La vidéo de Jean Luc Mélenchon faisant la leçon à un apprenti journaliste à science-po n’a pas fini de faire parler d’elle. On y voit le leader du Front de Gauche mettre en pièce ce jeune homme sûr de lui, n’hésitant pas à qualifier sa vocation de « sale corporation, voyeuriste et vendeur de papier » ! Sûr que cela ne l’aidera pas à améliorer ses relations avec la presse, déjà compliquée depuis qu’il avait invité Arlette Chabot à « aller au diable » lors du débat des européennes …
L’incident va bien au-delà de la personnalité de Jean Luc Mélanchon, sa stratégie de communication ou l’intransigeance qui sied à tout bon républicain. Ce clash s’inscrit dans un mouvement de rébellion de l’ensemble de la classe politique face au traitement dont ils sont l’objet par les journalistes.
Deux conceptions de l’information s’opposent dans un vrai conflit de pouvoir qui tourne à l’avantage des moins légitimes. Les politiques (les plus sérieux d’entre eux en tout cas) considèrent qu’une information est un fait important pour la vie publique. Pour un journaliste, c’est ce qui intéresse son public.
L’agacement des politiques à l’égard des journalistes n’est pas nouveau. En décembre 2006, je commentais un article de Marianne2 qui recensait des déclarations de candidats se plaignant des questions superficielles et convenues des journalistes. Selon les plaignants, la manière dont ils étaient interrogés ne leur permettaient pas de développer leurs idées, ce qui risquait de creuser le décalage de politique avec les préoccupations des Français.
Depuis plusieurs mois, on assiste à un énervement de plus en plus visible du coté des politiques, y compris chez ceux qui ont tout du profil du bon élève, poli et bien élevé. Le « philosophe » Vincent Peillon qui pose un lapin à Arlette Chabot (encore elle) pour protester contre la manière dont elle a organisé son débat sur l’identité nationale. Le très gentil Xavier Bertrand qui explose un journaliste picard sur France 5 et poursuit de l’achever une fois celui-ci à terre, baignant dans la crasse indignité dont il avait été enseveli… On est face à une tendance lourde qui ne fera que s’amplifier tant la mode est à l'agressivité et à l'irrespect, quand les politiques ne sont pas sommés de se positionner par rapport aux opinions affirmées avec force par les interviewers. On attend avec jubilation celui qui saura remettre à leur place les Jean Michel Apathie, Etienne Mougeotte et autres Nicolas Demorand !
L’arrogance des journalistes politiques, leur prétention grandissante à s'ériger comme les nouveaux porte-paroles du peuple, leur inculture politique ou leur ignorance abyssale des sujets économiques ne serait rien s'il ne cachait pas un problème structurel lié à la culture journalistique. La logique même du journalisme politique est en passe de transformer le système démocratique en marché des opinions et des affects, fonctionnant dans une pure logique commerciale. Les politiques sont condamnés à s'adapter ou à disparaître.
Pour stigmatiser l’indignité des journalistes, Mélenchon cite la une du parisien le lendemain des régionales consacrée au débat sur réouverture des maisons closes, sujet mineur et racoleur, s’il en est. La réponse du jeune homme n’est pas que la marque d’un corporatisme pavlovien caractéristique de cette profession, elle exprime ouvertement l’idéologie de son milieu : ce dont on doit parler, c’est ce qui intéressent les gens. Sous entendu : ce qui nous permet de faire de l’audience.
Mélenchon tombe d’ailleurs quelque peu dans le piège en cherchant à contester l’intérêt populaire pour les conditions de travail des prostituées. Discuter des préoccupations des gens, c’est déjà accepter l’idéologie médiatique qui définit un fait politique au regard des attentes supposées du public. Or, cet indicateur - à supposé qu’on puisse le mesurer avec objectivité - ne saurait constituer le seul et unique moteur du débat public.
Les préoccupations du consommateur de presse ou du citoyen se forment d’abords à partir de ce que leur en disent les médias, ce qui ouvre la porte à toutes les manipulations possibles. Si les médias répètent à l’unisson que le climat se réchauffe tellement que la planète en deviendra inhabitable dans un siècle, alors le citoyen va prendre peur et exiger très logiquement de ses gouvernants qu’ils déclarent l’état d’urgence écologique. Voilà comment, très simplement, par simple effet moutonnier et d’emballement les médias peuvent attirer le débat public sur n’importe quel sujet, aussi périphérique ou mensongers soit-il.
