Le monde a-t-il perdu la raison à célébrer la victoire d'Obama avec une telle ferveur ? A entendre les réactions, on a l'impression d'un 11 septembre à l'envers, qu'un nouveau mur de Berlin serait tombé, qu'on aurait trouvé la solution pour résoudre la crise financière et relancer l'économie mondiale ou découvert une nouvelle source d'énergie abondante propre et gratuite pour remplacer le pétrole !
Mais qu'est ce qui justifie donc toutes ces larmes et ces cris de joie ? Que le peuple étasunien ait choisi l'alternance après huit années d'un régime qui a conduit leur pays au bord de la faillite, avec le score "écrasant" de 52 % ? Que l'Amérique ait enfin tourné la page de la ségrégation et du racisme, en oubliant que 95% de la communauté noire a voté pour "son" représentant contre seulement 43 % de "blancs" ? Que le scrutin ait désigné le candidat le plus jeune, le plus beau, le plus charismatique, le plus beau parleur, le plus cool, le plus sympa, celui qui disposait du plus gros budget ?
Quel est ce monde nouveau et merveilleux dans lequel l'humanité est sensée entrer par la magie de cette élection « historique » ?
L'élection de Obama nous annonce t-elle vraiment une nouvelle Amérique qui aurait enfin compris la nécessité de réformer en profondeur son modèle de civilisation, une Amérique qui aurait enfin compris qu'elle ne pouvait plus continuer vivre indéfiniment au crochet du monde, une Amérique qui aurait enfin renoncé à la prétention de se croire une nation élue de Dieu, disposant de tous les droits, infaillible et prédestinée à conduire le monde ?
Le discours de Barack Obama après son élection ne contenait pourtant rien qu'un storytelling dégoulinant sur le thème de l'espoir et du changement, célébrant l'Amérique éternelle et l'ère nouvelle de son avènement. Tout cela sonne vide et creux. De l'apparence, de la forme, de l'illusion. Du vent ! Un vent frais et agréable après 8 ans de Bushisme, mais du vent tout de même.
Nul ne sait quelles seront les solutions que le nouveau président mettra en œuvre pour éviter que l'économie américaine ne se fracasse contre son mur de dettes, pour continuer à aspirer des capitaux du monde entier ou pour reconstruire des infrastructures et un système social. Nul ne sait même s'il a la moindre idée des solutions à mettre en œuvre. Tout ce que l'on a entendu de concret n'est rien que de vieilles recettes éculées : Baisse des impôts et relance de la guerre en Afghanistan. Pas vraiment de quoi justifier un tel déluge de louanges et de superlatifs.
Pour reprendre une image à la mode, Barack Obama est une gigantesque bulle spéculative, une bulle d'espoir et de confiance nourrie par l'angoisse et le déni de réalité. Une bulle condamnée à exploser à son premier contact avec la réalité.
« yes we can ! » Comme si c'était la première fois qu'on entendait promettre le changement avec une telle force de conviction. En France, on a déjà donné ! On se souvient de Chirac en 1995 ou de Sarkozy en 2007. On sait d'expérience que le chemin le plus court vers la déception et le discrédit, est de se faire élire sur un espoir de renouveau fondé que sur le vide de beaux discours.
Compte tenu de l'insignifiance de ses marges de manoeuvre et de l'intensité de ses promesses, Obama ne peut que décevoir. Tout esprit rationnel sait cela.
Alors certes il est noir ! La belle affaire. Enfin, à moitié seulement, d'autant plus qu'il a été élevé par une grand mère parfaitement blanche. Culturellement, il est un pur produit de l'Amérique blanche, mais pour les Etats-Unis, c'est un noir, un membre de la communauté des anciens esclaves, le ressortissant d'une minorité. C'est pourquoi on nous vend jusqu'en France, que son élection est un événement historique de portée planétaire, sans hésiter à reprendre le vocable et le référentiel mental américain : A quand un représentant des minorités élus en France ? Peut-il y avoir un jour un Obama français ? Entendez, un antillais ou un beur, charmeur et décontracté, pas quelqu'un qui aurait des solutions nouvelles et intelligentes à propose !
