Jacques Sapir, l’économiste de référence des souverainistes, s’apprête à publier un nouveau livre dont le titre serait « la déglobalisation ». On peut d’ores et déjà en lire la conclusion (ou un large extrait) sur le blog de Bertrand Renouvin, ainsi que sur Marianne2 qui l’a publié selon sa détestable habitude en version saucissonnée.
Le volet économique ne me semble pas apporter beaucoup d’éléments nouveaux par rapport à ces productions de l’an passé. On y retrouve l’ensemble des éléments de « l’agenda Sapir » qui doit tenir lieu de feuille de route pour la rupture souverainiste avec l’euro-mondialisme : protectionnisme, transformation de l’Euro en monnaie commune, renationalisation de la création monétaire, création d’un pôle public du crédit, réindustrialisation, révolution écologique …
L’intérêt de ce texte réside essentiellement dans son volet politico-juridique, dont l’objet est de savoir comment se défaire du carcan européen sans pour autant s’isoler totalement de nos voisins européens. La pensée de Sapir me semble sur ce point, loin d’être stabilisée, relativement confuse et proposant un chemin bien peu réaliste.
Je vais donc m’efforcer dans une longue réponse en trois volets, dont l’article qui suit constituera à la fois l’introduction et la synthèse, de proposer un chemin de sortie plus sûr et une stratégie politique plus claire.
Je constate avec amertume que la thèse du protectionnisme européen a la vie dure, y compris chez ceux qui se réfèrent aux analyses de Jacques Sapir. Il s’agit pourtant d’un grave contre-sens.
La thèse du protectionnisme européen visait à recréer les conditions de politiques keynesiennes de soutien à la demande en Europe, sans remettre en cause, ni le grand marché de 500 millions de consommateurs, ni le couple franco-allemand, ni même la monnaie unique, sans s'interroger sur la possibilité de conduire des politiques en Europe autres que libérales, et sans même voir que la principale puissance économique a, tout au contraire, assis son développement récent sur une politique de réduction de ses coûts salariaux et sociaux !
L’apport de Jacques Sapir a toujours été d’intégrer dans sa réflexion les déséquilibres internes à l’Europe pour rechercher l'intérêt national et non un illusoire intérêt européen. Dans un premier temps, il proposait de prendre en compte la concurrence fiscale et sociale des pays d’Europe centrale par l'institution de montants compensatoires. Il a ensuite intégré la concurrence allemande qui contribue tout aussi sûrement que la concurrence asiatique à laminer notre appareil industriel en mettant l’éclatement de la zone euro au cœur de son projet afin de restaurer la faculté pour les pays structurellement déficitaires de dévaluer.
Sapir est donc clairement dans une logique de sauvegarde de l’intérêt national. Il n'est pas, comme d’autres avec lesquels on l’associe encore trop souvent, dans une logique où l'Europe serait un tout harmonieux et solidaire, conscient de ses intérêts collectifs et capable de les défendre par des politiques volontaristes.
Néanmoins, même s’il envisage des mesures de sauvegarde que la France pourrait prendre unilatéralement, Jacques Sapir éprouve manifestement des difficultés à aller au bout de la logique purement nationale. Il refuse d’évoquer la dénonciation unilatérale des traités, cherche à ménager la possibilité de nouvelles coopérations fondées sur de nouveaux principes et avec de nouveaux partenaires. Il tient apparemment beaucoup à éviter le reproche de vouloir conduire la France dans un « splendide isolement »
Dans l’esprit de Sapir, il ne s’agit plus de convaincre l’Allemagne, ni même de la menacer pour obtenir des avancées ici ou là, et encore moins de prétendre refonder l’Union Européenne sur de nouvelles bases. Sapir le dit clairement « L’Europe telle qu’elle existe de manière institutionnelle, soit l’UE-27, ne remplit aucune des conditions pour une rupture avec la globalisation »
La stratégie qu’il prône est celle du coup de force institutionnel. La France prendrait des mesures unilatérales, dont la plus emblématique serait une réquisition de la Banque de France pour qu’elle consente à l’Etat des avances de trésorerie libellées en euros. On imagine la réaction de l’Allemagne et de la Commission ! La France serait immédiatement mise au banc de l’Europe, ce qui devrait selon Sapir devrait ouvrir le débat sur la stratégie d’adaptation à la globalisation et entrainer dans le sillage de la France, d'autres pays dans la fronde.
On pense naturellement aux pays structurellement déficitaires du « club med » qui pourraient alors s'associer au sein d'une nouvelle alliance qui donnerait lieu à une nouvelle Europe qui ne regrouperait que les pays latins. En clair, la France élargie à la Wallonie, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Grèce, soit l’Union latine que j’ai longtemps présenté comme l’alternative à l’Europe communautaire à 27
Cette petite Europe dans une plus grande avait selon moi trois intérêts majeurs.
Le premier était d’éviter de violer l’ordonnancement juridique interne ou de devoir recourir à un référendum sur la sortie de l’UE, dont l’issue m’a toujours semblé hasardeuse. Un nouveau traité conclu avec quelques Etat membres qui porteraient sur le même champ que les traités de l’UE devrait suffire pour effacer ceux-ci de l’ordre juridique interne. Les textes fondateurs de l’UE n’ayant jamais acquis un caractère constitutionnel, ils n’ont en effet que la valeur d’un simple traité susceptible d'être amendé par n'importe quelle norme postérieure de rang équivalent.
Cette nouvelle Europe pouvait en outre continuer à satisfaire l’aspiration universaliste de nos compatriotes et leur vieux rêve de la France en grand. Politiquement, la sortie par une autre Europe, de surcroît avec des nations avec lesquelles la France entretient des liens étroits sur les plans culturels et humains, pouvait être présentée comme une sortie par le haut, digne, résultant d’un choix politique et démocratique, non une sortie piteuse synonyme de défaite et de repli sur soi.
Enfin la taille du marché ainsi formé (plus de 200 millions d’habitants) serait de nature à présenter quelques assurances quant à la possibilité de gérer au mieux la période de transition pendant laquelle la zone devra rapidement rééquilibrer sa balance des paiements sans pouvoir compter sur les excédents allemands. Les investissements productifs devraient en effet être plus facilement attirés dans un marché de 200 millions de consommateurs que de 65 millions, ce qui devrait repousser la perspective d’un rééquilibrage par contraction de la demande intérieure.
Cette option apparaît cependant si fragile et si théorique, qu’il ne paraît pas raisonnable de la proposer comme une perspective pour la reconstruction post-rupture. On ne note en effet aucun signe attestant d’une aspiration souverainiste ou de rupture avec l’ordre libéral européen chez nos voisins latins. Les mouvements populistes et contestataires qu’on y trouve, défendent plus volontiers un séparatisme régionaliste qu’un rejet de l’union européenne. De plus, la domination de la France dans ce nouvel ensemble dont elle prendrait l’initiative, serait tellement manifeste qu’on voit mal les espagnols et les Italiens s’y résoudre.
Le principal écueil de ce plan B est tout simplement théorique. Il produit un discours qui se détruit lui-même aussitôt.
