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16 avril 2009

Commentaires

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Seb de CaRéagit

Tiens j'ai bien envi de poster un commentaire mais je préfère en faire un billet car j'ai une petite théorie perso sur la question.

On en a déjà parlé ici du reste :)

Débat trés intéressant aux multiples conséquences.

RST

« S’il apparaissait effectivement que le patronat des PME et celui des dirigeants managériaux des grands groupes formaient deux groupes sociaux distincts, vivant dans des univers différents »
Je ne connais que le monde des multinationales, mais instinctivement il me parait évident qu’il est fondamentalement différent de celui des PME.

J’ai essayé de lire les réponses de Peyrelevade à Lordon : trop compliqué pour moi ! Je ne sais pas quels rapports ce type entretient avec la réalité dans son bureau douillet de Natexis mais le schéma des relations client-fournisseur décrit par Lordon qui ne le convainc pas, je le vis personnellement à l’international tous les jours depuis 20 ans ! Mon boulot consiste effectivement à pressuriser les sous-traitants et à faire profiter les donneurs d’ordre, les clients finaux (les compagnies pétrolières dans mon cas) de toutes les réductions obtenues. Et avec la crise, c’est carrément devenu un mot d’ordre relayé par les plus hautes autorités de l’entreprise.

Malakine

@ Seb

Reviens nous déposer le lien quand tu l'auras fait.

@ RST

Le point de débat entre Lordon et Peyrelevade, c'est de savoir si tes sous traitants peuvent répercuter la pression que tu leur mets sur leurs salariés ou si tu aspires leurs profits.

RST

Les 2 mon capitaine !

PeutMieuxFaire

J'irai voir ensuite les liens, mais je peux déjà témoigner qu'il existe au moins un patron de TPE relevant apparemment de la fracture sociale selon Lordon.
- il 'est affiché brutalement et récemment anti-sarkozyste. Il s'était séparé de biens propres pour sauver son entreprise. Transformant des produits de bas de gamme, la crise joue en faveur de sa production en ce moment et il a donc pu donner une prime "égale pour tous", lui compris, suite à des résultats enfin améliorés.
- ses commanditaires : la grande distribution. J'essayerai de sonder son avis sur le MEDEF !

Feelgood

@Malakine,

Je sors d'une journée passée avec le contrôle de gestion de ma (grande) entreprise et suis toujours interloqué par la volonté de faire rentrer les clients dans une relation binaire (rentable/non rentable). Que ce soit un client industriel ou tertiaire, les contrôles de gestion demandent un ratio de rentabilité fixe ou à atteindre, sans se demander une seule fois si la prestation effectuée est jugée bonne.
La différence avec un patron de PME est que celui-ci à un "amour" du travail bien fait, des relations profondes et amicales avec son client. Les grandes entreprises diffusent l'anonymat des relations, privilégie l'indifférenciation des situations, le rapport constant à l'argent dans la nécessité de faire ou pas telle action.
Le choix entre les TPE et les grandes entreprises revient à choisir l'humanité à l'inhumanité, la différence à l'indifférence. Le culte de l'argent reste donc une finalité pour beaucoup...

dmermin

Il y a un mois environ, un reportage sur Arte montrait, en vrac: un débat PME/Sarkozy où un patron a déclaré qu'ils étaient traités en esclaves; une PME sommée de réduire ses coûts de 3% chaque année; une autre incitée à délocaliser; des acheteurs témoigner qu'ils exerçaient une pression permanente pour faire baisser les prix. La plupart des PME concernées ont un gros client qui fait l'essentiel de leur CA : c'est bien sûr ce client-là qui exerce la pression.
Dans son article, Peyrelevade joue les imbéciles. Il sait bien que cette pression existe, elle doit donc avoir un effet, lequel ne peut être qu'en faveur de celui qui l'exerce.

