Marianne a encore fait sa couverture sur cette semaine sur les dérives du pouvoir sarkozyste en titrant « Stop à la télé Sarko » n’hésitant pas à parler dans les pages du magazine « d’atteinte à la démocratie » au motif que l’Elysée entendrait nommer directement le dirigeant de l’entreprise publique de télévision dont il contrôle 100% du capital.
L’hystérie anti-sarkozyste de mon magazine préféré commence à devenir réellement pesante. Il est des critiques justes et méritées, d’autres qui procèdent d’erreur stratégiques (telle celle qui consiste à faire porter la critique sur le style et la forme) mais il est aussi de mauvais combats.
Eriger France télévision en « service public » (quand ce n’est pas en « bien public de la nation ») pour mieux dénoncer le pouvoir personnel, la main mise sur les médias et la tentation permanente du nouveau régime à évoluer en une dictature sournoise est caractéristique de ces polémiques qui déshonorent ceux qui les lancent.
Car derrière cette la dénonciation du pouvoir personnel se cache une idéologie corporatiste foncièrement antirépublicaine.
Soyons sérieux ! La télévision d’Arlette Chabot, de Gilles Leclerc, de David Pujadas de Michel et Marie Drucker, de Ruquier et de Nagui : un bien public ?? Regardons la grille des programmes truffée de sport, de jeux et de séries américaines. Rappelons nous le lamentable traitement que la chaine a réservé à la campagne présidentielle de 2007, ces émissions débilitantes où le travail du « journaliste » se limitait à mettre les candidats face aux questions de « vrais gens ». France 2 n’a même pas une émission politique régulière, pas une émission culturelle ou de débat, rien d’un peu ambitieux ou d’innovant. Et il faudrait se mobiliser pour défendre l’autonomie financière de l’indépendance de cette pâle copie des chaînes commerciales ?
Cette polémique primairement anti-sarkozyste pose néanmoins une vraie question. Le chef de l’Etat peut-il chercher à reprendre le contrôle d’un pôle public de l’audiovisuel, sans vocation, sans âme et sans identité, sans encourir le reproche de marcher sur les pas de Poutine ou de Berlusconi dans le but de faire main basse sur la liberté de la presse et instaurer une démocratie dirigée ? Et plus généralement, quelle est l’étendue des pouvoirs que l’on reconnaît aujourd’hui légitime à l'Etat au pouvoir politiquer d'exercer ?
Sous couvert de dénoncer l’exercice personnel du pouvoir par un homme seul, qui serait d’autant plus dangereux qu’il serait exercé par un homme à moitié fou, un narcisse ivre d’un désir de puissance absolue, Marianne (notamment) prône en réalité une forme de régime corporatiste.
A travers le combat pour l’indépendance de Patrick de Carolis, on veut nous vendre l'idée que les journalistes, et par extension les hommes de médias, sont par essence des justes, des héros modernes, les ultimes défenseurs de la démocratie et des droits de l’homme. Leur liberté d’expression et de création devraient être protégés par-dessus tout. C’est à l’aune de la liberté dont jouissent ceux qui disposent d’une tribune, et à cela seul, que l'on devrait mesurer le niveau d’une civilisation : La chine n’est pas un régime horrible parce qu’elle menace l’équilibre de l’économie mondiale, parce qu’elle est en train de bouleverser le climat ou qu’elle réduit sa populations à l’esclavage, mais parce qu’elle contôle l'expression des journalistes, crime absolu en ce début de siècle !
