"Bienvenue chez les chtis" a donc dépassé ce week-end le record de fréquentation de La grande vadrouille et est en passe de devenir le film le plus vu de tous les temps. A ce niveau là, pour un film, qui est sympathique sans être un monument du cinéma, ce n’est plus un succès c’est un phénomène de société ! Bienvenue chez les Chti nous dit nécessairement des choses sur l’esprit de l’époque.
Certains ont considéré que le succès des chtis exprimait une forme de célébration du peuple de France, celui des gens humbles que les élites parisiennes ont trop tendance à humilier ou à victimiser. Bienvenue chez les chtis serait une revanche anti-bling bling de la France des profondeurs.
Je ne crois pas trop à cette interprétation trop sociale. Le Film ne se passe pas n’importe où en France. Ce n’est pas un film où l’on loue les vertus de la culture populaire. Les Chtis, ce n’est pas les Déchiens !
Le Film se passe dans une région avec une forte identité, enracinée par une culture encore vivante et qui s’exprime avec un accent inimitable pour ceux qui n'y sont pas né (Je sais, je m'y suis essayé). Sa dimension symbolique est évidemment plus identitaire que sociale, même si la culture en question est très « popu »
Le sens du film apparaît clairement pendant la scène la plus forte du film, celle où Kad Merad et Dany Boon font la tournée du facteur et rentrent partout pour boire un chti coup. C'est là, que l’étranger s'intègre et devient chti. Il parle comme eux, boit comme eux. Il est l’un des leurs, au point de croire que sa nouvelle identité sera plus forte que la loi face aux forces de l'ordre. Ce n’est plus seulement une identité culturelle régionale, c’est une identité de peuple qui fait la loi : Le sens de la fête et de la l'amitié, au dessus de la prohibition de l'ivresse publique.
Il se sent adopté. Il a une nouvelle famille et cela lui procure un bonheur infini. C’est l’histoire que nous a raconté Dany Boon pendant toute la promo du film. Il a célébré ses racines et son identité comme si elles étaient à l’origine de son humour, de sa joie de vivre et même de son humanité.
Le film ne célèbre pourtant l’identité et des racines en tant que telles. On n’imaginerait pas une transposition du film sur une identité nationale, en particulier pas l’identité française : Un expatrié venant en France à contre cœur, puis tombant amoureux de sa culture, de sa langue, de son mode de vie au point de se sentir Français plus qu’un Français … On sent bien qu’il y aurait quelque chose qui clocherait. Et d'ailleurs, un tel film n’aurait aurait exposé son auteur à la vindicte de la critique qui l’aurait affublé de tous les disqualificatifs possibles et inimaginables ! La France moderne doit regarder l’étranger et non pas ses racines, c’est bien connu …
Ce qui a extrêmement bien marché avec l’identité chti n’aurait pas du tout marché avec l’identité française et ne marchera probablement pas avec un autre pays (on attend l’adaptation américaine avec impatience). On n’aurait pas pu raconter la même histoire avec la France, car il n’y a pas de fond culturel, il n’y a pas de racines communes, de tradition gastronomique, de mode de vie... Culturellement, identitairement, la France n’est qu’une somme de régions et de groupes sociaux. Ce qui fonde la nation française, c’est uniquement une langue et une culture politique, par ailleurs contestée et en déclin. Cela ne créé pas un sentiment d’appartenance qui peut générer l’enthousiasme et l’hilarité !
Il y a quelque chose en plus dans l’identité Chti qu'il n'y a pas dans l'identité française et dans bien peu d'identité régionale ou nationale : La fraternité. Le tour de force de cette région est d’avoir fait croire à la France entière (et demain à toute la planète) que les gens y étaient plus ouverts, plus chaleureux, plus conviviaux et fraternels qu’ailleurs.
