Le protectionnisme économique est une théorie qui vise à limiter l’exposition d’une économie à la concurrence internationale pour pouvoir développer sa production et son marché intérieur. La menace à laquelle renvoie l’idée de protection peut-être schématiquement définie comme les importations venues des pays moins vertueux. Pour une théorie qui ferait de l’idée de protection la valeur centrale, quelle pourrait être la menace dont il conviendrait de se protéger et à partir de laquelle on pourrait construire un seul et même système idéologique ? Il ne s’agit bien évidemment pas de construire un système contre une menace extérieure, quelle qu’elle soit.
Le but, on l’a dit, est de créer les bases d’un système qui n’engendrerait pas lui-même les causes de sa propre destruction. Quelle est donc la cause commune à tous les phénomènes d’autodestruction que l’on constate dans cette crise globale de début de millénaire ? Qu’y a-t-il de commun entre la démocratie « qui se retourne contre elle-même » pour produire un jeu qui tourne à vide, le capitalisme qui s’autodétruit dans sa recherche du profit, la culture qui se dissout en se démocratisant, les sociétés qui vieillissent et s’épuisent par dénatalité, le climat qui se dérègle sous l’influence de l’homme ou les ressources énergétiques qui vont s’épuiser laissant l’humanité sans solution alternative ?
Le court-termisme, voilà l’ennemi :
Le point commun à tous ces phénomènes d’autodestruction c’est le court-termisme, l’incapacité des systèmes à prendre en compte les enjeux de long terme et la recherche permanente de la satisfaction des besoins ou des désirs immédiats. Si cette cause apparaît avec évidence pour ce qui concerne les enjeux écologiques, le rôle du court-termisme dans le développement de la mondialisation néolibérale et de la crise qu’elle a suscitée est peut-être moins évident.
Pour ses défenseurs, la mondialisation procède de la théorie des avantages comparatifs : Chacun doit se spécialiser là où il est le meilleur pour produire une division internationale qui bénéficiera à tous. En théorie c’est un système stable. S’il y a des crises, elles ne peuvent qu’être transitoires le temps que l’adaptation se fasse, que les emplois se reconvertissent... En réalité, le système n’a jamais été stable. Il a toujours produit des déséquilibres croissants menaçant de se rompre brutalement. Cela est vrai au plan commercial. L’avantage comparatif de la Chine a produit des excédents commerciaux et monétaires sans cesse plus importants et des déficits symétriques dans les zones de consommation, le déséquilibre ne pouvant se résoudre que par la banqueroute des pays débiteurs, ce qui arrivera lorsque les Etats-Unis ne pourront plus financer leurs déficits extérieurs ou que le dollar s’effondrera. Le système n’est stable que si on évacue le facteur temps.
Cela est vrai également au plan financier. On parle beaucoup aujourd’hui des “actifs toxiques”, mais sur le moment ces actifs étaient de très bons produits financiers, assis sur des créances parfaitement solvables. Ce n’était pas pour rien qu’ils étaient parfaitement bien notés par les agences de notations. Les crédits subprimes n’étaient pas gagés sur la capacité de remboursement des ménages mais sur l’inflation de la valeur des actifs. C’était la cession de la maison qui était sensée rembourser son achat, et la plus-value les intérêts. Sans le facteur temps, le système était stable. Dans la durée, cela ne pouvait évidemment pas être durable. Le système était parfait tant que l’immobilier montait. Quand celui-ci a commencé à se retourner, cela a produit la crise des subprimes avec les conséquences que l’on connait.
La crise économique elle-même vient de cet aveuglement court-termiste. Le déficit de demande qui est à la base de la dépression vient d’une recherche effrénée de profit immédiat. On a délocalisé les productions dans les pays à bas coûts, pour le grand bonheur des consommateurs qui pouvaient bénéficier des prix les plus bas, et des épargnants qui voyaient augmenter leurs revenus. Même les salariés en bénéficiaient puisqu’ils étaient de plus en plus payés en actions et plus seulement en salaires. Dans un premier temps ce système bénéficiait à tout le monde. A la grande époque des délocalisations, je me souviens d’un économiste qui expliquait très sereinement que la fin des quotas textiles et la disparition des emplois existant en France était globalement positive pour le pays, car les économies que cela permettrait de réaliser pour les consommateurs seraient très supérieures au coût de l’indemnisation du chômage pour ceux qui ont auront perdu leur emploi dans l’aventure. Raisonnement imparable sur le court terme. Intenable sur le long terme. On ne peut pas faire fonctionner éternellement une économie sur la consommation. A force d’avoir érodé l’appareil productif, comprimé les revenus du travail et négligé l’investissement, la croissance s’est essoufflée, la demande est devenue insuffisante et l’économie mondiale est entrée dans la pire crise depuis un siècle.
Le court-termisme sévit aussi sur d’autres champs. Cela est manifeste sur les questions écologiques puisque les prix des matières premières est lié à l’équilibre entre la production et la consommation sans jamais prendre en compte la réalité des stocks disponibles. A l’approche du pic de production, le prix du pétrole pourrait dans ces conditions rester tout à fait raisonnable, avant une brutale et dévastatrice flambée des cours.
On le constate aussi en politique. La démocratie s’avère totalement incapable d’appréhender les enjeux de long terme. Elle fonctionne comme un marché des opinions, un marché qui fonctionne comme n’importe quel marché avec ses bulles et ses Krach. Lors des élections les candidats tiennent aux citoyens les discours qui satisfont leurs intérêts ou leurs envies du moment. Ceux-ci les interpellent sur le mode du « et moi, et moi et moi ? » puis achètent avec leur suffrage la parole du candidat. Une fois au pouvoir, celui qui s’est retrouvé le plus en phase avec l’opinion du moment continue de la gérer quasiment au jour le jour par des discours et des symboles, les yeux rivés sur les sondages.
