Patrick Artus et Marie Paule Virard poursuivent leur autopsie de la mondialisation. Après « Le capitalisme est en train de s’autodétruire » et « Globalisation, le pire est à venir » le duo de choc vient de publier un essai au titre évocateur « Est-il trop tard pour sauver l’Amérique ? » En attendant le prochain qui devrait certainement s’intituler « On est foutu, le monde est au fond du trou » !
Comme toujours l’ouvrage est une remarquable description du fonctionnement de l’économie mondiale, clair dans l’exposé, pédagogique dans l’explication des ressorts du système, objectif dans les constats, remarquablement documenté et, ce qui ne gâte rien, court et facile à lire.
En revanche, comme toujours chez Artus, la conclusion est plus que discutable. Les solutions qu’il préconise peinent à convaincre et on ressort de la lecture avec le sentiment qu’il faudrait un miracle pour que le pari d’Obama réussisse, un miracle hautement improbable. On voit mal en effet pourquoi le reste du monde continuerait à financer à fonds perdus le fonctionnement de l’économie américaine et comment celle-ci pourrait dans le contexte de la mondialisation, parvenir à reconstruire une économie productive performante.
Le portrait d'une Amérique exsangue
Le diagnostic de l’économie comme de la société américaine est implacable : excès d’endettement confinant à l’insolvabilité, société en voie de paupérisation minée par des inégalités insupportables, système social inexistant, délabrement des infrastructures, désindustrialisation presque achevée, déficits budgétaires et commerciaux structurels. Et last but not least un rêve américain évanoui, « qui nécessite d’être endormi pour y croire encore »
Comment les Etats-Unis en sont arrivé là ? Inutile de chercher des boucs-émissaires. Ils se sont mis tout seul dans cette galère grâce à leur optimisme naturel et la foi en leur superpuissance. Ils ont parié sur un modèle de développement qui apparaît à la lumière de l’expérience comme une impasse. Ce modèle Artus, le qualifie de « bipolaire » à savoir une spécialisation sur les deux bouts de la chaine : les activités hautement qualifiées de très haut de gamme (finance, management, développement) et les services bas de gamme de l’économie résidentielle (des bads jobs, sous rémunérés, précaires et sans couverture sociale). Entre ces deux pôles, l’économie industrielle a été délocalisée pour satisfaire la soif inextinguible du consommateur pour les produits à bas coûts.
La faillite d'un modèle d'adaptation à la mondialisation.
Naturellement ce modèle a eu des conséquences sociales, notamment une quasi disparition de la classe moyenne, la montée de la précarité, l’apparition des travailleurs pauvres et une explosion des inégalités. Mais ce n’est pas sur ce terrain que se place Artus pour le condamner. Il ne marche tout simplement pas sur le plan économique. Pour trois raisons. 1- Tout est potentiellement délocalisable. 2- L’excédent commercial des services haut de gammes ne peut pas compenser le déficit lié à l’importation des produits manufacturés 3- Les gains de productivité dans les services ne sont pas suffisants pour générer une croissance non soutenue par l’endettement.
Notons que ce modèle est grosso modo celui de tous les pays développés dans la mondialisation, à l’exception des pays industriels spécialisé comme l’Allemagne. Voilà qui devrait faire réfléchir sur la viabilité de la division internationale du travail rêvée par les libres échangistes : Aux pays pauvres la production, aux pays riches les activités de conception et de management.
Artus nous dépeint donc une Amérique dévastée et exsangue dont la survie dépend du bon vouloir de ses créanciers. On considère généralement que l’URSS a périclitée après avoir perdu la guerre froide (via notamment des dépenses militaires excessives) On peut aujourd’hui considérer que l’Amérique s’est ruinée dans une guerre économique mondiale qu’elle a perdue, elle aussi, en se croyant trop forte.
Une improbable happy-end
L’Amérique ne peut donc s’en sortir qu’à la double condition de continuer à être financé par le reste du monde et de savoir inventer nouveau modèle productif. Pour Artus, le monde dans son ensemble doit encourager cette évolution, car l’effondrement du dollar entrainant celle de la consommation américaine serait extrêmement dommageable pour tout le monde.
