Hier soir, les deux journaux télévisés ont tous ouvert avec l’affaire de la petite Elise, retrouvée en Hongrie que sa mère s’apprêtait à quitter par l’Ukraine pour rejoindre la Russie. Le père, présenté en héros avec sa fille portée dans les bras comme un trophée, faisait étalage de son bonheur d’avoir enfin retrouvé sa fille tant aimée et d’avoir pu la ramener à la maison. Une belle happy-end comme les médias les aiment tant.
Pourtant, ce bonheur a sa part d’ombre. Cet heureux dénouement a eu un prix : la mère est détention préventive et risque 10 ans de prison pour enlèvement, ce qui ne semblait pas émouvoir outre mesure le super papa poule qui se demandait encore s’il était bien sage de retirer sa plainte, oubliant manifestement que lui-même s’est rendu coupable du même délit à Moscou en septembre dernier et fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour le même motif par les autorités russes.
L’affaire aurait très bien pu se solder par une conclusion exactement inverse à l’automne dernier: une mère triomphante devant les télés russes après avoir récupéré avec l’aide de la police russe, sa fille russe, née en Russie et de nationalité russe que son père, un français-qui-lui-porte-un-attachement-suspect, a kidnappé avant de se faire prendre à l’aéroport au moment de quitter le pays.
Dans cette affaire, il n’y a pas un héros courageux prêt à soulever ciel et terre par amour pour sa fille et une salope qui n’hésite pas à recourir à des gros bras pour parvenir à ses fins, mais seulement un couple divorcé qui se déchire pour la garde de son enfant, un couple à égalité de droits et fautes : une histoire universelle aussi banale que tragique.
Il faut vraiment que les médias soient aveuglés par leur recherche de l’émotion et le chauvinisme pour présenter ce dénouement comme un sauvetage heureux. C’est un drame ! C’est toujours un drame de voir des parents se battre pour un enfant comme s’il s’agissait de leur chose. C’est encore plus un drame quand la justice s’en mêle. Et ça devient tragique lorsque celui des deux parents qui perd finit en prison ! Surtout si ce parent, c’est la mère.
Alexandra Kamenskaya, sans pour autant prendre fait et cause pour la mère tente d’expliquer les motivations qui l’ont conduit à organiser le dernier enlèvement : « Il est vrai que la législation russe en terme du divorce, qui date de l’époque de l’URSS, quand on vivait dans un système où tout le monde était “égal” sur le plan matériel, confie d’habitude la garde des enfants communs à la mère. Dans notre mentalité, c’est presque automatique: c’est la mère qui élève les enfants. »
J’aimerais répondre à la directrice de RIA Novosti en France qu’il en est de même dans notre pays et qu’il en est probablement de même dans toutes les civilisations dignes de ce nom. Même dans le pays qui a sacralisé le principe d’égalité au point de le transformer en principe d’indifférenciation des sexes, ce sont les mères qui élèvent les enfants. Une étude récente l’a encore récemment illustré. La justice française, dans les procédures de divorce, confie systématiquement la garde des enfants en bas âge à la mère (98% selon SOS papa)
C’est évidemment douloureux, mais un homme doit savoir faire le deuil de sa paternité avortée pour laisser son enfant en bas âge à la mère. La seule chose qu’il peut faire est de payer consciencieusement sa pension alimentaire, tenter d’entretenir le lien pour continuer à être appelé « papa » et de conserver l’espoir qu’à l’adolescence ou à l’âge adulte, cette paternité virtuelle puisse enfin devenir effective en s’incarnant dans une relation réelle. On ne se bat pas contre l’intérêt de celui qu’on prétend aimer.
Selon ma propre subjectivité, l’histoire d’un père quinquagénaire qui cherche à arracher un bébé de 18 mois à sa mère puis entreprend de l’enlever à trois milles kilomètres de chez lui avant de lui courir après dans toute l’Europe, ne peut que susciter la perplexité, la suspicion et un certain malaise. Quand toutes les télévisions montraient ce père triomphant avec sa gamine dans les bras qu’il portait comme un paquet, je pensais à sa mère qui dans le même temps croupissait dans une prison hongroise en pleurant son enfant.
Le sort a parlé. L’enfant restera probablement en France avec son père. Ce n’est pas une raison pour traiter la mère en criminelle. Irina Belenskaya devrait prochainement être extradée en France pour être jugée pour l’enlèvement. Il est à espérer aujourd’hui que la Justice saura faire preuve d’humanité et de sens de l’équilibre.