Et si les journalistes et les hommes de médias étaient tout simplement des hommes comme les autres, dotés d’un égo hypertrophié, sujets aux flatteries et attirés par la lumière ? S’ils n’étaient pas animés par des sentiments tellement plus nobles que le désir de notoriété, d’audience ou de carrière ? Si la culture de propre à cette corporation était par essence anti-politique, (l’indépendance se mesurant à l’insolence et à l’ironie dont ils sont capables face aux politiques). Et si leur prétention à dire ce que veut et pense le public, qui les amène à se considérer comme de nouveaux représentants du peuple, était fondamentalement antidémocratique ? Si leur apparente neutralité, leur paresse intellectuelle et leur lâcheté morale était l’outil le plus puissant que l’humanité ait jamais inventé pour formater les esprits et produire une « pensée unique » au service du système en place ? Et si leur comportement moutonnier, capable de créer des mouvements d’opinion, était la pire menace pour la république et le suffrage universel ? Et si le « journaliste indépendant » et le patron de presse étaient des êtres potentiellement nuisibles ? Et si l’enjeu n’était pas rigoureusement inverse, c'est à dire de contrôler le pouvoir de manipulation quasiment sans limite dans nos démocraties d’opinion dont disposent ces personnes ?
J’ose ces questions sans y répondre. Mais en ce qui me concerne, je crains bien moins les excès d’un pouvoir politique soumis au suffrage universel, qu’un excès d’un pouvoir journalistique que rien à ce jour ne peut contrôler.
La polémique est aussi corporatiste dans ses finalités. Fondamentalement, le mot d’ordre c'est « le pouvoir aux professionnels ». Derrière ce managérialisme bon teint se cache en réalité un corporatisme radical.C’est au nom de ce qui est une véritable idéologie de déconstruction de la République que l’on a attribué des masses considérables de pouvoirs à des autorités administratives indépendantes, que l’on a délégué des compétences essentielles aux technocrates bruxellois, que l’on a abandonné le pouvoir monétaire aux banquiers centraux. Que l’on a entrepris méthodiquement de démembrer et d'émasculer l’Etat depuis une vingtaine d’année.
Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Laissons les enseignants libres de définir les programmes et les méthodes pédagogiques. Laissons la hiérarchie militaire de définir le format et la localisation des casernes. Laissons les policiers définir eux même leur organisation et leurs missions prioritaires. Laissons les magistrats produire le droit par leur jurisprudence. Laissons les partenaires sociaux édicter les règles du code du travail. Et ... alimentons sur fonds public une télévision dont pourrait librement disposer une caste de professionnels de l’audiovisuel cooptés, n’ayant de compte à rendre à personne.
Le service public, ce n’est pas la prise de contrôle par d’une structure non soumise à la concurrence par ses salariés. C’est une organisation qui met en œuvre des missions exigeantes au service de l’intérêt général tel que défini par l’autorité politique. Il ne saurait être question d’un service public indépendant. Les deux notions sont antinomiques. Seules les juridictions et les autorités de régulation peuvent être indépendants du pouvoir politique. Marianne se fourvoie gravement en revendiquant l’indépendance du service public de l’audiovisuel !
Le retour du politique et la restauration d’un pouvoir d’Etat était au cœur de la campagne de 2007. C’est l’âme du "Guaino-sarkozysme". Il n’a pas lieu de s’émouvoir de constater aujourd’hui quelques timides velléités de traductions en ce sens.
Ce retour de l’Etat ne s’applique d’ailleurs pas seulement aux médias.
Récemment, lors d’un déplacement, Sarkozy a annoncé son intention de transformer la Caisse des Dépôts et Consignation en Fond souverain, alors qu’il n’en avait pourtant pas la faculté, la caisse étant statutairement autonome, (ainsi qu’on avait pu le découvrir à l’époque de l’affaire du délit d’initié de EADS).
Les mêmes qui hurlent à la mise sous tutelle des médias devraient, s’ils étaient cohérents, hurler à la main mise de l’Etat sur l’économie, dénoncer des rationalisations rampantes, l'imitation du "modèle russe" ou un retour au capitalisme d’Etat. Pourtant, la nouvelle n’a été accueillie sans polémique excessive. Il est vrai que la corporation des banquiers d’Etat est moins puissante que celle des journalistes…
Ce retour de l’Etat doit être vu, apprécié et débattu en tant que tel. Et non caricaturé sous la forme d’un « pouvoir personnel » absolument inévitable dans nos institutions où le pouvoir est à ce point incarné. Le retour de l’Etat apparaît médiatiquement comme l’expression de la volonté d’un homme. En réalité, l’institution étatique avec les processus de décisions qui lui sont propres, exercera désormais directement la responsabilité de prérogatives qu’elle avait jusqu’ici lâchement (et souvent prétendument) abandonné à des "experts indépendants".