L’attente du public peut se former également à partir de son expérience sensible. Parfois les médias vont s’en faire l’écho, lorsqu’ils y voient un intérêt commercial. Mais parfois ils peuvent aussi l’occulter, soit parce qu’ils ne jugeront pas le sujet porteur, soit tout simplement parce qu’ils sont dans l’incapacité de le percevoir en raison d’une cécité géographique ou de préoccupations de classes. D’où l’hypereprésentation dans le débat des questions qui ne concernent que les milieux parisiens les plus privilégiés, les maisons closes par exemple, ou l'écologie.
Mais, même dans la meilleure des hypothèses, où les médias accèdent à une connaissance juste des préoccupations du public et que celles-ci correspondent à un vrai problème, l’approche demeure biaisée, car elle se focalise sur les conséquences des phénomènes en ignorant leur cause.
Prenons un exemple, toujours tiré de l’actualité : la Burka. On comprend que les gens qui dans leur vie quotidienne croisent des femmes revêtues de Burka ressentent un certain malaise. Cette question, parfaitement légitime, arrive donc dans le débat. Cependant, ce qui n’est que la manifestation de causes plus profondes (difficultés dans le processus d’assimilation, crispation identitaire des franco-musulmans, montée de l’islam radical…) n’est appréhendé que sous l’angle de ses manifestations les plus visibles. On se dirige donc vers une interdiction (plus ou moins symbolique) sans souci des causes ni des conséquences que cette décision pourrait entraîner. D’une manière presque générale, l’animation exclusive du débat public à partir des « préoccupations des gens » conduit le plus souvent à des politiques inefficaces, des traitements symptomatiques, des lois de circonstances dictée par l’émotion populaire ou un empilement des mesures répressives de plus en plus dures.
Cette démocratie de marché animée par des médias mercantiles, devient un régime politique à part entière qui n’a plus grand chose à voir avec la République. Il ne s’agit plus de régler par la délibération publique et la raison les enjeux collectifs auxquels la société est confrontée dans une recherche de l’intérêt général, mais de susciter dans la population un sentiment d’écoute et d’adhésion via un dialogue factice organisée par les médias autour de sujets généralement périphériques ou purement factices.
***
Il est heureux de voir quelques politiques commencer à se rebeller enfin contre cette tyrannie des médias qui s’interpose entre le politique et la population et prétend décider ce qui mérite d’être débattu ou non. Pas tous, malheureusement. La plupart de nos politiques sont devenus de purs communiquants ou des braves gestionnaires dont l’ambition se résume à coller au plus près à la demande sociale. Ceux là s’accommodent très bien de cette situation. Aux premiers, je voudrais faire la proposition suivante.
Il n’est à l’évidence pas admissible de laisser un « quatrième pouvoir », animé essentiellement par des considérations commerciales prendre une telle place dans la démocratie. Il convient donc de contenir sérieusement son influence et d’encadrer son rôle. Le préalable théorique est de refuser de voir dans les médias un « contre-pouvoir » mais davantage de les ériger en « service public » (Je tiens en effet à rappeler que la notion de service public ne se définit pas comme un service géré directement ou indirectement par l’Etat dans des conditions de monopole et par des agents sous statut, mais une activité d’intérêt général, ce qui justifie une intervention de la puissance publique). La presse remplit à l’évidence une mission de service public dans la mesure où elle participe à la formation (ou la déformation) du jugement du citoyen. Ainsi l’Etat est fondé à lui accorder des aides mais aussi (c’est la contrepartie logique) à lui imposer un cahier des charges.
Ainsi l’exercice des grands médias gagnerait à être encadré par ce que l’on pourrait appeler une « haute autorité du débat public » composée paritairement de journalistes chevronnés et de personnalités politiques de toutes sensibilités. Cette autorité serait chargée de définir les obligations minimales en matière de qualité et diversité de l’information, de sanctionner les dérives manipulatoire et d'élaborer une charte de déontologie dont elle veillerait à la stricte application. En allant plus loin, on pourrait même imaginer que cette HADP organise l’animation des campagnes électorales, avec la définition en amont de quelques questions structurantes que les médias se verraient l’obligation de traiter en leur accordant une place suffisante.
