondamentaux, pour parvenir à une égalité réelle entre les êtres humains?
La monnaie, outil de mesure, a été pervertie par tous les systèmes existants, pour devenir le but , au lieu d'être le moyen de faire progresser des sociétés humaines.
Comment rendre aux sociétés le pouvoir de construire des solutions, au lieu de créer des problèmes insolubles parce que déconnectés de la réalité?
Rédigé par : selene | 09 mai 2009 à 21:23