Daniel Dresse

Je crois qu’en cette affaire, le côté moins impersonnel des relations humaines joue un grand rôle au sein des PME, surtout les plus petites d’entre elles. L’aspect psychologique est donc essentiel.
A priori le petit patron est tenté dans tous les cas de préserver son profit personnel. Les contraintes imposées par le donneur d’ordre seront donc obligatoirement répercutées sur le salaire soit en maintenant la pression à la baisse (ou à la stagnation) soit en « tirant » sur la contre partie du salaire, c'est-à-dire le travail fourni. Le patron réclamera alors un effort supplémentaire à la fois dans la quantité de travail et dans sa diversité (toujours plus de polyvalence avec souvent une surqualification des tâches). C’est ici que la psychologie intervient, car il arrive toujours un moment où le patron « sent » qu’il ne peut pas plus demander à son salarié en regard de ce qu’il lui paie. A ce point, il aura tendance effectivement à rogner sur son profit d’une manière ou d’une autre. J’ai surtout observé, dans le cadre de mon expérience personnelle ces dernières années, une tendance notable de mon employeur à « montrer l’exemple » c'est-à-dire à en faire toujours plus aux yeux de son personnel.
Il est impossible que ce type de situation n’ait pas des répercutions dans la manière du petit patron de se percevoir par rapport « aux gros ». L’animosité qu’il peut éprouver envers ceux-ci est d’ailleurs de nature indirecte, et passe par le véritable objet de vindicte : les banques (« EUX ont les moyens d’obtenir une rallonge de leur banque, pas moi »). Ce type de patron ne revendique pas non plus sa qualité de « patron », réservé pour lui « aux gros » mais emploie volontiers le terme « d’indépendant » pour s’en démarquer et mieux souligner combien il ne peut compter que sur lui-même. J’ai oublié de vous dire que je travaille dans une petite unité touristique de moins de 9 salariés, et que je serais bien en peine de vous préciser la nature exacte de mon poste : réceptionniste, serveur, secrétaire, bricoleur, et surtout comptable puisque je traite toute la comptabilité sauf les salaires (après avoir rédigé ce petit texte, je vais m’atteler à la TVA du mois et vous noterez l’heure !). La pression qui pèse sur la sous-traitance, nous la ressentons nous au niveau des forfaits d’hébergements de la clientèle professionnelle, lesquels souffrent eux aussi de la compression générale. Nous devons donc adapter nos prix pour cette clientèle là, sous peine de la voir partir vers les hôtels de chaîne qui ont plus les moyens de casser les prix et ne s’en privent pas par les temps qui courent.
Je termine sur une parenthèse. Qui se souvient, il y a à peu près un an et demi, d’une extraordinaire série d’émissions de Daniel Mermet (je précise que je prends le personnage avec des pincettes) sur la manière de percevoir la mondialisation par des petits patrons dans la métallurgie d’une vallée haute savoyarde ? La haine véritablement de ces gens vis-à-vis de leurs donneurs d’ordre, des « requins sans foi ni loi » qui les pressuraient « comme des citrons », était patente et vérifierait plutôt donc la théorie de Lordon.

oppossum

Même s'il est bavard, D.D. met toujours l'humain avant l'idéologie.
En ce qui concerne les "petits" patrons, leur haine vis à vis des donneurs d'ordre relève -t-elle plus de la jalousie de ne pas arriver à en faire autant ou bien d'en être la victime ?
Et qu'ils rognent sur leurs marges après avoir épuisé tous les moyens de survivre en pressurant leurs salariés, les fera-t-il basculer de l'autre côté d'une fracture des 'luttes des classes' , permettant un 'vrai renversement de logique' ?
Admettons que celà puisse déboucher sur quelques changements economiqco-politiques sur la base d'intérêts commun conjoncturels précis et limités , et sur pas mal de quipropos sur les suites à en donner et sur le fond des choses.
Lordon : Mickey au pays de l'alter-économie en Disney-Land, où les acteurs économiques sont des petits pions réagissant à des stimulis binaires.

archibald

Bonjour à tous. Et merci à Malakine, dont je lis régulièrement les billets.

Il est difficile de trancher, lorsqu'une question comme celle-là est posée, si on n'est pas économiste.
Je me contenterai donc de constater que le recours à des figures mythiques, telles celle de l'entrepreneur, est a priori suspect. Elle me fait penser à l'expression de Jacques Sapir, lorsqu'il parle des "mythes de l'économie vulgaire". Les mythes sont toujours commodes lorsqu'il s'agit d'expliquer aux non-initiés qu'ils doivent avant tout croire à ce qu'on appelle pompeusement "les lois de l'économie". Croit-on encore à ces fameuses lois (les appelle-t-on encore ainsi) lorsqu'on connaît certains mécanismes?