Comment expliquer qu’il faut rompre avec l’union à 27, son grand marché, sa monnaie unique, et sa gouvernance d’une complexité inextricable si c’est pour recréer derrière la même chose en plus petit ? Si l’argument invoqué est la nature du projet politique ou le modèle économique, on répondra aussitôt qu’il faut s’attacher à opérer les changements souhaités au sein du cadre européen actuel, et l’on en reviendra aussitôt aux chimères du protectionnisme européen ou à l’harmonisation sociale et fiscale « par le haut ».
L’Europe latine ne pourrait être convaincante que si elle pouvait s’appuyer sur un climat de germanophobie exacerbée, car il s’agirait en réalité d’une rupture avec l’Allemagne accouchant de deux Europes séparées par le Rhin. Or les pays latins ne ressentent actuellement guère de craintes à l’égard de la puissance germanique, mais plutôt un mélange de sentiments d’infériorité et d’admiration, plus propice à la soumission qu’à la rupture.
La rupture avec l’Europe telle qu’elle est, sera extrêmement difficile à expliquer à nos compatriotes après des décennies de propagande européiste et de dénigrement du fait national comme de l’idée même de la souveraineté politique, désormais rebaptisée dans la novlangue du politiquement correct d'égoïsme national.
L’efficacité politique exige de clarifier le discours. Aux dogmes du grand marché facteur de croissance et de l’alliance des nations européennes pour pouvoir peser dans la mondialisation, il faut opposer d’autres principes que je développerai dans les textes qui suivront :
1- La souveraineté politique est un impératif démocratique et moral. En période de temps beau et stable, on peut se permettre de se mettre « en pilotage automatique » en laissant tout pouvoir aux marchés et dynamiques sociales gouvernées par l’individualisme libéral. Mais lorsqu’on constate que ces dynamiques nous conduisent à l’abime, il importe de redonner tous les leviers au pouvoir politique pour rechercher rationnellement, par la réflexion, la délibération et la décision publique, un chemin vers l’intérêt général, pour concevoir et mettre en oeuvre des solutions opérantes à tous les maux qui nous minent.
2- La souveraineté économique constitue la clé pour des réformes des structures de l’économie, sans lesquelles la France ainsi que ses voisins, s’enfonceront dans un déclin sans fin, sans exclure la possibilité d’un violent chaos.
3- La France doit - et peut - retrouver seules, son équilibre économique. Il s’agit d’un défi qui sera exigeant, mais dont les chances de succès restent encore bien supérieures à celles de s’en sortir dans une globalisation sauvage et une Europe ordo-libérale sous domination allemande où elle dispose de moins en moins d’atouts à faire valoir.
4- Le problème n’est pas cette Europe, mais l’idée d’Europe en général, en tant qu’elle organise une dissociation entre la taille du terrain de jeu et l'espace où s’exerce le pouvoir politique et la solidarité sociale. Tout élargissement du périmètre au delà de l’espace naturel de la régulation politique entraînera plus de problèmes que d’avantages.
5- La France doit sortir clairement et proprement de l’Union Européenne afin de recouvrer l’intégralité de sa souveraineté. Elle doit le faire par le haut, par une nouvelle révolution qui proposera au monde un nouveau chemin, un nouvel espoir et un nouveau modèle économique et social.
Malakine
Voir également sur le même sujet, la réponse de Yann "Jacques Sapir et l'Europe" qui va dans le même sens.
Je vois mal où tu veux en venir avec le point 4. Dénoncer l'idée d'Europe en général me paraît maladroit, c'est le meilleur moyen de revenir dans la case bien étroite des "allumés nationalistes et xénophobes".
Ce n'est pas un aveu de faiblesse que de dire cela. Cela ne me gêne pas de dire que je me sens plus proche d'un allemand, d'un espagnol ou d'un tchèque que d'un chilien ou un japonais. L'idée d'Europe n'est pas un truc artificiel inventé par les bureaucrates de Bruxelles pour nous endormir. Eux n'ont fait que s'en servir.
N'oublions pas trop vite l'Empire romain qui est fondateur de notre histoire française et européenne.
Et puis bon, comme dirait Zemmour, le but de tout ça c'est pas de rester dans notre coin, c'est de reconstruire l'Empire doucement mais sûrement :D L'Europe sans la France n'existe tout simplement pas, la France sans l'Europe dans son sillage ne peut pas briller. Bon j'arrête de délirer...
Rédigé par : Jb | 20 septembre 2010 à 21:19
Non, JB, tu ne délires pas. Ce que tu décris c'est précisément le ressort de notre attachement irrationnel à l'UE. Je persiste à penser - et apparemment toi aussi - que c'est Zemmour qui a raison sur Soral ou Asselineau - dans sa vision de la France. Elle se sent à l'étroit dans les frontière de son hexagone.
Je donnerais les explications dans les textes qui suivront (il faudra attendre un peu, le temps va me manquer ces prochains jours, d'autant que j'ai beaucoup de choses à écrire d'ici là) mais je crois avoir écrit "l'Europe en tant qu'elle organise une dissociation entre le terrain de jeu et l'espace de régulation politique et sociale"
Reste la question de l'Europe des hommes, et là c'est le dramatique échec de l'union. Elle n'a été capable que de créer une mondialisation en petit en ouvrant les frontières économiques. Les peuples continuent de s'ignorer superbement et de vivre dans une dualité culture nationale / culture américaine qui tient lieu pour tous d'étranger. L'Europe culturelle reste à construire. C'est bien à ça que tu penses ?
Rédigé par : Malakine | 20 septembre 2010 à 21:36
Houla, bcp de choses à dire sur cette réponse !
D'abord, dire qu'en fidèle lecteur de Sapir (depuis très très longtemps, cela date de la sortie de la Mandchourie oubliée, chef d'oeuvre injustement méconnu d'histoire militaire), j'ai été fortement déçu par cette dernière série de textes.
Comme toi vraisemblablement...
J'y ai vu un (relatif) retour vers l'Europe, alors que jusque-là, Sapir me paraissait le plus vraisemblable des analystes, en rejetant le protectionnisme européen pour avancer vers un retour à la souveraineté nationale (je pense même qu'aujourd'hui, Gréau est plus proche que lui de cette option).
En revanche, j'aurai quelques bémols à ta réponse (une espèce de réponse à la réponse :-)).
D'abord, l'article 88A du Titre XV de la Constitution vise bien et de manière tout à fait précise l'adhésion de la France à L'Union européenne, telle que définie par le traité de Lisbonne du 13 décembre 2007 (il est cité à 2 reprises avec celui de 1992 dans la Constitution).
Cette adhésion n'est soumise à aucune réserve (la réserve de réciprocité n'est prévue que pour le droit de vote aux élections locales).
"Ils" ont bien fait les choses : nous sommes bien enfermés dans un carcan, dont nous ne disposons que de deux moyens juridiques de sortie (je synthétise, mais il y aurait de quoi faire un travail approfondi) :
- la suspension de l'application des Traités (changement fondamental de circonstances) ;
- la modification constitutionnelle.
