Hier, j’ai tenté de dresser un premier bilan de la guerre du Caucase. Je vais essayer aujourd’hui de décrire les hypothèses les plus probables quant aux suites de ce conflit pour la Géorgie et l’Ukraine, l’avenir de l’OTAN et surtout, inconnue suprême, la réaction que l’on peut attendre des Etats-Unis après l’humiliation qu’il ont connu au mois d’Août avec l’écrasement de leur allié privilégié dans la région et la démonstration éclatante de leur impuissance.
Naturellement, l’exercice est incertain. Il comporte une dose d’analyse, mais aussi une bonne part de paris qui seront peut-être démentis par les faits. Ce serait dommage car les prédictions qui suivent me conviennent assez bien…
Saakachvili sur un siège éjectable
Le président Géorgien est dans une situation bien inconfortable. Son projet occidentaliste s’est heurté à la dure réalité des faits. Il n’est plus en état de promettre à son peuple, ni une adhésion à l’Union européenne, ni à l’OTAN, encore moins de prendre sa revanche pour reconquérir les républiques séparatistes. La Géorgie a compris qu’elle ne serait jamais le 51ème Etat étasunien, mais seulement un petit voisin de la grande Russie. Elle va devoir réintégrer les réalités de sa géographie, ce qui implique de retrouver des relations de coopération, notamment économique, avec la Russie. Une fois la manne des fonds de reconstruction digérée, elle devra trouver des débouchés pour son économie. Même si elle pourra sans trop de problème obtenir un accord de libre échange avec l’union européenne, le débouché naturel de ses productions, essentiellement agricoles, se trouve toujours en Russie, où elle subit depuis 2006 un embargo qui la pénalise.
Saakachvili n’a pourtant pas d’autre choix que de persévérer sur son registre occidentaliste. La perspective militaro-politique ayant échouée, il ne peut plus le faire qu’en surinvestissant les thèmes de la démocratie et des libertés. Pour cela, il doit sérieusement démocratiser les pratiques politiques de son pays, qui a bien des égards sont encore celles d’un ex pays soviétique : libéralisation de la presse, droit de l’opposition, indépendance de la justice … ce qu’il vient de promettre à l’ONU en annonçant une deuxième révolution des roses.
Se faisant, il lui arrivera ce qui arrive à tout démocrate d’un un pays en transition démocratique. Il se fera rapidement trahir par l’un de ses proches (à l’image de Yuchtchenko en Ukraine) ou défaire dans les urnes par une opposition emmenée, soit par un plus libéral que lui, qui ne manquera pas de lui reprocher ses erreurs du mois d’Août dernier (par exemple Salomé Zourabichvili) soit par quelqu’un qui sera rapidement qualifié de « pro-russe » parce qu’il voudra simplement normaliser les relations avec le grand voisin russe. On peut compter sur la Russie pour l’y aider.
Se faire sortir par les urnes et rester dans l’histoire comme celui qui aura conduit la Géorgie est finalement le mieux que peut espérer celui qui une nuit d’Août 2008 aura fait parler les armes contre une partie de ce qu’il considérait officiellement comme son propre peuple.
Après la Géorgie, l’Ukraine ?
Les tenants de « la menace russe » ont tous annoncé que la guerre en Géorgie était le signe d’un retour de l’impérialisme russe qui ne manquera pas, selon eux, se concrétiser en Ukraine, et plus particulièrement la Crimée, territoire essentiellement russe où demeure toujours sa flotte militaire en mer noire.
Les enjeux y sont les mêmes qu’en Géorgie. En pire. La Russie ne pourra supporter l’idée que ses frères ukrainiens s’intègrent dans une alliance militaire hostile. De plus, elle y a de vrais intérêts stratégiques (base militaire de sébastopol, transit du gaz vers l’Europe…) Néanmoins, la différence avec le cas Géorgien est qu’il n’y a pas de république séparatiste pro-russe, mais une très forte composante russophone, russophile, voire russe tout court.
L’Ukraine est en réalité une nation hétérogène avec une partie occidentale catholique proche de l’Europe centrale, une partie centrale ukrainienne et orthodoxe, et une partie orientale et méridionale, russe. Ces clivages culturels s’expriment clairement dans la vie politique, qui n’est pas structurée par des partis moins idéologiques que géographiques, avec respectivement les partis de Yuchtchenko, Timenchenko et Yanukovitch. La Russie n’a donc pas besoin d’user de la menace militaire pour peser sur la vie politique ukrainienne. Elle est au centre du jeu par du seul fait que l’Ukraine est une démocratie.