Il est tout aussi normal, légitime et tout aussi sain que l’Etat assume directement la politique de prise de participation de la CDC que les programmes d’un groupe public de télévision, dès lors qu’on estime nécessaire qu’un tel groupe existe au sein du paysage audiovisuel.
Malakine
Pas d'accord ! Ce retour de l'Etat dont vous semblez vous réjouir n'est qu'un leurre puisque le service public privé de recettes va devenir exsangue.
On peut lire ce processus à l'inverse comme une stratégie classique du pouvoir néo-libéral de dépècement du patrimoine public:
1er acte: privatisation de TF1, ex-fleuron de la télé publique française. 1987
2e acte: abandon progressif des soucis de qualité: Antenne 2 (devenue F2) chaîne remarquable vers 1985 devient une chaîne médiocre et peu regardée dix ans plus tard. 1995
3e acte: une fois F2 bien détruite, on se retourne vers le public en disant: qu'est-ce que c'est que ce service public qui n'en est pas un ? 2007
4e acte: coup de pied de l'âne: coupures massives de crédits au service public tout en resserrant le contrôle étatique (==> méfiance et suspicion du public à prévoir). 2008
5e acte (à venir): France 2 sans argent, sans public, est vendue au privé. France 3 transformée en réseaux de télés locales. France 4 supprimée. France 5 + Arte: ghetto culturel à faible audience (et qui ne dérange donc personne). 2010 ? 2012 ?
Si c'est ça le retour de l'Etat, de Gaulle se retourne dans sa tombe !
PS: on pourrait adapter ce scénario à d'autres services publics: poste, services de santé par exemple. On commence par saper un modèle qui marche, une fois qu'il est bien déstabilisé, on feint de s'étonner de son mauvais fonctionnement, finalement sous prétexte de ces défaillances, on décide de fermer, de démanteler et/ou de privatiser.
Rédigé par : fer | 08 juillet 2008 à 19:43
Peut etre avez vous raison partiellement sur les ressemblances entre la télé publique et la télé privé mais ce n'est que partiel. Il y a des differences et elles me semblent pas inutiles.
Surtout il me semble que le probleme vient non pas des programmes mais du contenu de ceux-ci et du ton, des sujets. Soumis à une trop forte pression de ses actionnaires, des reportages ne sont pas diffusés dans le privé, l'Etat actionnaire a la carrure pour le faire et le devoir de le faire.
Votre comparatif avec la Caisse des Depots et Consignations est certes interessant mais loin d'etre pertinent. Les medias sont un enjeu de communication qui peut aller jusqu'a la propagande et c'est un danger. La Caisse des Depots a un role de controle, de regulation de l'economie, de definition d'enjeux strategiques par rapport à la concurrence etrangere.
Certes, il peut y avoir des conflits d'interets mais ceux ci sont beaucoup plus visibles que de discrets messages de propagandes ou encore de censure notamment sur les actions de la Caisse des Depots...
Rédigé par : Bizz | 09 juillet 2008 à 01:24
Vous avez raison : on a le président qu'on mérite, on l'a élu ; on a la TV qu'on mérite, on la regarde. Nous manque plus qu'un ministère de l'information pour que la main-mise de l'État ici prônée soit totalement transparente.
Ce serait un organe de presse écrite, on le baptiserait PRAVDA pour éviter tout équivoque !
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 09 juillet 2008 à 03:27
On peut évidemment taxer "Le Point" de parti-pris mais l' article suivant est assez hallucinant.
http://www.lepoint.fr/actualites-economie/france-3-la-machine-infernale/916/0/257729
Il illustre le fait que l' audio-visurel public (télé ET radios à ne pas oublier) est toujours un beau fromage. Je veux bien entendre les cris d' orfraie à propos de son financement mais qui parle de gestion rigoureuse ? Il est tellement plus facile et commode d' évoquer l' atteinte à la mission sacrée du journaliste !