La première des conditions apparaît douteuse. A supposer même que les pays disposant d’épargne aient toujours les moyens de faire face aux besoins de capitaux croissant des Etats-Unis, (pour soutenir leur demande, rebâtir des infrastructures et un système social ou reconstruire un appareil productif) encore faudrait-il qu’ils le veuillent bien ! Cela va devenir de plus en plus difficile de convaincre les épargnants mondiaux « d’investir » aux Etats-Unis à mesure que les menaces sur la solidité du Dollar s’accentueront et après l’épisode de la bulle internet et des subprimes où beaucoup ont perdu leur mise en croyant acheter des actifs qui n’étaient virtuels ou toxiques !
En outre, Artus n’évoque jamais la question de la solvabilité des Etats-Unis. Ces investissements colossaux seront-ils remboursables un jour ou s’agirait-il d’un « plan Marshall » pour reprendre l’expression d’Emmanuel Todd. Cette question en amène une autre sur le plan moral. Les Etats-Unis, qui ont creusé eux-mêmes leur tombe et y on entraîné le monde dans leur chute, méritent-ils vraiment un gigantesque plan de sauvetage financé par le reste de la planète ? On n’a pas été aussi généreux avec la Russie quand son économie s’est effondrée après la disparition de l’URSS. Au contraire !
En tout état de cause, si le sauvetage des Etats-Unis devait se faire par un financement mondial à fonds perdu, la moindre des choses serait que le bénéficiaire fasse amende honorable, reconnaisse l’erreur de sa politique économique et s’excuse de l’avoir imposé au monde par un impérialisme économique, idéologique, monétaire et militaire ! Encore faudrait-il également que ce financement n’alimente pas comme par le passé la consommation courante et un mode de vie indécent, mais des investissements productifs, ce qui impose de fait une mise sous tutelle des Etats-Unis par la communauté internationale, comme n’importe quel Etats en faillite pris en charge par le FMI.On aurait aimé qu'Artus se penche sur la question de "l'aléa moral".
La deuxième des conditions apparaît quant à elle, illusoire. La réindustrialisation des Etats-Unis ne semble pouvoir s’effectuer que dans le cadre d’un protectionnisme coopératif, accepté par ses partenaires commerciaux et ses financeurs. Or Artus, comme toujours (mais plus mollement cette fois) évacue l’hypothèse en une petite page, avec des motifs purement techniques que j’avoue ne pas être parvenu à saisir. La question de l’élasticité-prix des importations empêcheraient leur substitution par des productions locales (?!?!?)
Si les Etats-Unis ne peuvent techniquement pas rapatrier sur leur sol des activités délocalisées, sur quoi se ferait alors cette réindustrialisation ? Artus est sur ce point perplexe. Il reconnaît qu’il leur faudra franchir une « nouvelle frontière » et inventer une « nouvelle nouvelle économie » Mais il fait toute confiance pour réaliser ce miracle au génie créateur de ce peuple et à sa grande capacité à la résilience. Néanmoins l’hypothèse pose deux « petits » problèmes.
Quand le piège de la mondialisation se ferme sur sa victime
La question de la compétitivité de ces nouvelles productions, tout d’abords. Rien ne dit que passé le stade de la conception, l’activité se matérialiserait aux Etats-Unis. On voit mal pourquoi la règle qui prévalait antérieurement selon laquelle la production devait se faire dans les pays à bas coûts ne fonctionnerait plus pour cette « nouvelle industrie » ! Admettons que les ingénieurs américains puissent faire d’immenses progrès dans les technologies propres, pourquoi donc les panneaux solaires et autres équipements nécessaire aux économies d’énergies ne se fabriqueraient pas en Chine ? Il ne faut pas confondre innovation et réindustrialisation !
La pérennité de l’avantage comparatif des Etats-Unis sur l’innovation, ensuite. Sur quoi était-il fondé ? Sur une supériorité intrinsèque quasi génétique des américains à inventer ? Certainement pas. Il reposait sur un enseignement supérieur de haut niveau, une capacité à attirer les meilleurs cerveaux du monde et un système de financement particulièrement efficace pour les activités de R&D et les starts-up. Ce système semble lui-même à bout de souffle. Le système financier est en quasi faillite. Les universités américaines commencent à connaître de sérieuses difficultés financières. Le système éducatif est considéré dans un état déplorable. Enfin, les Etats-Unis ne sont pas certain de pouvoir continuer à attirer les meilleurs cerveaux une fois perdue leur centralité économique. Dans ces conditions présupposer que les industries de demain naîtront nécessairement aux Etats-Unis apparaît assez hasardeux.