Ceci est une proposition minimale. Il me semble en tout état de cause évident que cette noble profession va devoir d’une manière ou d’une autre faire l’objet d’une régulation publique. A défaut, elle mourra, soit d’asphyxie économique par désaffection de ses « clients », soit par décision autoritaire d’un gouvernement qui n’en pourra plus de devoir se plier aux quatre volontés de petits égos incultes avide de spectacle et de sensationnel.
Malakine
Mélenchon: Les journalistes sont de "petites cervelles"
envoyé par ecoledejournalisme. - L'info video en direct.
Pour revenir un instant sur le dernier billet que je viens de découvrir:
Globalement d'accord avec MALAKINE et notamment pour dire que le cadre et le contexte politique dans lequel VILLEPIN a tenu son discours ne lui ont pas permi (1) de parler de tous les sujets et (2) d'en parler dans les détails. Pour certains d'entre eux, il les a déjà abordé ailleurs. Je pense par exemple à sa conférence à l'Assemblée Nationale où il parle in extenso de l'Europe (http://www.dailymotion.com/video/x9fcd9_villepin-27-mai-2009-ass-nationale_news ff.) et où il dit entre autres:
'Il est évident que la Comission a vécu sur une politique qui a été très marqué par la volonté libérale, la concurrence libre et non faussée et qu'elle a été prise (...) beaucoup de travers par la crise économique et la crise financière.'
Je n'ai pas le temps de développer ici ma conviction que VILLEPIN est tout sauf un néolibéral. Je me contenterai de dire que ce qui me rassure chez lui ce sont ses orientations globales et ses motivations profondes. Je crois qu'il a trop de recul historique, trop d'ambition pour son pays et j'allais dire: une idée trop haute de son propre rôle dans l'Histoire pour considérer que son objectif économique devrait être l'enrichissement de quelques-uns au détriment du plus grand nombre.
Qui a dit devant un auditoire composé d'hommes d'affaires millionaires:
'La crise nous ramène à l'essence même et au coeur même de l'activité humaine: c'est qu'il y a de richesse que d'hommes et que l'objectif, in fine, de nos sociétés c'est bien l'épanouissement des individus.' ?
C'est VILLEPIN au Spa Waux-Hall Club le 9 décembre 2009. (Dans un discours qui est, à bien des égards, autrement plus intéressant que celui qu'il a prononcé à l'occasion de son nouveau mouvement politique: http://2villepin.free.fr/index.php/2009/12/18/1348-video-de-la-conference-de-dominique-de-villepin-a-spa-le-9-decembre-2009 )
PS: A propos de MÉLENCHON: Tout en le rejoignant sur le fond je trouve que sa réaction sur son blog n'est pas à la hauteur. Il parle d'un 'piège' que lui aurait tendu le jeune journaliste et suggère qu'il s'agissait là d'un coup médiatique préparé: Pourquoi, dans ce cas, aurait-il attendu la fin des régionales pour publier sa vidéo? Et comment pouvait-il prévoir que MÉLENCHON allait parler de la Une du Parisien (qui n'est d'ailleurs pas celle du lendemain, mais du jour 4 après les élections)? C'est invraisemblable et ne justifie pas son comportement à l'égard de jeune homme, certes, provocateur, mais pas aussi 'pourri' qu'il le présente.
Rédigé par : Lector | 31 mars 2010 à 21:43
Je partage votre analyse. Et j'ajouterais que la prétention des journalistes de presse écrite à parler de "ce qui intéresse les gens" est d'autant plus forte que le lectorat se réduit progressivement. On est loin de l'époque où France-Soir vendait près de 2 millions d'exemplaires chaque jour. Aujourd'hui, ce quotidien est réduit a faire des unes bidons (comme celle sur Johnny Halliday) pour élargir sa diffusion...
Rédigé par : Pullo | 31 mars 2010 à 22:11
@ Malakine
Toutes les critiques qui devaient être faites sur le journalisme l'ont été par Karl Kraus au début du siècle dernier. Je ne saurais trop conseiller aux lecteurs Schmock ou le triomphe du journalisme: la grande bataille de Karl Kraus, de Jacques Bouveresse, qui fait le point sur la question.
Je trouve la réaction de Mélenchon aussi inutile qu'excessive.
Autrement, d'accord avec toi sur Apathie (un compatriote :-) ) et Demorand, dont l'émission est pitoyable (rendez-nous Moati!).
Mais cela ne doit pas nous faire oublier que les journalistes français sont particulièrement inoffensifs, l'insolence ne remplaçant évidemment pas la pertinence.