Et je pense que la seconde option est la plus vraisemblable, dans le cadre d'une refonte de la Constitution (passage à une VIème République, pas celle des socialos bien sûr).
J'écarte bien sûr la guerre thermo-nucléaire, la régression à l'âge de pierre faute de pétrole, et la disparition de l'homme suite à un virus grippal (enfin) digne des prévisions de Mme Bachelot....
Outre cette remarque juridique (donc ennuyeuse, je le conçois), j'aurai un second bémol : je ne crois pas du tout dans la "tentation impérialiste" de la France. Zemmour méconnaît à mon avis totalement toutes les spécificités et les caractéristiques de l'histoire française, histoire d'une nation non insulaire qui s'est construite exclusivement en vue d'atteindre son "pré carré". Même l'Empire napoléonien n'est que le résultat d'une succession d'évènements non voulus ou contrôlés (après Waterloo, la nostalgie impériale a porté sur la gloire militaire, mais pas sur l'étendue géographique)...
C'est à mon avis un contre-sens majeur que de nier cette spécificité de la Nation française : la seule qui n'a jamais eu envie d'envahir le monde (il a fallu la défaite de Sedan pour que les français se décident à coloniser sérieusement, poussés par Bismarck, et même au fin fond de l'Annam, le colon rêvait de la ligne bleue des Vosges).
Je veux bien reconnaître que très tôt, la Nation française s'est voulue à vocation universaliste dans son message... mais justement parce qu'elle n'avait plus aucune pulsion impérialiste (bien calmée par les guerres d'Italie et les échecs à l'élection du Saint Empire)...
Je regrette d'ailleurs que ce message universaliste ait disparu.
L'attachement irrationnel des français à l'UE n'est aujourd'hui, pour moi, que la conséquence de deux forces poussant dans le même sens : la crainte du germain (les français sont surtout attachés au "couple" franco-allemand plutôt qu'à l'Europe des 27) et le message dominant des élites libre-échangistes.
Mais à mon humble avis, cet attachement est en train de "craquer" sous les effets désastreux de la mondialisation, expliquant pourquoi l'oeuvre de sape de la Nation s'est brutalement accélèrée, j'y reviendrai... (si tu le veux bien).
Verdun
Rédigé par : Verdun | 20 septembre 2010 à 22:04
Oui, il n'est évidemment pas question de pousser les frontières de l'Hexagone. Comme le dit Verdun, la vocation de la France n'est pas de conquérir le monde au sens premier du terme.
Mais la France a véritablement besoin d'un grand rayonnement de sa langue et de sa culture et cette idée rejoint la notion d'universalisme même si ce dernier terme implique une certaine arrogance.
Et la meilleure caisse de résonance pour les idées française c'est l'Europe. L'Europe latine bien sûr, l'ancien cœur de l'Empire Romain mais également l'Europe centrale qui à première vue est sous l'influence allemande mais ce n'est pas le cas. Et de toute façons, tous les grands philosophes allemands rêvaient de la France.
Et d'ailleurs, on le voit aujourd'hui, ces pays sont orphelins: l'Italie vote Berlusconi et les pays d'Europe centrale se vautrent dans un libéralisme aveugle qui les mène dans le mur. Et je ne parle même pas de la Russie... Quant à l'Allemagne, elle se replie sur elle même.
Mais on ne saurait reprocher quoi que ce soit à ces peuples. C'est la France qui a déserté depuis 40 ans.
J'ai bien conscience que ce discours peut paraître fantaisiste mais je crains qu'il y ai une part de vrai dans tout cela.
Rédigé par : Jb | 21 septembre 2010 à 07:48
@Malakine
Merci de me citer, mais du coup les commentateur vont finir par croire que j'ai une mauvaise influence sur tes écris.
Je suis en grande partie d'accord avec tes propos bien évidement. Mais je continu à me demander pourquoi il y a la volonté de construire une entité européenne autonome. On peut très bien s'organiser entre état sans avoir des organisations supra-étatiques. Et la France ne doit d'ailleurs pas limiter son champ d'action à l'Europe . J'ai parfois l'impression que les pro-européens veulent créer un club de blancs qui s'appellerait l'Europe, et qui serait tourner contre le reste du monde jugé hostile.
D'autre part il faut rappeler que les alliances entre états sont toujours de circonstance. En effet une alliance entre deux pays n'est viable que s'il y a des intérêts et des objectifs communs. L'échec de l'UE tient surtout à l'oublie de ce principe. Il y a eu convergence des intérêts entre la France et l'Allemagne pendant une certaine période, aujourd'hui c'est fini. Des alliances ne doivent donc jamais être scellé dans le marbre puisqu'elles peuvent changer. Il vaut donc mieux promouvoir des coopérations souples, capables de changer au fil du temps et des nécessités plutôt que des traités lourds et impossible à changer. C'est la nécessité qui conditionne l'action politique, une nation ne peut pas durablement agir contre son propre intérêt même quand on est aussi masochiste que la France.
Rédigé par : yann | 21 septembre 2010 à 08:45
@ Yann
Ta dernière remarque est pertinente et constitue le 3ème élément expliquant à mon sens l'attachement des français à l'europe quels que soient ses défauts : ils perçoivent toujours les avantages retirés comme étant plus favorables que les inconvénients. C'est là encore un effet du discours dominant...
Mais il ne tiendra pas face au déclassement inéluctable des classes moyennes, et aux risques de guerre civile.
Toutefois, techniquement, un "maillage" d'accords bilatéraux croisés entre Etats souverains sans organisation commune pour les faire respecter, nous avons déjà donné entre Westphalie et la catastrophe d'août 1914 (en passant par Vienne et la répression coordonnées des soulèvements trans-européens de 1830-1848).
Cette remarque est technique, et ne fait pas de moi un supporter de la Commission européenne ;-)
Pour compléter ces questions de technique diplomatique, je me suis toujours demandé pourquoi les traités intrenationaux devaient avoir une valeur juridique supérieure à la Loi nationale..
Il me semble (je ne suis pas certain de l'explication) que c'est une garantie de leur respect réciproque (puisqu'il ne suffira pas de changer en catimini une loi, voire un décret pour mettre fin aux effets d'un traité, sans le dénoncer).
Là encore, si l'on se souvient des sautes d'humeur du monarque absolu subies par la France au XVIIIème siècle (un coup avec l'Angleterre et la Prusse, un coup avec l'Autriche et la Russie...), on conçoit que les constituants n'aient pas voulu déléguer au seul pouvoir exécutif le choix d'appliquer ou de conclure des traités.
Même si c'est le cas aujourd'hui : engagement en Stan en 2001, refus d'engagement en Irak en 2003, retour dans l'OTAN....
Mais nous nous éloignons du sujet...
Verdun
Rédigé par : Verdun | 21 septembre 2010 à 09:08
Merci Malakine pour cette réponse à J. Sapir.