La crise géorgienne n’a pas tardé à produire ses effets sur l’Ukraine. Le président Yuchtchenko ayant accusé sa premier ministre Yulia Timenchenko de haute trahison pour avoir gardé le silence pendant la crise géorgienne, celle-ci a réagi en faisant voter au parlement avec l’appui du parti de Yanukovitch une réforme institutionnelle réduisant les pouvoir du président. Ce qui a – on peut le comprendre – fait éclater la coalition gouvernementale. Timochenko a désormais un mois pour finaliser son renversement d’alliance avec Yanukovitch et proposer une nouvelle coalition. Sinon, le président organisera des législatives anticipés, toujours explosives en Ukraine compte tenu de ses lignes de fractures territoriales. Timochenko a d’ailleurs annoncé que « des élections anticipées signifieront la destructions du pays ! » On en est là …
Je ne crois pourtant pas à une guerre civile, ni même à une partition du pays. L’Ukraine a survécu à la révolution orange de 2004 et aux législatives de 2007. Elle devrait une fois de plus traverser cette nouvelle crise politique selon les processus légaux. Yuchtchenko, en nette perte d’influence, est d’ailleurs en train de mettre de l’eau dans son vin. Il vient d’annoncer qu’il renonçait à une adhésion à l’union européenne ainsi qu’à l’OTAN, préférant désormais parler de « partenariat ».
L’Ukraine semble donc avoir retenu la leçon majeure de la crise géorgienne. Son intérêt n’est pas de reproduire le modèle Saakachvili, mais plutôt de renouer des relations de confiance et de partenariat avec la Russie.
La question énergétique est naturellement au cœur des discussions entre les deux pays, l’Ukraine risquant de se voir facturé le gaz au prix « européen » (sans ristourne) soit près de 400 dollars les 100m3 » contre 195 actuellement et autour de 200 /250 pour les pays de l’ex URSS ayant su conserver des bonnes relations avec Moscou. La Géorgie, quant à elle, était moins dépendante du gaz russe compte tenu de sa proximité avec l’azerbaïdjan. On a toujours la géopolitique de ses intérêts …
La seule vocation possible de l’Ukraine dans la nouvelle Europe qui se dessine est d’être un trait d’union entre l’Europe et la Russie. Ces deux pôles se rapprochant à grande vitesse, elle ne peut qu’être un agent de l’intégration continentale de la grande Europe, de l’atlantique au pacifique (1).
Vers une tension Europe - OTAN
Si la relation Ukraino-russe est en voie de normalisation, la relation russo-géorgienne demeure explosive. En décembre, lors de la prochaine réunion de l’OTAN, se posera de nouveau la question du plan d’action pour l’adhésion pour la Géorgie, sur laquelle les européens sont divisés. La France et l’Allemagne s’y étaient sagement opposé lors du sommet de Bucarest en avril dernier. La crise géorgienne aura probablement radicalisé les positions et fait bouger les lignes, notamment en Allemagne si on en juge par les dernières déclarations d’Angela Merkel.
La position de l’OTAN sur la question de l’adhésion de la Géorgie reste à ce jour une inconnue, renforcée par l’incertitude sur l’issue de la présidentielle américaine. La France, si elle persiste dans son attitude de pacification, aura certainement fort à faire pour contenir tous ceux qui cherchent l’affrontement avec la Russie.
Néanmoins la question est plombée par la reconnaissance de l’autonomie des républiques d’Abkhazie et de la Russie. Si l’OTAN incorpore la Géorgie dans ses frontières officielles, elle déclare de fait la guerre à la Russie qui selon le point de vue, « occupe » militairement une partie de la Géorgie ou "garantit l’autonomie des deux nouvelles républiques". S’ils s’attachent à vouloir protéger la Géorgie réelle, ils acceptent de fait l’indépendance des républiques séparatistes, obligés ainsi de ravaler leurs cris de vierges effarouchés de cet été… C’est pourquoi, l’affaire sera probablement enterrée dans la plus grande confusion.
Quelle réaction auront les américains ?
