La série de billet de fin avril sur l’alternative protectionniste, dans laquelle j’avais tenté de bâtir une doctrine globale autour de l’idée de protection, s’était arrêtée au moment de définir la nature du protecteur, c'est-à-dire la forme politique que devrait prendre ce “protectionnisme de civilisation”. Il s’agit pourtant d’une question essentielle que l’on ne peut éluder, surtout en cette période d’élection européenne.
Jusqu’ici les théoriciens du néo-protectionnisme se sont accordés sur une critique du libre échange, de la mondialisation et du capitalisme néolibéral. A ce stade de la réflexion, un consensus parfait existe entre tous ceux qui assurent la promotion des thèses protectionnistes ou qui s’y sont ralliés. Pourtant, si l’on passait au stade des propositions concrètes, des divergences ne tarderaient pas à apparaître sur les formes, les finalités, l’intensité ou le périmètre de ce protectionnisme.
Sans trahir de secrets, des doutes se font jour dans l’esprit de certains sur la viabilité et la possibilité d’un protectionnisme à l’échelle communautaire. Je m’en suis fait moi-même l’écho cette semaine. Il est donc tant d’ouvrir le débat sur le contenu et la forme de ce néo-protectionniste. Je vais le faire dans une nouvelle série d’articles (que j’espère plus courts que la dernière fois) Mais avant d’engager la critique de l’hypothèse du protectionnisme communautaire pour en proposer une autre, il peut être utile de rappeler brièvement la nature de ce projet.
Je ne reviendrais pas sur la critique du libre échange et du capitalisme néo-libéral, que je préfère pour ma part englober sous le vocable générique de mondialisation. Rappelons seulement que ce système conduit à la compression salariale, à la faillite des Etats providences, à la désindustrialisation des pays développés, à la fin concrète de la démocratie, à l’explosion des inégalités et à la domination sans partage du capital sur le travail. Après une décennie de croissance artificielle dopée par l’endettement, la mondialisation a conduit à la crise et entrave toute reprise véritable. Je revois sur ce point à mon dernier article sur les analyses de Patrick Artus, qui doivent être d’autant plus prises au sérieux que celui-ci demeure un partisan de la mondialisation.
Les objectifs du protectionnisme :
Le protectionnisme ne vise pas comme ses opposants se plaisent à la dire à se protéger contre plus « compétitif » que nous. Il vise avant tout à recréer les conditions de la croissance et du plein emploi.
La réduction de la pression concurrentielle des pays à bas coûts permettra de rééquilibrer le rapport de force entre le travail et le capital et d’assurer une remontée des salaires, ce qui aura pour effet de relancer la demande globale et de resolvabiliser les Etats. En outre, pour certains protectionnistes, une action complémentaire doit avoir lieu afin de réduire également la pression actionnariale. Le débat qui oppose actuellement les altermondialistes de ATTAC aux protectionnistes sur le point de savoir s’il faut plutôt réduire la pression concurrentielle ou la pression actionnariale, si l’on peut faire l’un sans l’autre et laquelle des deux constitue le péché originel du néolibéralisme est de ce point de vue relativement vain. Elles se nourrissent l’une l’autre et font système. Elles doivent en réalité être réduites, l’une et l’autre, pour permettre une réelle remontée des salaires dans le partage de la valeur ajoutée.
Les protectionnistes sont attachés à l’industrie, s’opposant en cela aux lubies des libres échangistes pour qui la modernité implique une économie entièrement tertiarisée, centrée sur les services à la personne et les fonctions supérieures. La raison de cet attachement au maintien d’une base productive importante est simple : Seule l’industrie permet des gains de productivité significatifs et de créer de la richesse avec une main d’œuvre peu qualifiée. Le maintien d’un socle industriel suffisant est une condition indispensable pour retrouver le chemin de la croissance et du plein emploi.
Le protectionnisme a également des objectifs politiques. Il vise d’une part à permettre aux peuples de recouvrer une certaine souveraineté sur l’économie et donc de redonner de la substance au jeu démocratique.
Lorsqu’il est conçu à l’échelle communautaire, il a en outre la vertu de souder la communauté humaine des européens en suscitant entre eux des liens de solidarité, la demande des uns soutenant l’offre des autres et réciproquement. Le protectionnisme européen est en réalité le fruit d’un mariage improbable entre l’idéal souverainiste et l’idéal des fédéralistes européens. Il s’agit quelque part de favoriser l’émergence d’une méta-nation européenne, suivant l’exemple de Friedrich List qui au début du 19ème siècle a voulu accélérer l’unité de la nation allemande avec une union douanière, le Zollverein. Cette dimension constitue d'ailleurs l’une des faiblesses de la théorie mais on y reviendra.
Les moyens du protectionnisme
Contrairement aux caricatures des opposants, le protectionnisme ne vise pas à l’autarcie, ni à l’interdiction des importations. Le système reste ouvert aux échanges et en particulier aux capitaux productifs. Ainsi, si une firme étrangère dispose d’un produit produit technologiquement très avancé, elle pourra toujours venir le produire au sein de la zone protégée.
Le protectionnisme ne cherche pas à maintenir des industries obsolètes condamnées par la modernité, mais à protéger les salaires et une base productive suffisamment forte, face aux pressions à la réduction sans fin des coûts exercées par la mondialisation.
Les moyens sont simples, parfaitement connus et maîtrisés. Il s’agit des droits de douanes qui renchérissent le prix des produits importés pour les ramener au niveau des prix des productions locales ou des quotas qui limitent quantitativement les importations. Ce dernier système a la préférence des protectionnistes dans la mesure où ils permettent de contourner l’instabilité des monnaies et sont beaucoup plus objectifs. Il est en effet très difficile de déterminer le juste niveau des barrières douanières (ou pour prendre l’image favorite d’Hakim El Karoui, la hauteur des écluses). Comment en effet chiffrer le surcoût que représente notre système social ou notre vertu écologique ? Seule les corrections des déséquilibres monétaires sont réellement objectivables.
Le système des quotas a en outre l’avantage d’inciter les pays producteurs à rompre avec leur pratique de dumping, alors que les taxes les poussent à proposer des prix toujours plus bas pour gagner des parts de marchés. Dans un système où les produits sont contingentés, ils pourront être davantage incités à élever leurs standards de production.
Certains proposent de rétrocéder tout ou partie des taxes (ou du produit des ventes aux enchères dans un système de quota) au profit des pays producteurs afin de les aider à se développer. Je suis pour ma part très réservé sur cette proposition car ces fonds doivent s’analyser comme un surcroît de prélèvement sur le consommateur européen. Ces sommes devraient donc alimenter le budget de l’Etat et venir en substitution de taxes comme la TVA. Il n’y a pas lieu d’aider les pays exportateurs, sauf à considérer que le libre échange actuel constitue une forme d’aide au développement ou que les pays émergents disposent d’un droit définitif à disposer d’une balance commerciale structurellement excédentaire.
Une notion à géométrie variable
Ces principes posés, bien d’autres questions se posent. Le protectionnisme réouvre en réalité une multitude de questions qui échappent actuellement à la responsabilité politique : Quel niveau de spécialisation de la sphère productive ? Quelle est la taille optimale du marché intérieur ? Quels secteurs protéger ou relocaliser ? A quel niveau faire remonter la base productive ? Quelles régions productives privilégier dans la stratégie d’achat ? Quelle politique fiscale une fois que la base productive sera de nouveau fixée sur le territoire ? ect ...
Le modèle protectionniste reste en réalité compatible avec la stratégie de développement des libres échangistes. Rappelons là rapidement car elle existe même si elle est débile : En maximisant la pression sur les industries à forte intensité en main d’œuvre et les emplois peu qualifiés, on va favoriser l’évolution de notre économie vers activités plus sophistiquées, plus productives et à des emplois plus qualifiés pour tous. La pression concurrentielle des pays à bas coûts est ainsi considérée comme un facteur salutaire de mutations économiques qui conduiront, à terme, au paradis de la société post-industrielle, à plus d'efficacité des entreprises et à une meilleure efficience des structures publiquess. (Traduisez : A plus de profits pour les actionnaires, à moins d'impôts pour les contribuables fortunés et la disparition de toute industrie, car comme chacun sait, l’industrie c’est ringard, c'est sale, c’est moche et c’est plein de prolos qui votent mal !)