Là où nous fantasmons, c'est sur le fait de sortir seuls de l'UE, j'approuve que tu dénonces:
"La stratégie qu’il prône est celle du coup de force institutionnel. La France prendrait des mesures unilatérales, dont la plus emblématique serait une réquisition de la Banque de France pour qu’elle consente à l’Etat des avances de trésorerie libellées en euros. On imagine la réaction de l’Allemagne et de la Commission ! La France serait immédiatement mise au banc de l’Europe, ce qui devrait selon Sapir devrait ouvrir le débat sur la stratégie d’adaptation à la globalisation et entrainer dans le sillage de la France, d'autres pays dans la fronde."
mais...quelle est au final la solution sérieuse? Je n'ai pas compris si pour toi l'idée d'un mini-club latin est pertinente, ou pas? A mon avis nos partis devraient commencer à tisser des liens avec les partis opposants espagnols, portugais et grecs (et il y en a !) et tenter une petite confédération des "vrais européens" du sud. Car s'imaginer que NDA sera au pouvoir et nous sortira de l'UE, c'est risible. Pendant que nous rêvons vaguement les euromondialistes continuent leur oeuvre, dont beaucoup sont des "penseurs" français (rappelons: Schumann, Delors, Giscard, Attali, BHL, Trichet, DSK & co..). En un sens, Libertas avait cet objectif, mais avec un mauvais fond (néoconservateur) mais au final c'était une très bonne idée sur le principe. Il faut re-constituer une espèce de Libertas méditerranéen qui se prépare pour les élections de 2014 dès maintenant. Après tout, la présidentielle ne doit servir qu'à faire passer des idées générales au grand jour, mais n'y perdons pas trop de temps ni d'argent.
Rédigé par : J-L-H | 21 septembre 2010 à 09:58
"5- La France doit sortir clairement et proprement de l’Union Européenne afin de recouvrer l’intégralité de sa souveraineté. Elle doit le faire par le haut, par une nouvelle révolution qui proposera au monde un nouveau chemin, un nouvel espoir et un nouveau modèle économique et social. "
Fort bien. Mais comment?
Rédigé par : abraxas | 21 septembre 2010 à 10:53
La France mise au "banc" de l'Europe ??!!
La "chaise" vide me semble plus appropriée à asseoir un splendide isolement...
Trêve de plaisanterie : Malakine, vous pointez me semble-t-il l'essence de la question quand vous évoquez la "dissociation entre le terrain de jeu et l'espace de régulation politique et sociale".
C'est dire que l'Europe ne constitue pas un cadre d'exercice de la démocratie pertinent pour une raison bien simple : il n'y a pas de peuple européen, pas de demos.
Il aura fallu deux mille ans pour créer un demos national français avec des crises,des guerres, des révolutions, des monarchies, des républiques. Alors, créer un demos européen, même réduit aux pays latins me semble illusoire.
Les démocraties sont le produit lent de l'Histoire. L'Europe s'est bâtie d'abord sur les circonstances historiques (2ème Guerre mondiale, puis guerre froide etc...) et elle a plutôt bien fonctionné.
L'Europe actuelle à 27 est le produit de la fin de l'Histoire ou dfe la non Histoire. C'est une aporie qui ne va pas tarder à se heurter au monde réel.
Rédigé par : Laurence | 21 septembre 2010 à 11:06
@ Malakine,
Je fais une première réponse sur mon blog et je vais développer dans les jours prochains car je ne suis pas vraiment d'accord. J'apprécie beaucoup le texte de Sapir qui présente l'avantage de présenter un début de scénario sur le comment on sort de ce système. Il présente tout de même des idées radicales sur l'Europe (article 16, monétisation en euro par la BdF...).
En outre, je ne suis pas d'accord avec trois de tes points :
1- pour moi, même par temps calme, il n'est pas normal de laisser des technocrates européens gérer de facto des aspects importants de notre politique
4- le problème pour moi est cette Europe, pas l'idée d'Europe, qui peut être utile pour beaucoup de choses
5- je pense que la moindre des choses serait de donner au moins un peu de temps à nos partenaires pour négocier un nouveau traité européen, quitte à suspendre dès le début les aspects les plus délétères de la construction européenne telle qu'elle est conçue aujourd'hui
Rédigé par : Laurent Pinsolle | 21 septembre 2010 à 11:07
@ Malakine
Il ne faut pas avoir peur de provoquer une crise au sein de l'UE et nous pouvons y trouver des partenaires pour cela. Elle sera salutaire ou alors ce sont les évènements qui la provoqueront en effet la crise financière qui va bientôt rebondir en raison de la très mauvaise situation de l'économie américaine (les bourses sont dopées!!!) mettront gravement en péril les solutions mises en place laborieusement au printemps pour sauver l'euro, cette monnaie conçue pour des temps calmes.
Peut-être préférez-vous, selon l'expression d'Alain Cotta mourrir à petit feu.
Le scénario de Jacques Sapir est préférable à une sortie en solitaire où chacun dans son coin ne ferait que ce qui l'arrange.Il faut être des européens de raison mais pas dogmatiques comme l'UE se construit depuis longtemps.Dans la guerre économique mondiale la France seule se retrouverait bien affaiblie, il est nécéssaire de trouver des alliés et partenaires au niveau européen et mondial ce que beaucoup de souverainistes ne comprennent pas.
C'est pourquoi la Nouvelle action royaliste partage les analyses de Sapir mais aussi celles de Todd, Gréau et se retrouve un peu seule sur ce terrain d'un projet alternatif, global, cohérent et complet à son grand regret!
Rédigé par : cording | 21 septembre 2010 à 11:37
Ce qui m'étonne dans ce billet et dans les coms, à part celui de Verdun, c'est l'occultation totale de l'aspect diplomatique, géopolitique, qui est essentiel face aux US, la Chine et autres BRICs.
Le retour à une France isolée, copie en plus grand de la Suisse, en fera à terme un nain diplomatique.
Rédigé par : olaf | 21 septembre 2010 à 13:07
> Verdun
S'il te plait, lis attentivement avant de critiquer mes analyses juridiques. J'ai écris "effacé ceux ci de l'ordre juridique interne" et non "nous permettre de sortir de l'UE". Plus loin, j'ai écris "une petite Europe dans une plus grande" Cela devrait te permettre de corriger toi même ton erreur d'interprétation. En clair, ce traité "modificatif" qu'on pourrait passer avec l'Italie nous permettrait de récupérer les compétences déléguées à l'UE sans en sortir formellement. Dans ces conditions l'article 88 A ne pose plus problème.
Je ne veux pas reprendre ici le débat que nous avons eu à l'occasion de la sortie du bouquin de zemmour. Je sais que cette idée ne fait pas consensus, mais en ce qui me concerne, je ne vois pas expliquer autrement que par la thèse zemmourienne l'attachement à l'UE, cette France en grand grâce à laquelle on devait retrouver du poids dans la mondialisation.
> JB
L'universalisme français ne produit pas que de l'arrogance, il produit aussi un dénigrement de soi et une certaine xénophilie, puisqu'il interdit de faire une distinction franche entre soi et les autres. On peut le dire à propos des Roms ou de l'immigration en général, mais on peut le dire aussi à propos de l'Europe, ou l'universalisme français pense spontanément l'intérêt européen plus que l'intérêt national. Personne n'arrive à intégrer que la France et l'Allemagne n'ont pas (plus?) les mêmes intérêts. Les allemands par contre, l'ont très bien compris. On l'a vu dans l'affaire grecque, ils n"hésitent pas à défendre leur intérêt, quitte à paraître égoïste.