***
Alors oui, il est peut-être trop tard pour sauver l’Amérique ! La lecture du dernier Artus amène à méditer sur cet échec qui est celui du modèle anglo-saxon et de l’occident dans son ensemble dans une mondialisation qu’il pensait pouvoir maîtriser à son avantage. L’enjeu est aujourd’hui de savoir rompre au plus vite avec ce modèle pour ne pas suivre les Etats-Unis au fond du gouffre. Compte tenu des inerties intellectuelles et de la fascination qu’ont toujours exercée les Etats-Unis sur nos élites, le risque est réel. C’est pourquoi il faut lire et faire lire « Est-il trop tard pour sauver l’Amérique » en pensant que ce qui la description qui est faite des Etats-Unis pourrait bien être celle de l’Europe très prochainement.
Malakine
Très interessant...
Et une "bonne" guerre?
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=13499
Il n'y a rien à faire ils me font peur, c'est génétique chez moi.
Rédigé par : ETDAS | 13 mai 2009 à 15:45
Malakine,
Tu cites l'Allemagne comme puissance industrielle ayant gardé une part de ses emplois, mais c'est parce que elle a privilégié l'innovation sur le plan industriel. L'innovation US est vue comme celle des start up et rien entre elles et la production à main d'oeuvre type Chine. En fait l'innovation se fait à différents étages de la production.
Si l'on ne privilégie qu'une part du spectre de l'innovation, le soft ou les microprocesseurs par exemple c'est insuffisant.
Quand aux énergies nouvelles, elles demandent beaucoup de technicité et je doute que la main d'oeuvre chinoise apporte grand chose. Des panneaux solaires performants par exemle, c'est de la recherche puis des lignes automatisées de production nécessitant des gens très formés à tous les échelons, pas si courant en Chine quoiqu'on imagine. Un peu comme la production de microprocesseurs, pour la plupart fabriqués aux US.
Rédigé par : olaf | 13 mai 2009 à 21:07
@Olaf
Même si le niveau moyen des chinois reste bas n'oublie pas qu'ils sont 1.3 milliard çà en fait du potentiel humain. La Chine fournit plus d'ingénieur et de Bac +5 que les USA et l'Europe réunit maintenant, il ne faut pas se faire d'illusion le sens de l'histoire c'est la domination scientifique de l'Asie c'est une simple logique d'arithmétique. Et puis concernant les panneaux solaire dont tu parles c'est l'industrie des semi-conducteur et l'essentiel de la production mondiale dans ce domaine et en Chine. Quand on veut connaitre les futurs puces de Ram ou de microprocesseur qui sortirons dans quelque temps on s'adresse toujours aux sous-traitant chinois c'est un signe de qui produit quoi.
@Malakine
Je te trouve très pessimiste, un pays peu se remettre d'une perte économique. Ce qui est sure c'est que l'Amérique ne sera plus jamais la même, mais elle peut toujours se reconstruire. Ce qui est le plus dangereux c'est le risque d'éclatement, relancé récemment par un gouverneur du Texas qui a ouvertement parler d'une éventuelle sortie de l'union, c'est d'ailleurs prévu par la constitution américaine. La faiblesse du lien qui unie la population américaine est le vrai danger qui risque d'apparaitre avec la crise. Mais si les USA rompt avec le libre-échange et maintiennent leur unité, ils pourront reconstruire une économie plus auto-centrée et plus industrielle, il n'y a pas de fatalité. Remarque même si les USA éclate en plusieurs états ils pourront tout de même reconstruire quelque chose. Par contre il est sure que l'empire ne survivra pas à la crise, mais est-ce regrettable pour l'américain moyen, j'en doute.
Rédigé par : yann | 13 mai 2009 à 21:58
La faillite économique n’est effectivement pas le plus grand danger qui menace l’Amérique, et le problème pour elle est que la clé de sa cohésion interne risque aussi de lui échapper sous peu.
