La question des banlieues revient au devant de l’actualité. Cette fois de manière crue. L’an passé, les bonnes âmes voulaient voir dans les émeutes une crise sociale, une révolte des laissés-pour-compte de l’économie mondialisée. Ces malheureux étaient au chômage, sans avenir, désespérés. Ils voulaient travailler mais il n’y avait pas de travail pour eux. Les pauvres étaient victimes de discrimination et d’un harcèlement policier. Cette année, il est impossible de soutenir de telles fariboles.
La crise apparaît pour ce qu’elle est, une nouvelle poussée de violence gratuite d’une partie du corps social contre le reste de la société dans une logique de guérilla urbaine.
Certes, la crise des banlieues se nourrit de la fracture sociale et territoriale. Certes, il y a un vrai problème avec la délinquance des mineurs, mais ces explications ne suffisent pas à expliquer l’origine de la violence. La cause apparaît plus profonde. Elle traduit une ligne de fracture dans la société française. (.../...)
Je sais que ce n’est pas politiquement correct, mais à l’évidence, la question des banlieues est liée à celle de l’immigration massive et au rejet du principe d’assimilation.
Appelons un chat un chat. Il n’y a pas de voie moyenne entre l’assimilation c'est-à-dire la la francisation et le modèle communautaire. Les gosses dont on parle sont peut-être juridiquement français, ils ne sont pas pour autant francisés, avec ce que cela implique en terme de maîtrise de la langue et d’adoption du système de valeur hérité des lumières et de la révolution française. Il faut avoir le courage d’abandonner ses idées généreuses et voir la réalité en face. Le modèle d’assimilation français, qui a si bien fonctionné avec les vagues d’immigration européennes ne fonctionne pas avec les populations africaines et arabo-musulmanes.
La première raison vient des systèmes familiaux. Emmanuel Todd explique que les systèmes de pensées, qu’ils soient politiques ou religieux, ont pour matrice les systèmes familiaux. Le système français est qualifié de « nucléaire égalitaire », caractérisé par les valeurs de liberté et d’égalité, ce qui génère un esprit individualiste, universaliste et très peu intégrateur. Le système musulman est, au contraire de nature « communautaire endogame », caractérisé des valeurs d’autorité et d’égalité, extrêmement intégrateur, notamment avec une pression très forte des collatéraux (oncles, frères…)
Au contact de la société française, le système communautaire endogame est percuté, comme aucun autre auparavant, par le système français, en particulier par son individualisme et son libéralisme (à entendre ici au sens de permissivité) Il en résulte un double mouvement contradictoire et indissociablement lié. Délitement du modèle d’un coté, crispation identitaire de l’autre.
C’est ainsi que certains gosses ne sont donc plus mentalement structurés par aucun des deux systèmes. L’autorité du modèle d’origine est affaiblie et le nouveau modèle est violemment rejeté comme étranger, en particulier son libéralisme (ce qui génère des actes délinquance et un sentiment d’impunité), son égalitarisme (ce qui conduit à des comportements hypervirils, machistes et violents à l’égard des femmes) et son universalisme (ce qui nourrit une crispation identitaire et un rejet du principe même de l’assimilation) Ce conflit de système est générateur de violence et de conflits, au sein de la jeunesse comme entre elle et la société.
Eric Zemmour a dans son dernier livre « Le premier sexe » mis le doigt sur un aspect de ce problème et l’a très bien décrit. L’esprit français a poussé l’égalitarisme de son système jusqu’à vouloir supprimer toute polarité entre les sexes. Ce mouvement de confusion des genres s’est essentiellement fait au détriment de la virilité sous toutes ses formes. Les valeurs « masculines » d’autorité, de hiérarchie, de conquête, de projection dans l’avenir ont perdu beaucoup de crédit dans la bataille. Cela, les jeunes issus de culture arabo-musulmane, ne le comprennent et ne l’acceptent pas. Ils ne savent pas se situer dans cette société aux valeurs molles. En eux même, ils restent des guerriers, des conquérants... Lâchés dans cette société aux valeurs molles, ils en deviennent dangereux et se comportent en prédateurs que rien n’arrête.