Rédigé par : Erick | 09 juillet 2008 à 10:19
@ Fer
Vous répondez là sur l'idée même de service public appliquée à l'audiovisuel, ce qui a été l'objet d'un précédent article. Je ne reviendrais pas sur l'argumentaire que j'avais développé. En deux mots, cette notion me semble vide de sens. On confond entreprise publique et service public. Pour moi, la notion de service public appliqué à l'audiovisuel doit s'exprimer par des obligations de service public imposées à TOUTES les chaines du PAF. Aussi, dès lors qu'on dénie tout caractère de vecteur d'intérêt général à F2, son avenir devient indifférent.
Le vrai scandale dans cette affaire, ce serait la déréglementation du secteur privé qui est à l'oeuvre avec la prolifération des petites chaines ghettos sans aucune exigence de qualité.
Le retour de l'Etat dont je parle dans cet article, c'est la décision qui a fait polémique de nommer par l'exécutif le président de France télévision.
@ Bizz
Je ne comprends pas comment on peut prétendre que l'Etat actionnaire dans l'audiovisuel pourrait être un garant de diversité, d'audace ou de qualité des contenus. Regardez la presse écrite, qui est 100% privée, et vous verrez que la presse privée peut très bien être de qualité, diverse et audacieuse.
Le parrallèle avec la CDC avait pour objet de souligner le retour à un pilotage direct de l'Etat de ses "bras armés", ce que je juge pour ma part plutôt sain. Je ne crois pas au mythe des experts indépendants et encore moins au services publics indépendants du politique.
@ PMF
Le problème c'est que les médias "pravda" sont plutôt à rechercher du coté de TF1, du Figaro et du Point. Ce qui manque surtout, c'est des médias de presse audiovisuel qui soient l'équivalent de libé ou de Marianne.
Je reviens toujours la dessus, mais TF1 ou France 2 ont couvert la campagne présidentielle exactement de la même façon. La nature de l'actionnaire ne change rien à la culture journalistique du superficiel, de l'émotion et du spectacle. Un journaliste de télé, à force de vouloir faire court, simple et de chercher à parler au plus grand nombre sera toujours malgré lui, manipulateur et manipulé en produisant du prêt à penser.
@ Erick
Vous avez raison de mettre la question des dépenses sur la table. Certes, on peut parler de la rigueur de gestion, mais on peut aussi parler de politique d'achat de droits ou de programme. C'est de la mission du service public que de diffuser le Tour de France ou d'achter les droits de la ligue 1 pour diffuser un téléfoot sur F2 ??
Rédigé par : Malakine | 09 juillet 2008 à 10:36
Malakine, permettez-moi de rebondir. Vous dites "ce qui manque surtout, c'est des médias de presse audiovisuel qui soient l'équivalent de Libé ou de Marianne" et par ailleurs vous semblez favorable à la nomination du Président de France-télés par le chef de l'État.
Quant on connaît les liens personnels qui unissent déjà Sarkozy aux propriétaires de TF1 et M6, pourquoi favoriser l'hégémonie d'un homme, d'un clan, sur l'audiovisuel en faisant à nouveau nommer par l'exécutif le président des chaînes publiques ? Nous sommes là à contre-courant de l'histoire.
Autres remarques :
- Il n'est pas anormal que les chaînes publiques diffusent le Tour de France où s'intéressent à tout autre sport populaire car elle doivent aussi contribuer à répondre aux besoins du public le plus large. Voudriez-vous faire une TV publique regardée que par une élite (style opéra ou du théâtre subventionné) mais payée par tous ?
- Nous laissons les enseignants libres des méthodes pédagogiques mais dans le cadre d'un programme défini nationalement. C'est un moindre mal. N'accréditons pas l'idée qu'il appartient aussi à l'État (et en l'occurrence son chef) de définir les programmes TV et d'en choisir les animateurs. Et pourtant il semble que De Carolis n'est sorti de ses gonds que lorsqu'il a eu la certitude qu'il n'échapperait pas à ce type de pression.
