Je l’ai dit en avant propos. Emmanuel Todd est mon « maître à penser » Je continuerais donc à publier systématiquement les interviews que je trouverais de lui sur le net. Celle-ci a été donnée récemment à un magazine socialiste.
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Elle ne traduit rien de bien nouveau quant on connaît le logiciel Toddien. Son intérêt principal réside dans l’appréciation qu’il porte sur les trois prétendants à l’investiture socialiste.
Je ne partage pas son diagnostic selon lequel on assisterait à un raidissement dans les classes dirigeantes à l’égard du mouvement de révolte qui monte dans les classes populaires sur les nouvelles règles du jeu économique. Au contraire, il me semble que Sarkosy comme Fabius s’efforcent de le prendre en compte. Les conséquences qu’ils en tirent ne sont peut-être pas à la hauteur du problème, mais je ne crois pas qu’on puisse parler d’autisme. Pour ma part, je sens au contraire monter une prise de conscience de l’impasse dans laquelle nous conduit le libéral-libre-échangisme. Il s’agit à mon sens de l’un des éléments les plus intéressant de ce début de campagne.
En revanche, je le rejoins sur sa crainte de voir les « super-élites » vouloir prendre le contrôle politique, quitte à habiller leur prise de pouvoir d’un discours populiste. La contradiction que je soulignais hier entre les positions et les propositions du candidat Sarkosy en est un indice évident. Il faut quand même oser souligner dans un premier temps la montée des inégalités qu’engendre la mondialisation dans les pays riches, et proposer pour mieux s’y adapter une suppression des droits de succession, réforme profondément inégalitaire qui ne peut répondre qu’à une revendication des plus fortunés, et de surcroît, absolument sans aucun rapport sur la compétitivité du pays !
L’autre point de désaccord est plutôt un point d’incompréhension. Je ne m’explique pas sa position selon laquelle les problèmes des banlieues seraient un effet de la décentralisation. Certes, les élus locaux ont tendance à investir plus volontiers en centre ville que dans les quartiers périphériques, mais comme j’ai déjà eu l’occasion de l'écrire le facteur urbanisme ne me semble pas déterminant dans la crise actuelle des banlieues.
Un point mérite peut-être une tentative d’explication. Que veut dire Todd quand il dit que Fabius a la bonne sensibilité mais pas les bons outils intellectuels ?
Todd incarne une ligne politique qui conteste le principe même de la mondialisation et le libre-échange. Pour lui, ce système entraîne une montée des inégalités par la mise en concurrence des classes populaires en elles, un délitement de tout sentiment de solidarité au sein des nations entre les différentes strates sociales, les classes dominantes se sentant plus de proximité avec leurs homologues internationales (en particuliers américaines qui sont leur modèle) qu’avec le peuple de leur propre pays, et de récession économique par un mécanisme de contraction de la demande globale. Ces mécanismes sont très bien décrit dans « l’illusion économique » paru en 1997.
Todd a perçu le mécanisme avant qu’il ne produise ses effets. Fabius a compris qu’il se passait quelque chose en analysant l’opinion des classes populaires. Il a donc décidé de changer de positionnement pour s’adresser en priorité à elles. La déception de Todd vient du fait que Fabius n’a pas fait l’effort intellectuel d’analyser les causes profondes du phénomène.
Il est vrai que le discours fabiusien est extrêmement pauvre du point de vue doctrinal. Depuis un an, il a décidé de s’adresser à la base historique et populaire du parti avec des mots et des revendications qu’ils peuvent comprendre pour prendre le parti par la gauche. Il n’a jamais cherché à théoriser son évolution par un discours économique. C’est une carence évidente pour un homme comme lui.
Il n’est pas sûr en revanche que ce soit une erreur. On est ici en plein dans la tactique politicienne. Si la stratégie de Fabius fonctionne et qu’il est in fine investi, il tentera certainement d’intellectualiser son discours pour s’adresser aux classes moyennes et aux CSP + et tenter de reconquérir une crédibilité économique qui s’est bien affaiblie depuis un an.
Toute la question est de savoir si l’évolution de Fabius n’est que le fruit d’un positionnement tactique et politique ou si elle traduit une évolution de fond de sa pensée. Sur ce point, j’hésite toujours.
La sincérité de sa conversion ne pourra convaincre que lorsqu’il reconnaîtra que la libéralisation des échanges - qu’il a organisé lorsqu’il était Premier ministre à travers l’acte unique – sans la mise en place concomitante d’un renforcement des protections extérieures de l’Europe est l’une des causes fondamentales du « capitalisme sauvage » et de la « mondialisation financière » qu’il dénonce aujourd’hui.
En effet, nos élites pronent la concurrence tant qu'elles n'en subissent pas les conséquences.
http://classemoyenne.hautetfort.com
Rédigé par : éric | 11 novembre 2006 à 15:49
La campagne des socialistes pour l'élection des députés européens avait été faite essentiellement sur le thème d'une "europe sociale". Une fois élus sur ce thème un grand nombre de ces élus socialistes on "retournés leur veste" en pronant le "oui" à la constitution européenne qui gravait dans le marbre la politique libérale de l'europe.
Laurent Fabius avec le non à la constitution, position courageuse à l'époque où personne n'aurait parié sur le succès du non proposait un plan "b" Rien ne c'est passé depuis c'est certain mais cela n'a pas été la fin de l'union européenne comme le pronostiquaient les partisans du oui.
Si l'on se réfère au projet socialiste et aux dires tant de Ségolène que de Dominique il faut ajouter du social à l'Europe. C'est ça le plan "B" et je pense que Laurent Fabius est le plus apte de faire adhérer les autres pays de l'union européenne à la vision humaniste et sociale de l'europe.
Rédigé par : constantin | 12 novembre 2006 à 23:53