Il faut tout de même nuancer le propos afin d’éviter toute généralisation abusive. Pour certains jeunes d’origine arabo-musulmanne, en particulier les filles, la conversion au schéma culturel français est déjà accomplie. C’est pourquoi il est permis de voir dans la crise actuelle, un phénomène de transition, le signe d’une assimilation en cours. C’est du reste la thèse qu’avait exprimée Emmanuel Todd lors des émeutes de 2005. Je suis personnellement beaucoup moins optimiste.
J’ai compris récemment l’existence d’un autre facteur de non-assimilation. Il me semble en fait encore plus puissant. Les immigrés dont on parle ont la particularité d’être aussi des enfants de la colonisation. Le discours qui a accompagné la sortie du film « indigène » était : « Nos grands pères ont combattu sous le même uniforme que les vôtres, on est donc français autant que vous ». Il consistait donc à mettre en avant leur statut de descendant de peuples colonisés pour en déduire une appartenance historique en tant que communauté à la Nation française.
Le discours passe relativement bien dans les élites car il joue sur la repentance et la culpabilité, très à la mode en son sein, mais je crains qu’il ne passe très mal dans le peuple et entraîne un jour une réaction qui amène un Le Pen au pouvoir …
Après tout, nous sommes là, dans le domaine du symbole. Que la Nation française soit une ou multiple, peu importe ! Là, où le discours devient franchement dangereux, c’est quand il s’associe à l’idée de victimisation.
Ces peuples, après avoir été colonisés, pillés, exploités, traités en esclaves, seraient désormais discriminés, exclus du monde du travail, soumis au racisme quotidien, n’aurait pas la même égalité des chances, seraient victimes d’un harcèlement policier, quand ce n’est pas leurs territoires qui sont « occupés » par les CRS !! Et il y a de bonnes âmes, notamment à gauche qui entrent dans ce petit jeu sans se rendre compte qu’il rend la situation explosive.
Le sentiment de victimisation est particulièrement dangereux, car il installe ceux qui estiment en être l’objet dans une attitude de créancier à l’égard de la société. Il créé du ressentiment autant qu’il nourrit la passivité et suscite l’assistanat. Une victime réclame réparation. Elle ne cherche pas à sortir de sa condition par ses propres forces. Inutile donc de faire des efforts pour obtenir un diplôme ou d’apprendre à parler correctement la langue.
Et naturellement, la victime cherche à se venger pour obtenir justice ! Dans un esprit simple, le parallèle se fait vite avec la situation au moyen orient avec les jeunes dans le rôle des palestiniens occupés et traités en sous citoyen, et la police dans le rôle du Tsahal !
Il serait excessif de ne voir dans cette crise qu’un phénomène lié aux ratés de l’immigration. Il y a quelques chose aussi qui relève de cette inquiétante culture des cités.
La culture des cités ne se manifeste pas que son accent si fort qu’on le croirait issu de la maîtrise d’une langue étrangère, ses codes vestimentaires, ses musiques, son langage constitué d’une trentaine de mot dont la moitié d’insultes ... C’est aussi un état d’esprit et un système de valeur cultivant la posture de rébellion systématique, un orgueil chatouilleux, une violence verbale et physique omniprésente, une culture des bandes, l’appropriation du territoire, une rage qui s’exprime jusque dans la manière de parler. En somme, à l’inverse du cours de l’époque, une caricature du mâle dominant version pitbull. ...
Il serait intéressant de savoir par quel processus cette identité s’est développé. Il est difficile d’isoler un facteur parmi d’autres, mais j’aurais tendance à incriminer les nourritures culturelles dont se nourrissent ses jeunes, venues pour la plupart des ghettos noirs américains ou auto-produits dans les banlieues. Il est difficile de s’enrichir en consommant sa propre production. En clair, en se nourrissant de sa propre merde.