Le protectionnisme peut être conçu comme un moyen d’étaler dans le temps cette mutation, afin de laisser les transitions se faire sans trop de violence pour le corps social (c’est la thèse d’Hakim El Karoui) Mais il peut être conçu également un moyen de rompre définitivement avec cette thèse sado-masochiste pour défendre une économie plus équilibrée et plus stable, à l’abri de toute agression, le protectionnisme devenant dans cette hypothèse une forme de philosophie de la non-violence économique qui renonce à martyriser une société au nom de son développement.
De même, le protectionnisme peut-être conçu comme un moyen d’équilibrer les termes de la concurrence tout en conservant la perspective d’un marché mondial où chaque économie aurait vocation à se spécialiser sur ses avantages comparatifs (la théorie mi-chèvre mi-chou du “juste échange”). Mais il peut être aussi une solution de rupture pour renouer avec l’idée d’un marché intérieur et une économie autocentrée.
Comme on le voit, il existe un grand potentiel de débats entre les tenants du protectionnisme. Ce qui est parfaitement logique, car le protectionnisme ne vise en réalité qu’à permettre au pouvoir politique de reprendre la maîtrise sur des processus économiques. Dans un système de libre échange, il n’y a qu’une politique possible : S’adapter, réduire ses coûts (salaires, charges, impôts), se spécialiser, investir sur l’innovation et la formation, favoriser les transitions des secteurs condamnés vers les « nouvelles activités » et flexibiliser le marché du travail.
Dans un régime protectionniste, on peut de nouveau débattre du modèle économique que l’on souhaite adopter. C'est tout l'intérêt.
Malakine
A suivre : Peut-on vraiment espérer une réorientation du projet européen ?
Bonjour à toi et à tous !
(Entre deux virées en vélo dans la campagne printanière, la mise au vert étant parfois nécessaire même pour un anti-écolo provocateur de troisième génération, un écolo protectionniste quoi !)
Quelques réflexions en passant sur cette solide entrée en matière du phénomène protectionniste. A part ta phrase sur l’incitation des pays producteurs à relever leurs standards de production dans un tel système, tu n’as peut-être pas assez insisté sur le fait que le protectionnisme, loin d’être un frein à la concurrence, pouvait permettre, en égalisant les coût de production et les coût salariaux notamment, d’instaurer une véritable concurrence internationale basée cette fois sur la QUALITE des produits, ce qui peut être un facteur d’innovation au bénéfice de tous.
Sur la rétrocession des sommes collectées par les taxes ou les ventes de produits contingentés, je suis tout aussi dubitatif que toi, mais moins peut-être sur le principe que sur la traçabilité et les éventuels détournements du mécanisme !?
Sinon rien à dire sur l’exposé et toutes les pistes qui peuvent être explorées pour cerner le problème. Mes réserves viennent plutôt de l’opportunité économique qui verrait l’Europe se tourner vers de telles solutions. Disons que, même dans le contexte actuel d’effondrement latent du système financier européen, je suis aussi pessimiste que toi, sur la conversion des élites actuelles au système préconisé par Todd. Le constat d’Arthus que tu décrivais dans un billet précédent est désespérant mais juste. De même que la question de Feelgood sur la sensibilité des autres pays européens à mener une politique protectionniste.
Alors pas d’issue ? Si l’on s’en tient au strict champ économique, je crois qu’effectivement il n’y en a pas. Mais le problème n’est-il pas justement de n’envisager que ce seul angle d’attaque, c’est-à-dire le point de vue du barbare, tant il est clair qu’un pouvoir économique global tend depuis plusieurs décennies à s’affirmer non pas contre tous les autres –politique, culturel et même militaire- mais en prenant tout bonnement leur place. Ici la partie n’est pas encore perdue parce que les peuples ont encore une colonne vertébrale et reconnaissent dans les états nationaux leurs interlocuteurs privilégiés bien avant toute construction supranationale.
Je crois en fait que la violence de l’histoire est l’inconnue qui s’invitera au festin, et je ne crois plus du tout –n’en déplaise à Todd et biens d’autres- à une solution « raisonnable » aux problèmes que pose le Moloch européen (en attendant le Moloch atlantico-européen) aux peuples qui sont désormais placés sous sa coupe.
Tout viendra de la France, c’est inéluctable. Les déclinistes ont pour habitude –ou pour tic- de mettre en parallèle une France rabougrie sur son pré carré dans une Europe tournée vers le vent du large. Singulière image retournée de la réalité des choses. Face à une Europe sénile (regardez les courbes de natalité de quasiment tous les pays membres à part l’Irlande) dont des pans entiers n’ont pas encore digéré les séquelles du communisme, la France fait singulièrement figure de pôle irrésistible de jouvence (peut en importe les raisons d’ailleurs et le billet que tu avais écrit un jour sur la « natalité en mal de vivre » de ce pays reste judicieux).
Il est impossible que la France, avec tous les problèmes que posera sa natalité en terme d’emplois, de formation et tout simplement de PERSPECTIVE D’AVENIR, ne fasse pas exploser le cadre étriqué que tend à lui fixer l’Union européenne. Le schéma qu’avait fixé Todd dans l’Illusion Economique pour le seul avenir de la France se répercutera alors sur l’Europe entière.
J’en reviens au passage aux premiers billets que tu avais écrits à la fin du mois dernier sur l’idée protectionniste. J’avais trouvé qu’ils pêchaient un peu par idéalisme. Tu t’étais lancé (après bien d’autres) dans un inventaire des valeurs perdues et qu’il était nécessaire de retrouver : goût de l’effort et du sacrifice, religiosité au sens large, transcendance, humanisme. Je suis plus intéressé personnellement par les mécanismes historiques et sociologiques qui pourraient remettre en selle de telles valeurs, ce qui implique que l’on identifie tout aussi clairement ceux qui ont permis leur dépérissement. J’attendais de toi une analyse, n’ayons pas peur des mots, plus marxiste (je précise utilement au passage que je n’ai rien à voir avec les enfants dévoyés de Marx et que je suis tout autant que la plupart ici partisan de l’économie de marché) ou par extension plus toddienne (de Todd, notre grand frère à tous).
Concernant la France je crois que qu’un cycle historique, celui qui a porté la construction européenne s’achève corps et bien, les générations ayant marqué cette période arrivant elles aussi en fin de cycle et dans tous les sens du terme. J’ai souvent manifesté mon animosité ici et ailleurs contre la génération des classes moyennes, celle qui a pris possession de la France dans le sillage de mai 68, et cela m’a souvent été reproché. Je persiste et signe : c’est le dépérissement et la fin programmée de ces générations ainsi que de leur expression politique privilégié, le parti socialiste, qui précipitera les évènements. Leurs fils et leurs filles se cognent désormais aux murs de la réalité européenne qui n’a que faire de leur nombre et de leur niveau d’instruction et le phénomène n’ira qu’en amplifiant avec le temps.
Mais d’autres ruses de l’histoire couvent certainement là où les apprentis sorciers de l’Europe ne les attendaient pas, tout à leur grande béatitude et leurs petits calculs. Lors du référendum de 2005 sur le TCE, j’avais déjà noté avec surprise le « tabac » qu’avait fait le non dans la plupart des quartiers populaires massivement peuplés d’enfants proches ou lointains de l’immigration. Je tiens le pari que dans très peu de temps toutes ces populations reporteront sur l’Europe les griefs qu’ils entretiennent pour l’instant vis-à-vis de la France et cela pour des raisons historiques. La politique d’effacement de la spécificité nationale menée par l’actuel président les y aidera grandement (l’histoire est faite aussi par des gros malins). Après tout, ce ne sera pas la première fois que le flambeau du drapeau national, dans des circonstances difficiles, sera ramassé par des basanés et des crépus !