Personnellement, j’ai vécu une année à Lille (où je suis arrivé un peu dans le même état d’esprit que le héros des chtis) et la fraternité des gens du nord ne m’a pas vraiment sauté aux yeux. Comme tout le monde, j’y ai vu tous les clichés auxquels on associe généralement le nord, la froideur et l’impolitesse des commerçants en plus. Mais avec le temps, j'ai gardé pour la région une certaine tendresse, la même qui se dégage du film (un bisous à Maryvonne en passant si tu me lis encore)
Peut-importe la réalité après tout, seul compte le mythe de la fraternité des chtis. Cette région, assez peu gâtée par la nature et par l’histoire a réussi à se raconter une histoire, à se forger une identité, à créer un sentiment d’appartenance, vecteur de solidarité, de vivre ensemble, de joie, de plaisir, d'amitié... Autrefois, ce supplément d'âme a permis aux mineurs et aux ouvriers de supporter leurs conditions. Aujourd’hui, cette identité, que le film de Dany Boon remet au goût du jour, est toujours un facteur d’attractivité pour toute la région.
Chapeau bas les chtis !
Que la France elle-même suive la voie que vous avez tracé en se réinventant une image flatteuse, autour d’un nouvel art de vivre, d’un nouveau vivre ensemble. Qu’elle recrée, grâce à une identité réaffirmée du sentiment d’appartenance et de la fierté d'être soi même.
Que tous les groupes sociaux et tous les territoires qui s’estiment victimisés ou discriminés fassent de même. Qu’ils se créent et diffusent une image positive d'eux mêmes. Allez y donc, les corses, les juifs, les arabes, les noirs, les homosexuels et toutes les autres minorités agissantes. Faîtes nous rêver en nous faisant partager des valeurs qui vous appartiennent en propre et vous distinguent des autres !
Aujourd’hui, entre l’hymne de Diam’s à « sa France à elle », et l’hommage de Dany Boon à la France de son enfance, il y n’y a pas photo. Quand on a envie d’envoyer la première au cachot pour lui apprendre à respecter son pays et à appeler à l’insurrection armée, le deuxième fait 17 millions d’entrées payantes ! Affirmer son identité est une chose. Savoir construire une image positive et attractive en est une autre. On aime tous les chtis mais on se sent toujours menacé par les jeunes de banlieue.
Dans notre monde hypermaterialiste et individualiste, les valeurs de l’être deviendront déterminantes. L’image, l’identité, la capacité de créer du sentiment d’appartenance et du lien, la faculté de raconter une histoire, de donner du sens. Tout cela est la clé du développement économique et résidentiel, comme de la qualité de vie et du vivre ensemble.
Pendant ma campagne municipale, j'ai voulu miser sur ces valeurs immatérielles, (en pure perte puisque personne n'a lu le projet). Naturellement, chaque territoire a son identité. Le modèle chti rigolard et fraternel n’est pas transposable partout, notamment pas dans les régions de l’Est ou le labeur et la modestie font figure une religion. J’imaginais plutôt investir les thèmes de l’innovation, du volontarisme, de la créativité, mais aussi sur le lien social, car le sentiment de solitude et l’isolement monte partout dans des proportions inquiétantes.
C’est ce que signifie à mon sens, l’incroyable succès des chtis. Il exprime avant tout un désir refoulé chez tous d’une société plus fraternelle, d'une ville plus conviviale, d'une d’une vie plus ouverte, de rapports plus simples, de relations plus franches et plus intenses, avec ses collègues, ses voisins et tous ceux que l'on croise chaque jour sans les voir.
Bienvenue chez les Chtis exprime le rêve d'une autre société, un rêve qui échappe au politique, un rêve qui dépend de la biloute qui sommeille en chacun de nous
Chiche, si on devenais tous chti ? (sans l'accent)
Une question, par rapport à votre angle pertinent sur l'impossibilité de transposer « Bienvenue chez les Ch'tis » à la France dans son ensemble : ce succès n'est-il pas l'illustration de l'effondrement non seulement du modèle jacobin, comme vous le laissez entendre, mais aussi, tout simplement, du sentiment national ?
