Le Figaro annonçait fièrement hier en gros titre que l'Etat allait avancer 6 milliards pour “sauver l'industrie automobile”. Après avoir sauvé le système bancaire et l’épargne des ménages, le gouvernement va donc sauver l’emploi des français ! En contreparties de ces aides massives, les constructeurs ont en effet pris des engagements étonnant d’ambition comme, par exemple, ne fermer aucun de leur site pendant la durée des prêts ou tout faire pour éviter les licenciements !
Cette affaire révèle l'absolue inefficacité des réponses qui ont été données jusqu'ici à la crise. On voit l'Etat contraint de jouer lui-même au banquier après avoir prétendu sauver les banques à grands coups de milliards. Des banques qui prêtent à des taux usuraires aux plus grands groupes industriels français alors que les taux d'intérêts de la BCE sont à leur plus bas historique. Un Etat qui se permet de faire de la marge sur les aides qu'il accorde tel un vulgaire commerçant. Et un plan de sauvetage en forme de perfusion à un malade souffrant d'hémorragie, sans aucun engagement en termes d'emplois, d'investissements ou d'innovation technologique vers la « voiture de demain »
Quoiqu'en pense, ou veut bien en dire, le gouvernement, la crise est liée à une panne de la demande contre laquelle sa politique de l'offre ne peut rien. Les problèmes de l'industrie automobile n'ont rien à voir avec un déficit d'investissement, un manque de compétitivité ou une carence en innovation. Ce sont les commandes qui font défaut. PSA a vu ses ventes diminuer de 8% en 2008 et anticipe une chute de 20% en 2009. Cette chute de la demande mondiale, aucune aide fiscale et aucun prêt ne pourra la contrarier.
Il semblerait qu'en France, la prime à la casse commence à produire ses effets. La commission européenne, plutôt que de tenter de la promouvoir à l'échelon des 27 pour doper le marché, préfère s'inquiéter du protectionnisme du plan de sauvetage français. Bruxelles va finir par inventer un jour des aides à la délocalisation des industries pour optimiser la concurrence au sein du grand marché intérieur !
La situation de l'industrie automobile est sérieusement inquiétante. Sans un grand plan de relance de la demande, soit par des mesures normatives du type « pastille verte » qui obligerait les consommateurs à renouveler leur véhicule, soit tout simplement par une forte relance du pouvoir d'achat des ménages, c'est un pan très important de l'appareil productif français qui risque péricliter à brève échéance, avec des conséquences cataclysmiques sur les territoires concernés.
L'attitude du secteur bancaire est, quant à elle, révoltante. Si des groupes comme PSA ou Renault, que jamais l'Etat ne laissera faire faillite, ne peuvent bénéficier de prêts qu'à des taux de 11 à 12 %, on imagine ce qu'il doit en être pour l'artisan ou la PME. A ce niveau, on se demande s'il s'agit d'une prime de risque ou bien d'une marge gargantuesque. Ce n'est même plus du crédit crunch, c'est du racket !
On peut d'ailleurs s'interroger sur la légitimité et le vrai fondement de ces intérêts. Rappelons en effet que le coût de production d'un prêt par la banque est quasi-nul (Quelques frais d'administration et un peu d'intérêts sur la part des sommes reempruntées aux banques centrales) Pour l'essentiel, le taux d'intérêt que fait payer une banque est pur bénéfice. Pourquoi donc laisser un système bancaire qui, sans l'intervention des Etats, ne serait déjà plus, prélever de telles sommes sur le secteur productif au risque de précipiter sa chute et avec lui les emplois, les capacités de production et la vie des territoires ?
La réponse s'impose d'elle-même : Le système bancaire survit en parasite sur le dos de l'économie réelle pour se refaire une santé après les pertes qu'il a faite dans le grand casino de la spéculation mondiale et l'escroquerie de la finance américaine.
Ce racket se fait d'ailleurs avec l'assentiment complice du gouvernement, puisque celui-ci n'a pas recapitalisé les banques dans une logique de socialisation des pertes. Il leur a prêté quelques 20 milliards au taux de 8%, comptant ainsi sur leur capacité à prélever sur la bête, non seulement l'équivalent des pertes sur les subprimes et autres créances titrisées, mais également l'intérêt sur les milliards perdus !
Le jeu pervers de l'Etat, qui trouve malin de faire de l'argent sur des prêts accordés à des agents économiques en situation de faillite virtuelle, inauguré avec les banques se poursuit désormais avec l'automobile. Voilà comment on aggrave la crise en prétendant jouer au sauveur !