Dans un article remarquable publié récemment dans « Libération » notre Marcel Gauchet national soulignait combien la construction européenne, et à l’inverse des vœux naïfs de la génération Miterrand, s’était opérée en fait contre la France et ses valeurs originelles à rebours du libéralisme anglo-saxon. Elle le paiera cher (très cher même, tant pour moi tous les scénarios sont possibles). L’Europe n’en a pas fini avec la France !
Rédigé par : daniel dresse | 08 mai 2009 à 03:19
Que l'Europe est construit sur un modéle libéral et anglo saxon n'est pas une surprise (on le voit non seulement sur les positions économique mais aussi sur l'athlantisme, la France et l'Allemagne étaient bien seules sur l'Irak, les bases de la CIa en Europe de l'Est) d'ailleurs la Grande Bretagne s'est bien gardé avec Tatcher puis avec l'Euro de nous le faire comprendre. On peut aussi voire que ce constat contrairement emmène une véritale angoisse chez les couches populaires françaises sont beaucoup plus touché par l'eurosepticisme que les autres populations européenes et que l'on retrouve chez les souveranistes français des Républicains progressistes et non xenophobes (ce qui plus rare dans les autres pays européens où les deux extrèmes constituent souvent les forces ant européenes).
Que pouvons nous faire est la question qui revient toujours l'Europe ne peut fonctionner sans le couple franco-allemand et nous, français ne pouvons voire notre avenir sans l'Europe (que pouvons peser avec soixante millions d'habitants face à des états continents ?) Le choix du coeur serait de défendre nos valeurs coute que coute mais nous ne pourrons le faire qu'en convaincant l'Allemagn mais aussi l'Espagne de la nécéssité du protectionisme.
Rédigé par : Magnin | 08 mai 2009 à 12:34
@ Malakine
Lors du dernier débat de la fondation ResPublica (celui pour lequel tu t’es lâchement défilé : tu as perdu l’occasion de rencontrer Pascal Fourier), Jean-Marc Daniel défendait, avec un certain talent je dois l’admettre, les bienfaits du libre-échange. Il a par exemple indiqué qu’en fait, nous n’avions encore jamais connu un vrai régime de libre-échange puisque les distorsions (celles dont parle F.Lordon par exemple) ont toujours existé. Il a aussi fait remarquer que les droits de douane, c’est le consommateur qui les paye et enfin que le système de change flottant enlève tout sens à des mesures protectionnistes. Je fais court et je ne prétend pas être d’accord avec tout mais j’ai trouvé que les partisans du protectionnisme présents (Gréau et Sapir qui est parti avant la fin) n’ont pas réfuté efficacement ces théories.
Tout ça pour dire que le débat n’est pas fini et que les 2 camps ont des arguments sachant,encore une fois, que les concepts de libre-échange et de protectionnisme décrivent des situations qui n’ont jamais existé.
Fidèle à mes obsessions, je crois qu’il y a un aspect des choses qui mérite d’être traité sérieusement c’est le protectionnisme financier et le nécessaire contrôle de la circulation des capitaux. Il me semble qu’aucune protection ne pourra être mise en place efficacement si un tel contrôle n’est pas institué.
@ Daniel
Je me permets, une fois de plus, de me réjouir de te voir venir commenter ici.
Tes propos sur l’Europe et les classes moyennes me paraissent très pertinents et me permettent de faire une petite digression avec les propos tenus dans Le Parisien (mon journal de référence) par Jacques Barrot « le seul français membre de la Commission à Bruxelles ». Ce type, qui si mes souvenirs sont bons, ne parle aucune langue étrangère, vient expliquer qu’un cadre qui gagne 4000 euros en France doit pouvoir accepter de partir travailler en Pologne en gagnant moins si il est au chômage, pour « apprendre autre chose ». Je suppose que c’est dans ce même état d’esprit qu’il est parti à Bruxelles ?
Si la révolution a lieu en France, je crois qu’il sera un des premiers à devoir se planquer !
Rédigé par : RST | 08 mai 2009 à 13:02
RSt pour rebondire sur ta dernière phrase les gens comme Giscard Delors ou Barrot ne partiront pas d'eux il y a deux seuls possibilités :
-soit à coup de pompes dans le cul (ce qui n'est pas souhaitable)
-soit par les urnes ce qui est peu probable quand on voit la vie politique française !
Si ça continue c'est peut etre nous qui iront faire plombier en Pologne ou au Vénézuéla
Rédigé par : Magnin | 08 mai 2009 à 14:37
@ Daniel Dresse
Bah ça, c'est du commentaire ! C'est toujours délicat pour moi de réagir à des commentaires quand j'ai déjà écrit la suite. J'ai fini ce matin le 3ème billet de la série. La dernier par contre attendra la semaine prochaine. En un mot, on est d'accord.
Ta remarque sur la natalité (on se souvient même de mes articles provocateurs ?) me rend perplexe. C'est un argument que j'utiliserais pour justifier un divorce avec l'Allemagne. Le problème c'est qu'il ne conduit à rien d'autre que de faire cavalier seul, car il n'y a aucun pays en Europe qui ait une natalité "normale".
Idéaliste l'ancienne série de billet ? Ah bon ?? Je l'ai pour ma part trouvé un peu trop plate et consensuelle ... Quand à l'analyse marxiste, c'est trop m'en demander. L'analyse Toddienne c'est plus à ma portée (simplement parce que je connais mieux l'oeuvre) Je te ferais remarquer cependant qu'Emmanuel ne s'est jamais aventuré à préconiser la moindre recette pour sortir de l'individualisme narcissique. (On parle bien de ça non ?) Il y a une seule chose que j'ai dite et qui me semble plus ou moins convaincante, c'est que l'obsession de la santé via le sacro-saint principe de précaution s'étendra tôt ou tard de la sphère individuelle à la sphère sociale. Un jour viendra où les gens en auront marre d'avoir peur et souhaiteront plus que tout être rassuré quand à leur avenir.
@ Magnin
Comme je l'écrirais bientôt, je pense qu'il va bientôt falloir arrêter d'attendre l'Allemagne et la laisser vivre sa vie de grande puissance exportatrice. Mais on en parlera la semaine prochaine !
@ RST
On aura d'autres occasion de se rattraper ! Pas grave. Je ne vais pas raconter ma vie ici, mais je ne pouvais vraiment pas. J'aurais mieux fait que de faire ce que j'ai fait et d'être avec qui j'étais mais ça c'est une autre histoire.
Ces arguments sont connus. Oui, c'est le consommateur qui paie les droits de douanes. Et c'est le travailleur qui paie le libre échange. Mais n'oublions pas aussi que c'est le contribuable qui paie le chômage ! Pour les changes flottant, on est au courant, c'est pourquoi on préconise plutôt des quotas.
Sur le protectionnisme financier, tu dois te souvenir de la question que j'avais posé au colloque à l'ensemblée où on était tous les deux ? Je m'en tient à la réponse qu'avait apporté Jacques Généreux. Ca dépend des capitaux. Il n'y a pas de raison de limiter la circulation des capitaux productifs, mais on peut en revanche limiter les mouvements spéculatifs et même interdire l'acquisition de certains produits financiers.
Note cette phrase de Barrot pour les Horizons d'or 2009. Elle mérite d'ores et déjà de figurer sur le podium !
Rédigé par : Malakine | 08 mai 2009 à 15:02
Rien à voir, mais vous avez vu ? On parle de notre ami Laurent dans le Monde d'aujourd'hui !
http://abonnes.lemonde.fr/elections-europeennes/chat/2009/05/06/faut-il-moins-d-europe_1189531_1168667.html#ens_id=1190364
Rédigé par : Malakine | 08 mai 2009 à 15:04
Sans l'Allemagne nous nous marginaliserons !! C'est un choix audacieux mais encore faut-il savoir ce que nous voulons faire après ? sortir de l'Euro, c'est prendre des risques, on peut spéculer des solutions longtemps
Rédigé par : Magnin | 08 mai 2009 à 16:48
La raison pour laquelle les quotas gérés par l'exportateur sont préférés aux tarifs est que cette méthode n'est pas interdite par l'OMC (ou anciennement GATT) et qu'ils diminuent le risque de représailles de la part de l'exportateur (puisque celui-ci récupère la taxe associée au quota).