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 09 juillet 2008 à 11:45
@ PMF
Mais le problème ce n'est pas que l'Etat nomme le dirigeant des chaines de télés publiques, c'est qu'il fasse la pluie et le beau temps dans les télés privés ! Il ne faut pas inverser la logique. On ne peut tout de même pas vouloir préserver un service public "indépendant" juste parce que la télé privée est inféodée au pouvoir en place. C'est abérrant sur le plan des principes de penser ainsi.
Si on trouve normal que les télé publiques diffusent des évènements sportifs au motif que ça concerne le plus grand nombre, alors on finance cela par de la pub et ça devient une télé comme une autre, pas plus "service public" que la concurrence. Il n'y a aucune raison de financer les droits du foot ou du tour par l'impôts. J'espère qu'on pourra tomber d'accord sur ce point.
Sur le dernier point, c'est bien LE sujet. Est ce qu'on veut encore que les gens qu'on élit aient du pouvoir. Vous voyez bien que sur tous les sujets, on fait tout pour leur ôter pour le confier à tel ou tel.
Pour moi c'est simple : Soit c'est un service public et c'est dirigé par l'Etat qui en assume la responsabilité devant la nation et le suffrage universel. Soit ça ne l'est pas et c'est indépendant.
Rédigé par : Malakine | 09 juillet 2008 à 12:03
Il me semble que vous raisonnez un peu en jésuite en feignant de considérer comme valide la distinction entre l'Etat et ceux qui l'incarnent.
Ce n'est pas une flopée de hauts fonctionnaires impartiaux et intègres qui va nommer le président de France Télévision au nom des plus hauts intérêts de l'Etat mais un homme bien connu pour ses immixtions permanentes dans les médias, pour sa personnalisation extrême des rapports de force et connu surtout pour être le premier Président de la République à faire des discours réguliers devant les cadres du parti politique dont il est issu (dernier en date: samedi dernier).
Peu me chaut qu'à partir de 2012 ou 2017, Tartempion ou Tartempionne pourra lui aussi exercer ce droit de nomination au nom de l'Etat. Je suis en 2008. Et je n'ose imaginer à quoi va ressembler le traitement des élections générales de 2012 avec Monsieur "L'Etat c'est moi" aux commandes de l'audiovisuel public.
Rédigé par : fer | 09 juillet 2008 à 13:42
Remarque très très intéressante !! Vous venez de me faire comprendre pourquoi les positions de Marianne m'énervent et me choquent à ce point. L'aversion que suscite la personne de Sarkozy conduit certains républicains à prendre des positions qui vont à l'encontre de leurs idées.
En ce qui me concerne, oui, vous avez raison, je préfère voir la fonction à l'homme. Je préfère me poser la question en me disant : Qu'est ce qui est le mieux ? La nomination par l'exécutif encadré par le législatif ou par une autorité administrative indépendante ? Une entité autonome gérée au nom de l'expertocratie ou une entité dont les missions en terme d'intérêt général sont définies par l'Etat ?
Contrairement à vous, je pense que Sarko ne fait que passer. Les réformes resteront en revanche.
Rédigé par : Malakine | 09 juillet 2008 à 14:11
L'intérêt d'un service public "indépendant" c'est aussi une télé plurielle.
Oui, comme vous le disiez dans un autre article Sarkozy aurait pu envisager de privatiser FRANCE2. Il ne l'a même pas envisagé non pas pour conserver une chaîne inféodée au pouvoir mais pour augmenter le marché de la pub de se amis.
Je ne fais pas vraiment de distinguo entre les évènements sportifs diffusés sur les chaînes hertziennes au profit du plus grand nombre et financés par la pub (donc payée par le consommateur en définitive) ou par la redevance (payée par les familles). Remarquons au passage qu'il ne s'agit pas de l'impôt. Eh bien non, même sur ce point le désaccord persiste.
On élit des gens pour nous représenter, certes, mais pas pour que le chef de l'executif décide de manière nostalgique du contenu des programmes. L'audimat, bien que pervers, représente bien mieux ce que le peuple souhaite !