Les Etats-Unis ont été totalement marginalisés, pour ne pas dire humiliés, dans la crise du Caucase. Toute leur stratégie d’encerclement de la Russie a été mise à mal par l’intervention russe, aussi unilatérale qu’irrésistible.
La crise financière les mets aujourd’hui dans une situation pire encore. Ils sont touchés dans ce qui a fait le cœur de leur puissance. Le fleuron de leur "industrie financière" est en train de couler, par leur propre faute, sans qu’ils puissent s’en prendre à autre chose qu’à leurs propres excès.
Comment réagiront-ils ? Vont-ils renoncer temporairement à toute prétention de leadership mondial pour se consacrer à leurs problèmes internes, ou au contraire vont-ils partir dans une fuite en avant impériale pour prouver au monde sur d’autres terrains, en particulier militaire, qu’ils restent la puissance dominante de l’époque ?
Vont-ils accepter l’idée que leur situation réelle n’est pas aussi glorieuse qu’ils le pensaient et s’engager sur le chemin de la remise en question ou vont-ils s’accrocher à l’idée qu’ils sont par essence « la nation élue de Dieu » qui dispose d’un droit imprescriptible à s’accaparer toute ressources de la planète et à jouir du niveau de vue le plus élevé de toutes les nations développées.
Cette question constituera le principal enjeu de la prochaine présidentielle américaine. Avec Obama, on peut attendre à un monde plus multipolaire, où les Etats-Unis renonceront à toute influence en Europe, ce qui devrait en toute logique favoriser le rapprochement Europe-Russie et la paix sur le continent.
Avec Mc Cain, en revanche, on assistera certainement à une surenchère dans le choc des civilisations pour conserver l’allégeance des Etats d’Europe occidentale et lutter contre un ennemi russe diabolisé. Dans ce cas, de provocations en réactions, il est à craindre que la crise en Géorgie ait inauguré une longue série de petits conflits localisés opposant indirectement l’empire américain et l’empire russe. En Europe ou ailleurs.
La peur de l’avenir conduit souvent à se replier sur des schémas anciens. La guerre froide, aussi manichéenne que stérile, proposait un univers lisible et rassurant où chacun se sentait du bon coté. Dans les temps troubles qui s’annoncent, certains pourraient être tentés d’y revenir.
Malakine
(1) La dernière fois que j’ai employé l’expression gaullienne « de l’atlantique à l’Oural » je me suis fait disputé par mon amie Yulia qui l’a interprété comme une exclusion de la Sibérie et de l'extrême orient russe. Aussi désormais, je préfère utiliser celle-ci, plus respectueuse de la géographie de la Russie.
Dans le chapitre 1 vous prenez de sacrés raccourcis. Vous faites complètement abstraction de l'histoire en pensant peut être que les français connaissent déjà mal leur propre histoire alors celle de la Georgie.
Vous ne pouvez pas écrire un billet sur une tel sujet sans rappeler que dans les années 1920 les communistes ont agressé une Géorgie indépendante. C'est à partir de cette Géorgie occupée que l'URSS en dehors de toute juridiction a créé les républiques de l'Adjarie , de l'Ossétie du sud et de l'Abkhazie. Ce rappel historique me paraît fondamental.
Pourquoi faire un rappel. Parce que votre billet est sans concessions pour la Georgie, or en ayant connaissance des faits on peut légitimement penser que ce conflit du mois d'août n'a rien à voir de près ou de loin avec un conflit ethnique. Le fait de ne pas faire de rappel historique n'est probablement pas innocent car cela vous permet d'occulter le fait que la Géorgie a peut être tout simplement voulu rétablir son intégrité territoriale.
Ensuite vous abordez un second chapitre l'Ukraine.
Vous l'abordez d'abord sur les intérêts stratégiques et vous citez le pétrole. Il est bon de rappeler que jeudi dernier le 18 s'est tenu à Paris et sous la présidence de Bernard Kouchner une réunion entre l'Europe et les 5 pays d'Asie centrale dont 2 le Kazakhtan et la Turkménistan ont d'énormes réserves de gaz et de pétrole. L'Europe a fait part de son souhait de voir se réaliser des gazoducs et des oléoducs, le but étant de réduire la dépendance de l'Europe envers la Russie.