Dans ces conditions, la notion d’intérêt général est devenue une abstraction. Il ne subsiste plus que des intérêts catégoriels et électorats auxquels on envoie des messages ciblés les uns après les autres. Que dire alors des intérêts de long terme … Quand bien même ceux-ci sont perçus (dette publique, grenelle de l’environnement, réforme des retraites) il est impossible à un gouvernement moderne, sous la pression permanente des médias et des sondages d’opinion, de demander à la population de consentir à des efforts pour préserver l’avenir ou faire face aux enjeux qui s’annoncent. La démocratie d’opinion s’exprime dans un éternel présent gouverné par l’émotion. En outre, l’Etat moderne a abandonné tout exercice d’anticipation, de prospective, de planification, voire toute ambition à long terme.
Le long terme est le trou noir des démocraties d’opinion. Il faut dire que démocratie n’a pas été conçue pour faire face aux enjeux de l’avenir, mais uniquement pour garantir une certaine osmose et empathie du pouvoir politique avec la société. Son objet était de prévenir de toute dérive autoritaire ou oligarchique pour garantir une certaine cohésion sociale et nationale. Elle n'a pas été conçue pour préparer l'avenir ou éduquer un peuple.
On pourrait reconnaître les effets du court termisme pour les questions démographiques (ne pas faire d’enfants apporte un bénéfice individuel immédiat, et fait faire des économies à la société) Pour l’éducation des enfants (Les parents renoncent à toute autorité pour avoir la paix et fabriquent des monstres autoritaires ou des individus immatures et capricieux) Dans le management moderne (On met tellement la pression sur les salariés pour les rendre efficaces qu'on les épuise en suscitant des comportements de défiance) On pourrait aussi l’observer en matière culturelle avec la tyrannie de l’audimat et la constitution des cultures- ghettos où chaque segments de la société consomme les produits qui sont spontanément les plus proches de leur univers mental.
Partout, dans notre société libérale, le court termisme est à l'oeuvre. Or, la recherche de l'intérêt immédiat est très souvent contraire aux intérêts de long terme. Très souvent, il fabrique des tensions et des déséquilibres dont on paie tôt ou tard le prix.
Aux origines du mal
Lorsqu’on pense qu’au moyen-âge les hommes ont été capables de construire des cathédrales, dont la construction s’étalait bien au-delà de l’horizon d’une vie humaine, on se dit que quelque chose d’essentiel s’est perdu. D’où vient donc cette myopie de l’homme moderne, qui la rendu si insouciant au lendemain au point de ne plus gérer que sur le mode du "Tant que je gagne", je joue" et du "Jusqu’ici tout va bien" ?
L’homme a été tout simplement rendu à sa vraie nature. L’effort et le sacrifice n’ont rien de naturel. Entre un plaisir immédiat et un plaisir futur, surtout s’il exige au préalable quelques efforts, tout homme choisira l’immédiateté. De la même manière qu’il est attiré par la junk food, les drogues ou les loisirs « qui ne prennent pas la tête ». L’homme n’a jamais pratiqué l’ascèse, la discipline ou consenti à des efforts pour préparer demain que sous l’empire de la nécessité ou pour la gloire d’idéaux qui le transcendaient, principalement la religion.
Les religions ont de tout temps été là pour tempérer le désir des hommes, par des interdits, des obligations ou un sens du sacré qui élève quelques valeurs au dessus de l’envie du moment. L’homme s’étant débarrassé de Dieu et du Sacré pour mettre son égo à la place, il se retrouve aujourd’hui gouverné par ses pulsions les plus basses.
L’effet du vide religieux s’est conjugué avec le développement du capitalisme de marché. Sa dynamique a méticuleusement détruit tout ce qui pouvait tempérer ou s’opposer à la tentation du plaisir immédiat. La publicité est là pour exciter tous les désirs de consommation. Et s’ils paraissent hors de portée, le loto, les jeux télévisés ou l'idéologie de la réussite individuelle sont là pour laisser à croire à chacun que rien n’est définitivement hors d’atteinte. Notre système économique fonctionne sur le désir, qu’il stimule jusqu’à le rendre insatiable.
Le désir individuel est non seulement excité au-delà de toute raison mais il a été érigé en moteur du système économique. Le capitalisme repose sur l’idée que le bien commun se construit par l’interaction des intérêts individuels des acteurs économiques. Les forces du marchés qui résultent de ces interactions sont donc le fruit des intérêts égoïstes et immédiats des acteurs (et principalement des plus puissants d’entre-eux) La théorie de la main invisible est sensée assurer un équilibre entre l’offre et la demande par l’intermédiaire de la formation des prix. Il n’a jamais été dit en revanche qu’elle était clairvoyante jusqu’à pouvoir intégrer dans ses arbitrages les enjeux de l’avenir.
Le système libéral a donc confié le soin d’écrire l’histoire à une force anonyme et impersonnelle, qui par construction, est éminemment court termiste, nourrie par les pulsions les plus basses de l’homme : l’avidité, la convoitise, la recherche de la domination, la consommation facile, les plaisirs immédiats … Comment s’étonner que ce système détruise tout sur son passage et néglige de prendre soin de l’avenir ?
L’homme a un besoin légitime de réalisation personnelle. Les désirs sont là pour être réalisés. Tout le système politique et économique actuel a été pensé et construit dans cet objectif unique : celui de l’efficacité dans la création de richesses. Et de ce point de vue, le capitalisme de marché a réussi au-delà de toute espérance. Au-delà, car l’excès de désirs entraîne plus de frustration, d’aigreur et de souffrance, que de satisfaction.