Daniel Dresse

@ Opossum

Non ! Je passe plutôt pour taciturne. Il est vrai que j’écris à un peu tout le monde, la nuit de préférence. Ca ne mange pas de pain vous en faites ce que vous voulez (et puis j’ai la conscience tranquille, j’ai fini ma TVA)…

- Même si je fais passer les hommes d’abord (il y a peut-être une mine ?) toutes les explications économiques ou historiques mettant en avant « la jalousie » m’apparaissent peu performantes. Ce doit être mon vieux fond d’éducation chrétienne forcée et qui ne m’a pas laissé que des bons souvenirs : je me méfie viscéralement de tout ce qui traîne dans le décalogue. Il est bien trop facile de faire disparaître tout ce qui a trait à l’injustice derrière « la jalousie ». Vous pouvez très bien expliquer la révolution française –comme la rancœur des petits patrons contemporains- par la jalousie mauvaise d’un peuple de ratés. Ce disant, je crois que vous risquez de passer à côté de l’essentiel…

- Je suis effectivement persuadé que le basculement d’une large fraction du petit patronat hors du giron du grand va être lourd de conséquences politiques (avatar du dépérissement en général des classes moyennes). Bien sûr qu’il y aura des illusions lyriques et des alliances sans lendemain, mais l’histoire n’est faite que de cela : alliances et mésalliances des couches sociales.

- « les acteurs économiques sont des petits pions réagissant à des stimulis binaires » C’est marrant vous venez de donner inconsciemment une définition de l’homo oeconomicus tel qu’il est consacré dans les théories économiques classiques (ouf ! j’ai failli dire un autre mot !). Je ne me souviens pas d’avoir lu ça dans les textes de Lordon, qui ne s’est d’ailleurs jamais revendiqué « alter » en quoi que ce soit mais tout simplement économiste. Revoyez vos définitions : moi, je suis bavard, d’accord ! Mais Lordon, lui, il est BRILLANT ! Quant au « Mickey de Disneyland », gardez ça pour l’Elysée…

Seb de CaRéagit

http://careagit.blogspot.com/2009/04/de-la-lutte-des-classes-entre-patrons.html

En espérant te lire en commentaires

A bientôt

Magnin

La confusion dramatique entre petis patrons et patrons est aussi dramatique que la confusion prolétaires et sous prolétaires à la différence près que lorsque il y a des incidents entre ces deux derniers (incivilités, voitures qui brulent et réaction démocratique souvent malheureuse) tout est vu sous l'angle "milieu populaire" qui ne correspond pas à la réalité sociologique !
Etrange....

log

D Dresse,

Je bosse dans une grosse multinationale, pas mal de chaos mais une forme d'anonymat qui permet presque plus de liberté que dans des petites boites où la loi du chef écrase tout, surtout quand le chef est un peu borné, voire très con, Dieu le pardonne.

Une grosse société est un peu chaotique et la volonté du PDG est émoussée, chacun fait un peu sa vie hors du village de surveillance des petites boites qui sont souvent étouffantes par cette volonté de contrôle qui tue tout. Les grosses boites veulent tout contrôler mais savent que c'est impossible, alors on joue avec ça.

C'est déconcertant au début, mais on voit qu'on peut se débrouiller dans une grosse boite et slalomer administrativement bien plus que dans des petites structures. Sans compter que les revenus sont bien supérieurs du fait des leviers d'échelle qu'on peut y trouver.

Daniel Dresse

@ Olaf

Merci pour l’aperçu de votre expérience. Attention de ne pas tout systématiser non plus. La qualité des relations est essentielle dans une petite structure, plus sans doute que dans une grosse boîte où, comme vous dites, les aspects négatifs peuvent être dilués (à ce sujet, j’ai connu des enfers en miniature). Mais il arrive que la bonne entente soit au rendez-vous autant horizontalement (entre les collègues) que verticalement (avec le chef). Si cette condition est remplie, alors « small maybe beautiful ». Pour la rémunération par contre, c’est effectivement une autre histoire…

EtienneB

Politiquement, ce clivage entre petit et grand patron a déjà causé en France la tentative de représentation des petits patrons par Ségolène Royal lors de la précédente présidentielle (véritable sécurité sociale pour les patrons notamment).