***
La crise financière a eu pour effet de détruire des masses considérables de richesses, réelles ou supposées. Fondamentalement la question sera de savoir qui va payer cette gigantesque destruction de capital :
S'agira t-il du contribuable appelé à couvrir les pertes bancaires et les pertes d'exploitation des entreprises industrielles par des dépenses publiques financées par emprunts, c'est-à-dire les générations futures ?
S'agira t-il de l'économie réelle au moyen d'une gigantesque contraction de l'activité économique et d'une baisse des revenus, un peu comme le proto-capitalisme postsoviétique a accumulé son capital par un pillage généralisé de la population et de l'appareil productif ?
Ou s'agira t-il des rentiers grâce à une politique résolue de création monétaire ? La baisse des taux directeurs de la BCE ne suffisant manifestement pas à rouvrir les vannes du crédit, il est peut-être temps de songer à des solutions plus radicale, telle que la relance inflationniste que préconise Jacques Sapir.
Cette politique de relance devra toutefois, selon lui, s'accompagner de quelques conditions quasi révolutionnaires, telles que le retour au contrôle des changes et des mouvements de capitaux, l'adoption d'un cadre protectionniste, une nationalisation rapide et franche du système bancaire et last but not least, le retour à une souveraineté monétaire des Etats avec transformation de l'Euro en monnaie commune.
A l'évocation de cette alternative, on comprend que le gouvernement préfère se contenter de boucher les trous avec des prêts à taux usuraires à mesure qu’ils se forment. Si l'hémorragie s'arrête comme par miracle dans six mois, ça passera. Sinon …
Malakine
@Malakine
Ils veulent sauver l'industrie auto mais vue l'évolution actuelle c'est toute l'industrie mondiale qui est menacé. L'exemple du Japon est frappant il est de loin le premier innovateur mondial et subit la pire crise de son existence on parle d'un recule de plus de 10% du PIB!!!!!!!! Et pourtant il s'agit bien d'un pays qui pratique la politique de l'offre, la-bas c'est non seulement l'auto qui coule mais toute l'industrie Hitech bref le superflue et le premier poste d'économie des ménages en cas de crise.
voir:
http://www.clubic.com/actualite-256170-live-japon-crise-un-bilan-high-tech-cauchemardesque.html
C'est le prix que le japon paye pour sa démographie mais aussi pour ses inégalités salariales croissantes avec plus de 36% des salariés en CDD et des revenues qui ont fait du surplace depuis une décennie. Le géant de l'exportation à même vue sa balance commercial en déficit grâce aux nombreuses délocalisations en Chine comme quoi les élites japonaises peuvent être aussi bête que celles d'occident.
Ce qu'il y a de bien maintenant c'est qu'il n'y a plus de modèle vers qui se tourné les baudruches de la dettes ont dégonflées (USA,Espagne, GB..) ainsi que leur banquier (Allemagne, Chine, Japon..) on va peut-être enfin pouvoir parler sérieusement de la construction d'un système équilibré.
Sinon tant qu'a subventionner la production française pourquoi ne pas émettre des bons de consommation pour des produits fabriqué en France? Ceci afin soutenir la demande sans creusé le déficit commerciale. De plus des bons de consommations financés par l'état et distribué en complément salarial irait directement à la consommation puisque ne pouvant pas être conservé au-delà d'une certaine limite de temps. Ce qui garantit une vitesse de circulation optimum. On pourrait ainsi produire des bons pour tout les secteurs ou nous produisons encore quelque choses.
Rédigé par : yann | 10 février 2009 à 22:16
La banque, le crédit, la monnaie sont des services publics.
La banque, le crédit, la monnaie doivent être nationalisés.
8 mai 1945 : fin de la Seconde Guerre Mondiale.
2 décembre 1945 : Charles de Gaulle nationalise les banques.
Rédigé par : BA | 10 février 2009 à 22:20
Bon ben Yann parle de monnaie locale fondante sous forme de bons de consommation, qu'est ce que je disais dans des coms précédents, la même chose mais en plus généralisable et déclinable. Peut être qu'on va finir par y arriver.
Rédigé par : olaf | 10 février 2009 à 23:05
"retour à une souveraineté monétaire des États avec transformation de l'Euro en monnaie commune. "
Ca veut dire chacun reprend sa monnaie et en plus il y a l'Euro ?
Rédigé par : RST | 10 février 2009 à 23:09
"La réponse s'impose d'elle-même : Le système bancaire survit en parasite sur le dos de l'économie réelle pour se refaire une santé après les pertes qu'il a faite dans le grand casino de la spéculation mondiale et l'escroquerie de la finance américaine." Exact !