Mais l’homme ressent aussi un désir de sécurité. Il a besoin de sens, de valeurs, de sacré. Il a besoin d’avoir le sentiment de maîtriser son destin, d’avoir un avenir lisible avec des perspectives rassurantes, pour lui et sa descendance. L’homme a besoin, sinon d’espérer une vie meilleure et le paradis sur terre, au moins de ne pas craindre le chaos et l’apocalypse pour demain. Et cela le capitalisme de marché est incapable de l’apporter. Il véhicule autant de menaces cataclysmiques pour l’ensemble de la société qu’il n’offre de perspectives de gains pour les individus les plus efficaces dans la grande compétition qu’il organise.
Le protectionnisme de civilisation s’attachera à préserver tout ce qui fait l’efficacité du système actuel, tout en protégeant l’humanité des forces destructrices que le capitalisme de marché libère. La sûreté de l’Essentiel sera toujours privilégiée à la recherche maximale de l’efficacité.
Malakine
A suivre : Lundi soir, troisième partie : Notre bien le plus précieux.
Les deux dernières phrases me laissent dubitatif. D’une part, parce qu’on ne sait pas grand chose de « l’Essentiel » ni de l’« efficacité du système actuel », (si son but est de vider les dernières nappes de pétrole, il est parfaitement efficace), d’autre part, parce que la mise en concurrence de l’efficacité et de l’Essentiel, comme le laisse entendre la dernière phrase, est vouée à l’échec : on ne verra jamais un loup s’occuper d’un agneau, sinon pour le manger. Je préfère imaginer qu’on réoriente le système de sorte qu’il mette son efficacité au service de l’Essentiel, ce dernier lui conférant sa légitimité. Mais n’est-ce pas le schéma qui présidait à la construction des cathédrales ? L’efficacité des tailleurs de pierre et des architectes, mise au service de l’Essentiel de l’époque.
Rédigé par : dmermin | 18 avril 2009 à 19:15
J'attends avec impatience le prochain volet qui nous révèlera, (nouvelle nativité ???), "notre bien le plus précieux". Les paris sont ouverts. Je mise sur le temps : plus la formation de quelque chose a pris du temps, plus elle devrait avoir de la valeur. Notre bien le plus précieux serait donc la planète elle-même, car elle s'est formée avec le système solaire, ce qui prit quelques milliards d'années.
Rédigé par : dmermin | 18 avril 2009 à 19:35
Excellente analyse! C'est même pour cela qu'on ne peut parler de civilisation capitaliste comme on peut parler de civilisation romaine, par exemple. En dehors de produire de la richesse matérielle, le capitalisme n'a aucune perspective autre que celle de perpétuer sa classe dirigeante à travers l'héritage. Où sont donc ses cathédrales, ses aqueducs millénaires ou ses pyramides ? D'autant que sa vision strictement marchande la pousse à transformer toute religion, toute philosophie ou tout art en objets immédiatement consommables, c'est à dire à en extirper tout le caractère universel, spirituel, transcendant la simple reproduction de notre quotidien routinier. C'est aussi pour cela que malheureusement nos n'avons pas (encore) d'alternative viable face au chaos programmé de cette crise historique. Pour imaginer un projet pour l'avenir, il faut voir le but à long terme, se projeter dans le temps de l'histoire qui est plus vaste que celui de l'homme, il ne faut pas hésiter à utiliser "les moules qui ont été coulé demain matin" comme disait si bien le camarade Ferré...Le court-termisme est bien l'expression de notre paralysie moderne.
Rédigé par : baloo31 | 18 avril 2009 à 19:37
@ Malakine
La dénonciation du court-termisme dans les problèmes que nous rencontrons est tout à fait pertinente... pour les société occidentales.
Est-ce le cas partout ailleurs ?
J'ai été frappé par le rapport des Chinois au temps. J'en ai parlé rapidement ici (pub) : http://ecodemystificateur.blog.free.fr/index.php?post/2009/03/17/Antimanuel-d%E2%80%99%C3%A9conomie2
Il me semble donc qu'il faut envisager cet aspect si tu construits un système à vocation universel.
Rédigé par : RST | 18 avril 2009 à 22:26
@ Crapaud rouge
Oui ! Mais ne sois pas si impatient. L'essentiel sera décrit dans le billet suivant, que je n'ai pas encore fini d'écrire. Mais de toute manière la notion est déjà décrite dans l'avant dernier paragraphe. La prochaine fois je ne ferais que l'illustrer
@ Baloo31
Bravo !! Je penserais aussi à cette dimension de la grande oeuvre qu'on laisse pour les générations futures.
@ RST
Un système à vocation universel ? Heu ... J'ai dit ça moi ? Non, a priori, je n'ai pas cette ambition. Je parle du point de vue de nos sociétés. Je ne sais pas d'ailleurs si le reproche de court termisme s'applique aux chinois autant qu'à nous.
Comme je le dis ici, leur développement par la prédation et les exportation et l'endettement des américains ne pouvait pas durer toujours. Leur mentalité est peut-être plus enracinée dans le temps long que la nôtre mais le système économique mondialisé fonctionne bien sur le mode du "tant que je gagne je joue" ou "jusqu'ici tout va bien" ... Les chinois de ce point de vue ne font pas exception.
Rédigé par : Malakine | 19 avril 2009 à 01:05
C'est vrai que le concept de 'court-termiste' peut caractériser les tares du système ou des différents sous-systèmes economiques, financiers, idéologiques ...
Mais est-ce que ce n'est pas finalement une sorte de vision un peu formelle de tout ce qui dysfonctionne : quand un truc merde c'est toujours que le futur n'a pas été intégré de façon assez poussée.
