Je viens de voir la vidéo de "Ca dispute" de cette semaine sur Dailymotion. Je ne résiste pas à la publier en post-scriptum du précédent billet, car elle me semble révélatrice du débat que nous avons eu dans les commentaires et de la difficulté à se positionner sur ce discours magistral qui prend tout le monde à contre pied.
Domenenach est ravi. Il a l'impression que Sarko s'est inspiré des éditos de Marianne de ces 10 dernières années, ce qui ne l'empêche pas de crier au vol en déconçant tous les résistants de la 25ème heure. Zemmour l'approuve en considérant que Sarkozy sera toujours associé à l'image de l'adaptation de la France à la mondialisation néolibérale.
Zemmour est, lui aussi, comblé par le discours de Toulon qui selon lui est "le grand discours français depuis trois siècles", mais sa joie est obscurcie par l'incapacité de la capacité de la France d'aujourd'hui à le porter. Sarkozy peut dire ce qu'il veut "Tout le monde s'en fout"
En résumé les deux sont en phase avec le discours de Sarko, mais personne n'est content !
La où ça devient encore plus confus, c'est quand le débat en vient sur L'Europe. Zemmour parie que les velléités françaises se heurteront à la réalité de l'Union européenne "qui a été le bélier de la mondialisation libérale en Europe". Ce à quoi Domenach réponds que le rapport de force à changé pendant la crise, que les libéraux sont en déroute, que l'appel à l'Etat créé une brèche qui devrait permettre à l'Europe de "civiliser l'économie", ce qui constitue son seul projet possible.
Domenach pourrait alors embrayer, comme je l'ai fait, en analysant le discours Sarkozy comme une offensive diplomatique où Sarkozy, en tant que Président en exercice de l'Union, pose des jalons dans la perspective du prochain conseil européen. Mais non. Il disqualifie Sarko avant même qu'il est commencé à faire ce qu'il attend de lui. Parce que Sarkozy n'est pas européen et parce qu'il s'est tellement planté sur les déficits français qu"il n'a plus de marge de manoeuvre.
En résumé Sarkozy a raison, mais pour l'un comme pour l'autre, il est plus important de critiquer le paquet fiscal ou le traité Lisbonne que d'approuver une position juste et salutaire.
Quand tous les opposants historiques à la mondialisation néolibérale, dont Domenach et Zemmour font partie même s'il appartiennent à deux familles idéologiques différentes, trouvent le moyen de critiquer le discours officiel, alors même qu'il rejoint leur thèse, les vrais libéraux peuvent dormir tranquille.
La réalité est-elle si difficile à admettre ? Sarkozy, quoiqu'on pense de sa personnalité, est dans la période actuelle, le seul vecteur possible des idées souverainistes et l'Europe est, quoi qu'on pense de son oeuvre, le seul moyen possible de les mettre en oeuvre.
Est-il vraiment inconcevable que tous ceux qui partagent au fond les mêmes idées, se rassemblent derrière ce qui pourrait être "le message de la France" dans la période particulièrement trouble dans laquelle le monde est entrée avec la crise financière ?
Malakine
J'ai aussi vu l'émission et curieusement je savais que tu allais faire un tel billet.
En vérité, je commence à comprendre la raisonnement d'un Henri Guaino via ton entremise. Il est intéressant de voir que tu ne balayes pas d'un revers de main comme Emmanuel Todd les inflexions présidentielles.
Et si le président ne faisait que du Sarkozy, c'est à dire procéder à la bouc-émissarisation afin d'évacuer le sentiment d'insécurité (qu'elle soit physique ou sociale) sans pour autant s'attaquer aux racines du mal: hier les racailles, demain les traders et les financiers.
Par ailleurs, le chef de l'Etat n'a pas posé clairement la question du libre-échange appelant à une chimérique régulation (terme néolibéral auquel je préfère réglementation) ou à la responsabilité des acteurs.
Rédigé par : René Jacquot | 29 septembre 2008 à 01:02
Sarkozy ne croit en rien en ce qu'il dit ! Comment peux-tu tomber dans le panneau du "j'ai changer" ?
Il fait partie de ceux qui voulaient appliquer le modèle des crédits hypothécaires en France ! Sarkozy n'est pas celui qui peut porter ce message, car il a porter le message inverse jusqu'aujourd'hui.
