Jamais l’impuissance publique n’aura été aussi visible. Jamais la lâcheté de nos gouvernants n’aura été aussi choquante. Jamais l’entêtement à persévérer dans l’erreur n’aura été aussi pathétique.
Aussitôt tombés les résultats calamiteux de la croissance et du commerce extérieur pour la France, comme pour toute l’Europe, le premier ministre a convoqué dare dare une réunion de crise de tous ses ministres de l’économie, priés pour l’occasion d’écourter leurs vacances, pour finalement annoncer que le gouvernement ne fera rien. Ni plan de rigueur, ni plan de relance. Rien de rien !
Fillon s’est contenté de rappeler à ceux qui ne le savaient pas encore que le gouvernement Français était totalement démuni, l’essentiel des leviers relevant désormais de Bruxelles. Il s’est donc limité à en appeler à une « réponse coordonnées des différents pays européens » et qu’il appartenait à la France de « susciter le débat » Un débat ? Très bien, mais sur la base de quelles propositions au fait ?
Une pure opération de communication destinée à occuper le terrain médiatique quitte à avouer fièrement qu’on ne peut (ou qu’on ne veut) strictement rien faire, comment mieux illustrer que la politique tourne désormais à vide au point de devenir une monumentale escroquerie. A quoi cela sert-il d’élire des gouvernants aussi impuissants ?
Que l’économie européenne entre quasi récession n’a finalement rien d’étonnant. Les deux moteurs qui faisaient tourner l’économie mondialisée ces dernières années se sont éteints avec la crise des subprimes, que je préfère qualifier de mur du crédit car elle a tout simplement révélé les limites d’un modèle où la consommation est financée par un endettement sans fin.
A l’époque de la croissance mondiale forte, l’économie était tirée par l’endettement public ou privé (public en France, privé en Espagne ou en Angletterre, les deux aux USA) et dopé par des bulles spéculatives (bourse, immobilier) qui permettaient à quelques uns de faire de confortables plus values ce qui alimentait la consommation par le haut de la pyramide sociale. L’éclatement de la crise des subprimes a entraîné (et ce n’est pas fini) a de lourdes pertes dans le secteur bancaire, lequel a été contraint de fermer le robinet du crédit. Les bulles spéculatives se sont effondrées par la même occasion : fin de la hausse sans fin de l’immobilier et des cours de bourse avec les plus values associées.
La hausse du pétrole a fait le reste. Nous sommes désormais dans une économie mondiale sans demande, vérifiant ainsi les prédictions faites par Emmanuel Todd il y a 10 ans. L’économie américaine ne peut plus tirer la croissance chinoise, laquelle ne peut plus tirer les exportations allemandes. Les consommateurs européens dont les salaires sont comprimés au nom de l’objectif de compétitivité et le pouvoir d’achat rogné par la hausse du pétrole doivent restreindre leurs dépenses.
Où trouver aujourd’hui la demande qui saura remettre l’économie mondiale sur le chemin de la croissance ? Dans les Etats européens qui ont assaini leurs finances publiques et qui disposent de marges de manœuvre budgétaires ? Mais cela ne ferait que perpétuer le même schéma de la consommation financée par l’endettement et ne durerait qu’un temps. Dans les pays exportateurs de pétrole et de matières premières qui accumulent des montagnes de devises ? Ce n’est donc pas le moment de se fâcher avec la Russie... Chez les hyperprivilégiés qui se sont gavés toutes ces années ? Mais comment les contraindre à dépenser l'argent accumulé ?
Curieusement telle n’est pas l’analyse faite par nos brillants économistes. Ainsi le génial déclinologue Nicolas Baverez recommande pour que la France retrouve le chemin de la croissance en appliquant un schéma à l’allemande :
« La croissance française ne redémarrera pas avant 2010. A la condition d'avoir entre-temps converti le modèle fondé sur une consommation financée par la dette publique et orientée vers des importations passées de 18,5 % à 24,5 % du PIB en une décennie, pour reconstituer une offre compétitive, reconquérir des parts de marché à l'exportation, rétablir l'équilibre des finances publiques, stabiliser une dette qui prive le pays de toute marge de manoeuvre face aux risques de la mondialisation. »
Comment peut-il ne pas voir que le modèle allemand atteint lui aussi ses limites et qu’il est aussi en grande partie responsable du marasme économique de l’Europe en raison de la compression de la demande intérieure qu’il a impliqué chez lui et dans toute l’Europe ? La stratégie allemande est par essence non-coopérative, donc non généralisable. Certes, la France a consommé au-delà de ses moyens ces dernières années (comme beaucoup) mais un pays qui consomme fait tourner les économies de ses voisins...