Rédigé par : Criticus | 09 avril 2008 à 00:43
@Malakine,
As-tu vu Amélie Poulain? Je m'y suis em...é alors que la France et (l'étranger) s'extasiait devant cette mièvrerie.
Les ch'tis? Des files de 50 m. qui ne pouvaient entrer dans la petite ville où j'habite, deux semaines à l'affiche et des gamins de 3 ans qui disaient à leurs parents "biloute" à la sortie.
Sans doute est-ce la nostalgie d'une autre France. Pourtant, j'ai une copine qui a suivi son "amoureux" près de Lille et qui ne s'y fait pas.Elle se débrouille pour qu'ils reviennent tous les deux dans notre sud-ouest.
Il n'en reste pas moins que dans la salle et à la sortie , il y avait une fraternité chaleureuse entre les spectateurs, de même qu'à la sortie des "Femmes de l'ombre", on sentait une solidarité grave!
Le cinéma (et la lecture) et parfois des concerts sont plébiscités par ceux qui, comme moi, vivent loin des métropoles.
Hors sujet: je reviens à E.Todd. Oui, d'accord avec ce que tu écris, j'ai retenu deux choses:
- Les vieux envoient les jeunes à la guerre,
- Un fonctionnaire sur deux non remplacé est le signe du mépris de ce gouvernement (et de qui tu sais) à l'égard des jeunes.
J'ai remarqué une complicité certaine avec B.Guetta.
Rédigé par : Philippe | 09 avril 2008 à 08:27
Difficile à un chti d'adoption( arrivé par hasard de Nancy à Roubaix , il y a 30 ans et qui y est resté)de ne pas réagir. Et pas tout à fait d'accord !
Le film : une honnète médiocrité mais Titanic ou la Grance Vadrouille n'étaient pas non plus des chefs d'oeuvre.
Un hymne , finalement assez émouvant, à la fraternité humaine , d'accord.
Mais spécifiquement nordiste , ça je ne crois pas et le succès hors du Nord ne s'expliquerait alors pas .
La spécificité du Nord , bien plus que l'accent, c'est la persistance , ailleurs disparue , de liens sociaux en partie conservés par une vie difficile dans une région ingrate et dévastée par les crises sociales.
N' idéalisons pas . Il y a aussi des ( soi-disant) élites qui s'isolent dans des cercles très fermés.
Mais pour la majorité des gens , ici , retrouver les autres est le meilleur et parfois le seul remède contre le ciel gris et les difficultés économiques.Ce qui aide à tenir, et c'est ce qu'ont découvert avec nostalgie tant d'autres français qui l'oubliaient.
Alors d'accord pour votre conclusion
Amicalement.
Rédigé par : Marc B | 09 avril 2008 à 09:15
Cher Malakine,
Tu écris que ce film "exprime avant tout un désir refoulé chez tous d’une société plus fraternelle, d'une ville plus conviviale, d'une d’une vie plus ouverte, de rapports plus simples, de relations plus franches et plus intenses, avec ses collègues, ses voisins et tous ceux que l'on croise chaque jour sans les voir."
Plutôt d'accord avec toi. Par contre, cela ne suffit pas à expliquer à mes yeux le succès de ce film qui vient de faire plus de 17 millions d'entrées !
Pour ma part, je ne souhaitais pas aller voir ce film au cinéma (ça ne m'attirait pas du tout malgré les critiques élogieuses), mais le hasard a voulu qu'on me le propose sur une clef USB pour que je puisse le mater chez moi devant ma télévision (je sais, ce n'est pas bien …). Je l'ai donc regardé il y a de cela une dizaine de jours et je dois dire que je m'attendais à beaucoup mieux : scénario prévisible, gags très moyens, émotion zéro (il paraît quand même que des spectateurs ont laissé glissé une larme quand Kad quitte le Nord à la fin du film…), réalisation moyenne… Alors, oui, il y a de la fraternité, de bons sentiments et quelques bons dialogues, mais qu'en restera-t-il après tout cela ?
