Dimanche soir, j’ai mis « riposte » sur la cinquième en attendant les émissions politiques du dimanche soir. Le Pen en était l’invité. Ce que j’ai vu m’a tellement scié, que j’ai regardé l’émission jusqu’à la fin. Tant pis pour François Hollande qui était sur TV5 l’invité du grand rendez-vous d’Europe 1. Que peut-il avoir d’intéressant à dire, si ce n’est de l’autosatisfaction, dès lors que la candidate PS a décidé d’attendre que s’exprime l’intelligence collective des Français ? Tant pis aussi pour Dominique Voynet qui était l’invitée sur LCI du Grand Jury. On connaît son discours par cœur et peut d’ores et déjà deviner son score.
Je savais que Le Pen avait changé, de même que l’attitude des médias à son égard, mais dimanche, on a assisté à un vrai changement de nature du candidat Le Pen. Désormais, il la joue gagnant.
Le très rond Serge Moati commence l’interview sur un ton très complice, rappelant quelques souvenirs communs de 2002, lorsqu’ils tournaient ensemble un reportage sur les coulisses de la campagne 2002. Histoire de bien affirmer qu’il reçoit un homme politique comme les autres, la première question porte sur un sujet d’actualité : les violences au PSG. Moati le fait ensuite parler de sa vie, de ses parents, de sa foi catholique, de son enfance de pupille de la Nation, de son engagement volontaire pendant la guerre d’Algérie. On se serait cru dans un clip de campagne électorale tellement Le Pen se trouvait à son avantage dans cette composition de grand-père racontant sa vie de fils du peuple entièrement dévouée au service de la mère patrie !
S’en suit une analyse de l’actualité politique, sujet sur lequel Le Pen, prend toujours un grand plaisir à prendre la posture du vieux routier de la politique. Il en est sûr. Il est porté par une immense vague silencieuse, qui le ramènera au deuxième tour, et cette fois, peut le conduire jusqu’à l’Elysée, parce que « les Français ne se laisseront pas avoir une seconde fois » La confiance qu’il dégage à ce moment impressionne.
Le plus sereinement du monde, Moati entreprend enfin de l’interroger sur son programme. L’immigration qu’il veut décourager par la suppression d’avantages sociaux aux clandestins. L’Europe qu’il veut protéger par des droits de douanes. L’euro duquel il faudra envisager sortir au cas où … Malheureusement, les palabres introductives ont été si longues que Le Pen n’a pas le temps d’entrer dans le détail, de faire part de positions un peu croustillantes, ni même de déraper. La première partie de l’émission se clos sur une drôle d’impression. Le Pen est étonnamment sérieux, mesuré, et surtout, très sûr de lui.
Vient le moment du débat avec Eric Raoult, Maurice Leroy et Christiane Taubira. Les deux premiers ont été misérables tant ils sont restés retranchés dans leur rôle de brave petit soldat au service de leur candidat. Raoult s’acharne faire comprendre que le seul moyen efficace de promouvoir les idées de Le Pen est de voter Sarko car lui seul à la carrure d’homme d’Etat. Leroy répète telle une machine que le seul candidat anti-système, c’est Bayrou. La palme de la bêtise revenant à ce même Leroy qui croyant faire le malin a repris Le Pen sur le mode « Mais ils sont français. Ne dîtes pas des noirs ou des arabes, ce sont des français », lequel a eu facile de le renvoyer dans ses buts en lui rappelant qu’il ne faisait que de répondre à la question posée par une jeune métisse de banlieue sur les perspectives d’avenir pour ceux de sa communauté.
Seule Christiane Taubira a tenté de l’affronter un peu plus ardemment. Elle a l’attaqué bille en tête en rappelant sa déclaration sur l’inégalité des races, ce qui n’a pas déstabilisé Lepen plus de deux secondes. Il répondit par un argument léger mais imparable « Les noirs sont meilleurs à la courses et les Blancs à la natation » Elle parvint à le faire trébucher un moment en soulignant fort habilement un lapsus qu’il venait de commettre et qui laissait à penser que la Guyane n’était pas tout à fait la France, mais, une fois pris conscience de sa bourde, Le Pen limita sa réaction à grand éclat de rire ! Malgré toute sa bonne volonté, Mme Taubira ne pu jamais faire apparaître son coté obscur. L’affrontement tourna même rapidement à son avantage quand Le Pen a su retourner la hargne de Mme Taubira contre elle-même par un cinglant « Ah, votre ton professoral !! » qu’il prolongeât malicieusement pour la caméra par une imitation caricaturale de son interlocutrice en grande bourgeoise méprisante et donneuse de leçon « Vous aurez au moins appris ça ! » N’oublions pas que Le Pen est un redoutable compétiteur.
Manifestement Le Pen a changé. Il sait que le vote protestataire lui est acquis. Il entend désormais le convertir en vote d’adhésion. Réintégrer le spectre républicain pour rendre son offre politique acceptable. Se poser comme la seule alternative au système en place pour s’ériger en débouché politique naturel des 55 % de non au TCE.
Les sondages actuels donnent Le Pen aux alentours de 17 % mais quelque chose ne va pas dans ces sondages. Le somme de tous les candidats qui ont appelé à voter non est de l’ordre de 30%, ce qui est peu. La campagne référendaire a été un moment fort et structurant de la vie politique française. C’est impossible qu’il n’en reste rien aujourd’hui. Si le non est aujourd’hui à ce point sous estimé c’est que les questions qui ont fait le non sont aujourd’hui hors du débat. Ses candidats ont donc une grosse marge de progression. Le Pen en tête. Avec 20/22 %, il peut se retrouver au second tour, et face au vide sidéral de Ségolène Royal, dans une configuration inverse du 21 avril 2002 où il devra en appeler à l’électorat de droite, tout est possible.
Il faut donc prendre Jean Marie Le Pen très au sérieux. Faute de nouvelles provocations ou de dérapages, l’excommunication ne fonctionnera plus. Cette stratégie n’a du reste jamais fonctionné. Il faut le prendre au mot et accepter sa stratégie. L’inviter dans les médias. Lui permettre de présenter son programme. Débattre avec lui …
Sa stratégie de respectabilisation peut d’ailleurs se retourner contre lui. L’insérer dans le jeu politique normal peut lui faire perdre une partie du vote protestataire. L’inviter à présenter un programme de gouvernement doit le disqualifier en tant qu’alternative politique crédible.
… mais la voie la plus simple serait simplement d’analyser l’offre politique telle qu’elle est sans le prisme du rapport de force proposé par les instituts de sondages, et de voir qu’il existe un candidat et un seul, qui propose une véritable alternative au système politique et économique, tout en ayant la stature et l’expérience d’Homme d’Etat nécessaire pour être Président de la République. C’est naturellement Jean Pierre Chevènement !
Compter sur Taubira pour dénoncer l'aspect trouble de LePen... c'est rêver!
Je le sais, moi qui vis à cheval sur l'hexagone et la Guyane et qui connais les deux facettes du personnage...
Rédigé par : les Réactionnels de Gauche | 02 décembre 2006 à 18:33
jean marie number one
Rédigé par : ooo | 06 février 2007 à 00:02