Rédigé par : jean_ | 08 mai 2009 à 17:40
C'est d'ailleurs que comme cela que les États-Unis se sont protégés des très dangereuses petites voitures japonaises moins polluantes et moins chères pendant plus de 20 ans.
Jusqu'à récemment, nous étions aussi protégés de l'affreux textile étranger grâce aux merveilleux Accords Multi-Fibres.
Ce type d'accord est appelé en anglais "Voluntary" Exports Restraints.
Rédigé par : jean_ | 08 mai 2009 à 20:05
@jean_
Manifestement vous n'aimez pas le protectionnisme mais vos exemples sont stupides et sous-entendent que c'est parce que les USA n'ont pas importé de petite voiture japonaise que leur industrie s'avère inadapté au choc pétrolier, c'est bien mal connaitre l'évolution du marché auto nord américain. Je vous signales que l'industrie américaine de la voiture décline depuis fort longtemps, les japonais et les allemands ont fait des trous dans le marché US depuis les années 80. Si les américains ont pu si longtemps avoir des grosses bagnoles comme on dit communément c'est avant tout parce qu'il ne taxe pas le pétrole comme les européen et les japonais, on voit d'ailleurs ici à long terme l'effet bénéfique d'une taxe qui oriente la consommation vers un usage plus écologique. Si les américains avaient taxé le pétrole ils auraient aujourd'hui une industrie auto adapté à l'évolution du prix de l'essence.
Je trouve malsain vos propos qui visent à discrédité les protectionnistes en usant de terme comme "affreux textile étranger" qui sous-tend que nous serions des xénophobes. Il se trouve que ce n'est surement l'emploi de monsieur jean qui a été détruit par la suppression des quota sur le textile et que bon nombre d'énergumène de votre genre ne subissent jamais les adaptation qu'ils prônent pour les autres. Réfléchissait un jour au nombre de vie brisées que votre libre-échange a provoqué pour engraisser quelque rentiers bien assis derrières leur écrans comme vous peut-être, exigeant des autres des sacrifices aux noms de prétendus lois "naturelle" et d'optimum du marché.
@Magin
Il ne faut pas avoir peur de sortir de l'UE ou de nous coupé de l'Allemagne, le seul danger qui nous menace c'est l'immobilisme. Encore une décennie comme çà et la France sera un pays du tiers-monde qui importera tous ce qu'il consomme et qui devra prostituer ses filles à de riche chinois pour maintenir à flot ses comptes extérieurs. Remarquait la prostitution est un secteur du tertiaire qui a tout çà place dans la société post-industrielle.
@Malakine
Il y a une hypothèse qui ne doit pas être négligé non plus quand on parle d'innovation. Nous avons peut-être atteint les limites physiques de ce à quoi la science et la raison humaine pouvait nous amener. Les libre-échangistes comme la plupart des modernes imaginent une science croissant toujours mais c'est une hypothèse on ne sait pas si c'est vrai. Encore une fois bon nombre de secteurs industriels sont touché par les rendements décroissants, des gains de productivité réel qui ne croissent plus proportionnellement à l'investissement. C'est ce phénomène qui a produit la fin des trente glorieuse et il n'est pas sur que connaitrons un jour une phase aussi dynamique qu'après guerre. Donc si les investissement croissant ne font plus progresser la productivité la thèse selon laquelle en délocalisant nous pourront investir plus dans l'innovation et ainsi faire plus de gains de productivité tombe à l'eau.
Autre chose il faut rappelé que copié coute moins cher qu'innover. C'est une loi immuable chaque pays anciennement industrialisé s'est toujours fait rattrapé par les nouveaux venues, on ne voit pas en quoi la Chine ou l'Inde feraient exceptions, et comme les salaires ne suivent pas là encore l'hypothèse d'adaptation par l'innovation tombe à l'eau.
Rédigé par : yann | 08 mai 2009 à 22:03
@ Yann
Moi je ne suis pas un européiste forcené loin (c'est meme le moins que l'on puisse dire, j'étais un des rare ado de gauche à soutenir Chevènement en 2002 c'est dire) mais vouloire sortir de l'Europe sans projet concret est aussi dangereux que de rester dans cette Europe. Avec des élites (intellectuel de gauche comme de droite d'ailleurs Nouvel Obs comme Figaro, financier ou politique tous pour l'Europe national, libéral et financière) nous ne pourrons sortir de cette situation comme je disais un peu plus en haut si on veut sortir de l'Europe ça ne peut être qu'à coup de pompe dans le derrière c'est à dire de manière brutale et confuse )
Quand au tiers monde, je te trouve vraiment pessimiste la France a encore des ressources économiques et financières et le pouvoir arrivera toujours à coup de relance à la consommation, de grippe porcine et de tiercé à nous faire gober tout et n'importe quoi, la société de consommtion sans consommateur étant terrible pour le pouvoir économique. Des consommateurs déracinés et décérébrés est justement le reve de ces gens.
Rédigé par : Magnin | 08 mai 2009 à 22:28
@ Malakine
Non je ne parlais pas de l’individualisme narcissique, sur lequel Todd s’est effectivement contenté de poser pour l’instant un diagnostic d’ordre purement politique (pour une approche plus profonde, je crois que la référence reste encore le déjà ancien livre de Christopher Lasch « La culture du narcissisme » écrit il y a trente ans). Je faisais simplement allusion à des vidéos récentes (surtout celles d’un colloque organisé l’an passé par Debout la République) où je trouvais qu’il défendait l’idée d’un « protectionnisme raisonné » avec une (trop) grande prudence de langage. Il est vrai qu’agiter cet épouvantail là n’est pas chose aisée par les temps qui courent, même devant un auditoire à priori séduit.
Sur la natalité, je suis tout aussi perplexe que toi face à la perspective d’une France bien partie pour être la puissance la plus peuplée d’Europe avant deux décennies. La rupture avec l’Allemagne ? Oui sans doute, et j’entends déjà se lamenter (qu’allons-nous devenir !) tous ceux dont les réflexes de pensée sont restés ancrés dans la grande réussite exportatrice de l’Allemagne des dernières décennies. Mais l’interrogation est parfaitement réversible. Les nouvelles conditions qui sont en train de se mettre en place suite à l’entrée du monde dans la grande crise économique seront-elles aussi favorables qu’hier à l’Allemagne ? Autrement dit la Chine aura-t-elle autant besoin des machines outils allemandes dans un contexte de récession longue ? Avec un système bancaire aussi chancelant qu’ailleurs en occident, comme l’ont montré les dernières révélations du Spiegel sur le volume réel des actifs toxiques détenus par les banques allemandes, le vent du large risque à l’avenir de manquer de souffle pour gonfler les voiles du vaisseau d’outre-rhin.
En fait, l’Allemagne pourra-t-elle réellement se passer de nous ? La perplexité vient peut-être alors de ce que je n’ose aller au bout de mon constat par peur de passer encore pour un provocateur obsessionnel et un nationaliste nostalgique et revanchard (volées de frites grasses balancées par Le Belge). Je ne crois pas impossible en effet que sous l’effet conjugué du dynamisme démographique de la France et des turpitudes d’un monde en crise, l’Europe -Allemagne incluse- n’en revienne à une configuration qui était la sienne au moment de la Révolution française, c’est-à-dire passer sous influence française sur le plan des valeurs et du modèle à adopter. Une perspective aussi atroce au commun de nos élites hexagonales (celles qui parlent anglais comme des vaches normandes et envoient leur progéniture se parfaire au MIT) a de toute façon déjà son antidote (dixit Mélenchon) : le « nouveau monde irrésistible » cher à Monsieur Sarkozy, soit l’Europe de Kiev à Ciudad Juarez ! Il faut reconnaître qu’il est des délires qui ne manquent pas d’espace, et que faire une monnaie commune Dollar/Euro serait un moyen certes techniquement séduisant d’enrayer la faillite annoncée du billet vert. Quant à ce que penseront les allemands de ce moyen là, je m’en tape déjà sur le ventre !