Cette clé qu’elle est-elle ? Sa faculté de souder sa diversité interne en assumant -cela depuis la guerre contre l’Espagne à la charnière des dix-neuvième et vingtième siècles- sa vocation de nation la plus puissante du monde et élue à ce titre pour faire régner l’ordre (le sien) sur la planète. C’est par cette vocation externe que l’Amérique a pu finalement enfermer dans ses placards les vieux fantômes hérités de la terrible guerre de sécession et qui l’ont accompagnée encore de longues décennies durant l’ultime phase de sa conquête intérieure à la fin du dix neuvième siècle. Rappelons que le quasi apartheid racial en vigueur dans les états du sud s’est mis en place durant cette période. Rappelons aussi que la nature du fédéralisme, soit la plus ou moins grande allégeance des états par rapports au pouvoir fédéral, avait été une cause essentielle de la guerre civile, puisque l’esclavage même était légitimé dans les milieux sudistes par la liberté absolue des états sur les lois fédérales (l’autre grande cause de la guerre avait été la position des belligérants par rapport au libre échange ; le Nord souhaitant un dollar faible et un relèvement des tarifs douanier pour protéger sa jeune industrie, alors que le sud au contraire souhaitait le libre échange et un dollar fort par rapport à la livre sterling, afin d’écouler substantiellement sa principale richesse qu’était le coton aux filatures anglaises).
Au début du vingtième siècle, l’Amérique a donc pu tourner le dos à cette terrible épreuve en assumant rapidement son rôle de gendarme du monde. La période qui s’est alors ouverte pour elle risque fort de s’achever bientôt dans les sables et les cailloux des marches de l’orient, tant il parait difficile pour elle d’assumer l’aventure militaire dans laquelle elle s’est embarquée au cours de la présente décennie. Sa cohésion interne dans un contexte très dur de récession économique risque fort de ne pas y résister si l’on se souvient déjà de l’onde de choc intérieure qu’avait été pour elle la débâcle du Viet Nam, pourtant dans un contexte économique beaucoup moins sombre qu’il ne l’est aujourd’hui.
J’ai déjà parlé de l’article de Marcel Gauchet, paru dans Libération du 28 avril dernier, et dans lequel il résumait très bien le paradoxe de la démocratie américaine : « …C’est pour le coup, l’exception américaine : les Etats Unis sont dotés d’une identité politique très forte et le pays où les libertés privées ont le plus de place. C’est fonction de la foi dans la « destinée manifeste » de l’Amérique et dans son rôle de puissance à l’échelle du monde. L’état Nation américain est projeté vers l’extérieur ; il n’organise pas la société à l’intérieur. C’est ce qui fait que la démocratie du privé coexiste avec une dimension publique axée sur le rayonnement des Etats-Unis ».
Privée de son bâton de gendarme extérieur dont l’existence donnait un élan et une cohérence à cet empire de l’individualisme, le monstre de la société civile, livré à lui-même, risque fort d’accoucher du chaos. Celui-ci ne se manifestera pas dans les mêmes termes qu’il y a cent cinquante ans, le plus gros problème pour les Etats Unis risquant d’être l’interpénétration de toute la partie sud ouest de son territoire par un état quasi mafieux qu’est le Mexique. Mais comme le disait James Lee Burke dans son roman magnifique (« In the electric haze with the confederate dead ») dont Tavernier vient de tirer un très bon film, les vieux fantômes de la guerre des états ne demandent qu’à sortir des placards.
Rédigé par : Daniel Dresse | 14 mai 2009 à 00:45
@ ETDAS
En fait, cette séquence là a déjà eu lieu. Le constat que fait Artus en 2009, Emmanuel Todd l'a déjà effectué en 2002 dans "Après l'Empire". Un an après, l'Amérique était en guerre contre l'Irak. Il ne pourront pas nous refaire le coup de la lutte contre le bien contre l'axe du mal. S'ils devaient le faire, ils devaient déjà le faire avec l'Iran.
@ Olaf
Il est d'autant plus important de maintenir une innovation dans la production que c'est là que ce font les gains de productivité, donc la croissance.