(encore je me demande si les banques savent quantifier leurs pertes tant que l'immobilier US n'aura pas atteint son point bas)
@Yann
on peut rajouter le carry trade. Le yen atteint des records ! vive la circulation des capitaux qui vous achève. Si j'étais japonais, je ne me prendrais pas la tête à faire des heures sup si des mouvements de capitaux font perdre la productivité gagnée.
@BA
Je pense que nous avons comme président l'exact opposé de M. De Gaulle
Rédigé par : Abdel | 10 février 2009 à 23:14
Excellente (comme d'hab) analyse par Malakine de la crise de l'automobile, et des calamiteuses dispositions que le gouvernement met en place pour y parer. Ajoutons sur ce sujet que, l'automobile vivant depuis près de deux décennies sur une sur-offre quantitative (de l'ordre de 2 à 5% par an), la crise a été l'occasion de la faillite absolue des modèles marketing dits "push", en vertu desquels, depuis dix ans, les constructeurs "poussent la ferraille" dans les parcs de leurs réseaux, sans souci des capacités d'absorbtion des marchés de proximité, générant ainsi la naissance des circuits parallèles - voire maffieux- nécessaires pour éponger ce stock excédentaire en direction, entre autre, des pays émergents. Quelques "affaires" fameuses dans le milieu de la distribution automobile, ont jalonné cette course à l'abîme, dénoncée pour la première fois par Sergio Marchione, le nouveau patron de Fiat, dans des termes sans ambiguïté :
«Nous devons mettre les gens autour d'une table et dire: "Ecoutez les gars, la fête est finie. Nous sommes démasqués et nous n'y survivrons pas tous, alors il est temps de traiter le problème. Cela sera sans doute douloureux, affreux même. Mais si nous voulons faire ce dont cette industrie a besoin, allons-y maintenant."»
On peut lire la suite dans :
http://www.mediapart.fr/journal/economie/260109/carlos-ghosn-et-sergio-marchionne-deux-visions-de-la-crise-automobile
Plus généralement, on peut remarquer que nous assistons à la création d'une "bulle de l'épargne de précaution", qui conduit le consommateur (entreprise ou ménage) non encore atteint par la baisse de son pouvoir d'achat, à différer toute dépense d'investissement au profit d'un maintien ou d'un accroissement de son épargne liquide, ce dont témoignent la ruée vers les Livrets, et le relatif maintien du niveau de dépense courante des ménages.
Pour "dégeler" ces stocks d'épargne, il faudra du temps , beaucoup de temps....
Le bâtiment, après l'automobile, ne va pas tarder à en souffrir (il est plus aisé en effet de différer l'achat d'une voiture, que celui d'une habitation). Or, le bâtiment est par excellence l'activité dont l'impact des variations sur l'économie est maximal, en raison de sa forte intensité en main d'oeuvre, et du faible montant d'importations incorporée dans le produit final.
Bref, si Emmanuel Todd a raison d'affirmer - comme il l'a fait ce soir sur I Télé- que les événements donneront tôt ou tard raison à sa théorie, admettons avec lui que le plus tôt sera le mieux ......
Rédigé par : Eirean | 10 février 2009 à 23:20
@olaf
Oui mais en disant bon de consommation çà fait moins peur à certains.
@RST
Ça c'est une vielle thèse basé sur le problème du dollars. Si demain chaque état européen retrouve sa monnaie le risque est de voir les européens recommencer à faire comme les asiatiques, c'est à dire à accumuler des dollars et des bonds du trésor américain dans leurs caisses soutenant ainsi la monnaie US. L'euro a un avantage certain c'est qu'il permet aux européens en grande parti de ne plus être tributaire du dollars, du moins dans leurs échanges entre eux. L'inconvénient on le connais c'est que la zone euro n'est pas une zone monétaire optimale. Il eut été plus simple de faire de l'euro une simple monnaie d'échange et de réserve international nous protégeant ainsi des délires US tout en ayant la possibilité de voir certaines monnaie se réévaluer en fonction des difficultés courantes de la balance des paiements. Rien n'empêche aujourd'hui d'imaginer un système ou il y aurait le franc plus l'euro avec une parité euro/franc révisable tout les six en fonction de la balance commerciale. Un tel système aurait empêcher les excédents extravagants de l'Allemagne et les déficits abyssaux de l'Espagne. On pourrait même allez plus loin et introduire en plus des monnaies régionales, les régions les plus pauvres pouvant ainsi se dévaluer et compenser leur manque de compétitivité. On peut d'ailleurs se demander si la France et encore plus l'Italie et leurs inégalités territoriales profondes n'ont pas était des zones euro avant l'heure avec des régions dépeuplées et appauvries contre d'autres qui ont concentré toutes les richesses. Les transfères par l'impôt ayant eut finalement peu d'effet pour contrecarré le phénomène de concentration des activités productives c'est notamment le cas en France qui malgré un état puissant et généreux voit l'ile de France pesé le tiers du PIB national.