@ Yann
Je note dans votre commentaire comme d’ailleurs dans plusieurs que j’ai déjà lu de vous faisant allusion au problème, que vous semblez accorder une place primordiale à la loi des rendements décroissants dans le processus qui a conduit à la fin des trente glorieuses. N’étant pas économiste et faute d’autres lumières sur le sujet, j’ai moi-même longtemps admis cette explication là comme la plus plausible. Je n’en suis plus si sûr aujourd’hui, surtout après avoir pris connaissance des travaux de Thomas Piketty (il y a ces jours ci un très bon article de Thomas Piketty sur Contre info.info lequel résume bien sa pensée). D’après lui, la forte poussée d’innovation dans tous les domaines –technologique autant que social entre autres- qui a marqué les trente glorieuses, serait d’abord venue de la formidable destruction des patrimoines occasionnée par deux guerres mondiales et une longue crise économique entre les deux. Les nécessitées de la reconstruction auront alors donné un temps toute leur chance à l’énergie et au mérite individuel face à l’atout implacable que représentait traditionnellement l’héritage. Le monde aura vécu ainsi l’espace de quelques décennies dans l’illusion qu’un capitalisme sans capital et dévoué au seul travail était possible (avec pour modèle héroïque et référent « le cadre »). La dynamique du mouvement s’est alors enrayée dans les années soixante dix, tout simplement parce que la logique de reconstitution des patrimoines a de nouveau produit tous ses effets pervers autant dans les sphères économique que sociale. Les trente glorieuses ont ainsi pris fin surtout parce que l’argent a eu de nouveau l’opportunité de suivre son inclinaison naturelle qui est d’aller à l’argent, et non au travail. Cela a été d’autant plus facile que les mécanismes extérieurs qui avaient permis la stabilisation du système ont été puissamment remis en cause par la nouvelle idéologie dominante. On ne dira jamais assez combien la révolte contre l’impôt aura été le bras armé de la restauration du capital patrimonial.
Sinon merci encore pour votre défense opiniâtre de l’idéal protectionnisme !
Rédigé par : daniel dresse | 09 mai 2009 à 01:49
@Yann:
Peut-être que le libre-échange a contribué à détériorer les conditions de vie des travailleurs non qualifiés en Europe (ce n'est pas certain, car le progrès technique peut aussi avoir cet effet) mais il a au contraire amélioré le sort des travailleurs d'Asie. Un pays comme la Corée du Sud a maintenant un niveau de vie comparable (encore inférieur toutefois) au notre.
Il est tout à fait vrai que le libre-échange provoque des RÉALLOCATIONS d'emplois, avec malheureusement des périodes de chômage. Mais c'est loin d'être le seul en cause.
Surtout, le libre-échange permet de produire plus en travaillant moins et en gaspillant moins.
Ce sont les gens qu'il faut protéger, pas les voitures ou les emplois.
Le seul attrait que le protectionnisme peut avoir est que, politiquement, les effets redistributifs sont cachés. C'est aussi un de ses gros inconvénients: la plupart des barrières douanières n'avantagent pas les bas salaires mais des industriel ou des grands propriétaires terriens.
Rédigé par : jean_ | 09 mai 2009 à 01:50
@ RST
Votre argument sur le libre-échange est intéressant, mais il me semble que Sapir ou Gréau (peut-être même Lordon, même s'il a reconnu, lors d'une réunion à laquelle j'ai assisté, que se dire protectionniste aujourd'hui était à peu près aussi mal vu que se dire pédophile) pourraient y répondre en disant que discuter des conditions idéales du libre-échange est certes intéressant théoriquement, mais aussi pertinent ACTUELLEMENT que s'interroger sur la nature de la société communiste parfaitement réalisée, ou pas mal d'autres choses du même genre.
Ce que les défenseurs du libre-échange défendent aujourd'hui, c'est l'ensemble des distorsions de concurrence acceptées, et même expressément souhaitées par "le système" (j'emploie cette expression pour faire court). Le débat sur l'essence du libre-échange ayant le même rôle, pour certains, que le débat sur le socialisme réel à une époque pas si éloignée: faire porter la question sur autre chose que la réalité de ce que défendent les défenseurs de la théorie des avantages comparatifs APPLIQUEE AU MONDE ACTUEL (c'est-à-dire dans des circonstances n'ayant pas grand chose à voir avec celles envisagées par Ricardo -cf le dernier livre de Gréau).
Rédigé par : archibald | 09 mai 2009 à 05:34
@archibald:
À part pour des secteurs spécifiques (aéronautique), les distorsions crées par la politique douanière/monétaire des autres pays n'a aucune conséquence sur le fait que le libre-échange est meilleur que le protectionnisme.
Pour ce qui est de corriger des distorsions internes, mieux vaut corriger ces distorsions plutôt que d'avoir recours aux tarifs.
Le protectionnisme est mauvais à la fois pour le pays qui le met en place et le pays vers lequel il est dirigé. Vouloir corriger par un autre tarif, c'est juste faire payer encore plus les consommateurs de son pays.
"Ce n'est pas parce que les côtes des autres pays sont rocailleuse qu'il faut mettre des pierres dans nos ports."
Rédigé par : jean_ | 09 mai 2009 à 12:24
@ Jean
Je faisais aussi référence à un thème bien connu des protectionnistes européens, celui de la concurrence par les sites de production (et donc les coûts).
Rédigé par : archibald | 09 mai 2009 à 13:23
@ Jean
Je ne saurais trop vous conseiller la lecture de Jacques Sapir: "Libre échange, croissance et développement (quelques mythes de l'économie vulgaire)". Entre autres.
Rédigé par : archibald | 09 mai 2009 à 14:56
@archibald: A ce que je vois, Jacques Sapir déduit la totalité des recettes fiscales des bienfaits du libre-échange. Or ce sont seulement les pertes sèches associées à une augmentation des autres impôts équivalente au montant des droits de douane qu'il faudrait retrancher. En effet, la baisse des tarifs bénéficient avant tout au consommateur qui paye moins cher ses achats (Excepté dans des cas particuliers comme le pétrole. Si l'Europe baissait les taxes sur l'essence, une bonne partie du montant de ces taxes irait dans la poche des exportateurs de pétrole. Notez que je suis pour les taxes sur l'essence dans la mesure où elles permettent de construire des routes et de dissuader la pollution.).
Pour ce qui est du stress, si il est certain qu'il cause du tort au salariés, rien n'indique que l'ouverture internationale y soit pour quelque chose.
Pour ce qui est coûts administratifs, 2 choses:
_Il n'est nul besoin de faire des accords pour réduire les barrières douanières.
_Le contrôle de la qualité des produits importés ne coûte pas plus cher que celui des produits domestiques.
Rédigé par : jean_ | 09 mai 2009 à 16:55
@ Malakine
Effectivement, il existe quelques doutes quant à l'alternative protectionniste et Jacques Sapir a déjà évoqué une sortie de crise au cas où les pays de l'UE ne se mettaient pas d'accord.
Doit-on rétablir le tarif extérieur commun comme le réclament certains jeunes socialistes?
Doit-on mettre en place la taxe Lauré basé sur des normes sociales (OIT) et environnementales afin de créer un fonds de convergence sociale pour les pays tiers?
J'ai toujours eu impression que le protectionnisme européen était surtout un moyen de réveiller le politique face à l'économisme néo-classique et gestionnaire. Je crois encore à cette alternative car comme le dit Philippe Arondel dans Le Nouvel Economiste:
"A l'heure où nous sommes confrontés, comme l'on dit dans les gazettes, à des défis historiques, au moment où l'on attend de nous que nous ayons le courage intrépide de réinventer positivement la grammaire du monde, nous nous laissons, au contraire, à une déclinaison compulsive d'un vertige catastrophiste flirtant avec les plus détestables pulsions autodestructrices."
Autrement, notre camarade Laurent est une vraie star (et de surcroit fort occupé en ce moment!)
@ Yann
Le babycrash chinois dans 30 ans, résultat de la politique de l'enfant unique risque d'avoir un effet majeur sur le libre-échange (le Vietnam, la Birmanie n'ont pas la puissance de feu des chinois).
La chute finale pour l'empire chinois?