Espérons qu’elle n’oubliera pas que la mère était dans son droit au regard des décisions de justice du Pays dont elle et sa fille sont des ressortissants. Espérons qu’elle n’oubliera pas que ce père héroïque a commis le même forfait et aurait pu se retrouver dans la même situation aux mains de la justice russe et que nous aurions dans ce cas, à juste raison, réclamé aux autorités russes sa libération immédiate.
La justice doit libérer Irina Belenskaya pour lui permettre de retrouver les siens à Moscou au plus vite.
Malakine
Ils avaient qu'à suivre le conseil d' Yves Cochet et pas faire d'enfant !!!
Rédigé par : RST | 15 avril 2009 à 22:06
Cet aveux de misandrie est navrant. Pourquoi la mère serait-elle mieux placée pour éduquer l'enfant seule ?
Un enfant a besoin de ces DEUX parents ! La mère a sans doute un rôle plus important pour un bébé, et dans les premières années de l'enfant. Mais ensuite, le rôle paternel est tout aussi important...
Je ne suis pas au courant des forfaits du père en Russie, mais il semble qu'il n'ait jamais demandé à ce que la mère ne voit plus sa fille et qu'il recherche une position commune pour le bien de la petite.
Pas simple du tout cette affaire. Et le filtre des médias ne nous donne à mon avis pas assez d'informations pour pouvoir nous faire notre propre jugement, ce que tu fais dans ce billet :/
Rédigé par : EtienneB | 15 avril 2009 à 22:08
@ RST
:-) Alors l'affaire en cours ne t'inspire pas ? Rassure toi, demain ça sera plus proche de tes sujets. Oui, oui, je parle de frédo ... L'article est prêt mais j'attends demain.
@ Etienne
Cette affaire me touche personnellement et j'ai eu envie d'en parler. L'idéologie c'est bien mais il ne faut pas oublier que les vraies tragédies de la vie sont toujours constituées d'histoires humaines. Je te souhaite de pouvoir toujours dire ça et de pouvoir ne pas être touché par ce genre d'histoire.
Rédigé par : Malakine | 15 avril 2009 à 22:34
cher Malakine,
Merci pour cet article, équilibré, sensé et plein d'humanité, dont je partage totalement le propos. L'enfant est désormais tellement "sacralisé" que certaines personnes sont prêtes à se battre comme des chiffonniers (au mépris total de l'intérêt de l'enfant)pour en obtenir la garde. Si le sentiment maternel ou paternel est naturel, je trouve que la manière de considérer les enfant comme étant une sorte de "propriété" de ses parents est une dérive dangereuse (cf. les nombreuses affaires sur les mères porteuses qui se retrouvent en procès avec les parents adoptifs).
Rédigé par : Franc-tireur | 16 avril 2009 à 07:22
Je suis globalement d'accord avec l'analyse sur le role esentiel de la mere dans l'education d'un enfant.Apres tout nous sortons tous du ventre de notre mere.
J'apprecie la phrase sur l'egalite des sexes qui conduit a l'indifferenciation.Ca meriterait une chronique per se.
En revanche je trouve que la demande de clemence pour la mere est quelque peu exageree.Elle a ete coorganisatrice, complice et coauteur d'un rapt avec violence.Cela ne peut etre passe par pertes et profits.Cela n'excuse pas le pere qui n'est pas un heros. Tous les Gaulois ne sont pas des heros.Mais emporte par votre elan vous avez saute une case je crois.
Rédigé par : john cathay | 16 avril 2009 à 08:16
L'image qui me restera c'est la petite Elise qui met sa main sur la bouche de son père pour le faire taire.
Qui était le plus âgé mentalement des deux mardi soir ?
Rédigé par : David Desgouilles | 16 avril 2009 à 08:45
D'abord ce qui me choque dans cet article : "attachement-suspect".
Cet attachement est "hors normes", pas nécessairement suspect. Vous avez parfaitement le droit de douter de cet homme qui a su si savamment mettre en scène son tabassage pour susciter la compassion de médias et de l'opinion mais d'écrire, sans preuve, que ce comportement le rend suspect et de quoi, d'ailleurs...
Sinon d'accord avec l'article et surtout la conclusion : la justice, qui n'a pas tranché, n'a pas à mettre en prison cette femme. Encore un abus de détention préventive. La mère a, si j'ai bien compris, un autre enfant qui l'attend...
Au fait, abandonner provisoirement un enfant pour en retrouver un autre ne la rend pas suspect de quoi que ce soit ! ^^
Dernière remarque : le manque d'estime réciproque dans les séparations est souvent tel qu'il explique en grande partie l'acharnement à conserver la garde de son enfant. Chacun des parents croient alors agir dans l'intérêt de son gosse.