Rédigé par : Etienne | 29 septembre 2008 à 01:05
Je ne suis encore pas d'accord avec ce que tu trouves allant de soi. Premièrement le discours de Sarkozy de Toulon est surtout un mirroir dans lequel chacun voit son propre reflet. Pour vous, il a été très fortement contre le capitalisme financier et la mondialisation mais ,pour moi, qui suis libéral, il a dit des choses qu'aucun président n'a dit avant lui dans la défense du libéralisme et contre les interventions stupides des Etats et des BCE (valorisation des actifs au prix du mùarché, règle prudentielle qui aggrave la crise au lieu de nous en prévenir, un protectionnisme qui menerait à des guerres et des conflits, des taux de la FED et BCE trop disjoint...) et pour une libéralisme micro-économique et une régulation macroéconomique (ce qui me plait assez même j'attend de voir ce que dans la réalité cela donnera). Ce discours permettait en France d'être vu de "gauche", pour les libéraux ou les institutions européennes ou mondiales d'être percu comme une demande de régulation typiquement francaise sans plus.
Par ailleurs, deuxième point où je ne suis pas d'accord, l'Europe n'est pas le bon niveau pour le retour des idées souverainistes. Enfin pas l'Europe actuelle. L'EUrope des 6 oui mais pas l'Europe avec la grande-Bretagne ou les nouveux pays européens ou les pays nordiques qui sont traditionnellement en faveur du libre-échange et d'une moindre intervention de l'Etat. L'opposition du Général De Gaulle a l'entrée de la GB dans l'Europe reprend tout son sens et comme il le pensait déjà à l'époque, la GB n'est dans l'Europe que pour la faire échouer, ce qui est vrai.
Et dernier point, vous dites que Sarkozy a tout faux sur les déficits. Ce n'est pas Sarkozy qui a tout faux sur les déficits, ce sont tous les gouvernements francais depuis 1969, depuis 40 ans. C'est encore typiquement un sujet où tout le monde veut que ca change mais personne ne veut accepter les changements...
Rédigé par : Niko | 29 septembre 2008 à 06:26
@ rené
J'ai toujours dit que je préféais que Sarko emprunte ses mots à Guaino plutôt que de ne le savoir entouré que par des Minc et des Baverez. Tant que Guaino, sera aux cotés de Sarko, je persisterais à penser qu'on peut attendre quelque chose de lui, au moins sur les enjeux internationaux, qui selon moi sont déterminants.
Oui, je ne nie pas qu'il y a un risque que ces discours ne soient suivis d'aucun effet. Le discours c'est un préalable. On ne peut rien attendre de ceux qui ne pensent rien ou ne tiennent que des discours inintelligibles.
@ Etienne
Je pense profondément qu'il est essentiellement narcissique, mégalo et opportuniste. S'il voit qu'il y a un rôle à endosser qui lui peut lui permettre de rentrer dans l'histoire ou de conquérir un leadership sur l'Europe, il ira ! C'est ça Sarko ...
De toute manière si c'est pas lui qui peut porter le message c'est qui ? Tu préfères attendre que Nicolas Dupont Aignan ou Benoit Hamon se fasse élire à la présidentielle en 2017 pour commencer à changer les règles du jeu du système économique mondial ? Ou bien on prends Sarko au mot et on le pousse pour qu'il mette en oeuvre ses discours.
@ Niko
Il faut toujours écouter les libéraux. C'est toujours intéressant. Si tu approuves le discours de Toulon et que nous on le critiques, on poussera Sarko dans vos bras ...
Quand à l'Europe, peut-être mais qu'est ce qu'on fait ? On passe le siècle à se lamenter ou bien on fait avec ? Je ne pense pas que si la crise s'aggrave, l'Union pourra rester éternellement passive. Il faudra bien que l'Europe se prenne en main à un moment ou à un autre.
Et à part Sarko, pardon, mais parmis les chefs d'Etat, je ne vois pas qui peut le faire en ce moment.
PS : Je répondrais aux commentaires sur le précédent article plus tard.
Rédigé par : Malakine | 29 septembre 2008 à 09:08
@Malakine,
Malheureusement, je n'ai pas beaucoup de temps pour développer ce que je voudrais écrire.