Je n'irais pas jusqu'à dire en conclusion, comme Emmanuel Todd ce matin à RMC, jusqu'à dire que les Etats-Unis ont désormais un visage plus sympathique mais restent notre ennemi adversaire. C'est fondamentalement ce que je pense, mais c'est une autre pensée qui aujourd'hui m'attriste le plus :
Cette hystérie collective est en train d'enterrer définitivement l'idéal de l'homme universel. Nos médias américanophiles et moutonniers viennent d'introduire en France le modèle communautariste et de l'ancrer profondément dans tous les esprits au plus grand bonheur de tous les indigènes de la républiques et autres groupuscules qui défendent une démocratie à base ethnique.
Aujourd'hui, c'est une certaine conception de la politique qui prend fin. Avec l'élection de Obama, c'est sûr, le monde ne sera plus jamais comme avant. On ne se fera plus jamais élire pour ce que l'on propose mais pour ce que l'on est.
Malakine
Vidéo d'Emmanuel Todd à BFM/RMC info ce matin commentant l'élection de Barack Obama.
T'y vas fort, un peu, là ..
D'ac .. Le monde a perdu toute sa tête en célébrant jusqu'à en vomir l'élection de Barack Obama.
Oui, son discours jouait UN PEU sur l'espoir. Mais il disait aussi que ce n'était pas gagné. Que les embûches seraient légions. Qu'il faudrait plus d'un mandat, pour ...
J'appelle pas ça de l'espoir au sens premier, moi, mais du réalisme.
Sarko, lui, il a pas joué le même air. Lui, c'est les gars, on va gagner !
C'est pas ce que dit Obama ..
Le réduire à une bulle spéculative c'est insulter celles et ceux qui croient en lui.
Et lui, par la même occase.
Lui même, ne se voit pas ainsi.
Oh, je sais, c'est pas lui qui va moraliser le capitalisme.
Loin de là.
Mais son élection peut provoquer, non pas une contrition de Wall Street et des marchés, mais à moyen terme (c'est loin, je précise) une prise de conscience des citoyens.
Une rebellion s'il échoue, et surtout, s'il est prouvé que tout fut fait pour qu'il se ramasse.
Voilà ce que représente Obama.
Une porte entr'ouverte pour vaincre les lâchetés quotidiennes.
Et c'est pas rien.
Pour le reste, d'ac avec toi.
Rédigé par : Philippe Sage | 05 novembre 2008 à 22:53
Il y a quand même quelque chose de réjouissant dans l'élection d' Obama c'est qu'on a ainsi échappé à McCain et surtout S.Palin.
Quant à conclusion, je crois malheureusement que cela fait quand même déjà un certain temps que l'on ne se fait plus élire pour ce que l'on propose mais grâce à l'image créée par des équipes de "communicants" et autres génies du marketing.
La nouveauté ici est, effectivement, le facteur ethnique.
Rédigé par : RST | 05 novembre 2008 à 22:54
C'est Tsonga (le tennisman) qui râle dans l'équipe que France Info l'a interrogé en tant que Black sur l'élection d'un black, alors qu'il se considère métis et qu'il ne choisit pas les politiques en fonction de leur couleur de peau - la population est toujours moins communautariste que ses élites.
Rédigé par : Linca | 05 novembre 2008 à 23:06
@ Philippe
Non ce n'est pas de l'insulte. C'est vraiment un phénomène de bulle. Plus on croit en lui, plus sa valeur monte et plus il suscite de l'espoir. On est dans un phénomène d'emballement caractérisé.
Une prise de conscience des citoyens ?? Tu crois vraiment ? Tu as l'impression qu'il leur parle le langage de vérité en promettant une baisse des impôts ?
Je ne comprends pas ce que tu veux dire par porte entre ouverte sur les lachetés quotidiennes.
@ RST
Ben ouais, mais moi, ça m'attriste.
Parce que quand même, dans le contexte actuel, on aurait pu assister à tout autre chose, à un vrai programme de rupture avec la finance, l'impérialisme, l'économie de consommation et les inégalités ...
En fait, il ne me semble pas que Obama ait bcp mis en avant le facteur ethnique. Bien moins que Ségolène Royal a mis en avant son genre féminin en 2007. C'est surtout aux médias français que j'en veux.
***
PS : Le billet de Todd que je publierais vendredi va beaucoup beaucoup plus loin dans le désenchantement ! Je vous promets, ça vaut le détour.