Rédigé par : Archibald | 31 mars 2010 à 23:00
@ Malakine
Je ne suis décidément pas un fan du show mélenchonien. C'est un peu trop facile. Et je ne suis pas non plus un fan du Parisien ! J'ai tendance à croire que JLM a d'abord cherché à faire du "buzz".
Quand Mélenchon aura un vrai programme politique, ce sera tout de suite plus facile de parler politique avec lui. En attendant il trouve malin de s'acharner sur un sciences-po tombé du nid. De mon point de vue, ça ne le grandit pas.
Je crois que je préfère encore DDV (dont je ne suis pas non plus un fan).
Bon, je cède peut-être à mon obsession anti-mélenchoniste, mais franchement, sur ce coup-là, tu ne m'aides pas à y renoncer.
Rédigé par : Joe Liqueur | 31 mars 2010 à 23:33
Petite précision : dans mon précédent commentaire, c'est à Malakine que je m'adressait.
@Tous
Sur le fond, Mélenchon a raison, mais sur la forme, il donne l'impression de surréagir et d'agresser un "Sciences Po tombé du nid" (belle expression).
@Joe Liqueur
Je me classe plutôt à gauche, mais il y a un je ne sais quoi qui fait que je n'ai pas totalement confiance en Mélanchon, à cause l'absence de programme clair sur le long terme (deux mandatures au moins). Mais mes réserves ne me poussent pas pour autant vers DDV. Les poseurs imposteurs gaullistes, ça commence à bien faire...
Rédigé par : Pullo | 01 avril 2010 à 07:11
@ Lector
Je pense que ton post avait plus sa place dans la discussion précédente, mais comme elle est déjà très chargées, je te comprends ... Je regarderais cette vidéo avec attention.
Je ne vais pas plaindre ce jeune journaliste. Il n'avait pas trop sûr de son bon droit pour être affectée par l'agressivité de Mélenchon.
@ Pullo
France soir est un bon exemple. Voilà jusqu'ou la presse est capable de tomber bas pour faire du tirage. Elle montre le chemin de ce que risque de devenir la politique.
@ Archibald
Quand tu dis que les journalistes sont inoffensifs, je suppose que tu sous entends "à l'égard du pouvoir" Car leur pouvoir de nuisance à l'encontre de la démocratie me semble très puissant.
@ Joe
Attendons que la campagne présidentielle se lance vraiment et que JLM soit investi au titre du front de gauche. Je crois que son allié communiste (complètement à l'ouest sur le plan idéologique) l'empêche de se libérer pleinement. Mon intuition me dit que nous aurons un Mélenchon totalement inédit pendant la campagne avec un discours plus que réjouissant. Mais attendons ...
@ Pullo
Encore une fois, le grand concours télévisé "qui veut devenir président?" n'a pas encore encore commencé ! Donc si on pouvait laisser encore pour quelque mois de coté ce petit jeu de "je préfère truc" "non moi, je ne lui fais pas confiance, je place plutôt mes espoirs en Y" pour se concentrer sur les questions de fond, encore une petite année, j'apprécierais beaucoup.
@ Tous
Donc, que pensez vous de ma proposition conclusive d'imposer une régulation publique stricte aux médias pour leur contribution au débat démocratique ??
Rédigé par : Malakine | 01 avril 2010 à 10:21
La campagne référendaire de 2005 avait déjà montré la vrai visage de la classe médiatique qui comme le dit Serge Halimi a les opinions des gens qu'elle fréquente c'est-à-dire qu'elle est néolibérale et européiste comme la classe politique, économique et sociale. Même les journalistes qui se prétendent "indépendants" comme Aphatie ou Bourdin !
Seul le contesté et contestable Eric Zemmour ne partage pas totalement l'idéologie dominante. Mélenchon estime ce dernier et apprend à ses dépens ce qu'il en coûte de s'en prendre à ces donneurs de leçons, laquais du pouvoir!
Une alternative politique républicaine se heurtera à cet establishment politiquement correct mais inculte parce que comme les politiques ils ne prennent pas le temps de lire, se cultiver, s'informer. Il faut aussi faire le constat que la presse papier est en voie de prolétarisation en raison de son conformisme et de la concurrence de la presse en ligne et d'internet.