L'Europe latine reste une option. C'est pourquoi j'en ai esquissé le projet dans ce texte. J'y reviendrais surement dans les suivants. Ce que je dis ici, c'est que les conditions ne sont pas aujourd'hui réunies pour en faire un horizon.
> Yann
100% d'accord. Reste à identifier sérieusement et sans idéologie, les domaines ou une coopération interétatique sont nécessaires. On parle aujourd'hui de faire un Airbus du rail pour commercialiser l'ICE et le TGV ensemble sur les marchés extérieurs. Franchement, je n'en vois pas l'intérêt, sauf à se disputer encore une fois la localisation des sites de production.
> Verdun
Je souscrit à ton interrogation sur le point de savoir pourquoi les traités devraient avoir une force supérieures à celle des lois, d'autant que l'article 55 conditionne cela à une exigence de réciprocité.
> JLH
J'ai creusé cette question il y a plusieurs mois alors que j'essayais de faire un papier sur l'union latine, et je n'ai identifié aucun parti souverainiste dans le paysage politique italien ou espagnol.
J'ai dit plus haut, ce que je pense de l'union latine. Solution possible, mais virtuelle et donc non opérante.
> Abraxas
Patience ! :-) Ce point sera développé dans le 3/3.
> Laurence
Je développe ce point dans le prochain papier, mais pas avec des arguments liés au caractére indépassable de la nation, uniquement des arguments techniques liés aux effets d'un grand marché.
PS : Je préfère le tutoiement
> Laurent
Tu m'a mal lu. Je n'ai pas parlé de technocrates européens. Je visais le libéralisme au sens de l'abandon du pouvoir politique aux forces du marchés et aux dynamiques sociales.
Par contre, tu m'as bien lu pour le reste. C'est bien l'idée même d'Europe ou plus exactement de marché unique que je m'apprête à démonter.
Affirmer qu'on reste attaché à l'idée d'Europe complique sérieusement le discours et le rend de fait inaudible. Il faut donc être très sérieux et très clair sur la nécessité de maintenir des coopérations résiduelles. Je suis heureux que tu relève ce défi. Fais attention, la question de savoir ce que l'Europe pourrait faire mieux que la France seule est plus compliquée qu'il n'y paraît :! ;-)
> Cording
Avant de me dire qu'il y a quelque chose que je ne comprends pas, ca serait bien de développer quelque peu votre propos. Dites moi donc où sont les nécessités de trouver des alliés et des partenaires et pour faire quoi ensemble !!
Si vous persistez à ne voir aucune différence entre Sapir et Todd, c'est soit que vous ne comprenez rien à ce qu'ils écrivent (ni à ce que j'écris moi même), soit que vous êtes devenu un pur supporter qui défend des slogans.
Rédigé par : Malakine | 21 septembre 2010 à 13:29
> Olaf (qui a posté son com pendant que j'écrivais)
Parce que tu as trouvé que l'UE se caractérisait par un grand activisme diplomatique et qu'elle était devenu une puissance géopolitique ? Reste sérieux, stp. Dans toutes les crises récentes, l'UE a été aux abonnés absent. dans la crise de l'Irak en 2003, les tensions sur l'élargissement de l'OTAN, la guerre de géorgie, ou la crise financière, c'est la France Et/ou l'Allemagne qui ont agit. J'ai même oublié le nom de la ministre des affaires étrangères de l'UE ! :-)
Rédigé par : Malakine | 21 septembre 2010 à 13:32
@Verdun
Il est évident que par le passé les alliances de circonstances ont pu produire quelques couacs. Cependant il n'y a plus de risque de conflit militaires en Europe, les conflits se feront uniquement sur des choix économiques la seconde guerre mondiale et le nucléaire sont passé par là. Maintenant j'assiste aussi sur le fait que nous pourrions avoir des projets avec des nations non-Européennes. Après tout dans le domaine spatial par exemple rien n'empêche la France de travailler avec les Russes, les japonais ou les Brésiliens, pourquoi se cantonner à l'Europe?
@olaf
Pourquoi veut tu que nous nous allions uniquement avec des européens? Encore une fois il y a le Japon l'Inde la Russie le Brésil l'Argentine le Mexique etc.... Ils peuvent tous devenir des alliés de circonstance pour la France au même titre que l'Allemagne ou l'Italie. Face à la Chine l'Inde le Japon la Corée et la Russie seront de précieux allié car ils ne veulent pas non plus devenir des vassaux d'un nouvel empire. Encore une fois les alliés sont de circonstance et ce n'est pas nécessairement les pays les proche de nous qui feront les plus fidèles alliés dans le futur. La France s'est longtemps alliée aux Ottomans pour contrecarrer la puissance des Habsburgs de l'empire Austro-Hongrois, ces derniers étaient pourtant des chrétiens comme nous. Si demain nous avons besoin de nous allier au chinois pour contrecarrer la puissance américaine il ne faudra pas hésiter si tel est notre intérêt. Il faut cesser l'occidentalocentrisme ou l'européocentrisme.
@Malakine
Oui il faut faire une liste des sujets où la taille compte... mais comme je l'ai dit précédemment, je ne suis pas pour faire des projets purement européens. Nous devrions aussi nous associer à des puissances émergentes comme l'Inde, le Brésil, ou à d'autres puissances industrielles non-européennes comme le Japon, il ne faut pas uniquement voir l'Europe. D'ailleurs le Japon, grande puissance technologique, pourrait à l'avenir nous aider à moins dépendre de l'Allemagne en matière de bien d'équipement par exemple. Si il y a un rapport de force entre l'Allemagne et la France avoir un autre fournisseur peut-être un atout. Il faut donc jouer sur la multiplicité des acteurs économiques pour garder notre indépendance. C'est la même chose que dans le domaine énergétique, nous importons du gaz algérien pour nous permettre de moins dépendre de la Russie au cas où celle-ci aurait des prétentions d'usage politique de son avantage énergétique. A l'inverse les Russes et les français ensembles peuvent contrecarrer la puissance américaine dans le domaine de l'armement et ainsi de suite. Il faut être très pragmatique.
Rédigé par : yann | 21 septembre 2010 à 13:51
@ MALAKINE
Je n'ai pas dit que vous ne compreniez pas mais que vous aviez peur de provoquer une crise dans l'UE.
Laurent Pinsole partage mon avis que la sortie de l'UE ne peut être une fin en soi mais l'ultime solution si l'on ne parvient pas à la réformer.Je suis un européen de raison qui pense qu'une entente entre tous les pays européens est préférable au chacun pour soi et c'est à cet effet que dans la négociation qui s'ouvrirait il nous faut des alliés pour obtenir gain de cause. Au sein de l'UE il y a assez de victimes de l'euro fort comme La Grèce,le Portugal, l'Italie, l'Espagne, l'Irlande notamment.
