Je croyais avoir définitivement réglé son sort à Bayrou dans un article déjà ancien dénommé « Bayrou le candidat (ego) centriste de la pensée unique » qui, à ma grande surprise, avait eu beaucoup de succès. J’espérais ne pas avoir à y revenir. Mais, comme en ce moment, les médias refont le coup du « troisième homme » en s’appuyant sur une percée dans les sondages, je vais en remettre une couche …
La stratégie de Sarkozy, c’est de proposer une rupture. Celle de Royal, c’est de miser sur le mouvement de balancier qui ramène l’opposition au pouvoir à chaque élection. Celle de Bayrou, c’est de parier sur l’épuisement de ce mouvement d’alternance systématique et de l’existence d’un rejet de force équivalente pour les deux pôles de la vie politique. Il suffit lui donc de dénoncer le bipartisme comme étant le responsable de tous les maux, et de présenter un programme minimaliste susceptible de ne heurter, ni la droite, ni la gauche.
La stratégie n’est pas très enthousiasmante, mais elle a le mérite de la clarté et peut s’avérer payante.
Sarkozy par son arrivisme trop voyant, sa culture libérale et son américanolâtrie inquiète toujours une grande part de la population, même à droite. Royal, qui n’est manifestement pas au niveau et qui persiste à conduire une campagne d’image, sans fond ni proposition, commence sérieusement à énerver à gauche. Le Pen a perdu une partie de sa capacité à capter l’électorat protestataire avec le « spectre du 21 avril ».
Bayrou peut effectivement capitaliser ce rejet global.
Il faut interpréter les bons scores de Bayrou à la lumière de sa stratégie. Les sondages ne mesurent en rien une adhésion au discours du candidat, mais l’insatisfaction de l’opinion devant l’offre qui lui est servie ! La percée de Bayrou traduit uniquement l’instabilité, voire l’explosivité du système. Elle montre simplement qu’il y a de vastes espaces politiques qui restent inoccupés à droite, à gauche, au centre et ailleurs.
Votre serviteur, comme beaucoup d’entre vous me semble t-il, se range d’ailleurs dans cette catégorie des électeurs qui se demandent de plus en plus s’il va trouver un candidat pour lequel voter au premier tour. Ne parlons pas du deuxième …
Alors, effectivement Bayrou, pourquoi pas, comme « un moindre mal »
Je ne sais pas si cette analyse est partagée, mais si elle l’est, je ne m’explique pas qu’aucun franc tireur n’ose s’élancer dans la campagne. Au vu des sondages actuels, avec près de 15 points d’écart entre le 2ème et le 3ème, il n’y a rigoureusement aucun risque d’un nouveau 21 avril.
La configuration n’est pas du tout la même qu’en 2002. Cette année Le Pen devra partager ses voix avec Villiers, qui sera un concurrent bien plus rude que Megret, et Bayrou désormais qu’il se présente comme un candidat anti-système. A gauche, Royal est débarrassée de la concurrence de Chevènement et de Taubira en attendant le retrait de Voynet, ce qui lui donne un socle de 23.8 ou de 29.8. A droite, Sarkozy est débarrassé de la concurrence d’un candidat libéral (Madelin) et d’un chrétien-démocrate (boutin) ce qui lui donne un socle de 25 %.
Qui peut sérieusement croire, même avec une très bonne campagne, même avec un rejet croissant du bipôle médiatique, que Le Pen pourra réunir un français sur quatre c'est-à-dire un sur trois en y ajoutant les probables voix de Villiers ? Impossible.
Alors, n’y a-t-il pas un homme d’Etat, un peu plus sérieux que Bayrou, avec un peu plus de fond, d’ambition pour la France et de souffle qui pourrait s’élancer, quitte à jouer la stratégie du moindre mal.
Pourquoi Dominique de Villepin hésite encore à lancer sa candidature et à faire campagne sur le thème du protectionnisme européen et de la relance du projet européen ? Pourquoi Kouchner, qui était tenté fût un temps, ne se lance t-il pas sur une posture très internationale dans un rôle de gardien de la paix dans un monde instable ? Pourquoi Fabius n’anticipe pas l’éclatement inéluctable du PS pour construire une candidature « vraiment à gauche » ? Pourquoi Borloo ne tente t-il pas le coup de construire sa « droite sociale » ?