Vous l'abordez ensuite sur un plan plus politique et vous citez les effets de la crise Georgienne . En effet c'est la coalition pro-occidentale qui a volé en éclat, or cette coalition était au pouvoir et dirigée par Ioulia Timochenko premier ministre. Dans l'attente des futures élections législatives elle a refusé de présenter sa démission au président Viktor Iouchtchenko. Cette coalition avait passé un accord dans lequel il était spécifié qu'en cas d'éclatement le premier ministre et le président du parlement ( Arseni Iatseniouk) devaient démissionner. Le conflit vient du fait que le premier ministre accuse le président d'avoir quitté seul la coalition pour la faire éclater mais s'il l'a fait c'est parce que Timochenko a fait voter une série de lois qui a pour effet de réduire ses pouvoirs. Voilà pour les origines du conflit en Ukraine, il était bon de le rappeler.
Seconde question pourquoi ce conflit? 2 raisons. D'une part , et vous le dites,parce que le président a soutenu la Georgie alors que le premier ministre a eu une attitude de neutralité. Mais aussi parce que très probablement Ioulia Timochenk et Viktor Iouchtchenko vont s'opposer lors des élections présidentielles de 2009.
Un petit rappel des élections législatives de septembre 2007 : Les pro-russes du Parti des régions étaient arrivés en tête avec 34%, devant le Timochenko (30%) et Viktor Iouchtchenko 14%;
Vous dites "Timochenko a désormais un mois pour finaliser son renversement d’alliance avec Yanukovitch et proposer une nouvelle coalition". Si le vice-président du parlement, Olexandre Lavrinovitch, du Parti des régions, n'a pas exclu une alliance avec Timochenko cela paraît quand même difficile à mettre en œuvre. Ce qui est certain et vous le sous entendez c'est que personne ne souhaite d'élections anticipées. Alors il faudra bien s'entendre.
Vous intitulez votre 3éme chapitre " Vers une tension Europe- OTAN"
Je dirai plutôt que la question russe va âtre la grande question des années à venir. Alors est ce qu'elle va entraîner un conflit OTAN-Europe ? Je n'en sais rien. Toujours utile que si je pense que cette question va être celle des années à venir c'est parce que ni l'identité russe ni son positionnement ne sont clairement définis. Je pense qu'il n' y aura pas conflit tant que les européens n'auront pas eux même définis le rôle qu'il veulent jouer auprès de la Russie.
4éme chapitre: réactions des Etats Unis.
On a pu lire que en marge de la réunion des ministres des Affaires étrangères, la Commissaire chargée des Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, a indiqué que l'UE apporterait 500 millions d'euros d'aide à la Géorgie d'ici 2010. Les fonds seront fournis par l'exécutif européen et les Etats membres seront mis à contribution. Une enveloppe de 100 millions d'euros sera débloquée d'ici fin 2008.Les Etats-Unis se sont déjà engagés à fournir un million de dollars en aide humanitaire et assistance économique. Le Fonds monétaire international (FMI) a de son côté donné son accord à un prêt de 750 millions de dollars.
Enfin votre renvoi"La dernière fois que j’ai employé l’expression gaullienne « de l’atlantique à l’Oural » je me suis fait disputé par mon amie Yulia qui l’a interprété comme une exclusion de la Sibérie et de l'extrême orient russe. Aussi désormais, je préfère utiliser celle-ci, plus respectueuse de la géographie de la Russie "
C'est au cours d'une conférence de presse tenue au Palais d’Orsay le 16 mars 1950 que le général de Gaulle a pour la première fois utilisé en public la formule de l’« Europe de l’Atlantique à l’Oural ». Je pense qu'il faut traduire la pensée du général. En fait il se doutait que le bloc soviétique soumis à la dictature marxiste finirait par se libérer. L'Europe telle que la voyait le général effacerait les frontières fixées arbitrairement à Yalta. la Sibérie n'était donc pas exclue.
Puisque je parle du général je ne résiste pas à donner la réponse qu'il a fourni à un journaliste
Question: Mon général, pourquoi parlez-vous toujours de la Russie et non pas de l’Union soviétique
Réponse : Parce que la Russie est éternelle, alors que l’Union soviétique n’est que provisoire. Moi je ne le verrai pas, mais vous, vous le verrez
Visionnaire, vous avez dit visionnaire.
Rédigé par : Flamant rose | 25 septembre 2008 à 12:21
@ Flamant Rose
Bien sûr que la Géorgie a voulu rétablir son intégrité territoriale. C'est évident. Personne le conteste. C'était une condition pour rentrer dans l'OTAN. C'est pourquoi cette guerre était prévisible. C'est la perspective de l'adhésion à l'OTAN qui l'a déclanché.