Rédigé par : Malakine | 05 novembre 2008 à 23:15
C'est un peu la fête pour beaucoup, mais ça ne veut pas dire plus que ça. A la sortie d'un bon film tout le monde est content et continue à se faire son cinéma tout en sachant que le lendemain les factures et autres pesanteurs du souci seront présents au rendez vous. Donc pas d'information supplémentaire à en tirer.
Les gens s'enthousiasment le temps d'une fête en estimant que ce plaisir aura un effet papillon sur l'avenir comme certains mettent des cierges.
Bien sûr la technostructure financière, sociale, éducative, médiatique ne va pas disparaitre d'un claquement de doigts.
J'ai du mal à penser qu'il défendra un modèle communautariste compte tenu de son back ground. Il a peut être la capacité d'accompagner des émergences encore faut il qu'elles se manifestent dans la population américaine.
A défaut ce sera la routine de l'agenda des urgences à traiter, gros prestige, quasi zéro effet à long terme. Le pétrolier continuera une route modifiée d'epsilon pour se prendre un mur...
Rédigé par : olaf | 05 novembre 2008 à 23:42
Comment dire que j'approuve à 100% ce billet sans que RST ne se fende d'un sarcasme ?
Rédigé par : Criticus | 06 novembre 2008 à 00:29
@Malakine
Je me demande qu'elle serait les conséquences d'un effondrement économique sous la présidence d'un noir aux USA? Le plus incroyable c'est que bon nombre de personne le compare maintenant à Roosvelt qui lui même était quelque part un produit marketing de l'époque dont l'Amérique avait besoin pendant la grande dépression. Mais cette comparaison a ses limite FDR est arrivé au pouvoir dans un pays en crise mais totalement autonome économiquement et ne dépendant alors que de lui même, la crise actuelle ne peut pas être résolue par les USA grand emprunteur devant l'éternel et c'est quelque chose contre laquelle la mentalité américaine n'a aucune possibilité d'approche. Les USA sont prisonnier d'un système qu'ils ont eu même mis en place mais qu'ils ne peuvent plus défaire seul, et d'ailleurs le prix à payer pour en sortir est tellement énorme pour les américains qu'ils est impossible d'imaginer un dirigeant y faisant vraiment face. Aucune solution ne peut venir des USA mais les européens continue à prier leur dieu en espérant qu'il vienne à leur aide comme toujours, c'est pitoyable. Et c'est tout à fait inadmissible la place que prend l'information US par rapport à celle de pays qui seront dans l'avenir nettement plus important Chine, Inde, Japon, Russie ou même l'Allemagne ne bénéficie pas du millième d'intérêt que ce que suscite ce pays de surendettés, obèses et de maniaque de la gâchette. En effet que savent les français de l'information qui provient des puissances montantes, rien, ou pas grand chose, même nos voisins proches sont totalement ignoré.
Au fait sur le site dedefensa j'ai trouvé un lien d'un interview de france24 de John R. MacArthur qui parle d'Obama d'une façon assez peu habituelle pour un média amér...français, pour ce monsieur Obama est un oligarque comme les autres:
http://www.france24.com/fr/20081031-Etats-Unis-democratie-pouvoir-politique-election-presidentielle&navi=DEBATS
Rédigé par : yann | 06 novembre 2008 à 00:31
"Que l'Amérique ait enfin tourné la page de la ségrégation et du racisme, en oubliant que 95% de la communauté noire a voté pour "son" représentant ?"
Tu as du courage Malakine, tu poses la question qui tue.
(Ou as tu chopé ce titre? a croire que les grands esprits se rencontrent, je parlais d'une bulle spéculative vis à vis de l'Islam et ses petro-dollars).
On ne reviendra sur la suspecte solidarité ethnique qui s'empare, selon nos médias, notre pays.
"Baisse des impôts et relance de la guerre en Afghanistan. Pas vraiment de quoi justifier un tel déluge de louanges et de superlatifs. "
Autrement dit , creuser encore et toujours le déficit et vivre toujours plus au crochet du monde.
Non, le système américaniste ne peut continuer comme cela indéfiniment.
Non seulement, l'économie américaine est une économie de guerre, mais en plus, c'est nous tous qui payons cette économie, pour nous faire bombarder en retour!!!!