Et d’ailleurs, sur quoi devrait se spécialiser la France et pour exporter vers quels pays lorsque quasiment toute la planète se retrouve en récession ? (1)
Décidemment le dogme libre échangiste a la vie dure et le protectionnisme est toujours autant diabolisé. Nos économistes officiels nous le présentent comme un remède qui serait pire que le mal, alors même qu’ils nous annoncent l’apocalypse si le monde continue dans cette voie (2). C’est pourtant la seule voie alternative possible : Restaurer des frontières commerciales. Ressusciter la notion de « marché intérieur » Recréer une demande intérieure par augmentation des salaires pour que celle-ci puisse stimuler l’offre.
Nicolas Sarkozy, pendant la campagne de 2007 et à l’occasion de tous ses discours sur l'Europe, nous a promis de rétablir en Europe la préférence communautaire. Aujourd’hui il est « président de l’Europe » au moment où il devient patent que le schéma libre échangiste est une impasse et que la croissance qu'il avait suscité était virtuelle et non viable. C’est le moment ou jamais de montrer qu'il peut être un homme d'Etat.
Malakine
(1) Je reviendrais bientôt sur cette question dans un article qui développera une critique exclusivement politique du libre échange.
(2) Voir sur ce point le dernier Patrick Artus « Globalisation, le pire est à venir » qui est de ce point de vue édifiant. L’économie mondiale est décrite comme au bord du précipice. Le protectionnisme y apparaît comme le seul antidote possible, mais sans que cela soit le moins du monde argumenté, l’hypothèse est rejeté comme le mal absolu.
Après avoir fait long, je vais faire court.
Le système est en désintégration!
Il nous faut donc un bouclier pour éviter les dommages collatéraux, voir pire si les USA perdent les pédales...
Il n'y a que l'Etat qui soit capable de mettre en oeuvre de telles action.
Encore faut il qu'il en ait ou s'en donne les moyens.
Le courage, encore et toujours.
Un peuple uni derrière son gouvernement.
Est ce possible en France, pire en Europe en 2008????
Une pensée pour la vingtaine de français tombé en Afghanistan...
Voilà ou sa conduit d'être les supplétifs de l'oncle sam.
Rédigé par : perla austral | 19 août 2008 à 18:08
ça sent le sapin... je ne vous raconte pas l'ambiance pour les prochaines élections européennes (oui, celles pour le parlement dont le toit s'effondre).
Même Sainte Merkel est sur la selette, elle n'est sauvée que par sa politique droitdelhommiste très populaire en Allemagne.
Le mot protectionnisme est effectivement, alors les eurocrates usent de sigles ou d'autres termes comme SPG, principe de réciprocité...
Sinon, le site "non fiction" financé par le secrétariat des affaires européennes vient de retranscrire l'intervention de Todd lors des débats europe du modem, surprenant:
http://www.nonfiction.fr/article-1401-emmanuel_todd_sur_leurope__pour_un_retour_au_protectionnisme.htm
Rédigé par : René Jacquot | 19 août 2008 à 21:04
Je viens de lire l'intervention de Todd.
Toujours pertinent.
A propos des 10 soldats décédés et de la vingtaine de blessés, on pense aux déclarations du candidat S.affirmant que les français n'avaient plus rien à faire dans ce pays!
Rédigé par : Philippe | 20 août 2008 à 09:37
Mon cher Malakine,
J'aime beaucoup ton texte. Ce que tu dis, ce qu'Emmanuel dit, les gens qui ont les yeux ouverts le disent depuis belle lurette.
Comme toujours l'ennemi sont les croyances aveugles (pléonasme) et les mensonges ontologiques implantés dans nos cerveaux, croyance dans le dogme du mondialisme triomphant, croyance dans l'économie virtuelle (que nos amis anglo-saxons opposent à la "real economy"), croyance dans la légitimité de la cupidité. L'argent n'est pas sale, certes mais les agissements criminels où véreux commis en son nom, le sont... eux !