L'accord péniblement négocié au printemps par les instances européennes va voler en éclat, déjà l'Irlande a de nouvelles et conséquentes difficultés financières, la Grèce va bientôt de nouveau faire appel au FMI voire renégocier sa dette en attendant un éventuel défaut ou rééchelonnement de ses dettes.
De plus la situation américaine est loin d'être bonne et aura de graves répercutions sur la fragile UE et sa monnaie conçue pour des temps calmes.
Rédigé par : cording | 21 septembre 2010 à 15:09
on progresse...
je trouve très juste le commentaire de Verdun : le ciment principal de l'attachement névrotique (de plus en plus relatif cependant) des français à l'UE c'est la peur du germain.
sur la remarque d'olaf expliquant que la france c'est trop petit, on est dans la pétition de principe. Des pays moins riches et développés comme Cuba ou la Corée du nord ont un poids dans les relations internationales et le franc suisse est aujourd'hui une monnaie refuge (au grand dam des suisses). On voit mal comment une france indépendante pèserait moins.
La France trop petite, c'est de la paresse intellectuelle.
Rédigé par : edgar | 21 septembre 2010 à 16:00
Bon article mais éclaire ma lanterne sur un point svp :
A quoi bon comme tu dis redonner le pouvoir au marché comme tu dis en période de croissance alors qu'on sait que, inévitablement, cela nous conduira à la crise...?
Rédigé par : Stan | 21 septembre 2010 à 17:16
malakine,
Sur le plan diplomatique, il est évident que l'UE est un échec, tout comme sur le plan économique.
Ca ne veut pas dire qu'une UE parlant d'une voix cohérente parmi les pôles actuels et émergents n'est pas une nécessité.
yann,
le problème avec ta proposition qui part dans tous les sens géographiques et thématiques est qu'elle amènerait une totale cacophonie.
Pour s'accorder, il faut un nombre pas trop restreint de thèmes entre partenaires, sinon c'est tenter de vouloir faire tenir un château de cartes.
Rédigé par : olaf | 21 septembre 2010 à 17:58
> Yann
C'est plus facile de commenter sur ton blog que de répondre à des commentaires ici. Je suis quasiment toujours d'accord sur tout. Dans ce sens là, oui., à la carte et selon les vrais besoins ou les opportunités.
> Cording
Il y a deux ans, tout tournait autour du protectionnisme. Il fallait faire pression sur l'Allemagne pour la convaincre. Désormais c'est l'Euro qui faut transformer en monnaie commune. Demain, ça sera la régulation financière qu'il faut imposer de force aux anglais.
Vous ne voyez donc pas qu'il n'y a RIEN qui marche en Europe et qu'y conduire la moindre politique digne de ce nom est impossible ?
> Edgar
Ca te fait mal tant que ça de dire qu'on est d'accord ? Ca veut dire quoi "on progresse" J'aurais encore des progrès à faire ??
> Stan
Je m'explique : La justification du libéralisme a toujours été qu'il était le système seul pouvait garantir l'amélioration des conditions de vie matérielles (la croissance économique) et l'émancipation de l'individu. Tant que ça marche, on peut admettre de continuer, c'est à dire de laisser aller la société dans le sens ou elle va spontanément par le jeu du marché et des volontés individuelles.
Quand ce système produit de manière endogène la régression sociale et conduit à la décivilisation, alors il faut faire machine arrière. Le politique doit reprendre le contrôle de tout, de l'économie, comme de la société.
> Olaf
Mais pourquoi tu présumes encore que l'UE aurait la faculté de parler d'une seule voix ? L'association d'intérêts divergents produit toujours de la non-décision.
Rédigé par : Malakine | 21 septembre 2010 à 19:02
Toutes ces considérations poltico-juridiques sont fort intéressantes mais restent, selon moi, de purs exercices de style. Les forces mystérieuses qui ont créé l’Union Européenne (basées vraisemblablement, pour partie, sur un inconscient collectif qui continue à imaginer que c’est l’Europe qui nous a donné 60 ans de paix) sont toujours à l’œuvre et n’ont pas décliné en intensité. Elles ont par exemple réussi à faire passer par pertes et profits le vote des français en 2005.
Je ne crois pas que l’immense majorité de nos concitoyens ait la moindre envie ou la moindre conscience qu’il est possible de remettre en cause l’Europe. C’est pour eux une chose acquise comme le fait que la terre est ronde. Il sera donc tout à fait impossible de les convaincre dans le cadre des processus dits démocratiques qu’il est non seulement possible mais aussi nécessaire de procéder à des changements. Je pense que ces changements éventuels ne pourront hélas provenir que d’une crise majeure et violente qui entraînera de profondes remises en cause du système sans que l’on puisse dire si se sera pour le meilleur ou pour le pire.
Un exercice intéressant mais difficile serait donc d’imaginer un scénario catastrophe mais néanmoins réaliste (un crack bancaire généralisé et définitif, une pénurie soudaine mais prévisible de pétrole, un coup d’état fomenté par Sarkozy et sa clique de dégénérés, les conséquences de la déclaration de guerre des USA à la Chine, …) et d’étudier comment en sortir par le haut en en profitant pour reconstruire l’Europe ou le système de coopération entre nation que nous souhaitons.
Rédigé par : RST | 21 septembre 2010 à 19:36
@RST
"un coup d’état fomenté par Sarkozy et sa clique de dégénérés"
C'est une hypothèse totalement invraisemblable, à vrai dire dans notre personnel politique il n'y a pas le talent pour perpétrer un coup d'état. On parle souvent de dérive dictatoriale en parlant de Sarko mais il n'en a pas l'étoffe. C'est dure d'être un dictateur, il faut des qualités humaines d'intelligence et de convictions personnelles qui sont inimaginables dans notre monde de confort matérialiste. Non franchement en France comme aux USA il n'y a aucun risque de coup d'état. On a plutôt un problème d'absence totale de convictions et de testostérones si je puis dire. C'est plutôt la passivité et le laissez-faire qu'il produit qui nous détruit.
Sinon l'évènement déclencheur pourrait être l'actuelle explosion des taux. Je viens de voir les taux irlandais c'est du délire comme ils augmentent. La crise de l'euro est repartie de plus belle mais les médias ont décidé de ne plus trop en parler, c'est vrai qu'officiellement la crise est finie.
Rédigé par : yann | 21 septembre 2010 à 20:08
malakine,
Une force diplomatique à la carte me parait fantaisiste. Par ailleurs, sur ce thème j'ai du mal à croire qu'on s'entendrait durablement avec le Japon qui est un protectorat US, ou bien avec une puissance comme l'Inde qui va monter en puissance, au mieux nous deviendrions un protectorat indien, donc pas beaucoup de pouvoir et probablement trop de divergences sur le plan social pour s'accorder.
L'expression de Védrine est appropriée, la France ferait partie des idiots du village à regarder béatement les négociations entre des pôles géants.
Pourtant, il est loin d'être un européiste ingénu :
http://www.hubertvedrine.net/index.php?id_article=477
Il ne faut pas rêver, les enjeux ne relèvent pas que de calculs économiques mercantiles mais de forces d'influences hard et soft entre grosses entités diplomatiques monolithiques, US, Chine et les autres qui arrivent.