Et ce n'est pas parce que dans une économie mondialisée le pouvoir de nos gouvernants diminue qu'il faut lui admettre de s'approprier les médias qu'ils fussent publics ou non.
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 09 juillet 2008 à 14:22
Moi aussi je préfère voir les fonctions à l'homme. Moi aussi je crois au volontarisme et au rôle moteur de l'Etat.
Mais hélas, je pense que nous sommes actuellement dans une situation exceptionnelle, que Sarkozy n'est pas un chef d'Etat comme un autre et donc que les circonstances exigent de raisonner autrement. Marianne en fait trop sans doute mais il ne faudrait pas inverser les termes en allant jusqu'à décréter que Marianne a inventé Sarkozy pour vendre du papier.
France Télévision n'est pas une entreprise comme une autre. C'est un média. On ne peut pas faire comme si la question des libertés publiques ne se posait pas. Voir naître en 2008 une sorte de Pravda télévisuelle, c'est grave. même si ses programmes sont nuls, même si personnellement je ne regarde guère la télévision.
Rédigé par : fer | 09 juillet 2008 à 15:42
@Malakine,
Si je ne suis pas loin de partager ton opinion sur les journalistes, il n'en reste pas moins que NS veut absolument tout contrôler et le service public de la TV ne fait pas exception.
Tu as dû voir la video sur FR3 où ce personnage se permet de s'adresser à un journaliste mis au "placard" sur un ton tout à fait déplaisant pour ceux qui le voient et l'entendent.
Je ne sais quelle est pour lui la TV publique idéale. Il a évoqué T.La Fronde que je suis trop jeune pour avoir connu mais à part ça...
Plus sérieusement, le pouvoir personnel est bien ce qu'il revendique. Même s'il n'est plus question de TV, rappelle-toi ses tentatives de manipulations de la Cour de Cassation après l'avis de non rétroactivité d'une loi sur les délinquants sexuels.
Le plus grave est qu'il "réforme" la France selon son bon vouloir sans avoir une seule minute l'idée de ce que vivent les citoyens lambda (et je sais de quoi je parle). Il vit dans une autre planète , où l'argent et le luxe impudents ne semblent pas le gêner.
Et voilà que le Canard que je viens de parcourir nous apprend que le budget de la com va augmenter de 292 °/°...
On voit bien que tout est com, tout est apparence trompeuse.
La dernière: Boutin, la catho sociale va proposer une modif. de la loi RSU.
Certains de mes propos ne sont pas vraiment dans le sujet que tu nous proposes mais ce pouvoir me semble tellement indécent que je n'ai pu m'empêcher d'extrapoler.
Rédigé par : Philippe | 09 juillet 2008 à 16:54
@ PMF
J'ai bien compris. Tu penses qu'une chaine financée sur fonds publics peut être en concurrence sur les mêmes programmes avec une chaine financées par la pub ? Mais alors, quelle est la légitimité de cette redevance ? Juste de voir des trucs programmes sans pubs ?
Si l'audimat est l'expression indépassable de la volonté populaire, alors privatisons et déréglementons tout ! Laissons faire la main invisible du marché ! Dissolvons l'Etat et supprimons les élections.
En effet le désaccord subsiste
@ fer
n'oublions pas tout de même que la pravda était en situation de monopole. Pravda en russe signifie "la vérité". Il y a une marge entre une source d'information unique contrôlée par l'Etat et un organe de presse officiel qui diffuserait la voix de la France. L'Etat a bien des sites internet officiel. Pourquoi n'aurait-il pas une chaine de télé officielle.
Encore une fois, c'est la main mise sur le privé qui est problématique.
@ Philippe
Désolé mais je ne ferais pas de l'antisarkozysme viscéral, parce que pendant ce temps là, personne ne s'intéresse plus aux sujets de fonds. Je préfère me concentrer sur les réformes en cours, les enjeux, les perspectives ouvertes ...