Rédigé par : cording | 01 avril 2010 à 10:41
bon billet.
que se passerait-il si par exemple l'ensemble des medias répétaient à tour de bras que la France, parmi les 10 premiers PIB de la planète, ne pouvait s'en sortir seule ? Heureusement les blogeurs viendraient corriger d'eux-même cette ineptie...
provocation gratuite mise à part, je ne crois pas à un autorité déontologique (qui serait certainement tout aussi biaisée que le reste de ceux qu'elle devrait contrôler).
je crois beaucoup plus à des règles d'indépendance dans le contrôle des médias : pas de participation de groupes vivant de commandes publiques (ni Bouygues ni Lagardère à la tête de medias grand public) me semble le point principal.
il y avait quelques débats intéressants dans le petit livre de rimbert (de mémoire), sur Libé, de Sartre à Rothschild.
Rédigé par : edgar | 01 avril 2010 à 10:48
@Malakine
Contrairement à ce que mon commentaire a pu laisser penser, je m'intéresse plus aux questions de fond qu'aux questions de personnes. Je regrette l'absence pour le moment de projet à long terme chez JLM. Et au risque de paraître pessimiste et/ou cynique, à l'ère du marketing politique et de la médiacratie, il ne suffit pas d'avoir un bon projet, il faut savoir le vendre aux électeurs, dont la politisation est trés variable comme vous le savez. Et à ce moment-là, difficile de faire abstraction des personnalités, surtout quand l'élection majeure est la présidentielle.
Sinon, je suis parfaitement d'accord avec votre proposition. Mais la corporation ne se laissera pas faire et criera à la censure larvée.
Rédigé par : Pullo | 01 avril 2010 à 10:49
Tout à fait d'accord. J'ajouterai qu'il semble que le journaliste d'aujourd'hui, dont, en effet, l'égo, la prétention et l'inculture sont inversement proportionnels à la compétence, affiche une forte tendance à jouer les directeurs de conscience, un peu comme le curé d'autrefois.
Ils devraient quand même se demander pourquoi les gens ne lisent plus leurs journaux: Libé, icône de la gauche salonnarde, tire à 100 000 exemplaires payant par jour et le "quotidien de référence" à 500 000. Pour un pays de 65 millions d'habitants, c'est minable.
Rédigé par : Abraxas | 01 avril 2010 à 10:49
@ Malakine
Bien sûr. Mais que faire? Je ne crois pas aux comités d'éthique, de déontologie ou autres. Ils ne remplacent en tout cas pas la qualité des journalistes. N'y a-t-il pas un problème avec leur formation? Remarque, quand tu vois Demorand, docteur en philo, il y a de quoi être consterné. Autant par ses questions que par son attitude. Mais tu as déjà écrit un bon article dessus, si ma mémoire est bonne.
Rédigé par : Archibald | 01 avril 2010 à 11:11
Une régulation publique? Soit. Avec Arlette Chabot comme régulateur en chef? Ou Etienne Mougeotte? Tu sais que, dans ce genre de truc, on ne choisit que ce type de personnage (qui ne parle que de déontologie), partie intégrante du système que tu dénonces à juste titre.
Rédigé par : Archibald | 01 avril 2010 à 11:15
@ Cording
Pourquoi ne pas dire plus simplement que la logique libérale a contaminé également le système médiatique et le jeu démocratique ?
@ Edgar
Décidemment, nous deux, on est d'accord sur rien. Non seulement je pense que la France n'a plus la force ni les moyens de tenter une alternative seule, mais je récuse totalement ce concept de liberté de la presse, qui pour moi revient à reconnaître une totale liberté à une caste de journaliste de manipuler la démocratie. Qu'ils soient indépendants ou sous l'influence des pouvoirs économiques ou politiques ne change pas grand chose à cet état de fait.
Pour moi, la presse est un service public et à ce titre faire l'objet d'une régulation par une autorité républicaine.
@ Pullo
Mais je suis bien d'accord sur la nécessité de prendre en compte le facteur personnel (d'ou mon papier sur Villepin)
Précision : Ma proposition ne s'adresse pas aux organes de presse mais à la classe politique qui en a ras le bol de devoir conformer son expression aux formats imposés par les médias.
@ Abraxas
La presse écrite est malade, c'est évident, mais par rapport à ce qui nous occupe, l'enjeu se situe plus du coté des télévisions commerciales.
@ Archibald
On aura effectivement un part de professionnels de la profession dans cette instance, mais aussi des politiques, des économistes, des juristes. C'est le principe de n'importe quelle haute autorité.