Tu sais bien que ce sont Guaino, Soubie, Mignon même semble-t-il, Guéant (dont je ne vois pas pourquoi il vient s'exprimer à la radio comme hier sur France Inter, il n'est pas élu) et d'autres encore que l'on fait venir à grands frais) qui parlent par la bouche de NS.
Il était intéressant de voir que cette fois, il n'avait pas l'air d'être convaincu par ses propos, levant à peine les yeux de son texte.
De plus, un caillou dans les rouages: l'Elysée avait l'intention de divulguer les chiffres du chômage aujourd'hui ou demain et de les lier à la crise financière. Patatras! On a pu les voir sur internet et, sais-tu à quoi s'occupent actuellement les dits "conseillers" du roi? A chercher qui est responsable de la fuite.
F.Bayrou a, en ce qui concerne la crise, des propos clairs et sincères. Il pense et dit (car lui ne lit pas ou alors ses propres textes) et rend la politique responsable de la dégradation de l'économie et de l'emploi en France.
Le paquet fiscal - et cette fois je ne me limite pas au bouclier fiscal - n'aurait pas dû être reconduit en totalité cette année. Il aurait dû être modifié et réduire les aides aux entreprises qui n'embauchent pas. De plus, dispenser ceux qui bénéficient du bouclier fiscal de la taxe pour le RSA est d'une in justice notoire.
On se peut se demander aussi quel est l'intérêt de cette mesure alors qu'il y a si peu d'embauche.
Dernier point avant de partir: J'ai entendu, chez Moati hier, un chef de PME qui disait avoir voté pour NS, affirmer que ces taxes étaient un non-sens et qu'il était possible (Balladur l'a écrit) de trouver le financement sur le budget. Cela représente un faible pourcentage et le gaspillage est tel au sommet de l'Etat (si on savait tout) que cela doit être possible.
Rédigé par : Philippe | 29 septembre 2008 à 09:32
Accord sur la distinction entre ce que GUAINO écrit de ce que SARKOZY fait.
Là où Malakine voit (espère) une inflexion (un revirement) de la politique du Président nous sommes nombreux apparemment à craindre (être persuadé) d'une opération de séduction sans lendemain.
Par contre comment le "pousser pour qu'il mette en oeuvre ses discours" ?
- En votant pour lui en 2012 ? Ça déjà été fait en 2007. Pas par moi certes. ^^
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 29 septembre 2008 à 10:19
@ Malakine
Je suis d'accord avec toi sur le fait que Nicolas Sarkozy est un vecteur pour les idées des alter-européens et des keynésiens qui veulent encadrer le capitalisme. En parlant de la sorte, il fait avancer nos idées, comme (malheureusement), la crise actuelle le fait aussi. Je crois que cela augure bien pour la campagne de NDA en 2009. Nicolas Sarkozy devient notre meilleur avocat.
Après sur les faits, pour l'instant, son bilan à 16 mois (c'est tôt, je l'avoue) va dans l'autre sens : réductions fiscales pour les plus riches, rapprochement avec les Etats-Unis alors que la chute de l'Empire est en cours, soutien au modèle européen néo-libéral via l'adoption du traité de Lisbonne, alors qu'il avait le pouvoir de réorienter l'Europe à son arrivée au pouvoir (pas complètement bien sûr, mais au moins de manière significative s'il l'avait vraiment voulu).
Je pense que tu as raison de dire que les discours sont importants et qu'ils sont un prélude à l'action. En ce sens, on peut davantage attendre de Sarkozy que d'un Balladur qui est complètement perdu dans sa bulle. Mais le problème est qu'avec Nicolas Sarkozy, il est toujours délicat de se baser sur ses discours, tant ils changent en fonction des audiences et des circonstances. Je me souviens de la campagne présidentielle où il tenait déjà un discours très proche de celui de Toulon devant des ouvriers avant de changer son fusil d'épaule devant des patrons. Nicolas Sarkozy veut être tout pour tout le monde. Pendant la campagne présidentielle, il avait bien dit qu'il soutenait la stratégie de la France sur l'Irak en 2003, qu'il se retirerait d'Afghanistan. Il avait complètement oublié ses thèses communautaristes, auxquelles il avait pourtant consacré un livre. Bref, Nicolas Sarkozy est un caméléon de la politique qui s'adapte à ses audiences.