De plus ce concept , même s'il ne se substitue pas à l'analyse des contradictions , amène à leurs donner la même importance. Elles sont additionnées sans être pondérées.
La partie consacrée aux origines du mal me plaît bien : la transcendance est structurante et permet de penser et de mieux organiser le long terme -en souhaitant qu'elle reste supportable et 'humaniste', donc pas chinoise ni égyptiennes ... car les pyramides semblent avoir été peu redistributives mais plutôt l'expression d'un système fondamentalement oppressif : bref le long-terme oui, à condition de ne pas mourir pour, à très court-terme - .
Mais cette transcendance, lorsqu'elle n'est plus ou pas là , elle ne se décrète pas sinon ce n'est pas du costaud ou bien très dommageable.
Bref, ce constat malakinien général fait, on ne voit pas trop quel pourrait être le principe général , le moteur long-termiste autour duquel s'organiserait les choses et qui succederait au capitalisme de marché ou se substituerait à la transcendance.
Car le protectionnisme n'est pas un inverse du capitalisme de marché : il n'en est qu'une modalité. On peut concevoir que cette déclinaison fasse disparaitre certaine contradictions ... mais tout de serait pas résolu.
On peut cependant admettre que la définition d'espaces plus protégés pourrait être un cadre plus favorable à l'élaboration de fonctionnement long-termiste , mais il ne s'agit que d'un cadre : où est le principe ?
Autre chose : Est-on vraiment sûr qu'un marché , correctement construit, ne puisse pas conduire à des anticipations à long terme ? Le marché est l'expression de prise de conscience et même s'il ne réagit pas , ni de façon scientifique, ni régulière , il peut aussi être un thermometre et un régulateur -même fantaisiste à court-terme-, qu'aucune entité étatique ou administrative ne peut , pour l'instant, remplacer sur le long terme.
Bien entendu, seule la puissance publique peut construire et organiser un vrai marché (et pas forcément 'réguler') : exit, donc la globalisation qui n'est pas libération des marchés , mais au contraire leur manipulation totale.
Le protectionnisme comme protecteur , d'un vrai marché , ou plutôt des marchés , puisque le protectionnisme permet au Politique , au travers des puissances publiques régionales , d'organiser et de protéger un fonctionnement. (Contrairement à la conception d'un Etat dit régulateur, ou pire distributeur)
Et si on ne veut pas du marché : qui décide alors de l'orientation de la production ?
Rédigé par : oppossùm | 19 avril 2009 à 01:57
Je pense que la Chine est en effet un monde à part.
que dire de la révolution culturelle qui a amené à une unité nationale hallucinante, indispensable pour tenir souder un peuple aussi grand.
que dire également du soutien à une technologie spatiale et d'armement nucléaire (intimement lié, c'est certain) comme a pu le faire De Gaulle en France.
que dire de la politique de l'enfant unique (et plus cyniquement de relever que les zones les plus pauvres sont celles où la démographie baisse du fait du manque de femmes causées par un des terribles effets collatéraux de ce malthusianisme...)
On pourrait continuer encore. Ce peuple est impressionnant, et assez terrifiant du coup.
Rédigé par : EtienneB | 19 avril 2009 à 06:39
Assez noir mais passionnant !
Rédigé par : Laurent, gaulliste libre | 19 avril 2009 à 13:10
@ Malakine
Voilà un article qui te range définitivement dans la catégorie des pessimistes culturels!
Sur la vraie nature de l'homme, reprends-tu à ton compte la thèse de Hobbes (qui paraphrasait Plaute) , l’homme n’est-il pas effectivement un loup pour l’homme et rien d’autre ? Le pouvoir et l’intérêt ne sont-ils pas les seuls mobiles de toute action ?
Je ne le crois pas, Marcel Mauss nous a montré l'importance du triptyque "donner, recevoir, rendre" qui va l'encontre de l'axiomatique de l'intérêt et de l'utilitarisme... Le concept même de sympathie chez les Lumières écossaises (Smith) contredit la théorie de l'homo economicus, mais on retient généralement peu cet aspect de Smith (en cela Mandeville est le véritable fondateur du libéralisme moderne). Enfin, l'on pourrait citer l'idée de "common decency" (société décente) avancée par George Orwell qui insiste sur la civilité inhérente aux classes populaires.
Le court-termisme est effectivement lié à l'homo economicus et la logique libérale a bien contaminé toutes les économies humaines comme le dit si bien Dany Robert-Dufour ( économies politique, symbolique, sémiotique et psychique et enfin du vivant)que l'homme moderne ne supporte plus aucune "soustraction de jouissance" (pardon pour le terme psychanalytique) facilitée par une société technicienne où tout va plus vite, plus fort.
Et si le secret du protectionnisme de civilisation résidait dans le temps? Le temps est effectivement l'ennemi du court-termisme et de la rentabilité immédiate, il est l'ennemi de l'être humain infantilisé qui exige tout de tout de suite pour pouvoir accumuler comme un gamin en phase anale.
Le néolibéralisme selon J-P Malrieu a "Deux vices majeurs, et logiquement liés, minent la pensée critique: l'adhésion à une naïveté individualiste et l'économisme, c'est à dire la délégation à l'économie d'une sorte de souveraineté, de pouvoir décisif (...) L'économie marchande n'existe pourtant comme l'a montré Polanyi, que sur un socle social profond et complexe."
Ce socle social ne peut se construire et s'enraciner que dans le temps et l'on subodore que la rationalité du marché qui rêve secrètement d'anéantissement et où le Capital nourrit un rêve de déréalisation, un fantasme financier où l'argent "instantané" créerait per se la richesse sans se salir de la matérialité du travail.