Si c'est pour faire du Ségolène Royal "il se vautre dans le fric, le roi s'amuse pendant que le peuple souffre ..." ça m'intéresse pas. D'ailleurs c'est à cela que s'amuse 90% de la blogosphère.
J'ai toujours été indépendant et je me suis toujours efforcé d'être objectif. C'est pour ça qu'on peut me lire en étant de droite ou de gauche. J'ai envie de continuer comme ça. L'antisarkozysme primaire me semble sans intérêt.
Rédigé par : Malakine | 09 juillet 2008 à 18:07
"Les mêmes qui hurlent à la mise sous tutelle des médias devraient, s’ils étaient cohérents, hurler à la main mise de l’Etat sur l’économie"
Tiens, c'est vrai, tu as raison : je n'y avais jamais pensé. Ca mériterait presque d'en faire un billet, cette incohérence...
Rédigé par : Criticus | 11 juillet 2008 à 01:40
Malakine, a-t-on encore le droit de pas être d'accord ! Je vous trouve injuste avec marianne qui est le seul journal à porter haut les couleurs d'une certaine résistance au phénomène Sarkosy. Enlever Mariane et regardé ce qu'il reste. Ensuite marianne est bien conscient qu'à la longue sont combat risque de s'émousser voir de se retourner contre Sarkosy. A ce titre, marianne avait invité le philosophe marcel gauchet pour parler de ce problème Marcel Gauchet : Marianne, l'antisarkozysme et le journalisme http://www.marianne2.fr/Marcel-Gauchet-Marianne,-l-antisarkozysme-et-le-journalisme_a87917.html
Pour finir, je vous trouve aveugle pour ne pas voir que s'installe en France une douce dictature de façon inédite et non comprise sauf par marianne qui est parfois confus car cette dictature coïncide avec d'autres, économique médiatique et le sarkosysme. Un trio vénéneux qui s'est engouffré dans la perte de sens de nos sociétés dû en partie par une déchristianisation avancée propre à l'occident en général. Autour de moi je vois les gens atomisés et n'y comprenant plus rien à ce qui se passe. A savoir, est-ce un homme dangereux ou pas ? Malakine, votre discours ne passera jamais. Le réel nous impose des choix simples dans un monde dont la complexité est pour partie un maquillage. La confiance qu'on doit avoir pour un homme a la plus haute marche de l'état ne doit pas être à ce point conflictuel, sinon tout se lézarde. En tout cas votre papier fait le jeu de ce triste personnage.
Rédigé par : rodolphe | 12 juillet 2008 à 05:49
@ Rodolphe
Votre commentaire es très pertinent. Effectivement depuis plus d'un an, Marianne nous fait du Storytelling négatif. Ils nous racontent l'histoire d'un apprenti dictateur populiste et narcissique en train de dissoudre la république pour installer à la place un régime que je peine à qualifier. En fait, je crois que Marianne n'en sait rien non plus. L'histoire n'est pas achevée. Ils racontent la déconstruction du modèle républicain sans très bien savoir ce que le petit Sarko veut mettre à la place.
Effectivement, je refuse de rentrer dans ce schéma. Pour pleins de raisons :
1- Parce que telle n'est pas mon analyse. Cela me semble surtout relever d'un fantasme
2- Parce que je n'exclue pas que cette campagne ne soit pas dénuée de toute arrière pensée politicielle, par exemple de préparer le terrain à Bayrou pour 2012 en accréditant l'idée que tout fout le camps sous le sarkozysme.
3- Parce que cela fait le jeu de Sarkozy lui même.C'est une stratégie à la domenech (le sélectionneur) Tant que la personnalité et la com du patron est au coeur des polémiques, on ne parle pas de son action.
4- Parce que - merde à la fin - On ne va tout de même pas passer encore 4 ans à ne parler que de la personnalité de Sarko.
5- Parce que la peur est toujours mauvaise conseillère et qu'elle n'a jamais permis d'imaginer quoi que ce soit ...