Je veux bien te croire sur les énergies nouvelles. Pourtant, je crois bien avoir lu ou entendu que la Chine montait en puissance très très fort sur les panneaux solaires. En tout état de cause, ce que tu décris ne peut être considéré comme une situation pérenne. Dans deux ans, la vérité sera peut-être que ces productions ne sont pas rentables ailleurs qu'en Chine.
@ Yann
Se remettre d'un choc économique oui. Se réindustrialiser dans un modèle qui se voulait "post-industriel" et qui a organisé la désindustrialisation, c'est plus dur. Il y a dans la mondialisation une dimension d'irreversibilité qui fait peur.
Prévoir l'éclatement des Etats-Unis ? Oh, comme tu es pessmiste ! :-)
@ Daniel Dresse
Un grand merci pour ce cours d'histoire très instructif ! Maintenant on saura répondre aux libre échangistes qui nous affirment que le protectionnisme c'est la guerre, que lors de la guerre de sécession, les sudistes pratiquaient l'escalavage et prônaient le libre échange !
Rédigé par : Malakine | 14 mai 2009 à 09:17
Etats-Unis : dans tout le pays, les victimes de la crise économique s’entassent dans des villages de tentes.
http://www.usatoday.com/news/nation/2009-05-04-new-homeless_N.htm
Etats-Unis : nouveau record pour les procédures de saisies immobilières en avril 2009.
Le mois dernier, 342.038 biens immobiliers ont fait l'objet d'une procédure, des simples notifications de retard aux propriétaires, aux annonces de ventes aux enchères en passant par les expulsions, indique le cabinet RealtyTrac.
http://www.lesechos.fr/info/france/afp_00147479-etats-unis-nouveau-record-pour-les-procedures-de-saisies-immobilieres-en-avril.htm
La clôture à Wall Street : l'économie a fait chuter les indices.
Les marchés actions américains ont creusé leur perte après la chute des ventes de détail en avril 2009 (- 0,4 %). Cette mauvaise nouvelle conforte le scénario pessimiste selon lequel l'économie pourrait s'installer plus durablement que prévu dans la récession.
http://www.boursorama.com/international/detail_actu_intern.phtml?num=c3a3f0e4dfeedcdc0e62803f70c416fd
Rédigé par : BA | 14 mai 2009 à 11:46
@Yann
Hormis de rares états comme Hawaii ou le Nouveau Mexique qui ont des histoires et une sociologie bien particulière, aucun état n'a réellement d'identité particulière comme le Pays Basque en Espagne qui pourrait conduire à une demande d'indépendance. Deplus économiquement le Texas est un état pétrolier riche mais qui ne pourrait survivre indépendamment de Washington. Je doute de cette dissolution.
Rédigé par : Magnin | 14 mai 2009 à 12:47
Dans mes prédictions 2009, j'avais envisagé l'éclatement des Etats-Unis pour des raisons fiscales (je crois que j'avis pompé l'idée à un politologue russe) Les Etats fédérés, en situation de banqueroute, décident de garder pour eux l'impôt fédéral et de fait, les Etats-Unis deviennent une coquille vide.
Rédigé par : Malakine | 14 mai 2009 à 13:42
Très bon commentaire sur la situation des et aux Etats Unis, qui plus est quand même "courageux" de nos jours où l'emprise de l'idéologie américaine reste encore terriblement forte, malgré évidence prouvée chaque jour (finance, économie, Afghanistan/Pakistan, stratégie militaire, souci - voir rétractions récentes de Obama - de cacher la torture, culture débilitante, etc) de leur nullité et de leur nocivité. Pourquoi devrions-nous aider et soutenir, y compris financièrement, un pays/un modèle fondamentalement destructeur qui a enfoncé une partie si ce n'est l'ensemble du monde dans une crise sûrement durable et dévastatrice. J'enrage de devoir à longueur de temps, lire, entendre, dans les médias français - sans parler de nos politiques (les pires étant les socialistes car ils prétendent porter un discours de "gauche"), et des "Européens" bon teint, serviteurs zélés d'un modèle qui les asservit - que la solution de nos maux ne peut venir que d'Outre Atlantique. Bref, ce n'est qu'à partir de la démystification et d'une dénonciation scientifique et méthodique du pire des Empires ayant jamais existé dans l'histoire, que l'on peut espérer un avenir, si ce n'est "radieux" mais au moins meilleur. D'ailleurs aux Etats Unis même, il existe de multiples voix discordantes - sur la politique militaire ou sur la gestion de la crise financière par exemple - comme l'attestent entre autres des sites comme "Common Dreams Us" , "Antiwar", "Naked Capitalism", etc.