J'ai bien peur que les 17 millions de Français ne prendront pas autant de plaisir à le revoir une deuxième fois, encore moins une troisième. Et ce film ne deviendra pas non plus une légende du film comique comme "La grande vadrouille", "Les bronzés", "Le Père Noël est une ordure" et quelques autres.
Alors comment expliquer ce succès ? Cela tient en 3 raisons principales selon moi :
1) Une date de sortie astucieuse et chanceuse : c'est durant les vacances de février que débarquent les "Ch'tis", pas grand chose d'autre à faire que d'aller au cinoche, et surtout pas de superproduction américaine en face
2) Un plan média très bien préparé : un démarrage discret du style 'C'est un ch'ti film ben de chez nous, sans prétention, qu'est juste là pour faire rire". Puis la machine Dany Boon démarre, et là on voit le ch'ti gars partout jusqu'à l'overdose : on nous explique alors que ce n'est plus seulement un film comique, avec deux têtes d'affiche, mais que le film cherche à faire passer des messages sur le thème de la fraternité, de l'amour de son prochain, de la beauté intérieure des gens du Nord qui sont des gens simples mais tellement attachants, tellement gentils, tellement vrais, tous des ch'tis personnes tellement sympathiques qu'on aimerait qu'ils soient tous nos copains !
3) Face à cette déferlante marketing très bien huilée, difficile pour le public de résister. Très rapidement, le film devient un phénomène de société, non pas sur son contenu mais pour le nombre de personnes qui vont le voir : "Comment ça, tu n'as pas encore vu les Ch'tis ?. Mais tu devrais y aller, ils vont faire plus que la Grande vadrouille. T'imagines !". Sous-entendu : c'est forcément un bon film… et surtout y'a un record à la clef et tu peux y contribuer !
Voilà, les Ch'tis ont battu la Grande vadrouille, et après ? Et bien on parle déjà des Ch'tis 2… Et surtout, il y aura un nouveau record d'entrées à battre. Alors pas sûr que ce film entrera dans la légende…
Rédigé par : olivier | 09 avril 2008 à 11:10
@ Criticus
J'évoque dans le texte brièvement la crise du sentiment national en considérant que la France est avant fondée sur une culture politique (étatique, égalitarisme, universaliste...) qui est contestée et en crise. Le modèle Jacobin en revanche, je ne sais pas s'il est en crise. S'il s'oppose au modèle fédéral, je ne crois pas qu'il soit menacé. Mais peut-être avez vous autre chose en tête ...
Au fait, j'ai vu que vous aviez quitté les Kiwis. On peut savoir pourquoi et quel est la charte de votre nouveau réseau LHC ? Si vous craignez les polémiques (les kiwis sont assez chatouilleux sur les critiques, j'ai eu l'occasion de m'en rendre compte) on peut en parler en bilatéral par mail ... :-)
@ Philippe
Oui, j'ai vu Amélie Poulain et j'ai bien aimé. Il y a un esthétisme dans ce film qui créé une certaine poésie, qui lui donne du charme. Par contre, si je peux me permettre une critique - et je m'étonne que personne ne l'est relevé - ce film est foncièrement xénophobe ! Il n'y a pas un arabe ni un noir dans tout le film (à part jamel debbouze) et pourtant ça se passe à paris de nos jours.
@ Marc B
le ciel gris et la région ingrate n'explique pas tout. En lorraine, où je vis actuellement (il faudrait que j'apprenne à dire définitivement) la situation n'est guère plus brillante, ni au niveau du climat ni de l'histoire économique, et pourtant il n'y a pas ici cette IMAGE de fraternité.