On dit souvent qu'elle a une perception intuitive des bouleversements du corps social. Voila que Lordon théorise cette intuition.

La théorie semble crédible en tout cas.

La pression sur les salaires se confronte tout de même aux seuils imposés par la législation (et heureusement !).

Bien sûr, il y a toujours la possibilité de délocaliser, mais pour un petit patron, ce n'est pas si simple. rien que le fait de devoir quitter son pays, ses proches, sa vie au final doit en dissuader plus d'un.

Bref, effectivement la psychologie et la sociologie doivent avoir une importance capitale dans les choix opérés à ce niveau. Mais seul un spécialiste de micro pourrait nous en dire plus.

Malakine

Non, non non et non !! Ségolène Royal n'a aucune intuition. Elle cherche à faire parler d'elle et à cultiver une image. Pour cela, elle est capable de tout, y compris parfois de développer des idées justes !

Je conseille le billet de Seb. Il cite un sondage édifiant sur l'attitude des patrons à l'égard de la bourse. Mais j'ai tout de même des toutes sur sa véracité. Il faudrait vérifier la source ...

Magnin

La confusion des classes est symptomatique des certaines dérives du libéralisme qui est d'une part la confusion et dans un second temps de monter les uns contre les autres au sein d'un même espace économique. Quand à Royal, je suis en désaccord avec Malakine car elle a de bonnes intuitions mais le prblèmes c'est que cela reste des petites idées non exploitées à fond, comme un autodidacte qui fourmille de bonnes connaissances sans les ranger dans l'ordre.

Monsieur Poireau

Les petits patrons vendent du travail, les grands brassent des richesses et des ratios.
Pas le même métier, effectivement !
La réponse de Peyrelevade, qui aura quand même beaucoup fait pour l'ultra-libéralisme, est à pisser de rire. Ce type est totalement sorti de la réalité et je lui conseille vivement d'aller faire un tour dans la rue…
:-))

Laurent, gaulliste libre

@ Tous

Article et débat passionnant que mon nouveau statut de petit patron ne me permet de rejoindre qu'avec un temps de retard. Mon expérience des deux mondes me permet de dire :
1- qu'il y a clairement une différence d'appréhension du facteur humain entre les PME et les grandes entreprises. Dans une grande entreprise, on pressure les coûts de manière abstraite, souvent à l'extérieur de son entreprise, encore que les vagues de licenciements internes sont plus concrètes. Néanmoins, il y a un certain anonymat qui permet à l'état de nature de s'exercer plus facilement que dans les plus petites structures ou le lien social rend plus difficile les comportements plus "animaux".

2- le deuxième point que je peux apporter est un rapport à la concurrence. En général, les PME sont dans des situations de véritable concurrence (le magasin à côté), ce qui limite la hausse des profits. Les grandes entreprises, elles, ont les moyens de réduire le niveau de concurrence par les rachats de concurrents, ce qui leur donne un plus grand pouvoir sur le marché et leur permet d'extraire une plus grande part de profit.

J'ai le souvenir d'une mission quand j'étais consultant où nous avions trouvé que le niveau de profitabilité des filliales de notre client était complètement corrélée à la Part de marché des 3 leaders. Plus le marché était fragmenté, plus le profit était limité, plus le marché était concentré, plus le profit était élevé. Pourquoi croyez-vous que les grandes entreprises passent leur temps à se racheter les unes les autres dans des opérations d'une complexité aussi grande et dévoreuse d'énergie pour le top management ?

De manière pas complètement paradoxale, l'idéal des grandes entreprises est plutôt une concurrence limitée avec juste une poignée d'acteurs à la fois "too big to fail" mais également trop conscients de leurs intérêts communs, pas forcément une oligopole illégal, mais simplement des intérêts bien compris. Cela n'est pas possible quand il y a trop d'entreprises présentes sur le marché, ce qui rarement le cas pour les PME.

A dire vrai, je pense que la vérité est un peu entre les deux. Il y a bien une fracture. La pression des grandes entreprises se transmet clairement aux petites entreprises, mais je crois que les petits entrepreneurs ne répercutent pas entièrement la pression sur leurs salariés.

b.mode

Très bon angle. Là où on voit le schisme définitif entre grands groupes et petits patrons, là où on se dit qu'on est vraiment mal barre...

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