… Pourquoi Jean Pierre Chevènement s’est-il retiré ?
On se dispute en ce moment sur le site de Marianne à propos de Bayrou. Une certaine personne essai de convraincre les partisants de NDA de voter pour ce candidat. Personnellement je pense que les centristes sont les pires des libéraux, ce sont les centristes qui défendent le plus le libéralisme, monsieur Barre était un adorateur de Friedman. Franchement sur le fond Sarko est peut-être moins laissez-fairiste que Bayrou, ce n'est pas de ce partie idolatrant les monnaies fortes et le droit du sang allemand que viendrons des solutions protectionnistes et keynesiennes. Sans parler de leurs obsessions sur la décentralisation, le régionalisme linguistique et leur faible attachement à la démocratie (constitution européenne) qui découle de leur attachement à l'église (ce qui explique peut-être l'amour qu'ils portes à la main invisible(dieu?) du marché).
Rédigé par : Yann | 30 janvier 2007 à 20:14
Il faut se rappeller que les médias avaient monté la candidature de Jean-Pierre Chevénement en épingle de la même façon en 2002. Cà doit entretenir le bipartisme d'une maniére ou d'une autre, l'émergence médiatique d'un 3éme homme 3 mois avant l'élection. Dans mon souvenir la candidature du Ché en avait beaucoup pati! Le buzz médiatique avait pris le pas sur ses propositions et du coup...on sait ce qui est advenu!
Rédigé par : Chevillette | 30 janvier 2007 à 23:08
Entièrement d'accord avec Yann, l'UDF et son candidatsn sont les plus hypocrites qui soient, derrière la mièvrerie de leur discour se dissimulent des pistes que les français ont massivement rejetté en 2005.
L'UDF et Bayrou rappellons le sans cesse etaient les plus chaud partisans du TCE.
Concernant l'analyse de Malakine d'accord sur le fond et devant la descente aux enfers que SR nous mitone (voir ses déclarations inconséquentes, une fois de plus, récentes sur la politique energétique).
Jean-Pierre, au secours, même mort revient, tu es comme JPP, la France a besoin de toi!
Rédigé par : chavinier | 31 janvier 2007 à 07:54
Voter Bayrou au premier tour, c'est prendre le gros risque de Royal-Le Pen au second. Voire Le Pen-Bové !
Et voter Bayrou, ce n'est pas voter pour un projet de modernisation de la France. C'est voter pour un truc mollasson qui, certes, nous garantit plus de contre-pouvoirs...mais ça s'arrête à peu près là.
Rédigé par : carolus | 31 janvier 2007 à 20:15
J'espère que personne n'a interprété mon article comme un appel à voter Bayrou ?
En tout état de cause, il ne faut pas oublier que dans nos institutions, le pouvoir s'attribue aux législatives. Même élu président sur un malentendu notre ami le bègue n'aura jamais aucune majorité. La gauche gagnera probablement les législatives et DSK deviendra premier ministre.
Ce n'est pas une perspective apocalyptique ... et je suis sûr que certains hiérarques socialistes y pensent déjà.
Rédigé par : malakine | 02 février 2007 à 01:12
Personnellement, je ne vois personne de valable.
Néanmoins si ton analyse à le mérite d'être structurée, je pense que Bayrour reste le moins pire de tous.
Peut*etre que Dupont Aignan mérietrait que l'o nsy intéresse plus, je ne sais pas
Rédigé par : Marc_B | 02 février 2007 à 16:41
Le précédent article sur "Bayrou l'ego-centriste"(dont je viens seulement de prendre connaissance)n'a en effet pas pris une ride deux mois plus tard et je le signerais des deux mains,en dépit du "montage médiatique" éclos ces jours-ci. Le 3ème homme du système, et rien d'autre!
Rédigé par : Pierre | 08 février 2007 à 16:45