Ce qui me paraît le plus inquiétant c’est que c’est que les jeunes des cités ne se sentent plus appartenir à la Nation. Cela va même au-delà des populations d’origine immigrées.
Pour finir, je vous propose d’écouter les paroles de la chanson de Diams, pourtant une française dite « de souche » – Ma France à moi
Vous devrez y entendre comme moi un rejet violent la société française et une volonté de s’affirmer en tant que communauté autonome structurée par des valeurs exogènes venues de l’ouest et du sud, et surtout prête aux actions violentes pour se sentir exister. La star des cités conclut son éructation ainsi « Et si on est des citoyens, alors aux armes la jeunesse, Ma France à moi leur tiendra tête, jusqu’à ce qu’ils nous respectent »
Le plus inquiétant dans le phénomène des banlieues, c’est que cette poussée de violence brute n’est peut-être que la partie émergée de d’un immense iceberg, celle d’une rupture avec une grande partie de la jeunesse.
Les médias ont raté leur coup!
Pour l'anniversaire du début des évènements de Clichy, rien ne c'est passé qui a pu mobiliser les médias. Il y avait de quoi revenir sur Clichy pourtant. Oui, il y a eu un évçnement dans cette ville qui a mobilisé une grande partie des Clichois: Une exposition dans toute la ville où des photographes de renom ont montré leur vision de Clichy. Comme cette vision n'est pas celle que les médias attendent. Comme il n'y avait pas de véhicules incendiés, les médias ne se sont pas manifestés.
Malgrès les promesses aucune aide n'est parvenue sur le terrain. Clichy attend toujours son commissariat de police!
Rédigé par : constantin | 05 novembre 2006 à 18:39
Cette question des banlieues , est à mes yeux, le grand défi qui attend les prochains décideurs .Il faudra prendre le problème à bras le corps et il y a du travail pour plusieurs décennies .Non les jeunes de ces banlieues ne se sentent pas français et ils en veulent à leurs ainés d'avoir joué la carte de l'intégration d'où leur comportement.Ils ont été délaissés ,refoulés du monde du travail et rejetés dans leurs cités ghettos .Quoi de plus normal alors d'avoir un sentiment d'injustice et de révolte .Et puis il y a un aspect que l'on oublie un peu trop facilement c'est qu'ils appartiennent à une religion missionnaire comme l'a été en son temps la religion catholique .Ils sont les premiers maillons d'un développement recherché dans tout l'occident .C'est un immense problème qui nous attend et qui ne m'incite pas à l'optimisme surtout si les remèdes préconisés par Sarkozy sont les seuls utilisés .
Rédigé par : René | 08 novembre 2006 à 13:07
voila je suis une gosse de zep,et peut etre meme une racaille ! je suis fière de l'etre et franchement on dirai lepen! dsl de te le dire papa mé... voila quoi !!!
ce com é pour reprsenter tous les gens contre ce texte !
ps pour le collège vauban: GLACIS en FORCE !
Rédigé par : Electra | 18 novembre 2006 à 13:03
Malakine, René: Le problème des banlieues n'est qu'une variante spécifique d'un problème plus général d'ordre anthropologique. L'appréciation des tensions existantes entre l'ordre symbolique des jeunes casseurs des banlieues et celui de la société française n'est, en effet, possible que si l'on prend en compte l'affrontement actuel de deux ordres symboliques contradictoires au sein de la Nation dans son ensemble: d'une part le spontanéisme, d'autre part l'institué. Pour une description de cette distinction, je vous renvoie à l'article qui suit:
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La problématique clé - Un bref et décisif détour par l’anthropologie pour pouvoir empoigner nos difficultés politiques - 9 décembre 2006
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Si nous voulons à nouveau réussir à mettre en œuvre des politiques qui auront prises sur les problèmes de notre temps, il faut que nous puissions à nouveau distinguer un ordre symbolique distinct de l’ordre des choses, puis concevoir que l’ordre symbolique a vocation à cadrer les choses.