Rédigé par : yann | 10 février 2009 à 23:29
@ Yann @ Olaf
Après beaucoup d'effort, RST a finit par réussir à m'intéresser à la question de la création monétaire, mais vous vous pouvez toujours attendre que je parle un jour des monnaies locales fondantes ou des bons de consommation. Rien que le mot ça me fait mourir de rire. Vos trucs, ça me fait trop penser aux tickets de rationnement ou au troc organisé.
@ Olaf
J'espère que tu as pensé à moi quand tu as entendu sarko parler de relocalisation. Alors toujours pas convaincu que ce mot appartient au vocabulaire des laches qui confondent prière et action politique ?
@ RST
Oui c'est exactement ça. Il me semble que le dernier long texte de sapir (toujours aussi dense) nous avait un peu échappé. Je pense que tu sais pourquoi je me suis plongé dans sa lecture. Je ne peux que la conseiller à tous ceux qui veulent approfondir. Il me semble que Sapir et parmi nos économistes préférés, celui qui en ce moment a la pensée la plus globale et la plus aboutie.
@ Abdel
Ce point me paraît très important dans la compréhension de la crise. J'ai l'impression que la crise économique est accélérée par un transfert de richesse de l'économie réelle vers l'économie financière qui n'a en rien désarmée. Je me trompe peut-être mais je m'étonne que cette hypothèse ne soit pas davantage développée.
@ Eirean
Ce dont tu parles est qualifié par Sapir d'effet de richesse négatif et cela a effectivement un très fort effet récessif.
Emmanuel était sur I télé ce soir ?? Sur quelle émission ? Je suppose que tu parles du protectionnisme quand tu parles de ces théories. On a parle dès demain et cette fois ci c'est pas des blagues, l'article est déjà écrit.
Un jour René m'a dit que ça devait me perturber de me retrouver dans le camps de l'idéologie dominante. En fait ce n'est pas le cas. En ce moment tout le monde parle du protectionnisme à tort et à travers en mettant n'importe quel sens derrière ce mot, ce qui a tendance à m'énerver, mais de mon point de vue, celui promu par Todd est Sapir n'est pas encore passé dans les esprits. Ca va vite mais on n'y est pas encore.
Rédigé par : Malakine | 10 février 2009 à 23:57
@ Malakine : Oui, Todd était opposé, chez Demorand - Lauqué, à ce clown surréaliste de Michel Godet dont les bégaiements faisaient plaisir à voir. Je trouve que Todd a acquis une formidable capacité à résumer, dans l'étroit format d'une émission où aucune réponse ne peut excéder 2 minutes, et avec des mots accessibles à tous, une analyse et des propositions relativement complexes. Quel talent !
D'accord avec toi sur l'avancement de la cause : on y est pas encore, mais la machine progresse. J'attends avec impatience ton prochain post, et affûte les commentaires !!!
Enfin, juste pour l'anecdote automobile, et pour montrer la persistance de ce que j'appelle le "moulin à prière" libéral, nous avons tous noté que, depuis des mois, l'automobile est présentée comme un secteur "représentant 10% du salariat français". Soit 2,1 millions de salariés (Sylvestre parle maintenant de 2,5 millions).Le chiffre s'est, entre autres, retrouvé dans la bouche du Président le 9 février.
Or, de l'aveu même des secteurs concernés (qui ne sont pas suspectes de minorer leur importance dans leurs documents de communication) , ce chiffre ne dépasse pas 750 000, en comptant large : constructeurs (CCFA) 170 000, équipementiers (FIEV) 70 000, distribution (CNPA) 400 000, pétroliers (UFIP) 110 000.
Et pourtant, elle tourne, la rumeur ..... Journaliste moi-même, j'ai honte que mes confrères acceptent de telles énormités sans même prendre les 10 minutes nécessaires pour vérifier.
Rédigé par : eirean | 11 février 2009 à 09:21
malakine,
si ca te fait rire c'est au moins ca de gagné. C'est plus relaxant et facile que de réfléchir.
Que sarko emploie des mots ne signifie pas qu'il faille les rayer du dictionnaire, sinon il va falloir en arracher des pages du dico vu ce que sarko débite comme discours depuis quelques années. Après il ne nous restera plus qu'a s'exprimer par onomatopées et faire du troc qui n'a rien à voir d'ailleurs avec une monnaie. Mais bon je ne vais pas m
'échiner à convaincre. En revanche d'autres seront probablement plus intéressés.