Rédigé par : René Jacquot | 09 mai 2009 à 17:24
@ Jean
Yann t'a très bien répondu. J'ajouterais que la fin de l'accord multifibre sur le textile s'est essentiellement fait au détriment des producteurs d'Afrique du nord.
@ Yann
J'aime beaucoup ta théorie de la recherche de la productivité par les coûts comme échapatoire à un plafonnement de la productivité par la technique. Ce n'est pas ça qui explique les délocalisation, mais c'est une clé d'interprétation qui peut s'ajouter. En tout cas, il me semble qu'on est d'accord pour constater une tendance lourde au tarissement de la croissance. C'est quelque chose dont il faudra prendre conscience pour s'y adapter car nos systèmes sociaux exigent une croissance de 2% minimum pour demeurer stables.
@ Daniel Dresse
Je suis très réservé sur l'argument qui consiste à prédire un retournement spontané de la stratégie allemande compte tenu du tarissement des ses débouchés à l'export. D'une manière générale, je n'aime guère les thèories qui attendent tout d'un retournement naturel (genre : les chinois vont finir par se rebeller et demander des augmentations de salaires) Ce genre d'arguments est "munichois" En outre et plus fondamentalement, je ne comprends pas comment un Pays qui a assis sont développement sur l'export et la compression de ses coûts salariaux pourrait se reconvertir à l'idée du développement par la croissance du marché intérieur, quand bien même ce marché serait à ses frontières (l'UE). Si l'Allemagne est une grande puissance exportatrice, il y a aussi des raisons antropologiques à cela (voir l'illusion économique de Todd) Je pense aussi que cette tendance à l'extraversion va être accentuée par sa récession démographique. Une population qui décline, c'est moins de demande intérieure et moins d'emplois à créer. C'est pourquoi je pense aujourd'hui à une incapacité définitive de l'allemagne à penser son développement selon un modèle keynésien.
@ Jean
La théorie du rattrapge est sympathique mais elle ne se constate pas dans les faits. Si c'était le cas, on aurait assisté à une stabilisation de l'excédent commercial chinois, voire un rééquilibrage des balances commerciales avec les Etats-Unis et l'Europe.
Et que faites vous de l'arguments sur la compression de la demande globale ?
Je connais aussi l'argument sur les réallocations d'emplois, mais rappelez moi quels sont les emplois productifs qualifiés qui se sont développé en Europe ces 10 dernières années ! Même Artus reconnaît que les emplois producifs perdus par le libre échange ont été remplacé par des emplois de services à la personnes peu productifs.
Quand à l'affirmation selon laquelle le protectionnisme est mauvais et le libre échange très bien, il serait acceptable si les trente glorieuses avaient été une période de stagnation et si le libre échange ne nous avait pas conduit dans la crise actuelle. La doctrine c'est bien, mais il ne faut pas oublier comment elle se traduit dans les faits !
Enfin, l'argument sur les bienfaits pour le consommateur il est partiellement juste, à la réserve près que la réduction des prix profite aussi et surtout aux marges des importateurs et des distributeurs (donc aux profits) voir ce qui s'est passé dans le textile. Les prix aurait-ils baissé depuis la fin des quotas ??
Mais les protectionnistes privilégient davantage le sort du producteur et des salariés que des consommateur. 1- parce que pour faire de la croissance, on a besoin d'un base productive forte et ce n'est pas une économie fondée sur la consommation qui peut l'assurer (pas de productivité) 2- Parce que les dégâts sociaux liés à la perte de la base productive, le consommateur la paie aussi d'une autre manière (hausse des allocations sociales, pertes de ressources fiscales)
Un point d'accord : La montée du stress n'a qu'un rapport lointain avec l'ouverture internationale. C'est le fruit d'une intensification de la pression qui pèse sur le travail. Le capitalisme actionnarial a aussi sa part de responsabilité, mais le facteur principal est encore idéologique (l'idéologie de la compétition...)
Néanmoins le coût du stress est à intégrer lorsqu'on fait le bilan comparatif entre une économie fondé sur l'hypercompétition et une économie protégée avec un degré de précarité moindre.
@ René Jacquot
J'avais lu quelque part que la Chine serait un pays qui serait vieux avant d'être riche...
Rédigé par : Malakine | 11 mai 2009 à 11:34
@René Jacquot
Ce qui est aussi inquiétant c'est le déséquilibre du ratio homme/femme dans le cas de la Chine, c'est ce qui m'a fait dire que la France finirait par prostituer ses filles à de riches chinois si on continue dans la même direction.
@Daniel
J'ai une formation scientifique et j'ai par conséquent tendance à penser que ce qui peut-être pensé et réalisé le sera quelque soit le système économique qu'il y a derrière. Bien sure suivant le système d'organisation économique les effets globaux diffèreront, mais l'hypothèse de la technique maitresse du "faisable" me semble plus pertinente que le fait que ce soit l'organisation économique qui produisent des effets techniques. On sait pertinemment que le cout des nouvelles technologies ne cesse de croitre sans pour autant apporter des bénéfices proportionnels. L'exemple typique étant la sphère médical ou encore l'armée américaine dont certain disait qu'un jour la totalité de son budget serait absorbé par la fabrication d'un seul avion qui ne volerait jamais car constamment sujet à amélioration.
La dernière industrie soumis à la logarithmisation de ses progrès est l'industrie du semi-conducteur, la célèbre loi de Moore est dépassé. Les microprocesseurs atteignant les limites physique que permet la réalité en terme de miniaturisation (l'épaisseur des transistors feront bientôt un atome!), pour compenser les fabriquant multiplient les cœurs des processeurs mais augmentent ainsi la complexité de programmation sans que les performances ne suivent les rythmes anciens. Bref tous çà pour dire que même cette industrie fer de lance de la "dynamiques" industriel des années 1990-2000, est elle aussi atteinte par la maladie inhérentes au ralentissement du progrès lorsqu'il atteint les limite physique du monde réel. Et pourtant ils croulent sous les milliards d'investissement chez Intel et compagnie, çà n'a donc rien à voir avec la quantité d'argent investie. Maintenant rien n'empêche d'imaginer des ruptures dans nos connaissances fondamentales, mais c'est ici dans le domaine de la recherche à long terme qu'il faut aller et on peut aussi bien reste bloqué une décennie ,qu'un millénaire, voir pour toujours s'il n'y a aucune solution c'est possible aussi.
Je me perds un peu dans les détails mais je cherche à illustrer concrètement les limites du progrès scientifiques, progrès qui convenons en est le seul moteur de la hausse du niveau de vie réel. Pour ma part je pense que c'est le progrès technique qui a permis au capitalisme de survivre, ce dernier est un système dynamique qui ne peut vivre qu'avec une croissance constante des gains de productivité permettant de nourrir le délirant système des taux d'intérêts composés. Alors d'après vos propos, si j'ai bien compris, le capitalisme empêcherait le progrès technique, il l'aurait étouffé petit à petit jusqu'à ce que finalement il n'y ai plus de progrès du tout. Ce n'est pas forcement faux, les choix économiques ont bien tué le progrès technique en URSS, il faut dire qu'avec près de 17% du PIB consacré à l'armé il ne restait plus grand chose pour les investissements de la recherche civile. On sait également que les multinationales préfèrent maintenant investirent plus dans la pub que dans la recherche (la part de la pub dans le PIB mondial est nettement supérieur à celle de la recherche scientifique). De la même manière l'industrie pharmaceutique préfère-t-elle rebaptisé de vielles molécules légèrement modifiés histoire de maximiser ses profits et les redistribuer aux actionnaires. Mais c'est peut-être une histoire de poule et d'œuf, c'est parce qu'il n'est plus rentable de faire de la recherche, les gains de productivités devenant trop faible, que les entreprises préfèrent investir dans ce qui peut leur faire gagner des parts de marché plutôt que dans une recherche qui n'aboutit qu'a des micro-gains. On peut aussi en déduire que quand le progrès technique est rapide le capitalisme est un bon moyen d'allouer les ressources, mais quand il est lent le capitalisme devient fortement gaspilleur.