On est quand même d'accord pour dire que ces territoires étaient de fait indépendant depuis la fin de l'URSS et que la Géorgie n'y a jamais exercé sa souveraineté ? Oui ? Tout se passe donc comme ci, la géorgie avait envahit un petit voisin.
Soit on fait valoir le droit positif des frontières et on considère que cette agression était légitime, comme alors va être légitime toute guerre contre un mouvement séparatiste, comme l'était par exemple la guerre de tchétchénie.
Soit on fait valoir la situation de fait, et on voit quelqu'un qui se prétend être un démocrate libéral envoyer des chars contre des populations civiles qui ne veulent pas de sa tutelle.
En ce qui concerne le pétrole, je ne vois pas bien pourquoi vous apportez cette précision. Je ne vois pas ce que cela apporte au débat sur la question ukrainienne. Si, il y a un rapport. C'est que la Russie a décidé d'acheter le gaz d'asie centrale au prix européen, donc il ne lui est plus techniquement possible de consentir des ristournes aux ukrainiens. Car officiellement, selon le dernier accord, c'est du gaz turmène (vendu je crois à 135 USD) que la Russie vendait à l'Ukraine.
Sur l'OTAN, c'est bien parce que l'europe n'a pas défini son positionnement vis à vis de la Russie qu'il va y avoir des tensions. Tout le monde n'évoluera pas au même rythme ni peut-être dans la même direction.
Merci de tous vos autres compléments. Vous savez quand on fait un article, on doit se contraindre à essayer de faire le plus court possible. Mes articles sont déjà trop longs. Et encore, je fais des coupes à la relecture ... :-)
Rédigé par : Malakine | 25 septembre 2008 à 14:14
@ Malakine
Comme nous en avions discuté, Medvedev a proposé récemment un partenariat stratégique de Vancouver à Vladivostock, et je t'avoue que cela me convient mieux qu'une union simplement eurasiatique. Les États-Unis ont beau être en déclin, et même, à bien des égards, en décadence (obésité, déculturation, fin du melting-pot, etc.), ils resteront, pour les prochaines décennies, la première puissance mondiale.
Quant à la Crimée : le fait que les Russes y soient majoritaires et que leur flotte en Mer noire s'y trouve va exiger un rattachement à la Russie, tu ne penses pas ?
Rédigé par : Criticus | 25 septembre 2008 à 18:50
@ Criticus
Non, je ne crois pas. Tant que l'Ukraine reste un pays ami, les russes n'auront rien à faire que la crimée reste ukrainienne. Il ne faut pas projeter notre conception de l'Etat sur les autres cultures. La Russie est un Etat multinational et symétriquement elle est habituée à l'idée que certains de ses ressortissants vivent en dehors de ses frontières. Il y a 30 % de russes dans les pays baltes, au moins autant au khazakstan, les ukrainiens sont considérés comme des frères de sang ... Que tout le monde ne vive pas dans le même pays n'est pas un problème pour la Russie. Par contre, ils n'accepteront pas que l'Ukraine entre dans une alliance militaire hostile.
La lecture de ce compte rendu d'entretiens avec Poutine et Medvedev est instructive de ce point de vue
http://www.voltairenet.org/article158143.html
Si l’Occident veut élargir encore les frontières de l’OTAN qu’il sache qu’à chaque action correspondra, éventuellement pas au même endroit, une réaction d’intensité égale. Et ne venez pas nous dire que nous n’avons pas le droit (Poutine) de faire tout ce qui est possible pour éviter que l’Ukraine n’entre dans l’OTAN. Parce que nous ne pourrions pas, nous, dire et faire cela, tandis que les États-Unis, avec l’appui de certains Européens, font tout ce qu’ils peuvent pour pousser l’Ukraine dans l’OTAN ? Y a-t-il quelqu’un qui sache relever la différence de distances entre Moscou et Kiev et entre Moscou et Washington ? Et puis, en Ukraine vivent 17 millions de Russes. Comment réagiront-ils ? À ce qu’il semble, la majorité des Ukrainiens n’apprécient pas ce développement. Et c’est eux qui doivent décider.
Rédigé par : Malakine | 25 septembre 2008 à 22:10