"Parce que quand même, dans le contexte actuel, on aurait pu assister à tout autre chose, à un vrai programme de rupture avec la finance, l'impérialisme, l'économie de consommation et les inégalités ... "
Tout simplement impossible, puisque c'est le Big business qui a payé sa campagne; qui se chiffre à des sommets.
Le seul candidat anti-systéme était Ron Paul, même si idéologiquement, ce n'est pas tasse de thé.
Il n'a pas passé les primaires et le soutien financier provenait des citoyens eux-mêmes.
C'est le Gorbatchev américain, il n'est pas exclu, comme le souligne, que les Usa s'effondrent totalement.
Je table toujours sur une disparition des Usa, cela peut paraitre de la science-fiction aujourd'hui, seulement, je pense que leurs fondamentaux sont vraiment , mais vraiment mauvais.
(Sinon, bon billet, tu as été plus loin que moi sur la question raciale, qui n'existe pas vraiment, puisque les races n'existent pas, enfin, si, enfin non, enfin, cela dépend pour qui).
Rédigé par : Three piglets | 06 novembre 2008 à 01:10
J'adhère moi aussi totalement à cette idée de "bulle spéculative" concernant Obama. En quoi la couleur de peau serait-elle, aujourd'hui plus qu'hier, la manifestation d'une quelconque "intelligence", d'un "renouveau", mériterait autant de passion, de pleurs, de commentaires élogieux?
Le communautarisme fait des ravages et l'esprit moutonnier de la presse française en général est réellement catastrophique. En fait, depuis la défaite de 40, notre beau pays semble au point mort, se vendant au mieux disant - et même pas au plus offrant.
Depuis l'arrivée des "Ricains", la France a, pour eux, les yeux de Chimène (il est vrai que notre beau pays a, dans ses gênes, la détestation de lui-même depuis, semble-t-il, au moins, la défaite napoléonienne).
Heureusement, pendant quelques décennies, le Général nous a protégés de l'arrogance des yankees (par la sienne propre!). Ce n'est plus le cas avec l'actuel résident de l'Élysée qui joue les nouveaux convertis, écœurant dans sa bassesse collaborationniste et ses pitoyables postures de nain de jardin monté sur ressort.
Mais c'est, au fond, non seulement nos Élites, mais également toutes les couches de la population française, qui se prosternent devant le dieu USA. C'est oublier que les civilisations ne font que passer et ne sont pas immortelles, à notre image, tiens, c'est bizarre...
Obama n'est rien d'autre que le représentant d'un peuple, souvent inculte et méprisant (comme tous ceux qui ont le pouvoir), pour qui la planète est un simple jardin à piller. Qu'il soit noir, jaune, homosexuel, nain ou extraterrestre n'est rien d'autre qu'un épiphénomène. Obama est avant tout un professionnel de la politique qui a remplacé le contenu par l'apparence.
Il n'est que le produit de cette société anglo-saxonne à bout de souffle et qui, avant de crever, va continuer à éreinter jusqu'à la lie notre bonne vielle planète - bien aidé par tous ses alliés, c'est vrai.
Rédigé par : dangeronimo | 06 novembre 2008 à 07:45
@ Linca
Il est bien ce petit tonga ! En revanche, j'ai entendu Thuram hier à la radio. Lui, il n'a pas hésité à parler "en tant que noir"
@ Olaf
L'organisation politique et sociale est déjà communautariste aux Etats-Unis. L'enjeu c'est de savoir si ce genre d'évènement est en train de l'imposer en France.
@ Yann
Comme toi, je ne vois vraiment pas quelle est le moyen pour les Etats-Unis de se sortir de la nasse.
J'espère aussi que les médias consacreront au moins autant d'intérêt pour les prochaines élections législatives allemandes. Parce que ça nous concerne tout de même un peu plus.
@ Three Piglets
Attention quand même à ne pas interpréter trop vite ce chiffre. Il semble que la quasi totalité de la communauté noire vote systématiquement pour les démocrates, même lorsque le candidat est blanc.
Non justement non. Les Etats-Unis ont voulu faire la guerre aux 4 coins du monde, mais n'ont pas cru utile de mettre en place une économie de guerre avec ce que cela suppose de restrictions et d'efforts. C'est la conjonction d'une explosion des dépenses publiques et d'une économie qui se spécialisait de plus en plus dans la consommation qui a été à l'origine des problèmes.