Autre hypothèse le libre-échange a produit une déformation des investissements. Je l'avais déjà dit à Malakine mais le libre-échange favorise un comportement de faible investissement dans le progrès technique. La hausse des revenue qui avait comme effet d'accroitre la hausse de la demande avait aussi comme impact de faire pression sur les entreprises pour investir dans les machines et l'amélioration des gains de productivité. En effet avec le manque de mains d'œuvre il faut innové sans cesse pour y palier. On notera que l'esclavage massif où la main d'œuvre ne vaut rien n'est pas particulièrement incitatif à l'investissement productif. A quoi bon investir dans les machines pour faire 3% de gain de productivité quant on peut délocaliser et faire 50% de gains par la sous rémunération des salariés. Bien sure dans ce cas là il n'y a pas de gain de productivité réel mais seulement transfère de richesse du travail vers la rente et esclavage.
Rédigé par : yann | 11 mai 2009 à 23:34
@ Yann
Merci pour votre profond commentaire. Vous reprenez en fait l’argumentaire de quelqu’un qui a beaucoup compté dans ma formation personnelle et qui est Jacques Ellul. Dans « Le bluff technologique » notamment (Hachette 1988, il existe aussi dans la collection de poche « Pluriel ») Jacques Ellul développait longuement l’idée que le progrès technologique était condamné à terme par le mur que représentait ses coûts exponentiels de mise en œuvre, et cela quel que soient les révolutions auxquelles ces innovations donneraient lieu.
Alors que l’ordinateur individuel en était encore à sa phase de percée dans l’ensemble du tissu économique, il avait parfaitement compris que les réductions des coûts de production aboutissaient aussi à la mise en vente de produits bien meilleurs marchés ce qui réduisait d’autant leur valeur ajoutée et leur part de bénéfice (et en 1988 le libre échange mondial ne jouait pas encore ses pleins effets comme aujourd’hui). Pourtant, et sur ce point précis nous ne sommes pas d’accord, rien n’indique que ce mur du coût indépassable du progrès se soit brusquement dressé au milieu des années soixante dix. Jacques Ellul, qui était contemporain de cette époque, établissait lui-même ses vues prospectives dans une perspective à long terme, et ne voyait dans l’analyse du progrès technologique de son temps que des TENDANCES devant mener à terme à ses conclusions.
Je n’ai jamais dit non plus que le capitalisme avait tué le progrès technologique, puisque je constate que la révolution informatique est intervenue après (bien après en fait) les trente glorieuses. Il est certain par contre que le capitalisme a tué une composante essentielle de cette période faste et qui est le progrès social, et que cette mutation a été elle extrêmement brutale. Si l’on analyse les opportunités qui ont permis cette mutation très rapide, j’en discerne trois principales :
- Une opportunité politique, qui a été la victoire dans trois nations clés du monde occidental d’un courant porteur d’une idéologie rajeunie que l’on a désigné depuis sous le nom de « néo-libéralisme » mais que l’on nommait alors « révolution conservatrice ». Les porteurs de ce courant s’appelaient Ronald Reagan, Margaret Thatcher et Helmut Kohl (ce dernier jouant plutôt le rôle d’allié objectif).
- Une opportunité économique découlant de la première, qui a été la déréglementation des mouvements de capitaux et des flux de marchandises dans le cadre de la nouvelle organisation du commerce international.
- Une opportunité technologique en l’espèce de la révolution informatique, elle-même prélude à une révolution encore plus considérable qu’a été l’irruption du septième continent internet.
Ces trois opportunités ne sont pas tombées du ciel et ne peuvent être expliquées de manière périphérique dans la seule interaction entre les contraintes de l’innovation scientifiques et les mécanismes économiques affectant la formation des prix. Elles traduisent en fait une mutation profonde du système capitaliste, mettant en jeu de nouvelles forces sociales (les classes moyennes, alliés aveugles et temporaires du nouveau système) et la résurgence de formes anciennes d’accumulation du capital et de transmission des patrimoines.
Ce que je vous reproche en fait (amicalement), c’est de parler « du capitalisme » comme si celui-ci était resté égal à lui-même durant cette période charnière. Je crois au contraire qu’entre la victoire de Nixon en 1968 et celle De Reagan en 1980, le capitalisme mondial a déjà basculé d’une forme ancienne connue à une autre inédite à bien des égards qu’est le capitalisme financier. En cours de route de cette décennie maudite, les trente glorieuses auront déjà été laissées sur le bord du chemin.
Vous semblez vous-mêmes prendre acte de cette mutation précise puisque tout ce que vous dites dans la dernière partie de votre commentaire sur les rapports pervers entre l’innovation technologique et le libre échange est rigoureusement exact. Je vous fais simplement remarquer que le libre échange fait partie précisément du capitalisme financier comme la pluie de l’orage. Et cela non plus n’est pas tombé du ciel…
Rédigé par : daniel dresse | 12 mai 2009 à 01:54
@Malakine:
À part en période de récession aigüe comme maintenant, il suffit de baisser les taux d'intérêt pour avoir une demande globale satisfaisante. Il faut bien entendu faire attention à ne pas favoriser le surendettement des ménages (ce n'est pas seulement Greenspan qui est responsable du surendettement des ménages américains. C'est surtout cette idéologie qui veut que tout le monde soit propriétaire de son logement. Même si la location a ses inconvénients, imposer à tout le monde d'être propriétaire n'est guère raisonnable).
C'est vrai que le démantèlement des AMF a eu un effet sur les pays qui ne les avaient pas signés. D'un autre côté, rien n'indique qu'ils n'auraient pas trouvé une autre spécialisation si les AMF n'avaient pas été signés. Je note aussi que les prix dans le textile ont moins augmenté que l'alimentation ou le niveau général des prix, bien que la corrélation avec la fin des AMF ne soit vraiment pas flagrante (ce qui est sans doute dû au fait que le marché du textile n'est pas si libéralisé que çà).
Sur les voitures japonaises, j'admets que le protectionnisme n'a sans doute qu'un faible rôle dans la forte consommation d'essence des voitures américaines. En revanche, le consommateur américain a payé 10% plus cher ses voitures pendant des années.
Sur le rattrapage, force est de constater que beaucoup de pays d'Asie du Sud-Est nous rattrapent. Il ne fait aucun doute que la Chine sous-évalue sa monnaie en achetant des bons du trésor américains. Elle découvre maintenant l'étendue des risques qu'elle a pris au point de proposer la fin de l'hégémonie du dollar (en fait elle cherche à faire en sorte que les européens rachètent une partie de ces bons du trésor en échange de bons du trésor européens).
La surcroit de redistribution rendu nécessaire par la baisse des plus bas salaires provoque effectivement une perte d'efficacité de l'économie mais il faut la comparer au surcroit d'efficacité dû au libre-échange. Il faut aussi signaler que le progrès technique a exactement les mêmes effets: le progrès technique réduit également la valeur du travail non qualifié!
Rédigé par : jean_ | 12 mai 2009 à 09:31
@ Yann
Exposé très intéressant mais je sens une contradiction dans ton propos. La première partie sur les rendements décroissants du développement technologique semble être une condamnation, alors que la deuxième condamne le libre échange au motif qu'elle dissuade les investissements technologiques. Rassure moi, tu es bien favorable à une poursuite du développement technologique, même si ça peut conduire à des avions qui ne volent jamais ?
@ Daniel Dresse
Ce week end, je discutait avec un ami à qui j'exposais nos thèses. J'ai été frappé par sa réaction : Mais comment on en est arrivé là. J'ai vu hier des réactions du même type sur Marianne2. La question de la genèse de ce système est donc une bonne question. Alors, mutation ou optimisation ?
Je ne nie pas du tout qu'il y eu un changement profond au cour des années 70 et 80. D'ailleurs à ce propos, dans les faceurs politiques, tu pourrais ajouter Schmidt avec son théorème à la con et Delors avec son rêve européen au service des multinationales.