La "bullocratie" médiatico-politico-financière chère à JFK (en français : "Tous ceux qui en croquent"), forte de l'appui de la lumpen intelligensia essaie désespérément de repousser le moment où il faudra ouvrir les yeux.
Bien sur cette "état de le planète macro-économique" ne devrait pas empêcher les dirigeants français de prendre des décisions fiscales au plan de la "real economy" française, pour qu'au moins... nous soyons les moins mauvais de l'Europe défaillante, mais là aussi nos élites de salon fuient l'avis des praticiens (La France, fille aînée de Platon, étant le seul pays au monde à croire que la théorie baise la pratique)!
Mais encore une fois, comment passer par dessus les croyances et les dogmes insufflés par ces puceaux de la "real economy" que sont nos experts cathodiques en la matière: ces "laveurs de cerveaux" qui influencent nos politiciens ?
Rédigé par : ozenfant | 20 août 2008 à 10:13
Complètement d'accord avec cette analyse. Cette rentrée du Premier Ministre est complètement hallucinante. Toute cette attention autour de la réunion de rentrée sur le problème de croissance pour dire au final qu'il s'agit uniquement d'un ralentissement et qu'un plan de relance n'est ni souhaitable, ni possible. Le message envoyé par la convocation de la réunion et sa conclusion me semble extrêmement maladroit. Qu'il dise à la télévision ce qu'il a dit passe encore : nous avons déjà entendu beaucoup de langue de bois, mais le dire en conclusion de cette réunion, cela montre qu'ils vivent dans une bulle complètement déconnectée de la réalité !
Autre point assez peu évoqué : avec 0,1% de croissance au premier semestre (+0,4% au premier trimestre, -0,3% au second), la France signe une des plus mauvaises performances de la zone euro (inférieure à l'Allemagne ou à l'Espagne), alors que le "paquet fiscal" jouait à plein. Cela démontre l'immense gâchis qu'il représente et l'erreur économique majeure du début du quinquennat de Nicolas Sarkozy.
La citation de Baverez est complètement typique de cette pensée unique néolibérale purement abstraite et ridicule. Comment croire une seconde qu'en réduisant le déficit budgétaire drastiquement dans la période actuelle, on pourrait relancer l'économie. Dans une économie en récession, quand l'Etat coupe les dépenses, cela accentue la récession. C'est ce qu'avait fait le président Hoover en 1929...
Clairement, il y a démission du gouvernement qui rejette toute la responsabilité de la relance sur l'Europe alors que les Etats-Unis et l'Espagne ont décidé de plans de relance ambitieux pour éviter la récession. Et si l'Espagne peut se le permettre aisément après 4 années d'excédent budgétaire, les Etats-Unis l'ont fait malgré une situation des finances publiques peu orthodoxes, signe que quand on veut, on peut. Au passage, cela leur a permis (avec la dépréciation du dollar bien sûr), de faire 1,9% de croissance au second trimestre (en rythme annuel) alors que leur économie est plus durement frappée par les subprimes que la nôtre.
Rédigé par : Laurent, gaulliste libre | 20 août 2008 à 11:22
@ Laurent
Je ne crois pas - ou je ne crois plus - à ces idées de relance par la dépense budgétaire. Ce genre d'artifice n'est pas durable et puis, de toute manière, en l'état actuel des choses, cela ne fera que creuser le déficit commercial.
Rédigé par : Malakine | 20 août 2008 à 11:43
@Laurent,
La relance par la dépense budgétaire, comme les cadeaux fiscaux aux riches, font partie de cet arsenal de préjugés dont se servent les médias avoir quelque chose à dire : L'expérience prouve que les riches thésaurisent les faveurs accordées par les pouvoirs et que les dépenses budgétaires encouragent des dépenses qui vont augmenter la balance commerciale déjà déficitaire. Les "pourquoi" sont connus, les "COMMENT" le sont de la plus part des acteurs économiques du plus grand employeur de France, les PMI/TPME. En tous cas de tous ceux qui privilégient le développement de leur entreprise.