6- Parce que le rejet de la personne de Sarko pourrait bien être un vecteur de l'autodétestation du pays et d'affaiblissement des institutions républicaines elles mêmes. Un républicain doit savoir faire la différence entre les hommes et les fonctions qu'ils occupent. Aujourd'hui, l'intensité du rejet est tel que je crains que l'opinion en viennent à rejeter les institutions toute entière.
Bref, l'antisarkozysme hystérique commence à m'inquiéter. Ce n'est pas quelque chose que je trouve sain du tout. Quand je lis ici dans les commentaires qu'une mesure aurait été bonne prise par qqun d'autre, mais mauvaise puisque c'est Sarko qui la prends, je trouve ça réellement flippant !
J'aime beaucoup l'hebdomadaire Marianne, mais j'ai aussi le droit de ne pas être d'accord. Et sur ce point là, je veux prendre mes distances.
Vous dîtes que je fais le jeu de Sarko ... Bon, vu l'infuence que j'ai à titre personnel, je ne peux faire le jeu de personne. Mais sur le fond, la question est de savoir ce qui est le plus efficace. Critiquer le président pour ce qu'il est ou pour ce qu'il fait.
Rédigé par : Malakine | 12 juillet 2008 à 12:35
Ha non, PMF, on ne peut pas dire que l'audimat représente ce que le peuple aime. D'abord, en l'occurrence, s'agissant de télé (donc de spectacle), parlons SVP de PUBLIC et non de PEUPLE. Le peuple élit ses représentants; le public appuie sur le bouton de la téloche: Nuance!
Ensuite, il est bien connu que le public de la télé (et tous les autres types de consommateurs) ne donne son avis que sur CE QU'ON LUI PROPOSE. Pas moyen de savoir l'audimat qu'aurait fait une "émission intelligente" si on ne vous en propose pas... CQFD.
Je partage l'avis de Malakine sur le principe de la télé publique: ouais, le pouvoir politique a toute légitimité pour organiser une télé, y'a pas que les marchands de cosmétiques, de scooters malins, de bouffe industrielle et de chaussures de sport hypermoches qui ont le droit, merde! Evidemment, Sarkozy a DEJA une télé à lui, par le biais de son Bouygues préféré... C'est là qu'il nous coince: si on veut s'opposer à lui ou à ses tentatives de contrôle indues, on est obligés de DEFENDRE l'actuelle France 2, alors que c'est manifestement une merde. Moi qui ne possède pas de télé, je suis 100% d'avis qu'il faudrait tenter de faire avec une télé publique l'inverse absolu de ce que font les chaines commerciales (comme Radio France en radio - bordel, qui dira qu'il peut supporter 15 secondes de RTL ou Europe 1 sans aide médicale?)Mais là aussi, je ne pense pas que Sarkozzz soit le mieux placé pour ça, ni que ce soit dans ses intentions. On continuera d'écouter la radio, sans regret.
Quant à la question des journalistes, et des avis développés dans l'article sur leur fameuse indépendance (je vais crever de rire!), je trouve bien vu de relativiser les postures des imposteurs et de rappeler qu'ils ne représentent rien d'autres qu'eux-mêmes, qu'ils sont utiles au pays (mais quand même moins que les plombiers et les infirmières) mais pas représentatifs du peuple (vu leurs modes de recrutement, leurs origines sociales, leur formation et l'invraisemblable conformisme de leurs "opinions"), bien qu'il prétendent souvent représenter ses intérêts, sa liberté... N'oublions pas l'exemple du référendum européen, défendu par 8 ou 9 journalistes sur 10, et pourtant rejeté par le peuple... Non, une télé publique avec un dirigeant aux ordres, c'est mieux: les choses en seront encore plus claires, on arrêtera peut-être de nous farcir le mou avec des protestations d'indépendance, de déontologie et autres mythes.
Rédigé par : Beboper | 16 juillet 2008 à 01:05
Que tous ceux qui regardent la télé... se lèvent !
J'ai l'impression que ceux qui en parlent le plus sont ceux qui la regardent le moins ;-)
Sinon article fort intéressant et commentaires pertinents
Rédigé par : RST | 17 juillet 2008 à 18:59