Après, on ne sait jamais, peut-être que le sommet européen nous réservera de bonnes surprises. Cependant, je crois que cela ne dépendra pas vraiment de lui. Dans sa volonté de faire un deal, il est trop souvent prêt à abandonner 90% de son agenda (comme pour le Traité de Lisbonne, l'Union pour la Méditerranée, les émissions polluantes des constructeurs automobiles). Il faudra qu'Angela Merkel appuie cet agenda (ce qui n'est pas impossible). J'ai peur qu'un traitement superficiel lui suffise, tant par rapport à ses besoins de communication que par rapport à une analyse de la crise qui me semble elle aussi superficielle (que ce soit chez lui ou chez de nombreux néolibéraux).
Je suis peut-être un peu sévère et j'espère me tromper, mais je ne le crois pas à date. Concernant la virulence des réactions à ton propre papier, je ne crois pas que cela signifie que nous avons du mal à vivre ensemble. Cela montre seulement que Nicolas Sarkozy est un président extraordinairement clivant et qu'il suscite des réactions très fortes. Cela vient de son langage, de son approche guerrière de la politique, de sa confrontation permanente avec tout le monde ("les patrons voyous", "la justice qui ne fait pas son travail", "ceux qui profitent du système"). En cherchant la confrontation dès qu'il le peut, Nicolas Sarkozy s'attire des jugements sévères qui ne visent que sa personne, même si cela peut parfois déborder sur ceux qui le défendent. Mais même dans ce cas, c'est surtout lui qui est visé, et pas toi.
Je crois au contraire que cette vivacité du débat montre que les Français ne sont pas résignés, qu'ils recherchent encore une meilleure façon de vivre ensemble. Si nous n'y croyions plus, alors il n'y aurait plus d'énergie pour en débattre. Cette énergie, ces blogs (nous sommes le premier pays du monde pour le nombre de blogs) montrent au contraire qu'il y a une énergie incroyable pour re-fonder le projet national. Et cela devient de plus en plus urgent devant les échecs des socialistes et des libéraux. Certains peuvent espérer encore en Nicolas Sarkozy. Ce n'est pas mon cas. Je crois que Bayrou a une autoroute, même si je pense qu'il s'agit surtout d'une aventure personnelle.
A titre personnel, je crois que le grand projet dont nos compatriotes ont besoin est un projet que nous connaissons bien, un projet qui a déjà permis par deux fois de redresser notre pays, de redonner du sens au projet collectif, et de permettre le rassemblement de tous au service du bien commun : le gaullisme.
Nous avons besoin de l'Europe pour traiter de nombreux sujets (environnement, régulation de la finance). Mais l'Europe s'enfonce dans un projet abstrait, bureaucratique, au service d'une élite, coupé de toute volonté démocratique des peuples : la solution passe par une Cinquième République Européenne, qui redonne le pouvoir aux représentants des différents pays, une Europe souple, à la carte qui permettra à ceux qui veulent construire des coopérations ensemble de les construire.
La fin de l'Empire est sans doute arrivée sur le plan des relations internationales. Le monde dominé par les Etats-Unis touche à sa fin. Le jugement de l'Histoire sera sans doute terrible sur ces 20 années dominées par les Américains, qui auront vu des guerres à visée impérialiste dans le monde musulman. Je crois que la vision des relations internationales du Général de Gaulle, faite de dialogue, de respect des cultures et de construction de solidarités permettra de relâcher la pression entre les différentes pays contrairement au modèle Américain qui ne fait qu'exacerber les tensions.
Sur l'économie, il n'est pas besoin de faire un dessin. La faillite (au sens littéral malheureusement) du modèle néo-libéral amène à construire un nouveau modèle économique dont la vision gaulliste pourrait également être l'inspirateur.
Désolé pour la tartine, mais quand je commence, j'ai parfois du mal à m'arrêter...