Rédigé par : olaf | 21 septembre 2010 à 20:26
ben oui, il te faut venir à l'UPR !
Rédigé par : edgar | 21 septembre 2010 à 21:54
> Edgar
Pourquoi, je suis déjà au RIF ! Stp, ne m'oblige pas à raconter ici la polémique qu'il y a eu sur Facebook ou de dire ce que je pense l'état d'esprit de ce mouvement. Inutile, il me suffirait de publier ton long message ou celui de Asselineau qui a suivi. Cela devrait vite suffire à vous cataloguer dans le registre secte haineuse et inoffensive.
Pour l'instant je m'en tient à ma ligne de bienveillance à l'égard de tous les souverainistes, quelle que soient leur sensibilité et leurs amitiés. Mais ça pourrait changer.
Rédigé par : Malakine | 21 septembre 2010 à 22:31
@Verdun
Je rebondis sur votre phrase :
"J'écarte bien sûr la guerre thermo-nucléaire, la régression à l'âge de pierre faute de pétrole, et la disparition de l'homme suite à un virus grippal (enfin) digne des prévisions de Mme Bachelot..."
Glisser le pic pétrolier mondial (Peak oil) en sandwich dans cette liste d'évènements hautement improbables, c'est digne d'un Claude Allègre :-) N'est il pas ? La finitude des ressources fossiles d'ici 2100 (pas seulement le pétrole !) est une réalité sur laquelle tous les scientifiques sérieux s'accordent. Par contre, le pic pétrolier n'est pas un retour à l'âge de pierre, c'est juste une augmentation exponentielle du prix des carburants qui fera des voyages en avion un produit de luxe comme dans les années 70. Idem pour le faire le plein d'essence qui sera alors réservé aux plus riches.
Sinon je suis d'accord avec tout le reste :-)
Je referme la parenthèse puisqu'il s'agit d'une digression par rapport au sujet.
Rédigé par : Santufayan | 22 septembre 2010 à 08:45
@ Malakine
Rien de ce que mes amis et moi proposons n'a été tenté de mettre en place faute d'une classe dirigeante patriote, alors pourquoi y renoncer par avance si ce n'est pas défaitisme.On peut perdre des batailles mais la guerre continue ce qui nous manque comme je vous le disait la saison précédente c'est un fédérateur de tous les courants souverainistes, gaullistes, patriotes et républicains des 2 rives. Pour mener le combat à la victoire! Hasta la victoria, siempre!
Rédigé par : cording | 22 septembre 2010 à 09:41
@ Malakine
Je ne vais développer une discussion juridique mais la référence expresse à deux reprises au Traité de Lisbonne dans la Constitution est un élément bloquant pour ta solution : d'une part un accord multilatéral limité à certains pays européens (union latine par ex.) et remettant en cause/remplaçant les règles de l'UE serait incompatible avec ces Traités et donc avec la Constitution qui les vise, et d'autre part, la valeur constitutionnelle de l'adhésion de la France à ces Traités est "vérrouillée" (les européistes disent "gravée dans le marbre).
Mais ce n'est que du détail technique, nous sommes d'accord sur l'essentiel (de mon point de vue), et je suis moins pessimiste que toi sur la faisabilité d'une réforme constitutionnelle (qui peut passer par le Parlement).
En revanche, le processus d'une telle réforme est long, et dès l'annonce d'une telle volonté, les spéculateurs et autres vont se déchâiner, dégradant brutalement la situation et risquant de remettre en cause une politique souverainiste.
L'europe est aujourd'hui comme une addiction (par exemple la cigarette). En sortir crééra nécessairement des pbs, mais ces pbs ne sont pas liés à la décision d'en sortir mais au fait d'en être.
C'est toute la différence (si on compare avec la cigarette - je sais c'est actuellement ce que je vis ;-))) entre :
- arrêter de fumer fait prendre du poids ;
- fumer fait prendre du poids quand on arrête.
@ Santufayan
J'ai bien écrit "régression à l'âge de pierre" dans une liste d'évènements espérons-le hautement improbables...
Le peak oil est un fait incontestable, en revanche je ne suis pas d'accord avec les conséquences, et notamment la disparition brutale de l'énergie bon marché, que l'on cherche à en tirer.
Je peux me tromper bien sûr, mais il me semble que d'autres ressources énergétiques sont disponibles.
Quant à la "finitude" de nos ressources, c'est une thèse que je combats car elle est pour moi dangereuse pour notre espèce, et factuellement fausse (il suffit de lever les yeux chaque nuit vers le ciel)
Mais c'est hors sujet
Verdun
Rédigé par : Verdun | 22 septembre 2010 à 10:00
message haineux ? tu peux y aller, republie mon long message et on en discute !
Rédigé par : edgar | 22 septembre 2010 à 13:53
> Cording
Y a peut-être des raisons si ce combat n'a jamais été mené. Par exemple que l'Europe est irréformable ou que la France n'a aucun moyen de pression ?
> Verdun
Et pourquoi ce traité pour l'union latine ne pourrait pas se présenter comme un traité modificatif du traité de Lisbonne pour les signataires ????
Je ne sais pas qui a parlé d'une réforme constitutionnelle. Pas moi en tout cas.
Quant au spéculateurs, aucun objet puisque l'agenda Sapir prévoit que la France empruntera directement auprès de la Banque de France.
> Edgar
Non, pas ton message. Celui d'Asselineau à propos du RIF. Le tien était simplement grotesque. Mais non, n'insiste pas, je ne ferais pas de pub pour ta secte.
Rédigé par : Malakine | 22 septembre 2010 à 14:28
J'adore ton style !
Rédigé par : edgar | 22 septembre 2010 à 14:45
Pour répondre à une remarque sur le sentiment d'être européen. Je me sens plus proche d'un estonien que d'un japonais, certes.
Mais, revenant d'un voyage de noces en Argentine (pays hispano-italien en substance, je peux te dire que mon intégration dans la société Argentine sera beaucoup plus aisée qu'en Estonie (a vrai dire, je vais vous faire une confession affreuse, l'Estonie je m'en fous). Et parfois, je me dis que la majorité des français seront de plus en plus à l'aise et auront plus à partager avec les pays du Magrehb (dumoins avec la classe moyenne musulmane bi-culturelle et tolérante qui est en train de se constituer silencieusement et avec laquelle les liens culturels, mais aussi économiques sont chaque jour plus forts)qu'avec l'Allemagne. Au risque de choquer certains sur ce site, je pense qu'un enseignement de l'arabe plus systématique, même au détriment de l'Allemand, serait très bénéfique à notre nation et pourrait même faciliter l'intégration de nos COMPATRIOTES arabes de culture musulmane.
On voit bien que le problème de l'UE c'est qu'elle n'arrive pas à de donner une identité. C'est quand même un problème de fond, assez révélateur du caractère assez irréel de cette construction. Je ne suis pourtant pas favorable à sa disparition.
Je pourrai continuer, mais je m'arrête là pour le moment.