Rédigé par : olaf | 11 février 2009 à 10:30
Tout en partageant l'avis que les banques se refont (ou tentent de le faire...) une santé en augmentant leurs taux je veux apporter deux bémols :
- concernant le prêt aux particuliers c'est plus la baisse de la demande de prêts que le refus de prêts qui contribue au marasme (de l'immobilier notemment) et il n'y a guère de marge sur ces prêts qui sont leur principal outil de fidélisation.
- concernant le entreprises, les banques sont frileuses non seulement parce qu'elles courent le risque de ne pas être remboursées mais aussi parce qu'il existe (au moins en France) une close de "soutien abusif" : voir ci-dessous.
Bonne journée... PMF
"Crédits excessifs et soutien abusif"
-------------------------------------
"Une banque peut voir sa responsabilité engagée si elle accorde à une entreprise des crédits excessifs tout en sachant que la situation financière de cette dernière est déjà irrémédiablement compromise.
En matière de procédure collective, les tribunaux se réfèrent assez souvent à ce principe pour condamner les banques à payer des dommages et intérêts aux créanciers. Pour ce faire, les juges se fondent sur plusieurs indices : la structure du compte d'exploitation de l'entreprise, la présence ou l'absence de fonds propres suffisants, l'importance des crédits accordés et la charge financière que ceux-ci représentent pour l'entreprise, ainsi que l'évolution de l'activité commerciale.
Dans une procédure de redressement ou de liquidation, le juge peut apprécier l'attitude de la banque antérieurement ou postérieurement à la date de la cessation de paiements.
Lorsque la responsabilité de l'établissement de crédit est définitivement établie et que la banque est condamnée à verser des dommages et intérêts aux créanciers de l'entreprise, ceux-ci sont calculés d'après le montant de la créance et le rapport existant entre l'augmentation du passif imputable à la banque et l'insuffisance d'actif totale."
Source : http://www.lentreprise.com/3/4/2/dossier/9743/4277.html
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 11 février 2009 à 10:36
Excellente analyse. Du grand Malakine.
Rédigé par : franc-tireur | 11 février 2009 à 10:41
@Olaf,
Passant par là en vitesse, je précise que le dico peut garder l'essentiel des mots. Le vocabulaire de celui qui est d'abord le président de l'UMP est si pauvre que cela n'aurait pas d'incidence.
Certes, quand il lit ses conseillers, c'est différent mais on peut le considérer comme nul et non avenu...Il n'y comprend rien et se contente de faire des gesticulations souvent sans rapport avec le texte!
Rédigé par : Philippe | 11 février 2009 à 14:11
Sans vouloir jouer les pucelles effarouchées, puis-je indiquer à Olaf, Philippe et quelques autres que l'un des (nombreux) intérêts de ce blog, est qu'ici, à la différence de la plupart des blogs alternatifs, le fil des commentaires ne véhicule pas exclusivement un tpmbereau d'invectives à l'égard de nos dirigeants (NS inclus).
Mais qu'au contraire, chaque commentateur s'efforce d'apporter sa pierre au débat de fond, et s'abstient de faire de cet espace de réflexion l'exutoire de ses (légitimes) agacements.
C'est une des raisons pour lesquelles je le fréquente assidûment, et remercie chaque jour Malakine de nous l'ouvrir. Gardons donc, chers amis, ces lieux aussi propres que nous les trouvons en entrant.
Rédigé par : eirean | 11 février 2009 à 14:50
@eireab
Je répondais à une plaisanterie d'Olaf par une autre...
Ce n'était pas avec l'intention de "salir" ce blog dont j'apprécie la qualité.
Rédigé par : Philippe | 11 février 2009 à 17:47
@Malakine,
Oui, pour un théoricien pur, c’est drôlement bien vu !
Tu as finit par accepter que la crise comporte 2 volets distincts, c‘est parfait : ‘’J'ai l'impression que la crise économique est accélérée par un transfert de richesse de l'économie réelle vers l'économie financière qui n'a en rien désarmée.’’
Il ne te reste plus qu’à intégrer que l’économie réelle ne peut se faire sans les entrepreneurs, et ta vision va s’approcher de la réalité : Tu vas dépasser tes Dieux, qui eux sont encore dans les nuées.
J’ai repris momentanément une activité qui va me faire rencontrer bientôt le N°1 Français des amortisseurs ’’sport’’ (IL n‘a pas les moyens de production suffisant pour fournit l‘Automobile en première monte), ses concurrents directs sont Suédois, Hollandais et Japonais (pas encore Chinois). Son problème (c’est une société récente), n’est pas un problème de crédit.