Et puis il y a tellement d'affect à cet age : on met en général une vingtaine d'année (voire plus avec Tanguy) à changer d'état d'esprit...
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 16 avril 2009 à 08:57
Le couplet sur la mère est un peu navrant. Un père peut très bien éduquer un enfant, arrêtons de penser que seules les mères sont aptes. Franchement, défends-tu cette femme parce qu'elle est russe? La différence entre lui et elle, c'est qu'elle a embauché des hommes de maion pour le passer à tabac. Bref.
Peu importe : moi, quand j'ai vu le père triomphant à la télé, avec des journalistes qui posaient des questions sur l'avenir de l'enfant, je me demandais simplement ce que veniat faire cette affaire privée au JT. Je me fous totalement du devenir de cette enfant... C'est l'affaire de ses parents et de la justice.
Rédigé par : le chafouin | 16 avril 2009 à 09:02
@ Franc Tireur
Ca me fait bizarre de voir un docteur en économie revenir sur Horizons pour commenter un petit sujet de société ! :-) En tout cas, ça me fait plaisir de voir que me lis toujours.
@ John Cathay
Une chronique sur l'indifférenciation des genres ? Vous voulez vraiment que je me fasse écharper par les féministes des deux sexes ?? Non, non Eric Zemmour a écrit un très bon bouquin sur le sujet. Tout est dit. Et ce n'est pas un sujet politique. C'est une question qui relève de la vie privée. En ce qui me concerne, j'ai choisi de m'adapter.
@ David Desgouilles
En effet, cette image a renforcé le malaise que l'on pouvait ressentir face à ces images.
@ PMF
J'ai dit suspect, je n'ai pas dit "pédophile" ! Effectivement, ce goût des caméras et de la mise en scène est suspect. Il indique un égo hypertrophié, le genre à faire des enfants pour être aimer, le genre a être incapable d'un amour véritable.
Oui la mère a un autre enfant à Moscou d'un premier mari avec lequel elle s'est remis. La presse dit que c'est une fille. Or elle s'appelle sacha, ce qui en russe est le diminutif d'Alexandre.
Tu crois vraiment que dans les séparations chacun croit agir en fonction de l'intérêt de son enfant ?? Tu ne crois pas plutôt qu'il s'agit d'une histoire d'orgueil froissé, chacun voulant défendre "ses droits" et refusant de perdre la partie ?
@ Chafoin
Sur la question de la répartition des rôles dans l'éducation des enfants, notre société vit en pleine hypocrisie. D'un coté, on veut que les hommes participent à égalité à l'éducation des enfants (même petit). Voir notamment les commentaires affligés qui ont accompagné la sortie de l'étude sur le partage des rôle en matière éducatives (et non ménagères). Mais d'un autre la justice confie systématiquement la garde des enfants à la mère.
Moi je suis cohérent. Je considère qu'en cas de séparation, l'enfant doit rester avec sa mère. Mais c'est aussi à la mère qu'il revient de s'occuper des biberons et des couches ! :-)
Bonne question ! Je vois que tu me connais bien. Certes, la nationalité de la mère a pu aider pour ce que je sois aussi touché par cette affaire. Mais la vérité c'est que je suis passé par là (avec une mère française) et que j'ai mis un point d'honneur à avoir l'attitude inverse. J'adore ma fille et je suis toujours en contact avec elle, mais j'ai accepté l'idée d'être un père absent et lointain. Ce n'a pas toujours été facile mais je ne le regrette pas. Si cela m'arrive une nouvelle fois (avec une mère russe) je ferais exactement pareil et j'irais rendre visite une ou deux fois par an à ma fille à Moscou.
Certes, c'est une affaire privée, mais dès que les JT ouvre la dessus, ça devient un sujet de société. Dis, ce n'est pas toi, qui nous disait récemment qu'il n'y a pas que l'économie dans la vie ?? ;-)
Rédigé par : Malakine | 16 avril 2009 à 09:44
Cher Malakine,
Vous bottez gentiment en touche sur le sujet de l'indifferenciation des sexes en pretendant que ce n'est pas un sujet politique! Mais c'est un sujet eminemment politique tout au contraire...La condition feminine dans le monde,la relation avec les hommes en termes de pouvoirs,de structures familiales,de demographie, l'egalite qui vire a l'egalitarisme et transforme souvent les femmes en enjeux de pouvoir au lieu d'en etre les actrices, tout ceci n'est pas politique?? Allons soyons serieux!! Ce qui complique le debat, j'en conviens, c'est que les deux spheres publique et privee s'entrelacent tel un slow pas toujours langoureux et qu'il est ardu de les demeler ..mais le probleme demeure.