PS
Désolé, papier un peu confus, mais c mon premier message sur ce blog
cordialement
Rédigé par : guzy | 22 septembre 2010 à 17:57
Je suis allé rapidement sur la page FesseBouc de l'UPR et j'avoue que ce que j'y ai vu ne m'a pas enthousiasmé: la réponse d'Asselineau à la question d'un intervenant (pourquoi tant de haine vis à vis de NDA ?) m'a semblé du niveau de la cour de récréation.
Bref, rien de bien intéressant et je crois Malalkine sur parole quand il parle de secte.
A fuir donc.
Rédigé par : RST | 22 septembre 2010 à 21:01
@ Malakine
Ce combat n'a jamais été mené à son terme parce que les chefs se sont "couchés" devant le système comme Philippe Seguin, Philippe De Villiers (à droite, avant toute chose) Jean Pierre Chevènement le 21 avril 2002 devant ce tigre de papier qu'est le PS.
J'ai souvent lu les publications de Paul Marie Couteaux qui ne font que rassembler des pleurnichards nostalgiques d'un passé révolu et incapable d'élaborer un projet politique alternatif à l'idéologie dominante, quand ce dernier ne prend une pose d'esthète à la Brasillach ou Drieu La rochelle.
Je regrette vivement que vous ayez rejoint ces gens-là! Ils ne font que cultiver l'impuissance comme résignation, du pétainisme par temps de paix!
Rédigé par : cording | 23 septembre 2010 à 10:50
Voir l'avis de Jacques Sapir sur le blog de Laurent http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/archive/2010/09/21/globalisation-neoliberale-la-strategie-de-jacques-sapir-pour.html
Rédigé par : A-J Holbecq | 23 septembre 2010 à 16:01
Merci du lien. Ces aspects tactiques sont intéressants, mais je reste inquiet sur deux points :
- l'efficacité de tactiques rendues publiques : peut-il y avoir ce que les juristes appellent un effet d'aubaine ? ou des contre-mesures bloquantes ? je ne sais pas je pose la question ;
- le timing de ces mesures, je reste convaincu qu'il existera un temps, qui doit être raccourci au maximum, pendant lequel les états et marchés vont tout tenter pour dégrader la situation au point de provoquer un renversement politique...
Là encore, les mesures unilatérales ne nécessitant pas de révision constitutionnelle, voire pas de Lois (en rentrant dans les détails, le domaine des seuls décrets est énorme) doivent être privilégiées, une fois bien sûr les choix politiques validés par le peuple français.
Ce projet est donc pour moi loin d'être assuré et suffisamment développé pour être décliné en l'état.
Verdun
Rédigé par : Verdun | 23 septembre 2010 à 16:11
> Guzy
Pas mal pour un commentaire confus ! Effectivement, l'union européenne d'aujourd'hui qui a été jusqu'à intégré d'anciennes républiques soviétiques ne correspond plus du tout à notre aire culturelle naturelle où effectivement le Maghreb et l'Amérique latine ont leur place.
> RST
Je viens de m'apercevoir que mon dernier commentaire a été censuré par les règles que j'ai mois même mis en place !! :-)
Je voulais donc simplement rappeler l'article 11 de la charte des commentateurs qui proscrit la promotion systématique d'une formation ou d'une personnalité politique. C'est pourquoi cette polémique doit impérativement cesser. C'est de toute manière devenu techniquement impossible.
> Cording
Je vois que vous aussi vous céder à cette fâcheuse pente à tout personnaliser : Je n'irais pas là car untel est trop ceci ou trop cela ... Et que constate aussi que vous vous laisser aller à balancer des qualificatifs en forme d'insulte pour mieux dénigrer les personnes que vous ne portez pas dans votre coeur.
Bon je m'explique :
J'ai bien pensé moi aussi à lancer mon propre groupuscule, mais je me suis dit finalement qu'il fallait être au moins deux pour une telle initiative :-) Le plus simple c'était déjà de commencer par aller voir in vivo dans les organisations déjà existantes.
Mais si vous pensez que j'ai "rejoint" une formation dans le but d'en dérouler le catéchisme, vous me connaissez bien mal ! Je continuerais à penser par moi même, rassurez vous.
Je suis simplement arrivé à un stade où j'ai éprouvé le besoin vital de sortir de mon PC pour aller à la rencontre de personnes engagées politiquement dans la même famille de pensée. Je n'aurais d'ailleurs rien contre à l'idée de rencontrer la NAR si vous voulez bien m'y inviter. J'ai choisi prioritairement le RIF justement parce que c'est tout sauf un fan club et que cette formation tente - comme moi - de créer des passerelles entre les différentes branches du souverainisme.
> AJH
J'ai vu le commentaire de Sapir. Je connaissais déjà sa position et j'avoue que je ne suis guère convaincu par l'argument qui consiste à se faire exclure plutôt qu'à claquer la porte. Cela suppose la nécessité de reconstruire ensuite une nouvelle coopération avec d'autres, ce qui reste à démontrer. Mais je viendrais plus tard sur ces questions.
> Verdun
Mais quelles sont donc ces mesures unilatérales qui pourraient être mises en oeuvre sans une modification préalable de l'ordonnancement juridique interne ??
Rédigé par : Malakine | 24 septembre 2010 à 08:24
@ Malakine
J'avais proposé la stricte application de la clause dite du "changement fondamental de circonstances" qui permet à un pays lié par un traité d'en suspendre l'application unilatéralement.
Je ne pense pas qu'une telle suspension nécessite une modification constitutionnelle...
Pour ce qui est de notre débat technique sur ta proposition de signer un autre traité avec une parti des états-membres se substituant ou effaçant le Traité de Lisbonne, je ne vais pas développer plus avant, mais elle se heurte à des règles fondamentales du droit internationale (voir notamment l'article 30-3 et 4 de la convention de Vienne de 1969).
A ce propos il y a aussi dans cette convention ce qui pourraît être l'explication de la prééminence des traités sur la Loi, c'est à l'article 27 de la convention de 1969).
Verdun
Rédigé par : Verdun | 24 septembre 2010 à 09:13
Bonjour Malakine,
Décidément vous avez le chic pour faire des articles passionnants, fouillés et surtout qui renversent les paradigmes et font sauter nos verrous mentaux (concurrence libre et non faussée, économie de la connaissance, union européenne rampart contre la mondialisation, gnagnagna, la soupe habituelle).
Par contre, pensez-vous possible d'ajouter un bouton "imprimer" à vos articles afin que l'on puisse les sortir sur papier et les lire dans les transports en commun ? Yann du "bon dosage" l'a fait et ça change la vie.
C'est également utile pour transmettre de l'info à ceux qui n'ont pas de connexion Web (entreprises de la Défense par exemple) en imprimant l'article sous forme PDF.
Encore merci pour vos articles.
Rédigé par : Perceval | 24 septembre 2010 à 10:55
@Perceval
Je tiens à dire que je n'y suis pour rien, j'ai simplement activé toutes les fonctions d'over-blog. Je ne sais pas s'y le système qu'utilise Malakine a l'option. Sinon il faudrait passer par un éditeur de texte pour mettre en format PDF, c'est vrai que c'est un format plus agréable à lire.
Rédigé par : yann | 24 septembre 2010 à 11:21