Ton exemple des bâtisseurs de cathédrales est bien choisi, voilà un travail de longue haleine qui survivra aux constructions modernes réalisées en 6 mois par Bouygues ou Vinci.
Le protectionnisme de civilisation permettrait de renouer quelquepeu avec le temps tel "le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l'idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles" comme le disait notre président court-termiste et obsédé par la culture du résultat comme un financier sur son ratio.
Au sujet du besoin de sens et de sacré de l'homme, c'est tout le sens du combat de Régis Debray depuis sa "Critique de la raison politique" jusqu'au "Moment fraternité".
@ Tous
Signalons une entrevue d'Emmanuel Todd dans le dernier numéro de Sciences humaines au sujet des Elites, notre démographe favori est toujours fan de Louis Chauvel au risque de faire trop porter de poids à la génération 68.
On rappellera aussi son excellente entrevue dans le numéro de Février 2009 du Spectacle du Monde.
Rédigé par : René Jacquot | 19 avril 2009 à 14:33
Le grand schisme, comme le disait Keynes, c'est que l'économie est devenue le centre des inquiétudes alors que dans le passé c'était un second plan, sans plus. Le premier plan étant le développement humain dans sa sociabilisation, sa réflexion chez les grecs etc...
Concernant le salariat, Dominique Méda montre la même dérive, celle de mettre le travail au centre du lien social, ce que n'a pas cessé de faire sarko : http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/meda.html
Rédigé par : olaf | 19 avril 2009 à 15:17
@ Malakine
Croyez-vous vraiment que l'homme ait été rendu à "sa vraie nature"? Il y a toujours un problème avec ceux qui parlent de nature humaine: ils en excluent sur le moment tout ce qui semble aller contre leur démonstration. Ils la font entrer dans un lit de Procuste. Si l'on se garde de moraliser (c'est en cela que les pages d'Emmanuel Todd sur le pessimisme culturel sont géniales), on se rend compte qu'à peu près tout peut entrer dans "la nature humaine", et qu'on ne doit se servir de cette idée que pour se moquer de l'irréalisme de ceux qui prétendent la définir trop précisément.
Il me semble que le projet protectionniste perdrait en intelligence ce qu'il gagnerait en idéologie. Ses meilleurs défenseurs reconnaissent son caractère pragmatique, sa capacité à tenir compte des contextes (plus ou moins de protectionnisme selon les nécessités du moment). Il doit à mon sens garder ce caractère un peu spécial et ne pas être une idéologie contre une autre.
Le vide religieux que décrit Todd ne me semble pas si terrible, et je reçois en tout cas assez mal les discours sur l'intérêt général, qui n'est pour moi qu'une forme de superstition, un peu comme la volonté générale chère à Rousseau. La politique me semble être l'art de trouver un équilibre relatif entre des intérêts particuliers. On peut appeler cet équilibre momentané (que l'on essaie de maintenir) intérêt général, si on veut, mais il n'est rien d'autre que l'organisation de la coexistence à peu près pacifique des intérêts particuliers.
Rédigé par : archibald | 19 avril 2009 à 15:46
Malkine, on a eu le 1/4 puis le 2/3 ... on attend le 3/2 !
Rédigé par : oppossùm | 19 avril 2009 à 23:37
d accord sur le fond, le temps c est l essentiel (abherant qu a temps de travail egal les salaires aillent de 1 a 100 d ailleurs), mais pas sur 3 points : la religion le sacrifice et les realisations.
c est un raisonnement que j ai deja entendu chez todd, mais il est parfaitement cynique. il faudrais mentir et promettre le paradis ou l enfer pour que l homme devienne bon? ca ne sert a rien de raisonner alors? nous ne pourrons nous ameliorer? malgre toutes les critiques faisables a nos societes modernes sans dieu , vous trouvez vraiment les societes religieuses plus solidaires? serieusement? Bush et louis xvI avaient vraiment une vision a long terme du bien commun ? les japonais les iraniens et les israeliens ont ils vraiment une societe plus long termiste que la notre?
tu te rappeles la derniere presidentielle en france? quand les gens ont elus un pere fouettard pour les remettre au travail? les gens sont assez receptif au discour liberal dominant comme quoi il faudrais faire des sacifices, gerer avec rigeur, sinon ils voteraient tous besancenot
enfin je ne suis pas d acoord pour les realisations, d une part en realite les pyramides sont des tombeaux batis du sang d esclaves, c est horrible. nous aimons les vieilles pierres (moi le premier), mais nous avons ete eduques a respecter et admirer cela... quand la tour effeil est sortie, les parisiens la trouvaient horrible, et aujourd hui?
nous versons trop souvent dans l auto flagelation a mon avis
je suis d accord que en ce debut de 21e sciecle nous perdons cette capacite que nous avions encore il y a quelques annees, la france moderne repose encore sur le CNR, que feront nous sans le nucleaire ou les tgv??
ce qui m ammene a ce constat, il reste quand meme des realisations incroyables:station spatial internationale, tgv, tour de la mairie de tokyo, l infrastrcture d internet, le tunnel sous la manche... mais je reconnais que notre civilisation a perdue le gout du "nouveau" beau dans la ville et se complait dans la conservation (a quand la cite horizon?:p)
Rédigé par : tho | 20 avril 2009 à 04:18
@ Oppossum
"Quand un truc merde c'est toujours que le futur n'a pas été intégré de façon assez poussée" L'argument est recevable, mais j'ai voulu essayer de démontrer que rien dans nos processus de prises de décisions ne pouvaient intégrer les enjeux de l'avenir et la durabilité. Pas convaincu ?