Intéressante la comparaison avec Gorbatchev. Rappelons alors quel a été son destin. Il a engagé des réformes de structures profondes du régimes, qui n'ont pas été très populaires. Et la nomenclatura en poste a voulu arrêter le processus en 1991 avec un putsh. La comparaison conduit donc à l'hypothèse selon laquelle Obama sera liquidé par les milieux d'affaires s'il va trop loin dans les réformes ... La suite en revanche n'est pas crédible : éclatement de la fédération lié à décision d'un chef fédéré de suprimmer les lui les fondement du régime.
@ Dangeronimo
Oh ! Il faudra voir quelle sera la réaction de Sarkozy. Il n'est pas évident qu'elle soit celle d'un obligé qui revendique son inféodation. Il était en passe de conquérir le leadership mondial. A mon avis, il vivra très mal d'être relégué au second plan dans l'ombre de Obama ! Comme toujours, c'est de la mégalomanie narcissique de Sarkozy que nous pouvons espérer un sursaut.
Rédigé par : Malakine | 06 novembre 2008 à 09:39
D'abord merci à Malakine pour cette sensation de ne plus être dans le 51ème états des USA.
Je crois que jamais à ce jour une élection US n'avait à ce point écraser l'info.
Est ce le signe de cette américanisation latente de la socièté française?
Est ce le symbole de la soumission des élites et des médias français?
Est ce le résultat de l'éléction d'un états unien manqué à l'Elysée?
Je partage l'essentiel des commentaires, et comme beaucoup me pose la question de savoir si Obama ne constitue pas une alternative transitoire afin d'apporter le discrédit final sur des alternatives autres que celles extrèmes portées soutenues par le complexe militaro industriel.
Si il était une option de remise en cause réelle et profonde du système il n'aurait pas été élu, n'aurait pas été financé ou alors il sera mort dans peu de temps.
N'est-il pas plutot le moyen de préparer, via l'échec inévitable qui l'attend compte tenu de la situation des USA et de l'inadéquation de celle ci avec son programme (baisses d'impots/ développement d'une sécurité sociale), son échec serait alors la porte ouverte aux solutions radicales, préparées en réalité de longue date...
Pour l'instant je spécule, mais le 1er moment de vérité sera la composition de l'équipe.
les pistes évoquées au secrétariat d'Etat et les futurs conseillers en politiques étrangère sont déjà hautement significatives.
Pour ce qui est de l'aspect ségrégationniste de la socièté US, ce vote ne prouve à mon avis rien, je ne connais les USA qu'à travers la Floride, mais ce que j'y vois à chaque fois et ce sans aucune évolutions bien au contraire ne me laisse en aucun cas envisager des changements profonds sur ces réalités ségrégationnistes dans la vie de tous les jours des états uniens.
Peut être le plus inquiétant c'est cette capacité que les USa ont à travers un artifice comme Obama à faire oublier les fondamentaux de leur système pourri, et que cela marche redoutablement bien! Jusqu'à quand?
Pour moi ce qui sera déterminant ce sera:
L'évolution du budget de la défense.
Qui comme secrétaire d'Etat, si le dénommé Ross est nommé, ce sera alors un très mauvais signe.
Composition du conseil national de sécurité (le seul vrai organe de direction de la politique US).
Evolution de la situation au proche et moyen orient et bien sur attitude envers l'Iran.
Evolution des rapports avec les anciennes républiques soviètiques d'Asie centrale, en lien avec le point précédent lié à l(idée d'encerclement de l'IRan pour à partir de ces états opérés des frappes aériennes.
E Todd a fondamentalement raison dans sa conclusion.
L'aveuglement continue, saupoudré d'une bonne dose de bétise et d'américanolatrie.
Rédigé par : ETDAS | 06 novembre 2008 à 10:04
Je partage avec vous que l'obamania, surtout à l'étranger, est à côté de la plaque et surtout exagérément amplifiée par les médias.
Mais néanmoins Obama n'a pas été élu parce qu'il était noir (en fait métis, mi-noir mi-blanc si on veut être juste !), il a été élu bien qu'il le soit et le reste d'ailleurs...
Même si 90% des électeurs noirs (12% de électeurs) ont voté pour lui, il ne s'agit pas d'un vote ethnique. Ce qui faut regarder et ce qui est important, pour le symbole uniquement, c'est le vote blanc ou le vote des autres communautés qui s'est fait en faisant abstraction de la couleur de la peau du candidat. A l'inverse d'ailleurs, imaginons McCain noir et Obama blanc, c'est le vote démocrate qui l'eut emporté.
