Je viens de regarder l’émission de ce soir « A vous de juger » sur France 2 consacrée aux petits candidats, où on a enfin eu l’occasion d’entendre Le Pen, puis Voynet, Besancenot et Dupont Aignan, dans un débat collectif avec des français, plutôt de bon niveau et bien organisé.
Malgré l’épouvantable Arlette Chabot, l’émission était franchement intéressante, sans comparaison avec un débat académique et technocratique entre un Fillon et Hollande, où les discussions s’évertuent à souligner des différences épaisses comme un trait de crayons ou portent sur des bilans toujours contestés de politiques poursuivant les mêmes objectifs.
Une fois n’est pas coutume, j’aimerais livrer quelques impressions à chaud.
Ce soir, on a entendu des diagnostics originaux des maux de la société française. C’est toujours marrant d’entendre Le Pen affirmer que la dette publique Française est entièrement imputable à l’immigration. Toujours intéressant d’écouter Besancenot expliquer comment la politique fiscale française a fait perdre 10 points au travail par rapport au capital dans la répartition des richesses en vingt ans. Voynet expliquer que les délocalisations sont de plus en plus souvent motivées par l’absence de normes environnementales dans les pays émergents, Dupont Aignan exposer la dynamique récessive du libre-échange sur l’emploi et le pouvoir d’achat.
Tout cela est faux et juste à la fois, mais ça fait vraiment du bien d’entendre d’autres explications aux problèmes des Français, que « c’est la faute aux 35 heures » ou « c’est la faute à la droite ». Ca fait du bien aussi d’entendre des propositions, de voir des politiques débattre dans un bon état d'esprit cherchant plus à exposer leur idées qu'à polémiquer, parfois jusqu'à solliciter l'assentiment des autres débatteurs en conclusion de leur propos.
Dans l’ensemble, j’ai trouvé ces petits candidats excellents. Le Pen confirme qu’il fait une très bonne campagne et que, débarrassé de ses outrances, il peut être un candidat avec lequel il faudra peut-être devoir compter pour de bon. Voynet montre enfin – ce que personnellement je savais déjà – qu’elle est tout à fait capable de parler d’autre chose que d’environnement. Besancenot m’a époustouflé par son assurance et sa maîtrise de son discours économique. Enfin, Dupont Aignan a montré qu’il avait l’étoffe d’un grand. Peut-être pas dans cette élection, mais il en a assurément le potentiel. Il a surtout montré qu’il n’était pas le gars de droite qu’on pouvait craindre, et qu’il était bien plus proche d’un protectionniste européen raisonnable que d’un souverainiste fiévreux.
Ce constat m’amène à deux réflexions.
La première c’est que les sondages actuels sont très loin de ce qui sortira des urnes le 22 avril prochain. Sarkozy, Royal, et Bayrou, sont largement surestimés, simplement parce qu’on n'entend pas encore les autres. Ce soir, ils ont montré qu’ils avaient des choses à dire et qu’ils pouvaient intéresser. Le deuxième tour se jouera très probablement autour des 20 %, comme en 2002. Il y a environ une dizaine à une quinzaine de points qui seront redistribués vers ces petits candidats. Il y a donc de l’espace pour une surprise à la faveur de celui ou celle qui saura faire une très bonne campagne.
La deuxième c’est qu’il est vraiment dommage pour notre démocratie que ces candidats, et derrière eux leurs courants de pensée ne soit pas représentés au parlement. Si l’assemblée nationale avait un vrai rôle d’orientation et de contrôle du gouvernement. Si celui-ci était contraint de rechercher des majorités d’idées pour le vote de ces lois. En un mot, si nos institutions fonctionnaient. Le contenu des politiques qui serait conduites et le rapport qu'entretiennent les citoyens et leurs représentants en serait profondément modifié.
Ce soir, j’ai rêvé que je n'assistais pas à un débat pour un premier tour d’une élection présidentielle qui compte pour du beurre, mais à un débat d’une campagne législative qui se déroulerait simultanément avec un scrutin proportionnel sur liste nationale, où Le Pen, Voynet, Besancenot, et Dupont-Aignan seraient tête de liste.
Pire, comme il semblait assez facile de les mettre d'accord, au moins sur les contats et l'analyse, et qu'ils étaient aptes au débat pour rechercher ensemble des solutions, j'ai rêvé les voir tous réunis dans un même gouvernement ou une même coalition.
Bayrou a peut-être raison. La France a besoin d'un gouvernement d'union nationale, mais pas entre l'UMP, l'UDF et le PS. Un gouvernement d'union de tous les petits candidats !
Tout à fait d'accord avec toi Malakine, les petits candidats ont bien des choses à dire ; et c'est pourquoi nous avons décidé de les inviter à débattre à l'université Paul Verlaine - Metz, à présenter leur vision de la société et leurs propositions en faveur de la jeunesse et de l'enseignement supérieur. Nous espérons vivement qu'ils accepteront tous notre invitation avant la Présidentielle.
Olivier
Rédigé par : olivier | 09 février 2007 à 11:09
Un peu dans l'esprit de ce billet et de son premier comm., je signale que Nicolas Dupont-Aignan fera une conférence(entrée libre)le 15 fév. à 11h à l'IEP de Lyon,Rue Charles Appleton Lyon7è.
Rédigé par : pierre | 10 février 2007 à 13:29
Bonjour,
8 candidats se sont unis :
http://www.unioncandidatsemergents.org/
En cliquant sur la photo de chaque membre de l'Union, vous pourrez aller sur leur site respectif.
Bonne visite
Rédigé par : Philippe | 03 mars 2007 à 09:06