"La transcendance ne se décrète pas" Très juste. Ca renvoie à la partie 4 sur la nature du protecteur. Il y a certes des éléments qui relèveront de la politique, et d'autres de la morale publique, voire d'un certain renouveau spirituel ... Ceci dit, il y a toujours ça dans une idéologie. Dans l'idéologie dominante, la mystique, c'est l'épanouissement personnel par la compétition et la réussite matériel.
Je crois que tu as compris mon propos, car tu le conteste mais tu l'appuie en même temps. Oui, c'est bien d'inscrire le protectionnisme économique dans une logique de préservation des équilibres et de "long termisme".
Très bonne question aussi sur l'orientation de la production. C'est ce que je dis en conclusion. Il n'est pas question de rompre avec la notion du marché. En tout cas pas de revenir à l'économie planifiée. En revanche, dans l'orientation de la production intervient le facteur prix. On peut jouer dessus. Je devrais en parler dans la partie 3.
@ René Jacquot
"L'homme est-il seulement un loup pour l'homme" ? Non, ce n'est pas ça. L'homme est un loup pour lui-même ! Mon système de valeur est issu des siritualités hindoues (Arnaud Desjardins) donc un système non dualiste. Le mal (la menace, le danger) est en nous et la possibilité de libération aussi.
Si pour le reste, n'ayant pas ta culture et tes références, j'ai bien du mal à répondre ...
@ Olaf
L'idée de remettre l'homme au centre du jeu est naturellement à intégrer dans ce concept de protectionnisme de civilisation, mais ça va plus loin. L'idée c'est de remettre l'avenir au centre de tout. L'homme en fait partie. Je prends un exemple :
J'ai lu avec ravissement récemment "L'open space m'a tuer", un bouquin qui m'a mis une grosse claque, car dans ce qui est décrit, on ne relève aucune trace d'une quelconque concurrence internationale ou de pression du capitalisme actionnarial. L'origine du mal c'est exclusivement une certaine conception du travail et de la relation entre l'individu et son entreprise. Donc, c'est avant tout culturel est idéologique. Et ce que le bouquin montre, c'est que l'extrème pression que les nouveaux modes de management font peser sur le travailleur moderne est, non seulement destructeur pour l'homme (il y a une histoire où un manque manque de claquer et quelles belles histoires de dépression) mais surtout c'est hyper court termiste, car cela aboutit rapidement à un épuisement de la "force de travail" qui se démotive, refuse des promotions et à envie d'aller voir ailleurs.
Comme dit le bon sens populaire : "Qui veut voyager loin, ménage sa monture" :-)
Rédigé par : Malakine | 20 avril 2009 à 10:25
@ Archibald
Je note dans tes propos une réelle aversion à l'idée d'idéologie et de système de pensée. Un goût pour le relativisme, le pragmatisme ... Ce n'est pas mon cas. Je pense qu'on a besoin de "système" pour pouvoir penser.
@ Opposum
La différence entre une erreur et un labsus c'est que le labsus dit une vérité. J'espère que j'aurais le temps de faire le 4 avant de partir. Sinon, on s'arrêtera là et il n'y aura que trois volets. Néanmoins, je corrige ce "labsus"
@ Tho
Je ne comprends rien à cette critique des sociétés religieuses. En tout cas, je ne vois pas où tu veux en venir.
T'es pas d'accord mais tu veux dire quoi ? TU conteste le fait que nous fonctionnons aujourd'hui sur un mode courtermiste qui refuse de prendre en compte l'avenir telle une autruche ? Tu crois vraiment que le "président du pouvoir d'achat" versus "la démocratie participative" avait une dimension de projection dans l'avenir ????
Rédigé par : Malakine | 20 avril 2009 à 10:33
@ Malakine
La spiritualité hindoue est complexe et plutôt éloignée des spiritualités issues des religion du Livre (quoique le djihad intérieur dans l'Islam résume bien l'effort que l'homme doit faire sur lui).
Arnaud Desjardins... Je ne sais que penser des disciples de Gurdjieff et des gourous "Nouvelles clés" (style Jacques Salomé).
Sur l'open space, il y a en effet beaucoup de choses à dire tant la nouvelle organisation du travail provoque des états critiques (burn out)... Par ailleurs, la surveillance généralisée, la tertiarisation de la société amène une aliénation des travailleurs, Hannah Arendt avait raison de séparer "le travail" répétitif et "l'oeuvre" qui donnait du sens.
Enfin, suite à l'émission avec David Todd, je me pose la question sur la faisabilité du protectionnisme européen.
Pour lui, le protectionnisme est fortement lié au sentiment national et il n'existe pas de patriotisme européen. Le tarif extérieur douanier commun s'est fait lorsque l'Europe n'était qu'un prolongement de la France (bref du temps de l'Europe des 6 avec une Allemagne qui ne s'était pas réaffirmée).
Rédigé par : René Jacquot | 20 avril 2009 à 11:38
@ Malakine
Vous avez raison sur l'idéologie. Disons que dans le meilleur des cas elle me semble sans intérêt. Je me souviens d'un débat entre Todd et Saint Etienne (si ma mémoire est bonne) où Todd disait que les défenseurs du protectionnisme n'étaient pas à mettre sur le même plan que les tenants du libre-échange, car ils ne niaient pas l'intérêt de l'ouverture au commerce international à certaines périodes. Alors que ceux qui prônent le libre échange ne supportent pas que l'on mette en cause leur thèse, quelle que soit la conjoncture. On a un peu l'impression que le dieu-économie leur a révélé les saintes lois de la théorie du commerce international.
J'espère que je cite correctement (je le fais de mémoire) Cioran: "Les idéologies, comme les religions dont elles ont hérité les vices, se résument à de grandes croisades contre l'humour".