TU AS RAISON de dire que c’est la crise financière (l’économie virtuelle) qui va tuer l’économie réelle (et se payer sur elle pour ceux qui vont être obligés d‘emprunter).
Pour lui, le taux d’expansion était satisfaisant et continuerait aujourd’hui, si le casino de Wall Street n’avait pas appauvri ou démoralisé des tas de gens.
Son avenir ne dépend pas directement de la crise, mais de sa position sur le marché. La qualité de sa production est au niveau de ses concurrents, ce ne sont pas des mesures de macro économie qui vont le booster, mais un accroissement de la production qui lui permettrait d’obtenir un prix de revient plus attractif.
Tu sais bien qu’en France la pénalisation du travail de 100% à 500% supérieure à nos concurrent direct, est un mur dressé devant chaque entrepreneur.
Au fait, tu as lu ce que j'ai laissé hier ?
Le chocolat au lait est bien à 5,5%, partout !
(Même si j'ignorais une exception ubuesque, sur certains bonbons au chocolat au lait de luxe, comme sur le caviar)...
Encore les antagonismes entre le réel et le théorique !
Les conseillers du Présidentelet... ont cru bien faire !
Mais aujourd'hui toute la France croit que le chocolat au lait est à 19,6% de TVA ! lol
D'ailleurs la pluspart des économistes croient que la nourriture manfacturée (conserves, plats cuisinés etc.) est à 19,6%... la faute à une circulaire abconse parlant de "produits traités", alors que dans la vie réelle : cela ne concerne que les alcools !
@Philippe !
Je vois que ton travail te prend moins de temps qu'à ton cousin Marc !
Rédigé par : Gilbert | 11 février 2009 à 18:25
@ Malakine
Le concept de monnaie fondante est intéressant en lui-même (indépendamment de ses possibilités d’application) pour mieux comprendre la monnaie et ses phénomènes.
Oui, je sais pourquoi tu lis Sapir : tu suis les conseils du boss ;-)
Je n’avais effectivement pas vu son dernier texte. Merci donc. (Ça n'a pas l'air simple!)
En échange, je signale le dernier papier de F.Lordon ici : http://blog.mondediplo.net/Surtout-ne-changez-rien
A défaut d’être du grand Lordon, c’est du Lordon en colère qui propose une réponse globale à la crise et qui, si j’ai bien compris, est lui aussi un partisan d’une certaine forme de protectionnisme qu’il nomme "ouverture modulée"
Rédigé par : RST | 11 février 2009 à 18:44
eirean,
donner les mêmes indications pour ce blog que celles que l'on trouve dans les gogues, c'est pas faire montre de beaucoup de considération pour lui. D'autre part malakine lui même ne se gêne pas pour dauber sur NS.
Rédigé par : olaf | 11 février 2009 à 19:11
Formidable LORDON, dans cet article, merci RST !
Je suis abonné au Monde Diplomatique papier et je ne l'avais pas lu ???
Quand je lis des chose comme çà, oh! combien je regrette d'écrire comme un croquenot, enfin c'est toujours bon de lire quelque un qui pense comme vous, pour une fois !
"Philippe" et "Eiran": Je vous recommande fortement de lire cet article (lol) :
Il est indispensable pour comprendre que le combat économique n'est pas une simple bataille de niais entre gens du PS/UMP : Programme Suicidaire d'Union des Minus pour la Mort de la Patrie.
Rédigé par : Gilbert | 11 février 2009 à 19:47
@ Gilbert
Pas mal le PS/UMP. Je m'en resservirai avec une légère modification : Programme Suicidaire d'Union des Minables pour la Mort de la Patrie
Je suis sûr qu'on peut faire encore mieux ;-)
Rédigé par : RST | 11 février 2009 à 20:24
Malakine
Tu nous fais un papier sur les universités et la réforme Pécresse ?
J'y pige que dalle
PS: S'il te plait !
Rédigé par : RST (Hors sujet) | 11 février 2009 à 20:30
@ eirean
Quand bien même, les 10 % seraient exacts, ils ne voudraient rien dire tellement ils mélangent des choux et des carottes. Les emplois liés à l'usage de l'automobile (assurance, réparation, vente...), ne sont pas du tout dépendant de l'existence d'une filière locale de production.
@ Olaf
Toujours pas convaincu ? Ben continue à tendre l'oreille, tu verras que tout ceux qui parlent de relocalisation semblent décrire un phénomène météorologique qui se produirait en dehors de toute volonté politique.