La relance interne peut se faire en faisant notre aggiornamento fiscal en faveur de l'embauche et au détriment des prises de bénéfices financiers et à court terme et des importateurs.... comme l'autorise Bruxelles et comme le font la plus part de pays à niveau de vie plus élevé que le nôtre.
Pour cela, il est nécéssaire se débarrasser au préalable de ses idées reçues Franco-françaises et Européistes... de se concentrer sur les faits.
Rédigé par : ozenfant | 20 août 2008 à 12:57
Je ne vois pas en quoi la citation de Baverez est si critiquable ? Je dirais même qu'elle pose une description des problèmes français proches de ceux exprimés par Malakine :
- "perpétuer la consommation financée par l’endettement et ne durerait qu’un temps" vs "convertir le modèle..."
- "le protectionnisme est toujours autant diabolisé" vs "consommation orientée vers les importations"
Baverez parle de "reconstituer une offre compétitive", pas que notre salut repose sur les exportations ou une spécialisation à outrance : il cible probablement notre tissu de PME, petites et mal organisées ! Cà, je suis sûr que c'est une leçon à tirer de l'Allemagne...
Quant au constat sur cette dette accumulée sans vision à long terme, elle est raisonnable.
Rédigé par : amike | 20 août 2008 à 14:23
@ Ozenfant
C'est vrai ça ... La TVA sociale !! Ca fait longtemps qu'on en avait pas parlé. Ceci dit, je crois que ça ne suffirait plus à relancer la compétitivité à l'export. Comme je le dis dans le texte, je crois qu'aujourd'hui le problème c'est qu'il n'y a plus de marché.
@ Amike
Je suis d'accord. Je partage avec Baverez l'idée que la relance passera par un renouveau de notre appareil de production. Lui pense qu'il doit se spécialiser pour retrouver une compétitivité dans la mondialisation. Moi, je pense qu'il doit être protégé et de nouveau pouvoir s'adresser à un marché intérieur. Il n'y a que ça qui redonnera la confiance aux chefs d'entreprise, qui les incitera à réinvestir et qui leur permettra d'augmenter les salaires.
Rien à voir, mais je signale ce texte délicieux de Philippe Cohen pau aujourd'hui dans Marianne 2.
http://www.marianne2.fr/A-Gori,-BHL-ne-s-est-pas-mis-a-la-vodka-_a90430.html
Au fait, vous saviez qu'il allait laisser sa place à Eric Dupin comme rédac chef de Marianne 2 ??
Rédigé par : Malakine | 20 août 2008 à 14:53
@Malakine,
"Au fait, vous saviez qu'il allait laisser sa place à Eric Dupin comme rédac chef de Marianne ?" :OUI et je lui ai même demandé de saluer JFK de ma part !
Ce que je dis sur la fiscalité est seulement complémentaire à ce que TU dis... et pas nécessairement limité à la TVA sociale.
Il s’agit d’un package général concret que réclament ces pauvres abrutis (à tes yeux) de gestionnaires de PME depuis plusieurs décennies. Ce n’est ni limitatif, ni contradictoire avec ce que tu racontes, tu as tort de te contracter à chaque fois que j’essaie d’aborder le sujet (lol). Quel drôle de raisonnement de dire : ce ne serait pas suffisant ! Quand ta voiture nécessite une révision moteur ET des pneus neufs, dis-tu : "Non je ne veux pas des pneus neufs, parce que je ne trouve pas de mécanicien pour mon moteur ?".
Bizarre que tu ne m’ais jamais exprimé le désir d’apprendre les mécanismes concrets qui motivent les choix des gestionnaires de PME ? Tu as peur de quoi, exactement ?
@amike,
Les PME française sont en effet mal organisées et trop petites. Tout le monde le sait dans le monde du travail. Baverez enfonce des portes ouvertes !
Ayant géré une SA et des Sarl, je peux expliquer pourquoi il en est ainsi (multiples raisons) et COMMENT j’aurais pu faire grandir ma SA sans ces multiples raisons…. Mais je suppose que ce n’a aucun intérêt, bien sûr ?
Rédigé par : ozenfant | 20 août 2008 à 20:39
@ Oz
Non je ne me contracte pas ! :-) Oui, les solutions que l'on propose ne sont pas exclusives les unes des autres. Je voulais juste donner une explication au fait que le débat sur la TVA sociale s'est endormi, que même nous, on en parle plus.