Rédigé par : Laurent, gaulliste libre | 29 septembre 2008 à 10:21
@ Niko
Je pense que votre second paragraphe cerne bien le problème sur l'Europe des 6 et du général de Gaulle par rapport à notre époque. Nicolas Dupont-Aignan par exemple qui se veut un gaulliste pur et dur, a à mon sens sur l'Europe une pensée qui retarde d'un demi siècle et vous avez raison ce qui était possible à 6 ne l'est plus à 27. D'ailleurs le général s'est exprimé là dessus mais cela demanderait trop de commentaires. Défendre la pensée du général n'implique pas de figer ses idées en 1969, le monde a évolué depuis, Hibernatus n'est qu'un film de fiction.
Une précision concernant les anglais. Au départ le général n'était pas contre l'entrée de la GB au sein du marché commun. Ce sont tout d'abord les anglais qui n'en voulant pas ont tenté de le saboter de l'extérieur. N'y étant pas parvenus ils ont tout fait pour l'intégrer afin de mieux la détruire de l'intérieur. De Gaulle a parfaitement compris le manège et s'est donc logiquement et vivement opposé à l'entrée de la GB dans le marché commun.
Rédigé par : Flamant rose | 29 septembre 2008 à 10:34
@ Philippe
Il me semble que ta critique du RSA s'applique surtout à l'offre raisonnable d'emploi. Le RSA est un traitement social du chômage partiel. Dans la période qui vient, il aura son rôle à jouer pour maintenir la cohésion sociale et soutenir le pouvoir d'achat des travailleurs pauvres.
@ Laurent
Mais non tout est intéressant dans ce que tu viens d'écrire !
Je sais bien que la personnalité de Sarko est clivante. En ce qui me concerne, je n'ai pas varié de position. Quand j'écrivais "à ceux que le sarko show insupporte (en janvier) ou "l'échec de Sarko est l'échec de tout un peuple", je voulais mettre en garde les antisarkozyste, sur le risque que leur hostilité à la personne du chef de l'Etat (ce que je comprends très bien) finisse par empêcher tout débat sur le fond. Les réactions à son discours de Toulon en fournissent une nouvelle illustration.
Il me semble qu'il faut faire l'effort d'oublier parfois Sarko et nos préjugués pour ne regarder que "la position de la France" afin de savoir si on s'y retrouve ou pas. En ce qui me concerne, je me retrouve parfaitement dans le discours de Toulon, c'est ce que j'avais envie d'entendre. Alors, je le dis. Et je salue d'ailleurs les réactions plutôt élogieuse de personnes comme Rocard ou Moscovici.
Sur Bayrou, je l'ai entendu hier soir sur BFM en revenant de Belfort. Je l'ai trouvé très très faible. Il manque quand même sérieusement de fond et de vision d'ensemble. Et, à mon avis, les prises de positions de son nouveau gourou, Jean Peyrelevade vont le plomber sérieusement. Hier, il était plutôt mal à l'aise quand on lui a demandé s'il était d'accord pour transférer quelques points de PIB de la fiscalité des entreprises (au nom de l'objectif de compétitivité) vers la fiscalité des ménages.
Sur Sarko et son évolution, ses prises de positions pendant la crise Géorgienne ont pour moi été une divine surprise. Il a fait preuve qu'il était capable de se désolidariser des Etats-Unis quand l'intérêt de la France et de l'Europe l'exigeait. Y a pas grand monde qui le croyaient capable de ça. Il faut avoir le courage ou l'honnêteté de le voir. On verra pour la suite, mais il peut encore nous surprendre agréablement.
@ Flamant Rose
En fait, tout dépendra de ce qui se passera aux Etats-Unis. Si Obama passe et engage les Etats-Unis sur le chemin des réformes, de l'assainissement de leur économie de rente, et sur la régulation de la mondialisation financière, l'Europe pourra se contenter d'être à la remorque.
En revanche, si les Etats-Unis s'enferment dans une attitude autiste et jusqu'au boutiste, l'Europe se devra de réagir. A 6 comme à 27. De toute manière, le moteur ne pourra être que le couple franco-allemand. Si sarkozy se met d'accord avec Merkel sur un plan d'assainissement de la finance et de relance, les autres suivront. Dans cette affaire, il ne pourra pas y avoir d'alliance hostile. Je ne vois pas comment la grande bretagne et l'espagne (par exemple) pourront défendre un modèle qui les aura plongé dans la récession. N'oublions pas non plus que Berlusconi et Tremonti se sont fait élire sur des thèmes très proches du discours de Toulon.