Je propose une instance de régulation publique et non un auto-régulation de type corporatiste sur le modèle des conseils de l'ordre des professions réglementées.
PS : Je vais être peu disponible ces prochains jours (week-end de Paques qui commence demain pour nous vu que le vendredi saint est férié et pour moi à midi) Je libère les commentaires à titre exceptionnel pour ce week end.
Rédigé par : Malakine | 01 avril 2010 à 11:51
@Malakine
Je crois de tout façon que les journalistes sont en réalité condamnés à disparaitre avec les nouveaux médias. C'est ce que j'écris en réponse à ton texte ici:
http://lebondosage.over-blog.fr/article-la-technique-et-les-medias-47778616.html
Il ne servent fondamentalement à rien, aujourd'hui un économiste, un scientifique ou un politique qui veut s'exprimer peu le faire sans leur accord. Nous vivons simplement une transition pendant laquelle la légitimité journalistique et celle de la télévision s'effondre petit à petit. Les journaux ne peuvent d'ailleurs plus survivre sans subvention voilà un signe claire de la chose.
Les journalistes sont des intermédiaires qui n'auront bientôt plus de raison d'être.
Rédigé par : yann | 01 avril 2010 à 13:12
Tu mets un économiste dans la commission. Il s'agit ensuite de lui faire juger l'assertion suivante : "il n'y a plus d'argent dans les caisses de la sécu, il faut retarder l'âge de départ à la retraite".
Cette assertion est invérifiable scientifiquement.
Il est en réalité très rare que la presse mente platement. La plupart du temps c'est : priorité donnée aux "bons clients" (et on ne donne jamais ou pas beaucoup la parole aux vilains canards type Mélenchon) et présentation biaisée.
Rien de facilement vérifiable, contrôlable et répréhensible.
Rédigé par : edgar | 01 avril 2010 à 15:55
@Malakine
La proposition d'Edgar n'est pas idiote, et le cas (caricatural, je le sais) de TF1 le montre bien. Cela dit, je reconnais que le statut de média indépendant (c'est à dire ni dépendant de l'Etat, ni de groupe vivant de commandes publiques comme Bouygues, Dassault ou Lagardère) n'est pas une garantie contre d'éventuelles manipulations.
@Yann
Ce que vous dites n'est pas faux. Les journalistes ont plus servi de passe-plats que de réels intermédiaires entre le public d'un côté et les politiques/intellectuels/experts de l'autre. Quant à savoir quand ils vont disparaître...
Rédigé par : Pullo | 01 avril 2010 à 16:07
@Malakine
"Cette démocratie de marché animée par des médias mercantiles" : j'aime beaucoup la concision de la formule ! Entièrement d'accord avec le fond de ton article.
Création d'une HADP ? Je partage - malheureusement - en grande partie les réserves d'Archibald à ce sujet. On peut toujours rêver, mais je ne pense pas que les "grands" partis politiques soient très demandeurs : le système médiatique actuel les avantage. Les petits partis, eux, râlent depuis longtemps (cf. le FN qui en use et en abuse) sans que rien ne bouge.
Si tu as des relations bien placées, tu pourrais peut-être à ce sujet (HADP) suggérer un débat sur la chaîne parlementaire ? :-)
Rédigé par : Taciturne | 02 avril 2010 à 21:28
" Mélenchon tombe d’ailleurs quelque peu dans le piège en cherchant à contester l’intérêt populaire pour les conditions de travail des prostituées. "
Ah le piège, quel mot amusant. J'ai bien rigolé lorsque mes yeux ont lu ce mot, cette affirmation qui supposerait au final que la populace a besoin d'être "éclairée" par des sujets qui font la première page des canards au moment d' un entre deux tours des élections régionales où un sujet comme l'abstention record se retrouve affaibli par l'importance accordée à un sujet de second plan. Parce que retirer un fait de son contexte revient à mouliner dans le vide, tout comme la distorsion du sens de la parole d'autrui. Que l'on soit d'un bord ou d'un autre notre perception est changeante sur la critique de l'état des choses. Mais il restera évident qu'une enquête sur la condition des péripatéticiennes dans un entre 2 tours est un sujet de moindre importance que le taux d'abstention est proche de +-50%. Ce que Mélenchon a remis en cause, c'est le timing et la hiérarchisation de la diffusion et donc du contenu du flux à un instant T, pas la pertinence d'en débattre.
Rédigé par : Lortitna | 07 mai 2010 à 16:45