@ eirean
C'est gentil, mais ce blog c'est aussi un lieu de discussion pour habitués, qu'ils appartiennent ou non à une même famille idéologique. Les petites polémiques, les digressions, les hors sujets c'est toujours sympa. Enfin tant que ça ne deviens pas trollesque et qu'on ne vient pas ici pour vendre sa soupe en collant des messages qu'on a déjà diffusé dans toute la blogosphère.
@ gilbert
Je me méfie de tes compliments. Ils cachent toujours une vacherie.
@ rst
J'attends avec impatience ton prochain papier sur les bons de consommation ou les monnaies locales. Vu l'intérêt que certains ont pour ces questions, elles méritent certainement qu'on s'y penche.
Non le texte de Sapir n'est pas hyper léger. C'est du Sapir, pas du Lordon. Merci pour le lien, je le lirais dès que possible. Faudra t-il que j'en fasse un résumé encore une fois ? ;-)
@ olaf
Très drôle ! :-)
@ Gilbert
Je reconnais aisément que tu n'a pas la plume ni le brio de Lordon. Il était effectivement utile de le souligner.
Rédigé par : Malakine | 11 février 2009 à 20:40
@ RST
Si j'étais journaliste professionnel ou que j'avais encore des relations dans le monde de l'université et de la recherche, mais dans ma situation c'est impossible. Il faudrait investiguer et interroger des gens qui travaillent dans ce milieu. Avec ce qu'en disent les journaux, les syndicats et le gouvernement, c'est effectivement impossible de comprendre les vrais enjeux. Je vais essayer de m'y intéresser de près mais je ne garantis rien.
Rédigé par : Malakine | 11 février 2009 à 20:45
Malakine,
"Toujours pas convaincu ? Ben continue à tendre l'oreille, tu verras que tout ceux qui parlent de relocalisation semblent décrire un phénomène météorologique qui se produirait en dehors de toute volonté politique."
Je crois comprendre qu'il s'agit un mouvement inéluctable, mais le rôle du politique c'est souvent d'accompagner opportunément ces mouvements, c'est même en général leur principale activité, formaliser ce qui se passe, canaliser. Beaucoup plus rarement devancer l'évènement, alors qu'on dit que "gérer c'est prévoir", oui mais trop, car avoir raison trop tôt c'est avoir tord. Je suppose que tu saisis la nuance.
Maintenant, le problème demeure, comment relocaliser ? Chacun sa recette.
Gréau a ses préconisations, idem pour Lordon ou Zin. Lesquelles sont les plus efficientes à terme? Là est la question. Nos vues sont proches par la direction mais différentes par le détail des moyens, et chacun sait que le diable et dieu sont dans les détails.
Un article donc à faire sur les diverses voies de relocalisation ou protectionnisme selon les allergies sémantiques. N'en reste pas moins que le terme protectionnisme a une connotation un tantinet paranoïaque, ce qui n'est pas très porteur comme vecteur dialectique.
Rédigé par : olaf | 11 février 2009 à 22:22
Effectivement il y a un problème de fond au protectionnisme : il peut difficilement être érigé en théorie , ou disons que sa théorisation extrême aboutit à un système mortifère.
De sorte qu'on ne peut le penser qu' à reculons ou à simplement à contrario d'un système auquel il ne se substitue pas.
Et donc on ne voit pas trop concrètement parmi les multiples pratiques (un peu floues tout de même) qualifiées , à priori, de protectionnistes , quelles sont les 'bonnes' .
On ne voit pas non plus les limites géographique claires de ce protectionnisme : il semble qu' à présent il faille penser à l'Europe ... même si pour beaucoup le plombier polonais est déjà une menace ... ce qui suppose qu'il faudrait penser alors aux limites purement nationales ?
D'un autre point de vue plus pratique on ne voit pas non plus , à court terme (avant que la demande protectionniste des populations ne se soit traduit en terme politique et en 'promesses' un peu concrètes, de la part de formations portées au pouvoir) , comment ce protectionnisme pourrait s'imposer dans une Europe qui s'est enfermée dans des contraintes diverses sans aller jusqu'au bout d'une unité politique qui lui aurait peut-être permis de disposer au moins, de moyens d'action.
PS/ Oui Malakine n'est pas atteint d'anti-sarkosite aiguë , mais en lisant le billet j'ai comme la sensation que rien de ce dernier aurait pu faire , n'aurait trouvé grâce au yeux du premier.
- Si on aide "trop" : il sera reproché de voler au secours du Kapital, de dilapider l'argent des français et de socialiser les pertes
- si on aide de façon ajustée et parcimonieuse il sera reproché de ne pas mesurer l'ampleur des choses ou bien (Malakine est ingénieux ;) ) de " ... prêter quelques 20 milliards au taux de 8%, comptant ainsi sur leur capacité (des banques par expl) à prélever sur la bête, non seulement l'équivalent des pertes sur les subprimes et autres créances titrisées, mais également l'intérêt sur les milliards perdus !)"