Parlez nous de NDA, ça m'intéresse. Vous voulez dire quoi exactement quand vous dîtes qu'il a 50 ans de retard ?
@ René Jacquot (j'avais oublié tout à l'heure)
La question du libre échange ne se posera que lorsqu'il sera patent que le moteur de la mondialisation s'est arrêté et qu'il n'y a plus de salut possible dans les exportations. Pour l'instant, cela ne se voit pas encore, donc il est impossible pour Sarko de remettre le dogme en question. Chaque chose en son temps. La première pierre de la reconstruction, c'est que l'Europe ose mette en place des règles de régulation seule, de manière "souveraine". Le reste suivra ...
Rédigé par : Malakine | 29 septembre 2008 à 11:56
Mon cher Malakine,
Ma réponse est identique à celle de Laurent le Gaulliste ou à celle de Réné Jacquot. Le discours de SARKOZY induisait ton texte !
Je les définis comme le duo le plus "original" et "réveillé" du PAF, ceux qui sortent le plus de la pensée unique.
Ceux qui choquent le plus, donc, les idées reçues du conventionnalisme médiatique franchouillard.
Zemmour m'avait appelé (au tél.) dans mon restaurant suite çà une lettre "parodique" sur Mendès-France que je lui avais envoyé au Figaro et Domenach par contre, lui, ne répond jamais à aucune lettre, contrairement à JFK... Si tu permet mon indécence à te révéler de tels horrifiques détails intimes de mes souvenirs personnels, (lol) .
Je ne suis pas souvent d'accord avec eux, mais je jouis de leur indépendance d'esprit.
C'est exactement ce que j'aime en toi Malakine !
Dans le cas présent nous sommes majoritairement séduits par le discours du président.
Dès après son élection et bien que j'ai voté (du bout des doigts) pour Ségolène, je lui ai souhaité de réussir, "pour la France".
Pour résumer : Sarkozy n'a guère tenu d'autres promesses que celles qu'il faisait à sa clientèle de nantis de l'UMP.
Mon idéal est très limité, il est de justice, de solidarité et de réalisme économique basé sur une bonne compréhension des problèmes concrets empêchant les entrepreneurs d'embaucher et de se développer (dont le souverainisme fait partie).
Le discours est une parure, le réel une autre paire de manches.
Je ne dispose ni de l'idéalisme intellectuel, ni du manuel de la méthode Coué me permettant de croire une seule seconde, que pour la première fois on pourrait lui faire confiance.
Pour autant je n’en souhaite pas moins de tout mon coeur que ce soit toi qui ait raison.
Rédigé par : Ozenfant | 29 septembre 2008 à 17:16
Moi aussi j'adore Zemmour comme Domenach. Il y en a un autre que j'adore, mais plus pour son style flamboyant à l'oral comme à l'écrit c'est Claude Askolovitch.
Cet article d'Eric Dupin reprends comme toi le thème des promesses non tenues, ce qui m'a donné l'idée d'un autre papier sur Sarkozy et la crise. Peut-être ce soir tard ou bien demain ...
http://www.marianne2.fr/Nicolas-Sarkozy,-l-illusionniste-mis-a-nu_a91770.html
Rédigé par : Malakine | 29 septembre 2008 à 17:54
Askolovitch...
Tout ce qu'il dit est d'un parti-pris indécent.
Peut-être est-ce caché par un style brillant et une dialectique superbe, mais pour moi, c'est le type même du rêveur largué.
Pour être flatteur, je dirais qu'il est un Alain Minc de gauche !
Je vais dire une connerie pour détendre l'athmosphère : j'ai une tare de naissance, mon admiration pour les "êtres humains" comme Paul Newman (B&B's), Maurice Pialat, Mendès-France, Henry Laborit, Pierre Desgraupe, Mon mécanicien (lol), etc.
Je doute qu'Asko en fasse un jour partie !
Rédigé par : Ozenfant | 29 septembre 2008 à 19:55
En voilà un, Emmanuel Todd qui est toujours aussi radical face au président:
http://www.liberation.fr/societe/0101121048-sarkozy-montre-a-l-electorat-fn-qu-il-pense-a-lui
Rédigé par : René Jacquot | 05 octobre 2008 à 18:41