Ceci dit, je partage quand même votre conclusion, mais je l'écrirais avec plus de prudence : "dans les élections au suffrage universel, on ne se fait désormais moins élire pour ce que l'on propose que pour ce que l'on est" ; le vote aux présidentielles de 2007 en France l'a aussi prouvé. Dans ces conditions Noir reste un handicap, surmonté aux US, quand candidate-femme reste in-surmonté à ce jour en France. ^^
La vrai surprise et la vrai nouveauté a eu lieu avant le vote de mardi, ce fut la désignation d'un candidat noir aux dépends d'une candidate blanche aux primaires démocrates.
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 06 novembre 2008 à 10:26
@Malakine
Je mets en liens un texte de Jean Luc Gréau sur le Nouvelle Obs du 30 octobre, il y explique les conditions nécessaires pour un nouveau Bretton-Woods:
http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2295/articles/a386942-.html?xtmc=greau&xtcr=1
Rédigé par : yann | 06 novembre 2008 à 11:20
@ Malakine
Très bon billet mais je ne serai pas aussi radical que toi:
L'élection d'Obama est une bonne nouvelle (ouf on a échappé à Palin) mais je crois que l'on a assisté à un cas typique d'"hysteria journalistica" ...
Aucun sens de la mesure de la part de nos oligarques en place depuis 30 ans!
A vrai dire, on pourrait faire une tribune sur "les charognards de l'obamania"... un type comme Patrick Lozès en profite pour faire l'éloge des statistiques ethniques et de la discrimination positive alors qu'Obama n'est pas un produit du communautarisme américain et n'a pas bénéficié de l'affirmative action (lire son discours de Philadelphie).
Tsonga a bien réagi dans la lignée de l'anthropologie française bien mieux que certains afro-antillaise et autres gauchistes branchés qui n'ont pas hésité à se vautrer dans une obamania pour mieux dénigrer le modèle français égalitaire et républicain!
Et bien sûr, nos médias stigmatisent la Russie car Medvedev n'a pas voulu participer au délire planétaire.
Plus intéressante est la réaction des technocrates européistes et/ ou libre-échangistes... genre "La victoire d'Obama est géniale mais on a très peur du protectionnisme des démocrates" (certains fonctionnaires bruxellois n'ont pas caché leur sympathie pour Mc Cain). C'est peut-être l'élément le plus intéressant dans l'élection d'Obama et surtout de Biden: si jamais ils pratiquent le protectionnisme, le roi sera nu et les européistes n'auront plus d'excuses pour ne pas réaliser la seule politique qui vaille.
Rédigé par : René Jacquot | 06 novembre 2008 à 12:01
C'est vrai qu'il est bien ce Tsonga, apparemment.
Sa réaction m'a beaucoup plut à moi aussi.
Par contre, ce pauvre Thuram est de + en + désespérant...
L'Obamania est une sorte de copie-carbone de la Gorbymania des années 80 : un emballement médiatico-religieux totalement irrationnel. Quand à savoir si les conséquences de l'avènement du nouveau messie cosmoplanétaire américain seront les mêmes que celles qui désintégrèrent l'empire Soviétique, la question reste en suspens.
C'est peu probable selon moi tant les conditions sont différentes mais seul l'avenir nous le dira.
En attendant, les militaires US ont fêtés l'élection à leur manière bien à eux : en bombardant un mariage Afghan et ainsi massacrant une bonne quarantaine de civils.
Bref, business as usual, quoi...
Rédigé par : Bertrand Du Gai Déclin | 06 novembre 2008 à 12:02
"Non justement non. Les Etats-Unis ont voulu faire la guerre aux 4 coins du monde, mais n'ont pas cru utile de mettre en place une économie de guerre avec ce que cela suppose de restrictions et d'efforts."
Très bonne remarque.
J'aurai du développer.
Ils sont bien en économie de guerre, SAUF, que le libéralisme n'est pas adapté à cette économie... l'idéologie au pouvoir et la structure éco ne sont pas adaptés à des périodes de guerres de longue période...