Rédigé par : john cathay | 16 avril 2009 à 09:55
Suspect sans sous-entendu : alors rien à redire.
Dans les séparations de nombreux sentiments peuvent nourrir des formes mesquines de vengeance. Mais ce que je voulais évoquer ce sont les différents qui naissent justement de conceptions radicalement sur les relations parents-enfants, sur l'éducation, etc...
Je l'illustre par un cas extrême, aussi dans l'actualité du moment : ce père qui impose le jeûne à ses enfants pour des raisons soit-disant religieuses ! Mais le sentiment de base, c'est qu'élevé par l'autre l'enfant ne sera pas comme on voudrait qu'il soit, qu'il héritera de toutes les tares que l'on croit désormais discerner chez l'autre.
j'imagine (pas directement concerné) que, quand il reste de l'estime réciproque, la séparation du ou des enfants peut être mieux vécue même si ce n'est ni simple ni souhaitable.
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 16 avril 2009 à 10:18
Merci, Malakine pour ce papier dont Arnaud Desjardins aurait sans doute approuvé la juste et exigeante conception de l'amour paternel que vous y défendez . Je partage le jugement de Franc-Tireur et joins mes éloges aux siens .
Le hasard me conduit à rapprocher ces tristes déchirements entre parents pour l'attribution de la garde de leurs enfants d'une anecdote rapportée hier par Mylène Demongeot (je crois!) qui la tenait de son vétérinaire .
Un couple, bien sous tous rapports, accompagné d'un chien superbe, en santé parfaite était venu lui demander de le piquer !
Devant son étonnement, le couple se justifie en expliquant qu'il est en instance de divorce et que tous deux aiment tellement ce chien qu'aucun des deux ne saurait renoncer à sa garde ; aussi se sont-ils mis d'accord pour le faire piquer !
Le vétérinaire les met à la porte et garde le chien !
L'anecdote prend valeur de fable : un parallèle entre le destin réservé à ce chien par ses maîtres et celui d'enfant(s) que ses deux parents s'arrachent révèle les extrémités auxquelles est susceptible de mener un amour "captatif" poussé à l'extrême .
Rédigé par : Tadzoa Trekhei | 16 avril 2009 à 18:08
@ John Cathay
Dans ses dimensions politiques, oui, je peux parler des relations hommes / femmes. C'est d'ailleurs ce que je fais dans ce billet en parlant de la garde des enfants en bas âges après un divorce. Mais je ne parlerais des relations entre sexe en général, du couple idéal, ou des jeux de séductions. Cela regarde la sphère privée. Et puis, je n'ai aucun goût particulier pour la guerre des sexes.
@ PMF
Bien sûr qu'au moment d'une séparation tu peux craindre que l'autre va éduquer to enfant dans un sens que tu réprouves (ça aussi je pourrais en parler) mais bon, on doit faire son deuil et se répéter que ce n'est pas parce que c'est ton gosse que ça doit être un prolongement de toi et qu'il doit te ressembler à l'âge adulte.
@ Tadzoa Trekhei
Merci de la référence à Arnaud Desjardins. Elle me touche même si je la trouve un peu imméritée. Dans ce billet je fais plus l'éloge du sacrifice que de l'amour désintéressé ...
Tiens à propos d'Arnaud, je viens de finir un bouquin écrit par son fils Emmanuel, qui s'intitule "prendre soin du monde" Ce n'est pas transcendant, mais ça reste intéressant pour un ancien disciple de voir ce que donne les valeurs spirituelles appliquées au champ politique.
Rédigé par : Malakine | 17 avril 2009 à 09:36
Bon article,
Je tiens cependant à faire remarquer, un élément que personne n'a pris en compte: Sur les images, la mére semble avoir au moins 20 ans de moins que le pére. Sachant qu'elle vient d'un pays qui n'est ni riche, ni facile à vire, il y a un côté sordide et prostitutionnel dans cette histoire.
C'est le cliché de ces hommes célibataires européens agés et pas forcément séduisant, partis "acheter" une femme jeune et jolie en Russie: que ces personnes aient des problêmes ne me parait pas une affaire d'état mais presque une sorte de justice..
Pourquoi cet interet des médias, une résurgence d'un nationalisme de pacotille et de circonstances comme dans l'affaire du Tanit?
Rédigé par : Chevillette | 17 avril 2009 à 12:18
@Malakine
Ah je suis très content que tu parles parfois d'autre chose que d'économie! ;)
C'est juste les questions parfois très personnelles des journalistes qui m'ont un peu gêné.