Je ne crois pas qu'on ait besoin de système pour penser. Ou alors il s'agit d'un élément déjà présent sur lequel on doit exercer son jugement. En revanche on en a sans doute besoin pour avoir une influence politique. Mais là encore, Todd explique très bien (et il ne semble pas vraiment le regretter) que le temps d'une certaine forme d'adhésion aux idéologies est révolu (progrès de l'instruction, narcissisation des comportements, etc.). Evidemment, le besoin de supercheries salutaires prendra d'autres formes.
@ René Jacquot
J'ai oublié de vous remercier d'avoir fait référence à Mandeville, que je ne connaissais que de nom. Voilà, c'est fait.
Rédigé par : archibald | 20 avril 2009 à 14:22
@ René Jacquot
Oui, moi aussi, je me pose des questions sur la faisabilité dans sa version "européenne" cf partie 4. Je crains que ce soit trop tard. Dans mes prédictions 2009, j'avais dit que la crise mettrait en péril les Etats politiquement fragile. Je pensais aux Etats-Unis et à L'Ukraine. Pour l'instant, ce n'est pas le cas, mais on a eu quand même la Moldavie, la France avec la Guadeloupe ... et l'Europe qui ne dit et ne pense plus rien à 27. Dans la crise, c'est chacun pour soi. Impossible de repenser de nouvelles politiques à 27. Mais de ça nous reparlons, à n'en pas douter.
@ Archibald
Bon moi j'ai besoin d'un système idéologique pour pouvoir penser. C'est pourquoi je chercher à en formaliser un. Maintenant, si vous, vous pensez qu'on peut espérer sortir de la crise sans cadre conceptuel permettant de la penser globalement pour imaginer autre chose, libre à vous.
Vous faites erreur pour Todd. Quand il parle du vide religieux, il explique la décomposition idéologique du jeu politique. Il ne s'en réjouis ni ne le déplore il le constate. En revanche quand il parle de la narcissisation des comportements, la perspective est d'expliquer le vide intellectuel de la période et l'impossibilité de penser collectif. Le protectionnisme suppose l'idée d'un collectif préalable. Impossible de penser le protectionnisme européen sans croire en une solidarité des peuples européens. Et je dirais même : Impossible de penser le protectionnisme tout court, sans croire à une possible solidarité entre producteurs et consommateurs, ou entre salariés et patrons.
Rédigé par : Malakine | 20 avril 2009 à 15:02
Lundi 20 avril 2009, communiqué de l’OFCE : « On attend une reprise en L, et le scénario qu’on a en tête, c’est le Japon des années 1990 ».
Lisez cet article :
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=29c87fa8e3e736c6041cc5095f4673b8
Rédigé par : BA | 20 avril 2009 à 16:16
@ Malakine
Je ne crois pas que ce que vous dites sur Emmanuel Todd contredise mes propos. Il est évident que la crise doit être pensée globalement, et que "l'impératif protectionniste" (pour reprendre l'expression de Jean-Luc Gréau) impose que l'on accepte un cadre collectif -ce qu'impose d'ailleurs toute pensée politique. Mais adhérer à un cadre idéologique me semble relever d'un autre niveau.
Vous avez remarqué que j'ai du mal avec tout ce qui relève de l'idéologie.
Disons, mais vous le connaissez mieux que moi (qui ne suis qu'un lecteur), que je comprends parfaitement Todd lorsqu'il dit qu'il a quelques problèmes avec l'engagement politique, en particulier partisan, ou quelque chose de ce genre. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles j'ai tout de suite apprécié votre blog.
Rédigé par : archibald | 20 avril 2009 à 19:20
Malakine,
"L’homme a perdu la capacité de prévoir et d’anticiper. Il finira par détruire la terre."
Albert Schweitzer
L'open space j'ai quasiment toujours eu à y travailler, c'est pour moi une horreur. J'y travaille encore, et je passe une bonne partie de mon temps à fuir le bruit avec mon Laptop et mon téléphone pour trouver une salle de réunion vide où être au calme. La dernière boite où j'étais en France on avait pas de Laptop mais un PC fixe, donc condamné la plupart du temps à travailler dans le bruit des gens qui parlent souvent très fort autour.
Cogiter, faire des calculs, lire des documents complexes, rédiger des rapports dans le bruit c'est un risque de faire une erreur toutes les 10 secondes et les conséquences qui s'en suivent pour leur auteur. C'est comme de demander à un sprinter de courir un boulet aux pieds.
J'en suis à envisager à me faire mouler des oreillettes en silicone équipées de filtres auditifs, 200 euros à ma charge, plus efficace que les boules quiès, ou alors je vais acheter un casque à filtre électronique actif par opposition de phase acoustique, sérieux.
C'est consternant, les DG imposent cette stupidité sous prétexte que ça facilite la communication avec ses collègues, ce qui est totalement faux puisque quand on veut discuter avec eux ou au téléphone le bruit ambiant empêche de bien comprendre et entendre ce qui se dit. Le pire c'est que les DG qui imposent ça ont leur propre bureau. C'est très con comme mode, mais énormément de boites pratiquent ça, parce que c'est la mode, la mode c'est souvent stupide. La perte de productivité et le stress sont énormes, je pense que 80% des gens sont handicapés par ça. Mais rien y fait, CHSCT, médecine du travail, comités d'entreprise, syndicats, rien ne s'y oppose.
En ce qui me concerne, et bien des collègues, nous avons des salaires très corrects, donc les conditions de travail devraient être à la hauteur, eh bien non.