C'est sur l'image que j'ai voulu insister, plus que sur la réalité. Le coup de génie des nordistes à été de se construire cette image extrêmement positive et chaleureuse. Je pense que la réalité est différente, mais justement, ça renforce encore le coup de force, pour ne pas dire le coup de génie.
@ Olivier (tu me lis toujours ??)
Oui, je suis d'accord. Le succès du film est dû à un effet d'emballement. Arrivé un moment tout le monde se sent obligé d'aller voir le film pour faire comme tout le monde.
Mais bon ... Tu as compris que c'était pour moi un prétexte pour évoquer l'image que peuvent se construire les territoires et l'aspiration à plus de fraternité. Pourquoi nous aussi dans l'est, on ne serait pas capable de se créer une image attractive ? Hein ? Franchement, la Lorraine, c'est aussi moche que le nord pas de calais. Le temps y est presque aussi gris et brumeux. On a le même passé industriel et minier ... C'est sûr, il manque l'accent et le patois :-) Non ?
Rédigé par : Malakine | 09 avril 2008 à 13:41
@ Malakine,
"L'image que peuvent se construire les territoires…" Voilà un sujet qui mériterait un long billet !
Pour prendre le cas de la Lorraine que je connais bien puisque j'y vis, hormis les stéréotypes du style : "C'est gris, il fait froid, c'est triste, y'a plein d'usines et plein de militaires", je crois que les décideurs ont bien du mal à faire passer une image positive de cette région.
Un seul bémol à mon catalogue peu enthousiasmant : on dit des Lorrains qu'ils sont travailleurs et droits. Tu avoueras que ce n'est pas avec ce genre d'argument que l'on fait rêver les foules.
Malakine, si tu as une idée de génie pour vendre ce territoire (ou d'autres d'ailleurs), je t'invite à monter ta société car dans ce domaine il y a vraiment beaucoup à faire…
Au fait, oui, je continue à te lire. Et avec plaisir !
Rédigé par : olivier | 09 avril 2008 à 19:41
Olivier,
Si tu continue de me lire, tu dois savoir que je me suis fortement impliqué dans la campagne des élections municipales de Belfort. En terme d'image, la problématique est exactement la même, les grandes caractéristiques aussi. J'ai réfléchis longtemps à ces questions et je suis arrivé à la conclusion qu'on ne peut pas se contenter de faire du commercial sans toucher au "produit".
Pour reprendre l'exemple du nord, ils ont tout un tas de manifestations populaires pour accréditer l'image de territoire de fêtes, chaleureux ect ... Dans l'est, on ne pourra jamais changer notre image si on ne change pas notre réalité.
Pour prendre l'exemple de Metz (mais ce que je vais dire est valable pour bcp de ville de l'est) on ne pourra jamais développer une image attractive tant qu'on aura qu'un couvre feu est appliqué dans toutes ces villes à partir de 20h. Il y a tout un tas d'initiative à prendre pour réveiller le corps social. Ce n'est qu'un exemple. On pourrait aussi parler d'habitat ou de loisirs.
Ensuite, il faut se poser la question du territoire pertinent. La région peut l'être (c'est le cas du nord pas de calais) lorsque la région à une forte identité. Ce n'est ni le cas de la Lorraine ni de la Franche Comté. C'est donc au niveau des villes qu'il faut travailler la question de l'image et de l'attractivité.
Et là je pose la question qui tue, qui rélève à mon sens l'une des causes du malaise français : Quelles sont les villes de France qui jouissent d'une image positive, de ville attractive, où il fait bon vivre, de villes qui bougent, animée, créative ?
Rédigé par : Malakine | 10 avril 2008 à 10:04
]Malakine,
J'ai peu de temps mais, pour répondre à ta question, le ville de Nantes, bien qu'elle se soit développée de manière "artificielle" est un bon exemple.