Sur le reste,en effet tu es cohérent...;)
Rédigé par : le chafouin | 17 avril 2009 à 14:57
@ Malakine
Merci pour l'info sur le livre d'Emmanuel Desjardins que je ne manquerai pas de lire .
Je persiste et signe ; Arnaud reconnaîtrait sûrement son disciple dans l'accomplissement de votre "dharma" de père et, pour argumenter mon propos, j'ai sélectionné dans ses écrits quelques passages qui traitent de l'éducation en Inde et de l'opposition de l'être et de l'avoir selon son maître, Swâmiji .
— J'avais été fort surpris en découvrant que, dans les langues modernes de l'Inde,il n'existe pas de verbe avoir . Puisque le langage forme notre façon de penser dès que nous commençons à parler, la différence est grande entre notre monde et une société dans laquelle on ne connaît pas le verbe avoir et où on utilise des périphrases fondées sur le verbe être . Au lieu de "j'ai deux enfants", on dit "deux enfants sont auprès de moi" . La distinction des deux domaines de l'avoir et de l'être apporte beaucoup à la compréhension .
(Un grain de sagesse, page 40 )
— L'éducation n'a pas d'autre but que de faire d'un petit enfant un adolescent heureux (…) Puissent les parents être animés par ce seul but : je veux en faire un petit être heureux et un adulte heureux (…).
Pour que ce but ne soit jamais perdu de vue, une parole de Swâmiji est fondamentale . C'est le retournement de situation qui, au lieu de nous faire vivre la relation avec l'enfant dont nous avons la charge selon la perspective : "c'est mon fils ou c'est ma fille", nous fait vivre cette relation dans la perspective : "je suis son père, je suis sa mère ; il n'est pas pour moi ; je suis pour lui" .
Un ami afghan m'a dit — je ne l'ai pas vérifié — cette chose étonnante : il y a à peu près soixante-dix ans, dans l'ancien persan, qui a été modifié depuis dans la pratique courante, on demandait non pas : "Combien avez-vous d'enfants ? " mais "Combien d'enfants sont avec vous ?" Et on répondait : "Confiés à ma garde et appartenant à Dieu, cinq enfants sont avec moi" (…) Nous sommes déjà beaucoup plus proches de la perspective hindoue (…) L'Inde était une société dans laquelle l'être dominait sur l'avoir — au moins jusqu'à la libération (1947) et à la tentative des ministres qui entouraient Nehru pour faire de l'Inde un pays moderne, avec une mentalité moderne .
(Ibid., pp. 139-140 )
— Alors que l'Oriental éprouve spontanément "Je suis son fils, je suis son époux, je suis son père", c'est-à-dire se conçoit en fonction de l'autre, l'Occidental ressent : "C'est ma mère, c'est ma femme, c'est mon fils", c'est-à-dire perçoit l'autre en fonction de lui . Le plus heureux est celui qui accepte toujours son prochain tel qu'il est puisque c'est à celui-ci qu'il s'intéresse et non celui qui est toujours déçu parce qu'on ne s'intéresse pas assez à lui (…)
(les Chemins de la sagesse, T. I, p. 97)
Rédigé par : Tadzoa Trekhei | 17 avril 2009 à 19:30
@ Chevillette
Je crois me souvenir que la mère à 39 ans et le père 51, ce qui ne fait jamais que 12 ans d'écart. Personnellement, je trouve que cela n'a rien de choquant, mais c'est peut-être parce que j'ai 13 ans d'écart avec ma copine (russe) :-D La différence d'âge n'est pas perçue pareil en russie. Il est normal que l'homme soit plus agé. En outre, je crois que ça n'a rien à voir avec ce à quoi tu penses. Ils se sont connus dans leur univers professionnel. Je crois que ce sont tous les deux des scientifiques.
C'est le même Chevillette que celui qui commentait ici il y a deux ans pendant la campagne présidentielle ? (Putain, deux ans, déjà ....
@ Chafoin
Difficile de bloguer dans la durée sans devenir monomaniaque. J'essaie ... mais c'est difficile de ne pas parler d'économie dans la période de crise actuelle. Ceci dit, tu remarqueras queje m'intéresse plus à l'évolution des idées pendant la crise qu'aux processus économiques eux memes.
@ Tadzoa Trekhei
Merci de cette piqure de rappel. Ces idées ne m'ont jamais quitté. Vous en constaterez sûrement des traces dans ma série de billet idéologiques.
Rédigé par : Malakine | 18 avril 2009 à 08:48
Oui da c'est moi! Je te lis toujours.. ;-)
Tu as une copine russe toi aussi, d'ou ton interet pour la question...
Rédigé par : Chevillette | 20 avril 2009 à 12:34