Rédigé par : FBH | 14 mai 2009 à 21:30
@ Malakine.
Je vois quelque chose de beaucoup plus grand...
Lis Vlad tu verras
Rédigé par : ETDAS | 14 mai 2009 à 22:36
Tous les états occidentaux, à l’image des Etats Unis dont il est question ici, en sont au même point. La crise financière et son prolongement dans la grande crise économique (qui prendra certainement –n’en déplaise à l’ami Pinsolle- des proportions très sombres à l’automne), n’ont fait que souligner l’ampleur de la crise morale sous- jacente, et qui tire ses sources dans l’individualisme exacerbé qui balaye nos sociétés depuis de longues décennies.
Les effets délétères en sont connus ; apologie de l’urgence concurrentielle de tous contre tous, activisme du bien être individuel, négationnisme du fait collectif et obligation de n’envisager que des solutions individuelles à tout problème posé par la vie en société, affaissement en conséquence du sens civique et effondrement du fait politique en tant que point d’articulation de l’exercice des droits individuels et des exigences de la vie en commun.
La France aussi a du se mettre alors à ces étranges débats préélectoraux où l’on a vu -faute de citoyen- des consommateurs de politique (prochaine étape : carrément la clientèle électorale généralisée) demander à titre individuel et sans vergogne aux futurs candidats ce qu’ils pouvaient faire pour eux. Tout le monde aussi a souligné les effets de ces dérives sur l’exercice même du pouvoir par le personnel politique ; personnalisation extrême et omniprésence fantasmagorique de la communication.
Il est un fait pourtant qui saute moins aux yeux des analystes tant il a été intégré mécaniquement dans la panoplie du prêt à penser inhérent au capitalisme financier sans frontière. L’appréhension du fait collectif n’a pas proprement disparu dans l’imaginaire de nos sociétés hyper individualiste, mais il a été banni dans une sorte d’au-delà mythique (voir mystique) qu’est la Globalité, soit le champ le plus lointain possible de celui où s’exerce la satisfaction exigeante du Quant à Soi personnel.
La Globalité et la « résolution globale des problèmes », son mode d’emploi en forme de catéchisme, est l’autre face de la médaille frappée par l’atomisation de nos sociétés. D’où l’importance donnée au catastrophisme planétaire dans tous les domaines, écologique, économique, sanitaire, le catastrophisme ne laissant d’autre alternative à l’individu atomisé que la foi dans la globalité de l’humaine condition (puisque aucun autre échelon n’est à la mesure de l’immensité de la catastrophe) et la gestuelle liturgique quotidienne (s’agenouiller, prendre de l’eau bénite, faire son trou professionnel, trier ses déchets et faire sa vaisselle au savon noir etc.) qui permet de gagner pleinement sa place en inscrivant sa seule aventure personnelle dans le mouvement global de l’histoire.
La globalité est un leurre bien sûr, dont on peut se demander si la finalité n’est pas de créer un écran de fumée sur la condition réelle de ceux qui en tirent bénéfice. La désespérance pour une masse grandissante d’exclus de la mondialisation libérale vient du caractère présumé « insaisissable » des nouveaux maîtres du monde, cela de par l’extraterritorialité qu’ils affichent ostensiblement, et qui est chantée sur tous les tons par les bardes de la machinerie culturelle. Il en découle pour l’homme contemporain le sentiment diffus que le moment est imminent où, à son tour, « l’on n’aura plus besoin de lui », ce qui revient à prendre le masque de l’inutilité sociale, jetable comme un déchet encombrant.
Pourtant, le maître a toujours autant besoin de l’esclave, ne serait-ce que pour accaparer indûment les richesses publiques qu’il reste encore à prendre et mettre ceux qui les entretiennent à son service exclusif. Ces richesses sont devenues le bien de tous le plus souvent par un long processus de légitimation historique qui les rend inaliénables aux peuples qui ont œuvré pour les conquérir. Quand cet accaparement prend le visage du libre-échange alors il ne faut pas avoir peur d’assimiler le libre-échange à un vol.