A une époque où on fait toutes sortes d'études, comme celles sur les bébés devant être dans une poussette avec visage vers leur mère, la nécessité pour les enfants des classes sociales défavorisées d'avoir un endroit calme où étudier, selon les termes de L Schweitzer ancien PDG de Renault et dirigeant la Halde, eh bien pour les cadres rien du tout, alors qu'ils sont sensés être un moteur de productivité. Cette maladie de la propagande de la communication à tous crins aura fait des dégâts incroyables et presque personne n'en parle, à part "Open Space m'a tuer" le bouquin que j'ai lu et qui édulcore le problème du bruit à mon avis.
Décidément, le néo libéralisme jusque dans ses moeurs de travail aura été un sommun de crétinerie barbare, d'aveuglement béat.
J'enrage de voir à quel point on m'a imposé et m'impose encore ce stress totalement néfaste et que les institutions ou les médias ou la médecine s'en foutent comme de leur premier slip. Un vrai tabou, un point aveugle.
Rédigé par : olaf | 20 avril 2009 à 21:23
J'ajoute que gérer ça je pose mes vacances en dehors des périodes de vacances scolaires pour pouvoir être tranquille à travailler dans les bureaux quand les autres sont en vacances. C'est même souvent à ce moment que j'ai les meilleures idées, parce que le calme est là.
Rédigé par : olaf | 20 avril 2009 à 21:28
@ BA
Voir le commentaire que j'ai laissé chez Laurent aujourd'hui suite à un article où il se fait l'écho des rumeurs de reprise dans lequel j'explique pourquoi je ne crois pas à la reprise. http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/archive/2009/04/20/ils-sont-en-train-de-sauver-le-systeme.html
@ Archibald
J'ai non seulement du mal avec l'état d'esprit partisans, mais en plus, je refuse de me situer sur l'axe gauche droite. Si celle pense que la politique consiste à dire le bien et le mal et qui croit qu'elle va par la magie de son sourire racheter les péchés et les fautes de l'humanité, se retrouvait une nouvelle fois au second tour en 2012, je n'hésiterais pas à revoter à droite!
@ Olaf
Effectivement le bouquin ne s'étend pas sur le problème du bruit. En revanche, il décrit en détail le management très curieux qui a court dans ces boites. Pour la première fois, j'était heureux d'être fonctionnaire et j'ai prié pour que cette mode n'arrive jamais chez nous, même si on commence à constater une certaine perméabilité, notamment dans l'attitude des chefs. Pardon, des n+ ...
Rédigé par : Malakine | 20 avril 2009 à 21:46
J'ai lu Desjardins, adepte de Gurdjieff que j'ai aussi lu et qui m'a paru parfois totalement surréaliste, j'avais 18 ans à l'époque. Un livre critique sur les pratiques de Gurdjieff est celui de JF Revel qui le présente comme un avide d'influence, de pognon et de cul à l'occasion, ayant créé un business model très bien rôdé pour beaucoup des gourous de sectes actuelles hindouisantes ou pas, comme Bennett son successeur en termes d'habileté. L'idée d'effacement de la dualité, je n'y crois guère, le cerveau, le langage sont une autre strate qui ne peut que négocier avec celle de l'état du corps. Maintenant, chacun voit ce qu'il voit. Cet attrait pour l'effacement de la dualité parait bien être un attrait pour l'eden fusionnel de l'état foetal. Le vide de la pensée, me parait être devenu un truc de bobo en quête de refoulement qui ne savent plus où se planquer pour espérer aller mieux. La pensée, au mieux on lui permet de se calmer, mais de là à la supprimer, il y a un pas.
L'ésotérisme, signale quelque chose des savoirs ancestraux, mais on le lit à l'envers la plupart du temps alors qu'il aurait à nous apporter.
Rédigé par : olaf | 20 avril 2009 à 21:52
@ Olaf
Ca veut dire quoi "tu n'y crois guère" Tu te prends pour un Saint, un Sage, un être libéré ou réalisé ? Est ce quequ'au moins tu as pratiqué sérieusement le Yoga et la méditation pour avoir expérimenté les états dont tu essayes de parler ?
Ces question là, on n'en débat pas comme si c'était des sujets politiques. Tu dirais à un Chrétien un juif ou un musulman "Franchement, moi le Dieu personne, je n'y crois pas, c'est des trucs pour gens qui ont la nostlagie de l'enfance, qui sont en manque d'amour qui ont besoin de se sentir sous la domination d'une autorité supérieure" ?
Ste plait, ne parle pas de ce que tu ne connais pas.
Rédigé par : Malakine | 20 avril 2009 à 21:59
Je connais un peu, stp, le yoga et bien d'autres choses orientales dont je ne ferai pas l'exposé, même sans tout ça il y a l'ataraxie des grecs qui ne demande aucun adoubement. Les drogues aussi qui sont intéressantes d'un certain point de vue. Les arts liturgiques, architecture, musique, peinture...
Je ne suis pas né de la dernière pluie. Effectivement, je ne me prends pas pour un saint ou un éveillé comme c'est la mode. D'autre part, je suis d'origine catholique. Donc baigné dans tout ça, il me parait présomptueux de dire que je sors de la star académie. Les gens peuvent croire ce qu'ils veulent et on peut aussi en dire quelque chose sans être un ignare.
Les états, bien entendu, que disent ils, qu'il y a des états, sans doute le taoisme dirait que ce sont des billevesées, des échauffements de la cervelle.
D'ailleurs le Dieu personne me parait contradictoire avec les notions indiennes qui dissolvent le moi, donc aussi celui d'un Dieu personne projectif.
Ceci dit, je ne contredirai pas un musulman ou un autre, dans la mesure où il trouve une homéostasie dans ses rêves.
Rédigé par : olaf | 20 avril 2009 à 22:50