Quand on préoccupation des patrons de PME, j'ai eu l'occasion de m'y confronter à l'époque où je jouait au "banquier développeur" Je connais donc un peu ce milieu, mais pas plus de raison que cela, d'approdfondir aujourd'hui la question.
Rédigé par : Malakine | 21 août 2008 à 10:00
@ Malakine et Ozenfant
Je persiste : je pense que dans la situation actuelle, un plan de relance serait le bienvenu pour limiter la hausse du chômage. L'exemple Américain montre que l'on peut relancer sans dégrader plus encore la balance commerciale : ils ont envoyé un chèque aux ménages Américains en mai : résultat 1.9% de croissance et les importations sont pourtant en baisse de 6%... Certes, il vaudrait mieux que l'euro ne soit pas si haut bien sûr.
Néanmoins, l'exemple espagnol montre qu'un plan de relance peut aussi passer par des grands travaux : en France, nous pourrions accélérer le déploiement du TGV par exemple, ce qui aurait en plus l'avantage d'être bon pour l'environnement.
Je suis assez surpris que vous ne soyez pas pour les politiques contra-cycliques. Etant donné les limites du marché, il est important que l'Etat puisse amortir les crises crées par les excès du marché. Mais, idéalement, il vaut mieux partir d'une situation budgétaire saine, comme l'Espagne en 2008, la Grande Bretagne ou les Etats-Unis en 2000-1. Joseph Stilgitz défend ces thèses dans son livre "désillusions économiques".
En revanche, je suis d'accord sur les plans fiscaux de type "paquet fiscal" qui donnent de l'argent aux plus aisés : c'est complètement absurde et nous en avons la démonstration aujourd'hui. Je suis aussi complètement d'accord sur l'idée de TVA sociale, dont je parle régulièrement sur mon blog.
Rédigé par : Laurent, gaulliste libre | 21 août 2008 à 10:53
@Malakine,
O.K. j'avais mal compris, je crois que le terme TVA, avec son déficit de popularité dû uniquement à son apparence sur les factures, doit être abandonné. Au fond ce qui compte c'est que l'assiette d'impôt soit répartie plus favorablement pour les salaires, donc pour les entreprises françaises employant beaucoup de salariès. Il existe plusieurs "COMMENT".
@Laurent,
Pourquoi pas des grands travaux, pourquoi pas un plan de relance ? Malheureusement le gouvernement en avait un, avant les élections, qu'il a abandonné dès les premiers hurlements de Fabius contre la TVA sociale.
Un plan de relance passe nécéssairement par l'abandon d'une fiscalité datant des 30 glorieuses et qui incite à la prise de bénéfices à court terme et dégoute l'embauche.
Je traite aujourd'hui un sujet totalement zappé par les macro-économistes, celui de la psychologie de l'homo-gestionnarius :
Fiscalité incitative contre récession. Mr David MOUREY : La France est-elle le cancre de l’Europe ? http://blog-ccc.typepad.fr/blog_ccc/2008/08/fiscalit-incita.html#comments
Rédigé par : ozenfant | 21 août 2008 à 11:55
@ Laurent
Sur le principe, je n'ai rien contre les politiques contracycliques. Le problème c'est qu'en ce moment, la crise me semble être de nature structurelle et pas seulement conjoncturelle. Voir mon prochain article.
Dans le système économique actuel, le seul moyen de stimuler la demande c'est par le déficit. Et je crois qu'on en a atteint les limites. Il faudrait déjà revenir à un système plus sain avec une demande tiré par les revenus du travail. Mais cela n'est pas possible dans un système libre échangiste où les hausses de salaires sont perçues comme une perte de compétitivité.
Rédigé par : Malakine | 21 août 2008 à 14:19
@Malakine,
Pour les médias tout est théorique, pour un employeur, le fait d’avoir à payer deux salaires pour une personne employée (ce que nous sommes les seuls au monde à subir) est tout simplement rédhibitoire.
Quand un employeur Danois offre 1700 € de smic à son portier… son portier lui coûte 1870 €, gagne bien sa vie, peut consommer.
Quand un employeur français offre 1 037,53 € de smic français à son portier… son portier lui coûte 2000 €, crève de faim et ne peut que se payer des nouilles.