Une partie de ma famille y vit et c'est une ville extrêmement dynamique, avec un bon maire qui a su développer d'excellents projets comme "la folle journée..." qui durera bientôt une semaine!
Rédigé par : Philippe | 10 avril 2008 à 15:52
Bonne idée de sujet Malakine !
Des ville avec de bonne images, il y en a beaucoup en Languedoc-Rousillon: Montpellier, Séte etc.
La Rochelle, ou je vais en vacances, me semble t'il ?
Rédigé par : Ozenfant | 10 avril 2008 à 17:37
@ Malakine et Philippe,
Nantes est effectivement un bon exemple d'une ville qui développe une image sympathique. Pour quelles raisons ? Parce qu'elle sait faire preuve d'imagination, d'innovation dans un tas de domaine, et cela avec un temps d'avance sur les autres : dans le domaine des transports en commun avec le tramway, dans le domaine de la démocratie participative avec la création d'un conseil de développement (une sorte de Parlement où tout à chacun peut donner son avis sur l'avenir de son agglomération) largement ouvert aux citoyens (en tout cas à une époque, c'était comme ça : je ne sais pas si c'est toujours le cas).
Je crois aussi que Lyon, Grenoble, Montpellier, Toulouse… bénéficient toutes d'une image positive.
Alors quels points en commun ont-elles ?
Ce sont tout d'abord des villes universitaires, misant une grande partie de leurs moyens de communication sur la présence au sein de leur agglomération de laboratoires de recherches d'envergure nationale a minima et évoluant dans des secteurs porteurs et plutôt connus du grand public : environnement, santé, aéronautique, nanotechnologies…
Deuxièmement, ce sont bien sûr des villes qui vivent le soir et qui ne connaissent pas de black-out à partir de 20 heures. Les initiatives privées de création de resto ou de bars branchés y sont légions.
Troisièmement, ce sont des villes où le mot culture revêt un véritable sens : avec une culture élitiste bien sûr, mais qui profite à tous car elle tire derrière elle tout un tas d'associations qui font ou refont une culture plus populaire.
Quatrièmement, je pense que ce sont des villes ouvertes vers leurs habitants, qui tentent le pari de la mixité sociale quand cela est possible, et qui donnent l'opportunité aux citoyens de participer régulièrement aux choix de la cité.
On me dira que parmi les villes que j'ai cité plus haut, toutes ne correspondent pas forcément aux critères que je viens de décrire. C'est certainement vrai. Néanmoins, s'il est un point où toutes ces villes se rejoignent, c'est celui d'avoir fait le pari de l'innovation.
Innovation technique, oui. Mais surtout innovation humaine, sociale, économique, politique, environnementale, culturelle…
PS : en me relisant, je m'aperçois que j'ai oublié de citer Strasbourg, 1ère ville cycliste de France ! Finalement, ces quelques villes ont aussi en commun d'être les grandes métropoles d'une région, et doivent compter a minima 400 000 habitants. Alors la question qui se pose est la suivante : 400 ou 500 000 habitants, est-ce la taille critique pour pouvoir innover et être reconnu ? Et que doivent faire les agglomérations françaises de 200 à 300 000 habitants pour exister ? Pour ma part, je miserais tout mon tapis sur l'innovation. Et vous ?
Rédigé par : olivier | 10 avril 2008 à 18:19
Bonjour Malakine,
Le ch'ti que je suis ne peut qu'abonder dans votre sens concernant "la froideur et l'impolitesse des commerçants" de la métropole liloise en particulier. Or ce qui peut être vérifié chaque jour dans une grande surface de la métropole ne risque pas d'arriver dès que l'on s'en éloigne d'une trentaine de kilomètres, même pour la même enseigne. J'en ai fait l'expérience récemment au grand étonnement d'un ami calaisien présent qui a eu bien du mal à tolérer cette attitude "peu commerciale" de deux employés...