Cependant, je ne pense pas qu'on puisse parler de dévoiement ou de saut qualitatif. Je trouve d'ailleurs un peu facile et un peu niais les thèses à la JF Kahn qui critiquent la mondialisation au nom du libéralisme des origines. Il me semble en effet que le système actuel a poussé jusqu'à l'extrême limite le développement des notions de marché, de libéralisme et de capitalisme. Le marché parce que c'est lui écrit l'histoire et plus le politique. Le libéralisme car il a sacralisé l'individu, exacerbé ses désirs en voulant satisfaire ses besoins immédiats. Capitalisme, car le système repose sur le primat absolu du capital.
Dans un précédent article j'avais parlé de "fuite en avant" ou de "marche en avant" et cela m'avait été reproché. Pour moi, on a assisté à un raffinement ou une optimisation de l'économie de marché, du libéralisme et du capitalisme, plus qu'à une mutation. Avec le recul, c'est le système ancien qui apparaît comme une forme de socialisme.
Rédigé par : Malakine | 12 mai 2009 à 09:31
@Malakine
Je ne suis pas contre le progrès technique Malakine mais il faut bien voir ses limites. Je crois également qu'il faut impérativement distinguer les techniques suivant les effets économiques qu'elles ont, celles qui produisent de la richesse sont celles qui accroissent la productivité du travaille. Toute les technologie ne vont pas forcement avoir des répercutions sur la productivité. De plus il faut distinguer les ruptures scientifiques et les améliorations techniques:
-Les améliorations techniques sont celle que maitrise les grandes multinationales elles consistent à affiner des concepts déjà existant pour produire une amélioration de l'efficacité de cette technique. Ainsi les microprocesseurs actuelles fonctionnent toujours avec les même concepts de base que les premiers microprocesseur conçus par Intel au début des années 70. Bien sure grâce à l'amélioration et à la miniaturisation on a fortement progressé mais la base est la même. Au début la progression &était linéaire puis au furent et à mesure que l'on se rapproche des limite physique le cout de l'amélioration technique finit par explosé sans que les progrès suive. C'est un logarithme népérien çà croit proportionnellement au début puis ont atteint une limite, une stagnation.
-Les ruptures scientifiques sont elles au cœur du progrès réelle, elles font faire des progrès prodigieux en terme d'efficacité. Ainsi l'arrivée des semi-conducteur, pour reprendre mon exemple a été une rupture avec les transistors à lampe ultra-volumineux. Là la progression entre le cout d'investissement et la croissance de la productivité ou de l'efficacité n'est pas logarithmique. Le problème c'est que ces révolutions ne sont pas prévisible, même pour les spécialistes des domaines concernés. Elles ne dépendent pas non plus du seul investissement, ce n'est pas parce que tu multiplies par deux les frais en recherche fondamental que tu produira un nouvel Einstein. Bien sure il faut un minimum, le récent accélérateur de particule construit entre la France et la suisse, le LHC, est par exemple un de ces outils qui pourrait éventuellement redynamiser la recherche en science physique et d'oû pourrait sortir une de ces révolutions scientifique fondamentale dont je parle. Mais la matière grises et les qualité des scientifiques est tout autant importante que les instrument et on a pas beaucoup de maitrise en ce domaine.
Les trente glorieuses sont en grande partie le fruit des révolutions scientifiques de la fin du 19ème et du début 20ème avec l'arrivée en phase mure des semi-conducteur dernier nait de la physique quantique nous avons épuisé ce que les grand scientifiques du passé ont produits comme révolution scientifique. Et je ne vois pas quel révolution conceptuelle pourrait avoir le même impact que la thermodynamique, l'électromagnétisme, la relativité restreinte ou la physique quantique. Notre civilisation hédoniste semble d'ailleurs peu apte à produire des esprits capable de ces prouesses intellectuelles. Enfin on aura peut-être de bonnes surprises qui sait.
@Daniel
Le capitalisme a changé de forme mais qu'est ce qui l'a fait changer de forme? Si l'on se place du point de vue Toddien c'est l'évolution sociologique qui a produit la mutation, l'explosion de l'individualisme et l'arrivée d'une classe massive de suréduqué jouant le rôle d'une nouvelle aristocratie promulguant ses préférences pour le libre-échange, la finance et le tertiaire.
Si l'on se place du point de vue technique
c'est la stagnation et l'arrivée à maturation des grandes découvertes dont j'ai parlé précédemment qui ont produit un ralentissement lui même entrainant une pression sur le tissu sociale qui provoqua la révolution néoconservatrice.
Maintenant il y a aussi votre hypothèse qui est une mutation propre au capitalisme, c'est une vision marxiste il me semble, qui voient le rapport à l'argent comme moteur principal de la mutation. Le capitalisme mutant tout seul, si je puis dire.
A tous çà on peut ajouter les chocs pétrolier dont certain pensent que l'explosion des cout énergétique sont la vrai cause de la rupture dans le système économique.
Puis on peut parler aussi du rôle du dollars et de la guerre du Vietnam qui a jouer un rôle d'affaiblissement économique des USA ces derniers devenant subitement dépendant d'importation. Les couts du système militaire pesant sur les USA ces dernier ne pure plus maintenir l'étalon or et finir par mettre en place le système monétaire flottant. La finance a pullulé grâce à çà en grande parti.
Pour résumé on a de multiple cause possible et elles sont imbriqués les unes dans les autres pour former un problème de type surdétermination (trop de solution pour un même problème). C'est un peu embêtant mais je crois qu'on aura beaucoup de mal à vraiment savoir s'il y a une cause centrale, tout ces événements étant relativement simultanés.
Rédigé par : yann | 12 mai 2009 à 22:36
@ Yann
Oui, c’est très embêtant comme vous dites ! Une chose est sûre, quand tant de causes diverses provoquent tant de bouleversements, cela signifie que nous vivons une rupture historique de très grande ampleur, et dont il faut remonter très loin dans le temps pour en rencontrer une comparable.
Personnellement je campe sur ma comparaison avec la rupture de la société féodale au quatorzième siècle, effondrement résultant lui aussi d’une multiplicité de causes sans qu’il soit possible d’en identifier une principale. Quant aux conséquences, il faudra attendre la fin de la guerre de trente ans (1648, l’une des grandes dates de l’histoire européenne) pour que le monde dit « civilisé » se stabilise à nouveau en un canevas homogène –l’ordre des princes- qui subsistera jusqu’à la première guerre mondiale.
L’ordre démocratique supplantera inexorablement le précédent durant une longue période de transition, mais cet ordre là portait aussi en son sein son propre dépassement qui est l’ordre du capital. Nous avons assisté au triomphe implacable de ce dernier au cours des dernières décennies, et il est à craindre –si nous ne réagissons pas- que ce nouveau vainqueur ne cherche à se passer définitivement des règles surannées imposées auparavant par son géniteur. Les « trente glorieuses » apparaîtront peut-être un jour comme l’impossible et illusoire harmonie entre ces deux ordres là ?
En attendant nous marchons tous à la bougie à la recherche d’un fil conducteur. Il en est un, je le crains, qui marque toutes les époques de rupture : la « brutalisation » des rapports sociaux. Pour retourner sur la séquence historique qui m’est chère, il faut constater que ce que nous avons baptisé « la renaissance » fut une période infiniment plus brutale aux faibles que celle des derniers siècles du moyen âge. C’est de la prise de conscience de cette brutalité que naîtra bien plus tard l’idée que l’homme de peu a le droit aussi à quelque justice sur terre. Quoiqu’il arrive ne perdons jamais cette exigence là.
@ Malakine
Mutation remarquable ou évolution proliférante d’un principe originellement perverti ? Un spécialiste en cancérologie aurait peut être son mot à dire à ce sujet. En tout cas je crois que la question que nous nous posons est de même nature que celle que bien d’autres se sont longtemps posées sur la nature du communisme. Si Michéa nous lisait il nous dirait sans doute que cela n’est pas du au hasard ! Le capitalisme financier n’est-il pas en fait lui aussi une forme extrême de la politique (totalitaire, n’ayons pas peur des mots) laquelle serait propre à exclure toutes les autres ?
En attendant, pleinement d’accord avec ce que tu dis sur les cucuteries ampoulées du néanmoins sympathique Jean François Kahn.
Rédigé par : Daniel Dresse | 13 mai 2009 à 01:23