Rédigé par : Three piglets | 06 novembre 2008 à 13:07
Sur une partition du territoire Usa suite à une crise économique, je ferai remarquer qu'Obama, pendant sa campagne, lors de discours en direction des latinos, s'est exprimé en espagnol...
Rédigé par : Three piglets | 06 novembre 2008 à 13:31
Car les infos importantes ne passent au 20 heures, les journalistes sont bien absorbés à nous décrire la couleur de peau d'Obama :
http://ftalphaville.ft.com/blog/2008/11/06/17903/fed-capitulates-the-central-bank-is-broken/
Le retour sur terre va vraiment être dur pour certain.
Rédigé par : Three piglets | 06 novembre 2008 à 13:51
"Le discours de Barack Obama après son élection ne contenait pourtant rien qu'un storytelling dégoulinant sur le thème de l'espoir et du changement, célébrant l'Amérique éternelle et l'ère nouvelle de son avènement. Tout cela sonne vide et creux. De l'apparence, de la forme, de l'illusion. Du vent ! Un vent frais et agréable après 8 ans de Bushisme, mais du vent tout de même."
Merci beaucoup de l'avoir fait remarquer, j'etais tres surpris moi aussi du manque total d'engagements pris lors de ce discours. J'ai meme ete surpris qu'Obama fasse appel a l'esprit de "sacrifice" en faisant reference a la difficulte de la situation. On est loin du "Yes We Can".
Rédigé par : Jujupiter | 06 novembre 2008 à 14:53
Pour faire découvrir le futur peut être secrétaire d'Etat ou au minimum un futur membre influents du national security council
http://journalchretien.net/breve14699.html
Rédigé par : ETDAS | 06 novembre 2008 à 17:35
Y dos.
Pour les hispanisants seulement
http://www.prensajudia.com/shop/detallenot.asp?notid=11493
Rédigé par : ETDAS | 06 novembre 2008 à 17:38
Après l'interview de Mac Arthur sur France 24 (merci à Yann), j'ai écouté celle qu'il a donné à la RTBF.
http://podcasting.rtbf.be/player/index.htm?soundref=http://podaudio.rtbf.be/rod/LP-FAI_Face_a_l-Info_-_3-11-2008_-_John_Mac_A_6170761.mp3&chaine=La%20Premiere&info=Face%20%E0%20l%20Info%20-%203/11/2008%20-%20John%20Mac%20ArthurEddy%20CAEKELBERGHS
Très instructif. Mais on peut malgré tout risquer l'hypothèse d'un effondrement tel des Etats-Unis et du système américaniste que le président Obama sera obligé de mener des réformes internes en profondeur qui détourneront son administration de la continuation du "wilsonisme botté". Maintenant, même dans ce cas, nous ne sommes pas à l'abri d'une fuite en avant vers plus d'agressivité en vu de compenser la déroute interne. Mais encore faut-il en avoir les moyens. Tout dépendrait alors du degré de l'effondrement en question. Cette hypothèse fut elle même exprimée sur Dedefensa il y a quelques mois.
http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=5007
Bref, qui vivra verra. En tout cas ça promet d'être intéressant.
Rédigé par : el topo | 06 novembre 2008 à 22:10
Il y a une petite, mais importante erreur dans votre billet. Obama n'est pas descendant de la communauté des anciens esclaves. C'est d'ailleurs une bizarrerie embarrassante pour lui qui vient par son père directement du Kenya. Sa femme Michelle, qui est bien descendante d'esclaves comme 98% de la communauté noire américaine, lui a permis de se faire totalement accepter parmi les Noirs américains comme l'un des leurs, mais sans elle, la chose eût été bien plus ardue.
Cette ambiguité double - pas complètement noir, et pas descendant d'esclaves - est en même temps ce qui lui a permis probablement de se faire accepter par les Blancs qui ont voté par millions pour lui. Son côté atypique était rassurant.
Enfin je ne mélangerais pas, comme vous semblez le faire, le côté "bulle spéculative", analyse à laquelle je souscris entièrement, et le côté racial, qui pour le coup est véritablement une révolution. Cette élection va bouleverser profondément la société américaine. La communauté noire doit sortir de sa position victimaire pour s'affirmer en tant que co-dominante. Et les Blancs doivent réaliser cela. Dans notre société d'images et de symboles, c'est donc véritablement un énorme événement politique en soi.
Rédigé par : david | 07 novembre 2008 à 10:05