On ne peut pas dire que le parti pris de notre époque soit délibérément et explicitement matérialiste. Mais il est incontestable qu’elle s’est largement faite à l’idée que les affaires humaines sont déterminées par l’ordre des choses matérielles, que les changements qui nous frappent, notamment par la globalisation, sont imposés dans la force des choses, qu’ils résultent de l’interaction entre des faits accomplis, pour finalement transformer notre société de façon surdéterminante.
Or, si nous enquêtons autour de nous, l’immense majorité nous dira qu’elle ne s’est pas abandonnée à cette vision fataliste, qu’elle aspire à vivre dans une société plus juste et espère que les pouvoirs publics sauront un jour très prochain redresser la barre. Et c’est vrai qu’ils le pensent et l’attendent sincèrement ! Mais dans ce cas, d’où vient cette contradiction ? D’où vient ce fatalisme de cette espèce contradictoire ?
Il vient de ce que nous acceptons de moins en moins l’idée qu’une volonté, fut-elle démocratique, ou une règle, fut-elle sage, et encore moins une politique, fut-elle soucieuse de l’intérêt général, puisse prétendre sculpter notre avenir à tous et de ce fait celui de chacun en particulier, car cela atteindrait notre prétention à l’ « autonomie », où chacun, appuyé par les derniers moyens mis à sa disposition par la société de consommation, peut prétendre s’accomplir, s’épanouir, atteindre sa plénitude, mais dans sa radicale singularité.
De là vient que toute volonté commune est faible, car il n’y a plus beaucoup de « nous » avec tant de « moi je », et que toute idée de « bien commun » n’est qu’une formule rhétorique, car il n’y a plus vraiment de « commun » possible avec cette espèce singulière d’humains, qui est humaine par elle-même, parce qu’elle est née, parce qu’elle est habitée par sa vitalité. Nous avons sacrifié la politique en courant après l’illusion de nous épanouir selon les inflexions de nos seuls désirs.
Deux paradigmes anthropologiques sont ici en concurrence : d’une part « l’homme spontané », de l’autre « l’homme institué ». Le premier fait croire qu’il sait ce qu’est la politique, mais sa vision de l’homme dément cette affirmation, car son humain se développe comme la graine devient plante et sa société est un écosystème, sa "politique" n’est que l’expression des lois organiques de celui-ci (marché, concurrence, psychologie comportementale, etc.). L’ « homme institué » s’est trop effacé ces dernières décennies et a surtout laissé abaisser l’inestimable sagesse de la transmission des repères institués, qui doivent certes ne pas se scléroser, mais qui en aucun cas ne doivent se laisser remplacer par un quelconque ordre spontané.
Aussi, si vous voulez une politique qui cadre la globalisation, qui génère plus de travail, qui organise un partage des richesses du travail qui soit plus juste, qui permette d’avoir des services publics, alors il faut que vous acceptiez que vous n’êtes pas un surgissement singulier d’humanité, mais un être qui a été humanisé par une éducation, une instruction, dans une société qui est sculptée par la politique.
Si vous ne voulez pas, alors ne venez pas vous plaindre des conséquences.
Source: http://www.plateforme2007.net/spip.php?article3
Rédigé par : Plateforme2007 | 16 janvier 2007 à 23:48
Les "nappy" (jeunesse dorée - école GERSON) n'ont pas d'identité nationale : ils se "battent" pour l'autonomie du 16e arrondissement.
http://etatd-ave.hautetfort.com/arc...
Lien vidéo du reportage de 7 à 8
http://videos.tf1.fr/video/news/sep...
Rédigé par : Se bidono | 13 mars 2007 à 23:29