L’analyse de la crise financière a montré aussi que les rapports entre les laissés pour compte et les maîtres sont plus complexes qu’ils ne paraissent. Une multinationale voleuse peut toujours délocaliser ses activités à la recherche d’un coût social incomparablement inférieur, mais les « volés » précaires qui restent au bercail sont aussi sommés de se maintenir socialement à flot en s’endettant et en alimentant la sainte industrie financière. Sans « volés » pas de profits juteux durant de longues années sur les prêts hypothécaires « subprime » !
Toutes nos réflexions récentes sur le protectionnisme, et quelle que soit la forme préférentielle que l’on accorde à celui-ci, prennent alors un autre sens. Le protectionnisme est le maillon indispensable qui doit remettre le sens collectif et la fonction politique entre l’individu aliéné et la globalité fantasmée. Aux spéculations abstraites et intéressées des idéologues, il est celui par qui l’histoire fait son retour dans la réalité des hommes et surtout la réalité de leurs droits.
Compte tenu d’ailleurs du poids que cette construction politique a eu dans l’histoire (quelle forme de progrès moderne dans tous les domaines a échappé à ce cadre là ?) je ne vois pas comment le protectionnisme pourrait être d’abord pensé à un échelon autre que celui de la nation, jusqu’à présent le plus grand espace efficacement possible à l’exercice de la citoyenneté.
La supranationalité, comme son nom l’indique d’ailleurs, ne devrait servir qu’à sublimer et donner un second souffle à la nation, et non à rayer d’un trait de plume ceux qui l’ont toujours investie. Face à ceux qui s’imaginent avoir largué toute amarre avec le passé et ses gueux, le protectionnisme doit être enfin le programme de combat qui leur rappellera que la géographie existe encore. C’est en cela, pour répondre à une question qui m’avait été posée autrefois, que le protectionnisme peut être un mot d’ordre révolutionnaire.
Je suis obligé de m’absenter quelques semaines et je vais en profiter pour laisser la technologie quelques temps (rien que des livres). J’aurai le plaisir de vous retrouver tous entiers après les élections, vers le 15 juin. A bientôt donc !
Rédigé par : Daniel Dresse | 15 mai 2009 à 03:55
@ Daniel Dresse (si vous êtes encore là)
Le rapport direct entre l'Individu et la Globalité se retrouve dans l'actionariat et plus spécifiquement dans toutes ces pensions de retraite jouées en bourse qui, amalgamées, forment les redoutés fonds de pension...
Ceci pour dire que parler de 'Maître' et d''Esclave' est bon pour la synthèse, mais ce vocabulaire trop simple dissimule une réalité plus complexe, caractéristique en effet de notre "globalité individualiste".
Rédigé par : Boréale | 15 mai 2009 à 15:18
@Malakine
Nous sommes maintenant tous depuis longtemps spectateur de la dissolution économique et sociétal du modèle anglo saxon. J'ai cependant l'impression que nous attendons une déflagration majeure au sein de nos pays pour prendre la bonne direction et faire des choix d'avenir.
J'avance l'opinion suivante : les populations sont toujours plus prêtes à changer qu'on nous le fait croire. Si les hommes politiques et les économistes disaient la vérité, nous n'en serions pas là, à tourner en rond et en essayant de sauver les apparences.
Rédigé par : Feelgood | 16 mai 2009 à 08:04
Les USA continuent à dominer la technologie (merci le Pentagone) et les brands.Leur capitalisme est vivace.
Leur capitalistes sont riches donc peuvent entreprendre.
Le jour ou le dollar n'est plus accepté, il y a crise, le $ baisse, et produire sur place redevient rentable.
Eux ont la souplesse nécessaire, les avantages comparatifs et ont protégé l'essentiel, les savoir faire.
Si les Chinois ne veulent plus produire pour eux , ils s'en passeront.
C'est là ou l'on voit la synergie entre puissance militaire et économique.
Rédigé par : Entrepreneur | 25 octobre 2010 à 20:07