La couverture sociale danoise est plus efficace que la française, en tous cas en ce qui concerne les plus défavorisés (planchers de chômage, de retraite, de couverture médicale, etc.)
Pourtant, le % total du budget de la sécu, était en France, et selon les calculs de 0,9 à 1,5 fois le budget total de l’état : 275 milliards pour le seul régime général soit 437 milliards au total (en 2005).
Cette somme insensée et même obscène est le résultat de fraudes diverses, comme des filles de milliardaires touchant le RMI, et (fait soigneusement caché par la presse de la gauche-caviar comme par celle de la droite), par des plafonds de retraites et de chômage tout à fait obscènes et élitistes (même comparé à un pays de droite comme le Danemark) et cela dans une économie exsangue. La presse et tous les privilégiés qui en croquent fuient le sujet comme la peste : Les Français d’en bas ne doivent absolument pas être mis au courrant !
La compétitivité n’en est pas améliorée d’autant, dans les pays nordiques, puisque si l’assiette totale de l’impôt patron/employé est légèrement inférieure grâce à un état et des administrations plus économes, les salaires plus élevés compensent.
L’immense avantage de ces méthodes de prélèvement MOINS embauchissides, est que la population inactive est deux fois moins importante que chez nous : pas la peine de faire un dessin quand à l’importance capitale de ce fait sur le budget de l’état.
Malakine,
tu dis "les hausses de salaires sont perçues comme une perte de compétitivité."
Mais là tu parle de qui ?
La bullocratie, la lumpen intelligensia ?
Les patrons de parlent jamais de salaires, mais de masse salariale, ce qui incluent 1° les charges imputées (à tort) au salarié. 2° les charges imputées a l'entreprise.
Dans la restauration, la coutume est de maintenir la masse salariale au 1/3 du chiffre d'affaire.
Rédigé par : ozenfant | 22 août 2008 à 10:34
Commentaire de comptoir :
Est-ce la solution de fermer les frontières ? Il est vrai que si certains pays partenaires venaient à y voir la solution, la question se poserait.
Nous pourrions plutôt avoir une meilleure offre (non pas en tirant les prix vers le bas, mais en produisant mieux).
Les ménages consomment moins. Mais il y a un poste de dépense dont ils ne pourront pas se passer et qui est majoritairement produit en France : l'alimentation.
L'idée : relever les normes de production, transformant les tranches de jambon en produit issu du cochon ou les tomates en fruit goûteux par exemple.
Dans un premier temps les prix augmenteraient bien sûr, mais la loi de l'offre et de la demande reprendrait ses droits et la concurrence étrangère se tournerait vers d'autres marchés pour rester compétitif.
D'autres indispensables pourrait être concernés (vêtements).
Rédigé par : L'Araignée Gipsy | 27 août 2008 à 22:28
@ L'araignée Gipsy
Je ne suis pas certain d'avoir bien compris ton propos, mais il me semble que tu souhaites évoquer un outil protectionniste plus fin ou plus sournois que les quotas ou les barrières souanières, c'est à dire la normalisation.
Il y a quelques jours un collectif d'économiste adressait dans le figaro une letre ouverte au président. Il faut toujours se méfier des collectifs d'économistes, surtout lorsqu'il sont emmenés par Elie Cohen. Mais pour une fois, le texte n'était pas qu'un concentré de la pensée unique du moment. Ils proposaient notamment d'utiliser la norme européenne comme outil de reconquête internationale, en citant la norme du GSM. Elie Cohen s'en défendrait sûrement, mais c'est une politique protectionniste. Le seule problème de cette stratégie c'est la taille du marché européen, le plus grand marché unifié au monde. Si l'on impose de nouvelles normes dans n'importe quel produit industriel, elle sera appliquée par tous et cela n'empêchera en rien la production à l'étranger.
Ce que je n'ai pas compris avec ton post c'est pourquoi tu veux protéger l'industrie agro-alimentaire par des normes tout en disant que les produits sont essentiellement fabriqué en interne. Là où je doute aussi, c'est sur l'idée de normes pour rendre les tomates plus goûteuses, ce qui serait, j'en conviens, une bonne chose. C'est techniquement possible tu crois ?
Rédigé par : Malakine | 28 août 2008 à 09:07