Rédigé par : Oppossum | 12 février 2009 à 09:37
@ Olaf
L'autre soir, je regardais C dans l'air et j'ai vu Michel Godet opiner du chef à l'évocation du mot de relocalisation mais le même s'était emporté peu de temps auparavant contre le protectionnisme. On veut la fin mais on refuse les moyens.
Je veux bien reconnaître que le protectionnisme est un mot trop fort et chargé négativement (c'est pourquoi j'ai tenu à rédiger ce petit manifeste) mais le mot de relocalisation, lui est beaucoup trop faible et beaucoup trop consensuel pour avoir le moindre effet.
@ Opposum
Je t'invite à débattre du protectionnisme dans les commentaires sur le billets suivant, notamment du bon périmètre pour le mettre en place.
Sur le plan automobile, il est vrai que je n'ai pas dit ce que j'aurais préconisé. Alors, déjà il me semble que c'est aux banques à préter et non pas à l'Etat. Il me semble donc qu'une garantie d'emprunt aurait été préférable, histoire de dire au passage que l'Etat ne laissera jamais tomber "nos big three à nous". En outre, il me semble qu'on aurait du mettre le paquet sur le soutien à la demande, soit par une défiscalisation des emprunts sur les achats d'auto (comme sarko l'avait fait en 2004), soit en élargissant l'assiette ou le montant de la prime à la casse et naurellement en cherchant à étendre au niveau européen ce système de soutien conjoncturel à la demande.
Sur Sarko, vraiment je ne crois pas que je mérite le reproche de faire de l'anti sarkozite. Jusqu'à cet été, j'ai toujours été plutot bienveillant à son égard et je me suis toujours efforcé de ne pas personnaliser le débat. Je dois d'ailleurs à des rares à écrire à son sujet "notre président" ...
Néanmoins, j'ai changé d'attitude depuis la crise. J'avais commencé pour faire un papier où je déclarais l'amnistie sur tous ce que les politiques avaient fait avant "du passé faisons table rase" pour les juger sur leurs actes et leurs prises de position dans le nouveau contexte. Et là, Sarko est franchement mauvais. Il n'a pas de cap. Son plan de relance est insignifiant et manifestement il n'a rien compris à ce qui se passe. Il agit exactement comme si on était encore en 2001/2002.
Imaginer des plan de sauvetage d'acteurs en situation de faillite, qui rapporte de l'argent à l'Etat, franchement ça me dépasse. Il faut vraiment avoir un esprit détraqué par l'idéologie du business pour penser ainsi.
Rédigé par : Malakine | 12 février 2009 à 10:36
Une petite suggestion au passage à mes amis français : pourquoi ne pas proposer la nationalisation de vos sociétés d'autoroutes ?
Au lieu d'atterrir dans les poches d'exploitants privés, les bénéfices engrangés par les péages pourraient contribuer à la résolution des nombreux problèmes liés à l'automobile. Ça permettrait de contourner, au moins en partie, le racket bancaire.
Rédigé par : M'ENFIN! | 13 février 2009 à 14:40
Mais elles étaient nationalisées jusqu'à que ce con de Villepin, pour faire plus réformateur libéral que sarkozy, ait la mauvaise idée de les privatiser !
Rédigé par : Malakine | 13 février 2009 à 15:55
Et pourquoi pas nationaliser un constructeur automobile :-)
Cela doit sembler farfelue pour certains , et Mme Merkel, Barroso etc risquent de ne pas être d'accord.
Mais voila , la réalité commence à pousser ,à bousculer :
"L'Allemagne pourrait entrer au capital d'Opel en dernier recours"
"L'Allemagne envisage une entrée au capital du constructeur automobile Opel si sa maison mère, le groupe américain General Motors, devait faire faillite"
"Opel emploie près de 26.000 salariés dans le pays"
Rédigé par : Abdel | 17 février 2009 à 21:05
Je vis en dans une région allemande où l'automobile est fortement présente, donc on sent une inquiétude. Volkswagen et consorts ont du mal comme Peugeot à Sochaux. La morale c'est que bientôt il va
falloir nationaliser de plus en plus, l'automobile après les banques, à qui la suite? On croit assister à un effondrement du mur du libéralisme privatiseur après celui du mur de Berlin.
There is completely no alternative. Ticna après Tina ?
Rédigé par : olaf | 17 février 2009 à 21:38