Le parti-pris de ce film, "Bienvenue chez les ch'tis", c'est d'opposer aux clichés habituels (et abusifs ?) sur le Nord d'autres clichés mais dont la validité individuelle ne vaut pas généralité non plus : la ferveur du public lensois (qu'on ne retrouve pas à LILLE) ; l'unité architecturale de la petite ville de Bergues ; le charme du vieux LILLE ; la convivialité...
Je me prononcerai pas sur la fraternité de "gens du Nord" ; ma seule certitude, c'est qu'un nordiste vous invitera beaucoup plus facilement à franchir le seuil de sa maison que quiconque ailleurs. Mais n'est-ce pas parce que dehors le temps n'est pas plaisant ?
Oui il y a une identité nordiste... Mais n'est pas la somme des clichés négatifs dont le Nord a été longtemps (et est encore) affublé qui l'ont façonnée ? Faut-il que d'autres régions subissent un tel dénigrement pour que naisse l'envie de se serrer les coudes, de faire bloc et réagir collectivement afin de réparer une injustice ?
Le succès de ce film auprès des Nordistes ne me surprend donc pas. Par contre je suis incapable d'expliquer ce qui en fait ce "phénomène de société" à travers toute la France, même si en premier lieu il faut louer les talents des principaux acteurs et de l'auteur au service d'une comédie aux ressorts quand même inhabituels et traitée avec subtilité. En effet, en imaginant d'autres couples comiques plus ou moins célèbres traitant du même sujet, j'envisage des résultats bien plus caricaturaux !
Cordialement, PMF
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 11 avril 2008 à 14:48
@Olivier,
Comme c'est le WE, j'ai le loisir d'écouter la radio et je suis en train d'entendre le 7/9 de France Inter avec Stéphane Paoli. Le thème en est la ville et c'est Bordeaux qui est à l'honneur.
Alain Juppé vient de s'exprimer. Il craint l'expansion de sa ville jusqu'à Arcachon car, dit-il, les citoyens rêvent du pavillon et du petit jardin.
Le tramway a facilité la vie des citoyens de la proche banlieue, certes, mais il se trompe quand il envisage la possibilité pour les classes moyennes d'habiter au centre de la ville. Le prix de l'immobilier, là aussi, rend cette éventualité impossible.
Bordeaux, que je connais quand même un peu, ne me semble pas une ville aussi dynamique que Nantes et d'autres villes citées ici. Peut-être est-ce dû au déséquilibre entre les deux rives, la rive "bourgeoise" du quai des Chartrons évoquée il y a bien longtemps par F.Mauriac dans ses romans, et l'autre rive habitée en partie par des bobos mais qui reste "ouvrière".
Bordeaux me fait penser, en moins grand, à Lisbonne dont les deux rives sont sociologiquement équivalentes.
J'y suis allé il y a peu et en 6 ans, de nombreux immeubles ont transformé les environs de la ville que je n'ai pas reconnus.
@Personnellemnent, je n'aimerais pas vivre à Bordeaux.
Rédigé par : Philippe | 12 avril 2008 à 08:54
Le succès de ce film n'est pas si nouveau comme phénomène. La trilogie de Pagnol et ses autres livres, films, faisaient l'apologie d'une provence qui parait éternelle de par la convivialité qui y apparaissait. Giono qui a inspiré Pagnol parlait de ça, de façon plutôt rude.
C'est une nouvelle fois un désir de vie locale, dans le nord cette fois, qui est exprimé.
Le nomadisme qu'implique la mondialisation actuelle, mais aussi perceptible à cette époque très libérale sur le plan économique qui a connu de grandes vagues migratoires aux us ou dans les colonies, produit ce besoin de relocalisation qui devrait être mieux pris en compte.
Rédigé par : olaf | 16 avril 2008 à 21:09
Sehr wertvolle Informationen! Empfehlen!
Rédigé par : gesundheit | 11 mars 2009 à 13:51